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Le Conseil constitutionnel a été saisi le 8 mars 2022 par le Conseil d’État (décision
n° 459292 du même jour) d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC),
posée par l’association France nature environnement et trois autres associations 1
portant sur la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit de l’article
L. 214-18-1 du code de l’environnement, dans sa rédaction issue de la loi
n° 2017-227 du 24 février 2017 ratifiant les ordonnances n° 2016-1019 du 27 juillet
2016 relative à l’autoconsommation d’électricité et n° 2016-1059 du 3 août 2016
relative à la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables et visant à
adapter certaines dispositions relatives aux réseaux d’électricité et de gaz et aux
énergies renouvelables.
1
L’association eau et rivières de Bretagne, l’association sources et rivières du Limousin et l’association nationale pour
les protections des eaux et rivières – truites, ombres, saumons.
2
« Celui dont la propriété borde une eau courante […] peut s’en servir à son passage pour l’irrigation de ses
propriétés. / Celui dont cette eau traverse l’héritage peut même en user dans l’intervalle qu’elle y parcourt, mais à la
charge de la rendre, à la sortie de ses fonds, à son cours ordinaire » (article 644 du code civil).
3
Article L. 511-1 du code de l’énergie.
Ainsi, comme le relève M. Éric Meiller, « le droit d’exploiter relève en principe des
règles du droit de l’énergie, lequel est historiquement influencé par le droit minier –
la loi fondatrice du 16 octobre 1919 reposant sur le postulat que l’énergie
hydraulique est assimilable à de la "houille blanche" »4.
La loi sur l’eau de 20068, qui assure la transposition de cette directive, a mis en place
les outils nécessaires pour que la France atteigne ces objectifs. Elle a, en particulier,
réformé le régime de classement des cours d’eau 9 et renforcé les obligations
4
Éric Meiller, « Les droits fondés en titre, attachés aux anciens moulins à eau », Droit rural n° 487, Novembre 2020,
comm. 175.
5
L’eau et son droit, Conseil d’État, rapport public 2010.
6
Directive n° 2000/60 CE du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine
de l’eau.
7
« Très bon : La continuité de la rivière n’est pas perturbée par des activités anthropogéniques et permet une
migration non perturbée des organismes aquatiques et le transport de sédiments » (annexe V de la directive précitée,
point 1.2.1 « Définitions normatives des états écologiques “très bon”, “bon” et “moyen” en ce qui concerne les
rivières » ; tableau : « Éléments de qualité hydromorphologique »).
8
Loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques.
9
La loi a refondu les dispositions de plusieurs régimes applicables aux cours d’eau, désormais rassemblées au sein
d’une nouvelle section 5, portant sur les « Obligations relatives aux ouvrages », insérée au chapitre IV du titre premier
du livre II du code de l’environnement. Auparavant, les rivières pouvaient être classées sous deux régimes : les rivières
dites « réservées », relevant de l’article 2 de la loi du 16 octobre 1919 relative à l’utilisation de l’énergie hydraulique,
et les rivières classées au titre de l’ancien article L. 432-6 du code de l’environnement. Outre qu’il interdisait la mise
en place de nouveaux dispositifs hydroélectriques, le classement imposait la mise en place, sur « tout ouvrage »
hydraulique, de dispositifs dits d’« échelles » à poissons, à même de leur permettre de franchir les seuils de retenue
d’eau.
2
auxquelles peuvent être soumis les ouvrages hydrauliques, sous le contrôle de
l’administration, afin de garantir la continuité écologique des cours d’eau10.
* L’article L. 214-17 du code de l’environnement prévoit que les cours d’eau, parties
de cours d’eau ou canaux font l’objet d’un classement11, en fonction de leur état
écologique, assorti d’obligations pour les ouvrages qui y sont installés.
Elle est constituée des cours d’eau en très bon état écologique, de ceux identifiés
comme réservoirs biologiques nécessaires pour maintenir ou atteindre le bon état
écologique des cours d’eau d’un bassin versant, ou de ceux dans lesquels une
protection complète des poissons migrateurs est nécessaire.
Elle rassemble les cours d’eau dans lesquels il est nécessaire d’assurer le transport
suffisant des sédiments et la circulation des poissons migrateurs. Tout ouvrage doit
y être géré, entretenu et équipé selon des règles définies par l’autorité administrative,
en concertation avec le propriétaire ou, à défaut, l’exploitant.
10
Articles R. 214-1 et R. 214-109 du code de l’environnement. Selon le ministère de l’écologie, « la continuité
écologique, pour les milieux aquatiques, se définit par la circulation des espèces et le bon déroulement du transport
des sédiments. Elle a une dimension amont-aval, impactée par les ouvrages transversaux comme les seuils et barrages,
et une dimension latérale, impactée par les ouvrages longitudinaux comme les digues et les protections de berges »
(circulaire du 25/01/10 relative à la mise en œuvre par l’État et ses établissements publics d’un plan d’actions pour la
restauration de la continuité écologique des cours d’eau).
11
Un cours d’eau peut être classé dans l’une ou l’autre des listes, ou dans les deux. Ces listes sont définies, pour chaque
bassin ou sous-bassin, par arrêté du préfet coordonnateur de bassin. Elles sont établies après avis des conseils
départementaux intéressés, des établissements publics territoriaux de bassins concernés, des comités de bassins et, en
Corse, de l’Assemblée de Corse, et après une étude de l’impact des classements sur les différents usages de l’eau. Les
arrêtés désignent les espèces migratrices concernées, d’une part celles dites « amphihalines », qui réalisent leur cycle
de vie en rivière et en mer (saumon, anguille, etc.) et, d’autre part celles dites « holobiotiques », qui réalisent toute leur
migration en eau douce.
3
En pratique, les obligations pour les propriétaires d’ouvrages situés sur des cours
d’eau classés en liste 2 résultent des prescriptions établies par arrêté préfectoral. Elles
peuvent consister en la réalisation de travaux ou d’aménagements (par exemple,
dispositif de franchissement de type « passes à poissons », brèche, arasement)
pouvant aller jusqu’à la destruction de l’ouvrage. Elles peuvent également se traduire
par des modalités particulières de gestion (encadrement des périodes de
fonctionnement, fixation d’un calendrier d’ouverture des vannes, réalisation
d’opérations de piégeage et de transport des poissons, etc.)12.
4
Gouvernement qui soulignaient, pour le premier, son opposition de principe à une
absence de contrôle préfectoral sur l’aménagement des moulins et, pour le second, la
nécessité d’attendre le bilan de l’application des autres dispositifs de conciliation
entre continuité écologique et protection des ouvrages hydrauliques pour apprécier
la nécessité de prendre des mesures supplémentaires propres aux moulins. La
rédaction adoptée par le Sénat introduisait une exception très large, à la fois quant au
nombre d’ouvrages concernés et à l’étendue des exemptions accordées14.
Dans une décision du 31 mai 202116, s’appuyant sur les travaux parlementaires, il a
en effet estimé que l’intention du législateur était d’exclure non les seuls ouvrages
ayant satisfait à leurs obligations antérieures mais bien tous les moulins en possession
d’un droit de prise d’eau ou d’un droit d’exploitation à la date d’entrée en vigueur de
la nouvelle loi. Le Conseil d’État a estimé que le nouveau dispositif poursuivait un
objectif principalement tourné vers la protection du patrimoine hydraulique français
et visait donc à éviter l’altération architecturale de moulins en fonctionnement,
14
Le texte envisagé disposait en effet : « Les anciens moulins à eau situés en milieu rural et équipés par leurs
propriétaires, des tiers délégués ou des collectivités territoriales, pour produire de l’électricité, ne sont plus soumis au
classement par arrêté des préfets coordonnateurs ».
15
Lors de la discussion finale sur le texte, la sénatrice Bataille se félicitait également de la rédaction ainsi obtenue en
ces termes : « Le compromis finalement trouvé au sein de la commission mixte paritaire doit permettre de concilier la
restauration de la continuité écologique des cours d’eau, le caractère patrimonial des moulins et les enjeux de la
microhydroélectricité, dont on ne peut ignorer l’impact » (séance du 15 février 2017).
16
CE, 31 mai 2021, SARL MDC Hydro, n° 433043.
5
indépendamment du respect des obligations qui leur étaient antérieurement imposées
en matière de restauration de la continuité écologique17.
L’article L. 214-18 prévoit ainsi que tout ouvrage hydraulique doit comporter des
dispositifs maintenant dans le lit des cours d’eau un débit minimal garantissant en
permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces vivant dans les eaux
au moment de l’installation de l’ouvrage ainsi que, le cas échéant, des dispositifs
empêchant la pénétration du poisson dans les canaux d’amenée et de fuite d’eau.
17
« Il résulte des dispositions de l’article L. 214-18-1 du code de l’environnement, telles qu’éclairées par les travaux
préparatoires relatifs à la loi du 24 février 2017, qu’afin de préserver le patrimoine hydraulique que constituent les
moulins à eau, le législateur a entendu exonérer l’ensemble des ouvrages pouvant recevoir cette qualification et
bénéficiant d’un droit de prise d’eau fondé en titre ou d’une autorisation d’exploitation à la date de publication de la
loi, des obligations mentionnées au 2° du I de l’article L. 214-17 du même code destinées à assurer la continuité
écologique des cours d’eau. Les dispositions de l’article L. 214-18-1 du code de l’environnement ne peuvent ainsi être
interprétées comme limitant le bénéfice de cette exonération aux seuls moulins hydrauliques mis en conformité avec
ces obligations ou avec les obligations applicables antérieurement ayant le même objet ». (CE, 31 mai 2021, précitée,
paragr. 4).
18
Article 49 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de
la résilience face à ses effets.
6
En outre, en application des articles L. 214-2 à L. 214-6, l’ensemble des ouvrages
hydrauliques 19 sont soumis à un régime d’autorisation 20 ou de déclaration 21 , en
fonction notamment de la gravité de leurs effets sur les écosystèmes aquatiques22. À
ce titre, l’autorité administrative titulaire de la police de l’eau peut, à tout moment,
imposer par arrêté toute prescription particulière nécessaire, si le respect des intérêts
relatifs à la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau mentionnés à
l’article L. 211-1 n’est pas assuré. Peuvent, en particulier, être édictées à ce titre des
prescriptions dans un objectif de « rétablissement de la continuité écologique au sein
des bassins hydrographiques »23.
7
des sédiments, et que l’entière mise à l’écart de ces obligations pour les moulins à
eau précités fait obstacle à toute prévention des atteintes à l’environnement et à la
prise en compte de celles-ci par l’autorité administrative, et accessoirement en tant
qu’il maintient ces obligations aux autres ouvrages en violation du principe d’égalité
d’une part, qu’il provoque en conflit de norme entre les articles L. 214-17 et
L. 214-18-1 du code de l’environnement d’autre part ? »
* Par sa décision précitée, le Conseil d’État avait jugé que « Les moyens tirés de ce
que l’article L. 214-18-1 du code de l’environnement méconnaîtrait les articles 1er
à 4 de la Charte de l’environnement ainsi que le principe d’égalité devant la loi
soulèvent une question présentant un caractère sérieux » et avait, par conséquent,
renvoyé cette question au Conseil constitutionnel.
* Deux demandes d’intervention ont été admises dans le cadre de la présente QPC,
au regard des objets statutaires respectifs des organisations concernées :
8
A. – La jurisprudence constitutionnelle relative à l’application de la Charte de
l’environnement
À ce titre, le Conseil a admis l’invocabilité à l’appui d’une QPC des articles 1er à 4
de la Charte dans la décision n° 2011-116 QPC du 8 avril 201126.
24
Décision n° 2008-564 DC du 19 juin 2008, Loi relative aux organismes génétiquement modifiés, cons. 18 et 49.
25
Décision n° 2009-599 DC du 29 décembre 2009, Loi de finances pour 2010, considérant 79, et décision n° 2017-
749 DC du 31 juillet 2017, Accord économique et commercial global entre le Canada, d’une part, et l’Union
européenne et ses États membres, d’autre part, paragr. 55.
26
Décision n° 2011-116 QPC du 8 avril 2011, M. Michel Z. et autre (Troubles du voisinage et environnement), cons. 5
et 6. Voir également, sur l’invocabilité à l’appui d’une QPC des articles 1 à 4 de la Charte, décision n° 2014-394 QPC
du 7 mai 2014, Société Casuca (Plantations en limite de propriétés privées), cons. 7 ; pour une application combinée
des articles 1er, 2 et 4 : décision n° 2017-672 QPC du 10 novembre 2017, Association Entre Seine et Brotonne et autre
(Action en démolition d’un ouvrage édifié conformément à un permis de construire), paragr. 14 à 17.
9
Dans sa décision n° 2012-282 QPC du 23 novembre 2012, le Conseil a déduit de la
combinaison des articles 1er et 3 de la Charte – qui consacre le devoir de prévention27
– « qu’il incombe au législateur et, dans le cadre défini par la loi, aux autorités
administratives de déterminer, dans le respect des principes ainsi énoncés par cet
article, les modalités de la mise en œuvre de ces dispositions »28
27
L’article 3 dispose : « Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est
susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences ».
28
Décision n° 2012-282 QPC du 23 novembre 2012, Association France Nature Environnement et autre (Autorisation
d’installation de bâches publicitaires et autres dispositifs de publicité), cons. 7
29
Ibid., cons. 8
30
Décision n° 2019-794 DC du 20 décembre 2019, Loi d’orientation des mobilités, paragr. 36
10
production, le stockage et la circulation en France des produits
phytopharmaceutiques contenant des substances actives non approuvées, en raison
de tels effets, par l’Union européenne.
Ensuite, le Conseil a précisé le contrôle qu’il opère au regard du droit de vivre dans
un environnement équilibré et respectueux de la santé.
31
Décision n° 2019-823 QPC du 31 janvier 2020, Union des industries de la protection des plantes (Interdiction de la
production, du stockage et de la circulation de certains produits phytopharmaceutiques), paragr. 4
32
Décision n° 2020-809 DC du 10 décembre 2020, Loi relative aux conditions de mise sur le marché de certains
produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières, paragr. 13 et 14.
11
Cependant, « reprenant ainsi une formulation applicable à d’autres droits et libertés,
le Conseil [a précisé] les conditions dans lesquelles il est constitutionnellement
possible d’admettre que des dispositions limitent l’exercice du droit de vivre dans un
environnement équilibré et respectueux de la santé. D’une part, de telles limitations
doivent être motivées par la poursuite d’un but d’intérêt général ou la mise en œuvre
d’une exigence constitutionnelle. D’autre part, elles ne doivent pas être
disproportionnées par rapport à l’objectif poursuivi par le législateur. »
Dans d’autres décisions, le Conseil a jugé que des dispositions permettant d’arracher
des arbres plantés en méconnaissance de servitudes légales, eu égard à leur objet et
à leur portée, étaient « insusceptibles d’avoir des conséquences sur
l’environnement » et que, par suite, le grief tiré de la méconnaissance de l’article 1er
de la Charte était inopérant34. Il a jugé, de même, que le droit reconnu aux voitures
de tourisme avec chauffeur d’exercer l’activité de transport public de personnes sur
réservation préalable ne méconnaissait pas ledit article35.
12
pour finalité affichée la « décarbonation complète du secteur des transports
terrestres », jugeant que « Cet objectif n’est pas manifestement inadéquat aux
exigences de l’article 1er de la Charte de l’environnement » 37.
37
Décision n° 2019-794 DC du 20 décembre 2019, précitée, , cons. 34 et s.
38
Décision n° 2021-971 QPC du 18 février 2022, France nature environnement (Prolongation de plein droit de
certaines concessions minières), paragr. 11.
39
Décision n° 2018-772 DC du 15 novembre 2018, Loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du
numérique, paragr. 7 à 31.
13
le respect des principes ainsi énoncés par cet article, les modalités de la mise en
œuvre de ces dispositions »40.
Puis, il a écarté le grief tiré de la méconnaissance de ces articles au motif que les
dispositions contestées prévoyaient la possibilité de faire obstacle à cette dérogation
pour des raisons de sécurité, de santé ou de salubrité publiques ou de respect des
engagements internationaux de la France ; qu’elles avaient pour objet d’éviter que
de nouvelles prescriptions aient des conséquences disproportionnées sur des
installations déjà existantes ou des projets d’installations ayant fait l’objet d’une
demande d’instruction complète ; que la demande d’autorisation devait respecter les
conditions de forme prévue par le code de l’environnement ; qu’enfin, ces
dispositions ne faisaient pas obstacle à ce que le préfet prenne, en cas de besoin, des
prescriptions particulières complétant ou renforçant les règles et prescriptions
générales fixées par arrêté ministériel41.
40
Cette position a été réaffirmée dans la récente décision n° 2021-971 QPC du 18 février 2022 précitée.
41
Décision n° 2020-807 DC du 3 décembre 2020, Loi d’accélération et de simplification de l’action publique, paragr. 8
à 15.
14
Le Conseil s’est ensuite attaché à déterminer si la limitation portée à l’exercice du
droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé était
proportionnée à un tel objectif.
À cet égard, il a relevé trois séries de garanties : la première temporelle (la dérogation
étant transitoire et jusqu’au 1er juillet 2023), la deuxième à la fois procédurale et
substantielle (la dérogation ne peut être mise en œuvre que sous certaines conditions)
et la troisième relative aux conditions d’utilisation des produits en cause.
B. – L’application à l’espèce
Se fondant, cette fois, sur les seules dispositions de l’article 1er de la Charte de
l’environnement, le Conseil a réaffirmé que « S’il est loisible au législateur, statuant
dans le domaine de sa compétence, de modifier des textes antérieurs ou d’abroger
ceux-ci en leur substituant, le cas échéant, d’autres dispositions, il ne saurait priver
de garanties légales le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux
de la santé consacré par l’article 1er de la Charte de l’environnement » et que « les
limitations apportées par le législateur à l’exercice de ce droit doivent être liées à
des exigences constitutionnelles ou justifiées par un motif d’intérêt général et
proportionnées à l’objectif poursuivi » (paragr. 5 et 6).
15
migrateurs doivent être gérés, entretenus et équipés selon des règles définies par
l’autorité administrative » (paragr. 7).
Ce faisant, si le Conseil n’a pas fait de la continuité écologique des cours d’eau une
exigence constitutionnelle autonome, comme l’y invitaient les requérants, il a
reconnu l’opérance du grief tiré de la méconnaissance du « droit de vivre dans un
environnement équilibré et respectueux de la santé » à l’encontre de dispositions qui
n’affectaient pas directement la santé humaine, comme dans les précédentes
décisions précitées (émission de substances dans l’environnement, constructions
dangereuses ou polluantes), mais qui étaient susceptibles de nuire à l’environnement
et d’engendrer indirectement des conséquences néfastes pour l’homme.
En premier lieu, le Conseil a estimé qu’au regard des travaux parlementaires, ces
dispositions visaient non seulement à préserver le patrimoine hydraulique, mais
également favoriser la production d’énergie hydroélectrique, qui contribue au
développement des énergies renouvelables. Il a dès lors considéré que le texte
poursuivait des motifs d’intérêt général (paragr. 9).
En deuxième lieu, le Conseil a observé que cette exemption était limitée à la fois
temporellement et matériellement puisque, d’une part, elle ne concerne que les
moulins à eau équipés pour produire de l’électricité et qui existent à la date de
publication de la loi du 24 février 2017 et, d’autre part, elle ne s’applique pas aux
ouvrages installés sur les cours d’eau classés sur « liste 1 », c’est à-dire « en très bon
état écologique, qui jouent le rôle de réservoir biologique ou dans lesquels une
protection complète des poissons est nécessaire » (paragr. 10).
Dès lors, le Conseil a estimé que le législateur n’avait pas privé de garanties légales
le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé protégé
16
par l’article 1er de la Charte de l’environnement. Par conséquent, il a écarté le grief
tiré de la méconnaissance de cette exigence (paragr. 12).
17