Chapitre 1. Le développement Durable

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Cours M2 : Management intégré des ressources en eau 2020-2021

Chapitre 1. Le développement durable


1.1. Introduction
A partir de la deuxième moitié du 19ème siècle, les sociétés occidentales commencent à
constater que leurs activités notamment économiques et industrielles ont un impact
significatif sur l’environnement et sur l’équilibre social. Plusieurs crises écologiques et
sociales ont avoir lieu dans le monde et ont faire prendre conscience qu’il faut un modèle
plus durable.
Le développement tel que nous le connaissons est-il durable ? A plusieurs égards la réponse
est négative. Pour beaucoup de membres de la population mondiale, des besoins ne sont
pas satisfaits. Quant à savoir si ceux des générations futures pourront l'être, ou plus
exactement, si notre mode de développement ne compromet pas leurs chances, leurs
capacités de pouvoir le faire…
Le développement durable (DD) est devenu une référence incontournable dans un nombre
de décisions nationales et internationales. Le DD apparaît dès lors comme un compromis
entre générations pour répondre aux besoins actuels mais aussi du futur, et en introduisant
l’idée des équilibres à rechercher entre les dimensions sociales, économiques et
environnementales du développement de nos sociétés.
Le DD est un concept de plus en plus répandu, mais les enjeux entourant sa définition et sa
mesurabilité suscitent encore beaucoup de discussions.
1.2. Historique du développement durable
Le concept du DD a connu plusieurs évolutions depuis l’année 1972 jusqu’à l’année 2012
(1972 : Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain ; 1992 : Sommet de la
Terre à Rio ; 2002 : Sommet Mondial sur le Développement Durable –Johannesburg-; 2012 :
Le sommet mondial sur le développement durable -Rio-). La Figure 1.1 récapitule les
évènements marquants de l’essor du développement durable.

développement
durable

l’environnement
humain

Figure 1.1. Historique du développement durable


Source : Grenelle de l’environnement, 2012

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Le concept de développement durable (DD) fait l’objet de nombreux ouvrages, recherches


scientifiques, conférences internationales, etc. Selon la littérature, il existe plusieurs
définitions pour le concept du DD, mais la définition la plus répandue et la plus utilisée est
celle du Rapport Brundtland de la Commission Mondiale des Nations Unies pour
l'Environnement et le Développement.
1.3. Les dimensions, concepts et principes du développement durable
Le DD est un développement qui prend en compte trois dimensions : économique,
environnementale et sociale.
1.3.1. Les trois dimensions du développement durable
Le développement durable tel que nous l'envisageons aujourd'hui repose sur trois piliers
(figure 1.2) que sont :
o L'efficacité économique ;
o L'équité sociale ;
o La qualité environnementale.

Figure 1.2. Les trois piliers du développement durable


Source : http://lewebpedagogique.com/arnaud/files/2013/10/sans-titre2.jpg
Pour atteindre ces objectifs, il s'appuie sur quatre principes fondamentaux :
o Une solidarité à tous les étages (pays, peuples, générations, etc.) et le partage des
ressources de la planète ;
o Un principe de précaution (éviter les catastrophes écologiques ou les risques pour la
santé) de mise dans chaque prise de décision ;
o Une participation de chacun ;
o Une responsabilité de tous.

1.3.2. Les concepts de la définition Brundtland


Après plus de quatre ans d'étude, en 1987, la Commission mondiale des Nations Unies pour
l'environnement et le développement publie ses résultats dans un rapport intitulé 'Notre
Avenir à Tous', également connu sous le nom de rapport Brundtland (du nom de Gro
Brundtland la présidente de la commission). Ce rapport introduit un nouveau concept de
développement, soit le développement durable comme étant : "un mode de développement
qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre à leurs besoins " (Brundtland, 1987).

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Cela correspond donc à une vision à long terme permettant à la fois de combler les besoins
des générations actuelles et de préserver la planète pour les besoins des générations
futures. Il n'existe toutefois pas encore de consensus sur les moyens d'atteindre le
développement durable et sur les indicateurs pouvant l'évaluer.
Le développement durable est une tentative de créer un modèle de développement qui
intègre à la fois l'économie, le progrès social et la protection de l'environnement. Cet objectif
est né de l'idée que la qualité environnementale et le bien-être économique et social sont
intimement liés et que, par conséquent, ces trois dimensions ne peuvent pas être
considérées séparément. Le développement durable devient ainsi plus qu'un simple outil de
protection pour l’environnement : c'est un projet de créer un modèle de développement
pouvant être soutenu à très long terme. En effet, le développement, pour qu'il soit durable,
doit « être défini en fonction de la durée ».
1.3.3. Les principes du développement durable
Le rapport Brundtland a consacré la naissance officielle du DD à l’échelle mondiale. Il fait
souvent la référence clés à propos du DD car il est considéré comme le principal texte
fondateur de cette nouvelle perspective de développement. En effet, le Rapport Brundtland
présente le développement durable comme un mode de développement qui associe la
préservation de l’environnement et la recherche du bien-être des populations à la croissance
économique. Cette combinaison est née de l’idée que la richesse économique, le bien-être
social et la qualité de l’environnement sont des aspects intimement liés, et par conséquent,
ne sauraient être considérés séparément.
Pour le cas de l’Algérie, l’Etat a opté pour une nouvelle politique orientée vers l’application
de la notion du «développement durable» dans tous les secteurs en particulier celui des
ressources en eau (PNAE-DD, 2002). A cet effet, les questions qui se posent sont de savoir
comment un secteur, un service ou une activité particulière peuvent devenir durable ? Dans
quelle perspective la mise en œuvre de ces idées devrait être évaluée ? Et quelle est la
façon de mesurer le degré de la durabilité ?
1.4. La durabilité
La durabilité est un élément fondamental du développement durable et mesure de
comparaison des indicateurs. Par durable, nous désignons le fait d’avoir la capacité à durer.
Cette capacité est évoluée avec le temps, elle peut s’améliorer comme se dégrader.
A ce titre, le principe de base de la durabilité est la caractéristique souhaitée d'une action
dans une perspective de développement durable (Edjossan-Sossou, 2015). Tout comme
pour le concept de DD, la définition de la notion de durabilité n’est pas aisée. La définition de
la durabilité s’entend généralement comme la capacité de l’action à respecter simultanément
et de façon continue dans le temps des considérations d’ordre économique,
environnemental, social, culturel et politique... etc.
Une action est jugée durable quand :
i) elle est économiquement rentable ;
ii) elle a des impacts négatifs limités sur le milieu naturel ;
iii) elle répond de façon équitable aux attentes sociétales ;
iv) elle est inscrite dans un contexte de bonne gouvernance qui permette la réalisation
simultanée des trois autres conditions (Edjossan-Sossou, 2015).
Garantir la durabilité nécessite la construction d'un équilibre judicieux entre les trois piliers du
DD (figure 1.2) et les autres dimensions de la durabilité (technique, gouvernance et
institutionnelle) tout en évitant d'octroyer une importance disproportionnée à l'un ou à
l'autre afin d'augmenter les chances d'obtention d'une durabilité globale. Selon qu'on se
réfère à une seule composante, la durabilité d’une action peut être déclinée en durabilité
économique, environnementale, sociale, technique, gouvernance ou institutionnelle.

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 La durabilité économique s’exprime en termes de rentabilité continue


d’une action. Elle s’intéresse à sa cohérence économique, à la maîtrise de ses coûts
globaux et à ses retombées économiques directes/indirectes dans le but essentiellement
d’optimiser sa rentabilité et d’éviter de générer des charges d’endettement qui pourraient
être transmises aux générations futures.
 La durabilité environnementale met l’accent sur le maintien, et la
préservation, l’amélioration et la valorisation de l’environnement et des ressources
naturelles sur le long terme, en maintenant les grands équilibres écologiques, en
réduisant les risques et en prévenant les impacts environnementaux ;
 La durabilité sociale vise à ce que toutes les couches de la société
bénéficient, de façon impartiale, des fondamentaux du développement humain afin de
jouir d’une qualité de vie stable dans le temps ;
 La durabilité technique vise à ce que la gestion technique doit être fiable et
efficace, sur toute la durée de vie des infrastructures ;
 La gouvernance durable recherche l’efficacité des mécanismes de
gouvernance de la société ;
 La durabilité institutionnelle implique que les structures institutionnelles
existantes ont la capacité de persister dans le temps et de s’adapter aux chocs afin de
continuer à exercer leurs fonctions sur le long terme.
Alors que la recherche de la durabilité constitue plus que jamais une logique structurante
pour l’élaboration et la mise en œuvre de projets ou de politiques, le véritable défi pratique
est de mesurer le niveau de durabilité qui leur est associé (Kondyli, 2010). L’évaluation
apparaît alors comme un moyen stratégique pour l’opérationnalisation de cette notion.
1.4.1. Le besoin de mesurer le développement durable
Le rapport Brundtland aura inscrit la notion de développement durable à l'agenda politique
sur le plan international, mais c'est la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et
le développement de 1992 (Sommet de la Terre, Rio de Janeiro) qui permettra
d'opérationnaliser et de diffuser l'idée du développement durable.
La Déclaration de Rio a permis la sélection des principes généraux liés au DD, mais c'est
l'Agenda 21 qui offre un plan concret pour son adaptation. Chaque chapitre de l'Agenda 21
présente des recommandations dans un domaine particulier, par exemple : la lutte contre la
pauvreté, la protection de l'atmosphère, la lutte contre le déboisement, le renforcement du
rôle du commerce et de l'industrie, etc.
Le dernier chapitre de l'Agenda 21 aborde l'importance de mesurer le DD. Ce même
chapitre affirme que les indicateurs doivent mesurer la situation actuelle mais aussi
identifier la direction que doit prendre le développement pour qu'il soit durable. En fait, ces
indicateurs doivent mesurer une des dimensions au détriment des deux autres.
1.4.2. La création des indicateurs pour le développement durable
De nombreux chercheurs ont développé plusieurs outils pour mesurer l'état du
développement durable. Les méthodes de construction de ces indicateurs divergent
considérablement d'un auteur à l'autre, mais tous ces outils de mesure doivent prendre en
considération les différents éléments qui composent le développement durable (Bouni,
1998), soit les dimensions économiques, sociales et écologiques. Ces indicateurs sont des
éléments d'information qui doivent remplir quatre fonctions (Bouni, 1998):
i) Quantifier des phénomènes complexes ;
ii) Simplifier ces phénomènes afin de réduire le nombre de données à analyser ;
iii) Aider à la gestion dans le temps du développement ;
iv) Faciliter la communication entre les acteurs affectés par les phénomènes.

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Les deux premières fonctions sont liées à la construction de ces indicateurs, tandis que les
deux dernières sont liées à leur rôle dans la prise de décision. C'est dans cette optique et
selon les quatre fonctions identifiées que les indices agrégés de développement durable ont
été créés. Ces indices tentent de mesurer l'ensemble des éléments du développement
durable et de les quantifier de façon simple et claire afin que la communication entre les
acteurs puisse se faire sur des bases communes.
Malgré ces principes de base, mesurer le développement durable est une tâche complexe.
Tout d'abord, le développement durable comprend trois dimensions qui ont longtemps été
considérées séparément, donc les indicateurs qui existaient auparavant ne peuvent pas être
utilisés. Ces indicateurs spécifiques permettent de mesurer certains éléments du progrès
social, de la croissance économique ou de la protection environnementale, mais n'intègrent
pas les trois éléments et ne sont donc pas fondés sur les mêmes bases philosophiques que
le développement durable.
Une autre difficulté de la construction des indicateurs de développement durable est due au
flou définitionnel du concept.

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