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Le '''Parti sioniste révisionniste''' est un [[parti politique]] [[Juifs|juif]], [[sionisme|sioniste]], [[nationalisme|nationaliste]] et anti-communiste créé à Paris en 1925 par [[Vladimir Jabotinsky]] dans l'objectif de « réviser le sionisme ». |
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Version du 17 mars 2016 à 16:18
Le Parti sioniste révisionniste est un parti politique juif, sioniste, nationaliste et anti-communiste créé à Paris en 1925 par Vladimir Jabotinsky dans l'objectif de « réviser le sionisme ».
Il sera absorbé en 1948 par le parti Hérout, nouvellement créé en Israël par Menahem Begin. Le Hérout apparaît donc comme le successeur du Parti sioniste révisionniste.
Le Hérout sera en 1973 la principale composante politique de la création du Likoud.
Les origines
Le sionisme est apparu dans les années 1880.
Dès les années 1890, trois courants apparaissent :
- Un courant sioniste socialiste, qui s’incarnera dans différents partis, dont le Poale sion et le Hachomer Hatzaïr ;
- Un courant sioniste religieux, incarné par le mouvement Mizrahi ;
- Un courant de droite libéral, celui des sionistes généraux. Les sionistes généraux ne s’organiseront en tant que véritable parti qu’au début des années 1920, sous la direction du très modéré et très pro-Britannique Haïm Weizmann.
En 1920, à la conférence de San Remo, les grandes puissances occidentales ont décidé de la création d’un Foyer National Juif en Palestine, et donné un mandat aux Britanniques en ce sens. Les opportunités sont énormes pour le sionisme, mais s’accompagnent d’une montée des divergences sur le pouvoir, les objectifs et les moyens.
Beaucoup de mouvements sionistes se réorganisent donc vers 1920 : Sionistes généraux, Achdut Ha'avoda, et bientôt révisionnistes.
Jabotinsky
Vladimir Jabotinsky est un dirigeant de l’Organisation sioniste mondiale depuis avant la première guerre mondiale. Il est plutôt proche du courant des sionistes généraux. Mais il conteste l’orientation considérée comme trop modérée de Weizmann, et ne se joint donc pas au nouveau parti.
La révolution bolchevique et la montée de la gauche
En Palestine dans les années 1920, les Sionistes socialistes ont le vent en poupe, profitant indirectement de l’enthousiasme créé par la révolution Bolchevique.
Weizmann, à la fois leader des Sionistes généraux (centre droit) et de l’Organisation sioniste, a choisi de s’allier avec la gauche sioniste.
Pour beaucoup, à droite, une résistance plus affirmée à la montée de la gauche doit être mise en œuvre.
L’indépendance de la Transjordanie (1922)
En 1922, les Britanniques décident de retirer la Transjordanie du Foyer national juif tel qu’il avait été défini à la conférence de San Remo en 1920. Voir le chapitre et la carte sur cette question.
L’indépendance de la Transjordanie suscite une forte résistance chez les sionistes, toutes obédiences confondues. Berl Katznelson, l’idéologue du Achdut Ha'avoda, a exprimé des protestations bien plus véhémentes que celles de Jabotinsky contre cette décision britannique.
Mais après la rupture entre l’Organisation sioniste mondiale (OSM) et Jabotinsky (en 1923), celui-ci utilisera la thématique de l’annexion de la Transjordanie comme instrument de critique de la « mollesse » de l’OSM, qui a finalement accepté de mauvais gré la décision britannique.
La création du Betar (1923)
À Rīga, en 1923, des étudiants juifs créent Brit Yosef Trumpeldor (alliance Joseph Trumpeldor, ou Betar), une organisation de jeunesse nationaliste et anti-communiste. Fondé avant le parti révisionniste lui-même, le Betar va maintenir une indépendance jalouse vis-à-vis de celui-ci, tout en en partageant les idées (dans une version souvent plus « dure », cependant).
Le Betar accepte rapidement la direction de Jabotinsky, rebaptisé le « Roch Betar » et « objet d’un culte de la personnalité inconnu jusqu’alors dans le sionisme »[1]. Les militants du Betar presseront rapidement Jabotinsky de créer un mouvement politique pour regrouper la droite nationaliste. Le Betar prend aussi une orientation para-militaire, conformément à l’objectif posé par la « Muraille d’acier », un texte de Jabotinsky datant de 1923.
Dans les années suivantes, le Betar connaîtra une forte croissance (9 000 en 1929, 80 000 en 1939), et sera un des bastions du révisionnisme.
La « Muraille d'acier » (1923)
Vladimir Jabotinsky a défendu le projet d'une Légion juive en Palestine, structure légale soutenue par le Royaume-Uni. Ainsi dans un texte de novembre 1923, il affirme que le conflit entre le sionisme et le nationalisme arabe est inévitable, et que le sionisme doit constituer une « muraille d'acier » (une armée), pour s'imposer.
Voir le chapitre : La « Muraille d'acier ».
Cette revendication fera partie du programme du parti Révisionniste lors de sa création, en 1925.
L’affaire Petlioura (1921-1923)
En 1921, Jabotinsky a signé un accord avec Simon Petlioura, dirigeant du gouvernement provisoire ukrainien, dont on accusait à l'époque les troupes d'avoir massacré des dizaines de milliers de Juifs. En janvier 1923, le Comité d’action sioniste (exécutif élargi de l’OSM) décide d’une commission d’enquête. Jabotinsky, qui critiquait depuis quelques années la gauche et Weizmann, majoritaires, décide de démissionner de son poste à la direction de l’OSM.
Pour en savoir plus, voir le chapitre sur L'affaire Petlioura.
L’appartenance à l’Organisation sioniste mondiale (1925-1935)
En 1923, Jabotinsky est donc la principale figure d’une droite nationaliste qui se cherche et tente de s’organiser dans un mouvement à la fois anti-communiste (donc hostile à la gauche sioniste marxiste) et opposé à la « faiblesse» des dirigeants du centre droit sioniste (Sionistes généraux).
La création du Parti révisionniste (1925)
À partir de 1923-1924, Jabotinsky regroupe autour de lui un petit groupe de militants, surtout d’origine russe comme lui. En 1925 naît l’Alliance des sionistes révisionnistes à Paris (dans l’arrière salle du « café du Panthéon », en plein quartier Latin).
Le terme « révisionniste » vient de la volonté des membres du nouveau parti de « réviser le sionisme ».
L’objectif est la création d’un État sur les deux rives du Jourdain (y compris donc dans l’actuelle Jordanie). Les Britanniques doivent mettre en place une « légion juive » pour permettre au Yichouv de se défendre. Ils doivent aussi favoriser une immigration juive de masse. Les terres publiques (domaniales) et les terres en friche devront être mises à la disposition des immigrants juifs. Mais l’autorité du Royaume-Uni sur la Palestine n’est pas remise en cause.
Le parti va dès lors se développer en diaspora (surtout en Pologne) et en Palestine mandataire. Ce développement reste modeste : aux élections de l’Organisation sioniste mondiale de 1925, 1927 et 1929, le parti fera des scores limités (environ 7 % en 1929).
La réaction de la gauche
Elle est très vive. Les relations avaient été fluctuantes. Elles deviennent mauvaises. Jabotinsky est accusé d’être un démagogue ultra-nationaliste, voire un sympathisant fasciste (ce qu’il n’est pas. Jabotinsky restera toujours un ferme partisan du libéralisme politique et économique, au contraire de certains des membres du parti).
L’Aliyah Grabski (1924 - 1928)
La Quatrième Aliyah amène en Palestine de 1924 à 1928 80 000 immigrants. Beaucoup viennent de Pologne, et ont été chassés par les mesures antisémites du gouvernement Grabski. Cette population aura une certaine importance pour le développement du révisionnisme en Palestine :
- Il s’agit pour beaucoup de commerçants, d’artisans, de membres des classes moyennes, qui sont plus proches de la droite que de la gauche.
- Leur afflux crée en 1926-1928 une très grave crise économique, qui se retourne aussi contre les partisans du pouvoir sioniste en Palestine, et bénéficie donc à son opposition de droite.
Encore un peu hésitant en 1925, le parti Révisionniste affirme fermement son attachement au capitalisme dès 1927. Il propose ainsi d’interdire les grèves, jusqu’à la création de l’État Juif. La bourgeoisie détient les clefs du futur. « Nous n’avons pas à avoir honte, camarades bourgeois », lance Jabotinsky.
La tentation fasciste et les Birionim (1928-1933)
En 1928, trois hommes entrent au Parti révisionniste. Ils viennent de la gauche sioniste, mais se sont retourné contre elle, et affichent maintenant des sympathies fascistes. Ce sont le journaliste Abba Ahiméir, le poète Uri Zvi Greenberg et le médecin et écrivain Yehoshua Yevin.
Ils organisent rapidement une faction fasciste et radicale en Palestine mandataire, le Brit Ha'birionim. Les trois hommes rêvent d’une organisation de « chefs et de soldats »[2].
Les troubles entre arabes et juifs de 1929, dont ils sont en parti la cause, leur donnent une audience grandissante. Le Parti révisionniste a triplé ses voix par rapport à 1929 aux élections internes à l’OSM (environ 21 % des voix). La pente est ascendante, et elle l’est aussi pour les plus radicaux des révisionnistes.
Leur groupe contrôle bientôt Hazit Ha’am, le journal de la section ouvrière du parti, dans lequel ils développent leurs thèses.
Ahiméir fait bientôt figure d’idéologue marquant du parti en Palestine (qui n’est qu’une section du parti, et pas la plus importante), et influence fortement le Betar. Officiellement il soutient Jabotinsky. Plus discrètement, il le critique, considérant qu’il n’y a plus guère de différence entre lui et la gauche.
En 1931, sa faction s’organise au sein d’un association secrète et indépendante de la direction du parti, « Brit Ha’Birionim ». Elle entend lutter contre trois ennemis :
- la gauche sioniste,
- les Arabes,
- le Royaume-Uni, qui n’en fait pas assez contre les Arabes, et commence à fixer certaines limites à l'immigration juive.
En secret, les Birionim récupèrent des armes et préparent des attentats, qui n’auront finalement pas lieu.
Jabotinsky et le parti critiquent leur radicalisme (dont ils ne perçoivent pas l'ampleur), mais refusent de rompre.
En 1932, au cinquième congrès du parti, Ahiméir propose de transformer le parti révisionniste en un parti autoritaire. Jabotinsky déclare : « je considère comme néfaste tout mouvement qui nie le principe d’égalité entre les citoyens […] c’est bien pourquoi je vous considère, Ahiméir, comme un adversaire politique ».
À l’inverse, quelques mois plus tard, lors du conflit interne avec les « modérés » du Parti révisionniste qui s’inquiètent de la volonté affichée par Jabotinsky de quitter l’OSM, Jabotinsky s’appuie sur son aile droite pour dissoudre la direction du parti, organiser de nouvelles élections internes, et affirmer ses vues.
Au début 1933, Ahiméir déclare dans Hazit Ha’am qu’il y a du bon en Hitler, à savoir la « pulpe anti-marxiste ». Jabotinsky est furieux, mais se refuse de nouveau à rompre.
Le 16 juin 1933, le directeur du département politique de l’Agence juive, le socialiste Haïm Arlozorov, est assassiné dans des circonstances troubles (encore aujourd’hui, personne ne sait qui a assassiné Arlozorov). Le matin même, Hazit Ha’am avait lancé une attaque très violente contre lui « le peuple juif a toujours su juger comme il se doit ceux qui vendent son honneur et sa foi. Cette fois encore, il saura trouver la réponse adéquate à cette saloperie qui se fait au grand jour » (un accord d’émigration passé entre l’Agence juive et le Troisième Reich pour l’émigration des juifs allemands, accord dont Arlozorov était le négociateur).
Rapidement l’enquête britannique se dirige vers les Birionim. Ahiméir est jugé. Il est acquitté du meurtre, mais les documents trouvés chez lui le font condamner à 18 mois de prison pour incitation à la révolte contre le régime mandataire. La gauche accuse les Birionim de complot fasciste. Après avoir hésité, Jabotinsky engage le parti révisionniste dans la défense acharnée de Ahiméir.
L’affaire Arlozorov et le soutien des révisionnistes à leur aile extrémiste auront deux conséquences :
- La disparition des Birionim, qui ne s’en relèveront pas. La tentation fasciste a été contenue au sein du parti.
- La haine tenace de la gauche pour les révisionnistes. Peu aimés (Ben Gourion avait traité Jabotinsky de « Vladimir Hitler » en 1932), ils deviennent maintenant à ses yeux un ramassis d’assassins factieux et de terroristes.
La rupture est totale, la scission approche.
En août 1933, les élections du XVIIIe congrès de l’OSM (à Prague) sont dominées par les attaques de la gauche contre le « péril fasciste » révisionniste. Le Parti révisionniste perd 1/3 de ses voix, et n’obtient que 14 % des suffrages. Le Bloc de la gauche, dirigé par le Mapaï, obtient 44 % des voix et s’affirme comme la tendance dominante de l’OSM.
L'Organisation des ouvriers révisionnistes (1932)
En 1932, c'est la création de l'Organisation des ouvriers révisionnistes. En 1934, les révisionnistes créent la Confédération nationale des travailleurs d'Erets Israel.
Le succès est modeste, mais confirme la volonté de contester à la gauche son monopole politique et syndical. Celle-ci réagira particulièrement mal à cette concurrence contre la Histadrout, bastion de la gauche sioniste.
La création de la Nouvelle Organisation sioniste (1935)
Depuis plusieurs années, le parti révisionniste hésitait sur une éventuelle rupture avec l’OSM. En 1932, Jabotinsky avait dissout la direction révisionniste (qui s’y opposait) et avait fait élire une majorité favorable à la rupture. Mais il hésitait encore.
En 1934 et 1935, la gauche (en la personne de David Ben Gourion) et la droite révisionniste (en la personne de Vladimir Jabotinsky) ont négocié un accord. Accepté par le parti Révisionniste, l’accord est rejeté par un référendum interne à la Histadrout.
Jabotinsky décide en 1935 que le parti Révisionniste doit quitter l’OSM dominée par les socialistes.
La scission de 1935
Le Parti révisionniste décide de créer une « Nouvelle Organisation sioniste » (NOS) pour remplacer l’OSM (la NOS et les révisionnistes reviendront au sein de l'OSM en 1946).
Mais la NOS n’attirera à elle (en plus du Parti révisionniste) que des groupes marginaux, en particulier les religieux sionistes conservateurs du Mizrahi.
L’échec est donc partiel. Mais il est riche pour l’avenir : pour obtenir le ralliement des religieux, le Parti révisionniste, originellement aussi laïque ou presque que la gauche, a pris un virage plus ouvert vers la religion. Dans les années 1970, il bénéficiera de cette nouvelle orientation, à laquelle il sera resté fidèle depuis 1935, en ralliant à lui les partis religieux (Mizrahi et Agoudat Israël).
Le développement de l’Irgoun (1937-1939)
De 1935 à 1939 éclate la « Grande Révolte arabe », un soulèvement des Arabes palestiniens contre le mandat britannique et les sionistes.
Depuis le début des années 1930 existait en Palestine une organisation armée clandestine dissidente de la Haganah, la Haganah nationale, aussi connue sous le nom de Irgoun Zvaï Leumi. Jabotinsky était membre de son conseil politique, mais l’Irgoun n’était pas strictement révisionniste : en 1937 la majorité de ses membres rallient la Haganah.
À partir de 1937 et jusqu’en 1939, l’Irgoun est réorganisée comme organisation armée révisionniste (mais indépendante du parti). Jabotinsky en est le chef politique (fonction assez théorique). Le nom « Haganah nationale » est abandonné.
L’Irgoun se met alors à commettre de plus en plus d’attentats, en particulier contre les civils palestiniens (200 à 250 morts). L’organisation grandit, se renforce, s’arme, attire à elle les révisionnistes les plus radicaux. La violence aveugle contre les civils est condamnée par la gauche et le centre droit (sionistes généraux). Jabotinsky lui-même est parfois troublé. Mais la violence est aussi un moyen de mobiliser les nationalistes les plus radicaux.
Voir aussi l'article détaillé sur les attentats de l'Irgoun pendant la Grande Révolte arabe.
Le plan d’évacuation (1936-1937)
En 1936, le gouvernement polonais lance une campagne anti-juive de grande envergure. Le parti au pouvoir (OZON) interdit l’adhésion des juifs. Le gouvernement indique qu’il souhaite le départ de tous les juifs de Pologne en quelques années. Il prend contact avec le gouvernement français pour explorer l’hypothèse d’un départ des juifs vers Madagascar (sans succès).
Jabotinsky décide alors d’engager le Parti révisionniste dans la direction d’un soutien au gouvernement polonais. Il essaye de convaincre celui-ci que c’est vers la Palestine que les Juifs doivent être dirigés. Le gouvernement le reçoit, et les deux parties s’affichent volontiers ensemble. L’objectif de Jabotinsky est de trouver un allié pour faire pression sur la Grande-Bretagne, dans le but d’augmenter le nombre des visas d’immigration que la puissance mandataire limite nettement depuis le début des années 1930.
Mais au-delà du politique, la collaboration des révisionnistes avec la Pologne a également un volet militaire. À la suite des entretiens d'octobre 1937 entre Jabotinsky et le chef des armées, le maréchal Rydz-Smigly et le ministre des affaires étrangères, le colonel Beck, un soutien concret est apporté à l'Irgoun. Avraham Stern est chargé du dossier du côté de l’Irgoun, en tant qu'envoyé spécial[3]. De l'argent est versé en 1939. Cinq milles fusils sont livrés la même année[4]. Au printemps 1939, l'armée polonaise donne à 25 officiers de l'Irgoun « un stage d'entraînement militaire et de sabotage »[5].
Cette expérience aura deux conséquences.
- La Pologne était, bien plus que la Palestine, le grand centre du Betar et du Parti révisionniste. Mais si les Juifs de Pologne pouvaient accepter un accord technique favorisant l’émigration, le « mariage d’amour »[6] avec un régime antisémite n’est pas accepté. Le Parti révisionniste en sortira durablement affaibli.
- Chargé des contacts militaires, Avraham Stern et ses proches retiendront que des relations fructueuses peuvent être mises en place avec un gouvernement antisémite, pour peu que les deux parties y aient un avantage. En décembre 1940, ils tenteront de prendre contact avec l'Allemagne nazie pour leur lutte contre la Grande-Bretagne[7].
Le Livre blanc (1939) et la mort de Jabotinsky (1940)
En 1939, les Britanniques publient un « livre blanc », réponse politique à la « Grande Révolte arabe ». Ils mettent quasiment fin à l’immigration juive et indiquent qu’en 1949, la Palestine deviendra un état unitaire (donc à majorité arabe). Jusqu’alors, le mouvement révisionniste avait critiqué le mandat britannique, pas assez favorable aux Juifs. Mais il restait un allié du Royaume-Uni. Seuls les plus radicaux (Birionim) prônaient la guerre contre les Britanniques.
Le Livre blanc change totalement la situation et le Parti révisionniste se retourne contre le Royaume-Uni. Mais peu de temps après, la guerre en Europe commence et les révisionnistes décident de soutenir les alliés.
Vladimir Jabotinsky décèdera en août 1940 d'une crise cardiaque, lors d'une visite dans un camp d'hiver du Betar, aux USA.
Il laisse derrière lui un camp révisionniste éclaté et affaibli.
Le Betar, l’Irgoun et le Parti révisionniste n’avaient pas de liens institutionnels. Ils n’étaient unis que par l’idéologie et par Jabotinsky, leur chef à tous (de façon assez théorique pour l’Irgoun). Sa mort laisse donc ces trois organisations sans direction commune.
Le Parti révisionniste a été durablement affaibli par l’affaire Arlozorov et par celle du « plan d’évacuation ». Surtout, l’invasion de la Pologne par les soviétiques et les nazis en 1939 a coupé le parti de Palestine de sa principale base arrière (en militants et en argent) : la Pologne.
Tout le mouvement révisionniste est à reconstruire. C’est Menahem Begin qui s’en chargera.
L’hégémonie de l’Irgoun (1940-1948)
Après la mort de Jabotinsky, c’est l’Irgoun qui va progressivement se retrouver au centre de l’univers politique révisionniste. Son activisme lui permettra de s’imposer comme le leader naturel des successeurs politiques de Jabotinsky.
Le cessez-le-feu de l'Irgoun (1940)
En 1940, l'Irgoun décide que la situation en Europe est plus grave que celle du « Foyer national juif », et décide d'arrêter les actions armées contre les Arabes, et de ne pas en déclencher contre les Britanniques. L'Irgoun conclut même un accord avec les Britanniques pour participer à des actions offensives, en particulier dans le domaine du sabotage. Jabotinsky a approuvé l'accord. Le chef de l'Irgoun, David Ratziel sera tué au combat en 1941.
La scission du groupe Stern (1940)
Le choix de la direction de l'Irgoun ne fait pas l'unanimité. Avraham Stern (« Yair »), qu’on peut considérer comme l’héritier politique des Birionim, le conteste. Il considère au contraire que la menace de disparition du « Foyer National Juif » au bout de la période de 10 ans prévue par les Britanniques est la plus grave.
Il crée avec quelques nationaliste radicaux, comme Yitzhak Shamir, futur premier ministre d'Israël, un scission qu'il appelle d'abord « Irgoun Tsvai Leumi beIsraël », puis « Lohamei Herut Israël » (Combattants pour la liberté d'Israël) ou Lehi. Les Britanniques l'appellent le « Stern gang » traduit en français par « groupe Stern ».
Cette scission se livre à des attentats contre les Britanniques ou des Juifs « collaborateurs » et tente même de prendre contact avec les Allemands, au nom de la différence entre le « persécuteur » (l'Allemagne), préférable à « l'ennemi » (les Britanniques qui empêchent l'État juif). Le Stern est finalement démantelé début 1942, et entre en sommeil. Les responsables sont morts (Stern, en 1942) ou en prison (Shamir).
L’arrivée de Menahem Begin et la reprise des combats (1943)
Ancien responsable du Betar de Pologne, considéré comme plus radical que Jabotinsky, mais pas aussi à droite que Stern, Begin arrive en Palestine en 1943 avec l’armée polonaise du général Anders, évacuée d'URSS vers l'Iran. Il prend rapidement la direction de l’Irgoun, qui connaît une crise interne assez grave depuis la mort de Ratziel.
À partir du début 1944, l’Irgoun reprend les attentats.
Le Lehi les a aussi repris, mais dans le cadre d'un nouveau positionnement idéologique qui ne se revendique plus officiellement du révisionnisme. L'orientation est maintenant pro-soviétique, même si des courants très droitiers restent actifs au sein de Lehi.
Dans un cas comme dans l'autre, ce ne sont plus les Arabes qui sont visés, ce sont les Britanniques.
De 1944 à 1948, des centaines de soldats britanniques, de fonctionnaires et de policiers seront tués.
La Haganah s’oppose à l’Irgoun jusqu’à la mi-1945, puis se joint à elle dans la lutte anti-britannique, tout en critiquant le caractère sanglant de ses actions.
Le Parti révisionniste en Palestine, lui, est peu actif politiquement, mais critique cependant ce qu’il considère être les excès des membres de l’Irgoun.
À partir de novembre 1947, l'Irgoun cesse le gros de ses opérations anti-britanniques (il y aura encore quelques attentats contre les Britanniques, à la suite de heurts ponctuels), mais se lance dans de sanglantes réprésailles contre la population civile arabe, en réponse aux attentats arabes anti-sionistes qui font suite à la décision de l'ONU de créer un État juif en Palestine.
Voir les articles détaillés Plan de partage de la Palestine et Guerre israélo-arabe de 1948.
La création du Hérout (1948)
Après l’indépendance d'Israël, le premier ministre David Ben Gourion exige le démantèlement de l’Irgoun en tant qu’organisation armée clandestine.
L’affaire de l’Altalena, une épreuve de force entre Tsahal et l’Irgoun, fera 18 morts (16 membres de l’Irgoun et 2 soldats de Tsahal). L’Irgoun cesse d’exister.
Mais Menahem Begin est maintenant le chef incontesté des Révisionnistes en terre sainte. En 1948, il crée le Hérout, qui agrège anciens de l’Irgoun et du parti Révisionniste. Il écartera de la direction les anciens responsables du parti Révisionniste, pour y imposer ses proches.
Le parti Révisionniste, ce parti plus fort encore en Pologne qu’en Palestine, n’existe plus. Il laisse la place au Hérout, un parti purement israélien. Aux élections de 1949, celui-ci obtiendra 11,5 % des voix, et se placera en 4e position, dans l'opposition.
Le Hérout reprend l’idéologie du parti Révisionniste : annexion de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de la Jordanie, pour former un « grand Israël » sur les deux rives du Jourdain, attachement au libéralisme politique et au libéralisme économique, anti-communisme, hostilité à la gauche, exaltation de l’armée.
Le Parti révisionniste : synthèse
Entre 1925 et 1948, c'est un parti qui a eu 3 caractéristiques en partie contradictoires : il a été relativement marginal, très activiste et indirectement influent.
- Marginalité : sa défense sans concession du Grand Israël (incluant la Jordanie) et de la violence l'ont placé en dehors du consensus politique dominant (celui de la gauche et des sionistes généraux). Ses scores électoraux sont donc restés relativement modestes. Les élections de l'OSM en 1931, avec 21 % des voix, restent une exception, obtenue assez largement grâce au Judaïsme polonais.
- Activisme : avec l'Irgoun, le mouvement révisionniste (plus que le parti lui-même) a largement utilisé la violence : violence aveugle contre les civils arabes[réf. nécessaire], plus ciblée contre l'ancien allié britannique.
- Influence : s'il a été peu influent électoralement, le révisionnisme, par son activisme, a en partie obligé le mouvement sioniste mondial à se définir par rapport à lui. Il a ainsi joué un rôle non négligeable dans le passage de la Haganah à la lutte armée (même modérée) contre les Britanniques. Ses actions armées expliquent en partie le retrait britannique[8].
Le Parti révisionniste est donc un parti clef de l'histoire du sionisme. Il a placé au cœur de son programme depuis 1925 l'idée du Grand Israël, dans ses frontières bibliques. Très minoritaire à l'époque de Jabotinsky, cette thématique deviendra centrale dans le débat entre sionistes après la guerre des Six Jours de 1967, et ce jusqu'à nos jours.
Notes et références
- Marius Schattner, Histoire de la droite israélienne, Éditions complexe, 1991, page 90
- Lettre de Ahiméir à Benyamin Gurwitz, dans Brit Ha’Birionim, recueil de textes de Ahiméir publié à Tel-Aviv en 1972.
- Histoire de la droite israélienne, P. 180
- Seule une petite partie des fusils parviendra en Palestine, du fait de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne.
- Histoire de la droite israélienne, 1991, P. 180.
- (le terme est de Marius Schattner)
- En janvier 1941, l'envoyé de Stern transmet un texte, dans lequel le Lehi déclare : « l’installation de l’État hébreu historique, basée sur le nationalisme et le totalitarisme et liée à un traité avec le Reich allemand, serait dans l’intérêt du renforcement du futur rapport de force allemand au Proche-Orient » (cité par Allan Brownfield dans The Washington Report on Middle Eastern Affairs », juillet/août 1998). Le principal contact Allemand, « Von Hentig, ne cache pas à son interlocuteur que cette offre étrange n’a aucune chance d’être acceptée par Berlin, ne serait-ce qu’à cause des promesses du Reich aux Arabes » (Histoire de la droite israélienne, p. 197, citant Otto Von Hentig, Mein Leben Eine Diensreise (mémoires), Gottingen: Vandenehoek and Ruprecht, 1962, p.339.
- « Les opérations contre les troupes d’occupation, de plus en plus audacieuses, rendent le pays ingouvernable […]. Désemparé, Bevin [ministre des Affaires étrangères britannique] décide en février 1947 de porter l’affaire devant l’ONU, non sans espérer un échec des Nations unies qui permettrait le retour en force de la Grande-Bretagne » — Élie Barnavi, Une histoire moderne d’Israël, 1988, Flammarion, page 188.