Edmond Albius
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Esclave (jusqu'en ) |
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Féréol Bellier Beaumont (d) |
Edmond Albius, est un Réunionnais né à Sainte-Suzanne originaire du Mozambique en 1829 et mort dans la même commune le . Il est célèbre pour avoir découvert le procédé pratique de pollinisation de la vanille alors qu'il n'avait que 12 ans, et était alors esclave.
Biographie
[modifier | modifier le code]Esclave et orphelin de naissance[1], né en août 1829[1],[2], il est recueilli par Féréol Bellier Beaumont[1] qui devient son propriétaire. Celui-ci le traite comme s'il était son propre enfant et l'initie à l'horticulture et à la botanique[1].
S'il n'est pas à l'origine de la première fécondation artificielle de la vanille (effectuée indépendamment par Charles Morren en 1836, par un autre procédé[3]), c'est lui qui, en 1841 et alors qu'il n'a que douze ans, en découvre le procédé pratique de pollinisation, un procédé qui révolutionne la culture de cette épice[1],[4],[5] et permet à La Réunion de devenir pour un temps le premier producteur mondial et le berceau de la diffusion d'un nouveau savoir-faire[3].
En effet, sept ans après la découverte d'Albius, l'île exporte ses premières vanilles, une petite dizaine de kilos. Après l'adoption du procédé Loupy - de Floris, les expéditions vont s'envoler. Elles passent de 267 kilos en 1853 à plus de 3 tonnes en 1858. À la fin du XIXe siècle, elles rapportent autant que le sucre. En 1892, près de 4 200 hectares sont plantées en vanille. Les expéditions atteignent 200 tonnes en 1898 et la vanille de l'île rafle les Grands Prix des expositions universelles de 1867 et de 1900[6].
Parce qu'elle est celle d'un enfant, noir et esclave de surcroît, la paternité de la découverte est toutefois rapidement contestée par les envieux[3]. À l'origine du développement de l'actuel Jardin de l'État de Saint-Denis, le botaniste Jean-Michel-Claude Richard prétend ainsi avoir enseigné la technique de fécondation à l'esclave trois ou quatre ans plus tôt[3]. Le jeune Edmond est alors vigoureusement défendu par Ferréol Bellier Beaumont[3], le naturaliste Eugène Volcy Focard et un certain Mézières de Lépervanche.
Malgré ce soutien, la controverse persiste, même après la mort des différents protagonistes. Au début du XXe siècle, un titre de presse va jusqu'à affirmer à tort qu'Edmond Albius était blanc. Devenu homme libre avec l'abolition de l'esclavage en 1848, il ne tire aucun bénéfice d'une invention qui fit la fortune des planteurs. Il meurt dans la misère et dans l'indifférence en 1880, à 51 ans[2],[3],[7].
L'écrivain Michaël Ferrier consacre le dernier chapitre de son livre Sympathie pour le Fantôme à Edmond Albius : « Voici donc l’histoire d’un esclave, un esclave noir sur la terre de France. Il va modifier l’histoire de son pays et celle du monde entier d’un seul mouvement de ses mains. » (Sympathie pour le Fantôme, Gallimard, 2010).
En 2018, l'écrivain dessinateur Mickaël Joron réalise le premier court-métrage d'animation, sur l'histoire d'Edmond Albius[8],[9].
Postérité
[modifier | modifier le code]Hommages
[modifier | modifier le code]Plusieurs sculptures rendent hommage à Edmond : à Bras-Panon, et deux autres à Sainte-Suzanne[10].
Depuis le 4 octobre 2024, un buste en bronze d'Edmond Albius trône dans le jardin de l'État à Saint-Denis. L'inauguration s'est effectuée en même temps que ceux des bustes de Pierre Poivre et Joseph Hubert. Ces bustes rendent ainsi hommage à trois grands botanistes qui ont marqué l'histoire de l'île de la Réunion[11].
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À Bras-Panon.
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Un des deux monuments à Sainte-Suzanne.
Dans la culture populaire
[modifier | modifier le code]Une marque de produits alimentaires utilise son nom depuis 2002[12].
Film d'animation
[modifier | modifier le code]- Edmond Albius, le scientifique noir (court métrage), 2018
Documentaire
[modifier | modifier le code]- Edmond Albius, l'esclave prodige, Jim Damour, Arte, RFO, 1998
Théâtre
[modifier | modifier le code]- Sur les traces d’Edmond Albius de Christophe Champelaux, adapté par Jean-Paul Cathala mis en scène par Marie-Claude Lui-Van-Sheng et Jean-Paul Cathala, 50 min, 1986 (OCLC 800899430)
Romans
[modifier | modifier le code]- Georges Limbour, Les Vanilliers, 1938
- Jean-Paul Cathala, Edmond la Vanille, Lézignan-Corbières, Avant-quart, (1re éd. 2000), 40 p. (EAN 9782307268420, OCLC 468133572)
- Benoît Hopquin, Ces noirs qui ont fait la France, « Edmond Albius (1829-1880): L'enfant et la gousse de vanille », Calmann-Lévy, 2009 (ISBN 9782702139882) (OCLC 317316103)
- Michaël Ferrier, Sympathie pour le Fantôme, Gallimard, 2010 (ISBN 9782070130047)
- Béatrice Nicodème, Couleur vanille, Oskar jeunesse, collection Histoire & société, 2011 (ISBN 9782350006550) (OCLC 1131458997)
- Sophie Chérer, La vraie couleur de la vanille, L'Ecole des loisirs, 2012
- Christian Grenier, Pour l'amour de Vanille, Bayard Jeunesse, collection Estampille, 2012 (ISBN 9782747038737) (OCLC 793479947)
- Alban Doppée, Et le petit esclave donna naissance à une déesse : la vie romancée d'Edmond Albius, Édilivre, 2015 (ISBN 9782332911179) (OCLC 944259078)
- Gaëlle Bélem, Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Albius , Gallimard, 2023[2]
Bandes dessinées
[modifier | modifier le code]- Téhem (dessin) et Appollo (scénario), Vingt décembre : Chroniques de l'abolition, Dargaud, , 160 p. (ISBN 9782205200935, présentation en ligne)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Laurent Decloitre, « En 1841, Edmond Albius découvre comment polliniser la vanille à la va-comme-je-te-gousse », sur Libération,
- Gladys Marivat, « « Le Fruit le plus rare », de Gaëlle Bélem : l’esclave, la vanille et l’invention de La Réunion », sur Le Monde,
- Eric Jennings, « La vanille à la conquête du monde », L'Histoire, no 494, .
- « Edmond Albius (1829-1880) », Journal de l'île de La Réunion, (lire en ligne)
- Le DB. Dictionnaire biographique de La Réunion, sous la direction de Michel Verguin et Mario Serviable, Édition Communication Loisir Information Presse / ARS Terres Créoles, tome 1, 1993.
- Panneau explicatif de la Coopérative ProVanille à Bras-Panon
- Archives nationales d'Outre-mer, Île de la Réunion, commune de Sainte Suzanne, acte de décès no 144, année 1880 (consulté le 12 octobre 2014)
- le premier cartoon sur le scientifique Edmond albius sur youtube Radio Freedom article du 26/06/2018
- https://www.clicanoo.re/Societe/Article/2018/06/26/VIDEO-Un-dessin-anime-pour-rendre-hommage-Edmond-Albius-le-scientifiqueUn dessin animé pour rendre hommage à Edmond Albius, le scientifique noir (article clicanoo - JIR du 26/06/2018)
- « Mémorial à Edmond Albius », sur Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion (consulté le )
- « Un buste d’Edmond Albius au Jardin de l’Etat », sur Témoignages.RE - https://www.temoignages.re, (consulté le )
- Marques expert[1]
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Antoine Roussin, Album de l'île de la Réunion, volume III (1863), Editions Orphie, 2004 (ISBN 9782877632225)
- Collectif, Le Mémorial de la Réunion, Australe éditions, 1979 (ISBN 9782852581616)
Liens externes
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