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Les '''Serviçais''' (ou '''Serviçaes''') sont un peuple de [[Sao Tomé-et-Principe]]. En nombre, c'est le quatrième groupe du pays<ref>{{en}} Mohamad Z. Yakan, « Servicais », in ''Almanac of African Peoples & Nations'', Transaction Publishers, New Brunswick, N.J., 1999, p. 623 {{ISBN|9781560004332}}</ref>, après les [[métis]], les [[Angolares]] et les [[Forros]].
Les '''serviçais''' (ou '''serviçaes''') sont une population de [[Sao Tomé-et-Principe]]. En nombre, c'est le quatrième groupe du pays<ref>{{en}} Mohamad Z. Yakan, « Servicais », in ''Almanac of African Peoples & Nations'', Transaction Publishers, New Brunswick, N.J., 1999, p. 623 {{ISBN|9781560004332}}</ref>, après les [[métis]], les [[Angolares]] et les [[Forros]]. Ce sont des travailleurs [[contrat de travail|contractuels]] (''contratados'') amenés à partir de la fin du {{s|XIX|e}} d'[[Angola]], du [[Cap-Vert]] ou du [[Mozambique]], de fait des hommes de peine, des [[Esclavage contemporain|travailleurs forcés]]. Au début des [[années 1950]] on dénombrait environ {{formatnum:24000}} serviçais pour une population totale de près de {{formatnum:62000}} habitants<ref name="luso">Gerhard Seibert, « Le massacre de février 1953 à São Tomé. Raison d'être du nationalisme santoméen » [http://www.lusotopie.sciencespobordeaux.fr/seibert97.rtf]</ref>.
==Histoire==
Après l'[[abolition de l'esclavage]] en [[1875]], l'économie locale des ''roças'' – l'ensemble des terres et des constructions de la [[plantation]] – est confrontée à une pénurie de main d'œuvre et le régime du [[contrat de travail]] est introduit<ref name="luso"/>. Les serviçais sont tout d'abord recrutés en Angola à partir de 1876<ref>{{pt}} F. Tenreiro, ''A ilha de São Tomé'', Junta de investigações do Ultramar, Lisbonne, 1961, p. 191</ref>, puis au Cap-Vert depuis 1903<ref>{{pt}} F. Mantero, ''A mão d'obra em São Thomé e Príncipe'', Lisbonne, p. 59</ref> ainsi qu'au Mozambique en 1908<ref>{{en}} R. Nii Nartey, ''From Slave to Serviçal : Labor in the Roça Economy of São Tomé e Príncipe : 1876-1932'', University of Illinois, 1987, p. 101</ref>.


Le recrutement est brutal, les conditions de vie sont dures et les logements rudimentaires. Le retour au pays n'est plus possible<ref name="luso"/>. Quelques mesures destinées à améliorer la situation des serviçais sont prises par le gouvernement portugais devant un [[boycott]] du [[cacao]] santoméen par les chocolatiers européens et des pressions internationales<ref name="luso"/>. Sollicités par les autorités coloniales, les Forros n'acceptent pas de travailler dans les ''roças''. Manipulés par le gouvernement, les serviçais prennent part à la vague de violence – connue sous le nom de [[massacre de Batepá]] – qui fait des centaines de victimes en 1953<ref name="luso"/>.
Ce sont des travailleurs contractuels temporaires venus d'[[Angola]], du [[Mozambique]] ou du [[Cap-Vert]].


À Sao Tomé les serviçais – jamais rapatriés – contractent des unions dont les descendants, les Tongas, constituent aujourd'hui le cinquième groupe du pays<ref>{{en}} Mohamad Z. Yakan, « Tongas », in ''Almanac of African Peoples & Nations'', Transaction Publishers, New Brunswick, N.J., 1999, p. 671 {{ISBN|9781560004332}}</ref>.
==Notes==

==Notes et références ==
{{références}}
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==Voir aussi==
==Voir aussi==

===Bibliographie===
* {{pt}} William A. Cadbury, ''Os Serviçaes de S. Thomé: relatorio d'uma visita às ilhas de S. Thomé e Príncipe e a Angola, feita em 1908, para observar as condições de mão d'obra empregada nas roças de cacau da Africa Portugueza'', Typographia Mendonça, Porto, 1910, 128 p.
* Natália Pedro da Costa Umbelina Neto, ''Les îles São Tomé et Príncipe (1853-1903) : de l'abolition de l'esclavage à la généralisation des travailleurs sous contrat, les Serviçaes'', Université d'Aix-Marseille 1, 2007, 2 vol. 590 + 508 p. (thèse de doctorat)
* {{en}} P. Eyzaguirre, ''Small Farmers and Estates in São Tomé, West Africa'', Yale University, New Haven, CT,1986 (thèse)
* {{pt}} F. Mantero, ''A mão d'obra em São Thomé e Príncipe'', Lisbonne, 1910
* {{en}} R. Nii Nartey, ''From Slave to Serviçal : Labor in the Roça Economy of São Tomé e Príncipe : 1876-1932'', Chicago, University of Illinois, 1987 (thèse)
* Gerhard Seibert, « Le massacre de {{date-|février 1953}} à São Tomé. Raison d'être du nationalisme santoméen » (traduit par Jacky Picard), in ''Lusotopie'', 1997, {{numéro|4}}, {{p.|173-191}}, {{lire en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/luso_1257-0273_1997_num_4_1_1089}}

=== Articles connexes ===
*[[Histoire de Sao Tomé-et-Principe]]
*[[Histoire de Sao Tomé-et-Principe]]
*[[Démographie de Sao Tomé-et-Principe]]
*[[Démographie de Sao Tomé-et-Principe]]
{{portail|anthropologie|travail et métiers|Sao Tomé-et-Principe}}
===Bibliographie===
[[Catégorie:Groupe ethnique à Sao Tomé-et-Principe]]
*{{fr}} Natália Pedro da Costa Umbelina Neto, ''Les îles São Tomé et Príncipe (1853-1903) : de l'abolition de l'esclavage à la généralisation des travailleurs sous contrat, les Serviçaes'', Université d'Aix-Marseille 1, 2007, 2 vol. 590 + 508 p. (thèse de doctorat)

{{portail|anthropologie|Sao Tomé-et-Principe}}
[[Catégorie:Groupe ethnique de Sao Tomé-et-Principe]]

Dernière version du 22 avril 2020 à 15:42

Les serviçais (ou serviçaes) sont une population de Sao Tomé-et-Principe. En nombre, c'est le quatrième groupe du pays[1], après les métis, les Angolares et les Forros. Ce sont des travailleurs contractuels (contratados) amenés à partir de la fin du XIXe siècle d'Angola, du Cap-Vert ou du Mozambique, de fait des hommes de peine, des travailleurs forcés. Au début des années 1950 on dénombrait environ 24 000 serviçais pour une population totale de près de 62 000 habitants[2].

Après l'abolition de l'esclavage en 1875, l'économie locale des roças – l'ensemble des terres et des constructions de la plantation – est confrontée à une pénurie de main d'œuvre et le régime du contrat de travail est introduit[2]. Les serviçais sont tout d'abord recrutés en Angola à partir de 1876[3], puis au Cap-Vert depuis 1903[4] ainsi qu'au Mozambique en 1908[5].

Le recrutement est brutal, les conditions de vie sont dures et les logements rudimentaires. Le retour au pays n'est plus possible[2]. Quelques mesures destinées à améliorer la situation des serviçais sont prises par le gouvernement portugais devant un boycott du cacao santoméen par les chocolatiers européens et des pressions internationales[2]. Sollicités par les autorités coloniales, les Forros n'acceptent pas de travailler dans les roças. Manipulés par le gouvernement, les serviçais prennent part à la vague de violence – connue sous le nom de massacre de Batepá – qui fait des centaines de victimes en 1953[2].

À Sao Tomé les serviçais – jamais rapatriés – contractent des unions dont les descendants, les Tongas, constituent aujourd'hui le cinquième groupe du pays[6].

Notes et références

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  1. (en) Mohamad Z. Yakan, « Servicais », in Almanac of African Peoples & Nations, Transaction Publishers, New Brunswick, N.J., 1999, p. 623 (ISBN 9781560004332)
  2. a b c d et e Gerhard Seibert, « Le massacre de février 1953 à São Tomé. Raison d'être du nationalisme santoméen » [1]
  3. (pt) F. Tenreiro, A ilha de São Tomé, Junta de investigações do Ultramar, Lisbonne, 1961, p. 191
  4. (pt) F. Mantero, A mão d'obra em São Thomé e Príncipe, Lisbonne, p. 59
  5. (en) R. Nii Nartey, From Slave to Serviçal : Labor in the Roça Economy of São Tomé e Príncipe : 1876-1932, University of Illinois, 1987, p. 101
  6. (en) Mohamad Z. Yakan, « Tongas », in Almanac of African Peoples & Nations, Transaction Publishers, New Brunswick, N.J., 1999, p. 671 (ISBN 9781560004332)

Bibliographie

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  • (pt) William A. Cadbury, Os Serviçaes de S. Thomé: relatorio d'uma visita às ilhas de S. Thomé e Príncipe e a Angola, feita em 1908, para observar as condições de mão d'obra empregada nas roças de cacau da Africa Portugueza, Typographia Mendonça, Porto, 1910, 128 p.
  • Natália Pedro da Costa Umbelina Neto, Les îles São Tomé et Príncipe (1853-1903) : de l'abolition de l'esclavage à la généralisation des travailleurs sous contrat, les Serviçaes, Université d'Aix-Marseille 1, 2007, 2 vol. 590 + 508 p. (thèse de doctorat)
  • (en) P. Eyzaguirre, Small Farmers and Estates in São Tomé, West Africa, Yale University, New Haven, CT,1986 (thèse)
  • (pt) F. Mantero, A mão d'obra em São Thomé e Príncipe, Lisbonne, 1910
  • (en) R. Nii Nartey, From Slave to Serviçal : Labor in the Roça Economy of São Tomé e Príncipe : 1876-1932, Chicago, University of Illinois, 1987 (thèse)
  • Gerhard Seibert, « Le massacre de à São Tomé. Raison d'être du nationalisme santoméen » (traduit par Jacky Picard), in Lusotopie, 1997, no 4, p. 173-191, [lire en ligne]

Articles connexes

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