Joachim Descartes
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Gilles Descartes (arrière-grand-père) |
Propriétaire de |
Château de Chavagne, château de Jaille (d) |
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Joachim Descartes[1], né et baptisé le à Châtellerault (paroisse Saint-Jean-Baptiste), fils de Pierre Desquartes, docteur en médecine, originaire de Tours, et de Claude Ferrand, petit-fils de Pierre Desquartes et Jeanne Poisson de la ville de Tours, mort en octobre 1640 dans le château de Chavagne à Sucé-sur-Erdre, juriste de formation, exerce la profession d'avocat au barreau de Paris avant de devenir conseiller au Parlement de Bretagne à Rennes à partir du . Il est le père du philosophe René Descartes.
Biographie
[modifier | modifier le code]Arrière petit-fils de Gilles Descartes, le berceau de la famille est à Tours, son père Pierre Descartes s'installe en chatelleraudais vers 1540 puis vers 1553 achète une propriété dans l'ancienne paroisse de Poisay-le-Joly (à environ 20 km au nord de Châtellerault, près de la limite du Poitou et de la Touraine), où Joachim conserva une propriété de 12 hectares, nommée « La Chillolière » ou « Descartes », dont il était « seigneur », jusqu'à un acte de vente signé le . La famille avait été semble-t-il anoblie au début du XVIe siècle (et fut maintenue en ses privilèges de noblesse par la Cour des Aides en 1547[2]). Joachim était fils du docteur en médecine Pierre Descartes, installé à Châtellerault (où sa maison, au 126 de la rue Bourbon, existe toujours), mort de la pierre en 1566. Sa mère, Claude Ferrand, était fille du médecin Jean Ferrand, qui fut recteur de l'Université de Poitiers, et qui comptait des magistrats parisiens dans sa parenté[3]. Après avoir fait son droit à Poitiers, Joachim fut un temps avocat à Paris. Les lettres patentes délivrées par le roi Henri III le nommant « conseiller françois »[4] au Parlement de Bretagne sont datées du . Il prenait la place d'Antoine Regnault, ancien conseiller au présidial de Poitiers, au Parlement de Bretagne depuis le , fils de Jacques Regnault, maire de Poitiers[5]. Un de ses cousins du côté maternel, le conseiller d'Elbène, était déjà au même Parlement.
Son office était rattaché au « semestre d'août »[6], qui, à son arrivée, tenait séance pendant quatre mois (donc d'août à novembre), ce qui lui permettait de continuer à habiter le Poitou le reste de l'année. En 1589, les troubles de la Ligue ayant gagné la Bretagne[7], le roi Henri IV autorisa Joachim Descartes à rester jusqu'à nouvel ordre en Poitou, tout en conservant ses gages, et il ne put reprendre son service à Rennes qu'en février 1595, changeant alors de semestre[8]. En juillet 1600, un édit royal prolongea les séances des semestres de quatre à six mois, ce qui obligea Joachim à établir son domicile principal à Rennes.
C'est en Poitou qu'il épousa, le , Jeanne Brochard (née vers 1566, sans doute à La Haye-en-Touraine, aux confins du Poitou, à 10 km environ de Poisay-le-Joly), fille du lieutenant général du présidial de Poitiers. De ce mariage naquirent les trois enfants suivants (tous trois à La Haye-en-Touraine, chez la grand-mère maternelle) :
- Jeanne Descartes (1590?-1640), qui épousa le Pierre Rogier, sieur de Crévy, originaire du pays de Ploërmel ;
- Pierre Descartes, sieur de La Bretallière[9] (né le , mort en ), reçu conseiller au Parlement de Bretagne, collègue de son père, le ;
- René Descartes, le célèbre philosophe ( - ).
Jeanne Brochard mourut d'une fièvre puerpérale le . Joachim se remaria en 1599 ou 1600 avec Anne Morin (Nantes, - ), fille de Jehan Morin († 1585), Premier Président de la Chambre des Comptes de Nantes. De cette union naquirent en 1602 Joachim II, tige de la branche des « Descartes de Chavagne »[10], et en 1611 Anne. Cette nouvelle épouse fit entrer dans la famille le château de Chavagne à Sucé-sur-Erdre, dont elle hérita en 1609, et qui devint alors la résidence du couple en dehors des mois d'activité au Parlement. D'autre part, après la mort à Châtellerault de sa mère Claude Ferrand en 1610, Joachim, ne se sentant plus de liens avec le Poitou, vendit une partie de ses domaines dans cette région et racheta à son cousin d'Elbène un hôtel particulier dans le quartier Saint-Georges de Rennes, qu'il fit agrandir et qui existe toujours (bien que fortement remanié par la suite) à l'angle des rues Corbin et Gambetta. Ce fut jusqu'au XVIIIe siècle la résidence des Descartes de Chavagne.
En 1618, Joachim avait racheté pour Pierre la charge de conseiller non-originaire de Girard de Villetaneuse, Poitevin comme lui, qui lui-même passa au Parlement de Paris (et devint en 1625 procureur général de la Chambre des Comptes). En 1625, il résigna son propre office en faveur de Joachim II, mais en se faisant accorder par lettres royaux l'autorisation de continuer à exercer sa charge pendant quatre ans encore. De René, son « petit philosophe », il aurait dit la chose suivante : « De tous mes enfants, je n'ai de mécontentement que d'un seul! Faut-il que j'aie mis au monde un fils assez ridicule et futile pour écrire et se faire relier en veau! »
Il se retira du service actif en 1628, étant doyen de la Grand-Chambre depuis 1624, avec des lettres d'honorariat lui conservant le droit d'opiner aux procès s'il le souhaitait, mais désormais sans gages ni épices. Vers la fin de sa carrière, on lui confiait le rapport de toutes les affaires les plus délicates, comme en 1626 la « conspiration de Chalais ». Il fut plusieurs fois député du Parlement auprès du roi. Enfin, il fut désigné commissaire à l'érection d'un Palais du Parlement de Bretagne (l'institution étant jusqu'alors installée « à titre provisoire » dans l'ancien Couvent des Cordeliers de la rue Saint-François, aujourd'hui rue Hoche), et joua un très grand rôle dans les débuts de cette entreprise, même s'il ne vit pas le bâtiment achevé.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Toujours « Joachim des Cartes » en trois mots dans les registres du Parlement de Bretagne. L'orthographe d'origine était « des Quartes », renvoyant à une terre désignée par les expressions « ad Quartas », « a Quartis », « de Quartis » dans les chartes latines du Moyen Âge. La forme « Cartesius » utilisée au XVIIe siècle pour désigner le philosophe dans les textes en latin est une invention de l'époque.
- C'est-à-dire que le médecin Pierre Descartes se fit pour cette raison exempter de taille, mais en fait il signait lui-même « honorable homme », sans porter aucun titre, l'état de noblesse étant exceptionnel à l'époque pour un médecin.
- Ce Jean Ferrand, médecin illustre en son temps, avait soigné la reine Éléonore d'Autriche (femme de François Ier). Quand son gendre mourut de la pierre en 1566, il fit une autopsie et publia un ouvrage en latin sur les néphrites et les lithiases (1570)
- Le Parlement de Bretagne, établi en mars 1553 (vieux style, 1554 selon le calendrier actuel) par le roi Henri II, était composé à l'origine de 4 présidents et 32 conseillers, dont la moitié étaient des « originaires » (c'est-à-dire des Bretons) et l'autre moitié des « non-originaires » (ou « François »), venant pour la plupart de Normandie, Anjou, Touraine ou Poitou. 16 nouveaux offices de conseillers furent créés en 1581.
- Emery Regnault, fils d'Antoine, résigna formellement son droit à la succession en faveur de Joachim, ainsi qu'il est spécifié dans les lettres patentes.
- Les conseillers étaient rattachés, soit au « semestre de février », soit au « semestre d'août ».
- Un Parlement ligueur s'était organisé à Nantes, contre celui de Rennes, légitimiste.
- Joachim était donc de service à Rennes à la naissance de René en mars 1596. À cette époque il vivait à Châtellerault avec sa femme en dehors de ses mois de service. Jeanne Brochard accoucha donc chez sa mère, Jeanne Sain, à La Haye-en-Touraine.
- La Bretallière était une terre de la famille située à Leigné-sur-Usseau, près de Châtellerault. De même, Descartes se fit appeler un temps « sieur du Perron », du nom d'une autre terre située à Availles-en-Châtellerault.
- La branche issue de Pierre fut dite « Descartes de Kerleau ». Les deux siégèrent conjointement au Parlement de Bretagne pendant plus de cent ans.
Sources
[modifier | modifier le code]- Xavier d'Haucourt, « Une dynastie de “non-originaires” au Parlement de Bretagne, la famille Des Cartes (1585-1736) », Annales de Bretagne, vol. 44-3-4, 1937, p. 408-432.
- Camille Couderc, « Nouveaux documents sur la situation de fortune de la famille de René Descartes », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 78, 1917, p. 269-293.
- Berceau de la famille Descartes (Desquartes) à Tours - Communication Jean-Marie Germe - à Saint-Rémy-sur-Creuse (400e anniversaire René Descartes)