Archives Marocaines Vol.9
Archives Marocaines Vol.9
Archives Marocaines Vol.9
MAROCAINES
9
1906
KRAVS REPRI NT
NENDELN/L1ECHTENSTEIN
1980
ARCHIVES
MAROCAINES
PUBLICATION
DE LA
~ I I S S I O N SCIENTIFIQUE DU MAnoc
VOLUME IX
PARIS
EHNEST LEROUX, DITEUR
28, RUE BONAPARTE, VI
t906
KRAUS REPRINT
Nendeln/Liechtenstein
1980
First reprinted 1974
Second reprint 1980
, i
UA Il
. ~ . _ - . ~ .
Rimpression avec accord des Presses Universitaires de France
108, Boulevard Saint-Germain. Paris Vie
KRAUS REPRINT
A Division of
KRAUS-THOMSON ORGANlZATlON LIMITED
Nendeln/Liechtenstein
1980
TABLE DU TOME IX
(1906j
EUGf:NE .FuMEY
Pages.
IX
CHRONIQUE DE LA DYNASTIEAf..AOUIE DU MAROC
Dynastie des chrlCs Sijilmsis de la Camille de 'Ali Echchrif; leur
gnalogie et leurs dbuts. . . . . . . . . . . . . . . .
Arrive. de Molay ElJ:1san ben Qslll au Magrib: il s'tablit
Sijilmsa.. . . . . . . . . . . . . .'. . . . . .. ;1
Postrit de Molay l:Iasan ben Qsm, son dveloppement dans le
Magrib, et quelques traits de Molay (Ali EchchrlC. . . . .. 7
Comment Molay EchchriC ben 'Ali arriva au pouxoir ; lutte entre
lui et Bo l:Iasson Essmlli surnomm Bo Dm'a. . .. iii
mirat de MoOlay MJ:1ammed ben EchchriC: sa proclamation
Sijilmsa; causes de ces vnements. . . . '.' . . , HI
Molay MJ:1ammed conquip-rt le DI'' et en chasse Abo l:Iasson
Essmlli. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 20
Affaire d'Elq 'a qui survint entre Molay MJ:1ammed ben EchchriCet
les gens de la Zouyat Eddil: ses consquences.. . . , ., 21
Molay MJ:1ammed ben EchchriCprend Fs, puis J'abandonne la mort
de Si di Mo!)ammed El 'ayychi. . . . . . . . . . . . ,. 25
Molay MJ:1ammed ben EchchriC prend Oujda et dirige des incur-
sions sur Tlemsn et ses environs; consquences de ces actes. 26
'Olsmn Pacha, dey d'Alger, crit Molay M1,lammed : correspon-
dance change entre eux cette occasion '. . . . . . . .. 28
Rvolte du moqaddim Abol 'abbs Geln ElgoroCti dans
la rgion dElhibt . . . . . . . . . . . . . . . . ., HG
Mort de Molay EchchrlC ben 'Ali. . . . . . . . . . 37
Incursion de Molay M1,lammed ben Echchrif chez les 'Arabs
EIJ:1ayna des environs de Fs, et ses consquences.. . . .. 38
Rvolte de.Molay Errechld ben Echchrif contre son frre Molay
Mhammed 'et meurtre de ce dernier. . . . . . . . . .. :{!I
du Prince des Croyants Molay Errechld ben Echchrlf. . 4:!
II ARCIIIVES
Pages,
Prise de Tza et de Sijilm:isa, et faits qui se placent entre ces deux
vnements.. . , . . , . . . . . . . . . . . '. 44
Sige ct pri!le de Fs: chtiment inOig aux rvolts . . . . " 4/l
Pl'ise de la Zouyat Eddih\; exil de ses membres il Fs i vne-
ments qui en Ront la suite.. . . . . . . . . . . . . ,. 4H
Conqute de Morrkch ct meurtre de l'mir BoO Dkeur Echchebtlni
et de ses partisans. , . . . . . . . 51
Construction du pont de l'Oued Sbou, prs de Fs. . . . . " &2
Conqute de TroOdnt, d'IIIg et de tout le Sos. , , , " 53
Constitution du guch des leur origine; explication de
leur dnomination. , , . . . . . . . . . . , . " 54
Mort du Prince des Croyants Molay Errechid. . . . . . . " 56
Rgne du Prince des Croyants victorieuxpar Dieu AboOnnal;lr MoOlay
lsm 'il ben Echchrif . . . , . . , . , . . , . . . 611
Rvolte de MoOlay Abol'abbs Al,lmed ben Mal}rz ben Echchrlf,
et lin de ce dernier. . . . . . . . , .. 60
Rvolte des gens de Fs,qui tuent le qd Zd:\n et proclament Ben
Mal,lrz ; sige de la ville par le Sultan. , . . . . . , 61
Le Prince des Croyants, Molay Ism 'il, reconstruit MknAst
Ezzton et en fait sa capitale, , , . . . . , 63
Arrive il MorrAl,ch de Molay AI,Imed ben Mal.lrt-z, qui prend la
ville; le Sultan se met en route pour aller l'y assiger. . '. 6&
Formation du guch t) Elodya, ses diverses fractions et leurs
origines. . . . . . . . . . , , . , . , . . . 66
Rvolte des Berbers, partisans des Dils qui se runissent autour
d'un des membres de cette famille, Al,lmed ben 'AbdallAh; le Sul
tan les rduit. , . . . . . . . .' . , . . . . . . " 70
Heconstruction de la capitale de MknAst Ezzton. . . , " 7l
Cration du guch " des 'Abids d'ElbokhAri i son origine et expli-
cation des noms qui lui furent donns, , . . . . . , . 74
Expdition du Prince des Croyants, Molay Ism'il, dans la rgion
du Cherg; conclusion de la paix entre lui et le gouvernement turc
d'AliJer. . . . . . . . . . . . , , , . . . . . '. 78
Rvolte des t.. fils de MoOlay Echchrlf ben 'Ali, frres du Sultan.
dam, le ..a. . . . , , , . . , . . . , . . . . " 79
Transport des Zirra et des Chebnt Oujda: construction de qal;l-
bas sur les frontires . . . . . . . . . . , . . 81
Prise d'Elmehdiya; combats contre Ben Mal,lrz au 800s : vne-
ments intermdiaires. . , . . . , . . . . . , . . , " 8S
Perscutions inniges aux QA4is et leurs causes. . . .', . .. 87
Expdition contre les Berbers et construction de qal;lbas cOt de
leurs forteresses, . . . . . . . . . . . . . , . . . 87
Conqute de Tanger , . . . . . . . , . . . . , 89
Deuxime expdition contre les Berbers et construction de forts
8ur les limites de leur territoire, . . . , , . . 90
TABLE DES MATIRES UI
Pages.
Meurtre de l\Iolay A\,lmed ben Ma\,lrz i prise de TArodAnt et
vnements qui s'y rattachent. . . . . . . . . 91
Expdition cont.re les Berbers de FzzAz et construction du fort
d'AdkhsAn.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ., 92
ducation des enfants des 'Ablds du " DlouAn .: conditions dans
lesquelles tait opre leur instruction. 9{
Conqute d'El 'arich . 97
Prise d'A\l1a. . . . . ]03
Sige de Ceuta. . . . . ]0{
Expdition du sultan Molay IsmA'il chez les BrAbr de FzzAz,
qu'il rduit. l'obissance. . . . . . . . . . . . . . . 105
Le sultan Molay IsmA'il ordonne aux 'oulamA de Fs d'crire
leur avis approbatif sur le rle des 'Ablds : leur refus; cons
quences de ces faits. . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Le sultan Molay IsmA'il partage les provinces du Magrib entre
ses fils i consquences de ce partage . . . . . . . . . . 122
Rivalits entre les fih; du Sultan. Rvolte de Molay M\,lammed
El 'Alm au Solls: sa mort . . . . . . . . . . . '. . '.' 123
Mauvais traitements infligs au (qth Abo Mo\,lammed 'AbdesselAm
ben l:Iamdon Gues80s. . . . . . . . . . . . . . . 128
Rvolte de Molay Benil\ler, fils du Sultan, Mns le Sos; sa mort. 131
Travaux oprs aux tombeaux des deux imAms Molay IdrIs l'aln
et Molay Idris le jeune.. . . . . . . . . . . . . . . . 133
Mort du Prmce des Croyanls, Molay IsmA'il. . . . . . . . . 135
Suite des vnements qui eurent lieu sous le rlfne de Molay
IsmA'II; monuments levs par ce prince, sa politique. . . . 138
Premier rgne du Prince des Croyants Molay Abol'abbAs A\,lmed
ben IsmA'li, surnomm Eddhbi. . . . . . . . . . . . . 156
Attaque de Ttouan par le qAd Abol 'abbs A\,lmed ben 'Ali Errifi :
incidents survenus entre lui et le fqlhAbo l:Iaf\l 'Omar ElouaqqAch. 157
Rgne. du Prince des Croyant!! Molay Abo MerouAn 'AbdelmAlk
ben IsmA'II.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lU
Deuxime rgne du Prince des Croyants Molay Abol 'abbs
A\,lmed Eddhbi. . . . . '.' . . . . . . . . . . . 167
Sige de Fs par le Prince des Croyants, Moly' A\,lmed; ses
causes. . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . 168
Rgne du Prince des Croyants Molay 'AbdallAh ben IsmA'il. . . l71
Inimiti entre le Prince des Croyants Molay 'AbdallAh et les gens
de Fs; ses motifs. . . . . . . . .. ...... 177
Sige de Fs par Molay 'AbdallAh. . . . . . . . . . . . . 179
Expdition du sultan Molay 'AbdallAh contre les Berbers, et leur
dfaite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
Le sultan Molay 'AbdallAh commet des injustices nfastes .pour
la bonne administration et des actes de nature discrditer le
pouvoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
IV ARCHIVES MAROC.\I:"lES
Pllll'C'.
Le sultan Molay 'Abdallh fait dmolir Medlnat ErriyAI). Mkns. J8:i
Le sultan Molay 'AbdallAh envoie le guch des 'Abid!'l contre
les geD8 du FzzAz qui le mettent en droule.. . . . . . . . 186
Rvolte des 'Abids contre Moloy 'Abdallh, qui s'enfuit Oued
Notll ; !!es consquences.. . . . . . . . . . . . . . . . 188
Rgne du Prince des Croyants Motllay Aboll)asan 'Ali ben IsmA'il,
surnomm Ela 'rj. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Rvolte des gens de Fs contre leur gouverneur !\ls 'od Erl'osi;
leur rupture avec le sultan Abotlll)asan.. . . . . . . . . . 190
Expdition du !mltan Aboll.lasan avec les 'Ablds contre les habi-
tants du Djebel FzzAz ; sa dfaite . . . . . . . . . . . . 192
Le sultan Motllay 'AbdallAh quitte le Sotls ; le sultan Molay
Aboll.lasan se rfugie chez les Al)lf; ce qu'il fait jusqu'iI !'la
mort. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Deuxime rgne du Prince des Croyants Motllay 'Abdallh ben
Ism 'li. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Rgne du Prince des Croyants Molay Mol)ammed ben Ism'il sur-
nomm Ben 'Arhiya : ses causes. . . . . . . . . . . 196
L'autorit du sultan l\lolay Mol)ammed ben 'Arbiya commence 11
diminuer: consquences de cette dcroissance. . . . . . . . 197
Attaque de l'curie de Mkn!! par le sullan Molay 'AbdallAh: ses
consquences.. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 198
Derniers vnements du rgne du sultan Molay Mol)ammed ben
'Arbiya; troubles et misre qui les accompagnent. . . . . . 199
Rgne du Prince des Croyants Molay ElmostllQi ben IsmA'il. . . 202
Le sultan Molay Elmostal).i commet des actes d'injustice qui
amnent des dsordre!'. . . . . . . . . . . . . 20S
Le bcha Abol'abbAs AI)med ben 'Ali Errlll rduit les habitants
de Ttouan.. . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Rvolte des 'Abids contre Molay Elmostal,li, qui s'enfuit Mor-
rAkch. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 207
Les 'Ablds se rangent de nouveau sous l'autorit du sultan Molay
'AbdallAh et embrassent son parti . . . . . . . . . . . . 208
Venue du sultan Molay 'Abdallh Mkns: sa conduite envers
les habitants de cette ville. . . . . . . . . . . . . . . 209
Abotll'ahbs Ahmed ben 'Ali ErriO met en droute les trihus du
Garh; autres' vnements de cette poque. . . . . . . . . 210
Rvolte des 'Ablds contre Molay 'AbdallAh, qui s'enfuit,. pour la
seconde fois, chez les Berbers. . . . . . . . . . . . . . 212
Rgne du Prince des Croyants Motllay Zin El'Abidln ben IsmA'il. 212
Suite des faits se rapportant Motllay Zin El'Abidln, et dcrois-
sance de son pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
Troisime rgne du Prince des Croyants Motllay 'AbdallAh. . . 215.
Molay ElmoslaQi vient de MorrAkch et combat son frre Molay
'Abdallh j vnements qui en sont la suite. . . . . . . . . 216
TAULE DES MATIi:RES v
Pages.
Pr;;ent du sultan MoOlay 'AbdallAh au sanctuaire du Prophte. 218
Alliance du bcha Abol'lIbbs Errill avec MoOlay Elmosta4i
contre 'AbdallAh; arrive de ce bcha Fs, et ce qui
s'en suivit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Nouvelle expdition de A/;1med Errifi contre Fs; ses dmls avec
le suHan 'Abdallh jusqu' S8 mort. . . . . . . . . 223
Le sultan MoOlay 'Abdallh se porte sur Tanger. et s'en empare. 226
MoOlay Elmosta<,li suscite au sultan MoOlay 'AbdallAh des difficul-
ts dont il est victime; carnage des Beni J.lsen. ' . . . . . 227
Le Bultan :\loOlay 'Abdallh part pour le J.loOz et le subjugue;
MoOlay !l'enfuit effray, . . . . . . . . . . . . 230
Les habitants de MorrAkch envoient une dputation auprs
du sultlln Molay 'Abdallh, qui leur donne comme khaliCa son
fils Sidi Mo/;1ammed. . . . . . . , . . . . . . . . . . 232
Le sultan Molay 'Abdallh maltraite les notables Berbers, en tra-
bis8llnt les engagements pris par Mo/;1ammed Ou 'Aziz envers
eux; il les remet eD!!Uite en libert. . . . , , . . , . . . 284
Les Berbers viennent attaquer BoO Fekrn le Sultan, qui s'en-
fuit Mkns . . . . . . . . . . , . . . . . . , . . 231
Rvolte des 'Abids contre le sultan Molay 'Abdallh, qui se trans-
porte Fs tandis que les 'Abids du Dloudn quittent Mechra'
Erremla pour se Ilxer Mkns . . . . . . . . . . . . . 240
Complot de Mol,lammed Ou 'Aziz contre le Sultan, qui est aban-
donn par les gens de Fs et par Ills tribus. . . , , . . , . 242
Motifs pour lesquels le sultan MoOlay 'Abdallh envoya des armes
contre les habitants du Garb, qui rentl'rent sous son obiijsance. 2t4
Attaque des OOdya par les Berbers, soutenus par la population de
Fs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Retour des gens de Fs l'obissance du l1ultan MoOlay 'Abdal-
IAh; tablissement de la paix entre eux et les OOdya . . . . 241
Les 'Abids se rvoHent contre le sultan MoOlay 'Abdallh et pl'O-
clament son IlIs Sidi Mo/;1ammed ; motifs de leur conduite. . . 248
Sidi Mo/;1ammed ben 'AbdallAh vient de MorrAkch Mkn.s et
intervient pour rconcilier les 'Abids IIvec son pre. . , . . 250
Les 'Abids s'loignent pour la seconde fois du sultan MoOlay
'Abdallh et vont chercher protection auprs de son fils Sidi
Mo/;1ammed MorrAkch ; motifs de leur conduite. . . . . . . 251
Rvolte des Ait IdrAsn et des Gueroun qui s'allient aux OOdya :
motifs de ces vnements. . . . . . . . . . . . . . , .
Mort du Prince des Croyants MoOlay 'AbdallAh ben IsmA'U. . . 256
Retour en arrire pour raconter l'histoire de la fin de MoOlay
Elmosta\li. . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . 2J8
Retour en arrire pour raconter l'histoire des 'Abids runis par le
sultan Molay IsmA'il, depuis la mort de ce prince jusqu'au
rRne du sultan Sidi Mo/;1ammed. . . . . . , . 261
Retour en arrire pour raconter, du commencement la lIn la
VI ARCHIVES MAROCAINES
Pages.
. vice-royaut que Sldi ben 'AbdallAh exera
MorrAkch. . . . . . . . . ... . . . . . . . . . 200
Rgne du Prince des Croyants Sldi ben 'AbdallAh. 270
De la venue du sultan Sldi Fs aprs la b'a, et de
ce qui lui arriva en cette circonstance. . . . . . . . . . . 272
tablissements du meks Fs et dans les autres villes et opinions
exprimes ce sujet. . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Mise mort de Elkhomsi : ce qu'tait ce personnage. 280
Voyage du sultan Sidi ben 'AbdallAh aux places fron-
tires, et inspection de leur situation . . . . 281
Rpression par le sultan SIdi ben 'AbdallAh de la
rvolte des Odya et ses causes. . . . . . . . . . . . . 283
Nouveau voyage du sultan Sldi de MorrAkch au Garb,
et incidents qui marqurent ce dplacement. 28ti
Le sultan Sidi ben 'AbdallAh chtie la tribu de
Mesflona; motifs de cette rpression. . . 290
Construction de la ville . . . . 2\13
Les Franais attaquent Sal et El'arch, et s'en loignent aprs
avoir subi un chec. . . . . . . . . . . . . . . . 29;;
Correspondance change entre le sultan Sidi ben
'AbdallAh et le despote d'Espagne; ses rsultats. . . . . . . 297
Intrt port par le sultan Sidi ben 'AbdallAh la place
d'El'arch, qu'il pourvoit de l'armement ncessaire pour la
guerre sainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302
Le sultan Sidi ben 'AbdallAh rduit les AH Zemmor
du TAdla et les transporte Seift: motifs 'de ceLte expdition. 803
Le sultan Sldi Moi,lammed ben 'AbdallAh fait organiser une expdi-
tion contre les Ait IdrAsn: motifs de cette dcision. . . . . 304
Excution de 'Abdeli,laqq Fennich Esslaoui et dchance de sa
famille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305
Arrive des prsents envoys par le sultan ottoman au
sultan Sidi Mo!;lammed ben 'AbdallAh. . . . . . . . . . . 309
Alliance entre le sultan Sldi ben 'AbdallAh et le chrif
Seror, sultan de la Mekke. . . . . . . . . . . . . . . 312
Le sultan Sldi ben 'Abdal1Ah s'intresse aux 'Ablds du
Sos et de la Qibla,et les fait venir dans l'AgdAI de Rabt Eifet1;l. 313
Prise d'Eljedlda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3H
Efforts dploys par le sultan Sldi ben 'AbdallAh pour
obtenir la libert des captifs musulmans; ce que Dieu accorda
par son intermdiaire. . . . 317
Le sultan Sldi Mo!;lammed ben 'AbdallAh assige la ville de
Melilla, place forte espagnole. . . . . . . . . . . . . . SUI
Expdition du sultan Sidi Moi,lammed ben 'AbdallAh contre les
. Brbr AU Ou MAlou ; ses motifs. . . . . . . . . . . . . 321
Ce qu'il advint des Ygchriya. que le Sultan avait fait entrer au
service et choisis dans les tribus du l;Ioz. . . . . . . . . 326
TABLE DES ;\IATllRES nI
Pages
Les 'Abids se rvoltent contre le sullan Sidi Mol.lammed et pro-
clament son fils Molay Yazid; ce qui en rsulte. . 327
Remarquables mesures de rpression prises par le sultan Sidi
Mollammed ben 'AbdallAh l'encontre des 'Abids. . . . aao
Le sullan Sidi Mo!).ammed Ilen 'Abdallh rduit les OulAd Besseb'
et les disperse dans le :;;al.lra; vnements suivants. . . . . 8:1+
Voyage du sultan Sidl Mol.l3mmed ben 'AbdallAh au Tfillt, qu'il
pacifie: motifs de cette expdition. 3:lIi
Voyage que fit le sultlln Sidi Mol.lammed ben 'Abdallh A
pour se distraire et se reposel', et ce qui lui arriva au cours de
ce dplacement. . . . . . . . .. 3il!1
Motif de la colre du sultan Sidi Mol.lammed hen 'AbdallAh contre
son fils l\Iolay razid. . . . . . . . . . . . . . . . .
De ce qui eut lieu entre le sultan Sidi Mol.lammed ben 'AbdallAh et
lei! gens de la zouya de BoJja 'do . . . . . . . . . il-lfi
Nombre dei! soldats des port" durant le rgne du sultan Sidi
Mol:tammed ben 'AbdallAh, et montant de leur l"olde. . . . .
Molay Yazid revient d'Orient et se rfug-ie dans le mausole du
cbkh 'Alldesselm ben l\Iechich. Motifs de sa conduite. . . . 3.i)
Mort du Prince des Croyants Sidi Mol,lammed Ilen 'Abdalhlh. . . 35-1
Derniers renseignements SUI' Je sullan Sidi l\Iol.l3mmed hen 'Abdal-
IAh; ses uvres; sa politi(lue. . . . . . . . . . . . . 3.;-1
Rgne du Prince des Croyants Molay Yazid Ilen Mol.lammed: ses
premil'es annes, son dveloppement. . . . . . . . . . . 3G-I
Prestation de !lerment au Pl'ince des Croyants Molay Yazid Ilen
Mo!).ammed. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3G!1
Transfert des Ouya de Mkns Fs et de;;'Abids des ports
Mkns. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37fi
Rupture de la paix avec les Espagnols; sige de Ceuta. . . 377
Les gens du .!;Ioz abandonnent le sultan Moillay Yazid hen
Mo!).ammed et proclament son fr/we Molay Hichm . . . 378
Rvolution au Magrib : apparition de trois rois tus de Sidi Mo!).am
med ben 'AbdallAh; rsultats de cette situation. . . . . . . 383
Rgne du Prince des Croyants Aborrabi' Molay ben Mol.lammed. 38-1
Le sultan Molay Sllmn combat son frre Molay Moslama et le
repousse dans le pays de l'Est. . . . . . . . . . . . . . 390
Pillage par les 'Arabs Angd de la caravane du plerinage
m' gribin et ses consquences. . . . . . . . . . . . . . 39-1
Le sultan Molay Sllmn envoie des troupes dans le .!;Ioz; il part
aprs elles pour Raba! Elfetl.l, puis revient Fs. . . . . . . 39.i
Rvolte de Mol.lammed bAn 'Abdesselm Elkhomsi, surnomm
Zitn, dans le Djebel. . . . . . . . . . . . . . . . . 3!!i
EUGNE FUMEY
L'auteur de cet ouvrage, trop vite enlev aux siens et
l'uvre de la France au Maroc, tait un des f o n c t i o n ~
naires les plus apprcis de la Lgation de France Tan-
ger, o sa mort laissa un vide difficile combler.
Diplm de l'cole des Langues orientales pour les
langues arabe. turque et persane, il dbuta dans la car-
rire consulaire en qualit d'lve-drogman Alep, en
1893; mais la Syrie ne l'attirait pas, et, l'anne suivante,
il tait, sur sa demande, envoy Tanger, o devait se
dvelopper en lui une vritable vocation pour l'tude du
dialecte maghl'ebin et des choses du Maroc.
La question marocaine n'avait pas encore acquis l'im-
portance qu'elle a prise depuis lors; aussi, les fonction-
naires de la Lgation et les consuls ne faisaient, Tanger
ou dans les diffrentes villes de la cte, que des sjours
assez courts et se souciaient peu de se spcialiser: les
ouvrages srieux sur le JIaroc taient rares et le pays
fort peu tudi.
x EUGKNE FUMEY
Dou d'une aptitude remarquable pour les langues.
Fumey acquit bientt une connaissance approfondit'
de l'arabe littraire et du dialecte maghrebin. Mais il avait
aussi, au plus haut degr, le sens de l'observation: ses ca-
marades se souviennent de l'intrt avec lequel il s'entre-
tenait, non seulement avec les fonctionnaires chrifiens,
mais aussi avec les gens du peuple, cherchant pntrer
leur psychologie, s'enqurir de leurs ides particulires
sur l'Europe, saisissant dans ces existences, que cotoie
l'Europen sans les pntrer, le trait rvlateur de l'esprit
du pays et de la race. Il avait un got particulier pour la
conversation des vieux Mokhazni, se faisait conter par eux
les harka auxquelles ils avaient assist, les anecdotes
relatives aux campagnes de Molay :Mol)ammed ou Mo-
lay EIl)asan. Et ces Musulmans, habituellement si ferms.
causaient sans arrire-pense avec ce jeune homme con-
naissant si bien leur langue et leur histoire, et qui savaii
garder, avec la cordialit qui met l'aise,.la courtoisie
laquelle l'indigne, quelque classe qu'il appartienne, est
si sensible. Six mois passs Fs, comme grant intri-
maire du consulat, lui fournirent l'occasion d'achever ses
tudes de sociologie pratique, au milieu de la sQcit
maure, o se recrutent la plupart des hauts fonctionnaires
du Makhzen.
Un pareil agent est une bonne fortune pour une
tion ; ses chefs le comprirent et il fut nomm premier drog-
man Tanger, en 1897, l'ge de
ment tout fait exceptionnel dans la carrire. Il fut, ds
EUGNE FUMEY XI
.
lors, associ par une troite et utile collaboration nos mi-
nistres Tanger, M. Revoil et M. Saint-Ren Taillandier.
Les vnements allaient bientt donner une singulire
importance aux choses du Maroc et ouvrir la question
d'Occident . Le grand-vizir B Al,1med, qui avait su main-
tenir son pays ferm aux intrigues europennes, mourait;
le jeune Sultan, jusqu'alors tenu en lisires par une tutelle
troite, laissait la gestion des affaires son favori Mnebhi,
jeune cad l'esprit ouvert et d'agrable caractre, mais
insuffisamment prpar tant de responsabilits... les im-
prudences qui furent alors commises pendant la dernire
anne du sjour du Sultan Marrakech sont encore la
mmoire de tous ceux qui s'occupent des choses du Maroc.
Elles eurent d'abord, pour consquence, une trs vive ri-
valit entre les politiques franaise et anglaise - rivalit
laquelle mit heureusement fin l'entente' cordiale des
deux nations - enfin l'insurrection de Boli I;Iamara, et
une situation intrieure de plus en plus anarchique.
Pendant toute cette priode d'volution politique du,
Gouvernement marocain, le rle du premier drogman de la
Lgation de France devait tre trs actif. M. Fumey fut
d'abord attach l'ambassade extraordinaire du ministre
des Affaires trangres du Sultan, Si cAbdelkrim ben Sl-
mn, Paris, au cours de l't 1900; puis fut envoy en
suite en mission spciale auprs de la Cour chrifienne
Marrakech. Ce fut l'anne suivante que le Sultan quitta sa
capitale du Sud pour se rendre Fs. Selon l'usage, il
s'arrta plusieurs mois Rabat: la rivalit franco-anglaise.
XII EUGNE FUMEY
a\"ait pris alors une tournure inquitante pour nos intrts
au Maroc. Le ministre de France fit encore une fois appel
l'exprience de M. Fumeyet sa connaissance des hom-
mes du Makhzen, pour lui confier une nouvelle mission
auprs de celui-ci.
Mais le travail qu'il fournissait sans compter avait dj
us sa sant j il lui fallut tout son dvouement pour retour-
ner Rabat quelques semaines plus tard, au mois de jan-
vier 1902', accompagnant l'ambassade extraordinaire de
M. Saint-Ren Taillandier. Ce fut alors qu'il contracta la
maladie dont il ne devait jamais compltement se remet-
tre. Aprs une onvalescence prcaire, le sentiment de sa
responsabilit lui fit reprendre trop tt la direction de son
service la Lgation o il s'tait rendu indispensable j il
dut bientt rentrer en France subir une opration. L'in-
tervention chirurgicale sembla, d'abord, avoir vaincu le
mal j trop faible pour supporter, pendant l'hiver, les ri-
gueurs du climat de Besanon, sa ville natale, il se repo-
sait prs de Toulon, Samary, o le dvouement d'une
sur l'avait suivi, quand il fut emport le 27 mars 1903,
l'ge de trente-trois ans, par une hmorragie conscu-
tive la maladie de foie dont il souffrait. Il venait d'tre
propos pour la croix, mais ne devait pas avoir la satisfac-
tion de la recevoir avant sa mort.
Ce malheur, qui consterna ses amis de Tanger et ses
camarades de la L ~ a t i o n de France, fut aussi vivement
ressenti au Makhzen, o il avait su se faire apprcier; et
le ministre des Affaires trangres du Sultan crivit au
EUGNE FUlIEY XIII
reprsentant de la France Tanger, pour lui exprimer
les sentiments de condolances de son maUre et du Gou-
vernement marocain.
Pendant ses rares loisirs, M. Fumey avait pris une quan-
tit de notes et commenc plusieurs tudes, qu'il n'eut pas
le temps de complter ou d'achever.
Les premiers travaux furent relatifs la linguistique
vulgaire. De nombreux ouvrages de vulgarisation ont t
dits sur ce sujet en Algrie, mais avec les particularits
dialectiques du central; il voulait combler cette
lacune par un vocabulaire et un choix de contes. Ses tu-
des avaient surtout un caractre pratique et comprenaient :,
le dialecte parl dans les milieux populaires et celui des
fqh , ce dernier usant abondamment de la terminologie
littraire pour exprimer des ides abstraites; puis la lan-
gue crite, dans le style courant des lettres du ::\fakhzen,
souvent rdiges par des secrtaires possdant fort bien
la langue littraire. Fumey soutenir cette opi-
nion que, contrairement l'ide gnralement
le dialecte marocain n'est pas plus incorrect que celui d'Al
.grie et d'gypte. Les' arabisants sont souvent frapps pal'
les mots espagnols que les indignes de la cte introdui
sent dans leur langage, mais ceux-ci ne sont pas plus
nombreux que les mots franais, italiens et grecs
ploys dans les autres pays de langue arabe, l'immuahi-
lit de la vie sociale des ::\Iusulmans marocains ayant peu
favoris, d'ailleurs, l'introduction des nologismes tran
gers.
XIV EUGNE FUMEY
Absorb pal' ses occupations professionnelles,. M. Fu-
mey dut renoncer ce travail absorbant et ingrat qu'est
la rdaction d'un vocabulaire. Il abandonna ses jeunes
camarades de la Lgation les contes qu'il avait recueillis
en dialecte tangrien.
Il se borna publier sori Choix de correspondances ma-
rocaines (1.), recueil de cinquante lettres officielles du Makh-
zen, choisies dans les archives de la Lgation de France
et reproduites en fac-simil. Ces lettres sont traduites et
accompagnes de notes instructives sur les termes em-
ploys, les coutumes du Makhzen et sa faon de traiter les
affaires j ranges par ordre chronologique et prsentant
ainsi un spcimen de toutes les poques, depuis Sidi Mo-
1).ammed Ben Abdallh, petit-fils de Molay Ism'l, jus-
qu' nos jours, elles montrent l'volution survenue dans
les relations de la Cour chrifienne avec les reprsentants
trangers au cours du dix-neuvime sicle.
Le dernier travail de M. Fumey, et celui auquel il s'in-
tressait le plus, fut sa traduction du Kitdb pu-
blie aujourd'hui par les ArchilJes marocaines.
Le Kitdh est un long rsum de l'histoire du
Maroc depuis les dbuts de l'Islam jusqu' nos jours,
dont l'auteur, le fqih A1).med Esslou, fonction-
naire du Gouvernement chrifien, remplit, ce titre, dif-
frents emplois sous les rgnes de Sidi Mo1).ammed et de
(1) Librairie orientale et amricaine J. Maisonneuve, 26, rue Madame,
1908.
EUGNE FUMEY xv
Elbasan. Les parties de l'ouvrage antrieures au
dernier sicle ne sont pas trs intressantes,
n'ayant fit souvent que paraphraser ou mme reproduire
le Road Elgarlas, le Nodel Elhadi et Eltorjemdn Elmou-
arib, ouvrages dj traduits. Mais il n'en est pas de
mme pour la priode contemporaine, celle dont M. Fu-
mey entreprit la traduction; l, l'auteur avait pu recueil-
lir de tmoins oculaires les vnements dont il se fait le
narrateur, ou y avait assist lui-mme. Son ouvrage, qui
permet de suivre la politique des derniers Sultans vis--
vis des tribus de leur empire et vis-vis des puissances
europennes, devient le plus intressant des monuments
historiques... indispensable qui veut bien saisir l'orga-
nisation de ce gouvernement rudimentaire que l'on nomme
le Makhzen, et pntrer sa politique si simple dans sonbut
et si complique dans ses moyens.
H. GAILLARD.
CHRONIQUE
DE LA DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC
Au nom de Dieu le Clment, le Misricordieua: 1
DynuUe de. Chrif. SijUmAaia de la famille de cAli Echch6rlf ;
leur g6Dalogie et leurs dbuta 1.
La gnalogie de cette dynastie chrifienne 'Alaouie
est une des plus certaines, et sa filiation avec l'Envoy de
Dieu (sur lui soient les prires de Dieu et le salut!) une
des plus solidement tablies.
. Le premier souverain de cette famille, comme nous
allons le voir, fut Molay Mbammed, fils d'Echchrlf, fils
de 'Ali Echchrff ElmorrAkchi, fils de Mbammed, fils de
'Ali, fils de Yosef, fils de 'Ali Echchrlf Essijilm4si,
fils d'Elbasan, fils de Mbammed, fils de l;Ias4n EdddkhU,
fils de Q4sm, fils de Mobammed, fils d'Abolq4sm, fils
de Mobammed, fils d'Elbasan, fils de 'Abdallah, fils d'AbOli
Mobammed, fils de 'Arafa, fils d'Elbasan, fils d'Abo Bekr,
fils de 'Ali, fils d'Elbasan, fils d'Abmed, fils d'lsma 'II, fils
de QAsm, fils de Mobammed Ennfs Ezzakiya, fils de
'Abdallah Elkamel, fils de d'Elbasan II, fils d'Elbasan
Essibt, fils de 'Ali et de FAtima, la fille de l'Envoy de
Dieu (sur lui soient les prires de Dieu et le salut !).
1. Texte arabe, IV' partie, page li.
ARCH. MAROC.
2 ARCHIVES lIIAROCAI:"ES
Cette gnalogie, qui a ml'it d'tre qualifie de chaine
d'or, a t ainsi donne par nombre de savants, tels que le
Abol 'ahhs A1)med ben Aholq:1sm E!?l(loLm'i,
le chkh AboLI 'Abdallh )lo1)ammed El'at'bi hen YoLsef
Elfsi et le trs docte chrif AboL Mo1)ammed 'Abdesselm
Elqdiri dans son line intitul: Eddorr essani {iman bi-Fs
min ennasabi-l?wsani. avons dj. dit, propos de la
dynastie saadienne, qu'il convenait d'ajouter dans la ligne
dit'ecte de cette gnalogie chrifienne, aprs le dernier
Qsm : fils d'El1)asan, fils de )lo1)ammed, fils de 'Abdallh
Elachter, fils de .. allllned EnnMs Ezzakiya... etc,
Abo 'Ahdallh EIfsi dit dans Elmerd'a que les Ch-
rifs, sUt'l'origine desquels ill1'y a aucun doute, sont nom-
breux au Magrib: ce sont, entre autI'es, les DjOll#S, qui
sont Uasanis Idrisis, les Chol'fa de Tfillt qui sont Uasa-
nis M?tammdis, les Sqallis, et les 'Irdqis qui sont Qo-
snill. Il n'y a pas deux personnes qui soient en dsac-
cord sur leur noblesse, ni parmi leurs compatriotes, ni
parmi les tranget's qui les connaissent. )) Le Chkh
eljemd' a,l'imm Abo )lo1)ammed 'Abdelqder Elfsi (Dieu
lui fasse misricorde!) qui partage les chrifs du Magrib
en cinq groupes, suivant leur, origine plus ou moins for-
tement tablie, a class les seigneurs Sijilmdsis dans le
premier groupe, pal'llli les familles dont la noblesse est
univel'sellementconsidl't-e comme indiscutable. Le chkh
Abo 'Ali ElY0Lsi (Dieu lui fasse misricorde!) dit son
tOUt' que la noblesse des seigneurs Sijilmdsis est une
chose dont il est 'aussi peu permis de douter que de la
clart du soleil dans la matine. Le chkh AboLl'abbs
A1)med ben )Ia'n Elandalousi disait, parait il, que, depuis
les hlrlsis, le gouvernement du n'avait' pas appar-
tenu une famille d'une origine aussi authentique que les
chrifs de, Tfillt.
En rsum, la noblesse de ces seigneurs Sijilmsis est
pour tous les habitants du un fait incontest et dont
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC 3
l'authenticit n'est contredite par personne, tant la gna-
logie ininterrompue sur laquelle elle est base dpasse les
limites exiges. Dieu soit satisfait d'eux, et nous les rende
profitables, eux et leurs anctres: ainsi soit-il !
Arrive de Mol1Iay EIJ].asan ben. Q4sm au lIagrib : il s'tablit
Sijilm4sa '.
On dit que les anctres de ces seigneurs (Dieu soit satis-
fait d'eux) taient originaires de Yenbo 'Ennkhal, dans
le l;Iedjz. L'Envoy de Dieu (sur lui soient les prires de
Dieu et le salut) avait, dit-on, donn le pays de Yenbo'
'en fief leur aeul 'Ali ben Abol Tleb : ses descendants
s'y taient tablis et s'y sont perptus jusqu' notre
poque.
Le premier de ces chrifs qui vint dans le )fagrib fut
Molay Elbasan ben Qsm. Le sayant docteur Abo
'Abdallh Mobammed Elmergitsi, auteur de l'Arjotlza
intitule Elmoqni, tenait, affirme-t-on, du chrkh, de
l'imAm Molay Abo Mobammed 'Abdallh ben 'Ali ben
TAhar Elbasani le renseignement suivant: le premier
de leurs anctres qui pntra dans le Magrib fut Mo
lay Elbasan ben QAsm : son arrive eut lieu vers la fin du
septime sicle: il devait avoir, cette poque, prs de
soixante ans et il mourut avant la fin du sicle; Dieu lui
fasse misricorde! L'assert.ion de Ben Thar qui prcde
est la plus sre qu'on puisse rapporter en ce qui concerne
l'poque et les conditi9ns de l'arrive de ce chrif au
Maroc; suivant un autre auteur, Ben TAhar l'aurait fixe
l'anne 664. Selon le chkh Abo Isbaq Brhfm ben
HilAI qui l'affirme dans son Mensk, cet vnement eut
lieu au dbut de la dynastie des Beni Merln. Il en rsulte
que l'arrive du chrif eut lieu sous le rgne du sultan Ya
1. Texte arabe, IV' partie, page 8.
ARCHIVES MAROCAINJ::S
'qob ben 'Abdelhaqq Elmertni : nous avons dj rapport
cela en son lieu et place. Dans sa Ribla, le trs docte
Aboli Slm El'ayychi prtend que Molay Elbasan vint
au Magrib dans le courant du septime sicle.
Elbasan habitait dans un village voisin de Yenbo', ap-
pel Beni Brhim.
En rsum, tous les auteurs que je viens de citer s'ac-
cordent dire que l'arrive du Chrif eut lieu dans le cours
du septime sicle: c'est l sans doute, s'il plait Dieu,
que doit tre la vrit. D'autres prtendent bien que cet
vnement arriva dans le sixime sicle, mais cette date
parait bien recule.
On n'est pas d'accord sur les motifs qui amenrent ce
seigneur au Magrib. L'auteur du livre intitul: Elanoudr
essaniya 'lmd bi-8ijilmdsa mIn ennisbat Elfulsaniya fait
cet gard le rcit suivant: La caravane du plerinage Ma-
gribin venait souvent en cet endroit visiter les chrifs.
Le chef de la caravane, qui tait cette poque un habitant
de Sijilmsa, probablement Sidi Bo BrAhtm, rencontra le
Syyid ijasan la foire qui se tient aprs le plerinage.
Comme cette poque il n'y avait aucun chrif ni Sijil-
msa ni dans toute la rgion, le chef de la caravane insista
tant sur les charmes du sjo,!r du Magrib et spcialement
de celui de Sijilmsa, qu'Elbasan se laissa entrainer reve-
nir avec la caravane. BOl. Brhtm ramena donc avec lui
le chrif, qui s'installa Sijilmsa.
Son descendant Molilay Abo Mobammed 'AbdallAh ben
'Ali ben Thar affirme, suivant une note crite d'aprs ses
dires, que les habitants de Sijilmsa qui ramenrent avec
eux le chrif, appartenaient aux OulM el Bacht.., aux Ou...
ld el Menzri, aux OulM el Mo~ t a f ( l i m et aux Ould ben
, Aqila, : ceux avec lesquels il s'allia furent les Ould el
Menzri. L'auteur de l'Arjot1za dit que le chlkh BOli
Brhtm qui amena le chrif tait un descendant de 'Omar
ben Elkhattb; Dieu soit satisfait de lui!
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC 6
Suivant un autre auteur, les habitants de Sijilmsa, voyant
qe les dattes ne russissaient point dans leur pays, se
rendirent dans le l;Iedjz dans le dessein de ramener parmi
eux un membre de la famille du Prophte, dont la prsence
serait pour eux une source de bndictions: ce fut ainsi
qu'ils ramenrent Molay Elbasan. Dieu justifia leur esp-
rance, et bientt les dattes furent si abondantes que leur
pays devint le Hadjer du Magrib.
Un autre auteur donne encore la version suivante sur la
venue de ces chrifs au Magrib: Les chrifs de la famille
d'Idris (Dieu soit satisfait de lui !) s'taient disperss dans
tout le Magrib, et comme ils avaient perdu toute cohsion,
ils avaient t perscuts par les mirs des Meknsa qui
en avaient fait prir un certain nombre; les chrifs avaient
donc beaucoup diminu et plusieurs d'entre eux avaient
mme reni leur origine pour chapper la mort. Quand
l'astre de la dynastie ~ I r i n i d e briIJa sur le Magrib, les
princes de cette famille honorrent les chrifs, rtablirent
leur influence et les traitrent avec de grands gards.
Comme cette poque Sijilmsa ne possdait pas un seul
membre de la noble famille, les chefs et les notables du
pays dcidrent d'aller chercher un descendant de cette
maison chrifienne qui leur apporterait sa bndiction. On
dit que c'est dans les mines qu'il faut aller chercher l'or,
qu'il faut demander les rubis au pays qui les produit et
que le l,:Iedjz est la patrie des chrifs, et en quelque sorte
le coquillage qui fait clore cette perle prcieuse. Les gens
de Sijilmsa se rendirent donc au l;Iedjz et en ramenrent
Molay Elbasan, comme nous l'avons dj dit. Depuis ce
moment, le soleil de la famiIJe du Prophte brilla sur Sijil-
m4sa, claira cette contre et lui procura l'ombre de l'arbre
aux prcieux ombrages. Aussi a-t-on dit que le cimetire
de Sijilmsa est le Baqi' du Magrib: cet loge suffit pour
tablir la noblesse de ce pays, sa gloire, la fneur dont
il jouit et sa richesse.
6 ARCHIVES MAROCAINES
Un auteur dit encore que les gens de Sijilmsa s'taient
adresss Molay Qsm ben Mol,lammed pour le prier de
leur envoyer un de ses fils, parce que ce personnage tait,
cette poque, le plus en renom et le plus dvot de tous
les chrifs du l;Iedjz. Molay Qsm voulut prouver ses
enfants, qui taient, dit-on, au nombre de huit, avant de
dsigner celui qui conviendrait le mieux cette mission;
il les interrogea donc successivement, en leur disant:
Comment vous conduiriez-vous l'gard de quelqu'un
qui vous aurait fait du bien? 1) T o ~ s rpondirent qu'ils lui
feraient du bien. Et, ajouta-t-il alors, comment vous
conduiriez-vous envers celui qui vous aurait fait du mal?))
Chacun des enfants, qui cette question avait t pose,
ayant rpondu qu'il rendrait le mal pour le mal, le pre
leur avait dit de s'asseoir; mais arriv Molay EIl,lasan
Eddkhil, et lui ayant adress la mme question, celui-ci
rpondit: Je lui ferais du bien. Il - Et s'il continue
te faire du mal, rpliqua le pre. Il - Je lui ferais encore
du bien, et je persvrerais jusqu' ce que mes bonts
viennent bout de sa mchancet, reprit Molay EIl,lasan. Il
En entendant cette rponse, le visage de l\Iolay Qsm
s'illumina, et se sentant pntr par l'inspiration hchimite,
il appela les bndictions du ciel sur ce fils et ses descen-
dants. Dieu exaua sa prire.
l\Iolay EIl,lasan Eddkhil tait un homme vertueux et
d'une grande pit, il tait vers dans diverses sciences,
particulirement dans celle de la logique qu'il possdait
fond: Il venait de s'installer Sijilmsa et de prendre un
peu de repos dans sa nouvelle rsidence, lorsque le chkh
Bo Brhm lui fit pouser sa fille; il habitait dans cette
ville l'endroit appel Elmel;llal,l. Lorsqu'il mourut, une dis-
cussion, si vive qu'elle faillit dgnrer en lutte main
arme, s'leva entre les gens de Sijilmsa au sujet de l'en-
droit o on l'enterrerait, on se mit d'accord pour partager,
l'aide de cordes, laville en quatre parties gales eton fit sa
DYN.\STIE AL.AOUIE DU MAROC
1
tombe au point d'intersection des deux cordes, de telle
faon qu'elle ne fLit pas plus l'approche d'un ct que de
l'autre.
On n'a pas consel'v la date de sa mort: l'assertion
d'Elyfrni cet gard manque tout fait de fondement.
Dieu sait quelle est la vrit.
Postrit de .061ay ben Q4sm, son dveloppement dan.
le Magrb, et quelques traits de .061ay 'Ali Echchrit l,
A sa mort, Molay I;fasan (Dieu lui Casse misricorde!) ne
laissa qu'un fils, lequel, son tour,
ne laissa galement qu'un seul fils, )IoLilay EIl)asan, qui
porte le mme nom que son gl'and-pre, et dont le tom-
beau se trouve en dehors de la \-ille pl'incipale de Sijil-
msa, en face de celui du chkh Aboli 'Abdallh EI-
kharrz. Ce Molay EIl)asan eut deux fils : l'ain, l\fol-
lay 'Abderrahmn, surnomm Abollbarakt, de qui sont
issus les Ould Bol I;foumd, tablis El Qsar Eljedid,
dans le district d'Oued Erreteb, une tape environ de
Sijilmsa, et les chrifs qui habitent aux Beni Zeroul j
et le cadet, Molay 'Ali, connu sous le nom d'Echhrif, qui
est l'anctre des diverses et nombreuses branches de
M!wmmdis.
MoLilay 'Ali (Dieu lui fasse misricorde !) tait un saint
personnage dont les pl'ires taient exauces: il se rpan-
dit en aumnes et multiplia les fondations pieuses; il fit le
plerinage et prit part la guerre sainte; il avait une nature
leve et tint toujours une belle conduite. A un certain
moment il se rendit Fs et y vcut longtemps. Il habi
tait, dans le qual'tiel' appel Gz Ben'c' mer ('Odouat Elqa.
rouiyin), une maison qui exista alll's lui. Il sjourna
1. Texte al'abe, IV' par:ie, page 4.
8 ARCHIVE8 MAROCAINES
aussi quelque temps dans le bourg de $efro, o il laissa,
dans sa succession, des terres et des fondations qui existent
encore aujourd'hui, Il en laissa galement dans le pays de
Guers, deux journes et demie de marche de Sijilmsa,
o il vcut un certain temps.
Molay 'Ali alla plusieurs fois en Andalousie, pour y
prendre part la guerre sainte, et sjourna longtemps dans
la pninsule. Lorsqu'il l'eut quitte pour rentrer Sijil-
msa, les Andalous lui crivirent pour lesupplier de revenir
dans leur pays et lui inspirer de l'intrt pour les choses
de la guerre sainte; ils lui exposaient, en mme temps,
que les habitants de l'Andalousie taient trop faibles pour
rsister l'ennemi et qu'il leur fallait quelqu'un qui rallit
toutes les sympathies. Durant son sjour en Andalousie,
-ils l'avaient dj press d'accepter leur serment de fidlit
et la royaut, lui promettant leur obissance et leur appui,
mais Molay 'Ali avait repouss ces propositions par pit,
.par modestie et aussi par indiffrence pour les pompes de
ce monde.
J'ai vu, dit Elyfrni (Dieu lui fasse mricorde 1), de
nombreuses lettres qui lui furent adresses par les 'oulam
de Grenade. Dans cette correspondance, ils engageaient
vivement Molay 'Ali passer la mer pour venir chez eux
et exciter les guerriers de la foi prendre en main la dfense
de leur drapeau. Ils lui disaient que tous les habitants
de Grenade, 'oulam, personnages religieux, et chefs de
partis, s'taient imposs sur leurs biens particuliers, et en
dehors des impositions leves par le Sultan, une contribu-
tion considrable qui serait affecte aux troupes qu'il am-
nerait avec lui du ~ I a g r i b . Voici comment ils s'adres-
saient lui dans une de ces lettres: Au lion magnanime,
le ple de tous les chevaliers de l'Islm, le brave auda-
cieux, le lion hardi, le grave, le pieux, l'claireur de la
milice des guerriers de la foi, le glorieux des glorieux,
celui qui apporte la victoire dans ces contres, celui qui
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC 9
s'empresse de dfrer aux dsirs du Maitre des hommes,
notre seigneur Abolbasan 'Ali Echchrif. li
. Les 'oulam de Grenade crivirent de plus leurs
collgues de Fs pour les prier d'insister auprs de Mo-
lay 'Ali afin qu'il passt en Andalousie. Les 'oulam4 de Fs
lui crivirent donc une lettre dans le mme sens, o ils le
pressaient d'aller au plus vite au secours des Andalous, en
lui rappelant le mrite qu'il y avait faire la guerre sainte
qui est considre comme la meilleure des uvres pies.
Comme une des raisons qui le dterminaient refuser
d'aller porter secours aux gens de Grenade tait le projet
qu'il avait form de partir en plerinage, les 'oulam lui
dirent dans une de ces lettres: Il Remplacez ce projet de
plerinage, que vous aviez dcid et que vous tiez rsolu
excuter, par la traverse de la mer en vue de la guerre
sainte, car la guerre sainte (Dieu vous donne la paix !) est
plus mritoire pour les gens du Magrib que le plerinage;
c'est ce qu'a dclar l'imm Ibn Rouchd (Dieu lui fasse
misricorde !) quand on l'a questionn sur le point, et il
s'en est expliqu avec de longs dtails dans ses Ajouiha,
en indiquant de quelle faon il tait arriv cette opi-
DIon. Il
Parmi les nombreux 'oulam de Grenade qui crivirent
. Molay 'Ali, il Yavait le docteur Abo 'Abdallh Mobam-
med ben Serj, professeur d'Elmouq et grand qt;li de la
ville, et parmi les professeurs de Fs qui entrrent aussi
en correspondance avec lui cette occasion, le docteur
Abo 'AbdaIlh El'akermi, professeur de tous Jes pro-
fesseurs de l'imm Ibn Gzi, 'Abol'abb4s Abmed ben
Mobammed ben Mou4s, et Abo Zld 'Abderabm4n Er-
roq'i, auteur du clbre pome en vers Rjz, et bien
d'autres.
Une de ces lettres des habitants de l'Andalousie conte
.nait la qa,tda suivante, en l'honneur de Molay 'Ali et de
son minent compagnon, Abo 'Abdallh Mobammed ben
10 ARCHIVES MAROCAINES
Brhim El'amri et pour les inviter aussi accepter la pro-
position qui leur tait faite. Elle fut compose par le doc-
teur Abo FArs ben Errabi 'Elgarnti :
0 toi qui chevauches, dvorant les dserts et les soli-
tudes, puisses-tu tre dans la bonne voie et arriver sain et
sauf.
Va d'tape en tape, acclre ta course, la nuit, le jour,
marche, car tu te diriges vers un astre brillant qui se
lve.
Emporte - que Dieu te protge! - de ma part, vers
cet asile, le salut d'un homme enflamm de dsirs que le
souvenil' rend encore plus ardent;
Le palais principal de Sijilmsa, ce palais qui renferme
la fois la puissance et la gloire;
Salue-le, salue ses habitants du salut d'un ami qui ne
peut supporter la sparation;
Car l'affection que j'ai pour eux court dans toutes mes
veines; mes os, mon sang, mes cheveux, en sont im-
prgns.
Il C'est l le sjour de la religion, du bien et de l'ortho-
doxie, que d'hommes pieux se sont levs dans son ciel
comme des pleines lunes!
Ce sont des hommes en compagnie desquels on
n'prouve aucune peine, car des groupes de fleurs rpan-
dent en se balanant leurs parfums au milieu d'eux.
Dis-leur: 0 famille de la Qibla, vous qui tes toujours
les premiers accourir au milieu du danger quand on vous
appelle au moment d'un grave vnement;
Toi surtout, descendant d'Elhchmi, du rejeton de
son gendre 'Ali dont le rang s'lve au-dessous de Saturne;
Aboll;1asan Molay Echchrf, qui a fait briller
l'Occident le soleil de la victoire sur le ~ a l ; 1 r a ;
Lui dont les merveilleuses qualits ont brill l'ho-
rizon des curs, et qui, par elles, a mis les esprits dans un
tel ravissement qu'ils se croient enchants.
ALAOUIE DU MAROC 11
( Il est un faucon quand les braves brandissent leurs
armes, un lion chaque fois que l'on combat avec les dents
et les griffes.
( Il est le sauveur quand la meule de la guerre roule
dans la mle; il est la pluie bienfaisante alors que le
nuage ne laisse tomber que quelques gouttes d'eau.
( Il a lutt contre les chrtiens; il a ananti leurs batail-
Ions; il a tu les uns et fait les autres prisonniers.
( A Tanger, la mort a t douce pour les quelques
hommes qui dfendaient la ville et qui esprent que Dieu
les en rcompensera.
Il les avait appels de l'extrmit du Sos, ces hros
qui ont aussitot sell leurs coursiers au poil ras, sans plus
rflchir.
(( Alors les triers des cavaliers ont rsonn'; le soleil a
brill, et les soldats de Dieu ont inflig une dfaite l'en-
nellll.
Il n'y a rien d'tonnant ce que ceux parmi lesquels
il se trouvait aient t les lions du pays du mont Jalma qui
ont mis mort t.
Viens au secours de ton voisin afflig par ses malheurs,
Abolbasan; accours la dlivrance de ton Ile verte.
( Appelle ton aide notre ami Abo 'AbdaIIh; grce
lui, tu apportel'as la joie au milieu des calamits.
( Il est le descendant d'Abo Isbaq; en le secourant,
fais honneur un pre qui a laiss une postrit pure, hon-
nte et vertueuse.
( N'est-ce pas lui qui a rpondu l'appel des gens de
Tanger, qui en un instant a runi toutes les populations de
Garb.
Et qui a inflig aux infidles une dfaite, et quelle
dfaite! Ceux qui n'ont pas pri par le glaive sont morts
de fra)'eur.
1. Mari)ab, nom du juif que tua 'Ali (Dieu soit satisfait de lui 1) Ala
journe de Khbar (Note marginaie de t'auteur).
12 ARCHIVES MAROCAINES
Aussitt la citadelle de la religion a souri en montrant
ses blanches dents, tandis que la face de l'infidlit tait
envahie par la tristesse et la terreur.
Dieu lui a dj accord la flicit et la satisfaction, et
lui rserve les jardins de l'Eden pour le jour o il revien-
dra lui.
Ah! parle, homme juste, que tous les hommes pieux
ont pris comme chef, et qui t'es lev jusqu'aux hauteurs
o sjourne Sirius.
Je vois tous ceux qui sont dans le Garb dsesprs; ils
attendent votre venue pour secourir l'Andalousie.
Grenade la brillante vous crie: Venez tous deux, ap-
portez l'tendard blanc pour secourir l'Alhambra;
Ses habitants ont tous plac en vous leurs esprances,
les vieillafds comme les enfants et les vierges aux seins
arrondis.
l( Nous nous prcipiterons ave.c ceux de notre pays, nous
les appuyerons, fantassins ou cavaliers, brillants sei-
gneurs,
l( Protecteurs des opprims, vaillants dfenseurs, hommes
gnreux qui rivalisent avec l'orage, le torrent et la mer.
l( Allons! sus aux infidle$! leurs tyrans seront faits
prisonniers! les oiseaux de proie et les btes fauves se ras-
sasieront des cadavres de leurs morts.
Ils ont voulu nous soumettre leur domination et
ravager, sur nos terres, les rcoltes et les moissons.
(( Tout notre pays, places fortes et bourgades, vous
appellent pour les dlivrer de cette amre infortune.
l( Ah! combien il y a ici d'tres faibles dont le corps ne
peut se mouvoir, de vieillards qui ont dpass cent dix ans,
De filles brunes et blondes, belles comme des statues,
de jeunes enfants au berceau qui ne distinguent ni le bien,
ni le mal,
l( De chaires rserves aux sermons et aux prires, de
mosques pour la prire et l'enseignement,
DYNASTIE AUOUIE DU MAROC 18
(( De chaires de la science o sigent de nobles esprits
pour enseigner les vrits qui illuminent les curs,
(( De tombeaux de fils des compagnons du Prophte, sur
cette terre, de saints aux cheveux en dsordres et couverts
de guenilles!
(( Tout cela vous appelle et demande Dieu de vous
envoyer leurs secours en toute hte, car dj l'infidlit
a presque dcim ce pays.
(( Htez-vous de vous mettre en marche, avec ceux qui
sont loigns et ceux qui sont proches, pour nous dlivrer
des p.mbches de ceux qui cachent l'injustice dans leurs
curs.
(( Amenez-en ensuite une seconde troupe pareille la
premire, ,fin que cet Alphonse t connaisse un pouvoir
comme le vtre.
(( Vous savez, grce Dieu, ce que l'lu a dit de la guerre
sainte.
(( Rien n'est plus glorieux que ses paroles: (( Je voudrais
avoir t tu, puis revivre pour tre tu encore bravement. Il
( Le livre de Dieu contient aussi, sur ce sujet, des ver-
sets qui brillent comme le soleil du mati'n en traversant le
ciel bleu.
Accueillez cette requte comme une vierge dont la
tunique rpand des parfums et qui dirige ses pas vers votre
demeure.
( Faites parvenir notre salut ceux des hommes gn-
reux de l'Andalousie qui ont travers la mer pour aller au
Garb. .
( Aidez les hommes de Dieu, venez au secours d'un pays
que l'infortune accable et que le malheur dsole.
(( Vous serez pour nous la puislJ8nte arme; c'est vers
vous que se porte l'ardeur de nos dsirs, hatez-vous de
venir nous!
1. AlphoDIe V, roi d'ANIOn.
14 ARCHIVES MAROCAINES
Gloire la meilleure des cratures, notre guide dans
la bonne voie, "Mol).ammed, le messager de la bonne
religion.
Gloire sa famille, ses compagnons, tous ceux qui
suivent sa voie, et ceux qui viennent apporter le secours
leurs coreligionnaires de l'Islm. Il
Par ces missives aux paroles suaves, et qui mritent
l'attention, on voit que Molay 'Ali Echchrif (Dieu lui fasse
misricorde !) jouissait, son poque, d'une grande cl-
brit, et qu'il tait regard comme suprieur tous les
autres habitants de son pays. On y voit encore qu'il tait
l'objet de la plus grande considration, et que sa famille,
dont la construction et les murs sont sublimes, tait
honore de longue date, et qu'on lui reconnaissait la
noblesse et la suprmatie.
Je crois que la bataille de Tanger laquelle il est fait
allusion dans cette q a ~ t d a est celle qui eut lieu dans
l'anne 841, et dont il a t question en temps oppor-
tun.
MotHay 'Ali fit aussi la guerre sainte dans le district
d'Agdj dans le Soudan, et obtint la victoire. On peut voir
le rcit dtaill de cette expdition dans la Nozha.
L'auteur du livre intitul: Elanudr Essanya rapporte
que MOlllay 'Ali, qui demeura quatorze ans sans avoir d'en-
fants, en eut deux au bout de ce temps:
Molay Mol).ammed et Molay Abo<lmal).asin Yosef,
ce dernier plus jeune que le prcdent. Molay Mol).ammed
laissa quatre enfants: par ordre d'ge, Sidi Ell).asan, Sidi
<AbdallA.h, Stdi <Ali et Stdi QA.sm. Tous ces chrifs et
leurs descendants sont dsigns sous le nom de OulAd
Ml).ammed; ils se divisent en branches nombreuses qu'il
serait trop long de suivre. Molay Yosef succda son
pre dans la direction de la douya, et tout le monde s'ac-
corde dire qu'il tait le plus digne de tous deremplir ces
fonctions, cause de son bon sens et de sa grande intelli-
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC J5
gence. Toutefois, il n'obtint l'administration de la zouya
qu'aprs une vive contestation. L'acte qui lui confirme cette
autorit est encore aujourd'hui entre les mains d'un de ses
arrire-petits-fils. Tout ceci se passait sous la dynastie
des Beni Merin.
lIOn prtend, dit l'auteur du liHe intitul Elanoudr,
que Molay Yosef n'eut pas d'enfants avant d'avoir atteint
l'ge de quatre-vingts ans et qu'il en eut alors neuf.
Cinq taient issus de la mme mre, Halima, apparte-
nant une famille de marabouts de Sijilmsa; c'taient,
par rang d'ges : Sidi 'Ali, l'anctre des souverains (Dieu
maintienne leurs mrites !), Sidi AI.uned, Sidi 'Abdel-
oul,1ed, Sidi EUayyb, Sidi 'Abdeloul,1ed surnomm
Belgts, duquel sont issus les chrifs Belgtsis, et
qui fut ainsi appel cause des grandes pluies conscu-
tives une longue scheresse qui tombrent l'poque de
sa naissance. Quatre autres fils de Molay Yosef taient
issus d'une mme mre, Thira, appartenant galement
une famille de marabouts de la contre': ils se nommaient,
Sidi Ell,1asan, Sidi Ell,1ousrn, Sidi 'Abderral,1man, et Sidi
Mol,1ammed. Ces quatre chrifs habitent actuellement le
district connu sous le nom d'Akhennos.
Cl Il serait trop long de donner en dtailla descendance
de tous ces chrifs; nous nous bornel'ons parler de la
postrit de Molay 'Ali, deuxime du nom, qui rentre
directement dans notre sujet. ) MoLilay 'Ali, dirons-nous
donc, eut trois enfants: Sidi Ml,1ammed, Sidi Mal,1rz et
Sidi Hchem, anctre des chrifs Mrnis de la Zouyat El.
mrni. Tous ces fils laissrent des descendants: Ml,1ammed
eut pour fils Molay 'Ali Echchrtf Elmorr4kchi, troisime
du nom, et plusieurs autres enfants. Molay 'Ali est l'an-
ctre de nos rois, il mourut Morr4kch, et son petit-fils,
le Prince des Croyants, Molay Errechid, fit construire sur
son tombeau un mausole magnifique qui fait face au cno-
taphe du .qAl;li 'AyyAd (Dieu lui fasse misricorde !).
16 ARCHIVES MAROCAINES
Molay 'Ali eut neuf fils: Molay Echchrif, n en 997,
anctre de nos rois; Molay Elbafiq; Hajjj, Mo-
lay Mabrz, Molay l;Iarron, Molay Fql, Molay Bo
ZakariA., Molay Mbrk, et Molay Sa'id. De tous ces
enfants de MolHay 'Ali, Molay Echchrif tait le plus ver-
tueux et le plus minent. Celui-ci (Dieu lui fasse misri-
corde!) eut un grand nombre d'enfants, tous toiles bril-
lantes, pleins de qualits remarquables, parmi lesquels
taient Molay Mbammed l'ain, Molay Errechid, Molay
IsmA. 'tl, qui arrivrent tous trois la royaut du Magrib,
Molay Elbarrn dont nous parlerons plus tard, Molay
Ma1;lrz, Molay Yosef, MOlllay Abmed, Molay Elkebir,
Molay l;Iammda, MOlilay 'Abbs, Molay Sa'id, Molay
Hchm, Molay 'Ali et Molay Mehdi, frre germain
d'IsmA. 'il. Voil ce que nous pouvons rapporter de cette
famille chrifienne aux ombres tendues: Dieu est le pro-
tecteur.
Comment .06l1Y Echchrll ben CAli miva lU pouvoir; lutte
entre lui et B06 EuemWi, surnomm B06 Dm6I'a l.
Comme nous l'avons prcdemment rapport, c'est
sous le rgne du sultan ZldA.n ben Essa'di
que s'tait rvl Bo l;Iasson Essemlli. Il avait d'abord
conquis le pays Sosi, puis il avait tendu son autorit sur
les rgions de DrA.' et de SijilmA.sa. Il prit, dit-on, SijihilA.sa
en fOU: appel par Molay Echchrlf ben 'Ali, qui lui
demandait son appui contre ses ennemis les Beni Ezzobr
de TA.bou ainsi que le raconte le Borutdn il s'y tait
rendu, mais il avait pris possession du pays et tait ensuite
retourn sa rsidence dans le Sos, aprs avoir nomm
un gouverneur pour administrer la contre eil sori nom.
1. Telte arabe, IV' partie, pire 7.
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC 17
Abolamlk Molay Echchrif ben 'Ali, dit Elyfrni
dans le Nozha, jouissait d'un grand prestige auprs des
habitants de Sijilmsa et de tout le Magrib; on venait
lui pour les affaires graves, on avait recours
son intercession dans le malheur et on accourait vers lui
pour les grandes et les petites questions.
Il Tout jeune encore, comme il passait un jour prs de
l'imm Molay Abo ben 'Ali ben
Thar Elbasani, celui-ci, qui ne le connaissait pas encore;
demanda qui tait cet enfant. Il C'est le fils de Molay 'Ali
Echchrif , lui rpondit-on. Abo Mobammed fit fte
l'enfant, puis, lui caressant le dos, il s'cria: Il Ah! comme
il en sortira des princes et des rois de ces reins! Il Le
peuple, qui connaissait la valeur des rvlations d'Abo
Mobammed et sa perspicacit divinatoire, fut persuad
que cette prdicdon allait se raliser sans aucun doute.
Plus tard, Molay Echchrif, qui avait pris de l'ge et avait
un grand nombre d'enfants, rptait partout que cette pr-
diction se ral:.::rait certainement pour sa famille et que
celle-ci jouerait un rle important, tant il avait foi dans les
Ysions d'Abo Mobammed ben Thar (Dieu lui fasse mis-
ricorde !).
Il Une trs vive inimiti existait entre Molay Echchrif et
Jes habitants de Tbou une des fortes citadelles du
pays de Sijilmsa. Il appela son aide contre eux Bo
l;Iasson Essmlli, matre du Sos, avec qui il avait des
l'elations d'amiti. De leur ct, les habitants de Tbou-
s'adressrent aux gens de la Zouyat Eddil. Des
deux parts, il fut rpondu leur appel, et les deux armes
se rencontrrent en mme temps Sijilmsa, mais elles se
.sparrent sans combattre pour viter de rpandre le sang
des musulmans. Cet vnement eut lieu en 1043.
En voyant l'amiti sincre et les liens intimes qui
.s'taient tablis entre EchchrU et Abo l;Iasson,
les habitants de Tbou prirent tous parti pour ce
ARCH. MAROC. 2
AItCIIIVES MAROCAINES
dernier, se dvouant, eux et leUl's enfants, il son service, et
lui tmoignant une amiti et lin dYouement sans bornes;
ils espraient ainsi aJ'l'iyer il le brouillel' avec ~ r o M a y Ech-
chrif qu'il avait soulenu contl'e eux. Ils tl'ayaillrent si
bien dans ce sens que bientt les relations se tendirent
entre les deux princes, que l'inimiti s'tablit entre eux et
que se multiplirent les motifs Ile discorde.
Quand il vit ce qui se passait, son fils MotHay Mbam-
med ben Echchrf attenllit la premire occasion pour se
venger des habitants de TlJolI 'al:'lllt. Une nuit, il partit il
la tte de deux cents cavalit'I's t'nvil'on, simulant un dpart
pour une autre dil'ection, puis tomha SUI' eux ill'illlproviste
et escalada leur citadelle. LI'S hahitants n'taient pas sur
leurs gal'des: aussi )lot'tiay )\l,lalllmeli et sa troupe leur
donnrent du sahl'e et les gorgl'ent sans qu'ils pussent
se dfenlh'e, Il se l'endit llIaitl'e d'eux et s'empal'a de leurs
trsors. Ce succi's glll'I'it le cul' de son pl'{' des senti-
ments de vengeance qu'il consenait contre eux.
(1 Lorsque cette nouvelle panint il 130ti IJassotin, il en
fut mortifi et entl'a dans une violente coll'e. Il crivit
son gouvel'l1eUl' il Sijillllsa, qui s'appelait Bo Bkeur, de
chel'chel' un moyen de s'empal'cl' Ile Molay Echchrf, et '
de le lui envoyer ensuite pI'isonnier. Le gouverneur ex-
cuta cet ordre. Il s'empal'a de )lotilay Echch<"l'if par trahi-
son, en faisant le malade l't le pl'iant de venir le visiter
pOUl' recevoil' sa hndiction. llllalld il l'eut pl'is, il l'en-
voya au Sotis, o Bo I,Iassotin le retint captif dans une
citadelle.
(1 Motilay Echchrif dellH'lIl'a prisonnier jusqu'au jour o
son fils acheta sa lihert,', pal' une somme d'argent con-
sidrable; il rednt ensuite il Sijillllsa, mais il sel'ait trop
long de relater les incidents de ce voyage, Ces vnements
se passrent dans le courant de l'anne 104i.
L'auteur du Boustdn ajoute que Bo IJasson donna
il ~ l o l a y Echchl'f, pOUl' le senil' penant sa captivit.
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC
19
une esclave multresse qui se trouvait parmi les captifs
des :Mgfra et qui devint la mre de MOLlay Ism 'il et
de son frre Mehdi.
Je ne sais pas ce que cet auteur entend par l, car si cette
djdria tait apparente aux Mgfra, elle tait de condition
libre, et les rapports de Molay Echchrf avec elle n'ont
d avoir lieu qu'aprs un acte de mariage: c'est l l'opi-
nion la plus vraisemblable, elle est appuye par ces paro-
les que le grand sultan Molay Ism 'il pronona quand il
runit le guch des Oudya: Vous tes mes oncles
maternels! ) et dans lesquels il faisait allusion cette
alliance. Si, au contraire, c'tait une esclave des Mgfra
qui appartint ensuite AboL I:!asson, les rapports ont eu
lieu en vertu du droit de butin. Dieu sait quelle est la
vrit.
L'auteur du Bou'sldn rapporte des faits sans dis-
cernement et sans attention. II convient de n'accepter
qu'avec rserve ce qu'il est seul raconter: Dieu nous
protge!
Emirat de Molilay Mqammed ben Echchrif: sa proclamation
SijUmAsa j causes de ces vnements t.
Pendant que MotiIay Echchrf tait dans la prison o
l'avait mis Abo l;IassoLn, son fils se prparait extermi
ner jusqu'au dernier les habitants de Tbou et
extirper cet ulcre. Renforc en partie par les richesses
qu'il leur avait enleves au cours de la premire affaire, il
s'occupa, ds que son pre fut loign du Sos, runir
une arme, dans laquelle vinrent s'incorporer un certain
nombre de gens de Sijilm4sa et des environs (1045). Les
mauvais traitements des agents de Aho I:!asson envers
1. Texte arabe, IV' parUe, page 8.
20 ARCHIVES MAROCAINES
les gens de Sijilmsa et leur cupidit avaient outr la
population et fait germer dans tous les curs la haine de
la domination des princes du Sos. L'oppression de ces
fonctionnaires tait alle jusqu' prlever le kharddj dans
le pays de Sijilmsa sur toutes choses et mme jusqu' taxer
les gens qu'ils trouvaient au soleil en hiver, et l'ombre en
t. Ainsi opprims, les habitants de Sijilmsa mpri-
srent ces fonctionnaires et les prirent en dgot. Aussi
quand Molay Ml}.ammed se prsenta, fort dj des gens
qui s'taient runis lui, et qu'il invita la population
attaquer les habitants du Sos, tous le suivirent, car ils
avaient des motifs pour cela; ils se rallirent lui et rso-
lurent de faire disparatre de leur pays le parti de Abo
ijassoln. Ils attaqurent aussitt leurs gouverneurs, et les
chassrent de leur territoire aprs un combat acharn.
Ensuite ils tombrent d'accord pour proclamer Molay
Ml}.ammed et lui prtrent serment en 1050, son pre tant
encore en vie. Tous les chefs de Sijilmsa adhrrent
la b a. Ds lors, le succs s'attacha lui, la destine le
protgea, la bonne fortune l'aida; la porte du Magrib
s'ouvrait pour lui. Dieu, quand il veut une chose, en pr-
pare les moyens.
Mot1aJ conquiert le DrlC et en chu. Abot
Eaa6m1Ali l.
Aprs sa proclamation, Dieu runit Molay Mbammed
son pre, comme nous l'avons vu; ce prince se hta d'al
1er serrer de prs Abo ijasson Essmlli et les gens
du Sos, dans la province de Drac, qui tait soumise l'au-
torit de ce dernier, comme nous l'avons vu. lIse rendit
auprs de lui la tte de troupes trs nombreuses. Les
1. Text.e arabe, IV partie, page 8.
/
DYNASTIE ALAOUIE DU MAROC 21
adversaires se livrrent des batailles si terribles qu'elles
auraient fait blanchir les cheveux d'un enfant la mamelle.
Enfin le nuage du dsordre se dissipa: MOLlay M1,lammed
tait victorieux et s'emparait de toute la province de Dr '.
AboL I;IassoLn tait dfait et s'enfuyait dans le SOls, son
pays natal. Le royaume de MOLlay M1,lammec.l grandit, ses
troupes augmentrent, les impts devinrent considrables
et sa renomme s'tendit dans tout le Magrib. Il advint
ensuite de lui ce que nous allons raconter.
Affaire d'Elql 'a qui survint entre Molay Mtwnmed ben Ech-
chrifet 188 gens de la Jlouyat Edd1ll; S88 consquences
l
89
Nous avons dj vu que Tanger avait t cd par les
Portugais aux Anglais. En l'anne 1095, le sultan Molay
Ism'il (Dieu lui fasse misricorde!) confia le commande
ment des troupes des guerriers de la foi Aboll;1asan 'Ali
ben 'Abdallh Errfi, et l'envoya bloquer Tanger. Cette
arme ne cessa de harceler les chrtiens de la ville, et pro-
longea le sige pendant si longtemps que ceux-ci s'embar.
qurent sur leurs vaisseaux et s'enfuirent par mer, laissant
la place ruine de fond en comble. Cet vnement eut lieu
. au mois de rabi' 1
er
de l'anne 1095; c'est ainsi que le
raconte le Nozha.
L'auteur du Boustdn rapporte que les chrtiens de Tan-
ger, se voyant bloqus pendant aussi longtemps, dtrui-
sirent la ville, dmolirent les murs et les forts, puis s'em-
barqurent sur leurs vaisseaux, abandonnant la place. Les
musulmans y entrrent aussitt sans coup frir, et, le
1. er djoumda 1
er
, le qid des Moujdhidtn,. 'Ali ben 'Abdallh
Errfi, entreprit la reconstruction des fortifications et des
mosques qui avaient t dmolies.
Il y a encore Tanger, de nos jours, des descendants de
ce qId : ils sont souvent appels . exercer les fonctions
de gouverneurs.
Sur ces entrefaites, un corsaire, charg d'approvision-
nements pour la garnison de Ceuta, vint chouer sur la
cte, prs de Tanger. Comme il tait charg de marchan-
dises et de richesses de toutes sortes, les musulmans livr-
rent combat l'quipage et s'emparrent de tout ce qu'il
contenait. Le Sultan imposa la tribu de Gomira la corve
de traner jusqu' Mkns les canons de bronze dont ce
navire tait arm, et les fit aider par des combattants de
1. Texte arabe, IV partie, p. 81.
90
ARCHIVES MAROCAINES
Fs, qu'il leur envoya. Cette opration dura quarante jours.
Dieu triomphe toujours!
Deuxime expdition contre les Berbers et constructions de forts
sur les limites de leur territoire
l