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« Télétravail » : différence entre les versions

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* [[Système socio-technique]]
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Version du 24 mai 2020 à 12:51

Le télétravail est l'un des modes émergents de travail.

Le télétravail est une activité professionnelle effectuée en tout ou partie à distance du lieu où le résultat du travail est attendu. Il s'oppose au travail sur site, à savoir le travail effectué dans les locaux de son employeur. Le télétravail peut s'effectuer depuis le domicile, un télécentre, un bureau satellite ou de manière nomade (lieux de travail différents selon l'activité à réaliser), dans le cadre du travail salarié, mais aussi depuis des espaces de travail partagés (coworking), dans le cadre du télétravail indépendant. Son développement a été permis par les technologies de l'information (Internet, téléphonie mobile, fax, etc.)[1], les TIC (technologies de l'information et de la communication) notamment - dans certains métiers - l'ADSL[2] puis le « haut-débit » permis par la fibre optique. Le « télétravail nomade » a été encouragé par la mondialisation économique[3].

Le ministère de l'Économie français définit le télétravail comme « une forme d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire »[4].

Histoire

Promu dès les années 1970 (via le téléphone et surtout le fax), dont en France « par les pouvoirs publics français qui y voyaient un mode d'aménagement du territoire »[5], c'est en 1972 que le terme « telework » apparaît pour la première fois dans un article du Washington Post signé par le journaliste Jack Schiff et, à la même époque, Jack Nilles, considéré comme le père du télétravail lance ses premiers travaux sur ce qu’il baptisa, en 1975, le « telecommuting »[6].

Alors que se développaient la mondialisation économique et le flux tendu, ainsi que l'ordinateur personnel, Il est ensuite devenu pour les entreprises un des outils de délocalisation et/ou d'externalisation du travail ; pour réduire les coûts et pour augmenter la « mobilité du travail » comme nouvelle pratique de management et coordination[5]. La commission européenne promeut le télétravail au travers de livres blanc et vert (le rapport Bangemann), faisant du télétravail un moyen de soutenir le développement de la société de l'information voulue par les édiles de Bruxelles[7].

Dans les années 2000, il devient un véritable projet organisationnel s'inscrivant dans une stratégie d'entreprise mais sa pratique manque de régulations (politique, légale, sociale, organisationnelles)[8]. Concentré dans certains secteurs d'activités (informatique, conseil) jusque dans les années 2005, ses avantages[9] et inconvénients[9] restaient discutés[10].

Malgré une réglementation plus adaptée (Accord cadre européen du 16/7/2002, Conventions collectives de travail et autres lois ou recommandations dans les états membres de l'UE), une partie du télétravail est aujourd’hui pratiqué de manière informelle. En 2015, 17 % de la population active européenne pratiquait le télétravail à domicile et mobile[11].

Des dispositions législatives favorables à la pratique du télétravail, notamment à domicile, existent dans de nombreux pays, toutefois le télétravail (à domicile ou en télécentre) demeure une pratique minoritaire[12].

Typologie

Dans le langage courant le télétravail est souvent réduit au télétravail à domicile. Mais de nombreuses typologies, établies notamment par le monde de la recherche, rendent compte de la diversité de cette forme de travail[12].

Lieux de télétravail

  • à domicile : le lieu de résidence du télétravailleur (une pièce réservée ou non...)
  • hors domicile : un lieu tiers de confiance professionnel (télécentres, EPN, coworking...), un lieu non professionnel (hôtel, café, chambre meublée, studio...)
  • nomade : bus, tram, métro, RER, train, avion, bateau...

Télétravailleurs

  • Les prestataires indépendants de services : ce sont des freelances (travailleurs indépendants qui utilisent le télétravail entrepreneurial) ou des petites entreprises proposant leurs services, généralement depuis le domicile du travailleur, mais éventuellement en mode nomade, ou alterné, voire en télécentre ;
  • Les salariés d'entreprises ou associations : ce sont des employés — le plus souvent des cadres[13] — d'entreprises ou collectivités dont l’organisation leur permet de travailler à distance, éventuellement en télécentre tout ou partie de leur temps de travail, ce qui leur permet ou demande un autre mode d'organisation du temps, non sans risque de « suractivité »[14],[15],[16],[17] ;
  • Les « nomades » : ce sont des télétravailleurs salariés ou indépendants, qui pendant leurs déplacements continuent à collaborer avec leur entreprise en accédant ponctuellement à son système d'information à distance ;

Dans tous les cas, le télétravail peut être continu ou partiel (un à trois jours par semaine par exemple)

  • Les télétravailleurs en réseau, basés sur un site d'entreprise ou associatif, dans un télécentre ou temporairement chez le client. Il opère éventuellement dans une « équipe virtuelle » ou sous le contrôle d'un manager à distance ;
  • Les entrepreneurs-salariés, via les coopérative d'activités et d'emploi, qui permettent via des outils de gestion en ligne (ERP, Groupware...) d'entreprendre tout ou partie à distance dans un cadre sécurisé avec un accompagnement individuel : les CAE, en savoir plus ;
  • à noter : il y a 8 millions de salariés en France qui peuvent télétravailler de par la nature de leur emploi, et ce en quasi immédiateté.

Modes de télétravail

Un espace de télétravail

Il existe trois modes de télétravail à partir des différentes formes de présence[18]:

  • la première forme est le travail à domicile. Le travail est effectué dans la résidence du travailleur[18]. Par l’ordinateur et l’Internet, le travailleur est capable de réaliser ses travaux et de communiquer des collègues chez lui sans la présence au bureau. Donc cette mode de télétravail favorise la conciliation emploi-famille. Mais elle peut aussi brouiller les frontières entre le temps personnel et le temps professionnel. Aujourd’hui, grâce au développement des technologies de l’information, les formes de travail à domicile sont plus diversifiées et modernes[19] ;
  • la deuxième forme est le travail alterné ou pendulaire[18]. Le travail est réalisé en alternance entre le bureau et la résidence du travailleur. Il s’agit que le travailleur n’a pas d’espace fixe de travail. L’entreprise prédéfinit un horaire ou un quota de présence dans l’entreprise et sauf le temps inclus dans cet horaire, le travailleur peut exécuter le travail dans un lieu extérieur à l’entreprise comme la maison ou l’espace de travail collaboratif[18] ;
  • la troisième forme est le travail dans les télécentres et les centres de proximité[18]. Il s’agit de réunir les travailleurs qui ont une grande distance à effectuer pour aller à l’entreprise, comme les travailleurs nomades dans certains endroits hors du bureau[19]. Cette forme permet de réduire le temps de transports des travailleurs nomades et améliorer leur productivité. Par ailleurs, l’espace de coworking est appliqué fréquemment dans cette forme de télétravail comme un endroit de travail. Il offre aux télétravailleurs un réseau d’échange et une possibilité de réaliser des projets collaboratifs[18].

Avantages

Pour l'employeur

  • Augmentation de la flexibilité des ressources humaines[9].
  • Réduction de l'absentéisme et des retards (Notamment en cas de bouchons, grèves, pandémies)[9].
  • Intégration des salariés handicapés et des salariés ayant des contraintes familiales importantes[9].
  • Meilleure gestion des déménagements et des transferts d'activité (limitation des licenciements liés au déménagement d'un établissement dans une autre zone géographique)[9].
  • Réduction des frais généraux et des dépenses[9].
  • Moderniser les processus de management[20].
  • Contribuer à une meilleure conciliation des temps sociaux[20].
  • Participer au bilan carbone de l'organisation[20].
  • Dans l'idéal, profiter d'une plus grande productivité des employés.

Pour le télétravailleur

  • Une réduction des transports.
  • Des économies réalisées en termes de temps et d'argent : pouvoir d'achat renforcé.
  • Des horaires de temps de travail plus souples.
  • Un accroissement en autonomie et en responsabilité.
  • La limitation des nuisances sonores, notamment dans un contexte où l'open space se généralise.
  • Une meilleure conciliation vie personnelle / vie professionnelle[20].
  • Accroissement de la motivation au travail
  • Dans l'idéal, une augmentation de la qualité de vie, qui implique une plus grande productivité au travail.
  • Une diminution de la fatigue et du stress au travail.
  • Renforcement du bien-être au travail.
  • Une prise en charge de certains frais (abonnement internet...)[21], voire une indemnité forfaitaire[22].

Pour les territoires

  • Le développement de l'économie résidentielle[23].
  • Un outil pour attirer de nouveaux actifs[23].
  • Un moyen de développer des nouvelles activités liées aux TIC pour les territoires ruraux[23].
  • Un outil pour contribuer à la limitation des déplacements d'une partie de la population sur les territoires urbains[23].

Inconvénients

Le travailleur peut se sentir isolé et moins facilement bénéficier de la dynamique de groupe d'une équipe, de l'aide des syndicats, etc. Ses droits peuvent être plus difficiles à faire respecter[9],[24]. L'apparition des webcams, des outils de visioconférence et de nouveaux outils de travail collaboratif peut pour partie limiter ces inconvénients, mais peut aussi ouvrir des dérives, avec :

  • éloignement du donneur d'ordre ou de l'employeur (autre continent ou fuseau horaire) ;
  • risque que le travail professionnel empiète fortement sur la vie privée et familiale (horaires, durée de travail, etc.) ;
  • affaiblissement des collectifs de travail et de la vie sociale[9].

Afin de réduire l'isolement, notamment avec des moyens de visiophonie ou visioconférence, certains proposent le terme « visiotravail » pour désigner cette variante du télétravail faisant usage de la téléphonie.

Le télétravail permet de diminuer les déplacements et donc diminuerait les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, il peut engendrer un effet rebond se traduisant par des déplacements personnels plus importants pour s'extraire d'un ancrage urbain[25]. Il renforce les possibilités de pression sur le salarié et contribue à brouiller les limites entre-temps professionnel et temps hors-travail[26].

Finalement, les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux du télétravail demeurent très discutés par les chercheurs[12]. En particulier lorsque le télétravail est subi et non souhaité comme ce fut le cas de nombreux salariés lors de la crise du Coronavirus. Les permanents stop and go avec la vie familiale et le travail semblent compromettre l'efficacité attendue par les employeurs[27].

Enjeux

Économique

  • Le télétravail peut permettre à l'agent d’accroître et de renforcer son pouvoir d'achat c'est-à-dire, « la quantité de biens et services qu'autrui peut acheter avec une unité salariale » (définition d'économie) car l'employé diminue sa consommation de gazole et, grâce à ce phénomène, augmente son pouvoir d'achat. C'est en tout cas l'idéal écologique associé au télétravail depuis le début des années 1980. Toutefois, les études sur le sujet sont mitigées et l'écobilan du télétravail reste mitigé, pour deux raisons principales: (1) travailler chez soi occasionne une consommation énergétique additionnelle (électricité, chauffage); (2) loin d'être supprimés, les déplacements seraient plus nombreux durant ces journées.

De plus, le télétravail peut également faire accroître positivement l'impact sur l'économie locale.

  • Diminution des coûts relatifs à l'immobilier, avec donc une moindre contribution à la déforestation et au gaspillage de matière et d'énergie ; cependant, c'est souvent au salarié/travailleur indépendant de trouver un local de travail ; généralement une pièce attitrée (bureau) dans son logement.

Environnement

  • L'écobilan complet du télétravail n'a pas été calculé, mais il semble pouvoir fortement diminuer certaines dépenses et le temps perdu à cause des transports (carburant, frais de parking, d'assurance, etc.). Selon une étude faite auprès de 1 000 entreprises de moins de 50 salariés étude[28], 88 % des PME françaises dépenseraient jusqu'à 50 000  par an en déplacements professionnels[29]. 80 % des TPE et PME sondées feraient de la réduction et l'optimisation des coûts de fonctionnement une de leurs priorités pour rentabiliser leur activité ; 43 % des entreprises de la Construction estiment qu'existe « une part très importante dans leurs déplacements par rapport au temps de travail global » et plus de 60 % se disent intéressées par le télétravail[29] ;
  • Moindre contribution à la dégradation de l'environnement (diminution globale des émissions de gaz à effet de serre (GES), bien que certains modes de télétravail (vidéoconférence ou usage intensif de serveurs) puissent également être indirectement source d'émissions de GES[30] (voir aussi Énergie grise informatique). L'association négaWatt, appelle de ses vœux le développement du télétravail, pour des raisons de sobriété[31] ;

Le pic pétrolier étant d'ores et déjà franchi, selon Jean-Marc Jancovici, la pandémie de Covid-19 devrait être l'occasion de se préparer au télétravail à plus grande échelle[32]. En 2017, The Shift Project, que préside Jean-Marc Jancovici, publie une étude sur la décarbonation de la mobilité dans les zones de moyenne densité de population; il s'agit peu ou prou des zones périurbaines. Il en ressort que le télétravail peut contribuer à cette décarbonation, mais que le potentiel du vélo, du covoiturage, des transports en commun et de la distribution optimisée des achats en zone périurbaine est supérieur. Par ailleurs, le télétravail mal maîtrisé pourrait entraîner un étalement urbain indésirable. Les auteurs soulignent que le télétravail peut toutefois participer à l’équilibre démographique de zones en cours de désertification[33].

Selon le bureau d'études français B&L évolution, pour avoir une chance de respecter l'accord de Paris sur le climat, « toute personne [qui habite] à plus de 10 km de son lieu de travail et ayant un emploi télétravaillable doit télétravailler deux jours par semaine à partir de 2025 ». Et l'employé doit parfois accepter de renoncer à son « hyper-spécialisation »[34].

Enjeux éthiques et sociétaux

Le découplage entre activité professionnelle et locaux d'entreprise, ainsi que le risque d'une perte des limites entre vie professionnelle, personnelle et familiale, posent de nouvelles questions, y compris pour la vulnérabilité des travailleurs face au stress au travail quand la pression de l'employeur ou du système augmente, ainsi que pour la notion d'accident du travail.

« Entre délocalisation et mobilité (...) en dissociant, tout en recombinant la dimension spatiale et temporelle du travail, en développant des mécanismes de délocalisation et d'organisation réflexive des relations sociales, tout en favorisant l'étirement entre implications locales (circonstances de coprésence) et interactions à distance (rapports entre présence et absence), le télétravail semble participer, au sens où l'entend Giddens, à la radicalisation de la modernité, notamment à travers deux figures : l'omniprésence et l'ubiquité »[5].

Le télétravail peut aussi apparaître comme la solution idéale pour les jeunes parents souhaitant concilier leur vie de famille et leur devoirs professionnels. Le problème que pose cette solution restant l'enjeu de séparer le travail et la vie de famille par un lieu et un temps dédié, ce qui n'est pas toujours évident. Et si les salariés gagnent en flexibilité, responsabilisation et baisse du temps de trajet, il n'est pas facile de se faire accepter comme travailleur complet.

Métiers et professions concernées

Tous les métiers pouvant s'effectuer à 60 % minimum à distance (du site de l'employeur ou du client) adoptent des méthodes de télétravail. Pour certaines professions, le fait de savoir échanger des emails et téléphoner suffit pour s'organiser ainsi.

En France

Dans les années 1990 le télétravail et les téléservices émergent parallèlement aux autoroutes de l'information[35] comme mode alternatif de travail, entre les problématiques de délocalisation et mobilité, mais concernant surtout certains services et professions ou certains salariés (handicapés). En 1993, un rapport sur ce thème est rendu au ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire et au ministre des Entreprises et du Développement économique[36]. Il est parfois présenté comme un moyen de valoriser des territoires isolés mais informatiquement désenclavés ou pouvant l'être[37],[38]. En 1998, un Guide d’information sur le télétravail est publié par la DGAFP[39].

Une association (AFTT ; Association française du télétravail et des téléactivités) est créée.

Les sociétés de services informatiques (télégestion...), souvent dotées des compétences ad hoc l'utilisent, mais encore marginalement et avec certains effets sur les relations humaines et sociales au sein de l'entreprise[40],[41]. En 2012, selon le ministère de l'Économie, 17 % des salariés pratiquaient le travail à domicile (contre 20 % en Europe du Nord). Parmi eux en France, 5 % le faisaient en 2012 sous forme de télétravail « nomade » (durant un déplacement). Les grandes entreprises favorisent plus le télétravail que les administrations : 40 % des groupes du CAC40 disposaient en 2012 d'un Accord de télétravail[29].

Le double volontariat et un avenant au contrat de travail (réversible si l'un des deux acteurs le souhaite) sont la règle en France (pour l'entreprise et le salarié)[29].

En 2004, la DARES évaluait à 2 % la part des salariés français pratiquant le télétravail à domicile, et à 5 % le télétravail nomade en France. En 2005, un « Accord national interprofessionnel relatif au télétravail » est signé en [42], mais dans le pays le télétravail se développe peu, et comme dans plusieurs autres pays occidentaux il semble rester « pendulaire », c'est-à-dire qu'il est exercé non à temps plein mais sur une partie de la semaine (exemple : un à deux jours en télétravail, le reste du temps travail classique depuis le bureau).

En 2012, le Ministère de l'Économie, des Finances et du Commerce extérieur évalue à 12,4 % la part des salariés de grandes entreprises françaises télétravaillant plus de 8 h par mois[43]. D'autres études évaluent à 16,7 % le nombre d'actifs pratiquant le télétravail à domicile ou de façon nomade, et à 40 % le nombre d'entreprises du CAC40 disposant d'un Accord de Télétravail[44]. Les télétravailleurs sont surtout des actifs qualifiés (cadres) du privé, exerçant dans l'informatique, le service aux entreprises, les banques et assurances. La France est derrière ses voisins européens : en Allemagne, aux Pays-Bas, en Finlande ou encore au Danemark, plus de 20 % des salariés pratiquent le télétravail[réf. nécessaire].

En 2014, le télétravail en France reste associé au temps partiel ou pratiqué un à deux jours par semaine le reste du temps étant passé en entreprise[29]. Il est le plus souvent pratiqué à domicile[45] ou en mode nomade, mais des centres de coworking adaptés au télétravail, éventuellement collaboratif se développent aussi.

Divers acteurs rappellent périodiquement les risques ou limites du télétravail en termes de suractivité (surtout chez les cadres[46]) et/ou de désinsertion sociale s'il excluait le travailleur des réseaux humaines et sociaux[47].

D'autres jugent que la généralisation du travail flexible (télétravail, horaires plus souple, utilisation des technologies mobiles, location d'un bureaux ou d'une salle de réunion dans un tiers-lieu, etc.) laisse entrevoir de nombreux avantages. Ainsi, 2 jours de télétravail par semaine, apportent des gains conséquents :

  • Pour l’économie française dans son ensemble (gain potentiel de 9,8 milliards d'€/an – soit 0,5 % du PIB) ;
  • Pour le pouvoir d’achat et le bien-être (gain potentiel de 1,7 milliard d’€ et 247 millions d’heures par an, soit 300  et 85 heures/personne) ;
  • Pour ceux – nombreux – qui souhaitent un nouveau rapport au travail ; Selon l'étude Citrix de 2014, les Français qui télé travaillent déclarent que cela leur permet de :
    • Travailler à leur propre rythme (83 %)
    • Assurer un meilleur équilibre de leur vie privée / vie professionnelle (81 %)
    • Organiser leur journée autour d’autres engagements (81 %)
    • Accomplir plus de tâches en perdant moins de temps dans les transports (76 %)

En 2016, les salariés obtiennent un droit à la déconnexion figurant dans la loi Travail. Il leur permet de ne pas répondre aux sollicitations professionnelles: droit de ne pas être connecté aux outils numériques professionnels (téléphone portable, courriels, etc.) hors des périodes de travail(temps de transport travail-domicile, congés, temps de repos, week-end, soirée, etc.). La France est le premier pays avoir intégré ce droit dans le droit du travail.

En 2018, 61 % des salariés français aspirent à plus de télétravail[48]. En croissance de 700 000 sur un an, ils sont 5,2 millions salariés concernés par le télétravail suivant une étude qui dresse le portrait de ces travailleurs[49].

En 2020, selon l'Association Nationale des DRH, 28% des salariés travaille depuis chez eux au moins partiellement grâce au télétravail. La pandémie Covid-19 a fait basculer le pays vers le confinement en mars 2020 et, en quelques semaines le télétravail a pu être utilisé par 40 % des salariés[50].

Soutien au télétravail

Un « réseau national de télécentres » a été constitué ( à Alençon), sous l'égide de la DATAR, à la suite d'une décision du CIADT de [51] avec un appel à projets visant à créer 1 000 postes de télétravail dans 100 télécentres, surtout en zone rurale (35 projets lors de la première vague de réponses[52]).

La DGAFP a publié un guide[53] sur le télétravail, sur sa définition, sa préparation, mise en œuvre dans la fonction publique et son évaluation[54], qui encourage le télétravail, tout en alertant sur le fait que des télétravailleurs isolés sont plus vulnérables à certains stress (liés aux objectifs par exemple) et risques psychosociaux, qui peuvent être notamment limités par la constitution de réseaux de pairs et un bon accompagnement de la part de l'employeur veillant à éviter la « mise à l’écart » des télétravailleurs[55].

Expériences

De nombreuses entreprises[réf. nécessaire] font appel à des indépendants ou sous-traitants pour obtenir un meilleur rapport qualité/prix et un gain de flexibilité et de temps. La mise en concurrence de solutions en télétravail doit tenir compte de la mise en place, de l'exécution (ou production) et du suivi de la tâche à réaliser.

Selon la complexité de la mission, un cahier des charges validé par les parties est nécessaire, intégrant :

  • une définition claire de la mission (contexte, enjeux) ;
  • les solutions préconisées (maquette, spécifications) ;
  • le volume de travail estimé (mesuré en temps horaire/homme) ;
  • la durée prévue pour chaque phase (pour préciser les délais de réalisation) ;
  • l'organisation (moyens humains, outils et ressources nécessaires, méthode de test, livraison et suivi).

Outils

Les outils TIC (technologies de l'information et de la communication permettent le télétravail :

En Belgique

La Convention collective de travail no 85 a été signée le et aménage les conditions de télétravail pour le télétravail régulier à domicile et en télécentre[56]. Le principe général est l'équité de traitement entre les télétravailleurs et les non-télétravailleurs.

Le fisc belge a clarifié le traitement fiscal du télétravail dans sa circulaire n° Ci.RH.241/616.975 (AGFisc no  2/2014)[57] du . La mise à disposition par un employeur à un employé d'une connexion et d'un abonnement internet et d'un ordinateur est considérée comme un avantage fiscal de toute nature jusqu'à un montant de 40 EUR par mois.

Aux États-Unis

En 2020, aux États-Unis:

  • Facebook veut devenir « l’entreprise la plus en avance » sur le télétravail. Cette décision a été prise, suite à l'épidémie de covid-19, au vu l'impossibilité d’un retour à des conditions de travail habituelles pour ses 45 000 employés au niveau mondial. 95 % du personnel s'est mis au télétravail durant cette période. 40 % des employés sont intéressés à opter pour le télétravail de façon permanente. Facebook pourrait aussi recruter de nouveaux télétravailleurs, sans lieu de travail liés à la firme. Les villes ciblées sont Denver (Colorado), Atlanta (Géorgie) et Dallas (Texas) où Facebook ne possède aucun bureau[58],[59].
  • Twitter propose le télétravail à la carte pour les volontaires. Le changement d'organisation du travail , permise par le télétravail, pourrait se prolonger au-delà de la période de pandémie. Les employés pourront opter pour le travail de manière définitive si ils le souhaitent[60].
  • Selon Dingel et Neiman (« How Many Jobs Can be Done at Home ? », NBER Working Paper no 26948, avril 2020), 34% des employés pourraient potentiellement telétravailler[61].

Dans les pays émergents

Le développement mondial de l'internet et des logiciels libres favorise aussi l'apparition d'un télétravail dans les pays en développement, pressenti dès la fin des années 1980[62].

Montage de projet

Un projet de télétravail se fait dans le cadre d'un portage salarial et figure alors dans le contrat de travail ou dans un avenant à ce contrat. Sinon, il commence généralement par une étude de marché associée au choix d'un statut indépendant, micro-entrepreneur, SARL, EURL. Un contrat ou bon de commande servira de protection en cas de litige (avec le cas échéant échelonnement des paiements à chaque étape validée. Le travailleur doit définir une politique de prix basée sur des tarifs intégrant le nombre d'heures de travail, l'expérience professionnelle et un prix d'appel et le temps passé à démarcher les clients potentiels (en début d'activité beaucoup de temps peut être consacré à la prospection).

Notes et références

  1. L. Taskin, « Télétravail, les mythes d'une success story: Entre autonomie et contrôle », Gestion2000,‎ , p. 113-125.
  2. Cléach, O., Metzger, J.L., 2002. Rapport d’étude sur le télétravail en ADSL. France Télécom Recherche et Développement, n° RP/FTR&D/7793, Issy-les-Moulineaux
  3. Beer, A. (de), 2001. L'essor du télétravail en Europe. Futuribles 266 (juillet-août), 61–65.
  4. « Entreprises, ce que vous devez savoir sur le télétravail », sur Ministère de l'Économie et des Finances (France), (consulté le ).
  5. a b et c Carré D. et Craipeau S. Entre délocalisation et mobilité: analyse des stratégies entrepreneuriales de télétravail (Between delocalization and mobility: analysis of entrepreneurial teleworking strategies); Technologies de l'Information et Société, 1996 [Fiche Inist/CNRS]
  6. Laurent Taskin, Déspatialisation : Enjeux organisationnels et managériaux. Perspective critique et études de cas sur la transformation du contrôle dans le cadre du télétravail à domicile., Saarbrucken, Editions Universitaires Européennes, , 498 p. (ISBN 978-3-8381-8005-2), p. 62
  7. Laurent Taskin, Patricia Vendramin, Le télétravail, une vague silencieuse. Les enjeux d'une nouvelle flexibilité., Louvain-la-Neuve, Presses Universitaires de Louvain, , 128 p. (ISBN 978-2-9303-4462-1)
  8. Laurent Taskin, « Le télétravail en manque de régulations », Interventions économiques,‎ (ISSN 1710-7377, lire en ligne)
  9. a b c d e f g h et i Tremblay Diane-Gabrielle, Le télétravail : Les avantages et inconvénients pour les individus et les défis de gestion des RH ; Revue de gestion des ressources humaines ; (ISSN 1163-913X) ; Congrès de l'AGRH no 12, Liège (Belgique) (13/09/2001) 2001, no 42 (56 p.) Fiche Inist CNRS
  10. Cléach, O., Metzger, J.L., 2003. Le Télétravail : une légitimité en construction ? Bilan d’une étude sociologique auprès des salariés d’une grande entreprise de services
  11. (en) Eurofound, Working anytime, anywhere: The effects on the world of work, Luxembourg, Publications Office of the European Union, , 80 p. (ISBN 978-92-897-1568-3, lire en ligne)
  12. a b et c Anne Aguiléra, « Télétravail », sur fr.forumviesmobiles.org, (consulté le )
  13. Emerit, 2001. Les métamorphoses du télétravail. La lettre Emerit 27
  14. Jean-Luc Metzger & Olivier Cléach, Le télétravail des cadres : entre suractivité et apprentissage de nouvelles temporalités ; Sociologie du travail, 2004 - Elsevier (avec archives-ouvertes.fr )
  15. Bouffartigue, P., Bocchino, M., 1998. Travailler sans compter son temps ? Les cadres et le temps de travail. Travail et emploi 74
  16. Bouffartigue, P., Boutillier, J., 2000. Réduire le temps sans réduire la charge ? Les cadres et les 35 heures. Travail et emploi 82
  17. Gollac, M., 2004. Le travail pour le meilleur et pour le pire. Informations sociales 114, 84–95.
  18. a b c d e et f Thomas Bargone Fisette, Transformation de l'organisation du travail et espace de travail collaboratif: Analyse d'espaces de coworking avec la perspective de la théorie des configurations organisationnelles, Montréal, , 267 p.
  19. a et b Diane-Gabrielle Tremblay, Catherine Chevrier et Martine Di Loreto, « Le télétravail à domicile : Meilleure conciliation emploi-famille ou source d’envahissement de la vie privée ? », Revue Interventions économiques. Papers in Political Economy, no 34,‎ (ISSN 1710-7377, DOI 10.4000/interventionseconomiques.689, lire en ligne, consulté le )
  20. a b c et d P. Rassat, Méthodologie d'introduction du télétravail pour les organisations publiques ; Éditions Territorial ; collection dossiers d'experts ; juillet 2012 ; (ISBN 978-2-8186-0417-5).
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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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