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« Mounette Dutilleul » : différence entre les versions

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{{sources à lier|date=décembre 2014}}
{{Infobox Biographie2
'''Mounette Dutilleul''' est née en 1910 à Paris ({{18e}}) et décédée en 1996. Fille d'[[Émile Dutilleul]], sténo-dactylographe. Militante [[Parti communiste français|communiste]] proche du cercle dirigeant, elle fut permanente à la section aux cadres ; elle fréquenta aussi l'appareil du [[Internationale communiste|Komintern]]. Elle était à partir de 1937 la compagne d'[[Arthur Dallidet]].
| conjoint = Aloys Bayer (1929)<br>Jean Nicolas (1950)
}}
'''Mounette Dutilleul''', née le {{date de naissance|1|mars|1910}} à Paris ({{18e}}) et morte le {{date de décès|19|septembre|1996}} à [[Montreuil (Seine-Saint-Denis)|Montreuil]], est une militante [[Parti communiste français|communiste]] proche du cercle dirigeant, permanente à la section aux cadres. Elle fréquente aussi l'appareil de l'[[Internationale communiste]]. Elle participe activement à la [[Résistance intérieure française|Résistance]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== 1910-1927 Enfance et jeunesse ===
=== 1910-1927 : enfance et jeunesse ===
Lorsqu'elle naît sur la butte [[Montmartre]], son père [[Émile Dutilleul]] est proche des milieux libertaires, et Callemin, le ''Raymond la Science'' de la ''Bande à Bonnot'' lui donne régulièrement le biberon. Très bonne élève à l'école communale, son père veille à ce qu'elle reçoive également une éducation artistique (violon, danse classique, chorale). Elle envisage une carrière de professeur d'histoire, mais doit renoncer à ce projet et abandonne ses études, car les revenus de son père, qui est en 1924 permanent au [[Secours ouvrier international]] (SOI), sont limités.
Lorsqu'elle naît sur la butte [[Montmartre]], son père [[Émile Dutilleul]] est proche des milieux [[libertaire]]s, et [[Raymond Callemin]], dit ''Raymond la Science'' de la ''Bande à Bonnot'', lui donne régulièrement le biberon<ref name="jmcp">{{Lien web|url=https://maitron.fr/spip.php?article23561|titre=DUTILLEUL Mounette, Andrée [épouse BAYER puis épouse NICOLAS]|auteur=Jean Maitron, Claude Pennetier|site=maitron.fr/}}.</ref>. Elle est bonne élève à l'école communale et son père veille à ce qu'elle reçoive également une éducation artistique (violon, danse classique, chorale). Après l'obtention du brevet d’enseignement primaire supérieur (BEPS), elle prépare l’entrée à l’École normale d’instituteurs. Elle envisage une carrière de professeur d'histoire, mais doit renoncer à ce projet et abandonner ses études, car les revenus de son père, qui est en 1924 permanent au [[Secours ouvrier international]] (SOI), sont limités.


Mounette commence à travailler en 1927 comme sténo-dactylo. Elle fait alors sa première demande d'adhésion au [[Parti communiste français|Parti communiste]]. Elle épouse en 1929 un électricien allemand, [[Aloys Bayer]], militant communiste allemand, et part avec lui à Berlin, puis à Moscou où Mounette travaille comme dactylo française au [[Internationale communiste|Komintern]] et suit quelques cours à l'école léniniste.
Mounette commence à travailler en 1927 comme [[sténo-dactylo]]. Elle fait alors sa première demande d'adhésion au [[Parti communiste français|Parti communiste]]. Elle épouse en 1929 un électricien allemand, Aloys Bayer, militant communiste, et part avec lui à [[Berlin]], puis à [[Moscou]] où Mounette travaille comme dactylo française à l'[[Internationale communiste]] (IC) et suit quelques cours à l'[[École internationale Lénine]].


=== 1929-36 Engagée dans le Komintern ===
=== 1929-1936 : engagée à l'Internationale communiste ===
En France en 1931, le couple retourne à Berlin au printemps 1932. Mounette est adhérente du parti allemand, le [[Parti communiste d'Allemagne|KPD]] ; elle milite également avec [[Willi Münzenberg|Münzenberg]], représentant du SOI à Berlin et personnage-clé de la propagande du [[Internationale communiste|Komintern]], pour qui elle effectue quelques missions en France. Pour gagner sa vie, elle fait des traductions et donne des cours de français à l'Université ouvrière de Berlin.
En France en 1931, le couple retourne à Berlin au printemps 1932. Mounette est adhérente du parti communiste allemand, le [[Parti communiste d'Allemagne|KPD]] ; elle milite également avec [[Willi Münzenberg]], représentant du SOI à Berlin et personnage-clé de la propagande de l'IC, pour qui elle effectue quelques missions en France. Pour gagner sa vie, elle fait des traductions et donne des cours de français à l'Université ouvrière de Berlin<ref name="jmcp"/>.


À la suite de l'arrivée d'[[Adolf Hitler|Hitler]] au pouvoir, Mounette Dutilleul rentre à Paris en mars 1933, travaille comme secrétaire au journal ''Regards'', mais continue de militer avec des militants illégaux liés au [[Internationale communiste|Komintern]]. Secrétaire de [[Gaston Monmousseau]], alors secrétaire du bureau européen de l'[[Association internationale des travailleurs|ISR]], elle accouche d'une fille, Hélène, en 1936.
À la suite de l'arrivée d'[[Adolf Hitler|Hitler]] au pouvoir, Mounette Dutilleul rentre à Paris en {{date-|mars 1933}}, travaille comme secrétaire au journal ''Regards'', mais continue de militer avec des militants illégaux liés à l'IC. Secrétaire de [[Gaston Monmousseau]], alors secrétaire du bureau européen de l'[[Association internationale des travailleurs]] (ISR), elle accouche d'une fille, Hélène, en 1936.


Elle a été membre de l'[[Union des jeunes filles de France]].
=== 1937-39 À la Commission des cadres ===
En 1937, elle entre à la Commission des cadres comme secrétaire de [[Maurice Tréand]]. C'est là qu'elle rencontre [[Arthur Dallidet]], dont elle devient la compagne. [[Maurice Thorez|Thorez]] donna personnellement son accord à cette union, après avoir fait préciser à Mounette ''qu'ils s'aimaient''. Avec Arthur, elle suit, après vingt heures, les très scolaires cours de formation marxiste chez le dentiste Astouin. Avec lui, elle procède à la mise en place des ''planques'' pour militants.


=== 1937-1939 : à la Commission des cadres ===
=== 1939-44 Clandestinité, captivité et déportation ===
En 1937, elle entre à la Commission des cadres comme secrétaire de [[Maurice Tréand]]. C'est là qu'elle rencontre [[Arthur Dallidet]], avec qui elle entretiendra une liaison. Avec lui, elle procède à la mise en place des ''planques'' pour militants.
Après la dissolution du Parti, le 26 septembre 1939, elle joue un rôle de premier plan dans la liaison entre les différents dirigeants. C'est elle, notamment qui communique à [[Maurice Thorez|Thorez]] l'ordre de [[Georgi Mikhailov Dimitrov|Dimitrov]], secrétaire du [[Internationale communiste|Komintern]], de déserter. Mounette est ensuite envoyée en mission à Moscou (janvier 40) qu'elle rejoint en train en passant par Berlin. Elle assure la liaison entre tous les dirigeants éparpillés sur la ligne Paris-Bruxelles-Moscou. Dimitrov envisageait de la retenir à Moscou, mais Thorez rejeta la proposition en fulminant "Comme s'il y avait trop de militants en France !". Elle rentrera à Paris en février, et retrouvera [[Arthur Dallidet]] dans l'entourage de [[Benoît Frachon|Frachon]].


=== 1939-1944 : clandestinité, captivité et déportation ===
Le 12 juin 1940, à l'approche des Allemands sur Paris, ce groupe proche de Frachon se scinde en 3 équipes : Mounette est convoyée avec des fonds vers Bordeaux par une voiture de l'ambassade du Chili. À Bordeaux, avec Marie Dubois qui l'accompagne, elles retrouvent [[Danielle Casanova]] le 18 juin, mettent deux jours pour faire la jonction avec [[Charles Tillon|Tillon]] et filent ensuite vers Montauban et Toulouse pour continuer leur distribution.
Après la dissolution du Parti, le {{date-|26 septembre 1939}}, elle joue un rôle de premier plan dans la liaison entre les différents dirigeants. C'est elle notamment qui communique à [[Maurice Thorez]] l'ordre de [[Georgi Mikhailov Dimitrov|Dimitrov]], secrétaire de l'Internationale communiste, de déserter. Mounette est ensuite envoyée en mission à Moscou ({{date-|janvier 1940}}) qu'elle rejoint en train en passant par Berlin. Elle assure la liaison entre tous les dirigeants éparpillés sur la ligne Paris-Bruxelles-Moscou. Dimitrov envisageait de la retenir à Moscou, mais Thorez rejeta la proposition en lançant : {{citation|Comme s'il y avait trop de militants en France !}}. Elle rentrera à Paris en février, et retrouvera Arthur Dallidet dans l'entourage de [[Benoît Frachon]].


Le {{date-|12 juin 1940}}, à l'approche des Allemands sur Paris, ce groupe proche de Frachon se scinde en 3 équipes : Mounette est convoyée avec des fonds vers Bordeaux par une voiture de l'ambassade du Chili. À Bordeaux, avec [[Marie Dubois (résistante)|Marie Dubois]] qui l'accompagne, elles retrouvent [[Danielle Casanova]] le {{date-|18 juin}}, mettent deux jours pour faire la jonction avec [[Charles Tillon]] et filent ensuite vers Montauban et Toulouse pour continuer leur distribution.
Jusqu'en mai 1941, elle reste dans l'entourage de Duclos et Frachon. Agent de liaison de la direction, puis de Frachon en particulier, elle est en contact avec la plupart des responsables communistes présents dans la région parisienne, notamment [[Jean Catelas]] et [[Gabriel Péri]] avec qui elle sera confrontée lorsqu'elle sera arrêtée en mai 1941, mais sa véritable identité ne sera pas percée. Elle est internée d'abord à la Petite Roquette, puis à Fresnes et enfin à Rennes. C'est lorsqu'elle est à Fresnes que son compagnon [[Arthur Dallidet]], interné lui aussi à Fresnes est torturé et envoyé au [[Forteresse du Mont-Valérien|fort du Mont-Valérien]] pour y être fusillé. Sans doute identifiée par la police en 1942, elle est déportée à [[Ravensbrück]] en 1943.


Jusqu'en {{date-|mai 1941}}, elle reste dans l'entourage de [[Jacques Duclos]] et Benoît Frachon. Agente de liaison de la direction, puis de Frachon en particulier, elle est en contact avec la plupart des responsables communistes présents dans la région parisienne, notamment [[Jean Catelas]] et [[Gabriel Péri]] avec qui elle sera confrontée lorsqu'elle sera arrêtée en {{date-|mai 1941}}, mais sa véritable identité ne sera pas décelée<ref>{{Lien web|url=https://www.humanite.fr/node/140142|titre=Mounette Dutilleul est décédée|jour=20|mois=9|année=1996|site=[[l'Humanité]]|consulté le=15 octobre 2018}}.</ref>. Elle est internée d'abord à la Petite Roquette, puis à Fresnes et enfin à Rennes. Sans doute identifiée par la police en 1942, elle est déportée à [[Ravensbrück]] en 1943.
=== 1945-96 Confidente de Frachon et retraitée ===


=== 1945-1996 : confidente de Frachon et retraitée ===
De retour des camps, Mounette Dutilleul est élue suppléante, puis titulaire au Comité central. En juillet 1948, elle ne s'associe pas à la condamnation de Tito. C'est vraisemblablement pour cette raison qu'elle n'est pas réélue, en avril 1950, membre du Comité central. Elle a épousé, peu après la Seconde Guerre mondiale, l'architecte Jean Nicolas, très impliqué dans l'organisation de la [[fête de l'Humanité|fête de l'Huma]].
De retour des camps, Mounette Dutilleul est élue suppléante, puis titulaire au Comité central du Parti communiste. En {{date-|juillet 1948}}, elle ne s'associe pas à la condamnation de [[Tito]]. C'est vraisemblablement pour cette raison qu'elle n'est pas réélue, en {{date-|avril 1950}}, membre du Comité central.


Redevenue militante de base, Mounette crée un comité d'établissement et une cellule communiste dans l'entreprise de Boulogne où elle est secrétaire. Par la suite, elle est journaliste à la ''Vie ouvrière''. Jusqu'à la mort de [[Benoît Frachon]] en août 1975, elle demeura très proche de lui.
Elle épouse, peu après la Seconde Guerre mondiale, l'architecte Jean Nicolas, très impliqué dans l'organisation de la [[fête de l'Humanité]]<ref>{{Lien web|url=https://www.humanite.fr/node/141536|titre=Hommage à Mounette Dutilleul|jour=9|mois=10|année=1996|site=l'Humanité|consulté le=15 octobre 2018}}.</ref>. Redevenue militante de base, Mounette crée un comité d'établissement et une cellule communiste dans l'entreprise de Boulogne où elle est secrétaire. Par la suite, elle est journaliste à ''[[La Vie ouvrière]]''. Jusqu'à la mort de [[Benoît Frachon]] en {{date-|août 1975}}, elle demeura très proche de lui.


Mounette Dutilleul meurt en {{date-|septembre 1996}} à [[Montreuil (Seine-Saint-Denis)|Montreuil]] en [[Seine-Saint-Denis]]<ref>{{Lien web |titre=Hommage à Mounette Dutilleul |url=http://trcamps.free.fr/ |site=trcamps.free.fr |consulté le=2023-05-14}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://deces.matchid.io/id/wD2HD5Bcv2mg|titre=Fichier des décès - DUTILLEUL Andrée|site=deces.matchid.io|consulté le=6 avril 2022}}.</ref>.
Retirée près de la Ciotat, Mounette Dutilleul décède en septembre 1996.


== Sources ==
== Notes et références ==
{{références}}

* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Maitron|lien auteur1=Jean Maitron|prénom2=Claude|nom2=Pennetier|titre=Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français|lien titre=Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français|tome=4|titre tome=Car à Ey|lieu=Paris|éditeur=Editions ouvrières|année=1964}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Emmanuel de|nom1=Chambost|préface=Jacques Girault|illustrateur=Vanessa Pinheiro|titre=La direction du PCF dans la clandestinité, 1941-1944 : les cyclistes du Hurepoix|lieu=Paris|éditeur=Harmattan|collection=Mémoires du XXe siècle|année=1997|pages totales=317|isbn=978-2-7384-5515-4|oclc=38992782}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Robrieux|lien auteur1=Philippe Robrieux|titre=Histoire intérieure du Parti communiste|tome=4|lieu=Paris|éditeur=Fayard|année=1984|pages totales=974|isbn=978-2-2130-1209-4|oclc=58638878|passage=194-195}}, note biobraphique de Mounette Dutilleul
* "Les Mémoires de Mounette Dutilleul" sur http://trcamps.free.fr


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Maitron|lien auteur1=Jean Maitron|prénom2=Claude|nom2=Pennetier|titre=[[Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français]]|tome=4|titre tome=Car à Ey|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions de l'Atelier|Editions ouvrières]]|année=1964}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Emmanuel de|nom1=Chambost|préface=Jacques Girault|illustrateur=Vanessa Pinheiro|titre=La direction du PCF dans la clandestinité, 1941-1944|sous-titre=les cyclistes du Hurepoix|lieu=Paris|éditeur=Harmattan|collection=Mémoires du {{s-|XX}}|année=1997|pages totales=317|isbn=978-2-7384-5515-4|oclc=38992782|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9DOTuAL4fasC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Robrieux|lien auteur1=Philippe Robrieux|titre=Histoire intérieure du Parti communiste|tome=4|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1984|pages totales=974|passage=194-195|isbn=978-2-213-01209-4|oclc=58638878}}, note biographique de Mounette Dutilleul
* ''Les Mémoires de Mounette Dutilleul'', sur ''http://trcamps.free.fr''


=== Articles connexes ===
* [[Histoire du Parti communiste français]]
* [[Histoire du Parti communiste français]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}


{{Portail|Résistance française|communisme|politique française}}
{{Portail|Résistance française|communisme|politique française}}


{{DEFAULTSORT:Dutilleul, Mounette}}
{{DEFAULTSORT:Dutilleul, Mounette}}
[[Catégorie:Résistante française]]
[[Catégorie:Résistant communiste français]]
[[Catégorie:Personnalité du Parti communiste français]]
[[Catégorie:Personnalité du Parti communiste français]]
[[Catégorie:Déporté résistant]]
[[Catégorie:Déporté résistant]]
[[Catégorie:Femme dans la Résistance]]
[[Catégorie:Survivant de Ravensbrück]]
[[Catégorie:Histoire des femmes dans la guerre]]
[[Catégorie:Naissance en mars 1910]]
[[Catégorie:Naissance en 1910]]
[[Catégorie:Naissance dans le 18e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Décès en septembre 1996]]
[[Catégorie:Décès en septembre 1996]]
[[Catégorie:Décès à Montreuil (Seine-Saint-Denis)]]
[[Catégorie:Décès à 86 ans]]

Dernière version du 24 février 2024 à 21:34

Mounette Dutilleul
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 86 ans)
MontreuilVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Conjoint
Aloys Bayer (1929)
Jean Nicolas (1950)
Autres informations
Organisation
Parti politique

Mounette Dutilleul, née le à Paris (18e) et morte le à Montreuil, est une militante communiste proche du cercle dirigeant, permanente à la section aux cadres. Elle fréquente aussi l'appareil de l'Internationale communiste. Elle participe activement à la Résistance.

1910-1927 : enfance et jeunesse

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Lorsqu'elle naît sur la butte Montmartre, son père Émile Dutilleul est proche des milieux libertaires, et Raymond Callemin, dit Raymond la Science de la Bande à Bonnot, lui donne régulièrement le biberon[1]. Elle est bonne élève à l'école communale et son père veille à ce qu'elle reçoive également une éducation artistique (violon, danse classique, chorale). Après l'obtention du brevet d’enseignement primaire supérieur (BEPS), elle prépare l’entrée à l’École normale d’instituteurs. Elle envisage une carrière de professeur d'histoire, mais doit renoncer à ce projet et abandonner ses études, car les revenus de son père, qui est en 1924 permanent au Secours ouvrier international (SOI), sont limités.

Mounette commence à travailler en 1927 comme sténo-dactylo. Elle fait alors sa première demande d'adhésion au Parti communiste. Elle épouse en 1929 un électricien allemand, Aloys Bayer, militant communiste, et part avec lui à Berlin, puis à Moscou où Mounette travaille comme dactylo française à l'Internationale communiste (IC) et suit quelques cours à l'École internationale Lénine.

1929-1936 : engagée à l'Internationale communiste

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En France en 1931, le couple retourne à Berlin au printemps 1932. Mounette est adhérente du parti communiste allemand, le KPD ; elle milite également avec Willi Münzenberg, représentant du SOI à Berlin et personnage-clé de la propagande de l'IC, pour qui elle effectue quelques missions en France. Pour gagner sa vie, elle fait des traductions et donne des cours de français à l'Université ouvrière de Berlin[1].

À la suite de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Mounette Dutilleul rentre à Paris en , travaille comme secrétaire au journal Regards, mais continue de militer avec des militants illégaux liés à l'IC. Secrétaire de Gaston Monmousseau, alors secrétaire du bureau européen de l'Association internationale des travailleurs (ISR), elle accouche d'une fille, Hélène, en 1936.

Elle a été membre de l'Union des jeunes filles de France.

1937-1939 : à la Commission des cadres

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En 1937, elle entre à la Commission des cadres comme secrétaire de Maurice Tréand. C'est là qu'elle rencontre Arthur Dallidet, avec qui elle entretiendra une liaison. Avec lui, elle procède à la mise en place des planques pour militants.

1939-1944 : clandestinité, captivité et déportation

[modifier | modifier le code]

Après la dissolution du Parti, le , elle joue un rôle de premier plan dans la liaison entre les différents dirigeants. C'est elle notamment qui communique à Maurice Thorez l'ordre de Dimitrov, secrétaire de l'Internationale communiste, de déserter. Mounette est ensuite envoyée en mission à Moscou () qu'elle rejoint en train en passant par Berlin. Elle assure la liaison entre tous les dirigeants éparpillés sur la ligne Paris-Bruxelles-Moscou. Dimitrov envisageait de la retenir à Moscou, mais Thorez rejeta la proposition en lançant : « Comme s'il y avait trop de militants en France ! ». Elle rentrera à Paris en février, et retrouvera Arthur Dallidet dans l'entourage de Benoît Frachon.

Le , à l'approche des Allemands sur Paris, ce groupe proche de Frachon se scinde en 3 équipes : Mounette est convoyée avec des fonds vers Bordeaux par une voiture de l'ambassade du Chili. À Bordeaux, avec Marie Dubois qui l'accompagne, elles retrouvent Danielle Casanova le , mettent deux jours pour faire la jonction avec Charles Tillon et filent ensuite vers Montauban et Toulouse pour continuer leur distribution.

Jusqu'en , elle reste dans l'entourage de Jacques Duclos et Benoît Frachon. Agente de liaison de la direction, puis de Frachon en particulier, elle est en contact avec la plupart des responsables communistes présents dans la région parisienne, notamment Jean Catelas et Gabriel Péri avec qui elle sera confrontée lorsqu'elle sera arrêtée en , mais sa véritable identité ne sera pas décelée[2]. Elle est internée d'abord à la Petite Roquette, puis à Fresnes et enfin à Rennes. Sans doute identifiée par la police en 1942, elle est déportée à Ravensbrück en 1943.

1945-1996 : confidente de Frachon et retraitée

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De retour des camps, Mounette Dutilleul est élue suppléante, puis titulaire au Comité central du Parti communiste. En , elle ne s'associe pas à la condamnation de Tito. C'est vraisemblablement pour cette raison qu'elle n'est pas réélue, en , membre du Comité central.

Elle épouse, peu après la Seconde Guerre mondiale, l'architecte Jean Nicolas, très impliqué dans l'organisation de la fête de l'Humanité[3]. Redevenue militante de base, Mounette crée un comité d'établissement et une cellule communiste dans l'entreprise de Boulogne où elle est secrétaire. Par la suite, elle est journaliste à La Vie ouvrière. Jusqu'à la mort de Benoît Frachon en , elle demeura très proche de lui.

Mounette Dutilleul meurt en à Montreuil en Seine-Saint-Denis[4],[5].

Notes et références

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  1. a et b Jean Maitron, Claude Pennetier, « DUTILLEUL Mounette, Andrée [épouse BAYER puis épouse NICOLAS] », sur maitron.fr/.
  2. « Mounette Dutilleul est décédée », sur l'Humanité, (consulté le ).
  3. « Hommage à Mounette Dutilleul », sur l'Humanité, (consulté le ).
  4. « Hommage à Mounette Dutilleul », sur trcamps.free.fr (consulté le )
  5. « Fichier des décès - DUTILLEUL Andrée », sur deces.matchid.io (consulté le ).

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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