Droit Des Organisations Internationales 2021-22
Droit Des Organisations Internationales 2021-22
Droit Des Organisations Internationales 2021-22
Introduction
Section 1 Les organisations internationales existent elles en droit Section 2 - L'interprétation de l'acte constitutif
international ? § 1 – Les méthodes d’interprétation - La théorie des
Section 2 Le droit international s’applique-t-il aux organisations compétences implicites
internationales ? A) Les méthodes d’interprétation
Section 3 Le droit des organisations internationales existe-t-il ? B) La théorie des compétences implicites
1° - Les compétences implicites incluses
Chapitre 1 Le droit de l’acte constitutif et de la détermination 2° - Les compétences implicites impliquées
des compétences de l’organisation internationale 3° - Fondements et limites de la théorie des compétences
implicites
§ 2 Les modes d’interprétation – Concurrence des
Section 1 L’élaboration de l’acte constitutif interprétations
§ 1 - La conclusion de l’acte constitutif A) Les mécanismes d’interprétation prévus par les actes
§ 2 - Les réserves de l’acte constitutif constitutifs
§ 3 - L'entrée en vigueur de l’acte constitutif B) La concurrence des interprétations
Section 3 - La modification et la terminaison de l'acte
constitutif
§ 1 – La modification de l’acte constitutif
§ 2 - La terminaison de l'acte constitutif
Chapitre 2 - Le droit de la participation à B) Participation cumulative, participation
l’organisation internationale exclusive
§ 2 - Participation d’entités non
Section 1 - La participation des parties souveraines
contractantes : la participation des États A) Les États fédérés, les démembrements
§1 - Participation initiale, par accession ou des États
par succession B) Les États potentiels
§ 2 - Statut des participants
Section 3 - La participation d'entités non-
Section 2 - La participation des parties parties contractantes
contractantes : la participation d’autres § 1 - Les entités ayant un statut
entités d’observateurs
§ 1 - Participation des organisations § 2 - Les entités ayant un statut de «
internationales membres »
A) Une participation exceptionnelle
Chapitre 3 – Le droit institutionnel de l’organisation internationale
« … dans l'ordre international, l'Organisation a-t-elle une nature qui comporte la qualité pour présenter une réclamation internationale ? Pour répondre à cette question, il faut
tout d'abord déterminer si la Charte a donné à l'Organisation une condition telle qu'elle ait vis-à-vis de ses Membres des droits dont elle ait qualité pour leur demander le respect.
En d'autres termes, l'Organisation est-elle revêtue de la personnalité internationale ? …. ·
« Pour répondre à cette question, qui n'est pas tranchée par les termes même de la Charte, il faut considérer les caractères que celle-ci a entendu donner à l'Organisation.
« Les sujets de droit, dans un système juridique, ne sont pas nécessairement identiques quant à leur nature ou à l'étendue de leurs droits; et leur nature dépend des besoins
de la communauté. Le développement du droit international, au cours de son histoire, a été influencé par les exigences de la vie inter nationale, et l'accroissement
progressif des activités collectives des États a déjà fait surgir des exemples d'action exercée sur le plan international par certaines entités qui ne sont pas des Etats. Ce
développement aboutit, en juin 1945, à la création d'une organisation internationale dont les buts et les principes sont énoncés dans la Charte des Nations Unies. Pour atteindre
ces buts, il est indispensable que l'Organisation ait la personnalité internationale. La Charte ne s'est pas bornée à faire simplement de l'Organisation créée par elle un centre
ou s'harmoniseraient lès efforts des nations vers les fins communes définies par elle (article premier, par. 4). Elle lui a donné des organes ; elle lui a assigné une mission propre.
Elle a défini la position des Membres par rapport à l'Organisation en leur prescrivant de lui donner pleine assistance dans toute action entreprise par elle (article 2, par. 5),
d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de Sécurité, en autorisant l'Assemblée générale à leur adresser des recommandations, ……
« De l'avis de la Cour, l'Organisation était destinée à exercer des fonctions et à jouir de droits -et elle l'a fait - qui ne peuvent s’expliquer que si l'Organisation possède une large
mesure de personnalité internationale et la capacité d'agir sur le plan international. Elle est actuellement le type le plus élevé d'organisation internationale, et elle ne pourrait
répondre aux intentions de ses fondateurs si elle était dépourvue de la personnalité internationale. On doit admettre que ses Membres, en lui assignant certaines fonctions,
avec les devoirs et les responsabilités qui les accompagnent, l'ont revêtue de la compétence nécessaire pour lui permettre de s'acquitter effectivement de ces fonctions.
« En conséquence, la Cour arrive à la conclusion que l'Organisation est une personne internationale. Ceci n'équivaut pas à dire que l'Organisation soit un Etat, ce qu'elle n'est
certainement pas, ou que sa personnalité juridique, ses droits et ses devoirs soient les mêmes que ceux d'un État. Encore moins cela équivaut-il à dire que l'Organisation soit
un «super-État», quel que soit le sens de cette expression …. Cela signifie que l'Organisation est un sujet de droit international, qu'elle a capacité d'être titulaire de droits
et devoirs internationaux et qu'elle a capacité de se prévaloir de ses droits par voie de réclamation internationale ».
Le droit international s’applique-t-il aux organisations internationales?
• Puisqu’elle est un sujet du droit international l’organisation est soumise au droit international, mais pas
forcément à tout le droit international.
• Interprétation de l'accord du 25 mars 1951 entre l'OMS et I 'Égypte, avis consultatif, C. I.J. Recueil 1980, p.
73, pp. 89-90: « L'organisation internationale est un sujet de droit international lié en tant que tel par
toutes les obligations que lui imposent les règles générales du droit international, son acte constitutif ou
les accords internationaux auxquels il est partie ».
• L’acte constitutif fait partie des règles de l’organisation avec les « décisions et résolutions adoptées
conformément aux [actes constitutifs] et la pratique bien établie de l’organisation » (Convention de Vienne
sur le droit des traités entre Etats et organisations internationales ou entre organisations internationales,
21 mars 1986, article 2 §1) j), règles qui lient évidemment l’organisation tout comme les accords quelle
pourrait conclure.
• Restent alors les « règles générales du droit international » qui ne lient pas automatiquement toutes les
organisations internationales: il faut prendre ne compte le principe de spécialité des OI, les dispositions de
l’acte constitutif, les normes concernées (impératives ou pas), les accords qui peuvent écarter l’application
de certaines règles.
• Concernant les accords passés entre Etats membres de l’organisation ceux-ci, en principe, ne lient pas l’OI
qui est un tiers par rapport à ces traités.
Le droit des organisations internationales existe-t-il?
• La définition traditionnelle de l’organisation internationale donnée par Gerald Fitzmaurice en 1956 reste
valable aujourd’hui: « association d’Etats constituée par traité, doté d’une constitution et d’organes
communs , et possédant une personnalité juridique distincte de celle des Etats membres ». Cette définition
a été précisé par la CDI dans ses travaux sur la responsabilité des organisations internationales en 2011 :
« On entend par « organisation internationale » toute organisation instituée par un traité ou par tout autre
instrument régi par le droit international et doté d’une personnalité juridique propre. Outre les Etats, une
organisation internationale peut comprendre parmi ses membres, des entités autres que les Etats ».
• On retiendra pour l’instant qu’en principe donc une organisation internationale est crée sur la base d’un
traité entre Etats, ce qui permet de la distinguer des « ONG », des « organes subsidiaires » ou encore des
« établissements publics internationaux ».
• Les organisations internationales se sont développées d’une façon régulière depuis le XIXe siècle, avec une
accélération depuis la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui elles sont plus nombreuses que les Etats.
Chacune étant crée par un traité particulier avec une structure, des compétences et des pouvoirs différents
constitue à priori un cas particulier, ce qui peut faire douter de l’existence de règles générales, d’un « droit
des organisations internationales ».
• Cependant on peut déceler des règles générales, qui ont un caractère « supplétif », tout comme les règles
générales du droit des traités entre Etats, entre Etats et organisations internationales ou entre
organisations internationales. Ce sont les règles que les Etats suivent, en général lorsqu’ils créent des
organisations internationales.
Chapitre I
Droit de l’acte constitutif et de la détermination des
compétences de l’organisation internationale
L’acte constitutif de l’organisation traduit, quelle que soit son appellation l’accord des Etats sur sa
création, accord qui le plus souvent prend la forme d’un traité. L’acte constitutif c’est aussi la
constitution de l’organisation, cette nature constitutionnelle expliquant certaines spécificités par
rapport au droit des traités entre Etats, qu’il s’agisse de l’élaboration de l’acte constitutif, de son
interprétation, de sa modification ou de sa terminaison.
• Arrêt de la Cour de justice des Communautés européennes du 5 février 1963. - NV Algemene Transport- en Expeditie
Onderneming van Gend & Loos contre Administration fiscale néerlandaise. - Demande de décision préjudicielle - Affaire 26-
62, p. 23.
Attendu que l'objectif du traité C.E.E. qui est d'instituer un marché commun dont le fonctionnement concerne directement les
justiciables de la Communauté, implique que ce traité constitue plus qu'un accord qui ne créerait que des obligations
mutuelles entre les États contractants;
que cette conception se trouve confirmée par le préambule du traité qui, au delà des gouvernements, vise les peuples, et de
façon plus concrète par la création d'organes qui institutionnalisent des droits souverains dont l'exercice affecte aussi bien les
États membres que leurs citoyens;
qu'il faut d'ailleurs remarquer que les ressortissants des États réunis dans la Communauté sont appelés à collaborer, par le
truchement du Parlement européen et du Comité économique et social, au fonctionnement de cette Communauté;
qu'en outre le rôle de la Cour de justice dans le cadre de l'article 177, dont le but est d'assurer l'unité d'interprétation du traité
par les juridictions nationales, confirme que les États ont reconnu au droit communautaire une autorité susceptible d'être
invoquée par leurs ressortissants devant ces juridictions;
qu'il faut conclure de cet état de choses que la Communauté constitue un nouvel ordre juridique de droit international, au
profit duquel les États ont limité, bien que dans des domaines restreints, leurs droits souverains, et dont les sujets sont non
seulement les États membres mais également leurs ressortissants;
que, partant, le droit communautaire, indépendant de la législation des États membres, de même qu'il crée des charges dans
le chef des particuliers, est aussi destiné à engendrer des droits qui entrent dans leur patrimoine juridique;
• Avis de la Cour du 14 décembre 1991. Avis rendu en vertu de l'article 228, paragraphe 1, deuxième alinéa du traité CEE -
Projet d'accord entre la Communauté, d'une part, et les pays de l'Association européenne de libre échange, d'autre part,
portant sur la création de l'Espace économique européen. Avis 1/91, § 21.
… le traité CEE, bien que conclu sous la forme d'un accord international, n'en constitue pas moins la charte constitutionnelle
d'une communauté de droit. Selon une jurisprudence constante de la Cour de justice, les traités communautaires ont instauré
un nouvel ordre juridique au profit duquel les États ont limité, dans des domaines de plus en plus étendus, leurs droits
souverains et dont les sujets sont non seulement les États membres, mais également leurs ressortissants (voir, notamment,
arrêt du 5 février 1963, Van Gend en Loos, 26/62, Rec. p. 1). Les caractéristiques essentielles de l'ordre juridique
communautaire ainsi constitué sont, en particulier, sa primauté par rapport aux droits des États membres ainsi que l'effet
direct de toute une série de dispositions applicables à leurs ressortissants et à eux-mêmes.
Le Traité sur l'Union Européenne du 7 février 1992
Evolution des Communautés et de l’Union européenne Apparition de l’Union Européenne fondée sur trois piliers : les trois Communautés, la CPE qui
devient la PESC (qui comprend à terme la définition d’une politique de défense commune + rôle de
l’UEO) et le pilier justice et affaires intérieures. Développement de la procédure de coopération et
La mise en place des trois Communautés mise en place de la procédure de codécision dans certains cas Mise place progressive d’une Union
9 mai 1950, discours de Robert Schuman, méthode Jean Monnet, approche économique et monétaire, institution d’une monnaie unique, l’EURO, apparition du Système
fonctionnaliste et sectorielle. Européen de Banques Centrales et de la Banque centrale Européenne.
18 avril 1951, Traité de Paris, création de la CECA. Le Traité d'Amsterdam du 2 octobre 1997 et le Traité de Nice du 26 février 2001
27 mai 1952, signature du Traité CED, abandon de la ratification en août 1954. Nouvelle numérotation des articles des Traités, communautarisation partielle du troisième pilier
25 mars 1957, Traités de Rome, création de la CEE et de la CEEA (Euratom)+ qui devient le pilier coopération policière et judiciaire en matière pénale, mise en place de la
Convention sur les institutions communes. « coopération renforcée », extension de la procédure de codécision à de nouveaux domaines,
8 avril 1965, Traité de fusion des exécutifs + budget unique. personnalisation de la PESC (haut représentant pour la PESC), intégration des missions de
Petersberg comme premiers éléments de la politique de défense commune. Développement en
Elargissement et approfondissement de l'intégration pratique de la PESD après Amsterdam et déclaration de son opérationnalité en décembre 2001 au
1 et 2 décembre 1969, Sommet de La Haye. Conseil européen de Laeken, premières opérations sur le terrain en 2003. Réforme institutionnelle
Les élargissements : 1973 Royaume Uni, Irlande et Danemark ; 1981, Grèce ; à Nice dans la perspective de l’adhésion de nouveaux membres. Le traité de Nice prévoit la
1986, Espagne et Portugal ; 1995, Finlande, Suède et Autriche ; 2004, 8 pays création d’une chambre juridictionnelle compétente pour statuer en première instance sur les
d’Europe centrale et orientale, Chypre et Malte ; 2007, Bulgarie et Roumanie ; litiges entre la Communauté et ses agents (article 225A TCE). Sur cette base sera créé par le
2013, Croatie. Actuellement 27 Etats membres (V. Brexit, retrait de l’Union Conseil dans une décision du 2 novembre 2004 le Tribunal de la fonction publique.
européenne). Le projet de Traité constitutionnel pour l’Europe et le Traité de Lisbonne
1970, Rapport Davignon, mise en place de la coopération politique Projet de Traité instituant une constitution pour l’Europe signé le 29 octobre 2004 à Rome.
européenne(CPE), Sommets européens puis à partir de 1974 Conseils Européens L’Union Européenne aurait la personnalité juridique, fusion des Traités, abandon de la structure
et adoption du principe de l’élection du Parlement européen au suffrage en piliers, Ministre Européen des Affaires étrangères, généralisation de la procédure de
universel direct. A partir des Conseils européens de Londres (1981) et de codécision qui devient la procédure ordinaire d’adoption des actes, modification de la
Stuttgart (1983) affirmations de la vocation de la CPE à traiter des aspects nomenclature des actes et des procédures d’adoption, consécration des évolutions relatives à la
politiques et économiques de la sécurité. PESD, intégration de la Charte sur les droits fondamentaux. Echec du processus de ratification
1970/71, projet d’union économique et monétaire (plans Barre), échec, création suite au « non » de la France et des Pays Bas.
du Système monétaire européen, apparition de l’ECU ; ressources propres. Juillet 2007, relance de la question des réformes suite à l’élection présidentielle française,
L'Acte Unique Européen des 17 et 28 février 1986 signature du Traité de Lisbonne, le 13 décembre 2007. Celui-ci reprend pour l’essentiel le projet de
Stratégie d’achèvement de marché unique et codification de la CPE. Procédure Traité constitutionnel avec des changements de présentation et de vocabulaire. Le traité de
de coopération renforçant le poids de certains avis du Parlement européen. Lisbonne modifie, sans les remplacer, le Traité sur l’Union européenne et le Traité Communauté
Création du TPICE. européenne, qui devient le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
Section 1 – Elaboration de l’acte constitutif
§ 1 – Conclusion de l’acte constitutif.
- Procédure classique de conclusion des traités.
- Rôle des organisations existantes dans la création de nouvelles organisations.
Règlement (UE) 2016/1624 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2016 relatif au
corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, modifiant le règlement (UE) 2016/399 du
Parlement européen et du Conseil et abrogeant le règlement (CE) n° 863/2007 du Parlement
européen et du Conseil, le règlement (CE) n° 2007/2004 du Conseil et la décision 2005/267/CE du
Conseil :
Article 56
Statut juridique et siège
1. L'Agence est un organisme de l'Union. Elle est dotée de la personnalité juridique…
Article 63
Composition du conseil d'administration
1. … le conseil d'administration est constitué d'un représentant de chaque État membre et de deux
représentants de la Commission, disposant tous du droit de vote. À cet effet, chaque État membre
nomme un membre du conseil d'administration et un suppléant, qui remplacera le membre titulaire
en cas d'absence. La Commission nomme deux membres et leurs suppléants. La durée du mandat
est de quatre ans. Les mandats sont renouvelables.
§ 2 – Réserves à l’acte constitutif.
De l’intégrité des traités à la participation la plus large aux traités combiné à la prise en compte de la nature particulière
de l’acte constitutif.
Article 20 de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur les traités entre Etats: acceptation des réserves et objections
aux réserves.
1. Une réserve expressément autorisée par un traité n’a pas à être ultérieurement acceptée par les autres Etats
contractants, à moins que le traité ne le prévoie.
2. Lorsqu’il ressort du nombre restreint des Etats ayant participé à la négociation, ainsi que de l’objet et du but d’un
traité, que l’application du traité dans son intégralité entre toutes les parties est une condition essentielle du
consentement de chacune d’elles à être liée par le traité, une réserve doit être acceptée par toutes les parties.
3. Lorsqu’un traité est un acte constitutif d’une organisation internationale et à moins qu’il n’en dispose autrement,
une réserve exige l’acceptation de l’organe compétent de cette organisation.
4. Dans les cas autres que ceux visés aux paragraphes précédents et à moins que le traité n’en dispose autrement : a)
L’acceptation d’une réserve par un autre Etat contractant fait de l’Etat auteur de la réserve une partie au traité par
rapport à cet autre Etat si le traité est en vigueur ou lorsqu’il entre en vigueur pour ces Etats; b) L’objection faite à une
réserve par un autre Etat contractant n’empêche pas le traité d’entrer en vigueur entre l’Etat qui a formulé l’objection
et l’Etat auteur de la réserve, à moins que l’intention contraire n’ait été nettement exprimée par l’Etat qui a formulé
l’objection; c) Un acte exprimant le consentement d’un Etat à être lié par le traité et contenant une réserve prend effet
dès qu’au moins un autre Etat contractant a accepté la réserve.
5. Aux fins des paragraphes 2 et 4 et à moins que le traité n’en dispose autrement, une réserve est réputée avoir été
acceptée par un Etat si ce dernier n’a pas formulé d’objection à la réserve soit à l’expiration des douze mois qui suivent
la date à laquelle il en a reçu notification, soit à la date à laquelle il a exprimé son consentement a être lié par le traité,
si celle-ci est postérieure.
§ 3 – Entrée en vigueur de l’acte constitutif.
La date d’entrée en vigueur détermine en principe le moment où le traité commence à s’appliquer.
Entrée en vigueur et application provisoire.
Section 2 – Interprétation de l’acte constitutif
§ 1 – Méthodes d’interprétation et théorie des compétences implicites.
A) Méthodes d’interprétation
Article 5 de la Convention du 23 mai 1969 :
La présente Convention s’applique à tout traité qui est l’acte constitutif d’une organisation internationale et à tout traité adopté au sein d’une organisation
internationale, sous réserve de toute règle pertinente de l’organisation.
Article 5 de la Convention du 31 mars 1986 :
La présente Convention s’applique à tout traité entre un ou plusieurs Etats et une ou plusieurs organisations internationales qui est l’acte constitutif d’une
organisation internationale et à tout traité adopté au sein d’une organisation internationale, sous réserve de toute règle pertinente de l’organisation .
Article 31, Règle générale d’interprétation :
1. Un traité doit être interprété de bonne foi suivant le sens ordinaire à attribuer aux termes du traité dans leur contexte et à la lumière de son objet et de son
but.
2. Aux fins de l'interprétation d'un traité, le contexte comprend, outre le texte, préambule et annexes inclus :
a) tout accord ayant rapport au traité et qui est intervenu entre toutes les parties à l'occasion de la conclusion du traité ;
b) tout instrument établi par une ou plusieurs parties à l'occasion de la conclusion du traité et accepté par les autres parties en tant qu'instrument ayant rapport
au traité.
3. Il sera tenu compte, en même temps que du contexte :
a) de tout accord ultérieur intervenu entre les parties au sujet de l'interprétation du traité ou de l'application de ses dispositions ;
b) de toute pratique ultérieurement suivie dans l'application du traité par laquelle est établi l'accord des parties à l'égard de l'interprétation du traité ;
c) de toute règle pertinente de droit international applicable dans les relations entre les parties.
4. Un terme sera entendu dans un sens particulier s'il est établi que telle était l'intention des parties. »
L’article 32 prévoit le recours aux moyens complémentaires d’interprétation lorsque l’application de la règle générale laisse le sens ambigu ou obscur ou conduit
à un résultat qui est manifestement absurde ou déraisonnable.
L’article 33 traite de questions d’Interprétation de traités authentifiés en deux ou plusieurs langues et prévoit notamment que Les termes d’un traité sont
présumés avoir le même sens dans les divers textes authentiques.
B) Théorie des compétences implicites
Affaire McCulloch c/ Maryland, le 1er février 1819 :
L’État fédéral a le droit d’adopter des actes qui ne sont pas expressément autorisés par la constitution fédérale, « pourvu que les fins soient légitimes, qu’elles
soient dans la sphère de la constitution, tous les moyens qui sont appropriés à ces fins, qui ne sont pas interdits, mais qui sont compatibles avec la lettre et
avec l’esprit de la constitution, sont constitutionnels »
Avis CPJI n° 2 du 12 août 1922, Compétence de L'Organisation internationale du Travail pour réglementer les conditions du travail des personnes employées
dans l'agriculture
Avis CPJI n°13 du 23 Juillet 1926, Compétence de l’OIT pour élaborer et proposer une réglementation qui, pour assurer la protection de certains travailleurs
salariés, vise en même temps et accessoirement le même travail personnel du patron
Avis CPJI n° 14 du 8 Décembre 1927, Compétence de la Commission Européenne du Danube
Avis CPJI n°16 du 28 Août 1928, Interprétation de l’accord gréco-turc du 1er décembre 1926 (protocole final‚ article IV)
Avis consultatif CIJ. du 11 juillet 1950, Statut international du Sud-Ouest africain
Avis consultatif CIJ du 13 juillet I954, Effets des jugements du tribunal administratif des N. U. accordant indemnité
Avis consultatif C.I.J. du 21 juin 1971, Conséquences juridiques pour les États de la présence continue de l'Afrique du Sud en Namibie (Sud-Ouest africain)
nonobstant la résolution 276 (1970) du Conseil de sécurité
Avis consultatif CIJ du 11 avril 1949, Réparation des dommages subis au service des Nations Unies
Arrêts de la CJCE du 5 février 1963, NV Algemene Transport- en Expeditie Onderneming van Gend & Loos contre Administration fiscale néerlandaise, affaire
26/62 (effet direct du droit communautaire), du 15 juillet 1964, Costa/ENEL (primauté du droit communautaire), affaire 6/64 du 31 mars 1971. - Commission
des Communautés européennes contre Conseil des Communautés européennes. - Accord européen sur les transports routiers. - affaire 22-70.
CEDH, Affaire Lawless c. Irlande (N° 1), 14 novembre 1960, 332/57, (N° 3), 1er juillet 1961, 332/57, Affaire Loizidou c/Turquie, arrêt du 23 mars 1995
(exceptions préliminaires)
Arrêt du 1er juillet 1999, TIDM, Affaire du Navire Saïga n° 2, (Saint-Vincent-et-les-Grenadines c. Guinée)
Arrêt du 2 octobre 1995, Affaire Tadic ,TPIY, Chambre d’appel
Rapport de l'Organe d'appel du 22 février 1999, OMC/ORD, Japon - Mesures visant les produits agricoles – adopté par l’ORD le 19 mars 1999
1 – Compétences implicites incluses
La notion de compétences incluses part de l’idée « qu’il existe des types juridiques, des situations, et qu’à chacun de ces types ou de
ces situations correspond ce que l’on pourrait appeler un statut : c’est à dire un ensemble de droits et d’obligations, de pouvoirs et
de limites qui sont inséparables du type ou de la situation en cause. Ce statut s’applique alors automatiquement aux organismes qui
relèvent du type ou de la situation visés » (Rouyer-Hameray (B.), Les compétences implicites des organisations internationales)
Affaire Tadic: la Chambre d’appel du TPIY a précisé que le « principe de « Kompetenz-Kompetenz » en allemand ou « la compétence
de la compétence » en français, est un élément et, de fait, un élément majeur de la compétence incidente ou implicite de tout
tribunal judiciaire ou arbitral et [qu’il] consiste en sa « compétence de déterminer sa propre compétence ». Ce principe est un
élément constitutif nécessaire dans l'exercice de la fonction judiciaire et il est inutile qu'il soit expressément prévu dans les
documents constitutifs [des] tribunaux, bien qu'il le soit souvent (Voir, par exemple, Statut de la Cour internationale de Justice, art.
36, par. 6) »
Les compétences « incluses » peuvent l’être aussi dans les termes mêmes de l’acte constitutif.
2 – Les compétences implicites impliquées
« Selon le droit international, l’organisation doit être considérée comme possédant ces pouvoirs qui, s’ils ne sont pas expressément
énoncés dans la Charte, sont par une conséquence nécessaire, conférés à l’Organisation en tant qu’essentiels à l’exercice des
fonctions de celle-ci... ». « A considérer le caractère des fonctions confiées à l’Organisation et la nature des missions des agents, il
devient évident que la qualité de l’Organisation pour exercer, dans une certaine mesure, une protection fonctionnelle de ses agents,
est nécessairement impliquée par la Charte » (CIJ, Avis du 11 avril 1949)
3- Fondements et limites de la théorie des compétences implicites
« Le juge en cherchant à donner une vision objective du but assigné à l’Organisation par les Etats eux-mêmes et sous couvert de
donner plein effet à l’expression imparfaite de leur volonté, aboutit ainsi à confier à l’institution considérée des compétences dont il
n’est pas toujours sûr (c’est parfois presque un euphémisme) que les Etats aient bel et bien voulu la doter. Il contribue ainsi à placer
l’Organisation « face aux Etats »... tant du moins qu’il sait, par sa jurisprudence éviter de heurter directement la susceptibilité vite en
éveil des Etats souverains » (DUPUY, (P.-M.), KERBRAT (Y.), Droit international public, Précis Dalloz, 10e éd., Paris, 2010)
§ 2 – Modes d’interprétation – Concurrence des interprétations
A) Les mécanismes d’interprétation prévus par les actes constitutifs
Les actes constitutifs peuvent prévoir des mécanismes d'interprétation
reposant sur des procédures contentieuses, comprenant des mécanismes non
juridictionnels ou juridictionnels, ou des procédures non contentieuses. Dans
certains cas assez rares, ces mécanismes sont exclusifs.
B) Concurrence des interprétations
En dehors du cas où il existe, comme dans l’Union européenne un mécanisme
assurant « l’interprétation et l’application uniforme du droit de l’Union » , on
se trouve dans une situation de concurrence des interprètes et des
interprétations qui expriment autant de prétentions concurrentes.
Section 3 - Modification et terminaison de l’acte constitutif
§ 1 – Modification de l’acte constitutif
-Convention de Vienne du 23 mai 1969:
Article 39 RÈGLE GÉNÉRALE RELATIVE À L’AMENDEMENT DES TRAITÉS
Un traité peut être amendé par accord entre les parties. Sauf dans la mesure où le traité en dispose autrement, les règles énoncées dans la partie II s’appliquent à un tel accord.
Article 40 AMENDEMENT DES TRAITÉS MULTILATÉRAUX
1. A moins que le traité n’en dispose autrement, l’amendement, des traités multilatéraux est régi par les paragraphes suivants.
2. Toute proposition tendant à amender un traité multilatéral dans les relations entre toutes les parties doit être notifiée à tous les Etats contractants, et chacun d’eux est en
droit de prendre part :
a) A la décision sur la suite à donner à cette proposition;
b) A la négociation et à la conclusion de tout accord ayant pour objet d’amender le traité.
3. Tout Etat ayant qualité pour devenir partie au traité a également qualité pour devenir partie au traité tel qu’il est amendé.
4. L’accord portant amendement ne lie pas les Etats qui sont déjà parties au traité et qui ne deviennent pas parties à cet accord; l’alinéa b du paragraphe 4 de l’article 30
s’applique à l’égard de ces Etats.
5. Tout Etat qui devient partie au traité après l’entrée en vigueur de l’accord portant amendement est, faute d’avoir exprimé une intention différente, considéré comme étant :
a) Partie au traité tel qu’il est amendé; et
b) Partie au traité non amendé au regard de toute partie au traité qui n’est pas liée par l’accord portant amendement.
Article 41 ACCORDS AYANT POUR OBJET DE MODIFIER DES TRAITÉS MULTILATÉRAUX DANS LES RELATIONS ENTRE CERTAINES PARTIES SEULEMENT
1. Deux ou plusieurs parties à un traité multilatéral peuvent conclure un accord ayant pour objet de modifier le traité dans leurs relations mutuelles seulement :
a) Si la possibilité d’une telle modification est prévue par le traité; ou
b) Si la modification en question n’est pas interdite par le traité, à condition qu’elle :
i) Ne porte atteinte ni à la jouissance par les autres parties des droits qu’elles tiennent du traité ni à l’exécution de leurs obligations; et
ii) Ne porte pas sur une disposition à laquelle il ne peut être dérogé sans qu’il y ait incompatibilité avec la réalisation effective de l’objet et du but du traité pris dans son
ensemble.
2. A moins que, dans le cas prévu à l’alinéa a du paragraphe 1, le traité n’en dispose autrement, les parties en question doivent notifier aux autres parties leur intention de
conclure l’accord et les modifications que ce dernier apporte au traité.
-Souvent, les actes constitutifs contiennent des dispositions particulières réglementant la procédure de modification. Se pose alors la question de savoir si le traité peut être
amendé ou modifié en violation des règles prévues pour l'amendement ou la modification.
§ 2 - Terminaison de l’acte constitutif
-Dissolution pure et simple
-Dissolution dans le cadre d’une succession d’OI
Chapitre II
Le droit de la participation à l’organisation internationale
41 organisations non gouvernementales ont reçu le statut consultatif du Conseil en 1945 ; en 1992, plus de 700 ONG ont obtenu ce statut et depuis ce nombre n'a cessé d'augmenter pour finalement
atteindre le total de 5.161 aujourd'hui.
L'article 71 de la Chartre des Nations Unies a ouvert la voie aux consultations avec les organisations non gouvernementales et en a jeté les bases. La relation consultative avec l'ECOSOC est gérée
aujourd'hui par la Résolution 1996/31 de l'ECOSOC qui définit les conditions à remplir pour obtenir le statut consultatif, les droits et obligations des ONG en statut consultatif, la procédure pour la
suspension ou le retrait du statut consultatif, le rôle et la fonction du Comité chargé des ONG de l'ECOSOC et la responsabilité du Secrétariat des Nations Unies quant au soutien de la relation consultative.
Article 71 de la Charte des Nations unies : « Le Conseil économique et social peut prendre toutes dispositions utiles pour consulter les organisations non gouvernementales qui s’occupent de questions
relevant de sa compétence. Ces dispositions peuvent s’appliquer à des organisations internationales et, s’il y a lieu, à des organisations nationales après consultation du Membre intéressé de
l’Organisation ».
Résolution 1996/31 de l'ECOSOC
Liste officielle de toutes les ONG dotées du statut consultatif auprès de l'ECOSOC (mise à jour en septembre 2018)
Le statut consultatif est accordé par l'ECOSOC sur recommandation du Comité chargé des ONG de l'ECOSOC qui est composé de 19 états membres.
Les relations consultatives peuvent être établies avec des organisations internationales, régionales, sous-régionales, non gouvernementales, bénévoles ou à but non lucratif. Les ONG
rattachées à une organisation bénéficiant déjà du statut consultatif sont éligibles à condition qu'elles puissent prouver que leur programme de travail est directement lié aux buts et
objectifs des Nations Unies. Dans le cas précis d'une organisation nationale, des consultations avec l'état membre concerné seront demandées.
Pour être éligible au statut consultatif, une ONG doit avoir au minimum deux ans d'existence (enregistrée officiellement auprès des autorités gouvernementales de son pays), elle doit avoir
un siège reconnu, un acte constitutif adopté selon les principes démocratiques, la qualité pour parler au nom de ses membres, une structure de représentation, un mécanisme de
comptabilité structuré et doit pouvoir prouver un procédé de prise de décision transparent et démocratique. Les principales sources de revenus de l'organisation doivent provenir en
premier lieu des cotisations de ses affiliés ou éléments constitutifs nationaux ou des contributions des particuliers membres de l'organisation.
Les organisations établies par les gouvernements ou par des accords intergouvernementaux ne sont pas considérées comme ONG.
Il existe trois catégories de statut : le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et le statut " roster « (Liste).
Le statut consultatif général est réservé pour les grandes ONG internationales, dont les domaines d'action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l'agenda de l'ECOSOC
et de ses organes subsidiaires. Celles-ci tendent à être des grandes ONG internationalement établies bénéficiant d'un rayonnement géographique assez large.
Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l'ECOSOC. Ces ONG ont tendance à être un
peu plus petites et plus jeunes.
Les organisations qui font la demandent du statut consultatif mais qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories sont habituellement incluses dans le " roster ". Ces ONG ont plutôt
tendance à travailler d'une manière plus technique et/ou restreinte. Les ONG qui bénéficient d'un statut formel avec d'autres organes des Nations Unies ou ses agences spécialisées (FAO,
BIT, CNUCED, UNESCO, ONUDI, OMS et autres), peuvent être incluses dans le " roster " de l'ECOSOC.. Le " roster " contient la liste des ONG que l'ECOSOC ou le Secrétaire général des
Nations Unies considère comme capables de " contribuer de façon fructueuse et occasionnelle au travail du Conseil ou de ses organes subsidiaires ".
Les organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif général, spécial ou inscrites sur le " roster " peuvent, si elles en font la demande, prendre part aux conférences
internationales entrant dans leurs domaines d'action et organisées par les Nations Unies, ainsi qu'aux réunions des organes de préparations des dites conférences, à condition d'y être
dûment accréditées. Les autres organisations non gouvernementales désirant y être accréditées doivent en faire la demande directement auprès du secrétariat de la conférence.
https://csonet.org/index.php?menu=132 Département des affaires économiques et sociales
A partir de 1970, l'Assemblée générale des Nations Unies a décidé d'inviter des mouvements de libération nationale à participer à des travaux les concernant et le 10 décembre 1974, dans
sa résolution 3280 (XXIX), elle décida « d'inviter à titre d'observateur, sur une base régulière et conformément à la pratique établie, les représentants des mouvements de libération
nationale reconnus par l'OUA, à participer aux travaux pertinents des grandes commissions de l'Assemblée générale et de ses organes subsidiaires intéressés, ainsi qu'aux conférences,
séminaires et autres réunions organisées sous les auspices de l'ONU qui intéressent leur pays »
§ 2 – Les entités ayant un statut de « membres »
Des États, des territoires dépendants et des mouvements de libération nationale ont pu ou peuvent avoir, sans être partie contractante à l'acte constitutif, la
qualité de « membre associé » , « membre partiel » ou « membre provisoire » d'organisations internationales . Dans tous les cas, ces « membres » ont un
statut, variable, qui implique une réduction des droits et obligations par rapport au statut de membre à part entière.
Concernant les États, ce statut les place dans une position intermédiaire entre celle de membre ordinaire et d'observateur et correspond le plus souvent à
une position d'attente, avant de devenir membre de l'organisation.
Concernant les autres entités qui sont toutes des entités non souveraines, nous avons pu identifier 150 cas de participation au sens large aux organisations
internationales (Observateurs, membres associés, membres), concernant 61 entités non souveraines dans 39 organisations internationales .
Sur 61 entités non souveraines il y a 49 pays d’outre-mer qui dépendent de 7 pays (RU 13, F 10, Pays-Bas 5, Etats-Unis 4, Nouvelle-Zélande3, Danemark 1,
Portugal 1). Reste 12 entités non souveraines, dont 6 Etats Fédérés relevant de trois Etats (Canada, Belgique, Etats-Unis), 3 Etats contestés (Palestine, RASD,
Kosovo) , 2 dépendances de la Chine (Hong-Kong, Macao) et Taipeh.
35 entités non souveraines sont des Iles dont 17 dans la zone Antilles/Caraïbes, 10 dans le Pacifique, 5 dans l'Atlantique, 3 dans l'océan Indien.
Plus des deux tiers de ces participations concernent des entités d’outre-mer (103 cas sur 150) et 11 organisations internationales, dont 9 organisations
régionales et deux institutions spécialisées du système des NU .
Concernant les autres entités on a pu relever 47 cas de participation dans 28 organisations dont 39 avec le statut de membres associé ou de membre, soit
une moyenne de moins d’un cas et demi par organisation. Ainsi les entités issues d’Etats fédéraux ne participent qu’à l’OIF.
Dans le plus grand nombre de cas concernant des entités d’outre-mer (91 sur 103), celles-ci ont le statut de membre associé (52 cas) ou de membres (39
cas).
Si l’on tient compte du fait que parfois le statut de membre associé n’est guère différent de celui de membre et qu’en pratique les membres associés sont
traités comme les autres membres de l’organisation cela ne signifie pas que ces « membres » soient des membres à part entière identiques aux Etats
membres. En effet, outre le fait que le nombre de cas est limité, que leur participation se fait le plus souvent avec l’accord de l’Etat dont ils dépendent ils
restent dans tous les cas des membres à droits réduits en particulier au regard du traité constitutif pour lequel ils n’ont pas en principe de compétence. Le
phénomène de la participation d’entités non souveraines qui pourraient ou souhaiteraient éventuellement le devenir peut accompagner voire encourager le
développement de l’autonomie et des compétences de ces territoires, il ne remet pas en cause le principe du caractère intergouvernemental des
organisations internationales.
Chapitre 3
Le droit institutionnel de l’organisation internationale
Il s’agit en premier d’étudier les principes qui régissent la structure des
organisations internationales, puis d’aborder ensuite les règles de
fonctionnement des organes des organisations internationales
Section 1 – Principes régissant la structure des organisations
internationales
§ 1 - Organes principaux et organes subsidiaires
A) Une distinction simple en apparence
l'article 7 de la Charte des Nations Unies:
« Il est créé comme organes principaux de l'Organisation des Nations Unies : une Assemblé générale, un Conseil de sécurité, un Conseil économique et social, un Conseil de
tutelle, une Cour internationale de Justice et un Secrétariat »
« Les organes subsidiaires qui se révèleraient nécessaires pourront être créés conformément à la présente Charte ».
B) Une distinction insuffisante en réalité
Article 47 de la Charte des Nations Unies
« Il est établi un Comité d'état-major chargé de conseiller et d'assister le Conseil de sécurité pour tout ce qui concerne les moyens d'ordre militaire nécessaires au Conseil pour
maintenir la paix et la sécurité internationales, l'emploi et le commandement des forces mises à sa disposition, la réglementation des armements et le désarmement éventuel.
Le Comité d'état-major se compose des chefs d'état-major des membres permanents du Conseil de sécurité ou de leurs représentants. Il convie tout Membre des Nations
Unies qui n'est pas représenté au Comité d'une façon permanente à s'associer à lui, lorsque la participation de ce Membre à ses travaux lui est nécessaire pour la bonne
exécution de sa tâche.
Le Comité d'état-major est responsable, sous l'autorité du Conseil de sécurité, de la direction stratégique de toutes forces armées mises à la disposition du Conseil. Les
questions relatives au commandement de ces forces seront réglées ultérieurement.
Des sous-comités régionaux du Comité d'état-major peuvent être établis par lui avec l'autorisation du Conseil de sécurité et après consultation des organismes régionaux
appropriés ».
Se réunissant depuis sa séance inaugurale tenue à Londres le 4 février 1946, le Comité est le plus ancien organe subsidiaire permanent du Conseil de sécurité. Le Comité
d’état-major constitue aujourd’hui un groupe de conseillers militaires placés auprès des diplomates de leurs gouvernements respectifs (représentants permanents). C’est le
Secrétariat et non le Comité d’état-major qui s’est retrouvé au centre des activités militaires de l’ONU (OMP). Le Comité d’état-major n’a conservé qu’un rôle purement
consultatif auprès du Conseil de sécurité. https://www.un.org/securitycouncil/fr/subsidiary/msc
Il serait préférable de distinguer les organes créés par un traité (qu'il s'agisse ou non de l'acte constitutif, qu’ils soient créés en combinaison ou pas avec un acte unilatéral d’un
organe de l’organisation), des organes créés exclusivement par un acte unilatéral d'un organe (qu'il soit qualifié de principal ou de subsidiaire), car dans le premier cas toute
modification du statut de cet organe suppose la modification d'un traité alors que dans le second cas, un simple acte unilatéral d'un organe pourra procéder aux modifications.
Les organes créés par un traité qu’il s’agisse ou pas d’organes subsidiaires, sont de ce fait dans une situation moins précaire que ceux créés par une simple résolution. Sur les
organes de traités dans le domaine des droits de l’homme: https://www.ohchr.org/FR/HRBodies/Pages/Overview.aspx
§ 2 - Organes interétatiques et organes intégrés
A) Distinction suivant la composition des organes
Les organes interétatiques sont composés des représentants des États membres de l'organisation. Il peut s'agir d'organes pléniers ou d'organes
restreints. La représentation des États membres dans les organes interétatiques se fait en principe par des délégués gouvernementaux, c'est-à-dire
des membres des organes gouvernementaux, de l'administration nationale ou des services diplomatiques de l'État dont le nombre est parfois fixé
dans l’acte constitutif
Les organes intégrés sont composés d'individus recrutés en fonction de leurs compétences et qui ne sont pas chargés de représenter les États.
Constitués d'agents internationaux ou d'experts indépendants, ils sont dotés d'un statut qui assure en principe leur indépendance à l'égard des États
membres et ils sont au service de l'organisation.
B) Distinction suivant les fonctions exercées
Les organes politiques ont pour fonction de définir la politique de l'organisation dans son domaine de compétence et ils correspondent le plus
souvent aux organes interétatiques.
Par contre, les organes administratifs et judiciaires correspondent à des organes intégrés.
Les organes administratifs sont chargés de la préparation et de la mise en œuvre des décisions des organes politiques, sous leur autorité. Cependant,
la frontière entre fonction administrative et fonction politique n'est pas absolue et le secrétariat développe toujours un rôle politique, en particulier
au niveau de la haute administration et du chef du secrétariat.
Les organes juridictionnels n'existent pas dans toutes les organisations, où souvent la fonction juridictionnelle est remplie par des organes politiques.
Lorsque ces organes existent, il s'agit de juridictions générales (CIJ), spéciales (Cour européenne des droits de l'homme, Cour Interaméricaine des
droits de l'homme, Cour Africaine des droits de l’homme, tribunaux pénaux ad hoc, Tribunal du droit de la mer, Organe de règlement des différends
de l’OMC…) ou administratives [chargées de régler les litiges opposant l'organisation à ses agents (TANU, TAOIT, Tribunal de la fonction publique de
l’Union européenne jusqu’en 2016 , Commission des recours puis tribunal administratif de l’OCDE, de la BIRD, de la BAD, etc.
Section 2 - Les règles de fonctionnement des organes des organisations internationales
S’agissant des relations fonctionnelles entre les organes de l’organisation, il n’est pas possible, comme
dans l’ordre interne des États, de découper le processus décisionnel en étapes, dont chacune serait
confiée à un organe particulier.
§ 1 La diplomatie multilatérale parlementaire
Les organes délibérants sont en principe des organes interétatiques, pléniers ou restreints. Composés
de représentants des États obéissant aux instructions de leur gouvernement ces organes sont le lieu de
négociations diplomatiques traditionnelles où les intérêts particuliers s’affrontent, bien que
théoriquement les représentants des États soient en même temps des représentants des membres de
l’organisation, et donc chargés d’exprimer la volonté commune qui a justifié sa création. Cependant
cette diplomatie multilatérale a aussi un côté parlementaire dans l’organisation du travail et les
méthodes de négociations.
§ 2 Le mode de prise des décisions
Le plus souvent, les organes délibérants n'adoptent que des recommandations : il est exceptionnel
qu'ils disposent d'un pouvoir de décision sauf pour assurer le fonctionnement interne de
l'organisation . Dans tous les cas et quelle que soit leur portée, les décisions sont en principe adoptées
à la suite d'un vote. Les actes constitutifs prévoient parfois le recours au consensus qui très souvent
s'est imposé en pratique dans l'espoir d'améliorer l'effectivité des décisions.
Prise de décisions à l’ORD : consensus positif, consensus négatif
La règle générale veut que l’ORD prenne des décisions par consensus.
Il y a consensus si aucun Membre de l’OMC, présent à la réunion de l’ORD au cours de laquelle la décision est prise, ne s’oppose
formellement à la décision proposée (Consensus positif). Autrement dit, le président ne s’emploie pas à demander à chaque délégation si
elle appuie la décision proposée, et il n’y a pas non plus de vote. Par contre, le président demande simplement, par exemple, si la décision
peut être adoptée et si personne ne manifeste son opposition, il annonce que la décision a été prise ou adoptée. En d’autres termes, une
délégation souhaitant bloquer une décision est tenue d’assister à la réunion et de se montrer vigilante afin de pouvoir le moment venu
demander la parole et exprimer son opposition. Tout Membre qui procède ainsi peut, même à lui seul, empêcher l’adoption de la
décision.
Toutefois, lorsque l’ORD établit des groupes spéciaux, lorsqu’il adopte les rapports de groupes spéciaux et de l’Organe d’appel et lorsqu’il
autorise des mesures de rétorsion, il doit approuver la décision à moins qu’il n’y ait un consensus contre son adoption. Cette procédure
spéciale de prise de décisions est communément dénommée consensus “négatif” ou “inverse”. Aux trois étapes importantes du processus
de règlement des différends susmentionnées (établissement, adoption et rétorsion), l’ORD doit automatiquement décider de procéder à
l’action à moins qu’il n’existe un consensus en faveur du contraire. Cela signifie qu’un seul Membre peut toujours empêcher ce consensus
inverse, c’est-à-dire éviter que l’adoption de la décision ne soit bloquée. Il suffit pour cela que ce Membre insiste pour que la décision soit
approuvée.
Aucun Membre (y compris les parties concernées ou intéressées) n’est exclu du processus de prise de décisions. En d’autres termes, tout
Membre ayant l’intention de bloquer la décision d’adopter le(s) rapport(s) doit persuader tous les autres Membres de l’OMC (y compris la
partie adverse dans l’affaire en cause) de se rallier à sa cause ou tout du moins de rester passifs. Le consensus négatif relève donc pour
une large part de l’hypothèse théorique et à ce jour, il n’y en a jamais eu. C’est pourquoi on parle de la quasi-automaticité des décisions
de l’ORD. Cela rompt avec la situation qui prévalait dans le cadre du GATT de 1947, à savoir que les groupes spéciaux pouvaient être
établis, leurs rapports adoptés et des mesures de rétorsion autorisées uniquement sur la base d’un consensus positif. Contrairement au
GATT de 1947, le Mémorandum d’accord ne ménage donc pas de possibilité à l’un quelconque des Membres de bloquer l’adoption des
décisions sur ces importantes questions. Le consensus négatif ne s’applique dans aucun processus décisionnel de l’OMC si ce n’est dans le
système de règlement des différends.
D’après: Les organes de l’OMC intervenant dans le processus de règlement des différends,
https://www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/disp_settlement_cbt_f/c3s1p1_f.htm
Section 3 - Modalités et moyens d’action des organisations internationales
§1 – Modalités d’action des organisations internationales
A) Compétences normatives des organisations internationales
1° - La fonction normative dans les organisations internationales
On peut distinguer deux grandes catégories de normes quant aux fins poursuivies par l’organisation qui les édicte. La première
catégorie est celle qui permet à l’organisation de fonctionner indépendamment des fins spécifiques pour lesquelles elle a été créée.
La seconde catégorie de normes correspond à des normes qui sont élaborées dans le cadre de la poursuite des objectifs précis pour
lesquels l’organisation a été créée. Dans tous les cas, la fonction normative s’exerce de deux façons, soit par le biais d’un acte
conventionnel soit par le biais d’un acte unilatéral.
2° - Compétences normatives externes des organisations internationales
a) - Les traités conclus par les organisations internationales
La participation d’une organisation internationale à un traité international dépend des dispositions de son acte constitutif, de l’objet
de l’accord, du cadre de la négociation, de l’attitude des Etats tiers (problème de reconnaissance) et des Etats membres.
b) - Les actes unilatéraux des organisations internationales
S’ils peuvent constituer une source du droit international, soit exceptionnellement directement, soit le plus souvent d’une manière
indirecte, les actes unilatéraux des Organisations internationales en tout état de cause ne peuvent être considérés comme une
source du droit au même titre que les traités ou la coutume.
1- Les résolutions comme source directe du droit.
Certains auteurs ont essayé de défendre, surtout à propos des Nations Unies, la théorie suivant laquelle les résolutions des
organisations internationales seraient obligatoires. L’analyse de cette thèse vient renforcer l’idée qu’en principe les résolutions ne
sont pas obligatoires, qu’elles n’ont ce caractère qu’à titre exceptionnel et que ce caractère dépend dans tous les cas, d’une façon ou
d’une autre, de l’acceptation par les Etats.
2 - Les résolutions comme source indirecte du droit international.
A l’intérieur de la catégorie des résolutions considérées comme actes non obligatoires, on peut distinguer,
du point de vue de leur contribution à la formation du droit international trois types de résolutions, peut-
être quatre.
Les premières se situent en deçà de la lex feranda, elles ne sont pas du droit désiré et correspondent aux
« résolutions recommandations ».
Les secondes par contre, constituent l’expression d’une lex feranda, traduisant une version de ce que
devrait être le droit. Ces résolutions sont souvent qualifiées de « programmatoires » ou de « prospectives
».
La troisième sorte de résolutions correspond à des résolutions prenant la forme de « déclarations », de «
résolutions déclaratoires ». Comme leur nom l’indique, elles ont pour objet de procéder à un constat du
droit existant.
Une quatrième catégorie de résolutions, qui sans déclarer une lex lata feraient plus que d’exprimer une lex
feranda correspondrait, selon certains auteurs, à un nouveau processus coutumier.
B) Les compétences opérationnelles des organisations internationales
Présentées le plus souvent de manière négative , comme étant des modalités ou des pouvoirs d’action
distincts d’autres activités ou pouvoirs, comme les activités normatives de contrôle ou de sanction, les
activités opérationnelles ne sont pas des modalités d’action autonomes par rapport aux activités
normatives de contrôle ou de sanction. En réalité toutes ces modalités d’action sont étroitement liées et en
particulier il y a une imbrication forte des activités normatives et des activités opérationnelles
C) - Les compétences de contrôle et de sanction
Le contrôle relève de l’application des obligations ce qui conduit à le distinguer de l’exercice du pouvoir de
sanction qui relève lui, de l’exécution des obligations. Autrement dit, dans le contrôle la surveillance ou la
vérification, on recherche plus à rappeler aux Etats leurs obligations qu’on ne cherche à les contraindre à les
respecter . Ce qui n’empêche pas que le contrôle puisse être une source d’émergence des sanctions.
1° - Les compétences de contrôle.
Le contrôle international peut être exercé par les Etats, sur une base unilatérale ou réciproque, il peut être
institutionnalisé, c’est à dire assuré par un organe spécifique de contrôle, spécialement créé pour remplir
cette fonction, en dehors, dans le cadre ou au sein d’une organisation internationale. S’agissant du contrôle
exercé par les organisations internationales, il ne se limite pas au contrôle du comportement des Etats, au
sein de l’organisation. Il couvre aussi leurs relations, non seulement vis à vis des obligations énoncées par la
Charte constitutive, mais aussi celles qui découlent du droit dérivé, ainsi que des obligations se rattachant à
des conventions conclues en dehors de l’organisation, celle-ci étant sollicitée pour en assurer le contrôle de
l’application.
Les systèmes mis sur pied pour assurer ce contrôle dans les diverses organisations internationales sont très
variables, en fonction des domaines concernés et des organisations, les systèmes pouvant varier dans le
cadre d’une même organisation. Sont utilisés des procédures contentieuses (à base de plaintes) et des
procédures non contentieuses (indépendamment de toute allégation de non-respect des obligations). Les
organes de contrôle peuvent être des Comités ou des Commissions d’experts, des personnalités
indépendantes, des organes politiques ou des organes judiciaires. Ils ont le pouvoir de débattre, d’enquêter,
de concilier, ou de décider, suivant les cas.
Procédures générales prévues dans le cadre de la constitution de l’OIT
Article 19 - Conventions et recommandations
DÉCISIONS DE LA CONFÉRENCE
1. Si la Conférence se prononce pour l'adoption de propositions relatives à un objet à l'ordre du jour, elle aura à déterminer si ces propositions devront prendre la forme: a) d'une convention
internationale; b) ou bien d'une recommandation, lorsque l'objet traité ou un de ses aspects ne se prête pas à l'adoption immédiate d'une convention.
MAJORITÉ REQUISE
2. Dans les deux cas, pour qu'une convention ou qu'une recommandation soient adoptées au vote final par la Conférence, une majorité des deux tiers des voix des délégués présents est requise.
MODIFICATIONS RÉPONDANT À DES CONDITIONS LOCALES PARTICULIÈRES
3. En formant une convention ou une recommandation d'une application générale, la Conférence devra avoir égard aux pays dans lesquels le climat, le développement incomplet de l'organisation
industrielle ou d'autres circonstances particulières rendent les conditions de l'industrie essentiellement différentes, et elle aura à suggérer telles modifications qu'elle considérerait comme pouvant
être nécessaires pour répondre aux conditions propres à ces pays.
TEXTES AUTHENTIQUES
4. Deux exemplaires de la convention ou de la recommandation seront signés par le Président de la Conférence et par le Directeur général. L'un de ces exemplaires sera déposé aux archives du
Bureau international du Travail et l'autre entre les mains du Secrétaire général des Nations Unies. Le Directeur général communiquera une copie certifiée conforme de la convention ou de la
recommandation à chacun des Membres.
OBLIGATIONS DES MEMBRES QUANT AUX CONVENTIONS
5. S'il s'agit d'une convention:
(a) la convention sera communiquée à tous les Membres en vue de sa ratification par ceux-ci;
(b) chacun des Membres s'engage à soumettre, dans le délai d'un an à partir de la clôture de la session de la Conférence (ou, si par suite de circonstances exceptionnelles, il est impossible de
procéder dans un délai d'un an, dès qu'il sera possible, mais jamais plus de dix-huit mois après la clôture de la session de la Conférence), la convention à l'autorité ou aux autorités dans la
compétence desquelles rentre la matière, en vue de la transformer en loi ou de prendre des mesures d'un autre ordre;
(c) les Membres informeront le Directeur général du Bureau international du Travail des mesures prises, en vertu du présent article, pour soumettre la convention à l'autorité ou aux autorités
compétentes, en lui communiquant tous renseignements sur l'autorité ou les autorités considérées comme compétentes et sur les décisions de celles-ci;
(d) le Membre qui aura obtenu le consentement de l'autorité ou des autorités compétentes communiquera sa ratification formelle de la convention au Directeur général et prendra telles mesures
qui seront nécessaires pour rendre effectives les dispositions de ladite convention;
(e) si une convention n'obtient pas l'assentiment de l'autorité ou des autorités dans la compétence desquelles rentre la matière, le Membre ne sera soumis à aucune autre obligation, si ce n'est qu'il
devra faire rapport au Directeur général du Bureau international du Travail, à des périodes appropriées, selon ce que décidera le Conseil d'administration, sur l'état de sa législation et sur sa
pratique concernant la question qui fait l'objet de la convention, en précisant dans quelle mesure l'on a donné suite ou l'on se propose de donner suite à toute disposition de la convention par voie
législative, par voie administrative, par voie de contrats collectifs ou par toute autre voie, et en exposant quelles difficultés empêchent ou retardent la ratification d'une telle convention.
.
OBLIGATIONS DES MEMBRES QUANT AUX RECOMMANDATIONS
6. S'il s'agit d'une recommandation:
(a) la recommandation sera communiquée à tous les Membres pour examen, en vue de lui faire porter effet sous forme de loi nationale ou
autrement;
(b) chacun des Membres s'engage à soumettre, dans le délai d'un an à partir de la clôture de la session de la Conférence (ou, si par suite de
circonstances exceptionnelles, il est impossible de procéder dans le délai d'un an, dès qu'il sera possible, mais jamais plus de dix-huit mois
après la clôture de la session de la Conférence), la recommandation à l'autorité ou aux autorités dans la compétence desquelles rentre la
matière, en vue de la transformer en loi ou de prendre des mesures d'un autre ordre;
(c) les Membres informeront le Directeur général du Bureau international du Travail des mesures prises, en vertu du présent article, pour
soumettre la recommandation à l'autorité ou aux autorités compétentes, en lui communiquant tous renseignements sur l'autorité ou les
autorités considérées comme compétentes et sur les décisions de celles-ci;
(d) sauf l'obligation de soumettre la recommandation à l'autorité ou aux autorités compétentes, les Membres ne seront soumis à aucune
autre obligation, si ce n'est qu'ils devront faire rapport au Directeur général du Bureau international du Travail, à des périodes appropriées,
selon ce que décidera le Conseil d'administration, sur l'état de leur législation et sur leur pratique concernant la question qui fait l'objet de la
recommandation, en précisant dans quelle mesure l'on a donné suite ou l'on se propose de donner suite à toutes dispositions de la
recommandation et en indiquant les modifications de ces dispositions qui semblent ou pourront sembler nécessaires pour leur permettre de
l'adopter ou de l'appliquer
Article 22 - Rapports annuels sur les conventions ratifiées
Chacun des Membres s'engage à présenter au Bureau international du Travail un rapport annuel sur les mesures prises par lui pour mettre à
exécution les conventions auxquelles il a adhéré. Ces rapports seront rédigés sous la forme indiquée par le Conseil d'administration et devront
contenir les précisions demandées par ce dernier.
Article 23 - Examen et transmission des rapports
1. Le Directeur général présentera à la plus prochaine session de la Conférence un résumé des informations et rapports qui lui auront été
communiqués par les Membres en application des articles 19 et 22.
2. Chaque Membre communiquera aux organisations représentatives reconnues telles aux fins de l'article 3 copie des informations et
rapports transmis au Directeur général en application des articles 19 et 22.
Article 24 - Réclamations au sujet de l'application d'une convention
1. Toute réclamation adressée au Bureau international du Travail par une organisation professionnelle des travailleurs ou des employeurs, et aux termes de laquelle l'un quelconque des Membres n'aurait
pas assuré d'une manière satisfaisante l'exécution d'une convention à laquelle ledit Membre a adhéré, pourra être transmise par le Conseil d'administration au gouvernement mis en cause et ce
gouvernement pourra être invité à faire sur la matière telle déclaration qu'il jugera convenable.
Article 25 - Possibilité de rendre la réclamation publique
1. Si aucune déclaration n'est reçue du gouvernement mis en cause dans un délai raisonnable, ou si la déclaration reçue ne paraît pas satisfaisante au Conseil d'administration, ce dernier aura le droit de
rendre publique la réclamation reçue et, le cas échéant, la réponse faite.
Article 26 - Plaintes au sujet de l'application d'une convention
1. Chacun des Membres pourra déposer une plainte au Bureau international du Travail contre un autre Membre qui, à son avis, n'assurerait pas d'une manière satisfaisante l'exécution d'une convention
que l'un et l'autre auraient ratifiée en vertu des articles précédents.
2. Le Conseil d'administration peut, s'il le juge à propos, et avant de saisir une Commission d'enquête selon la procédure indiquée ci-après, se mettre en rapport avec le gouvernement mis en cause de la
manière indiquée à l'article 24.
3. Si le Conseil d'administration ne juge pas nécessaire de communiquer la plainte au gouvernement mis en cause, ou si, cette communication ayant été faite, aucune réponse ayant satisfait le Conseil
d'administration n'a été reçue dans un délai raisonnable, le Conseil pourra former une Commission d'enquête qui aura pour mission d'étudier la question soulevée et de déposer un rapport à ce sujet.
4. La même procédure pourra être engagée par le Conseil soit d'office, soit sur la plainte d'un délégué à la Conférence.
5. Lorsqu'une question soulevée par l'application des articles 25 ou 26 viendra devant le Conseil d'administration, le gouvernement mis en cause, s'il n'a pas déjà un représentant au sein du Conseil
d'administration, aura le droit de désigner un délégué pour prendre part aux délibérations du Conseil relatives à cette affaire. La date à laquelle ces discussions doivent avoir lieu sera notifiée en temps
utile au gouvernement mis en cause.
Article 27 - Informations à soumettre à la Commission d'enquête
1.Dans le cas où une plainte serait renvoyée, en vertu de l'article 26, devant une Commission d'enquête, chacun des Membres, qu'il soit ou non directement intéressé à la plainte, s'engage à mettre à la
disposition de la Commission toute information qui se trouverait en sa possession relativement à l'objet de la plainte.
Article 28 - Rapport de la Commission d'enquête
1. La Commission d'enquête, après un examen approfondi de la plainte, rédigera un rapport dans lequel elle consignera ses constatations sur tous les points de fait permettant de préciser la portée de la
contestation, ainsi que les recommandations qu'elle croira devoir formuler quant aux mesures à prendre pour donner satisfaction au gouvernement plaignant et quant aux délais dans lesquels ces
mesures devraient être prises.
Article 29 - Suite à donner au rapport de la Commission d'enquête
1. Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera le rapport de la Commission d'enquête au Conseil d'administration et à chacun des gouvernements intéressés dans le différend,
et en assurera la publication.
2. Chacun des gouvernements intéressés devra signifier au Directeur général du Bureau international du Travail, dans le délai de trois mois, s'il accepte ou non les recommandations contenues dans le
rapport de la Commission et, au cas où il ne les accepte pas, s'il désire soumettre le différend à la Cour internationale de Justice.
Article 30 - Infraction à l'obligation de saisir les autorités compétentes
1. Dans le cas où l'un des Membres ne prendrait pas, relativement à une convention ou à une recommandation, les mesures prescrites aux paragraphes 5 b), 6 b) ou 7 b) i) de l'article
19, tout autre Membre aura le droit d'en référer au Conseil d'administration. Au cas où le Conseil d'administration trouverait que le Membre n'a pas pris les mesures prescrites, il en
fera rapport à la Conférence.
Article 31 - Décisions de la Cour internationale de Justice
1. La décision de la Cour internationale de Justice concernant une plainte ou une question qui lui aurait été soumise conformément à l'article 29 ne sera pas susceptible d'appel.
Article 32
1. Les conclusions ou recommandations éventuelles de la Commission d'enquête pourront être confirmées, amendées ou annulées par la Cour internationale de Justice.
Article 33 - NON-APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE OU DE LA CIJ
1. Si un Membre quelconque ne se conforme pas dans le délai prescrit aux recommandations éventuellement contenues soit dans le rapport de la Commission d'enquête, soit dans la
décision de la Cour internationale de Justice, selon le cas, le Conseil d'administration pourra recommander à la Conférence telle mesure qui lui paraîtra opportune pour assurer
l'exécution de ces recommandations.
Article 34 - APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE OU DE LA CIJ
1. Le gouvernement en faute peut, à tout moment, informer le Conseil d'administration qu'il a pris les mesures nécessaires pour se conformer soit aux recommandations de la
Commission d'enquête, soit à celles contenues dans la décision de la Cour internationale de Justice, et peut lui demander de bien vouloir faire constituer une Commission d'enquête
chargée de vérifier ses dires. Dans ce cas, les stipulations des articles 27, 28, 29, 31 et 32 s'appliqueront, et si le rapport de la Commission d'enquête ou la décision de la Cour
internationale de Justice sont favorables au gouvernement qui était en faute, le Conseil d'administration devra aussitôt recommander que les mesures prises conformément à l'article
33 soient rapportées.
Constitution de l’OIT: https://www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=1000:62:0::NO:62:P62_LIST_ENTRIE_ID:2453907:NO
La liberté syndicale et la négociation collective font partie des principes fondateurs de l’OIT. Immédiatement après l’adoption de la convention n° 87 sur la liberté syndicale et la
protection du droit syndical et de la convention n° 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective, l’OIT est arrivée à la conclusion que ces principes devaient être soumis à
une autre procédure de contrôle pour garantir qu’ils sont aussi respectés dans les pays qui n’ont pas ratifié les conventions pertinentes. C’est pourquoi, en 1951, le Comité de la liberté
syndicale a été institué afin d’examiner les plaintes faisant état de violations des principes de la liberté syndicale, même si l’État en cause n’a pas ratifié les conventions s’y rapportant.
https://www.ilo.org/global/standards/applying-and-promoting-international-labour-standards/committee-on-freedom-of-association/lang--fr/index.htm
2° - Les compétences de sanction
a) - Les sanctions privatives de droits et de qualité dans les OI
La suspension du droit de vote et la suspension de la représentation sont souvent utilisées pour sanctionner le non-paiement des contributions financières
La suspension des droits et privilèges de membre est prévue par divers actes constitutifs pour des manquements graves aux obligations institutionnelles
Suspension de certains d’avantages ou de services procurés ou rendus par l’organisation à ses membres
Suspension et exclusion de l’Etat membre
b) - La constatation officielle d’un manquement et les mesures à caractère « pénal »
1 - La constatation officielle d'un manquement
2 - Les mesures à caractère « pénal »
Article 258 TFUE (ex-article 226 TCE)
Si la Commission estime qu'un État membre a manqué à une des obligations qui lui incombent en vertu des traités, elle émet un avis motivé à ce sujet, après avoir mis cet État en mesure de
présenter ses observations.
Si l'État en cause ne se conforme pas à cet avis dans le délai déterminé par la Commission, celle-ci peut saisir la Cour de justice de l'Union européenne.
Article 259 TFUE (ex-article 227 TCE)
Chacun des États membres peut saisir la Cour de justice de l'Union européenne s'il estime qu'un autre État membre a manqué à une des obligations qui lui incombent en vertu des traités.
Avant qu'un État membre n'introduise, contre un autre État membre, un recours fondé sur une prétendue violation des obligations qui lui incombent en vertu des traités, il doit en saisir la
Commission.
La Commission émet un avis motivé après que les États intéressés ont été mis en mesure de présenter contradictoirement leurs observations écrites et orales.
Si la Commission n'a pas émis l'avis dans un délai de trois mois à compter de la demande, l'absence d'avis ne fait pas obstacle à la saisine de la Cour.
Article 260 TFUE (ex-article 228 TCE)
1. Si la Cour de justice de l'Union européenne reconnaît qu'un État membre a manqué à une des obligations qui lui incombent en vertu des traités, cet État est tenu de prendre les mesures
que comporte l'exécution de l'arrêt de la Cour.
2. Si la Commission estime que l'État membre concerné n'a pas pris les mesures que comporte l'exécution de l'arrêt de la Cour, elle peut saisir la Cour, après avoir mis cet État en mesure de
présenter ses observations. Elle indique le montant de la somme forfaitaire ou de l'astreinte à payer par l'État membre concerné qu'elle estime adapté aux circonstances.
Si la Cour reconnaît que l'État membre concerné ne s'est pas conformé à son arrêt, elle peut lui infliger le paiement d'une somme forfaitaire ou d'une astreinte.
Cette procédure est sans préjudice de l'article 259.
3. Lorsque la Commission saisit la Cour d'un recours en vertu de l'article 258, estimant que l'État membre concerné a manqué à son obligation de communiquer des mesures de transposition
d’une directive adoptée conformément à une procédure législative, elle peut, lorsqu'elle le considère approprié, indiquer le montant d'une somme forfaitaire ou d'une astreinte à payer par
cet État, qu'elle estime adapté aux circonstances.
Si la Cour constate le manquement, elle peut infliger à l'État membre concerné le paiement d’une somme forfaitaire ou d'une astreinte dans la limite du montant indiqué par la Commission.
L'obligation de paiement prend effet à la date fixée par la Cour dans son arrêt.
c) - Les mesures coercitives
i - Les mesures coercitives adoptées par l’ONU
Les mesures coercitives non militaires
Charte des Nations Unies du 25 juin 1945
CHAPITRE VII : ACTION EN CAS DE MENACE CONTRE LA PAIX, DE RUPTURE DE LA PAIX ET D'ACTE D'AGRESSION
Article 39
Le Conseil de sécurité constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises
conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.
Article 40
Afin d'empêcher la situation de s'aggraver, le Conseil de sécurité, avant de faire les recommandations ou de décider des mesures à prendre conformément à l'Article 39, peut inviter les parties
intéressées à se conformer aux mesures provisoires qu'il juge nécessaires ou souhaitables. Ces mesures provisoires ne préjugent en rien les droits, les prétentions ou la position des parties intéressées.
En cas de non-exécution de ces mesures provisoires, le Conseil de sécurité tient dûment compte de cette défaillance.
Article 41
Le Conseil de sécurité peut décider quelles mesures n'impliquant pas l'emploi de la force armée doivent être prises pour donner effet à ses décisions, et peut inviter les Membres des Nations Unies à
appliquer ces mesures. Celles-ci peuvent comprendre l'interruption complète ou partielle des relations économiques et des communications ferroviaires, maritimes, aériennes, postales,
télégraphiques, radioélectriques et des autres moyens de communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques.
Les mesures coercitives militaires
Charte des Nations Unies du 25 juin 1945
CHAPITRE VII : ACTION EN CAS DE MENACE CONTRE LA PAIX, DE RUPTURE DE LA PAIX ET D'ACTE D'AGRESSION
Article 42
Si le Conseil de sécurité estime que les mesures prévues à l'Article 41 seraient inadéquates ou qu'elles se sont révélées telles, il peut entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres,
toute action qu'il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. Cette action peut comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d'autres
opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de Membres des Nations Unies.
Article 43
Tous les Membres des Nations Unies, afin de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales, s'engagent à mettre à la disposition du Conseil de sécurité, sur son invitation et
conformément à un accord spécial ou à des accords spéciaux, les forces armées, l'assistance et les facilités, y compris le droit de passage, nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité
internationales.
L'accord ou les accords susvisés fixeront les effectifs et la nature de ces forces, leur degré de préparation et leur emplacement général, ainsi que la nature des facilités et de l'assistance à fournir.
L'accord ou les accords seront négociés aussitôt que possible, sur l'initiative du Conseil de sécurité.. Ils seront conclus entre le Conseil de sécurité et des Membres de l'Organisation, ou entre le Conseil
de sécurité et des groupes de Membres de l'Organisation, et devront être ratifiés par les États signataires selon leurs règles constitutionnelles respectives.
Article 44
Lorsque le Conseil de sécurité a décidé de recourir à la force, il doit, avant d'inviter un Membre non représenté au Conseil à fournir des forces armées en exécution des obligations
contractées en vertu de l'Article 43, convier ledit Membre, si celui-ci le désire, à participer aux décisions du Conseil de sécurité touchant l'emploi de contingents des forces armées de ce
Membre.
Article 45
Afin de permettre à l'Organisation de prendre d'urgence des mesures d'ordre militaire, des Membres des Nations Unies maintiendront des contingents nationaux de forces aériennes
immédiatement utilisables en vue de l'exécution combinée d'une action coercitive internationale. Dans les limites prévues par l'accord spécial ou les accords spéciaux mentionnés à l'Article
43, le Conseil de sécurité, avec l'aide du Comité d'état-major, fixe l'importance et le degré de préparation de ces contingents et établit des plans prévoyant leur action combinée.
Article 46
Les plans pour l'emploi de la force armée sont établis par le Conseil de sécurité avec l'aide du Comité d'état-major.
Article 47
Il est établi un Comité d'état-major chargé de conseiller et d'assister le Conseil de sécurité pour tout ce qui concerne les moyens d'ordre militaire nécessaires au Conseil pour maintenir la
paix et la sécurité internationales, l'emploi et le commandement des forces mises à sa disposition, la réglementation des armements et le désarmement éventuel.
Le Comité d'état-major se compose des chefs d'état-major des membres permanents du Conseil de sécurité ou de leurs représentants. Il convie tout Membre des Nations Unies qui n'est pas
représenté au Comité d'une façon permanente à s'associer à lui, lorsque la participation de ce Membre à ses travaux lui est nécessaire pour la bonne exécution de sa tâche.
Le Comité d'état-major est responsable, sous l'autorité du Conseil de sécurité, de la direction stratégique de toutes forces armées mises à la disposition du Conseil. Les questions relatives au
commandement de ces forces seront réglées ultérieurement.
Des sous-comités régionaux du Comité d'état-major peuvent être établis par lui avec l'autorisation du Conseil de sécurité et après consultation des organismes régionaux appropriés.
Article 48
Les mesures nécessaires à l'exécution des décisions du Conseil de sécurité pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales sont prises par tous les Membres des Nations Unies ou
certains d'entre eux, selon l'appréciation du Conseil.
Ces décisions sont exécutées par les Membres des Nations Unies directement et grâce à leur action dans les organismes internationaux appropriés dont ils font partie.
Article 49
Les Membres des Nations Unies s'associent pour se prêter mutuellement assistance dans l'exécution des mesures arrêtées par le Conseil de sécurité.
Article 50
Si un État est l'objet de mesures préventives ou coercitives prises par le Conseil de sécurité, tout autre État, qu'il soit ou non Membre des Nations Unies, s'il se trouve en présence de
difficultés économiques particulières dues à l'exécution desdites mesures, a le droit de consulter le Conseil de sécurité au sujet de la solution de ces difficultés.
Article 51
Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l'objet d'une
agression armée, jusqu'à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans
l'exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n'affectent en rien le pouvoir et le devoir qu'a le Conseil, en vertu de la
présente Charte, d'agir à tout moment de la manière qu'il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.
2) - Les mesures restrictives adoptées par l’Union européenne
Résultant de la pratique des États membres depuis la Coopération Politique Européenne (CPE) puis adoptées
dans le cadre de la PESC et complétées par des mesures communautaires, les mesures restrictives ne sont
consacrées en droit primaire que depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne avec les articles 29 du TUE
et 215 du TFUE.
Article 29 TUE
Le Conseil adopte des décisions qui définissent la position de l'Union sur une question particulière de nature
géographique ou thématique. Les États membres veillent à la conformité de leurs politiques nationales avec
les positions de l'Union
Article 215 TFUE
1. Lorsqu'une décision, adoptée conformément au chapitre 2 du titre V du traité sur l'Union Européenne
(PESC), prévoit l'interruption ou la réduction, en tout ou en partie, des relations économiques et financières
avec un ou plusieurs pays tiers, le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, sur proposition conjointe du haut
représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et de la Commission, adopte les
mesures nécessaires. Il en informe le Parlement européen.
2. Lorsqu'une décision, adoptée conformément au chapitre 2 du titre V du traité sur l'Union européenne, le
prévoit, le Conseil peut adopter, selon la procédure visée au paragraphe 1, des mesures restrictives à
l'encontre de personnes physiques ou morales, de groupes ou d'entités non étatiques.
3. Les actes visés au présent article contiennent les dispositions nécessaires en matière de garanties juridiques.
Carte des sanctions sur le site de l’UE: https://www.sanctionsmap.eu/#/main?checked=1
§2 – Les moyens d’action des organisations internationales
A) - Les moyens financiers
1°- Le Budget.
a) Budget ordinaire, budgets annexes et comptes spéciaux.
Outre le budget ordinaire qui peut également comprendre des dépenses opérationnelles, les États Membres doivent financer
dans le cadre de budgets annexes le coût des tribunaux internationaux et des opérations de maintien de la paix. A cet égard,
pendant longtemps on s’est interrogé sur le caractère obligatoire des dépenses liées aux opérations de maintien de la paix,
même après que la Cour internationale de justice ait indiqué que le terme « dépenses de l’organisation » inscrit à l’article 17 §
2 de la Charte, signifiait toutes les dépenses de l’organisation en vue de la réalisation des buts pour lesquels elle avait été
créée.
«En déterminant si les dépenses effectivement autorisées constituent des « dépenses de l'organisation » au sens du paragraphe
2 de l'article 17 de la Charte, la Cour admet que ces dépenses doivent être appréciées d'après leur rapport avec les buts des
Nations Unies, en ce sens que si une dépense a été faite dans un but qui n'était pas l'un des buts des Nations Unies, elle ne
saurait être considérée comme une dépense de l'organisation », C.I.J., Certaines dépenses des Nations Unies (article 17,
paragraphe 2, de la Charte)
Même si la tendance générale est à l’augmentation des budgets des organisations internationales, ceux-ci sont relativement
modestes. Ainsi le montant du budget ordinaire biennal de l’ONU pour 2018-2019, s’élève à 5 396 907 300 dollars (soit environ
5,4 milliards de dollars, 3,208 milliards pour un an en 2021) et celui des opérations de maintien de la paix est, sur un an, de 6,7
milliards de dollars du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019. Ce montant de 6,7 milliards couvre les dépenses de 12 des 14 OMP qui
existent actuellement, les deux autres étant financées sur le budget ordinaire des Nations Unies. Comparé au budget d’un Etat,
par exemple celui de la France pour 2018 qui était de 302 milliards d'euros pour les recettes nettes (et 386,3 milliards d'euros
de dépenses nettes) ou aux dépenses d’armement dans le monde en 2018 qui ont été de 1800 milliards de dollars (près de
2000 milliards en 2020), ce budget apparaît relativement modeste.
https://onu.delegfrance.org/Le-financement-de-l-ONU-8604
Les dix premiers budgets militaires par pays en 2020
Rang 2020 (milliards de dollars) 2019
1 États-Unis (778) États-Unis
2 Chine (252; estimation) Chine
3 Inde (72,9) Inde
4 Russie (61,7) Russie
5 Grande-Bretagne (59,2) Arabie Saoudite
Arabie Saoudite (57,5;
6 estimation) Grande-Bretagne
Source : A/74/82, Composition du Secrétariat : données démographiques relatives au personnel Rapport du Secrétaire général, 22 avril 2019 ,p. 24, https://undocs.org/fr/A/74/82
Le contrôle de l’exercice de leurs compétences par les organisations internationales n’est à l’heure actuelle que
faiblement organisé . Il n’existe pas de contrôle politique exercé suivant un système hiérarchisé de l’ensemble
des organisations si ce n’est les compétences de l’ONU à laquelle sont en principe subordonnés les
organisations régionales de sécurité et alliances militaires (Articles 51, 52, 53 et 54 de la Charte). Le principe est
donc que les organisations internationales sont autonomes, indépendantes les unes par rapport aux autres,
seule la coordination, au demeurant non satisfaisante sur le plan juridique, même si les mécanismes de
coordination n’ont cessé de se multiplier, est le seul élément d’organisation
Section 1 - La représentation auprès de l’organisation et de l’organisation
§ 1 – Représentation auprès de l’organisation d’entités autres que les organisations internationales
Trouvant son origine au temps de la Société des Nations, où il ne concernait que quelques organisations, le phénomène de la représentation permanente des Etats s'est ensuite généralisé à
l'ensemble des organisations internationales, aussi bien universelles que régionales, ce qui ne veut pas dire que tous les Etats soient représentés auprès de toutes les organisations
internationales.
Représentations de la France auprès des OI : 1. - Délégation de la France auprès de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA) | Addis Abeba ; 2. - Délégation française auprès de
l’Organisation des Etats américains | Washington; 3. - Délégation française auprès de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) | Londres; 4. - Délégation
française auprès de la Banque Internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) | Washington; 5. - Délégation française auprès du Fonds Monétaire International (FMI) |
Washington; 6. - Délégation permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) | Paris; 7. - Délégation permanente de
la France auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) | Genève; 8. - Représentation permanente de la France au Conseil de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) |
Bruxelles; 9. - Représentation Permanente de la France auprès de l’IRENA | Abu Dhabi; 10. - Représentation permanente de la France auprès de l’Office des Nations Unies et des
Organisations Internationales | Vienne; 11. - Représentation permanente de la France auprès de l’Office des Nations Unies | Genève; 12. - Représentation permanente de la France auprès
de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) | Paris; 13. - Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale
(OACI) | Montréal; 14. - Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies | Nairobi; 15. - Représentation permanente de la France auprès de
l’Organisation des Nations Unies | New York; 16. - Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) | Londres; 17. - Représentation
permanente de la France auprès de l’organisation météorologique mondiale (OMM) | Genève; 18. - Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation pour l’interdiction des
armes chimiques (OIAC) | La Haye; 19. - Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) | Vienne; 20. -
Représentation permanente de la France auprès de l’Union Européenne | Bruxelles; 21. - Représentation permanente de la France auprès de la Commission économique et sociale pour
l’Asie et Pacifique | Bangkok; 22. - Représentation permanente de la France auprès de la Communauté du Pacifique | Nouméa; 23. - Représentation permanente de la France auprès de la
Conférence du Désarmement | Genève; 24. - Représentation permanente de la France auprès des institutions des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture à Rome (FAO, PAM et
FIDA) | Rome; 25. - Représentation permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe | Strasbourg
Source : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/annuaires-et-adresses-du-ministere-de-l-europe-et-des-affaires-etrangeres/les-representations-permanentes/
Depuis 1974 des mouvements de libération nationale sont invités à participer en tant qu'observateurs aux sessions de l'Assemblée générale, des Institutions spécialisées et d'autres
organismes des Nations Unies, ainsi qu'aux travaux des conférences tenues sous les auspices de ces organisations. Naturellement ceux-ci ont établi auprès des organisations concernées des
missions permanentes d'observation posant la question des privilèges et immunités à leur reconnaître. L’Assemblée générale, le 13 décembre 1984, a adopté par 106 voix pour, 10 contre et
21 abstentions, la résolution 39/76 dans laquelle elle a demandé aux Etats « d'accorder aux délégations de mouvements de libération nationale qui sont reconnus par l'OUA ou la Ligue
arabe, et auxquels les organisations internationales accordent le statut d'observateur , les facilités, privilèges et immunités nécessaires à l'accomplissement de leurs fonctions ».
§ 2 - La représentation de l'organisation internationale
En règle générale, lorsque des « représentants » de l'organisation ou des organes de celle-ci sont sur le territoire d'un
Etat, les règles relatives aux privilèges et immunités des agents de l'organisation, ou de l'organisation s'appliquent, mais
on n'est pas en présence d'une « représentation permanente » ou d'une « mission permanente » au sens
diplomatique.
Dans les pays de l'Union Européenne, il y a des « bureaux de représentation » qui sont les porte-paroles de la
Commission en donnant des informations sur l’Union Européenne, en organisant des événements liés à l’Union
Européenne et qui suivent l’opinion publique dans leur pays d’accueil . Vis-à-vis des pays tiers les « bureaux » de la
Commission sont appelés « délégations de l’Union Européenne » et sont gérés par le Service européen pour l’action
extérieure (SEAE) créé par le traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009, et a pour but de rendre
l'action extérieure de l'Union Européenne plus cohérente et efficace et de renforcer ainsi l'influence de l'Union
européenne dans le monde. Il s’appuie ainsi sur un réseau constitué de 139 délégations de l'UE et bureaux situés dans
le monde entier dont 8 auprès d’organisations internationales (UA, ONU (NY, Genève, Vienne), OSCE, OMC, OCDE-
UNESCO, FAO, Conseil Europe, ASEAN).
A l’ONU, dans le domaine des « activités opérationnelles pour le développement » le coordonnateur résident (Il y en a
129) fait figure de représentant permanent, l'Etat d'accueil donnant son agrément à la personne appelée à remplir ces
fonctions, celle-ci remettant ses pouvoirs au ministre des affaires étrangères. Ce « représentant des Nations Unies » a
des avantages comparables à ceux des diplomates, fixés sur la base d'un accord avec l'Etat d'accueil, une certaine
uniformisation étant assurée par une convention type élaborée par l'Organisation des Nations Unies.
Dans les relations entre organisations, des organisations internationales ayant le statut d'observateur ou de membres
dans une autre organisation peuvent disposer de missions permanentes auprès des sièges de cette organisation, avec
d'un statut analogue à celui des missions des Etats membres ou des mouvements de libération
Section 2 - Les privilèges et immunités des organisations internationales
Les privilèges et immunités des organisations, sont destinées à garantir leur personnalité juridique, comme pour les Etats,
et leur indépendance dans la poursuite de leurs objectifs. Il s’agit aussi d’assurer le respect du principe de l’égalité des Etats
membres, pour que l’Etat du siège ou un autre Etat sur le territoire duquel l’organisation est installée ou agit ne puisse,
usant de sa compétence territoriale, être avantagé par rapport aux autres Etats.
D’après la jurisprudence de la Cour internationale de Justice, les organisations internationales et leurs agents bénéficient
en principe d’une immunité absolue , sauf disposition particulière de l’acte constitutif ou renonciation de l’organisation à
son immunité. Et il est établi qu’en droit conventionnel « l’immunité de juridiction signifie immunité complète, sauf
exception expresse ». La répétition systématique, dans ce droit conventionnel de dispositions identiques accordant
l’immunité de juridiction absolue, pourrait conduire à considérer qu’il existe une règle coutumière en la matière.
Cependant, la pression du droit international des droits de l’homme est de nature à contribuer à l’érosion des immunités
des organisations , face au principe du droit au juge et à un procès équitable, par la mise en balance de l’immunité et du
droit au juge dans certains cas, en vérifiant si la privation du droit au juge qui résulte des immunités est contrebalancé par
une voie alternative de règlement des litiges dans l’organisation.
Les immunités des organisations ayant essentiellement une base conventionnelle, celles-ci ne s’imposent qu’aux Etats liés
par ces conventions. Les immunités sont également limitées par le principe de spécialité qui s’applique aux organisations
internationales. Celui-ci, même interprété largement en ayant recours à la théorie des compétences implicites, conduit à
considérer que les organisations internationales bénéficient d’immunités dans leur domaine de compétence et pour leur
permettre d’atteindre leurs objectifs.
L’organisation peut toujours renoncer à son immunité de juridiction, mais cette renonciation n’implique pas celle de son
immunité d’exécution
Section 3 - La responsabilité internationale des organisations internationales
Les organisations internationales peuvent subir un dommage, soit immédiatement , soir médiatement lorsqu’un de ses
agents subit un dommage, l’organisation pouvant exercer sa protection, celle-ci endossant la réclamation de son agent .
Les organisations internationales peuvent également causer des dommages et voir leur responsabilité engagée: «
L'Organisation des Nations Unies, représentée par son Secrétaire général, a toujours eu pour politique d'indemniser les
victimes de dommages engageant la responsabilité juridique de l'Organisation. Cette politique est conforme aux
principes généralement reconnus du droit ainsi qu'à la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies.
Elle s'appuie en outre, dans le cas des activités de l'Organisation des Nations Unies au Congo, sur les principes énoncés
dans les conventions internationales relatives à la protection des vies et des biens de la population civile en période
d'hostilités, ainsi que sur des considérations d'équité et d'humanité dont l'Organisation des Nations Unies ne saurait
faire abstraction » ( Lettre, en date du 6 août 1965, adressée au Représentant permanent par intérim de l'Union des
Républiques socialistes soviétiques par le Secrétaire général (Document S/6597), AJNU 1965 (ST/LEG/SER.C/3), pp.43-
44).
Comme pour les Etats, l’idée générale est que, dans le régime classique de responsabilité internationale applicable aux
organisations internationales, tout fait illicite international causant médiatement ou immédiatement un dommage à un
sujet international (Etat ou organisation internationale) implique une obligation de réparer pour la personne
internationale à laquelle ce fait illicite est imputable. Et sur la plupart des points de ce régime classique de
responsabilité on retrouve, dans le projet d’articles sur le droit de la responsabilité des organisations internationales
pour fait illicite de la Commission du droit international, les règles applicables aux Etats (Projet adopté par l’Assemblée
générale dans une résolution du 12 décembre 2011) .
§ 1 - La responsabilité de l’organisation est en principe exclusive
Article 3 Responsabilité d’une organisation internationale pour fait internationalement illicite
Tout fait internationalement illicite d’une organisation internationale engage sa responsabilité internationale.
Article 4 Éléments du fait internationalement illicite d’une organisation internationale
Il y a fait internationalement illicite d’une organisation internationale lorsqu’un comportement consistant en une action ou une omission:
a) Est attribuable à cette organisation en vertu du droit international; et
b) Constitue une violation d’une obligation internationale de cette organisation.
Une fois déterminé qu’un comportement est le fait d’une organisation, c’est en principe à elle et à elle seule d’en répondre. Cela découle de la personnalité morale distincte de celle des Etats
membres reconnue à l’organisation qui implique l’absence de responsabilité directe des Etats membres pour des faits attribuables à l’organisation. Mais rien n’interdit de prévoir une responsabilité
conjointe et solidaire dans une convention particulière ou une disposition spécifique d’une convention.
On peut aussi, sur la base de l’article 62 du projet d’article envisager qu’un Etat membre d’une organisation internationale soit responsable d’un acte imputable à l’organisation, non seulement
lorsqu’il l’accepte explicitement, mais également s’il amène un tiers lésé à se fonder sur sa responsabilité. En tenant compte du fait que si la personnalité morale de l’organisation est opposable aux
Etats tiers qui l’on reconnue, elle ne l’est pas pour ceux qui ne l’ont pas reconnue et dans ce cas seule une responsabilité collective des Etats membres vis-à-vis des tiers est concevable.
§ 2 - Responsabilité des Etats membres en raison du fait de l’organisation
Article premier : Champ d’application du présent projet d’articles
1. Le présent projet d’articles s’applique à la responsabilité internationale d’une organisation internationale pour un fait internationalement illicite.
2. Le présent projet d’articles s’applique aussi à la responsabilité internationale de l’État pour un fait internationalement illicite à raison du fait d’une organisation internationale.
s’il ne peut y avoir de responsabilité directe des Etats membres d’une organisation pour les faits qui sont attribuables à cette organisation, cela n’exclut pas toute responsabilité des Etats membres à
raison des faits d’une organisation, pour autant qu’un fait propre à l’Etat existe en relation étroite avec un comportement illicite de l’organisation. Outre le cas des directives données ou du contrôle
exercé par un État sur l’organisation dans la commission d’un fait internationalement illicite par cette organisation (article 59), un Etat membre, comme tout Etat, peut être responsable d’après
l’article 58 du projet pour avoir « aidé ou assisté » une organisation internationale dans la commission d’un fait internationalement illicite ou, d’après l’article 60 pour avoir « contraint » une
organisation internationale à commettre un fait international illicite. Le projet prévoit aussi à l’article 61 l’utilisation intentionnelle de l’organisation pour contourner leurs obligations par les Etats.
Article 58 Aide ou assistance d’un État dans la commission d’un fait internationalement illicite par une organisation internationale
1. Un État qui aide ou assiste une organisation internationale dans la commission par celle-ci d’un fait internationalement illicite est internationalement responsable à raison de cette aide ou
assistance dans le cas où:
a) Il agit en connaissance des circonstances du fait internationalement illicite; et
b) Le fait serait internationalement illicite s’il était commis par cet État.
2. Un fait commis par un État membre d’une organisation internationale conformément aux règles de l’organisation n’engage pas, en tant que tel, la responsabilité internationale de cet État selon les
termes de cet article.
Article 59 Directives données et contrôle exercé par un État dans la commission d’un fait internationalement illicite par une organisation internationale
1. Un État qui donne des directives et exerce un contrôle à l’égard d’une organisation internationale dans la commission par celle-ci d’un fait internationalement illicite est
internationalement responsable de ce fait dans le cas où:
a) Il agit en connaissance des circonstances du fait internationalement illicite; et
b) Le fait serait internationalement illicite s’il était commis par cet État.
2. Un fait commis par un État membre d’une organisation internationale conformément aux règles de l’organisation n’engage pas, en tant que tel, la responsabilité
internationale de cet État selon les termes de ce projet d’article.
Article 60 Contrainte exercée sur une organisation internationale par un État
Un État qui contraint une organisation internationale à commettre un fait est internationalement responsable de ce fait dans le cas où:
a) Le fait constituerait, en l’absence de contrainte, un fait internationalement illicite de l’organisation internationale soumise à la contrainte; et
b) L’État qui exerce la contrainte agit en connaissance des circonstances du fait.
Article 61 Contournement des obligations internationales d’un État membre d’une organisation internationale
1. Un État membre d’une organisation internationale engage sa responsabilité internationale si, en se prévalant du fait que l’organisation est compétente relativement à
l’objet d’une des obligations internationales de cet État, il contourne cette obligation en amenant l’organisation à commettre un fait qui, s’il avait été commis par cet État,
aurait constitué une violation de cette obligation.
2. Le paragraphe 1 s’applique que le fait en question soit ou non internationalement illicite pour l’organisation internationale.
§ 3 - Responsabilité des Etats dans le cadre de la mise en œuvre des actes de l’organisation.
La Cour européenne des droits de l’homme, dans l’affaire Bosphorus (Arrêt du 30 juin 2005), en s’appuyant sur le fait qu’il existe en droit communautaire « une protection
des droits fondamentaux (notion recouvrant à la fois les garanties substantielles offertes et les mécanismes censés en contrôler le respect) à tout le moins équivalente à celle
assurée par la Convention », n’a pas exercé son contrôle sur les actes d’exécution imputables aux Etats membres de l’Union européenne, en raison de la présomption de
protection équivalente des droits fondamentaux en droit communautaire, de sorte que le recours à la théorie de la « présomption de protection équivalente » aboutit en fait
à ce que ni la Communauté ou l’Union européenne jusqu’à présent, ni ses Etats membres, ne peuvent voir leur responsabilité engagée devant la Cour européenne des droits
de l’homme, la première parce qu’elle n’est pas partie à la Convention, les seconds en raison de la présomption de protection équivalente dans la Communauté. Par contre
les Etats qui appliquent directement les décisions du Conseil de sécurité ne peuvent pas invoquer cette protection équivalente dans la mesure où, pour la Cour EDH, les
conditions de « comparabilité » ne sont pas réunies ce qui peut permettre d’engager leur responsabilité.