introduction à la mécanique des fluides

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I-Introduction à la Mécanique des Fluides

L’étude du mouvement des liquides et des gaz constitue la


mécanique des fluides. Les phénomènes envisagés en mécanique des
fluides ayant un caractère macroscopique, un fluide y sera assimilé à
un milieu continu, c’est à dire qu’en chaque point M x, y, z  de ce fluide
et à chaque instant t , on peut définir un certain nombre de propriétés
physiques : la pression p , la masse volumique  , la température

absolue T et le vecteur vitesse V u,v,w , comme fonctions continues des
variables x, y, z, t .
La description mathématique de l’état de ce fluide se fait à l’aide
de ces fonctions. Pour pouvoir déterminer ces fonctions, il faudrait
trouver les équations fondamentales qui régissent le mouvement de
notre fluide. Ces équations fondamentales sont obtenues à partir de
l’équation d’état et des trois principes suivants :
- Le principe de conservation de la masse,
- Le principe de conservation des quantités de mouvements,
- Le principe de conservation de l’énergie.
Nous reviendrons sur ces principes de conservation et la déduction
des équations fondamentales dans les chapitres ultérieurs. Pour
l’instant, considérons quelques généralités sur les fluides.
I.1- Déformabilité :
Généralement, un système matériel est soit déplacé en bloc, soit
déformé. Un déplacement en bloc ou global affecte l’ensemble de ce
système matériel sans modifier les distances mutuelles des éléments qui
le constituent, alors qu’une déformation implique un déplacement
relatif des différentes parties du système considéré entraînant une
variation de leurs distances mutuelles. Les fluides sont déformables, ils
prennent la forme de leurs contenants, alors que les solides se
déplacent, généralement, en bloc.
I.2- Compressibilité :
Les liquides ont un volume déterminé. On dit qu’ils sont
pratiquement incompressibles, tandis que les gaz occupent le volume
qui est mis à leur disposition. On dit qu’ils sont expansibles. De faibles
forces suffisent à modifier leur volume. On dit que les gaz sont
compressibles.
I.3- Viscosité :
L’application d’une force implique une déformation notable sur
un système fluide. Cependant, la vitesse de cette déformation
dépend du fluide considéré et donc d’une caractéristique du fluide
qu’on appelle la vitesse. On appelle fluide parfait, un fluide qui se

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déformerait aussi vite que le permet l’inertie. L’action de la viscosité est
donc retardatrice.
Pour mieux comprendre cette notion de viscosité, considérons
un fluide dans un récipient. Isolons un élément de surface ds . Quand le
fluide est au repos, la force par unité de surface qui s’exerce sur cet
élément ds est perpendiculaire à cet élément et est connue sous le
nom de pression statique. Cette pression est indépendante de
l’orientation de l’élément ds .
Quand le fluide est en mouvement, la force par unité de surface qui
s’exerce sur ds :
i- reste perpendiculaire à ds si le fluide est parfait.
ii- n’est plus perpendiculaire à ds si le fluide est visqueux. A la
pression p vient s’ajouter une autre qui elle dépend de
l’orientation de l’élément ds . Cette force est due à la
viscosité du fluide. On conclue donc que la viscosité est une
caractéristique qui n’entre en jeu que quand le fluide se met
en mouvement.
I-4- Coefficient de Viscosité :
Les forces de viscosité sont mises en évidence par l’expérience
de Couette. Soient deux cylindres circulaires coaxiaux, de rayons peu
différents, dont l’espace intermédiaire est rempli de fluide.

On applique un mouvement de rotation au cylindre extérieur et


on s’aperçoit que le cylindre intérieur a tendance à tourner dans le
même sens. Le mouvement qu’on a imprimé au cylindre extérieur a

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été transmis au cylindre intérieur. On dit alors qu’il y a eu transfert de
quantité de mouvement. Ce transfert a été fait par l’intermédiaire du
fluide séparant les deux cylindres. Sur le cylindre intérieur doit donc
s’exercer une force F qui est tangente en chaque point de sa surface
latérale. Couette a étudié expérimentalement les variations de cette
force en fonction des caractéristiques de l’expérience. Il a déduit la
relation suivante :
F  . S .V
e
où S est la surface latérale du cylindre intérieur, V la vitesse linéaire du
cylindre extérieur, e la distance séparant les deux cylindres et  un
coefficient qui ne dépend que de la nature du fluide considéré. Ce
coefficient  est appelé coefficient de viscosité dynamique
(coefficient de frottement interne). Pour caractériser et mesurer ce
coefficient  , on applique un couple de torsion C , au cylindre
intérieur, de manière à immobiliser ce dernier. On aura donc
compensé l’effet de la force F et on a donc égalité entre le couple
C et le moment de la force F par rapport à l’axe de rotation. On écrit
alors :
C  F .ri   . S .V .ri /e
d’où on tire :
C.e
 .
S .V .ri
Cette dernière relation va nous permettre de calculer  . Il reste
maintenant à déterminer l’unité de mesure de ce coefficient. Pour ce
faire, nous allons faire une petite analyse dimensionnelle en utilisant
cette dernière relation. Si on considère l’équation aux dimensions de
cette égalité on aura :
   SC.V. e.r 
i

avec :
C M .L 2.T 2 ; e L ; S  L2 ; V  L.T 1 et r  L .
i

On aura donc pour   :


  M . L 1 .T 1 .
Dans le système C.G.S. (Centimètre . Gramme . Seconde) cette unité
de la viscosité dynamique  est appelée la Poise PO . Alors que dans  
le système international (S.I.) elle est connue sous le nom de Poiseuille
Pl  ou encore le Pascal x seconde (Pa.s) . C’est cette dernière
appellation qui est la plus utilisée. On a :

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1 Pa.s 1Pl 10 PO .
On définit aussi la viscosité cinématique par la relation :



avec  la masse volumique du fluide considéré. L’équation aux
dimensions donne pour la dimension de  :
  L 2 .T 1 .
Dans le système C.G.S. cette unité de la viscosité dynamique  est
appelée le Stokes (St) et on a 1 St 1cm2 / s . Dans le S.I. cette unité est
connue sous le nom de MyriaStokes MaSt ou le m / s . C’est cette
2

dernière appellation qui est la plus utilisée. On a :


1MaSt 1m2 / s 104 St .
Le domaine de variation de la viscosité dynamique est très
étendu ( il varie de 0 , pour l’ He à une température  2K , à l’infini pour
un solide qui s’est solidifié).

Le tableau ci-dessous résume toutes les données relatives aux


unités de la viscosité :
Variable Dimension C.G.S. S.I.
 1
M . L .T 1
  
1 Poise P 1g.cm .s
O
1 1
1 Poiseuille Pl 1 Pa.s 10 Poise


 2
L .T 1
1StokesSt1cm2 / s 1MyriaStokes MaSt1m2 / s 104 Stokes

Exemple : La viscosité de l’eau à 20 C est sensiblement


2
1cPo (centiPoise) = 10 Po .
Viscosités de quelques fluides à 20 C (en cPo ) :
Air : 0.018 ; Essence : 0.6 ; Mercure : 1.6 ; Huiles de graissages : 10 à
1200 ( les plus courantes de 10 à 40 ) ; Glycérine : 870.
5.Influence de la pression :
a-gaz : La théorie cinétique des gaz permet d’expliquer l’existence de
la viscosité, on aboutit à la relation suivante :
  0.499  c 
 : masse volumique ; c : vitesse moyenne du gaz ;  : libre parcours
moyen. Un gaz parfait est visqueux, mais son coefficient de viscosité est
indépendant de la pression. Pour un gaz réel  varie avec la pression.
b-liquides : Le coefficient  augmente avec la pression suivant une loi
pratiquement exponentielle :

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p  po
 p 
a
po

(po)
où (po) est la viscosité calculée à une pression de référence po ( par
exemple la pression atmosphérique). Pour toutes les huiles de minérales
on a : a 1.003 . Pour des huiles de graissages  double si la pression
passe de 1 à 300 kgf /cm2 (300 bar) .  est multiplié par 10 si la pression de
1 à 1000 bar . Cette remarque est importante car dans les turbo-
machines la pression peut atteindre plusieurs centaines de bar.
6.Influence de la température
a-gaz :  est à peu près  T . Un anglais, Sutherland, a établi en
1893 la formule suivante, à l’aide de la théorie cinétique des gaz,
 c
T . 1  
  To 

o  c
To . 1  
 T
où c est un coefficient qui dépend de la nature du gaz. Pour l’air on a
c120 . T est la température absolue.
b-liquides :  décroît si la température augmente, la loi de variation est
très complexe. La meilleure formule empirique est la loi de Walther :
m
Log (  )  To 
  ,
Log ( o )  T 
m est un coefficient qui dépend de la nature du liquide. Cette formule
est très utile pour les liquides visqueux présentant une grande variation
de  avec T (exemple les huiles de graissages).

Les variations de  avec T sont souvent très importantes. Pour


l’eau, par exemple,  passe de 1cPo à une valeur presque double
quand la température passe de 20 C à 0C .
t (C) 0 10 20 50 100 150 200
 (cPo) 1.83 1.33 1.03 0.56 0.28 0.18 0.14

Pour les huiles de graissages, la connaissance de la valeur du


coefficient de viscosité est d’importance primordiale, et il est
indispensable de connaître aussi les variations de cette viscosité avec
T . Une viscosité très faible entraîne une grande consommation d’huile
ou bien une usure excessive à température élevée. Alors qu’une
viscosité trop forte peut provoquer des démarrages difficiles à basse
température.

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De no jours, on fabrique de plus en plus d’huiles à indice de
viscosité variable (huile multigrade) qui se comportent comme des
huiles très faibles à basse température et des huiles très fortes (épaisses)
à haute température.
7.Structure de l’écoulement et mécanismes de transfert :
Dans l’expérience de Couette, quand on fait tourner le cylindre
extérieur et qu’on immobilise le cylindre intérieur, la question que l’on
se pose est : Comment le fluide, se trouvant entre les deux cylindres, se
déplace-t-il ?
Le principe d’adhérence stipule que toute particule, d’un fluide
visqueux, qui est en contact direct avec une paroi solide doit y
adhérer, c’est à dire avoir la même vitesse que la paroi solide.
L’ensemble des particules qui sont en contact direct avec une paroi
solide constitue ce qu’on appelle une couche fluide. Donc, la couche
fluide en contact direct avec le cylindre extérieur se déplace avec la
même vitesse que ce cylindre. Alors que la couche fluide en contact
direct avec le cylindre intérieur est fixe. Le reste des particules fluides
qui se trouvent coincées entre les deux couches fluides citées ci-
dessus, est aussi structuré en couches fluides. La forme de ces couches
fluides, dans le cas de l’expérience de Couette, est cylindrique. Ces
enveloppes cylindriques sont coaxiales et tournent chacune avec une
vitesse angulaire différente. Ces vitesses angulaires varient de 0 , pour
la couche fluide la plus interne, et va en croissant jusqu’à la vitesse
angulaire du cylindre extérieur, pour la couche fluide la plus externe.
Cette structure ordonnée du fluide est appelée structure laminaire
(écoulement laminaire). Elle est caractérisée par le fait qu’il n’y a pas
d’échange macroscopique de particules entre les différentes couches
fluides. Toutefois, il est à noter que cette structure ne subsiste que si les
vitesses mises en jeu ne sont pas assez grandes. Un critère, beaucoup
plus rigoureux, de maintien de cette structure sera donné plus tard.

Il existe des forces de surfaces (forces de frottements) qui


s’exercent par et sur les couches fluides. Ces forces sont orientées de
telle manière que l’action d’une couche fluide, se déplaçant avec
une certaine vitesse, sur une autre couche fluide, se déplaçant moins
vite, est accélératrice, alors que dans le cas contraire elle est
retardatrice. Ces forces mises en jeu sont des forces tangentielles aux
couches fluides. Elles apparaissent à cause de la différence des
vitesses qui existent entre les couches fluides. C’est ainsi qu’on explique
le phénomène de transfert de quantité de mouvement.

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