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Étude

de cas
Cap-Vert
N°1

MICROPROJETS HORTICOLES

Rouillard Arnaud
Consultant FIDA
2019
Étude de cas : Analyse de l’impact des
microprojets horticoles basés sur la promotion de
technologies efficaces et efficientes de mobilisation
et de gestion de l’eau.
Juillet 2019

TABLE DES MATIERES


Résumé. – Le problème de l'eau est l'un des plus grands défis du Cap-
A I Historique du projet et des activités 1 Vert. Caractérisé par une sécheresse importante et récurrente depuis les
B 2 années 1960, le pays reçoit une pluviométrie limitée de 230 mm par an, où
I Groupes cibles et typologie des bénéficiaires
seulement 13% de ces précipitations contribuent à l'alimentation des nappes
C I Processus de mise en place 4
phréatiques tandis que 87 % circulent en surface ou s’évaporent (BAD, 2015). En
D I Analyse des initiatives 5
conséquence, le Cap-Vert est de plus en plus dépendant de l'eau dessalée pour sa
E I Conclusion 11
consommation. Environ 80% de l'eau destinée à la consommation domestique au Cap-Vert est dessalée et
à un coût énergétique élevé, avec une implication directe sur le tarif de l'eau considéré comme l'un des plus
Abréviations et acronymes élevés d'Afrique {…} La mobilisation des eaux de surface, l’utilisation rationnelle des eaux souterraines, le
recyclage des eaux usées et la conservation de l’eau constituent autant de solutions potentielles en particulier
dans le secteur agricole qui utilise près de 90% de l’eau prélevée (INE, 2017).
ACD Associations Communautaires de Développement Le coût du mètre cube d’eau, fortement corrélé au système énergétique utilisé pour sa mise en exhaure,
BAD Banque Africaine de Développement
influe négativement s ur l a valorisation d e l a ressource e n e au. C ette l imite f reine l e développement du
FRC Fonds de Réinvestissement Communautaire
secteur agricole augmentant ainsi la précarité et l’insécurité alimentaire pour les populations rurales qui
INE Institut National de Statistique
dépendent de ce secteur.
PLPR Programme de Réduction de la Pauvreté Rurale
POSER Programme de promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales
Dans ce contexte, le Programme de Promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales (POSER) a
PRLP Programmes Régionaux de Lutte contre la pauvreté Rurale
UCP Unité de Coordination du Projet appuyé la mise en œuvre de 541 microprojets économiques et sociaux qui ont permis notamment à 5 588
UT Unités Techniques bénéficiaires (37% de femmes et 15% de jeunes) de mettre en exhaure en moyenne individuellement 1 123
OM Opérateur de marché m2 pour la production horticole.
La mise en exhaure de ces périmètres en micro-irrigation a permis aux producteurs de diminuer de 82% leur
consommation d’eau agricole et de multiplier par 2,7 leur revenu d’exploitation.
m2 Mètre carré L’application de systèmes horticoles innovants promus à travers le POSER ont permis aux
m3 Mètre cube bénéficiaires de passer d’un revenu net d’exploitation de 0,65 USD/m2 en système traditionnel à 1,66
USD US Dollar USD/m2 en système solaire avec micro-irrigation.
CVE Cape Verdean Escudo
ha Hectare À travers cette étude, nous analysons l’impact des microprojets horticoles basés sur la promotion de
% Pourcentage technologies efficaces et efficientes de mobilisation et de gestion de l’eau. Par une analyse comparative des
L Litre différents systèmes maraîchers mis en place au Cap-Vert, nous étudions les performances socio-économiques
et agro-environnementales des modèles maraîchers mis en exhaure par système solaire et irrigués avec
Conversion : goutte-à-goutte. Cette capitalisation des expériences et des innovations aura pour but d’identifier les
1 USD = 99,3182 CVE modèles productifs et durables en vue de leurs mises à l’échelle.

Key figures microprojets horticoles :


Montant investit1 : 9,7 millions d’USD

Nombre de bénéficiaire : 5 588

Part de femmes : 37%

Augmentation de la production : +74%

Diminution de la consommation d’eau agricole : -82%

Diminution du prix du m3 d’eau : -49%


1
Montant total investit sur la composante 1 au 30/06/2019
1 2

PRESENTATION
A. Historique du projet et des activités: jeunes), et ce en: (i) soutenant le choix des
bénéficiaires relatif aux microprojets en faveur
1. Le POSER financé en 2014 par le d’activités pérennes génératrices de revenus
gouvernement du Cap-Vert, le FIDA et le Fonds ; (ii) s’assurant que les activités économiques
fiduciaire espagnol, succède au Programme de agricoles mises en œuvre par les bénéficiaires
Réduction de la Pauvreté Rurale (PLPR) qui a duré contribuent à leur sécurité alimentaire, notamment
12 ans (2000-2012). en réduisant leur dépendance aux importations
Avec la mission d'évaluation à mi-parcours de de produits alimentaires ; (iii) garantissant que
2012, des changements stratégiques ont eu lieu les revenus perçus de ces activités économiques
dans la mise en œuvre du POSER, mettant contribuent à l’amélioration des conditions de vie des
davantage l'accent sur la mise en œuvre de projets bénéficiaires. pauvreté rurale (composante 1).

structurants, concordant avec la vision stratégique Les ressources du programme ont été, au fil

(2014-2018) de la politique gouvernementale de 2. Le POSER a apporté un appui et un des années, concentrées sur le financement des

"Transformation du secteur agricole". D’un point accompagnement ciblés aux principales difficultés projets structurants consacré majoritairement à

de vue institutionnel, cela s’est traduit par le des producteurs, à savoir : (i) des précipitations la réalisation d'infrastructures hydroagricoles.

changement de tutelle du Ministère du Travail, de la irrégulières et mal réparties dans le temps et l’espace Les projets structurants permettent d'optimiser la

Formation professionnelle et de la Solidarité sociale ; (ii) la diminution de la fertilité des sols et le faible mise en œuvre des microprojets individuels et collectifs

au Ministère de l'Agriculture et de l'Environnement. niveau d’utilisation de semences de qualité ; (iii) la à travers la mise en exhaure de périmètres donnés et de
baisse de la main-d’œuvre familiale liée à l’émigration pouvoir notamment : (i) répondre aux problématiques

À travers sa stratégie, le POSER a pour objectif vers les zones touristiques ; (iv) la diminution d’accès à l’eau ; (ii) élargir la portée des interventions ; (iii)

de contribuer à l’accroissement des revenus des du revenu d’exploitation et la faible capacité de regrouper les bénéficiaires autour du capital productif et ainsi

populations rurales en promouvant la création financement. augmenter l’efficacité sur le terrain ; (iv) augmenter la résilience

d’opportunités économiques inclusives et durables des exploitations cibles

dans les zones rurales. 3. Entre 2013 et 2019, le POSER a mobilisé et


Le but est de favoriser l’emploi à long terme pour décaissé 62% de son budget total pour la mise en
les ruraux pauvres (en particulier des femmes et des œuvre des programmes régionaux de lutte contre la

1
Au 30/06/2019, sur l’ensemble des financements extérieurs effectivement mobilisés pour la mise en œuvre du programme (24,504
millions USD), le POSER a décaissé 15,669 millions USD, soit 64% des fonds mobilisés.
3 4
B. Groupes cibles et typologie des Le financement des infrastructures des microprojets est
bénéficiaires : pris en charge en moyenne à 80% par le projet et 20%
4. La stratégie de ciblage basée sur un mécanisme par les producteurs bénéficiaires en nature. Cette part
d’auto ciblage des ruraux pauvres par les Commissions en nature peut comprendre : (i) la mise à disposition de
Régionales de Partenaires et les Associations terres ; (ii) la mise à disposition de main d’œuvres ; (iii)
Communautaires de Développement (ACD), a permis la mise à disposition d’autres biens matériels.
d’atteindre les couches les plus vulnérables et ainsi
d’appuyer 11 955 bénéficiaires directs ruraux. Les Avec l’expertise technique de l’UCP et des techniciens,
bénéficiaires visés sont : le montant du microprojet est déterminé en fonction
- Les individus ou ménages les plus vulnérables, des investissements nécessaires. Une fois déterminée et
c’est-à-dire les individus/ménages qui n’ont pas d’accès validée, une convention est signée entre la commune, les
à la terre et au crédit pour développer leurs activités, producteurs et le projet.
sont en situation de famille nombreuse avec un nombre Les coûts d’investissement varient de 34 000 à 91
élevé d’enfants mineurs à charge, et ont des capacités de 000 USD en fonction des infrastructures3 nécessaires à
production limitées et des revenus agricoles bas ; réhabiliter ou à construire pour la mise en valeur des
- Les femmes (jeunes filles et femmes) en particulier parcelles irriguées.
chefs de ménages ; Un microprojet couvre en moyenne 3,4 ha et appuie 40
- Les jeunes ruraux sans emploi et sans possibilité producteurs pour un budget moyen de 3 000 USD par
d’avoir accès au crédit. producteurs.

La priorité est accordée aux jeunes et aux femmes. Au 6. Du financement à la pérennisation des
niveau du POSER, 45% des bénéficiaires totaux sont des microprojets :
femmes. Concernant la sous-composante des microprojets Après validation du financement, la commune et les
agricoles, 37% des parcelles sont exploitées par des partenaires techniques assurent le suivi des différentes
femmes. phases du projet à travers une commission de travail
visant à garantir la durabilité du projet. À travers
cette dynamique, les acteurs en charge doivent assurer
C. Processus de mise en place : la continuité de la l’activité dans la phase post-
5. De la sensibilisation au financement du investissement.
microprojet agricole : Au niveau de chaque microprojet, un technicien du
Dans un premier temps, l’Unité de Coordination du Ministère en charge l’Agriculture intervient dans le suivi et
Projet (UCP) ainsi que les partenaires du projet : le conseil aux exploitations. Ces techniciens horticoles ont
a) Sensibilisent et informent sur les actions d’appui du pour rôle de faire le lien entre le projet et les bénéficiaires,
POSER à travers des assemblées communales, dans et sont en charge : (i) du transfert de compétences et de
chaque zone d’intervention. capacités ; (ii) du conseil et du suivi agricole ; (iii) de
b) Présentent les critères d’éligibilité et les modalités de l’appui à la commercialisation.
participation pour le financement des microprojets. Le montant investi dans le microprojet s’inscrit dans la
c) Centralisent les demandes des ACD au niveau des stratégie de Fonds de Réinvestissement Communautaire
unités techniques, caractérisent et analysent les demandes (FRC). L’objectif du FRC est de : (i) garantir la
avec l’appui technique du ministère de l’Agriculture et pérennité du fonds du PRLP afin de mettre en place de
déposent les demandes de financement pour approbation. nouvelles activités de développement communautaire ; (ii)
responsabiliser les ACD par rapport au développement
La viabilité économique et financière de chaque du pays ; (iii) responsabiliser les bénéficiaires par rapport
microprojet est évaluée par le point focal en charge au à leur propre développement socio-économique ainsi
sein de l’UCP. que celui de la communauté.Cela vise à donner aux
bénéficiaires les plus vulnérables des moyens d’accéder à
2
Processus de ciblage basé sur l'identification et la sélection des bénéficiaires des microprojets, à partir des assemblées communautaires afin que le programme atteigne les principaux groupes cibles.
3
De manière générale, la mise en exhaure de périmètre horticole comprend : (i) un forage ; (ii) deux réservoirs ; (iii) un système de pompage solaire ; (iv) un kit de goutte à goutte par bénéficiaire ; (v) l’aménagement et la délimita-
tion physique des parcelles.
5 6
des instruments de financement plus sophistiqués et de les 9. Analyse technico-économique :
60

Prix du mètre cube d'eau (CVE/m2)


accompagner à mettre en œuvre des activités économiques Les deux zones retenues pour la réalisation de l’étude 50
plus ambitieuses. sont géographiquement, socialement et économiquement 40

Dans la lignée du FRC, les investissements peuvent être différentes. L’étude a été réalisée dans 12 communes des 30

amortis à travers : (i) un coût additionnel imputé par îles de Santiago et de Santo Antão, avec la participation 20

mètre cube d’eau consommé par le producteur durant de 70 exploitants. Les entretiens se sont déroulés de 10

les 5 premières années ; (ii) un système de fermage manière semi-directive avec l’appui des Unités Techniques 0
S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S11 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S11
induisant une charge locative imputée semestriellement (UT) et de l’UCP. Système t hermique Système p hotov olt aïque
ou annuellement sur le résultat de l’exercice. Fig.2 Évolution du prix du m3 d'eau entre un système thermique et un système photovoltaïque. Source : Rouillard, 2019.
S1,...,Sn = Site
À travers une analyse comparée de la performance
financière des modèles agricoles mis en place5 , nous avons L’analyse de la marge nette/m2 nous indique que dans Le revenu net, fortement corrélé au coût total de l’eau,
D. Analyse des initiatives : déterminé le revenu d’exploitation par individu tiré de 60% des cas, les techniques de production sont identiques varie en moyenne de 0,65 à 1,66 USD/m2 à production
8. Résultats majeurs : l’activité horticole (cf. Tableau 1). En outre, l’exploitant impliquant des charges opérationnelles par mètre carré et prix constant, en fonction du type de modèle mis en
La mise en exhaure de périmètres avec système dégage en moyenne une marge brute de 2,53 USD/m . 2
similaires et en moyenne de 0,58 USD/m . 2
place (cf. Fig.3).
photovoltaïque associé à la micro-irrigation a permis Lors de l’étude, nous avons constaté que la vente groupée En outre, entre un système d’agriculture intensive et un
700

d’obtenir des résultats majeurs sur l’activité horticole et n’est quasiment pas pratiquée. Ainsi, 9 bénéficiaires sur système d’agriculture biologique la variation de charge 600

la gestion de la ressource en eau. 10 font de la vente en direct sur les marchés communaux est de ± 62%. 500

Les productions sur les différentes spéculations (ici, pomme de manière individuelle. Les prix de vente sur les marchés Calculée après déduction des charges opérationnelles, la

Revenu net par m2 (CVE)


de terre, patate douce, tomate et carotte) ont augmenté à l’échelle régionale (même zone géographique) subissent marge nette/m2 est en moyenne de 1,95 USD/m2.
400

de 74%, et les ventes ont augmenté de 40% en termes une variation de ± 12%. À l’échelle nationale, entre les 300

de production agrégée. L’augmentation de la qualité des îles de Santiago et Santo Antão, les prix de vente subissent Les charges de structure sont propres à chaque individu 7
200

produits ainsi que les formations en commercialisation une variation de ± 37%. et calculées par parcelle. Pour les principales opérations
ont permis aux producteurs d’augmenter les prix de vente Les bénéficiaires rencontrés ne traitent avec aucun culturales8, la quasi-totalité des producteurs rémunèrent
100

par 32,2%. La surface moyenne emblavée par individu a Opérateur de Marché (OM) national et international en moyenne 4 prestataires de services extérieurs par 0
- 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0

été multipliée par 1,4 et est actuellement de 1 123 m . 2


dû: (i) à un manque de planification dans la production campagne (de 1 à 3 jours). Prix du m3 d'eau (CVE)

Fig.3 Évolution du revenu net par m2 en fonction du prix du m3 d'eau. Source


L’utilisation de technologies efficientes et la meilleure ; (ii) aux difficultés à obtenir et à maintenir la qualité En moyenne, les charges de structure par individu s’élèvent : Rouillard, 2019.
gestion de l’eau permettent d’économiser 80 à 90% d’eau recherchée par l’OM ; (iii) à l’isolement géographique à 348 USD dont 63% sont liées aux coûts de l’eau. La
en fonction des périmètres.Les ménages bénéficiaires ont des producteurs et leurs manques d’accès aux réseaux de consommation d’eau par m2, varie de ±82% entre micro- L’activité de maraîchage représente 90% du revenu total
noté une diminution de 55% des dépenses ménagères et 4
commercialisation. De plus, le manque d’infrastructures irrigation et irrigation traditionnelle (cf. Fig.1). d’exploitation et génère en moyenne un revenu net de
ont en moyenne multiplié par 2,7 leur revenu brut annuel de stockage et de transformation contraint les producteurs Au niveau national, la gestion de l’eau diffère en fonction 2004 USD par an soit 28% de plus que le SMIC10 national.
en 3 ans. aux fluctuations annuelles du marché local ou régional. des zones et des agences (privées ou publiques), impliquant Après discussion avec les différents bénéficiaires, il est
8000 600 une variation du coût de gestion de l’eau. apparu que la surface agricole exploitée était au maximum
Les charges de structure augmentent en fonction du de 1600 m2 en rotation et à force de travail inélastique.
7000
500
système de pompage et du type d’irrigation mise en place. Grâce à la mise en place de la micro-irrigation, les
Consommation d'eau annuel (m3)

6000
On distingue qu’en fonction du système de pompage producteurs gagnent en moyenne 4 heures de travail par
Charges par m2 (CVE)

400
5000 thermique ou photovoltaïque mis en place le coût du jour et ont diminué la force de travail nécessaire par 60%
4000 300
mètre cube d’eau varie respectivement de ± 49%. (cf. comparativement au modèle d’irrigation traditionnel.
Fig.2).
3000
200
Tableau 1: Analyse comparative entre les différents systèmes horticoles mis en
2000
Le revenu net d’activité par individu a été calculé par place.
100
1000 campagne agricole, et prend en compte l’aide périodique Consommation
d'eau
Total des
charges
Revenu net
(CVE/m2)
(L/jour/m2) (CVE/m2)
familiale (en moyenne 2 personnes), ou l’appui par un
0 0
S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 individu extérieur. Ici, ces aides ont un faible impact Modèle 1 : Système de pompage Entre 7 et 9 188 65
Tradi tionnel Mi cro-irri gation thermique avec irrigation traditionnelle

Consommation d'eau en m3 Charges liés à la consommation d'eau par m2


sur l’offre travail totale, et n’ont donc pas été prises en Modèle 2 : Système de pompage Entre 2,5 et 4 128 125
thermique avec micro-irrigation
compte dans l’analyse.
Fig.1 Évolution des coûts de production par m2 en fonction du système d'irrigation mis en place. Source : Rouillard, 2019 Modèle 3 : Système de pompage solaire Entre 6 et 8 120 133
avec irrigation traditionnelle

Modèle 4 : Système de pompage solaire Entre 2,5 et 4 87 166


4
Ensemble des dépenses du ménages liés à l’achat d’aliments et de produits ménagers. Ici, la diminution est en majeur partie dû à l’augmentation de la production disponible pour l’autoconsommation.
5
Modèle 1 : Système de pompage thermique avec irrigation traditionnelle; Modèle 2 : Système de pompage thermique avec micro-irrigation ; Modèle 3 : Système de pompage solaire avec irrigation traditionnelle ; Modèle 4 : Système avec micro-irrigation.
de pompage solaire avec micro-irrigation.
6
Charges opérationnelles sont liées au fonctionnement de l'outil de production et/ou de distribution de l'entreprise. Les charges opérationnelles sont le plus souvent variables avec le niveau d'activité de l'exploitation sans que cette Source : Rouillard, 2019.
variation soit nécessairement proportionnelle. Ici les charges comprennent les coûts des : (i) engrais ; (ii) semences ; (iv) produits phytosanitaires.
709 108

ADOPTION & ADAPTATION Grâce


du
à la mise
goutte-à-goutte,
en place
les
innovants et sur la préparation
de fertilisants organiques et
sable p our moins de 70 USD
/mois, les pro ducteurs sont
pro ducteurs économisent de p esticides biologiques. aujourd’hui en capacité : (i)
jusqu’à 90% d’eau Grâce à ces formations, les de scolariser davantage leurs
contrairement au système b énéficiaires ont pu diminuer enfants ; (ii) d’épargner et de
traditionnel. L’eau de de 76% l’utilisation de souscrire à des emprunts ; (iii)
surface collectée non loin pro duits phytosanitaires. d’améliorer leur système de
du p érimètre (à la salinité Les b énéficiaires cultivent 6 santé ; (iv) de faire davantage
T é m oi gn a g e de l 'ACD de Mo í a- Mo í a : élevée) est diluée avec l’eau nouvelles esp èces horticoles de dons lors d’évènements
du forage afin d’augmenter et pro duisent toute l’année (3 communautaires.
Situé dans la région de Santiago Sud, l’ACD de Moía-Moía est appuyé par le POSER de puis la quantité totale d’eau à 4 cycles par an). Grâce au
2017 p our la mise en exhaure d’un p érimètre horticole de 2,5 ha en micro-irrigation à l’ aide disp onible . pro jet et à l’amélioration de
d’un système photovoltaïque. la qualité de leurs pro duits,
A fin d’acquérir les les b énéficiaires ont augmenté
Les membres de l’asso ciation pratiquaient l’activité maraîchère avant le pro jet, mais à infrastructures, le groupement a de 32% leurs prix de vente.
travers le POSER, l’accès à l’eau a été facilité et son coût a diminué de 67% grâce au investi 3 8 62 U S D (cf. chap.
système de p ompage solaire. C §5) sur un montant total de Impact : Les b énéficiaires
Ainsi, les différents membres ont pu augmenter la surface agricole exploitée par 30%, et 5 9 000 USD. témoignent avoir
multiplier leurs pro ductions par deux. En quelques années, le maraîchage est passé d’une significativement amélioré
activité de subsistance à une activité génératrice de revenus. Dès lors, le revenu par Les b énéficiaires ont reçu leur qualité de vie.
individu a été multiplié par deux dans certains ménages. des formations sur la mise en Auparavant contraint de
place d’itinéraires techniques travailler dans l’extraction de

7
Charge de structure, est une charge liée à l’existence de l’entreprise. Elle n’est pas fonction de l’activité, c’est-à-dire qu’elle demeure indépendante du niveau de production. Ici les charges comprennent les coûts des : (i) transports et
carburants ; (ii) entretiens et achat de petit matériel agricole ; (iii) les travaux par des entreprises extérieurs ; (iv) le prix du m3 d’eau et la consommation annuelle.
Les opérations culturales majeurs sont dans notre cas : (i) la préparation du sol et le semis ; (ii) la récolte.
8

Le coût du mètre cube d’eau comprend : (i) l’amortissement des charges de structures lié à la mise en exhaure ; (ii) la gestion et la distribution de l’eau ; (iii) le coût de la matière première.
9

SMIC Cap-verdien en date de 01 janvier 2019 fixé à 13 000 CVE par mois. Source : https://tradingeconomics.com/cape-verde/indicators
10
9 10
10. Analyse agro-environnementale : Grâce à la mise en place d’itinéraires techniques adaptés,
Les résultats montrent qu’en moyenne sur la surface les bénéficiaires ont augmenté de 74% leurs productions
agricole utile mise en exhaure par exploitant, 79,5% de sur les principales spéculations horticoles. Or, comme
la surface est réellement emblavée. Chaque exploitant nous montre l’analyse du produit brut d’exploitation, les
emblave 600 à 1 600 m en rotation sur des planches 2
rendements à l’hectare sont encore assez faibles.
de 10m . L’assolement a été diversifié et 5 nouvelles
2
Les pertes liées à la pression des bio agresseurs, et
spéculations ont été introduites. En moyenne, une année l’utilisation de variétés inadaptées et peu productives
de production est scindée en 3 cycles de 90 à 120 jours restent les principaux facteurs limitants. Dans ce sens,
chacun. Le choix de l’assolement est guidé par la rusticité accroître la diversité de plantes au sein des systèmes
des cultures et leur bon comportement potentiel selon les agricoles, en augmentant le nombre d’espèces en rotation
saisons (saison sèche de novembre à juin ; saison humide et/ou en diversifiant spatialement le nombre d’espèces, à
de juillet à octobre) et les zones géographiques (cf. Fig. travers notamment l’association culturale, offre un intérêt
4). Ainsi, les variétés robustes nécessitant peu d’eau sont significatif (Finney et al., 2016)11.
favorisées.
Santo Antão Santiago Sud

120 70 100 70
60 Précipitations (mm) 60
Précipitations (mm)

100 80

Température (°C)
Température (°C)

50 50
80 60
40 40
60
30 40 30
40 20
20
20
20 10 10

0 0 0 0
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D

Précipitations (mm) Température moyenne (°C) Précipitations (mm) Température moyenne (°C)

Fig.4 Diagramme ombrothermique, des stations de Santiago Sud et Santo Antão. Source : Climate-Data, 2019.

À travers le POSER, les bénéficiaires ont été formés à : Lors des visites terrain, il est apparu que les bénéficiaires
(i) l’utilisation et la préparation de substrat organique de avec l’appui des techniciens intensifiaient la diversité
qualité ; (ii) la préparation et l’application de pesticides d’espèces dans le temps et l’espace à travers la rotation
et fongicides biologiques ; (iii) l’application des bonnes et l’association de cultures. Ce type de modification de la
pratiques agricoles et itinéraires techniques améliorés ; diversité fonctionnelle à travers l’association de cultures
(iv) produire des plants en pépinière ; (v) gérer et planifier permet : (i) de mieux gérer la pression bio agresseurs
de manière raisonnée la ressource en eau en fonction du et la flore parasitaire ; (ii) d’enrichir le sol en éléments
stade phénologique de la culture. minéraux ; (iii) d’améliorer la capacité hydrique du sol.

Les bonnes pratiques agricoles mises en place, ont permis Au Cap Vert, 70 % de la ressource en eau mobilisée sont
aux producteurs interrogés de diminuer en moyenne de utilisés pour l’irrigation agricole. En 2017, 4,5 millions
83% l’utilisation d’intrants de synthèse. de m3 d’eau ont été consommés à l’échelle nationale pour
Dans la zone de Santiago Sud et Nord, les bénéficiaires l’irrigation traditionnelle et la micro-irrigation dans le
d’un même projet (en moyenne 27) sont accompagnés par secteur agricole. Sur les 3 913 ha irrigués, seulement 21%
un technicien agronome à raison de : (i) 3 à 4 jours/ sont irrigués par micro-irrigation. De récents travaux
semaine lors du premier cycle ; (ii) 1 fois/semaine lors du montrent le potentiel du dessalement des eaux saumâtres
deuxième cycle ; (iii) sur demande lors du troisième cycle. par osmose inverse avec système solaire pour augmenter
Aux termes de 3 ans d’accompagnement et de formation, la quantité d’eau agricole disponible (capacité de 40m3/
70% des bénéficiaires se disent confiants avec ce qu’ils jour) à des coûts compétitifs (cf. Osmosun© by Mascara)12.
ont appris et mettent en pratique sans difficultés les La consommation en eau des cultures observées13 est de
itinéraires techniques co-conçus dans le cadre du projet. 7 à 9 L/m2/jour , contre 2,5 à 4 L/m2/jour14 en micro-
irrigation. La mise en place de système « goutte à goutte»
permet donc d’économiser en moyenne 82% d’eau
comparativement à un système traditionnel.
11 12
producteurs sont centrés bien généralement sur le marché

CONCLUSION local et/ou un unique partenariat commercial avec un


OM. Cette situation fragilise la capacité de résilience des
exploitants en cas de choc.
Il serait ici intéressant de diversifier les partenaires
commerciaux, et se centrer sur des segments de
commercialisation axés sur la qualité (label/certification
11. Comme nous avons pu le voir préalablement, de renforcer les capacités des producteurs à travers les bio.) ou de produits transformés, afin d’atteindre des
la mise en place de microprojets horticoles basés sur la CEP, de promouvoir et d’intensifier des pratiques agro marchés nationaux et internationaux de niche.
promotion de technologies efficaces et efficientes semble écologiques adaptées au contexte Cap-verdiens15.
avoir un impact significatif sur la mobilisation et gestion 14. Capital environnemental
de la ressource en eau. De plus, le modèle promu a permis Point de vigilance : Grâce au solaire, le système d’exhaure est plus durable
de renforcer le capital humain, financier, social, physique Il a été démontré lors de l’étude que le suivi des parcelles comparativement à un système d’exhaure thermique. Les
et environnemental des producteurs appuyés. par un technicien dans certaines zones enclavées se faisait techniques promues à travers le projet semblent être plus
Bien que le modèle semble être attractif et pertinent pour de manière quasi mensuelle. Ici, il serait nécessaire qu’un résilientes et ont permis notamment de diminuer de
de futurs jeunes exploitants/entrepreneurs, un certain suivi plus régulier soit mis en place afin de permettre aux plus de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires
nombre d’améliorations organisationnelles, agronomiques producteurs : (i) de mieux coordonner leurs productions et de diminuer significativement la consommation de la
et environnementales peuvent être apportées dans le ainsi que leurs ventes ; (ii) d’optimiser la quantité d’eau ressource en eau.
but d’augmenter la résilience et la durabilité face aux nécessaire en fonction de la culture et de son stade
changements climatiques à venir. phénologique ; (iii) de faire davantage de prophylaxie sur Box 3. Point à approfondir :
les bio agresseurs rencontrés et ainsi diminuer les pertes. À la suite des entretiens avec les bénéficiaires il est
12. Capital humain et social apparu de manière récurrente que la pression des bio
Les connaissances et les compétences apportées par le 13. Capital physique et financier agresseurs restait l’un des principaux facteurs limitants
projet ont été pertinentes et ont permis d’accompagner Les bénéfices nets générés par le modèle ont permis aux de l’exploitation (pertes importantes et charges
les bénéficiaires : (i) dans la transition écologique bénéficiaires d’améliorer significativement leurs niveaux opérationnelles élevées). La littérature récente monte
des systèmes traditionnels ; (ii) dans la mise en place de vie et d’augmenter significativement leurs revenus que la lutte physique notamment à travers la culture
de techniques innovantes permettant de diminuer nets d’exploitation. Afin d’améliorer leur capital sous filet permet une réelle intensification écologique (cf.
significativement la consommation d’eau et d’augmenter productif, les producteurs ont investi dans le goutte-à- Martin et al., 2019 ; Mensah Armel et al., 2016)16. Ainsi,
leur rentabilité financière. goutte pour augmenter l’efficience de leurs interventions en couvrant les cultures, le filet permet : (i) d’atténuer
En parallèle de la création directe d’une nouvelle activité au champ. les excès climatiques (chaleur élevée) ; (ii) diminuer
génératrice de revenus (ici la production horticole), l’évapotranspiration relative ; (iii) diminuer l’utilisation
le microprojet agricole permet la création d’emplois Box 2. Point à approfondir : d’insecticides ; (iv) augmenter la rentabilité économique
indirects dans : (i) la construction des infrastructures Lors de l’étude, il est apparu que les bénéficiaires ont des cultures.
hydroagricoles ; (ii) la gestion et la distribution de l’eau ; des difficultés à écouler leurs productions et vendre à un Enfin, l’association culturale avec des Plantes de Services
(iii) le conseil et le suivi des exploitations. Ainsi, ce type prix rémunérateur. Cela s’explique notamment par le fait (PdS) et le maintien d’un couvert végétal mort ou
d’emplois à vocation des jeunes permet de dynamiser que au sein d’une même ACD ou d’un même périmètre vivant pendant la culture permettrait : (i) d’améliorer
l’activité en ruralité et limiter l’exode rural des irrigué, les producteurs n’ont pas de calendrier de cultures significativement l’activité biologique du sol cultivé
jeunes. commun et concerté et vendent individuellement sur les et ainsi d’accroître le potentiel hydrique du sol ; (ii)
marchés. Ainsi, l’offre sur les différentes spéculations est de diminuer le lessivage des éléments minéralisés au
Box 1. Point à approfondir : insuffisante pour répondre aux demandes de certains OM. stade précoce de la décomposition, permettant ainsi de
Un certain nombre de formations transversales et Il serait intéressant ici de : (i) créer des points de collecte maintenir la composante azotée dans le sol.
techniques ont été organisées en vue de renforcer les et de vente ; (ii) centraliser les productions et proposer
capacités des bénéficiaires. Or, il est apparu lors de l’étude des volumes plus importants aux opérateurs de marché
que les exploitations manquaient de compétences et de ; (iii) maintenir un partage des bénéfices de vente au
connaissances en : (i) éducation et gestion financières prorata du volume de produit par individu.
; (ii) marketing et commercialisation ; (iii) gestion
entrepreneuriale. Point de vigilance :
Actuellement, le type d’agriculture promu se rapproche La démarche de partenariat avec des OM permet de
des pratiques de l’agriculture biologique. Ces dynamiser fortement les filières régionales. Elle permet
techniques ont permis aux bénéficiaires de diminuer aux producteurs de garantir les ventes d’une partie de
leur consommation d’intrants, d’eau, et d’atteindre des leurs productions, et donc de faciliter les perspectives
niveaux de production suffisants. Ici, il serait intéressant d’extensions à moyen terme. Or, il est apparu que les
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Finney D.M., White C.M., Kaye J.P. (2016). Biomass Production and Carbon/Nitrogen Ratio Influence Ecosystem Services from Cover Crop Mixtures. Agronomy Journal 108: 39-52.
12
Source : https://mascara-nt.fr/en/applications/
13
Cultures prédominantes à savoir : Tomate, pomme de terre, patate douce, carotte, piment
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Ici, la quantité d’eau nécessaire augmente entre la période « levé-floraison » et « floraison-maturité ».
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(i) diversification et rotation culturale ; (ii) agroforesterie ; (iii) intégration d’agriculture-élevage ; (iv) gestion et conservation des sols et de l’eau ; (v) lutte biologique et mécanique ; (vi) semences paysannes.
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Martin Thibaud, Parrot Laurent, Belmin Raphaël, Nordey Thibault, Basset-Mens Claudine, Biard Yannick, Deletre Emilie, Simon Serge, Le Bellec Fabrice. 2019. Des filets anti-insectes pour faciliter la transition agro-écologique en Afrique. In : La transition agro-écologique des agricultures du Sud. Côte François-Xavier (ed.), Poirier-Magona Emmanuelle (ed.), Perret Sylvain (ed.), Roudier Philippe(ed.), Rapidel Bruno (ed.), Thirion Marie-Cécile (ed.). Versailles : Ed. Quae, 104-124. (Agricultures et défis du monde) ISBN 978-2-7592-2824-9. / Mensah
Armel, Simon Serge, Assogba Komlan Françoise, Adjaïto L., Martin Thibaud, Ngouajio Mathieu. 2016. Intensification de la culture de tomate sous abri couvert de filet anti-insectes en région chaude et humide du Sud-Bénin. Science et Technique - Revue Burkinabé de la Recherche. Série Sciences Naturelles et Agronomie (2), h.s. : 267-283.
DIRECTEURS DE L'ÉTUDE :
M. THIERRY Benoit - IFAD
M. KABORÉ Jean Pascal - IFAD

REMERCIEMENT :
Mes remerciements vont tout d’abord à Monsieur Kaboré Jean
Pascal pour m’avoir donné l’opportunité de réaliser cette étude, et
m’avoir fait confiance tout au long de ma mission.
Je remercie également toute l'équipe de l'UCP POSER pour leur
bienveillance et leur appuie durant la réalisation de cette étude.

CONTACT:
M. ROUILLARD Arnaud

Ingénieur en Agronomie et Développement Rural


Consultant IFAD
rouillard.consultant@gmail.com
+ 221 7.77.96.22.32 (SN)
+ 33 6.38.92.29.92 (FR)
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CREDIT PHOTO© : ROUILLARD Arnaud

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