Sene Fatou
Sene Fatou
Présenté par
Fatou SENE
le 12 septembre 2023
Remerciements
Monsieur Ribio Nzeza Bunketi Buse, Directeur du département Culture pour l’écoute, la
disponibilité et le suivi pendant toute la formation.
Monsieur Alioune Dramé, Directeur du département Management pour le soutien qu’il ne
cesse d’apporter à la communauté sénégalaise.
Monsieur Abdoulaye Camara qui a accepté de m’encadrer dans la réalisation de ce travail.
Votre expérience et expertise nous ont été d’une grande utilité.
Monsieur Oumar Badiane, Directeur du Patrimoine Culturel, ainsi qu'à son personnel d’avoir
accepté de m'accueillir pour le stage.
Monsieur Aliou Ndiaye, chef de division du patrimoine culturel immatériel et des musées pour
l’accompagnement durant le stage et les conseils précieux.
Mes parents et toute la famille pour les prières quotidiennes qu’ils ne cessent de formuler.
Mes amies Seynabou Bâ, Ndeye Coumba Diop et Ndeye Khady Diouf.
Toute la communauté sénégalaise pour la fraternité.
Madame Ndeye Khoudia Diagne, Directrice des Arts, pour l’appui constant.
Ma collègue et maman Bineta Kane SAGNA pour sa considération et son soutien.
Mesdames Fatou Gueye Sidibé, Khadija Diallo, Ndeye Fatou Gueye, Fatou Laye Diop, et
Maïmouna Diop, pour l’accompagnement et les conseils.
Messieurs Omar Seck, Administrateur Son et Lumière, Birame Mbarou Diouf, Administrateur
Général du Monument de la Renaissance Africaine et Boubacar GAYE pour le soutien
permanent.
Messieurs Mohamed Sylla, Adama DIALLO, Jean Paul Ndiaye, Oumar Mboup , Mohamed El
Mounir Baro et Madame Leïla Brumier pour la relecture.
Tous mes camarades de promotion qui ont cheminé avec moi pendant deux longues années.
Monsieur Édouard Ndofféne Ndong, pour son rôle de facilitateur auprès de la communauté
sérère de Sakhor.
Monsieur Ibrahima SÈNE, Directeur du Festival Fadidi, et Mesdames Fanta Kane Gassama,
Directrice du Centre culturel de la région de Fatick et Ngoné Fall pour l'accueil et
l’hébergement durant mon séjour à Fimela.
I
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Dédicace
Pour ma défunte grand-mère qui m’a éduquée, elle est partie à quelques mois de la fin de
cette aventure senghorienne. La Mort n’arrête pas l’amour. Paix à son âme.
II
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Résumé
Ce mémoire sur la danse Sandang des Sérères a pour ambition d’être un plaidoyer pour la
prise en compte de cette expression culturelle pas très connue. Dans cette ethnie les danses
sont en bonne partie sacrées. Elles racontent la vie de tous les jours et joue un rôle essentiel
dans les rites traditionnels comme l’initiation. Elles représentent l’un des éléments les plus
significatifs de la vie culturelle pendant le Ndut, case de l’homme. Cependant, force est de
constater que l’accélération du processus de transformations sociales et la rapide expansion
de la mondialisation font que les danses traditionnelles tendent vers un avenir incertain en ce
qui concerne leur transmission intergénérationnelle.
Cette étude sur la danse Sandang trouve son intérêt sur l’absence d’ouvrages spécifiques de
références. De plus, au plan des politiques publiques culturelles la danse Sandang n’est pas
répertoriée sur la liste du patrimoine immatériel du Sénégal malgré son importance pour le
groupe social sérère. C’est là toute la problématique de cette recherche qui compte combler
ce vide en passant par la documentation de cette pratique. Ainsi, il serait opportun de déceler
les normes classiques auxquelles cette danse répond : les tenues vestimentaires, la
chorégraphie et les instruments de musique utilisés lors de son exécution. Pour atteindre cet
objectif, nous nous sommes essentiellement basés sur des entretiens réalisés avec les
membres de la communauté détentrice.
A l’heure d’un redimensionnement et d’une adaptation contextuelle de ce qui constitue nos
valeurs identitaires, il nous revient de procéder par une démarche de sensibilisation et
d’explication pour conférer plus de lisibilité à nos expressions culturelles. C’est dans cette
logique que s'inscrit le projet d’exposition itinérante sur la culture sérère. Ce projet constitue
un moyen moderne et pratique de valorisation du patrimoine culturel de ce groupe social.
Mots-clefs
III
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Abstract
The aim of this dissertation on the Sandang dance of the Sérères is to advocate the recognition
of this little-known cultural expression. In this ethnic group, dances are largely sacred. They
tell the story of everyday life and play an essential role in traditional rites such as initiation.
They represent one of the most significant elements of cultural life during the Ndut, the man's
hut. However, the accelerating pace of social change and the rapid expansion of globalization
mean that traditional dances are heading for an uncertain future in terms of intergenerational
transmission.
This study of Sandang dance is particularly interesting in the absence of specific reference
works. What's more, in terms of public cultural policy, Sandang dance is not listed as part of
Senegal's intangible heritage, despite its importance for the Serer social group. That's the
problem of this research, which aims to fill this gap by documenting the practice. In this way,
it will be possible to identify the classical norms to which this dance conforms: dress,
choreography and the musical instruments used in its performance. To achieve this objective,
we relied primarily on interviews with members of the community who hold the dance.
At a time when we are resizing and contextually adapting what constitutes our identity values,
it is up to us to raise awareness and provide explanations to make our cultural expressions
more legible. This is the rationale behind the Serer travelling exhibition project. This project is
a modern and practical way of promoting the cultural heritage of this social group.
Key-words
IV
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
VI
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Remerciements ........................................................................................................................... I
Dédicace ..................................................................................................................................... II
Résumé ...................................................................................................................................... III
Mots-clefs .................................................................................................................................. III
Abstract ..................................................................................................................................... IV
Key-words .................................................................................................................................. IV
Liste des acronymes et abréviations utilisés .............................................................................. V
Table des matières ..................................................................................................................... 1
Introduction générale ................................................................................................................ 4
1.1 Cadre contextuel et justification du choix du sujet ......................................................... 4
1.1.1 Contexte .................................................................................................................... 4
1.1.2 Justification du choix du sujet ................................................................................... 7
1.2 Problématique .................................................................................................................. 9
1.3 Objectifs ......................................................................................................................... 11
1.3.1 Objectif général ....................................................................................................... 11
1.3.1 Objectifs spécifiques ............................................................................................... 11
1.4 Hypothèses ..................................................................................................................... 11
1.4.1 Hypothèse centrale ................................................................................................. 11
1.4.2 Hypothèses secondaires.......................................................................................... 11
2 Présentation de la région de Fatick ....................................................................................... 12
2.1 Approche historique ....................................................................................................... 12
2.2 Données géographiques et démographiques ................................................................ 13
2.3 Organisation administrative ........................................................................................... 14
2.4 Les activités économiques.............................................................................................. 14
2.5 Structures et données culturelles .................................................................................. 15
3. Cadre d’analyse théorique et option méthodologique........................................................ 18
3.1 Approche conceptuelle et revue bibliographique ......................................................... 18
3.1.1 Clarification des concepts ....................................................................................... 18
3.1.2 Revue Bibliographique ............................................................................................ 24
1
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
3
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Introduction générale
Le Sénégal est caractérisé par une grande diversité culturelle qui se traduit à travers la
coexistence harmonieuse de nombreux groupes ethniques qui s’identifient à une identité
culturelle. Il est, sans nul doute, une véritable mine de valeurs culturelles contenues dans ses
traditions et coutumes exprimées par les chants et danses soutenues par des rythmes
musicaux et contes. Cette mosaïque culturelle est révélatrice d’une authenticité qui ne serait
qu’un appel au retour aux sources ; la référence aux valeurs traditionnelles telles qu’on les
avait connues avant la colonisation. Aussi, depuis des millénaires, il existe des pratiques
culturelles et cultuelles dans les communautés qui renferment à la fois un caractère rituel et
festif.
Partie intégrante et significative du patrimoine culturel immatériel de nos composantes
ethnolinguistiques, la danse traditionnelle a longtemps rythmé les manifestations de ses
expressions culturelles. Loin d’être un simple jeu, un spectacle, la danse traditionnelle est un
art qui puise dans le répertoire chorégraphique rural ; par lequel l’homme a tenté d’exprimer
par son corps sa propre représentation et ses expériences de vie. Ce faisant, l’homme noir
s’est exprimé et a communiqué avec ses autres semblables par le truchement de la danse de
mimésis. N’est-ce pas Senghor qui disait que « nous sommes des hommes de la danse dont
les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur ». Même si les danses traditionnelles
subsistent, elle côtoie celle moderne et la lisière entre les deux n’est toujours pas bien définie
(Dance hall et Urica, 2020).
Nous nous trouvons ainsi face à des questionnements sur la survie et la durabilité de la danse
traditionnelle. En conséquence, leur définition, leur documentation, leur sauvegarde et leur
transmission deviennent urgentes. Dans cette optique, cette étude concernant la danse
Sandang chez les sérères offre l’opportunité de se pencher sur le sens de la danse sous l’angle
des rites initiatiques.
1.1.1 Contexte
4
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Cette primogéniture donnée à la culture a motivé les dirigeants des différents régimes qui se
sont succédé au Sénégal à prendre diverses mesures pour impulser une nouvelle dynamique
à même de concourir au rayonnement et au renforcement du secteur culturel avant et après
la période des indépendances.
Sous ce registre, c’est le chantre de la négritude, le Président poète, Léopold Sédar Senghor
qui donnera le ton en travaillant ardemment pour la préservation du patrimoine culturel
immatériel sénégalais et cela, en mettant en place des leviers à même d’impulser la
dynamique culturelle à l'instar des institutions chargées du recueil des traditions orales de
différents groupes (le Laboratoire des littératures et civilisations africaines (LLC) rattaché à
l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), les Archives culturelles du Sénégal (ACS)2, le
Centre d’étude des civilisations (CEC)3. Dans la même foulée, les formes locales d’expressions
musicale et de danse ont été prises en compte avec la création, en 1961, de l’ensemble lyrique
traditionnel la « Linguère » et du ballet national « Sira Badral »4. Cette période a aussi été
marquée par l'accueil d’un grand événement qui est le Festival mondial des arts nègres
(Fesman) en 1966, contribuant à faire du Sénégal le point d’échanges et de rencontre de
nombreux artistes et intellectuels du monde noir et de la diaspora (Djigo, 2015). Cet
évènement notable est synonyme d’un premier signal fort de concrétisation d’une volonté
politique en matière culturelle.
Les deux décennies du Président Abdou Diouf sont certes marquées par des difficultés
économiques et financières mais elles ont connu des acquis dans le secteur culturel (Ibidem).
A titre d’exemple, la charte culturelle nationale (de 1983 à 1988) du Président Abdou Diouf a
donné naissance à la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar en 1989. L’Ecole
nationale des arts (actuelle Ecole nationale des arts et métiers de la culture), la Galerie
nationale d’art (GNA), la Maison de la culture Douta Seck (MCDS), l’Orchestre national du
Sénégal (ONS), le Spectacle son et lumière (SSL), le Festival national des arts et cultures
(Fesnac) issu d’une forte recommandation du colloque sur les convergences culturelles au sein
de la nation sénégalaise en 1994 à Kaolack, seront entre autres des actes sous le magistère du
Président Diouf.
La présidence d’Abdoulaye Wade est marquée par la construction d’infrastructures culturelles
: la Place du souvenir africain (PSA), le Monument de la renaissance africaine (MRA), le Grand
théâtre national Doudou Ndiaye Rose (GTNDNRD). Il est important de noter que sous le
2 Les archives culturelles ont été supprimées en 1990 mais les missions sont conduites par la Direction du
Patrimoine Cultuel
3 Il a été supprimé en 1990 suite aux ajustements structurels engendrés par la crise économique et financière
4 Ces ensembles assurent la promotion et de la diffusion (au niveau national et international)
5
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
magistère du Président Wade le Sénégal a organisé le troisième Festival mondial des arts
nègres (Fesman)5 en décembre 2010.
En 2013, le Président Macky Sall déploie des efforts soutenus pour la réussite de notre
politique culturelle et cela, en alimentant à hauteur d’un milliard de francs CFA le Fonds de
promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica)6 et crée la Société
sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), avant de terminer la construction
du Musée des civilisations noires (MCN). A cela s’ajoute la mise en place du Fonds de
développement des cultures Urbaines (FDCU) depuis 2017 pour soutenir le financement des
différentes disciplines et acteurs de ce secteur qui devient le Fonds de développement des
cultures urbaines et des industries créatives (FDCUIC) en juillet 2023.
En matière de protection du patrimoine matériel, au niveau juridique, la loi 71-12 du 25 janvier
1971 fixant le régime des monuments historiques et celui des fouilles et découvertes, est le
premier texte réglementaire du domaine culturel. En ce qui concerne le patrimoine culturel
immatériel, depuis la ratification en 2006 de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du
patrimoine culturel immatériel, le Sénégal a montré à plusieurs reprises son engagement en
faveur de la sauvegarde de son patrimoine vivant. Ce dernier, de par les actions entreprises,
se retrouve actuellement avec trois éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel
immatériel de l’humanité avec le « Kankurang » (rite d’initiation mandingue, 2008), le « Xooy
» (cérémonie divinatoire chez les Sérères du Sénégal, 2013) et le « Ceebu jën », riz au poisson
(art culinaire, 2021).
Pour fortifier les différents efforts déployés dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel plusieurs actions ont été menées :
- 2006 et 2009 un plan d'action pour la sauvegarde du « Kankurang », rite d'initiation
mandingue est mis en place auquel suivra un inventaire des musiques traditionnelles
au Sénégal, financé par le Fonds du patrimoine culturel immatériel (FPCI) entre 2013
et 2014 (Unesco, 2020) ;
- un inventaire spécifique sur le « Xooy » a été mené entre 2005-2006 pour une
candidature aux chefs d’œuvre du Patrimoine Culturel Oral de l'Humanité (DPC, 2013);
- une mission d'expertise a été fournie en 2016 dans le cadre du programme de l’Unesco
sur le renforcement des capacités nationales pour la sauvegarde du PCI financé par le
programme régulier du secteur de la culture du Bureau Régional pour l’Education en
Afrique de l’Unesco à Dakar (Unesco-breda). Celle-ci avait pour mission d’analyser des
besoins du Sénégal en matière de renforcement de capacité pour la sauvegarde du PCI
(Unesco, 2016) ;
6
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
7
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Sandang c’est pour illustrer la place que cette forme de danse traditionnelle occupe au sein
du patrimoine culturel immatériel, mais surtout l’authenticité de son expression dans la
contrée du Sine7. Car la danse Sandang représente une composante fondamentale du
patrimoine culturel immatériel des Sérères de cette contrée. Elle incarne un savoir-faire
précieux et a pour fonction la transmission des valeurs socioculturelles. Elle constitue à la fois
un art de spectacle et une manière d'exprimer la reconnaissance des initiés vis à vis de leurs
parents et du « Kumax »8. La danse Sandang incarne également les valeurs traditionnelles de
raffinement, de respect et de spiritualité.
Sur le même registre, la danse Sandang revêt un caractère sacré accessible seulement aux
initiés. Par ailleurs, elle est davantage une initiation et un mode d'apprentissage de la vie. De
plus, elle se produit et s’effectue à une période fixée par le calendrier du rite initiatique du
Ndut ; elle se déroule dans un lieu précis, à une place réservée à cet effet.
Outre cela, notre mission en tant qu'agent contractuel de l'Orchestre national du Sénégal
(ONS) en décembre 2021 a été de collecter les musiques traditionnelles des terroirs, et notre
séjour au sein de la communauté Sérère nous a offert une compréhension approfondie du
Sandang. Cette pratique, qui combine à la fois un genre musical et une forme de danse
traditionnelle, a enrichi notre expérience et surement orientée notre curiosité intellectuelle ;
Notre choix sur ce sujet découle dès lors de notre expérience acquise en tant qu’agent ayant
exercé dans le périmètre où le Sandang se pratique, où nous avons été à plusieurs reprises
chargé d'observer et de représenter l'État dans la prise en charge politique des préoccupations
des communautés culturelles.
Par conséquent, pour les Sérères du Sine, cette danse Sandang est symbole d’une identité
culturelle et des valeurs d’une communauté. Elle est affirmation et l’une des choses de leur
riche gibecière culturelle qu’ils dressent comme un rempart face aux agressions de la
modernité. Ainsi, la danse est accompagnée de chants et de costumes spécifiques qui font
partie également des symboles : Le port vestimentaire, le bâton et les mouvements ont
chacun un sens que seuls les initiés peuvent décrypter. Toutefois, l'événement du Ndut qui
permettait de comprendre ces différents aspects du Sandang ne se déroule plus comme avant
à cause des contraintes de temps occasionnées par l’école moderne. Au reste, c’est dans ce
dessein que nous situons la portée et la pertinence de notre étude qui permettra de procéder
à un travail d’identification, de documentation mais aussi de proposition d’un plan de
valorisation.
7 Ancien royaume historique le long de la rive nord du delta du Saloum dans l'actuel Sénégal actuel région de
Fatick
8 Chef du bois
8
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Enfin, ce travail pourra servir de document de base pour les générations futures et enrichir le
fonds documentaire sur un aspect du patrimoine culturel sérère peu connu.
1.2 Problématique
D'après la Conférence mondiale sur les politiques culturelles tenue à Mexico par
l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco) en 1982,
«la culture peut aujourd'hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels
et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle
englobe les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les
systèmes de valeurs, les traditions et les croyances (Mensah, 2006) ». Cette définition indique
que la culture a plusieurs dimensions. Elle est à la fois : acquisition de connaissances, mode
de vie, besoin de communication. Cette définition couvre un large éventail dans lequel le
processus de transmission intergénérationnelle est au cœur pour la sauvegarde des acquis.
En effet, de la recommandation de l’Unesco sur la sauvegarde de la culture traditionnelle
populaire de 1989, à l’adoption de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel
immatériel en 2003, plusieurs efforts ont été consentis pour arriver à l’adoption de cet
instrument normatif. Mais à partir de la reconnaissance de ces pratiques et expressions
culturelles, les interrogations fusent de partout quant à une bonne sauvegarde de ce
patrimoine vulnérable et assez complexe dans sa gestion. Cette sauvegarde révèle une
problématique non seulement pour les professionnels mais aussi les acteurs sociaux qui
portent et reproduisent ces expressions culturelles (Bortolotto, 2011).
Il est précisé que « …En ratifiant la Convention de l’Unesco de 2003 relative à la sauvegarde
du patrimoine culturel immatériel, chaque nation s'était engagée à mettre en place une
politique visant à identifier, préserver, valoriser, garantir la transmission et la revitalisation
des pratiques orales, des rituels et croyances festives, des savoirs et savoir-faire etc. (Niang,
2015) ».
En ce sens, le Sénégal a toujours joué sa partition dans le concert des nations souveraines et
respectueuses de leurs identités. Il a ainsi inscrit son action dans une perspective de
dynamisation et de sauvegarde de son patrimoine matériel comme immatériel. Il a de ce fait
contribué fortement à la sauvegarde du patrimoine mondial de l’humanité.
Le pays présente une grande richesse culturelle à laquelle s’identifient plusieurs groupes
ethniques dont les Sérères. Très diversifiés dans ses chants et danses, dans ses contes et
rythmes musicaux et ainsi que ses mœurs et coutumes, les Sérères ont compris que le legs à
la postérité et la sauvegarde de l’identité culturelle sont indissociables à l’affirmation
identitaire d’un groupe ethnique. Constituant une partie intégrante et significative du
patrimoine immatériel des Sérères du Sine, la danse Sandang est une voie de recours pour
transmettre les valeurs acquises dans le Ndut. Le Ndut Sérère a pour but de préparer le jeune
9
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à remplir valablement la charge à laquelle il est destiné. En conséquence, il doit être compris
comme étant une école de formation, pour éduquer l’homme idéal. Celui qui a le « Jom » ou
point d’honneur. Celui qui sait se maîtriser devant la souffrance et l’infortune. Celui qui est
capable de garder un secret (Gravrand, 1990).
Après le Ndut, le jeune initié est le gardien du patrimoine culturel de sa communauté, un
éducateur et un lien entre les générations. Il est le symbole de la mémoire culturelle du
peuple.
Toutefois, les avancées de la modernité sous-tendues par la mutation fulgurante des modes
de vie ont sonné le glas de certaines croyances et pratiques traditionnelles, naguère
indispensables, voire essentielles, à la préservation et à la consolidation des activités de toute
la communauté, aussi bien sur le plan socio-économique que culturel. En effet, il est
unanimement reconnu et surtout constaté dans la région de Fatick que la survie de la danse
Sandang fait face aux menaces que sont : l’exode rural, l’intolérance des religions dites
révélées et l‘introduction de l’école moderne qui sont de plus en plus pesant, et donnent lieu
à une réorganisation sociale intégrant de nouveaux paramètres.
Ainsi, il importe de procéder à une entreprise de reconnaissance mais surtout pour faire une
sensibilisation allant dans le sens d’une éducation tournée vers la conservation, la protection,
la préservation et la promotion du patrimoine. La survie des cultures locales, leur capacité à «
défier le temps » passera nécessairement par la sauvegarde de notre patrimoine immatériel,
mais également leur expansion internationale, voire planétaire9.
L’ensemble des préoccupations annoncées plus haut et nées des changements qui s'opèrent
en milieu sérère, nous amène à nous interroger sur les questions de recherche suivantes :
➢ Qu'est-ce qui fait de la danse Sandang une pratique essentielle dans le rite initiatique
du Ndut ?
➢ Comment observer les changements sociaux dans l'univers Sérère à travers la danse
Sandang ?
➢ Comment se transmet une pratique rituelle dans une civilisation orale et quelles sont
les valeurs sociales véhiculées par cette danse ?
9Pape Massène SÈNE, ancien secrétaire général du ministère de la culture, cité par NDIAYE A., Valorisation du
patrimoine culturel immatériel au Sénégal : projet de création d’un projet d’écomusée à Fatick. Master en Gestion
du Patrimoine Culturel, Département Culture, Université Senghor. 2017. p. 19.
10
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1.3 Objectifs
Les objectifs sont identifiables sous deux aspects : l’objectif général et les objectifs spécifiques.
1.4 Hypothèses
Les réponses aux interrogations mentionnées dans les questions de recherche tiennent les
hypothèses suivantes :
La danse Sandang peut être examinée sous de multiples approches comme une pratique (ou
performance) corporelle, artistique, sociale, rituelle, festive et récréative participant à la
connaissance du patrimoine immatériel de l'ethnie sérère.
➢ les importantes fonctions que la danse Sandang assume dans la vie sociale et culturelle
du Ndut, font d’elle une pratique essentielle pour la communauté Sérère du Sine ;
11
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
L'histoire de Fatick se confond avec celle du royaume du Sine dont Diakhao, situé à 18 km de
la commune de Fatick, était la capitale. Le peuplement de la contrée par les Sérères venus du
Fouta Toro remonterait au 12éme et 13éme siècle, et serait antérieur à l'envahissement de la
zone au 16éme siècle par les guerriers Mandingues venus du Gabou, dans l'actuelle Guinée
Bissau (Gueye, 2010). Fatick est lié au mythe de Waal Paal NDIAYE, son fondateur. Ce dernier
venu du Djolof s'installa à un lieu dénommé « Jugamen » sur la rive droite du fleuve sine.
Contemporain du Bour Sine Wagane A MASSA qui lui accorda un droit de fait sur les terres
d'une partie de l'actuelle Fatick. Le village d'origine a été brûlé en 1859 par Pinet Laprade
après la défaite du Bour (Ibidem).
12
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
La région a joué un rôle important dans la vie du royaume du Sine. En effet, elle sera la
résidence du Jaraaf10 Thiagoune NDIAYE, commandant la zone allant de Fatick à Palmarin.
Fatick a aussi été le lieu sacré du culte de « Mindiss »11 qui se déroulait régulièrement en
présence du Bour Sine, ce jusqu'à la conquête française de 1859. C'est à cette date, à la suite
des combats du 25 mai12 sur l'actuel site du marché central, que l'emprise française sur le
royaume fut effective. Ainsi, la localité de Fatick est cédée en pleine souveraineté à la France
en 1888.
La résidence du commandant français fut construite suite à deux événements importants dans
l'histoire de Fatick : la signature du traité de protectorat entre le Bour Sine Macké Ndiaye et
la France en 1891, et le transfert du poste du commandant français de Niakhar à Fatick en
1898. Ces étapes décisives ont permis de promouvoir les fonctions administratives, politiques
et économiques de la cité de Fatick. C'est ainsi qu'une esquisse d'urbanisation et de
modernisation fut lancée avec :
- l'ouverture en 1903 d'un bureau de poste ;
- l’ouverture d'une école primaire élémentaire en 1908 ;
- la création d'un dispensaire ;
- la création d'un dispensaire dans l'enceinte de la résidence du commandant ;
- la création en 1911 d'un premier lotissement.
La région de Fatick est située à l’Ouest du Sénégal, bordée par l’Océan Atlantique à l’Ouest, la
région de Kaolack à l’Est, la région de Diourbel au Nord, la région de Thiès au Nord-Ouest et
la Gambie au Sud. Elle s’étend sur une superficie de 6685Km² et comptait en 2019 une
population de 870 361 habitants dont 438 104 femmes selon l’Agence nationale de la
statistique et de la démographie (ANSD). La densité de sa population est de 130 habitants/km.
La population de la région de Fatick est composée d’une part relativement importante de
jeunes. Cette jeunesse est perceptible à travers l’âge moyen (22 ans) et l’âge médian (16 ans)
de la population de la région.
La région de Fatick a un climat tropical soudanien, avec des températures élevées et des
précipitations irrégulières. Les parties côtières des départements de Foundiougne et Fatick
subissent l'influence du climat maritime, avec des températures plus douces et des
précipitations plus régulières.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
et maritime qui s’étale sur 65 km de côtes. Elle est à la fois maritime et fluvial-lagunaire avec
une large zone deltaïque présentant un front d’environ 70 km.
Le tourisme est un secteur important de l’économie de la région. Il offre de nombreuses
attractions, notamment les cours d’eaux et « bolongs », les îles du Saloum, le Parc national du
Delta du Saloum et de plusieurs autres sites et monuments historiques.
L’artisanat est également un secteur important, avec une grande diversité de produits. Un
village artisanal a été créé à Fatck. Les activités liées à la production du sel sont très
importantes dans le secteur. Les producteurs s’organisent en groupements et ont pu
bénéficier de l’appui des partenaires techniques et financiers.
Le commerce est un secteur relativement important, avec 19 marchés hebdomadaires
(loumas) et 27 marchés permanents où sont écoulés l’essentiel des produits agricoles.
Le transport routier est organisé autour des gares routières qui existent dans la plupart des
communes. Les taxis, les bus et les motos jakarta sont les principaux moyens de transport
urbain.
➢ Infrastructures culturelles
➢ Patrimoine culturel
La région de Fatick regroupe de nombreux sites et monuments historiques. Certains sont liés
aux croyances et à la pratique culturelle des populations. Les rites et les cérémonies
traditionnelles sont les manifestations par excellence de la richesse culturelle de la région.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Dans cette zone on y trouve le Delta du Saloum, un paysage culturel exceptionnel. C’est cette
étendue de territoire d’une beauté atypique à nulle part ailleurs comparable, qui a connu la
consécration par une entrée remarquée sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial de
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
02 Njom sereer Le Njom ou la lutte traditionnelle sérère est un Sérère Après les
sport de combat sans frappe qui met aux prises récoltes.
les garçons des différents villages. Organisée à
la fin des récoltes, c’est un spectacle, riche de
pratiques culturelles associées (chants et
danses) qui, au-delà des joutes sportives, est un
élément de socialisation des jeunes.
04 À Mboy Rite funéraire en milieu sérère pratiqué pour les Sérère Pendant les
morts âgés. Une fois le décès constaté, le paar funérailles.
(tambour major) fait l’annonce avec un rythme
spécifique à la circonstance suivi d’un autre
rythme, celui que l’on battait pour le défunt de
son vivant.
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05 O Miss JoƂaay O Miss JoƂaay est l’un des rites les plus vivants Sérère Mois de juin.
associés au Xooy. Il a été initié au XIIIème siècle
par le fondateur de Fatick Waal Paal Ndiaye.
Cette chasse rituelle, qui rend hommage au
génie protecteur Mindiss, prend en compte la
nécessaire préservation de l’environnement
naturel et suivant les prédictions des saltigués
(aumône, sacrifices et autres précautions) pour
un hivernage fertile. La cérémonie se termine
par une procession rituelle de purification et de
sécurisation aux allures de carnaval (chants et
danses).
Pour donner une base scientifique à notre travail, de nombreux ouvrages ont été consultés.
Ces ouvrages nous donnent des précisions sur les notions de valorisation, de patrimoine
culturel immatériel et de danse traditionnelle, mais permettent également de cerner les
productions littéraires faisant référence à notre sujet d’étude.
La présente partie vise à donner les aspects d’ensemble des ressources théoriques sur
lesquelles s’appuiera l’argumentation de ce travail scientifique.
Plusieurs écrits ont été consultés pour trouver des informations, nourrir notre réflexion et
construire notre argumentation. Ainsi, l’appréciation de chaque auteur permet de continuer
à mener des investigations dans le domaine du patrimoine culturel immatériel en général et
en particulier de la danse. Ces écrits nous ont été utiles dans le processus de compréhension
de quelques mots-clés.
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13 Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles, Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico
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communautés ayant pratiqué et souvent, pratiquant encore plus que des métiers et activités,
mais aussi des représentations, connaissances et expressions. Véritable véhicule de
transmission des savoir-faire, coutumes, traditions et rituels associés aux diverses
communautés culturelles, ce patrimoine constitue sans doute le moyen le plus répandu et le
plus efficace d’assurer la pérennité de plusieurs aspects des différentes cultures de ce
monde.15
La convention identifie cinq domaines du PCI en son article 2 :
● les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du PCI ;
● les arts du spectacle ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ;
● les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ;
● les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.
15 Séminaire organisé par l’Unesco en 2007 à Montréal au Québec sur le thème : connaissance, reconnaissances
et mise en valeur.
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Dans ses travaux, Aurélie Doignon présente le sabar comme une identité de la population
sénégalaise. « Le sabar17 est une danse pratiquée au Sénégal, dans les quartiers populaires de
Dakar. Décrite comme « traditionnelle », elle est associée aux Wolofs, groupe majoritaire du
pays et aux Lébou qui sont pour la plupart des pêcheurs vivant sur la presqu’île du Cap-Vert
(Doignon,2019).
Tableau 3 : Exemple de danses traditionnelles de quelques ethnies au Sénégal/ Sources : DPC/Baye C./ Diedhiou
V. /Sow A. B.
Dans cette partie, l’objectif est de prendre connaissance de tous les différents écrits déjà faits
dans la même logique que notre sujet de recherche et celle connexe. Cette revue
bibliographique révèle un déficit des sources écrites qui se sont consacrées spécifiquement à
la danse Sandang.
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Par contre, celles que nous avons trouvé sont faites sur les événements de la circoncision
(Ndut, cadre d’exécution de la danse Sandang), les chants Sandang et les croyances sérères.
Charles Becker et Waly Coly Faye (1991), dans leur article intitulé « La nomination sereer »
relatent et expliquent les différentes cérémonies, c'est- à- dire les divers rites pratiqués chez
les Sérères. Dans cet esprit, leur article nous édifie sur les interdits culturels, à l’instar du lundi
qui est considéré comme jour sabbatique (jour de repos) chez les Sérères. Dans le même
sillage, Le jeudi est un jour de repos et de recueillement pour les Sérères. Les cérémonies
traditionnelles et cultuelles sont donc interdites ce jour-là.
Pour les deux auteurs cités, le Ndut est une cérémonie de passage à l'âge adulte, qui marque
la fin de l'initiation des garçons après la circoncision ensuite le mariage qui comprend le Ndut
des femmes.
Dans le cadre de cette action, ils retracent les cérémonies culturelles, comme la lutte, qui
rassemble généralement plusieurs lutteurs après les récoltes.
Par ailleurs, suivant l’optique de leur appréhension des choses des gens de la communauté
sérère, ces différentes activités mettent en valeur l'éducation de base et le respect des
différents rites qu'un jeune doit observer avant de passer à d'autres connaissances différentes
de celles issues de ses origines africaines.
Ce travail est riche pour notre étude car il nous a permis de voir en profondeur la tradition
sérère sous toutes ses facettes et nous conforte dans l’idée selon laquelle la communauté
sérère est sous tendue par une tradition identique et authentique, surtout concernant le legs
culturel et cultuel qu’elle instruit et transmet à ses enfants dès leur toute petite enfance ce
qui indubitablement, les équipent et animent à ne jamais se départir de ses valeurs
sacerdotales, chemin faisant à l’école de la vie. D’où toute la portée du passage aux rites
traditionnels pour grandir psychologiquement.
Dans son ouvrage titré, « L'art d'Afrique noire : liturgie cosmique et langage religieux »,
Engelbert Mveng (1974) montre que dans toute l'Afrique, les rites d'initiation sont des
célébrations symboliques et sacramentelles qui représentent le passage de la vie à la mort.
L'homme apprend à accepter la mort pour accéder à la vie véritable. Au centre du rite, Le
jeune homme est confronté à des épreuves terribles qui le marqueront. Le jeune homme vit
une période de crise qui lui fait revivre tous les moments difficiles de sa vie, des moments où
il a senti sa vie menacée et où il a pris conscience de la fragilité de l'existence. Dans cette
situation, il se tourne vers Dieu, dans une prière fervente.
Dans son mémoire de DEA (2007), titré « L’initiation dans la zone de Niakhar : l’exemple du
Ndut de 1956 à nos jours », Fatou DIOUF relate la vie en Ndut qui n’a de valeur que par rapport
à l’enseignement qu’on y livre. Elle affirme que le Ndut obéit à des règles et forme une
structure où chaque individu occupe une place et joue un rôle bien déterminé. Elle soutient
que l’enseignement dans le Ndut porte sur des principes tels que la tolérance, le courage, la
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générosité et la solidarité. L’auteure met en relief aussi les causes de la crise du Ndut comme
l’avènement du christianisme, l’exode rural et la disparition du système éducatif traditionnel.
Fatoumata Binetou Senghor (2021), dans son mémoire de fin d’études supérieures artistiques
intitulé «la musique traditionnelle sérère dans le Sine : les chants du Sandang à Fayil», fait
d’abord une brève présentation des différents des activités culturelles en milieu sérère et
constituant en grande partie son patrimoine culturel immatériel. Elle procède à une analyse
pointue du répertoire des chants avant de décrire les différents instruments musicaux qui
interviennent lors de son exécution. Elle met enfin l’accent sur son importance en démontrant
ses différentes fonctions dans la société en générale et dans le Ndut en particulier.
Henry GRAVRAND (1960), dans son article titré « Rite d'initiation et vie en société chez les
sereer », décrit le processus du Ndut jusqu'à celui du Sandang, qui marque la fin de la période
initiatique. Ce dernier même, n'étant pas sérère, a accepté de suivre les djul18 dans leur
retraite après avoir promis de ne pas dévoiler les secrets qui y sont rattachés. Ceci lui a permis
de découvrir certains mystères qui entourent ce rite. L’auteur n'a pas hésité de prendre
conscience de la fonction irremplaçable de l'homme dans sa société où il doit jouer un rôle en
mettant en pratique les techniques héritées de ses ancêtres.
En outre, l’étude de l’auteur nous a permis de comprendre que les cérémonies traditionnelles
sérères, plus particulièrement le rite initiatique, se terminent toujours par une démonstration
chorégraphique accompagnée par des chants.
Son ouvrage « Civilisation sereer : Pangool, le génie religieux sereer » constitue un tableau de
bord montrant toute la vie spirituelle du Sérère non encore islamisé ni christianisé et son état
de croyances syncrétiques (Gravrand, 1990). Cet ouvrage vient en quelque sorte compléter
celui précédemment intitulé « La civilisation sereer : Cosaan » qui montre clairement que la
religion traditionnelle sérère est monothéiste. Les pangool19 représentent pour les sérères
des forces spirituelles vives qui jouent le relais entre les hommes et Dieu (Roog) qui est le
maître de tout l’univers (Gravrand, 1983).
L’étude est fort intéressante dans la mesure où elle nous a aidée à saisir le rôle central
qu’occupe les pangool dans la civilisation sérère et aussi beaucoup de chants du Sandang
tirent leur origine dans cette religiosité d'où l'esprit des pangols, des divinités et des « yaal o
and »20. Ce qui d’ailleurs nous conforte dans notre étude portant sur le rôle de la danse
Sandang dans la transmission des valeurs socio-culturelles.
Jean-Martin Morimanika, enseignant dans le nord Kivu en République Démocratique du
Congo, dans un numéro de l’émission Le club de l’auditeur en 2014 du radiodiffuseur
18 Initié, circoncis
19 Les pénates
20 Celui qui a du savoir
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allemand, Deutsche Welle (DW), évoque les rites d'initiation dans la société africaine de la
naissance à la mort. Il explique que les rites restent fortement ancrés dans la tradition. Il nous
rapporte que les rites, en République Démocratique du Congo, marquent chaque étape de la
vie des différents groupes sociaux : chefs, chasseurs, pêcheurs, par exemple. Ils enseignent
une éthique sociale. Il évoque que les rites, même s'ils s'adaptent parfois aux temps
modernes, comme la circoncision, jouent un rôle fondamental dans la construction de
l'Homme et donnent un sens à sa vie.
Les travaux de Léon Diagne (1985) sur « Le système de parenté matrilinéaire sereer » sont
d’une importance non négligeable pour une meilleure compréhension de la société sérère et
de l’homme sérère en personne. Il nous présente toutes les facettes et réalités liées à la
parenté. Il est d'une importance tellement capitale pour la connaissance et la compréhension
de la vie sérère, qu’il mérite un regard pour tout lecteur désirant connaître la société
traditionnelle Sérère.
Le rôle du mythe dans les rites d'initiation traditionnelle négro-africains au service de la
cohésion sociale est un article de Malick Hamidou Ndiaye publié en 2019. L’auteur donne,
dans l’article, des explications sur les civilisations negro africaines en partant du constat que
le mythe a toujours joué un rôle fondamental dans la transmission et la diffusion des valeurs
culturelles traditionnelles. Le mythe a depuis toujours constitué un élément moteur de
fondement et de diffusion des valeurs culturelles ancestrales. Selon lui, le mythe permet aux
individus de se connecter au monde invisible et au monde réel, ce qui les aide à se former et
à se développer. Ils jouent également un rôle de restructuration sociale, en particulier dans
les situations difficiles, pour favoriser la cohésion sociale. L’auteur trouve que cet héritage
culturel est véhiculé au travers d’une idéologie liée à des forces occultes et de différentes
représentations sociales transmises aux négro-africains par le biais des événements organisés
au sein des sociétés. Les écrits de l’auteur nous ont permis de saisir comment le mythe est
parvenu à maintenir la durabilité de certaines pratiques telle que la circoncision et d'autres
rites.
Salif Dione (2004) dans son ouvrage titré « L'appel du Ndut ou l'initiation des garçons sereer »
retrace le processus initiatique du jeune garçon sérère depuis l'annonce du garçon à son père
de sa volonté de se faire circoncire à la sortie des initiés en passant par le Woog et le Sandang.
Il met un corpus de devinettes « cax » en donnant leur signification, avec des surnoms donnés
aux circoncis « djul » et à leur « selbé » (accompagnants). Selon l'auteur, dans ces chants,
l’apparition de plusieurs thèmes mettant en exergue la vision du monde et le système de
valeurs peuvent guider nos actes et nos comportements humains à la sortie de l'initiation
(Sandang). C’est ainsi qu'il effectue une comparaison entre l’école traditionnelle et celle
moderne.
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Dans le cadre de ce travail, plusieurs techniques de recherches ont été utilisées. Ces
techniques sont : la recherche documentaire, les entretiens en vue de recueillir le maximum
d’informations pour après les analyser, le focus group et l’observation participante. Ainsi, il
s’agira d’abord de présenter la démarche méthodologique, ensuite de faire une brève
description de l’univers pour enfin exposer les limites et difficultés rencontrées lors de la
recherche.
Notre étude s’est essentiellement concentrée sur les villages de Djilor et de Sakhor et a touché
par nécessité le village de Fimela où vit la famille griotte qui joue le sabar dans le Sandang. Au
début de l'étude, notre objectif était de faire des enquêtes à Yayème en plus de Sakhor et
Djilor. Cependant, notre personne ressource native de ce village et travaillant au centre Adaf
Yungar, nous informe que les détenteurs de la tradition Sandang à Yayème ont pratiquement
tous disparu.
Situé à 18 kilomètres de Diouroup, le village de Sakhor est dans la circonscription de la
commune de Loule Sessene coiffée par la région de Fatick. A cheval entre le bras de mer et la
terre ferme, le village est fondé par Fanou Mbaye, venue du Gabou selon nos sources. Ils
ignorent la date de fondation mais en 1113 le village était déjà un hameau et personne n’y
vivait. Habité par les Sérères, le village de Sakhor est ancré dans sa tradition et sa culture. Sa
communauté est gérontocratique. Ce qui explique l’organisation des focus group pour éviter
qu’un individu fasse passer des informations pas fiables.
Plus connu sous le nom de Djilor Djidiack, il est le royaume d’enfance du Président et poète
sénégalais Léopold Sédar Senghor. Situé à 1,5 km au sud de Fimela, chef- lieu de
l’arrondissement du même nom devenu aujourd’hui commune, il est fondé par Djidiack,
prince dans le royaume du Sine. Le village de Djilor Djidiack recèle d’énormes potentialités
culturelles. Il abrite la maison familiale du président Senghor, classée sur la liste nationale des
sites et monuments historiques et le Musée d'art et d'Histoire dédié aux Cultures d'Afrique de
l'Ouest (Mahicao).
Les détenteurs de la tradition, les percussionnistes, les chanteuses et danseurs qui ont plus de
30 ans constituent notre cible de choix. Ces personnes ont déjà été initiées et connaissent la
danse dans toute sa splendeur et ses caractéristiques.
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Pour mener à bien notre recherche nous avons opté pour la méthode qualitative afin de
collecter des informations allant dans le sens de notre étude. Elle a permis de procéder à une
description de la danse et de comprendre les fonctions qu'elle assume dans la vie des Sérères.
➢ La recherche documentaire
La recherche documentaire a été en grande partie facilitée par la bibliothèque de l’Université
Senghor. Grâce à elle, des articles de l’OCIM, les mémoires d’anciens étudiants sur la danse et
des ouvrages ont pu être consultés et ont permis de comprendre les notions de patrimoine
culturel immatériel, valorisation économique du patrimoine.
La recherche documentaire s’est faite, aussi pendant les vacances au Sénégal et la période de
stage, avec des institutions comme la Direction du Livre et de la Lecture (DLL) où nous avons
trouvé les ouvrages du Père Henry Gravrand, spécialisés dans l’étude de l’ethnie. Des notes
sont prises après la lecture d’un ouvrage ou d’un article afin de faire des résumés et de s’en
servir lors de la rédaction.
Dans cette même optique, nous avons effectué une visite à la bibliothèque de l’Institut
national supérieur de l'éducation populaire et du sport de l’Université Cheikh Anta Diop
(Inseps) où des mémoires en rapport avec les danses traditionnelles Diola ont été trouvés. En
conséquence, la bibliothèque de l'École nationale des arts et métiers de la culture (Enamc) a
été mise à contribution. Elle nous a permis d’avoir un document sur les chants Sandang.
Nous avons aussi procédé à l’emprunt d’un ouvrage collectif sur la description du patrimoine
matériel comme immatériel en pays sérère se trouvant dans la bibliothèque personnelle du
Professeur Abdoulaye Camara. Outre, ces ouvrages de référence et de documentation, deux
ouvrages essentiels dans le cadre de notre étude ont été achetés (« L’appel au Ndut » de Salif
Dione et « Le système de parenté matrilinéaire sereer » de Léon Diagne). Ils nous ont permis
de mieux comprendre l’organisation sociale des sérères et la vie en Ndut.
Par ailleurs, des partages se sont faits entre étudiants ayant les mêmes centres d’intérêt ou
ceux qui trouvent des documents pouvant apporter quelque chose à l’étude. A ce même titre,
des documents électroniques comme des actes de colloques, des rapports qui tournent
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autour du patrimoine, surtout abordant les us et coutumes des sérères du Sine nous ont été
transmis par le Directeur de mémoire.
Outre les documents écrits, nous avons écouté et visualisé des émissions télévisées et
radiophoniques portant sur la danse Sandang, l’initiation en milieu sérère et en Afrique de
manière générale.
En dehors des consultations d’ouvrages en bibliothèque, nous avons en permanence navigué
sur des sites internet. Ce fut le cas du site de l’Unesco, des sites de base documentaire en ligne
comme memoireonline.com, theses.hal.science, dicames.online, pedone.info academia.edu,
cairn.info bibnum.ucad.sn et OpenEdition journals. Ce dernier site nous a permis de connaître
l’histoire de la politique culturelle du Sénégal en matière de protection du patrimoine culturel.
Les autres sites nous ont fourni un vaste réservoir d’informations tout en facilitant la
compréhension de la notion de PCI et de ses domaines.
Nous avons dû faire face à des obstacles d’ordre historique soulevés par le sujet de recherche.
En effet, il faut souligner que la danse Sandang date de longtemps, plusieurs générations l’ont
pratiquée. La recherche documentaire effectuée au niveau des institutions documentaires
dans l’optique d’une clarification et d’une spécification des différents aspects qui gravitent
autour de cette performance ne nous a pas permis de satisfaire entièrement notre curiosité.
Il faut aussi souligner que compte tenu de sa situation géographique le village de Sakhor n’est
pas d’accès facile durant l’hivernage.
Les données collectées à travers les recherches ont été résumées et analysées. Les
informations qui se recoupent, ont été considérées comme fiables alors que celles qu'une
seule personne nous communiquait, sont soumises à une réelle vérification avant d’être
purement et simplement écartées. Subséquemment, nous avons choisi de procéder à cette
analyse des données en nous basant sur les similitudes et les divergences que les deux villages
ont sur la danse Sandang. Le traitement de ces informations sous un aspect critique nous a
permis de cerner la place de la danse Sandang en milieu sérère et les difficultés qui plombent
et inhibent sa valorisation.
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La situation géographique des sérères est assez considérable. Le Sérère est par ailleurs parlé
dans deux pays notamment en Afrique. On le parle dans le Centre-Ouest du Sénégal et le Sine-
Saloum et également en Gambie. Il est en pleine expansion à travers tout le Sénégal. Elle est
favorisée par le phénomène de l’exode rural qui dépeuple la campagne au profit de la ville. A
cela, s’ajoute la forte présence de la communauté sérère dans la diaspora.
Les Sérères sont pratiquement concentrés dans le Centre-Ouest du Sénégal notamment dans
les régions de Thiès, Fatick, Diourbel, Kaolack, Kaffrine ainsi que la zone comprise entre le
Lehar et les Îles du Saloum. Ainsi, nous retrouvons successivement sur l’axe du Sud au Nord
les Ñominka qui habitent le Ndun dans les Îles du Saloum, les Hiréna dont le fief est la petite
côte au sud de Joal puis les Gemb dans la zone comprise entre l’océan Atlantique à l’Ouest, le
Sine au nord, le Baol à l’Est. Les Noon, les Saafeen, les Ndut occupent respectivement les
environs de Thiès, Popenguine et environs, Mont-Rolland et environs.
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Pour la tradition orale, les sérères seraient venus d’Egypte et auraient emprunté le même
itinéraire jusqu’à la vallée du fleuve Sénégal. De la vallée du fleuve Sénégal, ils se dispersèrent,
les uns prirent la direction du sud et les autres de l'ouest.
Dans l’état présent des écrits sur l’origine des sérères, plusieurs hypothèses controversées
sont avancées.
- Dès 1865, Pinet Laprade dans sa « notice sur les sérères » prend position sur leur origine.
Selon lui, ils proviennent du Gaabu. Ils auraient été les « vassaux » des rois Gaabunké. Nous
ne savons pas, dit l’auteur d’où étaient originaires ces captifs sérères des rois du Gaabu. C’était
probablement des aborigènes de la contrée. L’intérêt de la thèse de Laprade, est d’avoir été
élaboré, il y a plus de cent ans, à une époque où la tradition orale était plus vivante et où les
événements étaient mieux conservés par les détenteurs de cette tradition.
- L'hypothèse soutenue par Laprade ne semble pas satisfaire Verneau. Ce dernier, avec une
théorie presque méconnue, se fondant sur des considérations anthropologiques, estime que
les Sérères descendent des wolofs. Plus précisément, ils seraient le fruit d’un métissage
biologique wolof-mandingue. Ils ne proviendraient donc pas du Gaabu, mais ils se seraient
développés sur place. Ils seraient des autochtones au sens strict.
- Maurice Delafosse (1912) quant à lui n’a pas directement traité les origines sérères, mais son
opinion sur la question apparaît à travers les passages qu’il a consacrés aux peuples du Tekrur
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dans son ouvrage « Haut-Sénégal, Niger ». Leur pays primitif (celui des Toucouleurs), lorsqu’il
portait encore le nom de tekrur, devait chevaucher sur les deux rives du Sénégal et renfermer,
non seulement les ancêtres des Toucouleurs actuels, mais aussi ceux des Sérères. La poussée
des berbères vers le sud a dû contraindre les Sérères, du XIè au XIVè siècle, à s’enfoncer dans
le pays des Wolofs, d’abord et ensuite dans le Sine ».
- Paul Pélissier (1966), pour sa part dans « Les paysans du Sénégal : les civilisations agraires
du Cayor à la Casamance », fait venir les sérères de la vallée du Sénégal que leurs ancêtres
ont quitté dès le XI ou le XII siècle. Selon Pélissier, la vallée du fleuve constitue l’origine des
Sérères étant donné qu’elle fut le berceau de leurs ancêtres. Pélissier veut juste dire que
l’origine d’une personne correspond à celles de ses ancêtres.
- Pour Henry Gravand (1983), la culture sérère est le résultat de plusieurs apports biologiques
et culturels accumulés au cours d’une longue histoire, dans le creuset de la « sererité ». Sur
un substrat paléo-sénégambien, une ethnie sereer coosan, en provenance du Fouta a fusionné
avec un peuplement mandé, diversifié, entre le XIe et XIVe siècle.
Quatre cycles sont présentés pour justifier ce métissage :
➢ Un cycle paléo-sénégambien ;
Le pays sérère compte tenu de son périmètre géographique, renferme plusieurs dialectes.
Cette variété linguistique reflète l’histoire du pays sérère. Ce qu’il faut noter là c’est que le
dialecte d’une région connaît des changements selon les villes où on le parle et qui évoluent
dans les différents villages aux alentours. Chez les sérères, le critère par excellence de
reconnaissance de l’origine d’une personne est la variante qu’elle parle.
On note plusieurs variantes dialectales du Sérère :
- le sérère A kemb est parlé dans la sphère comprise entre le Baol à l’Est, le Sine au Sud et
l’Océan Atlantique à l’ouest ;
- le Ñominka est parlé dans le périmètre de Niodior ;
- le Faajut-palmerin c’est le sérère parlé au sud du Joal ;
- le Singadum c’est le parler du département de Fatick ;
- le Peefey, il est parlé dans la région de Kaolack. C’est du sérère Singadum qui a subi l’influence
du Wolof ou qui est en contact avec le Wolof ;
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-le kireena est parlé entre la zone où sont parlés le singadum et poofoofi. C’est la zone allant
de Ndiosmone à Fatick plus précisément à droite de la route nationale 1 jusqu’à vers Fimela
(Ngom, 2016) ;
Le Ndut, le Noon, le Paloor et le Safeen sont d’autres variantes de la langue sérère parlées
dans la région de Thiès (Diouf, 1998).
La base fondamentale de l’économie des Sérères repose sur deux voire même trois domaines
: l’agriculture, l'élevage et la pêche.
- L’agriculture, les Sérères sont quasiment exploitants de terre. Malgré la répartition sociale
de tâches au sein de la société, presque tous les Sérères s’adonnent à l’agriculture qui
constitue l’activité phare de leurs revenus. Les principales cultures vivrières qui occupent une
place de choix dans les activités agricoles sont le mil (Poƭ), le petit mil (Maac), le sorgho (Ƃasi),
le riz (Maalo), le niébé (Ñaaw), l’arachide (Aareer)....
- L’élevage est l’une des activités économiques des Sérères. Les paysans libres (baadole) sont
des cultivateurs doublés d'éleveurs quand le milieu s’y prête. Étant un système agraire,
l'élevage y occupe une place non négligeable. Ses relations avec l’agriculture vont de la
complémentarité au conflit dans l’exploitation de l’écosystème entre le simple paysan
cultivateur et le paysan pasteur.
Enfin, la pêche est la dernière activité économique exercée par les Sérères. Elle est pratiquée
dans la petite côte et dans les îles du Saloum où elle occupe une place essentielle. Le poisson
est l’un des aliments de base de la ration alimentaire de ses habitants. Il est transporté de la
petite côte aux villages éloignés du Jugem et du Sine où il est vendu ou échangé avec des
denrées alimentaires. Dans ce milieu deltaïque, les populations locales exercent des activités
de cueillette des mollusques, dont les plus fréquents et les plus abondants sont l’huître des
palétuviers, l’arche sénile, le cymbium et le murex, ect...
Parler de la religion en pays sérère n’est pas chose facile pour un chercheur. S’il existe une
ethnie qui a su garder plus son identité religieuse, c’est bien celle des Sérères. L’animisme,
religion de base des sociétés africaines est bien restée en cohabitation avec l’islam et le
christianisme dans les sociétés sérères. Le syncrétisme religieux est plus que présent parce
que prenant tout son sens en milieu sérère.
et jour sur la vie de toute la société. Toutefois, les Sérères croient en un Dieu Suprême Roog
qui est le Créateur de tout l’univers, qui est le Maître de la terre et des cieux. C’est lui qui
procure toutes les choses de la vie : le bien, le mal, la destinée…
Néanmoins, son accessibilité ne peut être réalisée que par le truchement des ancêtres. Ces
derniers jouent le rôle d’intermédiaire entre Dieu, le Tout Puissant et les hommes. Également,
le rôle assigné aux ancêtres dans la religion traditionnelle est de protéger, de donner, de
recevoir et de demander.
Vu la confiance que le Sérère a en ses ancêtres, il passe par eux pour solliciter quelque chose
auprès du Tout Puissant Dieu.
Les ancêtres Sérères, quoique animistes, mettaient toujours Dieu en avant. Ils appelaient Dieu
Roog Seen. La nouvelle génération insérée dans l’essence de la tradition, n’en fait pas moins.
Car pour les Sérères, cette appellation montre le caractère invisible et omniprésent de Dieu,
méritant allégeance et haute déférence. Les aïeux sérères adoraient des pangool, mais
restaient dans le monothéisme.
21 Singulier de pangool
22
Responsable (s) de pangool
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23 Personne qui naît et après sa mort elle renaît souvent dans la même famille
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religion traditionnelle sérère. Mais force est de savoir que beaucoup de Sérères qui ont
embrassé ces différentes religions, continuent à vénérer les pangool et esprits ancestraux
qu’ils héritent de leurs ancêtres.
En définitive, dans l’univers sérère ces types de personnages se manifestent :
-Roog (Dieu), Maître de la terre et des cieux, responsables de la vie et de la mort ;
-les pangool, à la fois intercesseurs des hommes envers Dieu, et protecteurs des vivants ;
-les ancêtres, gardiens de l’ordre et de la société, toujours respectés et même vénérés ;
-les ciiƭ, perturbateurs sociaux, redoutables et toujours indésirables ;
-les hommes, gestionnaires des pangool, protégés des ancêtres, croyants en Dieu.
Les Sérères, troisième population en nombre après les Wolofs et les Peuls (petit journal, 2017)
ont une culture encore bien présente. Du point de vue musical, nous retrouvons plusieurs
troupes de femmes détentrices de la tradition musicale sérère. Elles se produisent lors des
mariages, luttes traditionnelles, initiation et baptêmes. L'initiation chez les garçons est l’un
des moments les plus importants de la vie communautaire. Elle est l’aboutissement du
processus de la formation de l’adolescent et un moment de gloire individuelle et collective.
Chez les femmes, c’est à la période du mariage qu’elles sont initiées. Même si le tatouage «
Ndom » est un rite de passage observé, il ne donne pas lieu à une quelconque initiation.
En ce qui concerne les jeux de force, la tradition de la lutte est fortement ancrée chez les
Sérères. Elle constitue l’une des marques de l’identité de la société sérère. Elle existe en milieu
sérère comme une pratique qui célèbre l’existence (Augeron et al. 2016). Les jeunes s’en vont
dans les villages pour exhiber leur force dans des danses nocturnes et surtout des luttes
rituelles qui se tiennent après les récoltes.
Nous allons, ici, nous inspirer du formulaire d’inscription des éléments du patrimoine culturel
immatériel de l’Unesco pour donner une description méthodique de la danse Sandang.
➢ Dénomination : Sandang
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● Les hommes
Il est de leur ressort de veiller à ce que tout soit parfait dans l’organisation de la danse. Ils
conduisent les séances de répétition de danse et de jeu de sabar. Les hommes sont encore les
moniteurs qui assurent la formation que les initiés reçoivent dans la forêt, loin des femmes et
des non-initiés. La confection des tenues vestimentaires portées par les initiés lors de la danse
leur était dévolue à l'époque où les machines à coudre n’existaient pas.
● Les initiés
Ce sont eux qui exécutent la danse et le plus souvent sont âgés de plus de 15 ans. Avoir une
certaine maturité avant d’être initié est important pour les Sérères car cela aiderait à mieux
comprendre les enseignements dispensés.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
● Les femmes
Les femmes jouent un rôle important dans la réussite de la danse Sandang. Elles sont
présentes et participent activement à la réussite de l’évènement. Les chants du Sandang ont
une spécificité féministe. Les femmes sont les seules à pouvoir chanter les chants qui
l'accompagnent.
La danse Sandang favorise l’intégration de tout le village. Elle est ouverte au public et
généralement, à l’heure de la danse les hommes, les femmes et les enfants se retrouvent pour
partager ces moments de divertissement. La danse Sandang à ce pouvoir de massification. A
travers les chants évoqués, elle réussit à s'incruster dans la vie des gens à travers les messages
transmis et par la manière dont elle l’aborde. Elle permet de créer un sentiment
d'appartenance au groupe et de renforcer les liens sociaux.
Selon Doudou Sarr, Kumax du village de Sakhor, la danse Sandang est un outil puissant de
régulation des conflits. Elle est un moyen de réconciliation qui permet aux personnes en
conflit de se réconcilier et de reconstruire des relations. En cela, elle favorise la cohésion
sociale. Elle intervient dans la réconciliation des adversaires en lutte traditionnelle qui
entretiennent une relation conflictuelle. En effet, en participant au spectacle de la danse
Sandang, tous les acteurs, vainqueurs comme vaincus, manifestent leur volonté de se
réconcilier. Cette volonté et cet acte apportent la paix dans les cœurs de tous les adversaires
qui se sont heurtés à travers leurs gestes ou paroles.
Quant à la fonction culturelle, la danse Sandang porte un intérêt identitaire pour les habitants
des villages de Sakhor et Djilor. Ils l’ont héritée des générations antérieures et doivent la
transmettre, intacte ou améliorée, aux générations futures. À ce sujet, Pierre N. Bakhoum,
Secrétaire Général Culturel du village de Djilor affirme que « la danse Sandang est un élément
auquel s’identifie tout le village. Les villageois se sont appropriés la danse et attendent avec
impatience les séances de prestation ».
La danse Sandang répond à une certaine esthétique. Elle est caractérisée de mouvements qui
seraient basés sur des gestes d’animaux comme l’éléphant, le lion et l'hirondelle dont les
sérères se sont inspirés pour créer la chorégraphie. La confection des tenues et accessoires
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Chez les Sérères, les rites d’initiation étaient l’occasion pour le Kumax d’enseigner aux initiés
les coutumes et traditions sérère mais également de s’assurer de leur défense, de leur
protection contre les mauvais génies et les sorciers. Il délègue au « Kalma », la maman des
initiés qui est un homme, le contrôle de la nourriture des circoncis et des selbé. Ce dernier
pour assurer cette mission utilise un bâton appelé « o ñimir Ndut » pour vérifier que les repas
ne sont pas empoisonnés. Il goûte en premier avant de donner aux circoncis et selbé toute
nourriture provenant de l’extérieur. Le Kumax sera le premier à voir en rêve tout danger ou
malheur qui doit arriver durant la période du Ndut.
Avant qu’un garçon ne rejoigne la case de l’homme, les membres de sa famille se réunissent
pour discuter des voies et moyens pour le protéger contre le mauvais sort24. Pour cela, ils
vont quérir dans la brousse des racines, des écorces, des feuilles d’arbres et de plantes
magiques, avec quantité d’autres types d’amulettes. Ils font également appel à des grands
savants qui aident à préparer les jeunes pour le Ndut. La danse Sandang est indispensable à
l’accomplissement du rite initiatique du Ndut. Son exécution intervient pour manifester toute
la reconnaissance et la gratitude des initiés envers les responsables du Ndut et ses parents qui
les ont aidés à devenir des hommes responsables.
24 Dans les représentations sociales sérères, les nouvelles mariées, les nouveaux nés et les circoncis seraient très
prisés par les mauvais esprits, en l'occurrence les anthropophages réels ou supposés, dont on dit qu’ils raffolent
de leur chair et de leur sang.
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Cette crainte est fondée dans la mesure où certains initiés perdent la vie lors de ce rituel, car
étant incapables de supporter les épreuves d'endurance auxquelles ils sont soumis. Dans le
même esprit, selon nos sources, il peut arriver que certains circoncis se concurrencent en
mesurant leurs savoirs surnaturels et cherchent à s’entretuer au moyen de ces savoirs. Mais
la vigilance du Kumax, qui est plus savant qu’eux, mais pas toujours, les en empêche.
Nos deux villages d’études ont des points de convergence et de divergence en ce qui concerne
les mouvements ou danses caractéristiques. Pour ce qui est des ressemblances, on les
retrouve dans les noms des danses et certains mouvements. Tandis que les divergences se
trouvent parfois dans le nom attribué à la danse, aux mouvements. Toutefois, il est
unanimement reconnu dans les deux zones que le Sandang est un ensemble de danses. Dans
le village de Djilor, la danse est à la fois collective et individuelle. C’est ainsi que, nous
retrouvons 8 danses à Djilor et 7 à Sakhor dans le Sandang.
➢ Djilor
Les danseurs tournent en cercle toujours dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et
ne se retournent jamais.
- Sansa gougoudia ou tanta gougoudia
C’est le moment où les danseurs quittent le domicile du kumax pour rejoindre le lieu de la
danse. Ils tapent la terre à l’aide du bâton sur les côtés gauche et droite en marchant et font
le tour du cercle deux à trois fois. Après ces mouvements, ils détachent le foulard enroulé sur
le bâton et le laissent flotter au bout. C’est ainsi qu’ils démarrent la deuxième danse.
- Tarine
Les danseurs se courbent et mettent en avant la jambe droite puis brandissent sur les deux
côtés leurs bâtons de sorte que les foulards au bout flottent et font bouger les jambes vers
l’avant. Ces mouvements sont faits 4 fois autour du spectacle.
- Rabindandal bindeul ralki ndaral gin
Après la précédente danse, ils déposent leur bâton par terre et font encore le tour du
spectacle 4 fois avec des mouvements de pieds et bras, et chacun revient à la place où il avait
déposé son bâton pour le récupérer.
- Ngokol koumba
Cette danse se fait en deux phases. Les bâtons aux mains, ils s’agenouillent, les jambes un peu
écartées et imitent le geste de piler dans un mortier par les coups qu’ils donnent au sol. Puis,
ils déposent les bâtons et claquent plusieurs fois les mains. Par la suite, ils se mettent en
position 4 appuis sur le sol pour faire des mouvements avec la tête et les mains.
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- Ndambara ndambara da
Elle se fait à deux et il doit y avoir une synchronisation entre les danseurs. Les danseurs
attachent de longs morceaux de tissus que chacun tient par un bout. Ils font des mouvements
avec les deux jambes et sautent successivement à gauche puis à droite. Ils changent à chaque
fois la main qui tient le bout du foulard quand ils partent dans le sens contraire.
- Lédjeunk
A la suite de la précédente danse les performances personnelles s'ensuivent. C’est le moment
pour chaque initié de rendre fier sa famille à travers ses pas de danses. A cet instant, ses
parents lui donnent des billets de banque et dansent même avec lui pour manifester leur joie.
- Le wong
Cette danse est assurée par le plus doué en la matière. On lui attache un pagne autour des
reins et des morceaux de tissus aux poignées. Cette danse ne répond pas à une chorégraphie
définie, celui qui le fait doit l’assurer en montrant ses talents. Pendant ce temps l’un des
danseurs se met par terre et fait comme s’il jouait le violon et les autres l’applaudissent.
- Pindal patata
Elle marque la fin du spectacle. Tous les danseurs se remettent en file et reprennent leur bâton
pour sortir et rejoindre la maison du kumax pour que leurs parents puissent venir les prendre.
Ils font des mouvements de reins tout en avançant.
➢ Sakhor
- Sansa gougoudia
Contrairement aux danseurs de Djilor qui portent leur bonnet, ceux de Sakhor les déposent
sur leurs têtes et ne le mettront qu’une fois dans le spectacle. Au rythme du Nder qui vient les
chercher chez le kumax pour la place de danse, ils tapent le sol sur le côté droit. Arrivés dans
le spectacle, ils prennent le côté droit pour se mettre en file avec les genoux fléchis. C’est à ce
moment que chacun met son bonnet et détache le foulard enroulé sur son bâton pour qu’il
flotte.
- Sandang
Cette danse est réalisée en deux phases avec et sans bâtons. A la résonance du Nder les
danseurs brandissent les bâtons à gauche et à droite et font des mouvements avec les orteils.
Ces mouvements sont faits 4 fois autour du spectacle. Ils font deux à trois fois le tour de l’aire
de danse et enchaînent avec la danse qui succède. Puis, ils refont les mêmes mouvements
sans les bâtons, mais de façon plus élevée avec les mains sur la gauche et la droite.
- Tarine
Ils tiennent le grand bâton à gauche et le petit à droite. Ils tapent sur le grand à l’aide du petit
et avancent avec des mouvements de pieds. Le pied droit est en avant. Après avoir fait deux
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tours, ils se courbent et mettent en avant le pied gauche en avançant, toujours en tapant les
deux bâtons.
- Soumangokol
Les danseurs se mettent en deux groupes qui se font face à face en position 4 appuis et
bougent la tête vers les deux côtés. Ils enchainent et font comme s’ils pilent dans un mortier
par les coups qu’ils donnent au sol. Ils déposent les bâtons de temps en temps puis claquent
les mains plusieurs fois et reprennent le même mouvement.
- Guidiar
Des groupes de 3 ou 4 personnes se forment et se déplacent vers le Kumax et les autres
responsables du Ndut en pointant les bâtons après 3 coups de tam-tam. Ils se prosternent
pour les remercier.
- Biradatal
Elle se fait à deux. Les danseurs tiennent le bout d’un long morceau de tissu chacun de son
côté et se tournent vers eux-mêmes en changeant de mains selon le rythme du tam-tam.
- Sagal gouthie
Elle clôture la danse Sandang. Les danseurs font des mouvements avec les mains et les pieds
qu’ils soulèvent un peu. Ils font le tour de l’aire de danse vers la gauche et se retournent à
droite pour sortir toujours en dansant.
Nos recherches ont révélé une variété de chants du Sandang dans les villages que nous avons
étudiés. Ainsi, il est important de noter que divers chants sont utilisés dans l’exécution de la
danse Sandang, mais certains sont plus courants que d’autres. Ils ne peuvent être chantés que
dans le cadre de l'exécution de la danse Sandang. Les chants du Sandang sont une tradition
orale qui est transmise de génération en génération par les femmes. Chaque initié à un chant
qui lui est dédié où on retrouve généralement le nom de son père, de sa mère ou de sa sœur.
Ces chants sont des sortes de communications fortes entre les initiés et les chanteuses. Ils
sont pleins de messages et symboles qui ne peuvent être compris et décodés que par les initiés
hommes comme femmes. Les messages transmis sont souvent le respect des coutumes,
l’obéissance aux ancêtres, la conduite à tenir en société pour la matérialisation du ‘’commun
vouloir de vivre commune’’ et la bravoure. Dans les deux villages, chaque chant correspond à
une ou deux danses. Ainsi, nous avons les chants ci-dessus qui sont les plus usuels :
➢ Djilor :
- danses correspondantes
O ndoulou ngokhane / celui qui est le plus fort dans les travaux champêtres,
Kaynako hé Senghor / la bergerie et qui accepte de tout faire pour ses parents
Mossamou Thioulé / J’ai le plus bel initié
• Ngokol Koumba
Kumax ka Ndut na ba nounioufa dox / chef du bois sacré, chef des initiés ne précipitez
A kimakano kor sadio djéne modié/ ce que je veux chanter pour mes initiés
Ka mbouguenou djila né kiss / laissez-moi chanter pour eux des chansons que je vais choisir
comme si je trie le riz.
• Wong
Koor sandiane djangue né room katandé / Il n’y a plus personne pour écorcher les rôniers, le
vieux courageux qui le faisait n’est plus de ce monde.
• Pinda patata
Normandie djoka napik matné senghor / je pars en Normandie rendre visite le gouvernement
de Senghor.
djackoum matt meïssa waly xet wam / C’est Meïssa waly qui m’a accueillie.
➢ Sakhor
• Sansa gougoudia
Kumax maad khane guané youngou / chef des initiés, l’arbre sera seul dans la forêt
gnik ka nguada / les courageux s’en vont
• Sandang
Koor gnilamane guaynak / les enfants que tu avais emmenés dans la forêt pour les éduquer
Kamala noun nakaguata / sont rentrés sains et saufs
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• Tarine
Moul djégué courant / Il n’y a pas d’électricité dans la chambre
gawoulwé djina ngor diouf / le griot chante les louanges de Ngor Diouf
• Soumangocol
Ndut na ret na bo Dakar / L’initiation est allée jusqu'à Dakar.
Senghor nangua nafou did/ Si senghor était venu il allait voir de la culture.
• Guidiar et biradatal
Ndeba ndongue yiflé for ndénén / l’enfant n’a pas la capacité d’être dans la case de l’homme
avec des adultes.
Koor balou faña dika dite / je ne veux pas qu’il ait peur
• Sagal gouthie
yo guin la andé mbaldo koor djiguène/ les enfants, vous ne savez pas dire bonjour quand vous
passez dans le quartier.
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Laar ou bonnet
orné de queue de Diampout ou
cheval, des perles boubou
et des coquilles.
Foroq ou Farou
Khaab ou talismans Mbaam ou
boubou
Lenge, tarine ou
petit bâton
O b̃ap ou
pantalon
bouffant
Les costumes des danseurs ont une signification particulière car ils sont symbole d’art et
d’esthétique. Selon nos informateurs, les danseurs peuvent s’habiller avec le pagne tissé, le
perkal ou le malikane comme sur la photo ci-dessus (Figure 5).
A ce niveau, il faut signaler qu’il y a une évolution sur les tenues vestimentaires. Le pagne tissé
sérère a été le tissu de référence pour confectionner les costumes. A noter qu’en pays sérère,
le pagne tissé est un symbole de la vie, qui est utilisé lors de cérémonies marquant les
différentes étapes de l'existence : naissance, initiation, mariage et mort. Les pagnes tissés sont
des pièces de coton rectangulaires fabriquées à partir de bandes cousues ensemble par les
tisserands. Ils proviennent originellement d’une plante tropicale appelée cotonnier, cultivée
dans les régions chaudes du Sénégal, dans le Sénégal oriental (à Tambacounda par exemple).
Naturellement, le pagne est de couleur blanchâtre mais il peut être tissé avec des motifs en
couleur. Le village de Djilor respecte toujours cette tradition, même si lors de leur prestation
au festival Fadidi en 2022, nous avons remarqué qu’ils avaient juste attaché les pagnes et ne
l’avaient pas cousu (Figure 6). Lors de notre entretien avec Mamadou SARR, danseur dans la
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troupe de Djilor, nous lui avons demandé en aparté pourquoi ils n’avaient pas porté la tenue
de la danse Sandang par essence. Il nous a répondu qu’ils n’ont pas les moyens.
Figure 5 : Les tenues vestimentaires de la danse Sandang à Djilor/ Source : Auteur, 2022
La tenue est composée du pantalon bouffant ou O b̃ap et du diampout sur lequel on superpose
le foroq orné par des miroirs au dos et des khaab ou talismans qu’ils mettent autour des reins
de façon croisée. Les danseurs ne portent pas toujours de chaussures, ils ont juste des khaab
aux deux jambes. En ce qui concerne le bonnet, une légère différence est à noter au niveau
de sa confection suivant les particularités de chaque village.
Les différences se notent essentiellement dans l’ornement, la coupe et le type de bâton utilisé
et la manière de l’apposer sur le tissu. A titre d’exemple, les bonnets du village de Djilor sont
coupés en forme droite et le bâton plié en deux est positionné comme un triangle. Sur le bâton
de devant, on y attache la queue de cheval. Il proviendrait de l’arbre appelé rônier, le Borassus
akeassii bayton, Ndof en sérère (Figure 6). Tandis que ceux de Sakhor sont coupés en forme
de v et sont sertis de perles, de coquilles devant et d’une queue de cheval derrière. Pour eux,
le bâton se trouve seulement derrière et peut être tiré de n’importe quel arbre (Figure 8).
Figure 6 : Bonnet de Djilor/Source : Auteur, 2022 Figure 7 : Bonnet de Sakhor/Source auteur, 2023
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Pour ce qui est du Pissor ou Sandang, on note une différence de provenance entre les deux
villages. Pour les villageois de Sakhor, ce bâton peut provenir de n’importe quel arbre de la
forêt. Il suffit juste qu’on puisse le tailler selon la forme désirée et qu’il soit dur pour ne pas
se casser lors des mouvements. Contrairement au village de Sakhor, selon Abass Bakhoum,
ancien danseur, à Djilor le bâton est tiré de trois arbres : le « kel », le « SooƂ ke » ou le
tamarinier, le « nandook » ou le pêcher africain dont les noms scientifiques sont
respectivement le Grewia bicolor, le Tamarindus indica et Arcocephalus latifolius. Lors de
notre entretien avec Ablaye Gueye, ancien percussionniste, ce dernier nous a révélé que le
bout du bâton serait taillé à l’image du sexe de l’homme. Ce qui explique la raison de sa
couverture par le Naf a sooy, foulard.
D'après Mamadou Sarr, danseur dans la troupe de Djilor, ce bâton aurait des pouvoirs
mystiques. Il argumente ses propos avancés en ces termes « les gens qui ont assisté à ce
spectacle seront préservés des maladies et auront une protection contre le mauvais sort durant
3 mois. Dans plusieurs spectacles on assiste parfois à des batailles de jeunes à la fin, mais dans
l’histoire du Sandang cela ne s’est jamais produit ».
Le bâton permet aussi de rythmer la danse et donne une certaine esthétique à la
chorégraphie. Elle intervient dans les mouvements suivants : sansa gougoudia, tarine,
Sandang, ngokol coumba et le soumangokol. Pour ce qui est du petit bâton appelé lenge ou
tarine, il est utilisé lors de la danse du tarine dans le village de Sakhor.
Les tam-tams ou sabars sont les instruments clés de l’exécution de la danse Sandang. Ils sont
des membranophones25, ce qui signifie qu'ils produisent du son lorsque la membrane est
frappée. Les sabars sont fabriqués à partir de bois de Cordyla pinnata, poirier du cayor26, un
arbre qui est également connu sous les noms de « dimb » en wolof et « Naar » en sérère. Deux
acteurs interviennent dans la fabrication des sabars : un laobé27et un guewel ou griot.
Le laobé sculpte le bois du tambour. Une fois que le tambour est sculpté, il est passé au guewel
qui confie à un menuisier le soin de percer le tambour et y fixe les sept chevilles. Enfin, le
guewel procède au montage de la peau de chèvre sur le tambour. La peau de chèvre est
préalablement trempée dans l'eau, ce qui l'assouplit et facilite le travail. Le guewel utilise
ensuite des cordes pour attacher la peau au tambour.
26
Ancien royaume du Sénégal
27 Castes des sculpteurs, artisans spécialisés dans le travail du bois
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S’agissant des sabars propres au Sandang, nous avons le « Nder » ou « O perguel », le « Thiol
» ou « Lamb », le « Mbeung-mbeung » ou « Balla », le « Talmbat » ou « Gorong », le « Xiin »
et le « Tunguné ».
➢ Le Nder ou « O perguel »
Le Nder est le plus grand, le plus allongé mais aussi le plus remarqué à cause de la variance
rythmique qu’il sort toujours. Il accompagne les circoncis à la place où s'exécute la danse et
appelle les parents des circoncis. C’est lui qui dirige et marque les rythmes principaux de la
danse. Dans la danse Sandang, le Nder est joué par le tambour major. Il est responsable de la
direction de la danse et de la création de l'ambiance.
➢ Le Thiol ou Lamb
Le Thiol est un instrument de percussion très ancien. Il est l’ancêtre de toutes les autres
percussions de sabar. Son surnom est souvent le grand-père. Gros, en forme de tonneau à fût
fermé à la base, il possède un son sourd. Dans la danse Sandang, le Thiol est déposé en
premier sur le lieu du spectacle. Il est considéré comme le tambour le plus sacré et est associé
aux forces mystiques.
➢ Le Mbeung-mbeung ou Balla
C’est un sabar de taille moyenne qui donne les rythmes d’accompagnement et est utilisé pour
initier un débutant. Il est l'instrument de base pour l’apprentissage du sabar.
➢ Le Talmbat ou Gorong
Appelé tama en sérère, le Talmbat ressemble au Thiol mais est plus étroit. C’est un gros sabar
au son sec, son fût est fermé à la base. Le Talmbat est considéré comme le ténor du groupe
de sabars.
➢ Le Xiin
Le Xiin est une sorte de sabar, utilisé par les Baye Fall. Les Baye Fall sont les disciples
musulmans de Cheikh Ibrahima Fall28. L’origine de la voie Baye Fall est liée à Cheikh Ahmadou
Bamba, fondateur de la confrérie soufie mouride. Le fût du Xiin est droit et étroitement
ouvert. Dans le village de Djilor, lors de la danse Sandang c’est le xiin qui guide celui qui
exécute la danse individuelle du Wong en raison de son son unique et reconnaissable.
➢ Le Tunguné
C’est le plus court des sabars. Le terme « Tunguné » est un mot wolof qui signifie le nain. Il est
dédié à la gamme des aigus.
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Au-delà de ces percussions, nous avons entendu parler du Tulub, le tam-tam du village. Ce
tam-tam a suscité notre intérêt depuis que nous l’avons visualisé dans l’émission « Nquel
Makk » sur la danse Sandang. Nguel Makk est une émission culturelle sérère réalisée par
Abdoulaye Ndiaye, journaliste à la Radiodiffusion Télévision sénégalaise (RTS1). Les gardiens
de la tradition du village de Sakhor ont été très réticents lorsque nous avons évoqué les
questions relatives à la description et à l’utilité du Tulub dans le Sandang. Ils ont juste répondu
que le Tulub servait de protection. Cependant, selon une de nos sources, le Tulub est un tam-
tam sacré du village de Sakhor qui ne sort que pour des occasions spéciales. Il n’est joué que
pour annoncer des événements importants pour le village comme les initiations, les séances
de luttes traditionnelles et les funérailles. Lors du Ndut, il est déposé au niveau de la place du
village pour montrer que les initiés sont partis en forêt. Le Tulub est un tam-tam lié à des
aspects mystiques ce qui fait qu’il est couvert d’un tissu blanc lors de la danse Sandang. Il est
interdit aux femmes qui n'ont pas encore enfanté de le regarder découvert. Ceci pourrait
troubler leur fertilité et par conséquent, les empêcher d’enfanter. Ainsi, pour jouer le Tulub,
on doit adoucir sa force mystique afin d’enlever la couverture et protéger les femmes qui le
verront. Il n’est pas joué lors de la danse Sandang mais est juste déposé et couvert, au milieu
du spectacle pour chasser les mauvais esprits.
➢ Le jeu du sabar
Le sabar se joue alternativement avec une main et une baguette appelée « galan ». Pour jouer,
le percussionniste peut l'attacher à la taille avec une corde ou le mettre sur un support (chaise)
et se tenir assis ou debout. Le tambour major, traditionnellement celui qui a le plus
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d’expérience, guide toujours le groupe à travers une gestuelle et, parfois, en récitant en même
temps les différents rythmes appelés « bakk ».
La transmission du Sandang est assurée par l’oralité. La parole constitue l’outil par excellence
utilisé par les détenteurs de la tradition. Cette transmission orale est mise en œuvre par les
responsables du Ndut, les chanteuses et les percussionnistes.
L’apprentissage des pas de danse du Sandang nécessite un encadrement qui doit être assuré
par les parents et les responsables du Ndut. Il peut se faire en prélude au Ndut et à quelques
jours de sa fin. Sous ce registre, Abass Bakhoum, ancien danseur de la troupe de Djilor nous
confiera : « aux temps d’alors, avant de rejoindre la forêt, tous les candidats à l’initiation
étaient regroupés dans un endroit isolé du village avec leurs pères pour connaître les bases de
la danse Sandang ».
A quelques jours de la fin du Ndut, les responsables organisent des séances de répétitions.
Chaque initié est suivi par son selbé qui veillera à ce que la chorégraphie soit bien assimilée.
Celui qui n’arrive pas à maîtriser les pas de danse peut être puni, soit on ne lui donne pas à
manger à l’heure du repas, soit on le retient sur place du matin au soir.
Pour ce qui concerne le jeu du sabar dans la danse Sandang, il est exclusivement réservé aux
griots dans le village de Djilor. Le jeune percussionniste Abass Séne, que nous avons trouvé
dans une grande maison familiale où tout le monde vient chercher des informations sur la
tradition, nous a fait savoir qu’il a hérité de l’art de manier le sabar de son père. Il ajoute avec
une grande fierté, qu’eux tous, sans exception aucune, tiennent beaucoup à leur tradition.
C’est pourquoi lui, durant son enfance, aimait suivre son père et son oncle dans les cérémonies
pour apprendre et grandir à leur ombre. Le plus vieux batteur de cette zone, Ablaye Gueye,
souligne que le griot qui joue les percussions lors de la danse Sandang doit faire l’objet d’un
choix. Ainsi, il est préalablement désigné lors d’une assemblée du village qui lui donne le titre
de « o paar saté », le griot du village.
Le choix du griot est important car ce dernier doit être capable de jouer les rythmes
spécifiques de la danse Sandang. Le titre de « o paar saté », le griot du village, est un titre
honorifique. Il est décerné à un griot qui a démontré son talent et son dévouement à la
tradition de la danse Sandang.
Cependant, il est important de noter que dans le village de Sakhor, les sabars ne sont pas joués
par des griots. Nos sources nous renseignent qu’il n’existe pas de griots dans ce village. Le jeu
du sabar ne répond pas à des normes d’acteurs spécifiques ou de castes. Le fait qu'il ne soit
pas joué par des griots montre la particularité de ce village sur sa vision de la tradition. En
dehors de la transmission de père en fils, certains jeunes développent des dons de
percussionnistes. A titre d’exemple, lors de notre entretien, Abdoulaye Diagne,
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percussionniste du village de Sakhor, nous exprime sa joie de voir quelqu'un s'intéresser aux
percussions du Sandang qui constitue sa passion depuis son enfance. Il a dit qu'il n'est pas
griot mais qu'il a toujours eu la passion de jouer aux percussions. Dans la même foulée, il a
révélé que c'est un don qu'il a exploité et a pris le temps et le soin de peaufiner en imitant et
en apprenant de son oncle qui fut le tambour major du village.
Dans les deux cas, l’apprentissage se fait entre maître et élève. Le maître qui possède les
connaissances et l’expérience que l’élève souhaite acquérir. La méthode pédagogique utilisée
est l’imitation qui consiste à observer le maître jouer et à essayer de reproduire ses actions.
Quant aux chants, ils sont entonnés par presque toutes les femmes du village. Cependant,
pour connaître leurs sens canoniques et leurs fonctions dans la société et pour arriver à
décortiquer les messages et discours qu’ils portent et qu’il faudrait transmettre plus tard à un
auditoire spécifique, il est nécessaire que la femme fasse le « Ndut na rew » ou le « Ngoulok
», rite d’initiation des femmes ou mariage. Il faut préciser que dans la tradition sérère,
l'initiation est une expérience fondamentale qui permet aux individus de s'intégrer à leur
société et de perpétuer ses valeurs. Elle constitue une obligation, les hommes comme les
femmes y sont astreints. Cette cérémonie est dirigée par les femmes initiées sous l’égide de
la « Maad Ngoulok », celle qui dirige l’initiation. Elle se déroule souvent le jeudi soir jusqu'à
l'aube. Contrairement aux garçons, la religion et la culture sérère interdisent l’excision des
filles.
Les personnes interviewées, ont constaté à l'unanimité que la danse Sandang est menacée.
Le Ndut qui constitue son cadre d’exécution et d’expression se raréfie aujourd’hui. Ce constat
confirme la thèse de Fatou Diouf citée dans notre revue bibliographique. En effet, pour
l’auteure « le nombre de garçons circoncis sans passer par le Ndut ne cesse de croître ». Les
efforts pour sa remise sur pied tardent à se concrétiser. La seule chose qui reste est
l’organisation des séances de démonstrations lors des visites d’autorités, de touristes dans les
hôtels, du festival pour revivifier la danse Sandang dans certains villages comme Djilor.
D’ailleurs, c’est ce qui nous a permis d’avoir une idée sur cette danse, si elle est exécutée dans
un contexte qui n’a rien à voir avec l’initiation.
Les informations obtenues lors de nos recherches révèlent que malgré les menaces qui pèsent
sur sa viabilité, la danse Sandang est riche et variée. Sa particularité et son originalité sont
surtout marquées par la culture matérielle avec notamment les éléments qui y sont associés
et orientés vers les tenues vestimentaires, les accessoires et les instruments de musique dont
les valeurs ont été mises en exergue grâce aux entrevues avec les danseurs, aux détenteurs
de tradition et aux percussionnistes. A cela s'ajoutent les fonctions qu’elle assume et sa
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dimension immatérielle dont les chants qui ne doivent être profanés voire désacraliser, ni sur
la forme ni sur le fonds. De plus, nul ne peut réclamer la paternité de leur création. Ils
appartiennent à toute une communauté. Les résultats de recherche montrent également que
ces chants sont aussi spécifiques à la danse Sandang et ne peuvent être utilisés à d’autres fins.
Ils ne sont accompagnés que par les sabars. Ces révélations contredisent les propos d’un
auteur cité dans notre revue bibliographique. En effet, selon l'auteur, outre les sabars, nous
avons le « Tog », la calebasse qui intervient lors des chants Sandang. A ce titre, les réponses
lors de nos entretiens dans nos zones étaient négatives ; les calebasses sont jouées dans
d’autres évènements et n’interviennent jamais lors de la danse Sandang.
La danse Sandang a besoin pour sa valorisation de plus d’attention sur le plan national. La
communauté détentrice affirme ne pas être informée de l’inventaire national pilote réalisé
avec la participation des communautés en 2016. A propos de la protection du patrimoine, il
est précisé dans le catalogue des éléments du patrimoine immatériel publié en 2020 que l'un
des objectifs de l’inventaire est de soutenir la sauvegarde du patrimoine immatériel présent
au Sénégal. Il en découle que cet élément du patrimoine immatériel a besoin d’être
documenté à travers un inventaire fait avec la communauté pratiquante et détentrice en vue
d’une plus grande visibilité au local et national.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
- les importantes fonctions que la danse Sandang assume dans la vie sociale et culturelle du
Ndut, font d’elle une pratique essentielle pour la communauté sérère. Nos recherches ont
révélé que malgré l'influence du temps, la danse Sandang remplit toujours ses fonctions
d'antan. Elle a su réduire au minimum les conflits qui peuvent exister dans les villages qui la
pratiquent en participant à la création d’une société solide où règne une grande harmonie et
le respect des traditions. Ce constat démontre une extraordinaire capacité de résilience de la
part de la communauté sérère qui a su conserver cette pratique dont l’origine ne saurait être
définie avec exactitude ;
- le dysfonctionnement de la transmission intergénérationnelle des connaissances, savoir-
faire et des valeurs est la menace qui pèse sur la viabilité de la danse Sandang. A l'unanimité
nos personnes ressources ont décrié l’influence croissante de la culture occidentale, le
manque de soutien pour les gardiens de la tradition du Ndut et l’implantation de l'école
moderne qui entraînent la fragilité des cultures tendant vers une dégradation des pratiques
sociales.
Donc, effectivement, sur la base des données obtenues lors de nos recherches, les hypothèses
secondaires sont validées.
5.7.4 Etude comparative avec la danse Nyang-nyang du peuple Bamiléké de l’Ouest du Cameroun
Encore appelée Nekang ou Nkee, le Nyang-nyang est une danse qui est propre au peuple
bamiléké plus précisément les Bafoussam et les Baleng de l’Ouest du Cameroun. Elle a lieu
tous les deux ans à la place des fêtes du Palais Royal de Bafoussam et coïncide avec la période
des récoltes. Tout comme la danse Sandang, le Nyang-nyang relève du domaine des pratiques
rituelles et marque la fête patrimoniale de célébration du retour solennel au sein de la
communauté des jeunes qui ont passé plus de trente (30) jours dans la forêt. L’initiation des
jeunes garçons est le dénominateur commun entre les deux danses. En effet, elles se
pratiquent pour marquer l’assimilation des us et coutumes, aux valeurs morales telles que le
respect, la probité et le courage. A cela s’ajoute, l’aspect matériel du côté des instruments de
musique comme les tam-tams africains et des tenues vestimentaires appropriés. Toutefois,
dans le Nyang-nyang les danseurs embaument le corps avec des craies de couleurs différentes
et arborent des costumes différents. Ils présentent des masques et objets mythologiques de
la tradition locale au point où les spectateurs leur attribuent des petits noms. Les deux danses
renforcent la cohésion sociale, la fraternité et l'unité. Pendant leurs exécutions, les
communautés communient ensemble dans une ambiance festive et conviviale.
Culturellement, elles fortifient et renforcent l’identité des communautés et leur procurent un
sentiment de fierté, de bonheur et d’appartenance.
Cependant, le Nyang-nyang a plus de visibilité que la danse Sandang. En effet, le Nyang nyang
est classé sur la liste des éléments du patrimoine culturel immatériel suivant l’arrêté n°
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
A l’Etat
● inscrire la danse Sandang sur la liste du patrimoine culturel immatériel national; ceci
nécessite au préalable un inventaire en passant par l’identification et la
documentation avec la participation de la communauté concernée;
● concevoir une base de données sur les danses traditionnelles sénégalaises qui va
préciser les caractéristiques qui font leur singularité « lieu », « temps », « contexte » «
sens »;
● mettre à profit les nouvelles technologies en imaginant et en animant une plate-forme
virtuelle au service des projets d’inventaire;
● mettre en place des équipes pluridisciplinaires et multipartites lors des inventaires et
qui associeront ainsi l’Etat, les universités, les communautés, les praticiens;
● subventionner les organisateurs du Ndut et leur affecter un espace exclusivement
réservé à l'événement;
● concevoir des modules d’enseignements sur le patrimoine culturel. Outre cela, il faut
une éducation culturelle pour valoriser la danse traditionnelle et ceci passe par les
enfants qui sont à la base de toute éducation durable ;
● faire participer les deux troupes existantes au Festival national des arts et cultures
organisé par le Ministère de la Culture et dont toutes les 14 régions doivent être
représentées par les Directeurs des Centres culturels régionaux et les artistes;
● intégrer le Ndut et la danse Sandang dans l’agenda culturel du Sénégal ;
● recruter quelques danseurs du Sandang dans le ballet la Linguère de la compagnie du
Théâtre national Daniel Sorano;
● repenser la question du droit d’auteur en tenant compte du fait que nous sommes
dans un contexte où beaucoup d’expressions culturelles appartiennent à la
communauté .
Aux communautés et acteurs culturels
● nouer des partenariats avec les hôtels et festivals pour participer à leur animation et
favoriser la découverte touristique;
● organiser des journées culturelles sérères dans la région de Fatick.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Notre projet sera présenté et commenté en 14 points qui abordent les aspects suivants : la
note d’intention, le contexte et la justification, les menaces et opportunités, la description et
pertinence du projet, les objectifs et les publics visés, la structure de découpage du projet, le
cadre logique, les ressources humaines, le plan de communication, le chronogramme
d’exécution, le budget, les partenaires, le plan de financement et l’évaluation.
Le patrimoine culturel, soubassement de nos sociétés, mérite une attention toute particulière.
Sa prise en charge est devenue indispensable pour le développement. Sa connaissance et son
appréciation participent au dialogue interculturel, encourageant la cohésion nationale. Il
constitue une caractéristique par laquelle, on reconnaît une ethnie, un groupe social, une
communauté et un peuple. La préservation de ce patrimoine nécessite la mise en place de
démarches adaptées, participatives et décentralisées afin d’assurer aux communautés
concernées la capacité de perpétuer leurs activités culturelles. C’est pourquoi la Convention
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Parmi les menaces, nous notons que la stabilité politique du Sénégal est compromise depuis
mars 2021. Ce fait assez fréquent dans plusieurs pays africains confrontés à un système
démocratique fragile, est souvent lié aux périodes des contentieux pré-électorale ou
postélectorale. La meilleure option pour contourner ces types de menaces serait de prévoir
un calendrier d’exposition en marge de ces périodes. Pour le cas du Sénégal, de telles crises
politiques constituent un frein à la consolidation de la paix civile dans la région naturelle de la
Casamance (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou) qui constitue une zone essentielle d’intervention
du projet.
La deuxième menace peut porter sur un problème d’incompréhension, de la part de la
communauté sérère, concernant un projet d’exposition sur leur patrimoine culturel. Pour
pallier cette menace, des missions de plaidoyers seront effectuées. Le but de ces missions sera
de sensibiliser les communautés aux enjeux du projet, de les informer sur les actions prévues
et de recueillir leur opinion et suggestions.
La troisième menace peut être liée au niveau d’implication des élus locaux de nos zones
d’intervention. Dans ce cas, nous travaillerons avec les autorités locales, les décideurs
politiques et les institutions gouvernementales pour promouvoir et soutenir le projet. Leur
implication est une priorité dans la logique où la culture est l’une des 9 compétences
transférées en 1996, les lois 96-06 et 96-07 du 22 mars, portant respectivement code des
collectivités locales et transferts de compétences de l’État vers les collectivités locales, ainsi
que leurs décrets d’application.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
L’idée qui sous-tend notre projet d’exposition itinérante est celle de la visibilité de la culture
sérère au niveau national et international. Ce projet intitulé « Héritages et cultures du peuple
sérère » aura pour zone cible les régions de Dakar, Fatick, Saint-Louis, Ziguinchor, Kolda et
Matam. Outre la capitale, Dakar, qui constitue un melting-pot, le choix des autres régions
n’est pas fortuit. En effet, notre postulat dans le cadre de ce projet est de favoriser l'échange
et la rencontre des cultures. Le choix des régions est justifié par les raisons suivantes :
Ziguinchor est essentiellement composée de Diolas, Saint-Louis est occupé par une bonne
partie des Wolofs, Kolda et Matam où retrouve les Peulhs et les Sérères à Fatick. L’exposition
débutera par la région de Dakar, plus précisément le Musée des civilisations noires, la Place
du souvenir africain, pour ensuite rallier le Centre de Recherche et de documentation du
Sénégal (CRDS) à Saint-Louis et les Centres Culturels Régionaux des différentes régions
susmentionnées. Pour un souci de démocratisation et de décentralisation de l’action
culturelle, il est prévu de mettre un format léger de cette exposition (en panneaux et posters
explicatifs) dans un muséobus pour faire le tour des écoles en milieu rural.
Nous ambitionnons de faire de cette exposition une expérience originale, cognitive, visuelle
et sonore. Le but est d’élargir l’audience pour toucher un public non spécialisé dans la
sauvegarde du patrimoine en mettant l’accent sur l’implication des jeunes autant que
possible. L’exposition nous permettra de monter un projet sur six mois et de nouer un
partenariat avec des institutions qui, régulièrement, développent des actions culturelles à
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
destination de leurs publics. Elle se fera sous forme d’images et vidéos sur la gastronomie,
l’habitat traditionnel et quelques sites du patrimoine en milieu sérère, les instruments et
artefacts, les tenues vestimentaires, des courts documentaires et témoignage, d’autres
activités telles que la démonstration de la danse Sandang et des prestations de troupes
musicales sérère se tiendront le jour de l’inauguration.
➢ Contenu de l’exposition
Cette exposition propose une scénographie qui à partir de ces éléments susmentionnés aura
trois axes :
axe 1 : Les instruments et artefacts
Dans cet espace, on trouvera essentiellement un ensemble d’objets et d’artefacts liés à la
musique, les ustensiles de cuisine et les outils aratoires.
axe 2 : Tenues vestimentaires et accessoires
Dans cette zone, les pagnes tissés, les colliers et les tenues d’initiés, des saltigués, de danse
seront mises en exergue. L’accent sera mis sur les tenues vestimentaires liées à la danse
Sandang.
axe 3 : photographie, vidéo et intégration sonore
Dans cette phase, le recours à la technologie permettra de fixer des images animées sur des
écrans et de projeter des capsules vidéo. Les images animées seront des photographies
légendées de la gastronomie (couscous avec ses différentes sauces, Ngourbane), de quelques
sites liés aux cultes sérère et de l’habitat traditionnel sérère). À cela, s'ajoutent de courts
documentaires qui expliquent la culture, la procédure de préparation des mets et la chaîne de
fabrication des instruments de musique.
Au-delà de l’aspect virtuel, il est prévu des supports physiques pour les photographies
réalisées.
Intégration sonore
Les œuvres de Yandé Codou SENE, célèbre cantatrice sérère, de Simon SENE, et des troupes
musicales dans les terroirs comme Djilor et Sakhor accompagneront les images animées.
➢ Pertinence du projet
Ce projet aura des retombées significatives :
- faire découvrir le patrimoine culturel sérère à d’autres communautés et aux touristes ;
- diversifier l’offre touristique des différents lieux d'accueil ;
- stimuler le secteur des industries culturelles et créatives et du numérique avec l’utilisation
des technologies ;
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Objectif général Contribuer à la valorisation du patrimoine culturel Taux de participation des Enquêtes
sérère. populations
Objectifs spécifiques
OS1 Identifier et collecter l’ensemble des éléments du Nombre d’objets Rapports d’enregistrement.
patrimoine culturel sérère à exposer ; identifiés et collectés.
Adhésion et accompagnement
des autorités étatiques et
OS2 Procéder à la documentation des éléments en Un cadre d’échange et Procès-verbaux des réunions. locales, des populations
harmonisant les discours et explications ; d’harmonisation existe. locales
Environnement socio-
OS3 Créer des espaces de diffusion des éléments du Nombre d’expositions Rapports d’activités politique favorable
patrimoine à travers une exposition itinérante. réalisées Article de presse
Résultats attendus
R1 Les éléments du patrimoine culturel à exposer sont Nombre d’objets Rapports des activités de Disponibilité du financement
identifiés et collectés ; identifiés et collectés. collectes
Adhésion totale des
populations locales
R2 Les discours et explications sur les éléments sont Nombre d'éléments Procès-verbaux des réunions.
harmonisés ; documentés. Stabilité de l’environnement
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R3 Des espaces de diffusion des éléments du patrimoine à Nombre d’expositions Rapports d’évaluation de politique
travers sont créés. réalisées. l’exposition.
Article de presse de la
cérémonie d’inauguration.
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01 Scénographe Donne une identité visuelle aux Bac+5 dans les domaines de
espaces dédiés ; l’architecture intérieure ;
Assure la mise en place des lumières ; Bonne culture artistique ;
Analyse les espaces et leurs Bon sens de l’observation ;
contraintes ; Créatif.
Coordonne le montage des œuvres en
étroite collaboration avec les
techniciens.
04 Experts de la culture sérère Aide à collecter et documenter les Titulaires d’une thèse
éléments en parfaite collaboration spécialisée sur la culture
avec la communauté ; sérère ;
Contribuent aux contenus du Linguistes ;
catalogue d’exposition. Personnes ressources.
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NB : les médiateurs culturels employés par le projet seront accompagnés par ceux des lieux
d'accueil de l’exposition.
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● des spots publicitaires à diffuser au niveau des télévisions, radios et sur les sites de
nos différents partenaires ;
● une publication de courtes vidéos réalisées par les blogueurs et influenceurs sur les
réseaux sociaux : Tiktok-Facebook-Instagram ;
● une présentation d’affiches, de flyers, plaquettes, de banderoles, … au niveau des
institutions culturelles et dans les espaces publics.
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6. 10 Chronogramme d'exécution
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6.11 Budget
Les chiffres de ce budget sont estimés en francs CFA et en Euro. Soit 1 euro=655,957.
Tableau 7 : Budget estimatif/Source : Auteur, 2023
Prix Nombre de
CHARGES Unitaire Quantité mois Total en CFA Total en Euro
I. Dépenses d'investissements
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Ce présent projet de budget est arrêté à la somme de seize millions huit cent-vingt-un mille
(16.821.000) francs CFA.
6.12 Partenariats
Nous avons fait le choix d’attirer et de recourir à quatre types de partenariats pour nous
accompagner dans l’organisation de l’exposition. Les choix ont été faits sur la base de leur
secteur d’activité.
- Partenaires financiers
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Fondation
Sonatel
15% Fondation
25% Sonatel
Ministère de la
Culture et du
Patrimoine 25%
Historique Fondation
20% Sococim
15%
Unesco
6.14 Evaluation
L’évaluation se fera après chaque exposition sur les lieux ciblés. Le taux de fréquentation des
espaces d’exposition pouvant servir à évaluer l'intérêt accordé au projet. On pourra ainsi
apprécier la provenance des publics. Un livre d’or sera mis à disposition pour permettre au
public de donner leurs impressions et nous suggérer des améliorations. L’évaluation se fera
aussi sur la base des procès-verbaux, rapports d’activités et états financiers de synthèse. Ces
rapports seront soumis aux partenaires du projet.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Conclusion
Cette présente étude est un prétexte pour revisiter un aspect important de la culture sérère
en l’occurrence la danse Sandang. Dès lors, il s’agit d’accomplir la tâche complexe d’explorer
les questions relatives à l’identification et à la documentation de cette danse afin d’étudier les
possibilités de sa préservation et de sa protection.
Le rouleau compresseur de la modernité, l’exode rural, les mutations sociales et l’école
moderne compromettent la viabilité de cette danse. D’où le sens de notre question de
recherche « Comment la valorisation de la danse Sandang peut-elle servir de vitrine pour la
préservation du patrimoine culturel sérère et quelles stratégies peuvent être mises en œuvre
pour garantir sa viabilité ?»
A partir de ces interrogations, nos objectifs ont cherché à montrer les fonctions qu’assume
cette danse dans la société sérère, de détailler ses caractéristiques, d’évaluer les mesures de
sauvegarde existantes au niveau local et de proposer un plan de valorisation de ce riche
patrimoine sérère dont elle fait partie intégrante.
Grâce à la démarche adoptée, qui a consisté à une recherche documentaire et à une collecte
des données qualitatives à l’aide des entretiens réalisés avec la communauté, il ressort des
informations recueillies dans nos deux zones d’étude que la danse Sandang est diverse dans
son exécution même si elle se pratique à la fin du Ndut.
Le Sandang qui fait partie du riche patrimoine des Sérères joue un rôle important dans la vie
culturelle et sociale de la communauté détentrice. Dans nos deux zones d’études, il s’est avéré
que cette danse rituelle qui intervient à la fin du rite initiatique du Ndut constitue un
mécanisme de régulation des tensions sociales et promeut la cohésion et la concorde. Bien
plus qu’une simple pratique, elle est le reflet de l’identité et de l’histoire du peuple sérère de
la région de Fatick.
Malgré son importance dans le rite initiatique du Ndut, il a été constaté une rarification de
cette pratique festive, récréative et rituelle et une méconnaissance au niveau national surtout
dans le milieu professionnel de la danse. Ceci compromet sa viabilité et sa transmission aux
génération futures. Face à ces constats, il est impératif de prendre des mesures pour préserver
ce riche patrimoine culturel sérère en général et la danse Sandang en particulier. Sa
sauvegarde et sa valorisation sont essentielles pour la préservation de la richesse culturelle
de cette communauté et la promotion de la diversité culturelle au Sénégal. Dans cette
optique, nous avons jugé nécessaire d’apporter une solution allant dans le sens de la
valorisation et de la promotion du patrimoine culturel sérère en l'occurrence un projet
d’exposition itinérante sur la culture sérère.
Il s’agit non seulement d’impliquer de façon globale cette communauté, mais aussi d’inciter à
l’élaboration de projets et d’initiatives au sein des collectivités locales et institutions étatiques
sur la prise en compte du patrimoine ethnologique.
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
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Fatou SENE – Université Senghor - 2023
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II
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III
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
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Nquel makk Sakhor n° 1, 2016, https://youtu.be/IUiiDajYhwM
Nquel makk Sakhor n° 2, 2016, https://youtu.be/qv3HZ6fbvgA
https://corporate.dw.com/fr/les-rites-dinitiation-dans-la-soci%C3%A9t%C3%A9-
africaine/av-17599462
IV
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
V
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
11 Glossaire
Sur la vingtaine de langues parlées au Sénégal, six d’entre elles seulement ont été promues
au statut de langues nationales, en vertu du décret 68-871 du 24 juillet 1968 relatif à la
transcription des langues nationales, revu par le décret du 21 mai 1971 et amendé par le texte
de 1985 relatif au découpage des mots et autres règlements orthographiques. Ce sont : le
wolof, le sérère, le pulaar, le diola, le mandingue et le soninké. Nous utilisons dans le cadre
de ce document l’écriture codifiée des langues nationales conformément au décret.
Voyelles brèves
a-o-i ont la même valeur en français
e : se prononce é
ë : se prononce e
u : se prononce ou
Voyelles longues voyelles
ii-aa-oo-ee: la longueur vocalique en sérère est notée par le doublement de la voyelle.
Les consonnes
Ƃ se prononce be
b̃ dans o b̃ap se prononce mb comme dans le nom de famille Mbappé
C se prononce Th comme dans Cosaan et Ciiƭ, Cax se prononce Thiakh
G se prononce avec un G dur comme dans le mot guerre
J se prononce Dieu en français
Nd : se prononce comme dans Ndolé, mets camerounais et Ndombolo, danse du Congo
Kinshasa
Nj : se prononce comme Ndiom dans Njom.
Ng : se prononce comme dans le prénom N’golo
Ñ : se prononce avec le tilde espagnol
ƥ : se prononce B
ƭ : dans ciiƭ et Poƭ se prononce de
x : se prononce Kh arabe
Aareer : arachide
À Mboy : rite funéraire en milieu sérère
Baadole : paysans libres
VI
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
IX
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
12 Annexes
X
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
20. Quel est l’utilité du bâton et du morceau de tissu qu’ils tiennent lors de la danse ? quel
bois est-il fait ?
21. Où se placent les percussionnistes et les chanteuses ?
22. Quels sont les messages transmis par les chants lors de la danse Sandang ?
23. Quels sont les différents mouvements ou sous genres de danses dans le Sandang ?
24. Quels sont les instruments de musique qui interviennent dans la mise en œuvre de la
danse Sandang ?
25. Pourquoi il y’a un tambour couvert au milieu du spectacle ?
26. Quelles sont les contraintes liées à la valorisation de la danse Sandang ?
27. Est-ce que la communauté pratique régulièrement cette danse ?
28. Existe-t-il des troupes organisées qui promeuvent cette danse ?
29. Quels sont les noms de ces groupes ?
30. Est-ce que les autorités de la culture se sont rapprochées de vous pour avoir des
informations sur le Sandang ?
31. Quelles sont les contraintes liées à la valorisation de la danse Sandang ?
32. Selon vous quelles sont les solutions et les mécanismes que vous préconisez pour
valoriser cette danse ?
Guide adressé aux danseurs
Date de l’enquête :
Nom et prénom de la personne enquêtée :
Village de la personne enquêtée
Profession :
Âge :
1. Que représente la danse Sandang ?
2. Qui est habilité à danser le Sandang ?
3. Comment apprend-on à danser le Sandang ?
4. Comment s’habille celui qui danse le Sandang ?
5. Cette tenue a-t-elle une signification particulière ?
6. Quel est l’utilité du bâton et du morceau de tissu que vous tenez lors de la danse ?
Avec quel bois est-il fait ?
XI
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
XII
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
XIII
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Charles Edouard Diouf, 55 ans, Danseur, entretien réalisé le 21 juillet 2023 à 21h01 à Sakhor
Benoit Séne, 51 ans, Danseur, entretien réalisé le 21 juillet 2023 à 21h01 à Sakhor
Seyni Sarr, 39 ans, Danseur, entretien réalisé le 21 juillet 2023 à 21h01 à Sakhor
Albert DIOP, 49 ans, Danseur, entretien réalisé le 21 juillet 2023 à 21h01 à Sakhor
Séckou Sarr, 53 ans, Danseur, entretien réalisé le 21 juillet 2023 à 21h01 à Sakhor
Abdoulaye Diagne, 50 ans, Percussionniste, entretien réalisé le 21 juillet 2023 à 21h45 à
Sakhor
Daba Diouf, 74 ans, Chanteuse, entretien réalisé le 22 juillet 2023 à 20h42 à Sakhor
Gnima Sarr, 76 ans, Chanteuse, entretien réalisé le 22 juillet 2023 à 20h42 à Sakhor
Penda Sarr, 60 ans, Chanteuse, entretien réalisé le 22 juillet 2023 à 20h42 à Sakhor
Rokhaya Diop, 66 ans, Chanteuse, entretien réalisé le 22 juillet 2023 à 20h42 à Sakhor
XIV
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Source : Google
XV
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
XVI
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
Le début de la prestation
XVII
Fatou SENE – Université Senghor - 2023
La danse tarine
La danse soumangokol
XVIII