emporter
emporter
v.t.s'emporter
v.pr.emporter
Participe passé: emporté
Gérondif: emportant
Indicatif présent |
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j'emporte |
tu emportes |
il/elle emporte |
nous emportons |
vous emportez |
ils/elles emportent |
EMPORTER
(an-por-té) v. a.PROVERBE
- Le plus fort l'emporte, c'est-à-dire le plus puissant a toujours l'avantage.
REMARQUE
- " On emporte une place, dit Voltaire, on remporte un avantage, on a un succès, on n'emporte point un succès ; c'est un barbarisme. " Il n'y a point de barbarisme ; les meilleurs auteurs au XVIe et au XVIIe siècle ont parlé ainsi ; et il n'y a aucune raison pour ne pas parler comme eux.
SYNONYME
- EMPORTER LE PRIX, REMPORTER LE PRIX. La particule réduplicative re a tellement perdu ici son sens propre, que l'usage seul a établi quelque différence, non dans le sens, mais dans l'emploi. On dit remporter un prix quand il s'agit des distributions de prix, des concours ; en ce cas, emporter ne s'emploie pas. Mais, quand il ne s'agit pas de ces distributions, et surtout dans le style élevé, emporter est de mise. Emporter se prend surtout dans le sens superlatif, c'est-à-dire avec l'article le qui donne à prix le sens général : il emporte le prix. Mais, s'il s'agit de prix particuliers, on dira : il remporte un prix, des prix.
HISTORIQUE
- XIe s. Se truis [si je trouve] Rolant, [il] n'enportera la teste [ne s'en ira avec la tête sur ses épaules] [, Ch. de Rol. LXXIII]
- XIIe s. De Saragoce les cles [clefs] enporterez [, Ronc. p. 31]Et je meïsme n'enporterai la vie [ne reviendrai vivant] [, ib. p. 83]Si m'emporta en som [au sommet d'] un pui mout grant [, ib. p. 164]Il peut sa crois garder et estoier [ficher], Qu'encor l'a-il tele qu'il l'emporta [à la croisade] [HUES D'OISI, Romanc. p. 104]
- XIIIe s. Tant que la vraie histoire [j'] emportai avec mi [, Berte, I]Si comenda que ses cuers fust enfouis à Roem, et ses cors fust emportés à Londres et enfouis en la mere eglise [, Chr. de Rains, 80]Et aucune fois ele [une société commerciale] se fet en tele maniere que li un emporte part au gaaing s'il y est ; et se perte torne, il n'emporte point de perte [BEAUMANOIR, XXI, 33]Combien que il y ait de mariages et filles de cascun [chaque] mariage, et du deerain mariage fust uns hoirs malles [mâle], si emporteroit il l'ainsneece contre se [sa] sereur [ID., XVIII, 24]Comment que uns autres enport les fruis d'un fief duquel je sui hoirs, je sui tenus à obeir [ID., XII, 12]
- XVe s. Et laira-t-on les Anglois convenir et les Portingalois aller et venir parmi le pays de Castille ; ils n'emporteront pas le pays, quand ils s'en iront, avecques eux [FROISS., II, III, 61]Le quel Charolois rendit responce, en disant que diable peust emporter ceulx qui faisoient tel, et qu'ils faisoient plus que on ne leur commandoit [JEHAN DE TROYES, Chron. 1465]S'il en a fait occision, Autant en emporte le vent ; Gens pleins de dissolucion, On les doit corriger souvent [, Recueil de farces, p. 381]
- XVIe s. Amy Gavan, on t'a fait le rapport Depuis un peu que j'estois trespassé : Je prie à Dieu que le deable m'emport S'il en est rien, ne si j'y ai pensé [MAROT, III, 50]Les mots de Moyse n'emportent sinon qu'il a imposé nom à l'autel [CALV., Instit. 78]L'un et l'aultre de ces deux moyens m'emporteroit aysement [MONT., I, 12]Il se laisse emporter à ce dernier accident [ID., I, 6]Ainsin emporte les bestes leur rage à s'attaquer à.... [ID., I, 25]S'ils emportent la victoire sur eulx [ID., I, 241]Si tu ne portes la douleur, elle t'emportera [ID., I, 304]Je n'estime point qu'en suffisance et en grace à cheval nulle nation nous emporte [ID., I, 368]Capoue feut emportée le lendemain [ID., II, 37]Un chien luy emporta le gras de la jambe [ID., III, 302]On disait à Socrates que quelqu'un ne s'estoit aulcunement amendé en son voyage : Je crois bien, dict-il ; il s'estoit emporté avecques soy [ID., I, 38]Emporter le prix [AMYOT, Thés. 22]Le sort la [Hélène] donna à Theseus, qui l'emporta en la ville de Aphidnes [ID., ib. 39]Leur risée emportoit tousjours, quand et elle, un doulx admonestement [ID., Lyc. 53]Il y eut grande contention et grande contrariété d'opinions, toutefois à la fin la plus doulce l'emporta [ID., Cam. 73]La peste, oultre une multitude innumerable de peuple, emporta encore plusieurs magistrats [ID., Cam. 74]Demosthenes, l'ayant souspesée, s'esmerveilla du poids qui estoit grand, et demanda combien de poids elle emportoit ; et Harpalus en se riant lui respondit : Elle t'emportera vingt talents ; et sitost que la nuict fut venue, luy envoya la couppe avec les vingt talents [ID., Démosth. 36]Ceux à qui un gros boulet aura emporté un membre [PARÉ, IX, 10]Philippe, pour la grandeur de ses mérites, emporta, par la voix des doctes, le surnom d'Auguste [PASQUIER, Rech. III, 29]
ÉTYMOLOGIE
- En 2, et porter ; bourguig. empôtai ; provenç. emportar. Emporter, c'est porter de là : lat. inde portare.
emporter
Il signifie encore Entraîner, arracher, enlever, emmener avec effort, avec rapidité, avec violence. Son cheval prit le mors aux dents et l'emporta à travers les champs, ou, absolument, l'emporta. Les courants emportèrent le vaisseau. Le vent a emporté mon chapeau. Il eut le bras emporté par un obus. La rivière a emporté les ponts, les chaussées, etc.
Fig. et fam., Emporter la pièce, le morceau, Railler, médire d'une manière cruelle.
Fig., Autant en emporte le vent, se dit en parlant de Promesses auxquelles on n'ajoute pas foi, ou de Menaces dont les effets ne sont point à craindre. Il me promet monts et merveilles, autant en emporte le vent.
Fam., Que le diable vous emporte, se dit pour exprimer son dépit, sa mauvaise humeur, sa colère contre quelqu'un. Pour les autres locutions analogues, voyez DIABLE.
EMPORTER signifie aussi figurément Causer la mort rapidement, en parlant d'une Maladie. Le choléra emporte les gens en peu de jours. Cette maladie l'emportera. La fièvre l'a emporté.
Il signifie également Détruire, faire disparaître. Il ne retira de sa créance qu'un millier de francs, les frais emportèrent le reste. Il se dit surtout en parlant de Couleurs, de taches, etc. Le jus de citron emporte les taches d'encre, emporte la couleur des étoffes sur lesquelles il tombe.
Ce remède emporte la fièvre, Il la guérit.
Il se dit encore figurément des Passions et signifie Tirer l'âme de sa situation ordinaire, jeter dans quelque excès. La colère l'emporta bien loin. Se laisser emporter à sa vengeance. La douleur l'a emporté jusqu'à dire, jusqu'à faire... La jeunesse se laisse emporter aux plaisirs.
S'EMPORTER signifie Se livrer à un excès d'orgueil, d'audace, et en général à un sentiment immodéré. Ce conquérant s'emporta jusqu'aux plus folles entreprises.
Il se dit absolument pour signifier Se fâcher violemment, s'abandonner à la colère. S'emporter contre quelqu'un. Il s'emporte pour rien. Il s'emporte pour peu qu'on le contredise.
Il signifie également Ne pouvoir être retenu par celui qui le monte ou qui le conduit, en parlant d'un Cheval. Son cheval s'emporta. Les chevaux s'emportèrent et la voiture versa. On dit quelquefois, dans un sens analogue, qu'Un chien de chasse s'emporte.
EMPORTER signifie figurément Gagner, obtenir. Il emporta l'avantage sur tous ses rivaux. Dans son art il emporte le prix. Il emporta la gloire d'avoir triomphé de l'ennemi. Il s'y joint le plus souvent l'idée d'une sorte de violence. Cet homme a tant de crédit qu'il emporte tout ce qu'il veut. Il emporta cette affaire à force de sollicitations.
Fig., Emporter quelque chose de haute lutte, L'emporter malgré toute opposition.
Emporter une place, S'en rendre maître en peu de temps. Il emporta la place en quinze jours de tranchée ouverte. Emporter une place d'assaut, l'emporter d'emblée. On dit de même Emporter un ouvrage l'épée à la main; emporter un retranchement; etc. Un bastion emporté par les assaillants.
Fig., Emporter quelque chose à la pointe de l'épée, L'emporter avec une violence rapide.
Fig., Emporter la balance, Déterminer la préférence. Cette considération emporta la balance.
Il signifie aussi Entraîner par une suite nécessaire ou Comprendre, impliquer. Dans quelques pays, la condamnation à mort emporte la confiscation des biens. La proposition générale emporta la proposition particulière. Le mot de vertu emporte l'idée d'effort fait sur soi-même.
En termes de Procédure, La forme emporte le fond, se dit pour exprimer que, dans le jugement d'un procès, la forme prévaut sur le fond, c'est-à-dire qu'un simple défaut de forme peut faire échouer dans les prétentions les mieux fondées. On dit, dans le sens contraire, Le fond emporte la forme, Le fond prévaut sur la forme.
L'EMPORTER signifie Avoir la supériorité, le dessus, prévaloir. Ce vin l'emporte sur tous les autres vins. Le diamant l'emporte sur toutes les autres pierreries. Virgile et Horace l'emportent sur tous les poètes latins. Il l'a emporté sur ses concurrents. Cet avis l'emporta. Sa fierté l'emporta sur ses intérêts.
Il signifie aussi Peser davantage. À volume égal, l'or l'emporte de beaucoup sur l'argent.
emporter
Emporter, Auferre, Exportare, Efferre.
Emporter ou Apporter, Deportare.
Ravir et emporter, Circumplecti patrimonium alterius.
Emporter et destourner, Auertere rem aliquam.
Emporter quelque chose en la maison, Auferre aliquid domum, Importare.
Emporter le pois ou la balance, Propendere, Praeponderare.
Il emporte deux escus sol au trebuchet, Binos solatos trahit. B.
Il avoit tout emporté, Vasa collegerat. B. ex Cicer.
Il a emporté à la chandelle, Vicit licitationem. Bud. ex Paulo.
Emporter la premiere fleur, Praeflorare.
Emporter le bruit, Palmam habere.
Emporter le pris sur tous les autres, Primas ferre.
Emporter les biens pour debte, Pignora auferre.
Emporter et racler à quelqu'un quelque lopin de ses biens, Destringere et abradere aliquid bonis alicuius.
Vous l'emporterez, et vous le livreray pour tel pris qu'il vous plaira, Quanti voles, auferes.
Il emporte autant que plusieurs, et est aussi empeschant, Cedit pro pluribus.
Cela fait et emporte beaucoup en toutes choses, Plurimum ad omnia momenti est in hoc positum.
Ils dient que ce mot, Voluptas, emporte deux choses, ou il a deux especes subjectes à luy, Huic verbo, Voluptatis, duas res subiiciunt.
L'opinion la plus douce et la plus humaine l'emporta, Vicit sententia lenior.
Oubli a emporté cela, Abstulit hanc rem obliuio.
Estre emporté du banquet, Auferri de conuiuio.
Estre emporté entre les mains, Auferri inter manus.
Emporté et mort de maladie, Absumptus morbo.
emporter
EMPORTER, v. a. [Anporté] 1°. Enlever, ôter d'un lieu. Porter dehors. "Il a fait emporter ses meubles. "Emportez ce livre. = 2°. Entraîner, arracher. * Les courans emportèrent le vaisseau. "Le cârrosse emporta la borne. "Le vent a emporté mon chapeau. "La rivière a emporté les ponts, les chaussées. = 3°. Ôter. "Remède qui emporte la fièvre. "Le jus de citron emporte les taches. = 4°. Fig., en parlant des passions, jeter dans quelque excès blâmable. "La colère, la douleur l'a emporté aux plus horribles excès. "Se laisser emporter à la vengeance, à l'amour du plaisir. — S'emporter, se fâcher violemment. "Il s'emporte pour rien. "Il s'est emporté contre moi, je ne sais pas pourquoi. = 5°. Gâgner, obtenir. "Il a tant de crédit, qu'il emporte tout ce qu'il veut. = 6°. Avoir le dessus. "Virgile et Horace l'emportent sur tous les Poètes Latins. = 7°. Emporter, entraîner par une suite nécessaire. "Ce principe avoué emporte une telle conséquence. "Souvent la forme emporte le fond. "Cette espèce de société n' emportoit point d'engagement durable. Rayn. = 8°. Emporter la balance, prévaloir. — Emporter une place, s'en rendre maître en peu de temps. — On dit d'une râillerie atroce, qu' elle emporte la pièce: — On dit aussi des promesses et des menaces frivoles, autant en emporte le vent.
REM. 1°. Emporter, Remporter, Raporter (syn.) On dit toujours, remporter la victoire, et non pas emporter: mais on dit, au contraire, emporter, et non pas remporter le butin. Mén. Bouh. Corn. — Selon l'Acad. dans la dern. édition de son Dict., on disait également raporter, ou remporter de la gloire, de l'honeur, du profit de quelque chôse. (Remporter paraissait meilleur à La Touche). Dans les autres éditions, au mot Raporter, elle ne done que ces deux exemples. "Il en a raporté beaucoup de gloire: il n' en a raporté que de la honte. Au mot Prix, elle ne dit que remporter, et ne parle point d'emporter.
2°. EMPORTER se dit, dans le propre et dans le fig. "Il a emporté cette caisse. "La colère l' a emporté; la fureur l'emportoit au delà des bornes. La diférence qu'il y a dans ces deux sens, c'est que dans le propre, la persone est le sujet, (le nominatif) et la chôse, le régime (le cas); c'est tout le contraire dans le figuré.
3°. On dit, l'emporter sur, ou l'emporter tout seul et sans régime. Dans cette expression, le pronom indéclinable l' est nécessaire, comme dans le céder, et on ne doit pas le retrancher. "Vous l'emportez sur moi, je l'avoue sans peine. "Le plaisir de lui être utile l'emporta sur la douleur de le quiter. Volt. — Fontenelle dit, l'emporter par-dessus, ce qui n'est pas si bien. "On me met, dit Séneque, avec un Poète badin: cela veut dire que le Poète l'emporte bien par dessus moi. — "Le plus habile l'emporte à la longue.
Enfin vous l'emportez, et la faveur du Roi
Vous élève en un rang qui n'étoit dû qu'à moi.
Le Cid.
4°. S'emporter, se mettre en colère, régit la prép. contre, des persones, et quelquefois la prép. à des chôses. "Il s'emporta contre ce Prince aux plus grossières injures. Prévot. Ce dernier régime est peu usité. = * Bossuet se sert de s'emporter, pour signifier autre chôse que la colère. "Les gens de guerre s'emportent jusqu'à vendre l'Empire au plus ofrant. — Ce verbe n'est pas d'usage en ce sens. S'emporter et emportement, quand ils sont seuls et employés absolument, ne se disent que de la colère.
5°. Être emporté régit la prép. par. M. Thomas, usant des privilèges des Poètes, y substitue la prép. de.
Ne crains pas qu'emporté d'un zèle téméraire,
Le mensonge flateur profane mes accens.
En prôse, on dirait, emporté par un zèle téméraire.
6°. Se laisser emporter régit la prép. à plutot que par. Se laisser emporter à la colère, est mieux que par la colère.
emporter
emporter (s')
emporter
take away, take out, carry off, bring from, carry away, dominate, drag away, emporter, remove, winלקח (פ'), סחף (פ'), שטף (פ'), לָקַח, סָחַףmeenemen, (met zich) meenemen, (met zich) meesleuren, meeslepen, veroveren, wegrukken, spoelen, wegnemen, wegspoelen, weghalenmitnehmen, fortfahren, wegnehmenforpreni, kunprenillevar, llevarse, quitarasportare, travolgere, portare viaيَأْخُذُodebratfjerneαφαιρώviedäoduzeti運び去る제거하다fjernezabraćlevarзабиратьta bortเอาออกไปçıkarmakmang đi拿走 (ɑ̃pɔʀte)verbe transitif
emporter
[ɑ̃pɔʀte] vtN'emportez que le strict nécessaire → Only take the bare minimum.
boissons à emporter → take-away drinks
plats à emporter → take-away meals
la raison l'emporte
Le ministre souhaite vivement que la raison l'emporte et que l'on parvienne à un accord → The minister fervently wishes that sense will prevail and that an agreement should be reached.
l'emporter sur [combattant, équipe] → to get the better of, to get the upper hand of; [méthode, système] → to prevail over [ɑ̃pɔʀte] vpr/vi (= se mettre en colère) → to lose one's temper, to fly into a rage
Je m'emporte facilement et finis souvent par le regretter → I'm quick to lose my temper and I'm often sorry afterwards.