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Version du 6 mars 2013 à 19:26
Naissance |
entre 1369 et 1373 Husinec (Bohême-du-Sud) |
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Décès |
Constance (Allemagne) |
Profession |
prêtre, recteur de l'université de Prague, théologien |
Formation |
Jan Hus ou Jean Huss est un théologien, un universitaire et un réformateur religieux tchèque. Son excommunication en 1411, sa condamnation par l'Église pour hérésie, puis sa mort sur le bûcher en 1415, lors du concile de Constance, enclenchent un processus qui mène à la création de l'Église hussite puis aux croisades contre les hussites. Le protestantisme voit en lui un précurseur.
La langue tchèque lui doit sa diacritique (le háček). Les Tchèques ont fait de lui l’allégorie de leur nation face à l'oppression catholique, impériale et allemande : c'est un héros national, commémoré le 6 juillet, jour de sa mort sur le bûcher, par un jour férié.
Le , Charles IV obtient pour son fils la marche de Brandebourg, et avec lui, le titre de Prince-Électeur attaché à cette possession. En 1376, il obtient des Princes-Électeurs l'élection de son fils en tant que roi des Romains, futur empereur du Saint-Empire. L'autorité de Charles est suffisante pour établir une succession dynastique, remettant en cause les closes de la Bulle d'or de Metz.
Venceslas succède à son père le . Dans le cadre de l'héritage, la marche de Brandebourg va à son frère cadet Sigismond, son autre frère, Jean obtient la marche de Lusace ; la Moravie va à ses cousins Jobst et Procope.
1378 est l'année fatidique du début du Grand Schisme d'Occident, l'Église traverse une crise morale, éthique et financière sans précédent. Cette même année, en ce qui concerne la Bohême, Jean de Jenstein devient archevêque de Prague et il entre rapidement en conflit ouvert avec l'empereur et roi de Bohême Venceslas sur la question des investitures. Ce conflit débouche, en 1393, sur la mise à mort de Jean Népomucène, trop fidèle soutien de l'archevêque de Bohême, par des hommes d'armes du roi. Le nœud du conflit a été la nomination de l'abbé du riche monastère de Kladruby que le roi réservait à un protégé.
La mort de Jean de Nepomuk entraîne l'union seigneuriale, une rébellion des nobles tchèques, qui dure de 1394 à 1402. Les nobles bohémiens ligués font emprisonner leur roi en 1394 et nomment son cousin Jobst de Moravie, régent du royaume. Grâce à l'intervention de son frère Sigismond, il est libéré et remonte sur le trône (en échange de quoi, Venceslas, sans enfant, reconnait Sigismond comme son héritier).
Mais à cause des problèmes en Bohême, Venceslas délaisse les affaires de l'Empire, une foule en colère lui fait face lors de la Diète de Nuremberg (1397) et lors de celle de Francfort (1398). On lui reproche ses soûleries, son incompétence et surtout de ne rien faire pour mettre un terme au Grand Schisme : il est, fait rarissime, démis de son titre impérial en août 1400 par les Princes-Électeurs, en faveur de Robert Ier dont Venceslas refuse de reconnaitre la légitimité.
De 1402 à l'automne 1403, Venceslas se retrouve de nouveau en prison à Vienne, cette fois sur décision de son benjamin, Sigismond et toujours avec le soutien de la noblesse tchèque. Il en est libéré grâce à Johann von Liechtenstein, accompagné d'une bande armée.
C'est dans ce cadre trouble, tant au niveau politique que religieux, que Jan Hus étudie puis prêche et enseigne.
L’universitaire
Jan Hus étudie à l'université de Prague où il obtient sa licence en 1393 et la maitrise en arts libéraux en 1396. En 1400, il est nommé professeur à l'université, ordonné prêtre et il commence à prêcher à l'église de Saint-Michel. En 1401, il devient doyen de la faculté de philosophie et, un an plus tard, recteur de l'université de Prague.
Un linguiste économe
En linguistique, dans De orthographia bohemica (De l'orthographe du tchèque), Jan Hus invente une orthographe utilisant des diacritiques comme le point suscrit, devenu ensuite le háček pour noter ce que les langues slaves considèrent grammaticalement comme des consonnes molles. il préconise l'usage de l'accent (au lieu du redoublement des voyelles) pour noter les voyelles longues. À l'époque, le papier ou le parchemin est un produit de luxe et économiser de l'espace lors de l'écriture constitue une économie précieuse.
Comparez sch et š - tsch et č.
Cette diacritique, adoptée par le croate, le slovaque et le slovène, est parfaitement adaptée au slave, à sa grammaire, ses flexions. Globalement, elle correspond, dans l'alphabet latin, aux modifications apportées par Cyrille et Méthode au grec lorsqu'il créent l'alphabet glagolitique avec lequel maitre Hus a pu se familiariser au cloître d'Emmaüs de Prague, fondé le , qui est alors un centre important de la culture et de la liturgie en vieux slave.
Recteur d'une université divisée
Prague est capitale du Saint-Empire romain germanique et son université, véritablement internationale, est divisée en sections (aussi appelées « nations ») bavaroise, tchèque, saxonne et polonaise. Chacune des « nations » dispose d'une voix lors des votes décisifs sur l'administration de l'université.
En 1407, l'archévêque de Prague est chargé par le pape Grégoire XII d'interdire la diffusion des thèses hérétiques de John Wyclif. L'université (le système éducatif est alors religieux et dominé par l'Église) condamne comme hérétiques les théories de Wyclif, qui ont été introduites en Bohême une vingtaine d'années auparavant : en 1381, son opinion sur l'eucharistie est débattue par Mikuláš Biskupec et, en 1393, c'est l'archevêque de Prague, Jean de Jenstein, qui prêchait contre les idées wycliffiennes au regard de la richesse (ou plutôt de la pauvreté nécessaire) de l'Église.
Jan Hus avait traduit le Trialogus de Wyclif en tchèque[1]. Il louvoie entre son allégeance envers l'Église et son idéal wycliffien : le , la nation tchèque de l'université de Prague (sous la houlette de Hus) rejette publiquement les articles de Wyclif mais souligne que, correctement interprétés dans leur contexte, ces articles ne sont pas totalement hérétiques. L'archevêque de Prague, benoîtement, écrit au pape Grégoire XII qu'il n'y a pas d'âme errante en Bohême.
Les autres nations décident de se ranger fermement auprès de Grégoire XII mais Hus utilise, pour défendre son idéal, l'opposition du roi Venceslas à Grégoire XII[2] et obtient, en 1409, que la nation tchèque eut trois voix lors des votes décisifs sur l'administration de l'université, les autres nations n'en bénéficiant que d'une voix chacune. Cette décision, appelée aussi décret de Kutná Hora, provoque le départ des professeurs allemands qui contribuent à la fondation de l’université de Leipzig en mai 1409.
L'université de Prague perd alors la majorité de ses étudiants et de sa faculté et décline pour devenir un établissement au rayonnement tout au plus national. Pendant quelques décennies, aucun titre n'est distribué. Il faut attendre l'empereur Sigismond puis surtout Rodolphe II qui refait de Prague sa capitale, pour voir l'université renaître de ses cendres.
Le théologien
Influencé par l'Anglais John Wyclif, il s'interroge sur les conséquences pratiques de l'obéissance au Christ, prononce des sermons, en particulier au sein de la Chapelle de Bethléem, à Prague, contre ce qu'il appelle les erreurs du catholicisme et se consacre à la réforme de l'Église.
Il se trouve bientôt à la tête d'un mouvement national de réforme et prend publiquement la défense des écrits de John Wyclif condamnés par une bulle pontificale en date du qui ordonne la destruction des ouvrages de Wyclif et l'interdiction de prêcher sa doctrine. Jan Hus fait appel au « pape de Pise » Alexandre V mais en vain.
Indulgence
Alexandre V meurt en 1410, Jean XXIII lui succède et entreprend, en 1411, une croisade contre le roi Ladislas Ier de Naples, protecteur du « pape de Rome » Grégoire XII (Ladislas avait surtout envahi Rome et est l'allié des Colonna). Cette croisade doit être financée et les indulgences sont un moyen pratique pour la papauté pour lever des fonds[3].
Hus s'élève contre ce « trafic » dans son adresse Quaestio magistri Johannis Hus de indulgentiis, quasiment une copie conforme du dernier chapitre du De Ecclesia de Wyclif. Le pamphlet hussite déclare qu'aucun prêtre, qu'aucun évêque, aucun religieux ne peut prendre l'épée au nom du Christ ; ils doivent prier pour les ennemis du Christ et bénir ceux qui le combattent. Le repentir de l'homme passe par l'humilité, pas l'argent ni les armes ni le pouvoir. Remarquable orateur, il provoque l’émeute du peuple de Prague qui est durement réprimée. Le , un cortège d’étudiants conduit par le disciple de Hus, Jérôme de Prague, va clouer au pilori la bulle du pape et la brûle ensuite. Trois étudiants, qui ont interrompu un prêtre pendant qu’il prêchait l’achat d’indulgence, sont exécutés à la hache.
Les docteurs de la faculté de théologie répondent contre Hus.
Excommunication
Les détracteurs de Jan Hus, ne pouvant s’appuyer sur les aspects sociaux ou patriotes vont chercher à l’atteindre à travers ses positions religieuses. Ils vont tout d’abord s’appuyer sur sa pseudo admiration pour l’approche théologique de Wyclif pour l’accuser d’hérésie.
Excommunié le par Grégoire XII, Hus en appelle au jugement du Christ, instance inconnue du droit canonique. Il ne limite pas aux seules autorités ecclésiastiques ses diatribes et reste soutenu par les pragois. Hus entre, cette année-là, en conflit avec le roi de Bohême Venceslas IV, qui avait autorisé des envoyés du pape à vendre des indulgences pour l'organisation d'une croisade contre le roi de Naples. Il devient Persona non grata à Prague. Le soutien pragois donnera lieu à des manifestations à l’occasion desquelles trois « disciples » seront exécutés en public ce qui dressera ainsi le peuple contre le roi et l’église. Jan Hus se retire au château de Kozí Hradek, dans le sud de la Bohême, afin d’y rédiger son ouvrage De ecclesia et une Explication des Saints Évangiles (1413).
Le Concile de Constance
Vient le concile de Constance, dont l'antipape Jean XXIII a signé la convocation. Sigismond, voulant donner l’apparence d’un soutien à Hus s'engage à l'accompagner à Constance (cf. image à donner au pragois). En pratique il n’accompagnera pas Hus. Hus s'y rend, muni d'un sauf-conduit signé de Sigismond Ier du Saint-Empire afin d'y défendre ses thèses. Ce sauf conduit sera renié par Sigismond.
Arrivée à Constance et débuts du Concile
À Constance, ont accouru, en grand apparat, les représentants des grandes nations catholiques, tous les prélats et les princes que compte la Chrétienté, y compris des orthodoxes, des lithuaniens, des coptes. Le premier but du Concile, réuni sous la pression de Sigismond, n'est pas de le juger, mais de mettre fin à ce scandale que représente le Grand Schisme d'Occident. Trois « papes » se disputent le trône de saint Pierre, Grégoire XII, « pape de Rome », Jean XXIII, « pape de Pise » et Benoît XIII, « pape d'Avignon ».
Hus part le et arrive le à Constance. Le jour suivant, un bulletin sur les portes des églises annonce que Michal de Nemecky Brod sera l'opposant de Hus « l'hérétique ». Il est tout d'abord libre de ses mouvements mais, de peur de le voir s'échapper, le , il est enfermé dans un monastère dominicain de la ville. Le sauf-conduit impérial, apparemment, ne s'applique pas (ou plus) légalement aux hérétiques… Peu auparavant, le , Jean XXIII nomme trois évêques pour entamer les investigations contre Hus.
Sous la pression impériale, le mode de scrutin est changé : non pas une voix par cardinal (ce qui avantage considérablement l'Italie) mais une voix par nation (ce qui apporte une solution inédite aux problèmes nationaux qui déchirent alors l'Église). Le , comprenant qu'il perd le soutien impérial, Jean XXIII s'enfuit. Le , le concile adopte le décret Hæc sancta, affirmant la supériorité du concile sur le pape. Les questions institutionnelles en passe d'être réglées, le procès de Hus peut reprendre.
Le procès de Jan Hus
Au premier rang des censeurs de Jan Hus, outre le cardinal Pierre d'Ailly et son disciple Jean de Gerson, doctor christianissimus et chancelier de l'université de Paris, se trouvent les grands inquisiteurs, secondés par les plus brillants canonistes romains. Les juges procèdent à des interrogatoires ex cathedra, Hus n'a que trop rarement la parole, malgré tout il arrive à désarçonner ses accusateurs. Peu à peu, les débats quoique fort confus, tournent à l'avantage du réformateur. Au cachot, après des semaines d'interrogatoires incessants, Jan Hus ne faiblit pas et parle comme le feront plus tard les premiers protestants : « Dieu et ma conscience sont mes seuls témoins, jamais je n'ai prêché ni enseigné les choses que les témoins invoquent contre moi ». Condamné comme hérétique à être brûlé vif, il s'écrie : « Seigneur Jésus-Christ, pardonne à tous mes ennemis ». La censure passera au crible ses ultimes lettres, écrites de sa cellule, à ses amis de Prague.
Le bûcher
Le , selon le jugement, Jan Hus doit être « réduit à l'état laïc » : le bourreau lui arrache publiquement les vêtements. Coiffé d'une mitre de carton sur laquelle sont peints des diables, il est emmené vers le bûcher au milieu d'une foule partagée entre colère et délire : on le lie au poteau, entouré de paille humide et de fagots et le feu est mis au bûcher. Tandis que montent les flammes, Jan Hus aurait chanté : « Christ, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi ». On raconte que, à la vue d'une personne amenant un fagot de bois pour le bûcher, il aurait dit à haute voix : "O sancta simplicitas", en français, "sainte simplicité", pour désigner les personnes qui faisaient ce qu'on leur dit, sans réfléchir et pourtant pensant bien faire.
Enfin, comble de ce martyr, l'aide-bourreau réduit ses os brûlés en poussière que l'on va jeter dans les eaux du Rhin car selon le jugement : « de Jan Hus, il ne doit rien rester ». Son ami Jérôme de Prague, qui était venu le soutenir, s'exclamera : « On a pu le brûler, mais on ne brûle pas la vérité ». Las, il subira le même sort, le .
Guerres hussites
Dès septembre 1415, la diète des seigneurs de Bohême envoie une protestation indignée sur la décision du concile. Le peuple vénère Hus comme un martyr et un saint.
La « foi nouvelle » et le sentiment de nationalité tchèque se confondent dans l’emblème du calice (symbole de la communion sous deux espèces, sub utraque specie) derrière lequel les Tchèques résistent à Rome et à l’empereur germanique. Parallèlement, après l’exécution de Hus les pères conciliaires envisagent pour les Tchèques « rebelles », le même sort que pour les Albigeois c'est-à-dire l’extermination[4]. Toute la noblesse et le peuple tchèque se rebellent et Sigismond (après le décès de son frère Venceslas) est obligé de prendre position. Les quatre articles de Prague (principe d’une vraie réforme/christianisme primitif) deviennent prétexte à des abus et donnent lieu à des affrontements à l’intérieur du camp hussite.
Les croisades contre les hussites, événement de première grandeur dans l'histoire européenne, commencent. Un peuple révolté s'organise militairement pour tenir tête 25 ans durant aux armées européennes coalisées :
- Défenestration de Prague des notables catholiques (1419).
- Jan Zclivsky prône la révolte des petits et prend d’assaut l’hôtel de ville de Prague. Les édiles municipaux sont jetés par les fenêtres. Ceci est le point de départ d’une insurrection de 18 ans et de 5 croisades que l’Europe envoie à l’appel du pape Martin V et de Sigismond ; croisades auxquelles les Tchèques résistent.
- Bataille du Mont Tábor (Bohême Sud), victoire de Kutná Hora (1422).
- Parcours par des fanatiques de la Bohême, la moitié de l’Allemagne et la Hongrie qui sèment la terreur.
- Antagonisme grandissant entre Tchèques et Allemands (ces derniers étant dans le camp papal).
Leurs chefs élus, Jan Žižka (qui résiste à Prague), puis à sa mort, le prêtre Procope Le Chauve mènent de grandes batailles en Allemagne, Autriche et en Hongrie, et écrasent les croisés à Tachov (1427) puis à Domažlice (1431). La supériorité militaire et technique d'une armée de volontaires et les défaites successives des croisades obligent l’Église à accepter de composer avec « l’hérésie ».
Le concile de Bâle (1443) est amené à envisager d’accepter des aménagements de la doctrine officielle de l’Église face aux quatre articles de Prague. Ce qui fut refusé à Hus fut donc accepté pour Procope, à savoir s’exprimer librement en langue tchèque, ainsi que la communion sous les deux espèces. L’évêque de Tábor exposa les quatre articles et rappela qu’aucune autorité religieuse n’a le droit d’ôter la vie, a fortiori à des chrétiens. Pour le reste, les pourparlers traînaient en longueur, les combats reprirent et Procope fut écrasé à Lipany en mai 1434 marquant ainsi la défaite des Taborites ouvrant ainsi la voie du trône à un hussite modéré, Georges de Poděbrady. À l’issue de ces combats, l’Église accorde quelques concessions supplémentaires aux hussites tchèques (accord Jihlava 1436).
Conséquence des guerres Hussites
Les guerres hussites provoquent des dégâts importants sur le plan ecclésial car, à côté d’une Église unifiée de Rome cohabite une Église nouvelle issue des doctrines hussites (église calixtine), dirigée par des laïcs qui nomment les prêtres et les rétribuent. Plus tard, « l’unité des frères » se sépare de l’utraquisme, caractéristique des modérés, pour demeurer plus fidèle aux principes de Hus.
Dans la mesure où Hus est un précurseur de la Réforme (de nombreux concepts seront repris par Luther), la réforme luthérienne[5] trouvera un terrain favorable chez les Tchèques dont près des deux tiers reconnaissent la confession de 1575, inspirée de celle d’Augsbourg. La répression qui suit le désastre de la Montagne Blanche (nov. 1620) où les Tchèques sont écrasés par les troupes de Ferdinand II du Saint-Empire anéantit définitivement le courant hussite.
L'héritage de Jan Hus
Ses disciples le considèrent comme un patriote et un martyr de la nation tchèque et de la foi chrétienne. Précurseur de la Réforme, sa mort déclenche une véritable révolution religieuse, politique et sociale qui secoue la Bohême et la Moravie pendant encore des décennies. Au-delà de la foi et de la pratique religieuse, on ne peut passer sous silence quelques « effets secondaires » à caractère politique : l'identité nationale tchèque et la volonté de libération de l'emprise allemande. Ces effets apparaîtront pleinement à l'occasion de l'éclatement de l'empire austro-hongrois.
L'« association Jan Hus », fondée en 1981 par un groupe d'enseignants français qui souhaitent venir en aide à leurs collègues tchécoslovaques opposés au processus de « Normalisation » du régime communiste (à l'instar de la charte 77), est une branche de la Jan Hus Educational Foundation (en) créée en France à l'initiative d'Alan Montefiore et Catherine Audard. Elle organisa des voyages d'intellectuels français (Paul Ricoeur, Jacques Derrida, Jean-Pierre Vernant) en Tchécoslovaquie pour débattre et enseigner dans des séminaires clandestins ayant lieu dans des caves ou appartements d'intellectuels tchécoslovaques[6].
Notes et références
- Sans doute ramené en Bohême par Jérôme de Prague, qui en avait fait une copie lors de son séjour à Oxford.
- Le roi Venceslas a été dépossédé, en 1400, de la dignité impériale - son appel au pape pour invalider la décision des princes-électeurs, était resté sans effet.
- À l'époque, comme le souligne l'article Grand Schisme d'Occident, avec trois papes en titre, ce sont trois administrations parallèles qu'il convient de financer, des « voix » et des soutiens qu'il convient d'acheter.
- Ce qui par ailleurs arrangerait bien la noblesse allemande qui pourrait reconquérir pouvoir et territoires perdus !
- Lors de la dispute de Leipzig, Luther se voit reprocher par le théologien catholique Jean Eck d'avoir des positions proches de celles de Hus ; cf. Annick Sibué, Luther et la réforme protestante, Eyrolles, 2011, coll. « Eyrolles Pratique », p. 17
- Emmanuel Laurentin, émission « Vivre en clandestinité » sur France Culture, 24 septembre 2012
Annexes
Bibliographie
- Jean Boulier, Jean Hus, Bruxelles, Éditions Complexes, 1958.
- Paul De Vooght, L'hérésie de Jean Huss, Bibliothèque de la revue d'histoire ecclésiastique - Fascicule 34, Louvain, Publications Universitaires de Louvain, 1960.
- Richard Friedenthal, Jan Hus, hérétique et rebelle, Calmann-Levy, 1977.
- Daniel S. Larangé, La Parole de Dieu en Bohême et Moravie. La tradition de la prédication de Jan Hus à Jan Amos Comenius, Paris, L'Harmattan, 2008.
- Jan Lavička, Anthologie hussite, Publications Orientalistes de France, 1985.
- Amedeo Molnár, Jean Hus. Témoin de la vérité, Paris, Bergers et Mages, 1978. (ISBN 2853040518)
- Jean Puyo, Jan Hus : un drame au cœur de l'Église, Temps et Visages, Desclee de Brouwer, 1998. (ISBN 2220041662)
- František Šmahel, La révolution hussite, une anomalie historique, Presses universitaires de France, 1985.
Articles connexes
- Église hussite
- Socinianisme (pour la région concernée)
- Protestantisme
- Anabaptisme, réforme radicale
- Croisades contre les Hussites
- Frères Moraves
Liens externes
- Personnalité du XIVe siècle
- Personnalité du XVe siècle
- Universitaire tchèque
- Théologien pré-réformateur
- Théologien tchèque
- Étudiant de l'université Charles de Prague
- Professeur à l'université Charles de Prague
- Victime de l'inquisition
- Personnalité chrétienne condamnée pour hérésie
- Personne brûlée
- Histoire de la Réforme
- Date de naissance inconnue (XIVe siècle)
- Décès en 1415