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|Augmentation de la volonté réfléchie par l'échange, le commerce, l'industrie, la science<ref>Ferdinand Tönnies, ''Gemainschaft und Gesellschaft'', 1887.</ref>.
|Augmentation de la volonté réfléchie par l'échange, le commerce, l'industrie, la science<ref>Ferdinand Tönnies, ''Gemainschaft und Gesellschaft'', 1887.</ref>.

Version du 1 février 2018 à 11:44

Changement de direction.

Pris absolument, le changement désigne le passage[réf. souhaitée] d'un état à un autre qui peut s'exercer dans des domaines très divers et à des niveaux très divers.

Selon la nature, la durée et l'intensité de ce passage, on parlera d'évolution, de révolution, de transformation, de métamorphose, de modification, de mutation (ie de transformation profonde et durable)…

On distingue le changement « endogène », dû à des causes internes (par ex : les révolutions politiques), du changement « exogène », provoqué par des causes externes (par ex : la révolution du téléphone mobile).

Chez les humains, le changement suscite des réactions diverses, allant de l'espoir le plus fou (thème de l'Apocalypse) à la phobie[réf. souhaitée], en passant par la crainte. À moins qu'il n'engendre qu'une réaction désabusée comme le montre le roman Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa :

« Il faut que tout change pour que rien ne change…[1] »

Les causes théoriques du changement par auteurs

Ne seront cités ici que les auteurs ayant une forte notoriété et dont la notion de changement est au centre de leurs œuvres.

Le changement en philosophie

Auteurs Nature du changement Cause du changement
Héraclite Changement : éternellement en devenir L'adversité antagoniste
Parménide Changement : sans passé, sans futur et fin Être inengendré
Xénophane Changement : Le changement est rectiligne Monde issu de la terre et y retourne
Empédocle Changement : Les Quatre éléments éternels et incorruptibles La haine dissocie et l'amour réunit, tout commence
Nietzsche Changement : Éternel retour Pas de fin, ni de début[2]

Le changement en sociologie

Auteurs Changements sociaux observés
par ces auteurs
Cause du changement social
Saint-Simon Agriculture / industrie Développement des sciences et techniques industrielles[3]
Alexis de Tocqueville Aristocratie / démocratie Optimisation entre l'égalité et de la liberté des hommes[4]
Ferdinand Tönnies Communauté / société Augmentation de la volonté réfléchie par l'échange, le commerce, l'industrie, la science[5].
Émile Durkheim solidarité mécanique / solidarité organique Densité démographique cause de la division du travail (et sa spécialisation)[6]
Auguste Comte état théologique / métaphysique / positif Augmentation de l'utilisation de l'observation et du raisonnement individuel[7]
Karl Marx Mode de production esclavagiste / féodal / capitaliste Conflit de classe du fait de rapports de production et de développement[8]
Max Weber révolution industrielle Multicausal dont forces économiques et forces religieuses[9]

Le changement en psychologie

Auteurs Nature du changement Cause du changement
Kurt Lewin Changement : la motivation Peur de s'écarter de la norme et la communication[10]
Chris Argyris Changement : l'apprentissage Apprentissage en simple et double boucle[11]
Eliott Jacques Changement : la motivation Intériorisation de valeurs collectives[12]

Les conséquences pratiques du changement

Les résistances au changement

Un changement imposé est un changement auquel on s'oppose. Il n'en reste pas moins que certains changements ne sont pas négociables[réf. souhaitée]. Il convient alors de gérer les résistances naturelles qui s'opèrent.

Les formes les plus souvent observées de résistance sont au nombre de quatre :

  • L'inertie par laquelle la résistance est larvée, exprimée par « non-dit », et où la procrastination des « résistants » est leur arme principale.
  • L'argumentation qui donne lieu a des discussions sans fin, par laquelle il est demandé/exigé des explications.
  • La révolte par laquelle on agit contre le changement.
  • Le sabotage par lequel on essaie de montrer l'ineptie du changement.

La conduite du changement

La conduite du changement est l'ensemble des opérations effectuées au sein d'une organisation pour lui permettre de s'adapter au changement et à l'évolution de l'environnement. C'est une modification de caractères par l'apprentissage.

Elle est par exemple nécessaire à mettre en œuvre lorsqu'une entreprise adopte de nouveaux outils (machines, numérique…), ou encore une nouvelle organisation. Les membres de l'organisation sont alors accompagnés afin de comprendre et d'apprivoiser cette nouveauté, et l'intégrer petit à petit à leur environnement de travail.

Savoir gérer la conduite du changement fait désormais partie des impératifs des entreprises, à tel point que des métiers en sont nés, et que des cabinets en ont fait leur spécialité.

Les démarches de conduite du changement sont aujourd'hui extrêmement courantes du fait de la révolution numérique.

Typologie et enjeux de la conduite du changement

Typologie de la conduite du changement
En économie d'entreprise

La conduite du changement, parfois appelée « accompagnement du changement », vise à maîtriser le processus de transformation de l'entreprise dans un contexte de changement, qu'il soit désiré ou non[13].

Depuis les années 1990, les situations exceptionnelles d’adaptation des organisations sont devenues de plus en plus fréquentes jusqu’à devenir une stratégie en soi. Le changement est sans doute devenu l’activité la plus chronophage de nos organisations modernes. Au-delà des enjeux financiers, la santé au travail est l’une des dimensions les plus importantes à prendre en compte pour toute entreprise voulant accompagner le changement. Pour limiter les risques ou la « casse », cet accompagnement humain du changement nécessite une implication forte des dirigeants, en amont du changement et non uniquement en aval[14],[15].

Dans la conduite des projets, et notamment dans l'informatisation des organisations, on peut distinguer quatre grandes questions[16] : la conduite des étapes successives du changement (avec l'approche de Kurt Lewin), la conduite de l'ampleur du changement (avec les approches de Paul Watzlawick ou Chris Argyris), la question du changement planifié, et les possibilités d'un changement émergent (avec la résilience weickienne).

En sociologie

La conduite de changement vise à maîtriser une mutation ou une évolution des structures et du fonctionnement de l'organisation sociale affectant les rapports sociaux (modes de vie, mentalités…). Les transformations ne sont pas provisoires ou éphémères et modifient la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée, ce qui influence le cours de l'histoire[17].

En psychologie

La conduite du changement vise à permettre à une personne d'évoluer dans ses comportements et ses perceptions du Monde et des situations.

Enjeux de la conduite du changement
Enjeux économiques

La conduite du changement permet à l'entreprise de faire adhérer les équipes au projet de transformation et de diminuer la période de moindre productivité.

De plus en plus, elle constitue un élément indispensable de la mise en place de projets d'organisation ou de mise en œuvre de nouveaux outils. À titre d'exemple, en France le projet Socrate de la SNCF a montré en 1993 l'impact d'un accompagnement insuffisant des utilisateurs d'un nouveau système d'information[18].

Enjeux sociologiques

Le changement peut être un moyen d'atteindre un idéal choisi par un groupe d'individus nécessitant alors une négociation ou un conflit.

Le changement est aussi un outil qui peut servir ou asservir un groupe.

Enjeux psychologiques

Lorsqu'un changement s'opère, il s'accompagne pour les individus concernés d'un processus de deuil des situations antérieures. L'étape de déni, étape primaire du changement, se manifeste par des résistances au changement. Plus ces résistances sont grandes, plus les individus risquent de tomber dans des écueils de comportements tels que la rébellion (manifestation de colère, de haine qui traduisent une impuissance, une perte de moyens face à la situation) ou l'abandon soudain (démotivation, découragement sans justification).

La conquête que nous avons à faire est une conquête mentale : passer du concept de « changement » à celui « d’adaptation permanente », passer de la vaine et fébrile recherche d’un modèle idéal à la patiente construction d’un devenir réalisé[19].

Selon Prochaska et Di Clemente (1999), le modèle transthéorique de changement décrit un processus qui fonctionne de manière cyclique. Ainsi, le cycle de Prochaska définit en 6 étapes le changement de comportement:

  1. La pré-intention : la personne n'envisage pas de changer son comportement dans les six prochains mois. les raisons en sont variées : manque d'information, manque de confiance en soi, échecs antérieurs, peur des conséquences, choix d'autres priorités, etc
  2. L'intention : la personne envisage de modifier ses habitudes dans un avenir relativement proche. Elle pèse le pour et le contre.
  3. La préparation : La décision est prise et la personne se prépare au changement. Elle demande conseil, recherche des informations…
  4. L'action : période au cours de laquelle la personne modifie ses habitudes. Cela lui demande une dépense supérieure d'énergie et d'attention au quotidien
  5. Le maintien : Le changement est désormais effectif. Il s'agit alors d'éviter les rechutes. L'effort à fournir est moins intense, la personne a davantage confiance en ses capacités. Même si la rechute est possible, elle fait partie du processus et ne doit pas être considérée comme un échec, bien au contraire, mais comme une dernière étape vers la voie du changement.
  6. La résolution : La tentation du comportement antérieur a disparu, y compris dans des situations potentiellement dangereuses de stress, d'anxiété, de colère ou de dépression. La personne est satisfaite pleinement du changement et ne rechutera plus.

Remarques :

  • les étapes du cycle peuvent être parcourues dans des délais très variables, améliorés par la motivation de la personne et le soutien qui l'entoure
  • les stratégies pour réussir répondent à une logique individuelle. Il n'existe pas de stratégie « miracle », universelle mais une réponse adaptée et unique à chaque situation.

Les facilitateurs de la conduite du changement

Les facilitateurs de la conduite du changement peuvent être :

Suivant la taille et la mondialisation de l'entreprise, il faut appliquer le modèle sociologique, psychosociologique ou psychologique

Ce qui permet d'améliorer le suivi du changement en entreprise
  • La proximité (partager une même vision…)
  • La reconnaissance et les incitations
  • Les formations
  • Le contrôle des processus
  • La présence d'une tierce personne de soutien
  • Un moyen de diffusion de l'information simple et le retour d'information
  • L'homogénéisation de l'accès à l'information
  • La facilité d'utilisation perçue et l'utilité perçue du nouveau système (Cf. le modèle TAM)
  • Faire la preuve que si une personne peut réussir alors les autres aussi
  • Un leader d'opinion doit être disponible pour le suivi du changement
  • Un sponsor (supérieur hiérarchique) indique clairement l'importance des changements
  • Les symboles et signaux
  • L'implication (participer à la recherche de solutions) des personnes concernées par le changement
  • La mesure du changement : la mise en place d'indicateurs et leur suivi régulier après le changement
Ce qu'il faut éviter
  • Éviter les situations de juge et partie
  • Ne pas tenir compte des enjeux et risques individuels
  • Ne communiquer que sur l'objectif…
  • … Ne pas communiquer !

Notes et références

  1. Plus précisément : « Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change. »
    En italien : « Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi. »
  2. Friedrich Nietzsche, Généalogie de la morale, 1887.
  3. Saint-Simon, L'Organisateur, 1820.
  4. Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la révolution, 1856.
  5. Ferdinand Tönnies, Gemainschaft und Gesellschaft, 1887.
  6. Émile Durkheim, Les Règles de la méthode sociologique, 1895.
  7. Auguste Comte, Discours sur l’esprit positif, 1844.
  8. Karl Marx, Manifeste du Parti communiste, 1848.
  9. Max Weber, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, 1905.
  10. Kurt Lewin, Groupe de décision et changement social, 1958.
  11. Chris Argyris, Raisonnement, apprentissage et action, 1982.
  12. Eliott Jacques, Intervention et changement dans les organisations, 1951.
  13. E. Viardot, J. Balogun and V. Hope Hailey, Stratégies du changement, Pearson Education, 2005.
  14. Bruno Lefebvre, Matthieu Poirot « Transformer sans casser » : Les Cahiers du DRH, février 2012, n°184, p 25 à 34.
  15. Voir sur latribune.fr.
  16. Théories sur le changement sur la page "Contrôle des systèmes" du site www.SIetManagement.fr
  17. Guy Rocher, Le changement social, Paris, Seuil, coll. « Points », .
  18. Gilles Dumont, Innovation organisationnelle et résistance au changement : l'introduction du système Socrate à la SNCF, mémoire pour le diplôme d'études approfondies de sciences administratives, 2010.
  19. Dominique Genelot, citation tirée du livre Le Métier de coach par François Delivré, Éditions d'Organisation.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe