Keratometrie_

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Kératométrie

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Les kératomètres ou ophtalmomètres sont destinés à la mesure des rayons cornéens
et donc du pouvoir réfractif de la cornée. Les appareils de JAVAL ou SUTCLIFF
sont utilisés pour mesurer ces rayons cornéens au voisinage du centre de la cornée
(sur une zone d’environ 3 ou 4 mm de diamètre). Cette mesure permet
• de déterminer l’astigmatisme cornéen
• de prévoir l’astigmatisme total que l’on mesurera à la réfraction subjective
• de mesurer les rayons cornéens de la zone optique nécessaires pour le choix du
rayon d’une lentille de contact.
Cependant dans certaines circonstances, la topographie de la cornée a besoin d’être
connue, il faut faire appel à des techniques plus sophistiquées telle que la
vidéokératométrie.
Nous allons décrire les appareils de Javal et SUTCLIFF qui sont utilisés
couramment par les opticiens et donner le principe de la topographie dont l’usage
est moins répandu.

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Kératomètre de Javal

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• Principe de fonctionnement du Javal

• CAS D'UNE CORNEE SPHERIQUE

1 MARCHE DES RAYONS EN L'ABSENCE DE PRISME DE WOLLASTON


Les mires sont situées à environ 30 cm de la cornée. Cette distance est grande devant le rayon cornéen (r = 8 mm
environ). La face antérieure de la cornée, jouant le rôle d’un miroir convexe va donner, de deux points M et N
appartenant aux mires, des images M’ et N’ situées sensiblement aux foyers secondaires correspondants.

On a donc CM’ = CN’ " r/2 " 4 mm.

On déplace l'ensemble de l'appareil par rapport à l'oeil du patient de façon à obtenir les images M’’ et N’’ de M' et
N’ à travers le système L + L’ dans le plan du réticule. Le réticule appartient au plan focal de L’. Pour que M’’
ou N’’ soient dans ce plan, il faut que les faisceaux issus de M’ ou N’, entre L et L’, soient cylindriques; les
points M’ et N’ sont donc quand la mise au point est effectuée dans le plan focal de L.

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Si on pose q = MCx = xCN, angle formé par chaque mire avec l'axe de la lunette.
M’N’= f ´ b " r ´ q
et M’’N’’ = f ´ b " r ´ q .
La mesure de la distance séparant les images M’’N’’ permet donc de déterminer la valeur du rayon puisque q peut lui
aussi être mesuré. Dans le Javal, on va insérer un dispositif permettant de maintenir, lors de la mesure, le produit r ´ q
constant. La mesure du rayon cornéen se fera en faisant varier q (les deux mires se déplacent symétriquement par
rapport à l'axe Cx en faisant tourner une molette). Ce dispositif est un prisme de Wollaston qui dédouble les images de
chaque mire.

2 LE PRISME DE WOLLASTON

Le prisme de Wollaston est formé de deux prismes de quartz de même angle, taillés parallèlement à l’axe, accolés.
Les axes optiques sont croisés : dans le prisme d’entrée, il est perpendiculaire à l’arête et dans le second prisme, il est
colinéaire à celle-ci. Dans un tel prisme, un faisceau cylindrique arrivant perpendiculairement à la face d’entrée du
prisme donne deux faisceaux émergents: le faisceau ordinaire et le faisceau extraordinaire. Le faisceau extraordinaire a
comme direction de polarisation celle de l’axe du prisme BCD et le faisceau ordinaire celle de l’autre axe. Les deux
faisceaux sortant forment avec la direction de propagation initiale des angles iE et iO égaux. La valeur de cet angle
(angle de duplication du prisme) dépend de la valeur de l’angle au sommet des deux prismes. Par exemple sur le
modèle HAAG – STREIT distribué par LUNEAU, cet angle vaut 30’36 ‘’.

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3 MARCHE DES RAYONS AVEC LE WOLLASTON

La duplication du faisceau issu de N' à travers le Wollaston placé entre les deux lentilles entraîne la duplication de l'image
N" en deux images N"0 (image ordinaire) et N"E (image extraordinaire) symétriques par rapport à N". Ces deux images sont
vues depuis le centre optique de la lentille L’ sous l’angle a (angle de duplication du prisme). Il en sera de même pour les
images de M'. On observe donc deux images de chacune des mires.

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Dans le schéma, on a réglé q de façon à ce que la distance entre les images M’ et N’ soit telle que l'image ordinaire N"0
de N' soit confondue avec l'image extraordinaire M"E de M'. On dit qu'on affronte les mires.

La distance M'N' a alors une longueur f ´ b = f ´ a = r ´ q fixée par le fabricant de l'appareil. La valeur du rayon et la
puissance étant les grandeurs recherchées, l'appareil les indique directement (et non les valeurs de q ).

• CAS D'UNE CORNEE ASTIGMATE


Dans le cas d’une cornée astigmate régulière, le rayon réfléchi n’appartient au plan d’incidence que si ce plan est un
méridien principal de la cornée. Les images M’’ et N’’ seront donc légèrement décalées si le plan des mires (MNC) n’est
pas un méridien principal.

Après avoir affronté au mieux les mires, il faudra faire tourner l’ensemble de l’appareil jusqu’au moment où les lignes
de foi seront alignées. A ce moment, le plan MNC est un méridien principal de la cornée.

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• UTILISATION PRATIQUE DU JAVAL
Pour apprendre le maniement du JAVAL, il est conseillé de s'entraîner en remplaçant l'oeil d'un patient par une bille test
sphérique.

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1 - Régler avec soin l'oculaire sur le plan du réticule : Le cache est placé devant l’objectif avant que le patient ne soit
installé. Commencer en tournant l’oculaire pour le faire sortir au maximum (sens contraire aux aiguilles d’une montre)
puis tourner doucement dans l’autre sens jusqu’au moment où la croix parait parfaitement nette. Cette méthode permet
un relâchement de l’accommodation de l’opérateur.
2 - Ajustage de la position de l’instrument au patient : La hauteur de la chaise du patient doit être réglée pour que sa
position dans l’appui-tête soit confortable. La ligne des canthus doit se trouver au niveau du repère tracé sur un des
montants de celui-ci. La position de celle-ci est ajustée en réglant la hauteur de la mentonnière.

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3 - Alignement de l’instrument : Sur les côtés du corps de l’appareil, il y à deux repères d’alignement (un au voisinage
de l’oculaire, l’autre proche de l’extrémité côté oeil). Déplacer l’appareil pour amener le bord de sa partie basse en
coïncidence avec le bord de la plaque de roulement. A l'aide des systèmes de visée latéraux, faire une mise au point
approximative en hauteur et en position latérale sur l’oeil choisi.

4 - Instructions au patient : Demander à celui-ci de garder l’oeil observé bien ouvert en regardant toujours l’image de
cet oeil au centre de l’objectif (en cas de forte amétropie, le patient ne peut voir l’image de son oeil, lui demander alors
de fixer le centre de l’instrument).

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Le réglage fin va s'effectuer, par observation dans l'oculaire, de façon à ce que les images des mires soient :
• nettes (netteté obtenue en rapprochant ou éloignant l'instrument de la cornée)
• centrées dans la lunette : le réticule doit couper au milieu le segment joignant les deux lignes de foi. Ceci est
obtenu par déplacement de l'appareil parallèlement au visage du patient et par modification de la hauteur de
l'instrument.

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5 - Recherche des méridiens principaux : Le premier méridien recherché est toujours le méridien le plus horizontal.
On aura donc pris soin de placer les mires dans ce plan. Affronter les mires. Si les lignes de foi ne sont pas alignées,
tourner l’instrument lentement en maintenant la mise au point et l’affrontement jusqu’au moment où l’on obtient
l’alignement. Noter les valeurs de l’angle.
• Si vous ne recherchez que la présence et l’ordre de grandeur de l’astigmatisme cornéen, vous basculez alors de
90°. En l’absence d’astigmatisme, les deux mires restent affrontées.
Les deux images suivantes donnent ce qui est observé avec la bille test sphérique: lignes de foi alignées et affrontement
dans les deux méridiens.

• Si vous avez un astigmatisme cornéen direct, vous observerez un chevauchement des deux mires : une marche de
chevauchement correspond à 1 d d’astigmatisme selon Javal ( La graduation en puissance est effectuée sur le
Javal en choisissant comme indice celui des larmes. La puissance lue n’est donc pas rigoureusement celle du
dioptre cornéen. Lors du basculement, le recouvrement d’une marche se produit pour une toricité cornéenne de
20/100 ).

Dans cet exemple, le chevauchement des mires est d’environ 1,5 marche lors du retournement. La toricité de la cornée
est d’environ 30/100 et l'astigmatisme de l’ordre de 1,5 dioptrie.
Lorsque l’on désire mesurer les rayons cornéens, on note la valeur du rayon dans le méridien le plus plat et après
basculement de 90°, on refait l’affrontement des mires avant de lire la valeur du rayon dans le méridien le plus vertical.

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Kératomètre de
Sutcliff

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• PRINCIPE DU KERATOMETRE SUTCLIFF

Image de la mire donnée par une cornée sphérique:

M’N’ est l’image donnée par la cornée des points M et N de la mire. En utilisant la relation de Newton, on peut déterminer la taille h’
de cette image:

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Lors de l’utilisation de l’instrument, on désire que l’image donnée par la lunette de M’N’ soit dans le plan du réticule.
On déplace donc l’ensemble lunette + mire et la netteté est toujours obtenue pour la même distance mire - image
cornéenne que l’on note D. Cette distance D est de l’ordre de 30 cm et l’écart entre x et D sera inférieur à 1% compte
tenu du rayon de la cornée voisin de 8 mm. On pourra donc les confondre et l’on a alors:

Le rayon de courbure de la cornée est donc proportionnel à la taille de l’image de la mire. Comme dans le Javal, un
système de dédoublement d’image va permettre la mesure de r.

Dédoublement d’image et mesure des rayons:


Le système duplicateur (disque de Scheiner) est placé juste derrière L2 , il s’agit d’un cache percé de 4 trous: 3 et 4 ont
la même surface, 1 et 2 aussi mais la surface de 3 et 4 sont le double de la surface de 1 et 2.
Entre le trou 3 et le plan du réticule est placé un prisme V base en haut qui peut être déplacé dans la direction de l’axe
de l’appareil. De même entre le trou 4 et ce plan du réticule se trouve un prisme H base à 180°. Ces deux prismes
dévieront les rayons lumineux ayant passé par les trous 3 et 4.

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Dans ce schéma, on voit que si le faisceau traversant le trou convergeait en M", le prisme va déplacer l'image en M"1
(stigmatisme approché d'un prisme de petit angle Â). Ce déplacement L de l'image dépendra de la position du prisme
par rapport au plan de l'image et du prisme.

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Mise au point:
a) La mise au point n'est pas correcte:
En l'absence du système duplicateur, un point M' de l'image de la mire donnée par la cornée ne donnera pas par
l'intermédiaire du système L1 + L2 , une image M" dans le plan du réticule. Quand on interpose le système duplicateur,
le faisceau traversant le trou 1 donnera dans le plan du réticule une pseudo image M"1 de M' et le faisceau traversant le
trou 2 une pseudo image M"2. Ces deux pseudo images ne seront donc pas confondues et l'on observera deux pseudo
images centrales de la mire.

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b) La mise au point est correcte:

L'image M" est dans le plan du réticule, les faisceaux traversant 1 et 2 convergent en M" appartenant donc au plan du
réticule, on observe une seule image centrale. On remarquera que la surface de 1+2 étant égale à la surface de 3 (ou 4),
l'éclairement de l'image centrale sera identique aux éclairements des images décalées par les prismes.

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Dédoublement dans le plan horizontal:

Le faisceau traversant l’ouverture 4 va être dévié par le prisme base à 180°. Il va donc converger en un point M’’3 situé
à la distance L = ( n - 1 ) . A. d.
On comprend donc la méthode de mesure du rayon horizontal. Il suffira de régler la distance d à l’aide du bouton prévu
à cet effet pour que l’image M’’3 soit confondue avec l’image N’’. On aura alors

et donc une proportionnalité entre rH et d.

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Le faisceau traversant le trou 4 et le prisme base en haut va créer une image dédoublée dans le plan vertical. On peut
donc mesurer aussi le rayon rV.

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• UTILISATION PRATIQUE DU SUTCLIFF

1 - Régler avec soin l'oculaire sur le plan du réticule: identique au Javal


2 - Ajustage de la position de l’instrument au patient: identique au JAVAL
3 - Alignement de l’instrument: Sur les côtés du corps de l’appareil, il y a un repère et un index d’alignement. Déplacer
l’appareil pour amener le bord de sa partie basse en coïncidence avec le bord de la plaque de roulement. En plaçant
l’oeil au niveau de l’oculaire légèrement sur le côté et à l’aide des repères, faire une mise au point approximative en
hauteur sur l’oeil choisi. En regardant dans l’oculaire, déplacer latéralement l’appareil pour l’aligner sur l’oeil.
4 - Instructions au patient: Demander à celui-ci de garder l’oeil observé bien ouvert en regardant toujours l’image de cet
oeil au centre de l’objectif (en cas de forte amétropie, le patient ne peut voir l’image de son oeil, lui demander alors de
fixer le centre de l’instrument).
5 - Effectuer ensuite la mise au point en affinant le réglage de position de façon à ce que la croix du réticule se trouve
toujours au centre du cercle central.

L'appareil est centré sur la pupille mais la mise au point n’est pas bonne.
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La mise au point est pratiquement effectuée .

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6 - Recherche des méridiens principaux: Le premier méridien recherché est toujours le méridien le plus horizontal. A
l’aide du bouton de réglage horizontal, rapprocher la petite croix du centre de la grande. Si les branches horizontales
des croix ne sont pas au même niveau (cornée astigmate), tourner l’instrument lentement en maintenant la mise au point
jusqu’au moment où l’on obtient l’alignement. Parfaire la mise au point. Effectuer le réglage dans le méridien vertical
en amenant le petit trait dans l’espace prévu. Lire ensuite les valeurs des rayons et des puissances sur les deux écrans
visibles dans l’oculaire et noter l’angle des méridiens principaux.

Le réglage a été effectué dans le méridien vertical, il reste à effectuer le réglage dans le méridien horizontal en amenant
la petite croix dans le centre de la grande en tournant le bouton de réglage horizontal.
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Topographe cornéen

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Cet appareil a pu être développé grâce aux progrès de l’informatique. Un disque de Placido comprenant de 7 à 13 cercles
concentriques lumineux est projeté sur la cornée du sujet. Une caméra vidéo permet la saisie de l’image de ce disque donnée
par la cornée. Cette caméra est reliée a un ordinateur muni d’une carte de numérisation. A partir de l’image numérisée, grâce
à un algorithme de calcul, il est possible de reconstruire la géométrie en trois dimensions de la cornée. Plus le nombre de
cercles concentriques et de points de mesure est important plus la précision de cette reconstruction est grande mais plus le
temps de calcul devient important. Sur l’écran de l’ordinateur, plusieurs modes d’affichage peuvent être choisis: fausses
couleurs, maillages...

Cet appareil développé à partir de 1984 (Klyce - Louisiana State University) a bénéficié de l’augmentation constante des
puissances de calcul des ordinateurs individuels. Les résultats obtenus avec les appareils récents sont maintenant d’une
grande précision.

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Cornée astigmate directe

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Cornée astigmate inverse

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Cornée astigmate oblique

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Cornée astigmate irrégulière

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Kératocône excentré

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À noter que l’observation de la déformation de la paupière
inférieure dans le cadre du regard vers le bas s’appelle « le signe
de Munson
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Cornée irrégulière

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Cornée à 3 points

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Application

• Lors de l’adaptation de lentilles flexibles


L’appareil reste relativement coûteux. Plusieurs études ont été menées pour juger de la nécessité d’un tel appareil pour
l’adaptation correcte d’une lentille LRPO en plus des méthodes habituelles (Kératométrie, fluoroscopie). Il semblerait
que, hormis pour quelques cas particuliers d’adaptation (kératocônes, patients ayant subi une chirurgie cornéenne)
l’apport de cette nouvelle technologie ne soit pas significatif.

• Lors de chirurgie cornéenne


Ce domaine ne concerne bien sur pas directement l’opticien. Il ne fait alors aucun doute que la vidéokératométrie
apporte au chirurgien beaucoup plus d’informations que ne pouvaient le faire les techniques de kératométrie
traditionnelles. Dans tous les cas, la vidéokératométrie est utilisée pour la préparation de l’intervention et aussi comme
moyen de contrôle et de suivi des résultats.

• Lors de la vente de verres ophtalmiques


Certains topographes disposent d’une fonction abérromètre, la transmission de ses données prenant en compte les
aberrations optiques de l’oeil permettront au verrier de réaliser des verres totalement sur mesure prenant en compte
celles-ci.

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