Pénétration Vaginale — Wikipédia
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Chez les êtres humains, la pénétration vaginale désigne l'une des pratiques sexuelles.
Positions
La pénétration vaginale peut se pratiquer dans diverses positions ; le choix de la position dépend
des anatomies, des goûts, des circonstances et des envies des partenaires, ainsi que des
normes sociales. La plus habituelle est la position du missionnaire : la femme est couchée sur le
dos et l'homme s'allonge entre ses cuisses écartées. La femme peut être active dans l'acte de
pénétration, par exemple chevauchant l'homme allongé sur le dos. Lors d'une pénétration, les
deux partenaires peuvent se faire face ou bien l'un peut pénétrer l'autre par derrière (en
particulier dans la position de la levrette).
Certaines positions procurent plus de plaisir aux personnes pénétrées, notamment parce qu'elles
stimulent davantage le clitoris que d'autres positions3.
La pénétration vaginale peut être précédée d'autres pratiques sexuelles (caresses, baisers, sexe
oral…), communément dénommés préliminaires. Ils servent en général à amener un niveau de
désir sexuel suffisant, notamment pour que la lubrification vaginale facilite la pénétration4, tandis
que le pénis entre en érection5.
La pénétration vaginale peut également faire référence au doigtage (insertion de doigts dans le
vagin), à la pénétration par une langue (voir cunnilingus), ou bien d'un godemichet ou d'un sex-
toy.
Santé
Préservatif masculin.
Pour l'anthropologue Maurice Godelier, « depuis que les Romains ont converti les peuples
occidentaux au christianisme, une seule forme de sexualité s’est imposée et a remplacé toutes
celles qui existaient, il s’agit du coït pénis-vagin10. » En outre, seules les positions où l'homme est
au-dessus de la femme sont acceptées : en effet, elle est perçue comme facilitant le trajet du
sperme depuis le pénis vers l'utérus, mais également parce qu'elle consacre la domination de
l'homme sur la femme8. La levrette, également pratiquée, est vue avec suspicion, car elle
ressemble à l'accouplement des animaux8. Néanmoins, le traité Speculum al foder du
xive siècleNote 1 répertorie 24 positions différentes de coït vaginal8.
Dans cette vision chrétienne, la première pénétration du pénis de l'époux dans le vagin de son
épouse constitue la perte de la virginité de la femme (le terme utilisé est « défloration »). Pour
l’Église catholique, cette pratique (pénétration et éjaculation dans le vagin) marque la
consommation du mariage11.
Dans les cultures mettant l'accent sur la virginité comme preuve de pureté ou d'honneur, les
signes extérieurs qu'une pénétration vaginale a eu lieu lors de la nuit de noces sont recherchés,
comme la présence de sang sur les draps, censé provenir de la rupture de l'hymen. Ces
représentations sociales et culturelles ne reposent pas sur des bases biologiques fiables12.
Au xxe siècle, les opérations chirurgicales d'assignation de sexe pratiquées sur les personnes
intersexes sont souvent réalisées avec l'objectif de faciliter la pénétration vaginale, « suivant
l’idée qu’il serait plus facile de fabriquer une fille, jugée par la capacité de pénétration vaginale et
éventuellement par celle de porter des enfants. La définition des organes sexuels se réduit donc
à leur apparence et à leur fonction dans un système binaire et hétérosexuel visant les rapports
sexuels reproductifs13. »
Au début du xxie siècle, les cours d'éducation sexuelle s'inscrivent majoritairement dans une
vision de la sexualité hétérosexuelle, tournée vers la procréation et centrée sur la pénétration
vaginale5. Une étude ethnographique des cours dispensés en Suisse (2020) met en évidence un
discours naturalisant les appareils génitaux masculin et féminin, présentant le vagin comme un
organe naturellement fait pour recevoir un pénis, et renforçant ainsi les normes de genre5.
En 2016, Bini Adamczak trouvant que le terme habituellement employé de pénétration est
connoté à l'initiative de l'homme lors d'un rapport sexuel, propose de donner un sens actif à la
femme. Pour cela, elle invente le néologisme de circlusion. Popularisé en France en 2019 par
l’auteur Martin Page, ce terme reste marginalement utilisé14,15,16,17. Il est revendiqué comme une
forme d'epouvoirement féministe18,19,20.
Critiques
Les travaux de Sigmund Freud ont participé à rendre la pénétration vaginale la norme sexuelle,
tandis que l'orgasme clitoridien a longtemps été disqualifié1.
À partir des années 1960, la pénétration vaginale est critiquée par certains auteurs et certaines
autrices, parce qu'elle constitue une norme de ce que devrait constituer un rapport sexuel, et
parce que la stimulation vaginale seule ne procure pas beaucoup de plaisir. En 1968, la militante
féministe américaine Anne Koedt (en), dans son article le mythe de l'orgasme vaginal (en)Note 2,
dénonce l'approche hétéronormative et androcentrique de la définition d'un rapport sexuel :
« L’équation forcée entre sexe = coït = acte effectué par un homme sur
une femme n’est pas la conséquence inévitable d’une relation entre une
anatomie mâle et une anatomie femelle, mais le produit des relations
sociales à l’intérieur desquelles ces deux corps se rencontrent5. »
Pour Maïa Mazaurette et Damien Mascret, la pénétration vaginale s'apparente alors à une
« technique de maximisation du plaisir masculin »1. De même, l'écrivain français Martin Page
critique la centralité de la pénétration vaginale dans les rapports sexuels et invite à aller « au-delà
de la pénétration »21. La sociologue Juliette Rennes indique que « le triptyque "préliminaires -
pénétration - éjaculation" est une construction culturelle22. »
Notes et références
Notes
2. Anne Koedt, « Le mythe de l’orgasme vaginal », Nouvelles Questions féministes, vol. 29, no 3,
1er octobre 2010, p. 14-22 (ISSN 0248-4951 (https://portal.issn.org/resource/issn/0248-4951),
DOI 10.3917/nqf.293.0014 (https://dx.doi.org/10.3917/nqf.293.0014), lire en ligne (https://www.cairn.info/rev
ue-nouvelles-questions-feministes-2010-3-page-14.htm?ref=doi) [archive], consulté le 30 juillet 2022).
Références
1. Armelle Andro, Laurence Bachmann, Nathalie Bajos et al., « La sexualité des femmes : le
plaisir contraint », Nouvelles questions féministes, vol. 29, no 3,2010
(DOI 10.3917/nqf.293.0004 (https://dx.doi.org/10.3917/nqf.293.0004), lire en ligne (https://www.cairn.info/re
vue-nouvelles-questions-feministes-2010-3-page-4.htm) [archive]).
3. (en) Devon J. Hensel, Christiana D. von Hippel, Charles C. Lapage et Robert H. Perkins,
« Women’s techniques for making vaginal penetration more pleasurable: Results from a
nationally representative study of adult women in the United States », PLOS ONE, vol. 16,
no 4,14 avril 2021, e0249242 (ISSN 1932-6203 (https://portal.issn.org/resource/issn/1932-6203),
PMID 33852604 (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/33852604),
5. Marlyse Debergh et Sophie Torrent, « "C’est une pièce qui rentre dans une autre pièce" :
Normer les corps par l’éducation à la santé sexuelle en Suisse romande », Genre, sexualité &
société, no 24,20 novembre 2020 (ISSN 2104-3736 (https://portal.issn.org/resource/issn/2104-3736),
DOI 10.4000/gss.6248 (https://dx.doi.org/10.4000/gss.6248), lire en ligne (https://journals.openedition.org/gs
s/6248) [archive], consulté le 30 juillet 2022).
6. Santé sexuelle Suisse, IST – mémento : Fiches informatives concernant les infections
sexuellement transmissibles (IST), juin 2013 (lire en ligne (https://www.klamydias.ch/_files/ugd/7599
1f_e71c3aa6029c49faba3e872624517110.pdf) [archive] [PDF]).
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12 décembre 2019 (ISBN 978-2-311-66154-5, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=LDHEDwAAQ
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a=X&ved=2ahUKEwiSyeHwkqH5AhWOwoUKHWhkD5wQ6AF6BAgHEAI#v=onepage&q=efficacit%C3%A9%20d
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ligne (https://estudiosmedievales.revistas.csic.es/index.php/estudiosmedievales/article/view/104
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lire en ligne (https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2018-1-page-141.ht
11. Aïcha Salmon, « La conjugalité incertaine : Le problème des nuits de noces non
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DOI 10.3917/mouv.099.0145 (https://dx.doi.org/10.3917/mouv.099.0145), lire en ligne (http://www.cairn.info/
22. Juliette Rennes, Encyclopédie critique du genre: Corps, sexualité, rapports sociaux, La
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DgAAQBAJ&pg=PT839&dq=les+pr%C3%A9liminaires+p%C3%A9n%C3%A9tration&hl=fr&newbks=1&newbks_r
edir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjH_JvK77H3AhUxxoUKHXu6BN04HhDoAXoECAsQAg#v=onepage&q=les%20pr%
C3%A9liminaires%20p%C3%A9n%C3%A9tration&f=false) [archive]).
Voir aussi
Bibliographie
Nathalie Bajos et Michel Bozon, Enquête sur la sexualité en France : pratiques, genre et santé, La
Découverte, 30 juin 2016 (ISBN 978-2-7071-8972-1, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=i4U9DAA
AQBAJ&pg=PT461&dq=p%C3%A9n%C3%A9tration+vaginale&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahU
KEwiNgdq346D5AhUZ8RoKHcGSB204FBDoAXoECAYQAg#v=onepage&q=p%C3%A9n%C3%A9tration%20vaginale
&f=false) [archive]).
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