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Pierre Martin Ngo Dinh Thuc

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Pierre Martin Ngo Dinh Thuc
Image illustrative de l’article Pierre Martin Ngo Dinh Thuc
Biographie
Naissance
Hué, Protectorat d'Annam, Indochine française
Père Ngô Đình Khả (en)
Ordination sacerdotale
Décès (à 87 ans)
Carthage, Missouri, États-Unis
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par Antonin Drapier
Dernier titre ou fonction Archevêque émérite de Hué
Archevêque titulaire de Bulla Regia (de)
Archevêque de Hué
Vicaire apostolique de Vinh Long
Évêque titulaire de Saesina (de)

Signature de

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Pierre Martin Ngô Đình Thục (du vietnamien : Ngô Đình Thục), né à Huế le et mort le à Carthage dans le Missouri, est un prélat vietnamien, ancien archevêque de Hué et figure importante du mouvement catholique traditionaliste à partir des années 1970. Il est issu d'une famille noble vietnamienne catholique - son père, Ngô Đình Khả, était mandarin sous la dynastie Nguyễn. De par ses origines familiales, il joua notamment un rôle politique important dans les premières années du Sud Viêt Nam, alors que le régime était dirigé par deux de ses frères, le président Ngô Đình Diệm et le conseiller politique Ngô Ðình Nhu. Après son départ à Rome pour le concile Vatican II, un coup d'Etat éclate au Vietnam, ce qui entraîne la mort de sa famille et la fin du régime de son frère. Ces évènements obligeront Ngô Đình Thục à vivre une grande partie de sa vie en exil, en Italie dans un premier temps puis en France et aux États-Unis à la fin de sa vie.

Dans les années 1970, il s'oppose au Novus Ordo Missae et rejoint l'opposition catholique traditionaliste. C'est durant cette période qu'il rencontre les adeptes d'une prétendue apparition de Notre-Dame dans la commune espagnole d'El Palmar de Troya, qui vont le convaincre de réaliser les premières consécrations épiscopales sans mandat pontifical. Cela lui vaudra l'excommunication par le Saint-Siège, peine qui sera levée après la soumission de Ngô Đình Thục aux autorités romaines.

Par la suite, Ngô Đình Thục adopte la position sédévacantiste et décide de consacrer à nouveau des évêques sans mandat pontifical en 1981, ce qui provoquera le renouvellement de sa précédente excommunication. Par ces nouveaux sacres, il est le fondateur des lignées épiscopales sédévacantistes actuelles.

Selon certains, il se serait réconcilié avec le Saint-Siège en 1984, quelques mois avant sa mort.

Jeunesse et famille

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Photographie de la famille de Ngo Dinh Thuc en 1905 avec son père Ngo Dinh Kha au centre en habit de noble vietnamien
Famille de Ngo Dinh Thuc en 1905 (Thuc est le 3e enfant en partant de la droite)

Ngô Đình Thục est né le 6 octobre 1897 à Hué, en Indochine française, dans une famille catholique aisée. Il est le deuxième des six fils survivants de Ngô Đình Khả, un mandarin de la dynastie des Nguyễn qui a servi l'empereur Thành Thái pendant l'occupation française du Viêt Nam.

Le frère aîné de Thục, Khôi, a été gouverneur et mandarin de l'administration de l'empereur Bảo Đại sous contrôle français. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Khôi et Diệm, le frère cadet de Thục, sont tous deux arrêtés pour avoir collaboré avec les Japonais[1]. Diệm est libéré, mais Khôi est ensuite fusillé par le Việt Minh dans le cadre de la révolution d'août 1945 (et non enterré vivant comme on le dit parfois)[2]. Les frères de Thục, Diệm, Nhu et Cẩn, sont actifs sur le plan politique. Le cardinal François-Xavier Nguyên Văn Thuận (1928-2002) était le neveu de Thục.

Prêtrise et épiscopat

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À l'âge de douze ans, Ngô Đình Thục entre au petit séminaire d'An Ninh. Il y passe huit ans avant d'étudier la philosophie au grand séminaire de Huế. Après son ordination sacerdotale le 20 décembre 1925, il est sélectionné pour étudier la théologie à Rome, et on dit souvent qu'il a obtenu trois doctorats de l'Université pontificale grégorienne en philosophie, en théologie et en droit canonique, ce qui n'est toutefois pas corroboré par les archives de l'université[3]. Il a brièvement donné des cours à la Sorbonne et a obtenu des diplômes d'enseignement avant de retourner au Viêt Nam en 1927[3]. Il a enseigné au collège et au grand séminaire de Huế[4].

Vieille photographie de Ngô Đình Thục jeune prêtre
Ngô Đình Thục jeune prêtre

Dans son autobiographie[5], Ngô Đình Thục raconte comment le pape Pie XI créa le vicariat apostolique de Vĩnh Long au Viêt Nam le 8 janvier 1938, et le choisit personnellement pour en être le premier vicaire apostolique (alors âgé de 41 ans)[6]. Le 4 mai de la même année, en présence de sa famille, Ngô Đình Thục est consacré évêque par Antonin Drapier, délégué apostolique en Indochine, et les co-consécrateurs Isidore Dumortier, M.E.P., vicaire apostolique de Saïgon, et Dominique Maria Hồ Ngọc Cẩn, vicaire apostolique de Bùi Chu[6]. Il est de ce fait le premier évêque indigène de Huế. Thục est, depuis 1938, un évêque catholique et un légat apostolique. Du fait de ce pouvoir de légat, Thục avait le pouvoir de nommer les différents évêques de sa province sans en référer au préalable auprès du Saint-Siège[5].

En qualité de son rang épiscopal et de ses origines familiales, Ngô Đình Thục joua un rôle important, tant sur le plan politique que religieux. Ainsi en 1950, Diệm et Thục demandent l'autorisation de se rendre à Rome pour les célébrations de l'année sainte au Vatican, mais se rendent plutôt au Japon pour faire pression sur le prince Cường Để afin d'obtenir son soutien pour prendre le pouvoir. Ils ont rencontré Wesley Fishel, un universitaire américain consultant pour le gouvernement des États-Unis. Fishel était un partisan de la doctrine de la troisième force anti-coloniale et anti-communiste en Asie et fut impressionné par Diệm. Il aide les frères à organiser des contacts et des réunions aux États-Unis pour obtenir leur soutien[7].

Photographie de Ngo Dinh Thuc et son frère Ngô Đình Diệm à sa droite avec d'autres hommes au Japon en 1950
Ngô Đình Thuc et son frère Ngô Đình Diệm à sa gauche en 1950 au Japon

Avec le déclenchement de la guerre de Corée et le début du maccarthysme au début des années 1950, les anticommunistes vietnamiens étaient une denrée recherchée aux États-Unis. Diệm et Thục ont été reçus au département d'État par le secrétaire d'État par intérim James Webb, et c'est Thục qui s'est chargé de la majeure partie de la conversation. Diệm et Thục ont également tissé des liens avec le cardinal Francis Spellman, l'ecclésiastique le plus influent de son temps sur le plan politique, et Spellman est devenu l'un des plus puissants défenseurs de Diệm. Avec l'aide de son frère, Diệm a obtenu une audience avec le pape Pie XII à Rome, puis s'est installé aux États-Unis en tant qu'invité des Pères de Maryknoll[8]. Spellman a aidé Diệm à obtenir le soutien des cercles catholiques et de droite. Thục était largement considéré comme plus génial, plus loquace et plus diplomate que son frère, et il était admis que Thục aurait une grande influence sur le futur régime[9]. Alors que la puissance française au Viêt Nam déclinait, le soutien de Diệm en Amérique, que Thục a contribué à entretenir, a fait grimper sa cote. L'empereur Bảo Đại fait de Diệm le Premier ministre de l'État du Viêt Nam, car il pense que les relations de Diệm lui assureront une aide financière étrangère[10]. En 1954, la guerre d'Indochine se conclut par les accords de Genève. Il poursuit son rôle important dans la politique du nouveau régime, la République du Viêt Nam, dans laquelle son frère Ngô Đình Diệm devient président en 1955.

Photographie du président Ngô Đình Diệm et sa famille avec ses deux frères au fond de l'image en partant de gauche Ngô Đình Nhu et Ngô Đình Thuc
Le président Ngô Đình Diệm et sa famille avec ses deux frères au fond Ngô Đình Nhu et Ngô Đình Thuc

Dans ces mêmes années, Pie XII crée et organise les dernières juridictions territoriales et ecclésiastiques de l'Église vietnamienne. Les évêques et les prêtres français, issus des Missions étrangères de Paris, se retirent progressivement au profit du clergé indigène qui croît fortement[5]. Le diocèse est déserté par les prêtres des missions étrangères de Paris, qui constituaient l’essentiel du clergé local sous la direction de Isidore Dumortier, qui résidait à Saïgon. La première préoccupation du nouvel évêque est de créer un séminaire afin d’évangéliser ou d’entretenir la foi dans le diocèse, les vocations étant très abondantes[5]. Il consacra le reste de son épiscopat à pourvoir matériellement les prêtres et les fidèles du diocèse, notamment par la création d’un hôpital. La population y était particulièrement pauvre. À la demande du Saint-Siège, il a aussi crée l’université de Dalat en 1957, deuxième université du sud du Viêt Nam, qu’il dirigeait en même temps que son diocèse[5]. Avant de quitter Hué, il avait tout de même eu le temps de lancer la restauration de la cathédrale Phu Cam, du grand et du petit séminaire qui devaient accueillir respectivement 6 000 fidèles et 400 séminaristes au total. Pour ce faire, il avait reçu de nombreuses aides financières du président Ngô Đình Diệm, son frère[5].

À la fin de son épiscopat au Viêt Nam, le diocèse était devenu autonome sur le plan spirituel, avec de nombreux prêtres, et sur le plan matériel, avec de nombreuses infrastructures et édifices religieux[5].

Photographie de Ngo Dinh Thuc devant un micro en 1962
Ngo Dinh Thuc en 1962

Le 24 novembre 1960, Jean XXIII le nomme archevêque métropolitain de Hué[6] (son siège épiscopal se voyant promu au rang d'archevêché). En qualité d'archevêque, Ngô Đình Thục a participé à 4 sessions du concile Vatican II (1962-1965)[6] qui lui sauveront la vie.

En effet, des opposants de confession bouddhiste, soutenus par l'ambassadeur américain Cabot Lodge, remettent en question la légitimité du régime de Ngô Đình Diệm et critiquent fortement sa politique anticommuniste jugée insuffisamment diplomatique. En 1963, un coup d'Etat provoque la chute du régime, suivie du massacre de la famille du prélat vietnamien[11]. Ngô Đình Thục ne pourra plus jamais retourner au Viêt Nam et vivra par la suite en exil, à Rome dans un premier temps, puis en France et enfin aux États-Unis[12].

Après la fin du second concile œcuménique, les autorités vietnamiennes l’empêchent de rentrer et un nouvel archevêque de Hué est nommé, Philippe Nguyễn Kim Điền[5]. Du fait des années d'exil à Rome, Paul VI contraint Ngô Đình Thục de démissionner au profit de Điền. Mais, en compensation, Paul VI le nomme archevêque titulaire de Bulla Regia (de) en 1968[4],[12],[6].

Rupture avec Rome

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Opposition au Novus Ordo Missae

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Après la promulgation du Novus Ordo Missae par Paul VI en 1968, il entra progressivement en dissidence. Il faisait partie de ceux qui considéraient que Jean XXIII était un bon pape mal conseillé et manipulé[5]. Pour lui, l’ennemi de l’Église et de ses fidèles était le communisme athée qu’il accuse d’avoir empoisonné idéologiquement le Concile. En effet, il a condamné la recherche exclusive du «°bonheur temporel de l’homme°»[5]. Il réprouve aussi, dans le Concile, une vision viciée de la liberté ainsi qu’un laxisme nocif, notamment en matière liturgique. Les Pères de ces abus conciliaires seraient les membres de la communauté de Taizé et Annibale Bugnini[5]. Il impute le déclin des vocations et l’apostasie générale des fidèles aux réformes liturgiques de 1968, ce qui le rapproche des pensées de Marcel Lefebvre. C’est, selon ses mots, le début d’un enchaînement d’échecs et d’errances personnels. Empêché de retourner au Viêt Nam, il parvient à trouver quelques ministères, d’abord en tant que confesseur chez les Sœurs franciscaines de Rome, puis de même à l’abbaye cistercienne de Casamari dans la ville de Veroli et dans la paroisse d’Arpino[5]. C’est dans cette paroisse, en décembre 1975, qu’il reçut la visite du chanoine Rivaz (ou Revaz selon les sources), ancien chancelier du diocèse de Sion et professeur de droit canon au séminaire de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, qui le convainquit de se rendre en Espagne à la demande de la Vierge[13]. Celle-ci, lors d’une prétendue apparition, aurait demandé qu’il y consacre des évêques pour résoudre la crise de l’Église qui venait de commencer[13].

Les premiers sacres sans mandat pontifical

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À El Palmar de Troya et en opposition au Novus Ordo Missae, Ngô Đình Thục décide, dès 1976, d'ordonner des prêtres et de sacrer des évêques sans mandat pontifical, précédant ainsi, dans la pratique, les quatre sacres de Marcel Lefebvre de 1988[12].

Ainsi, Ngô Đình Thục ordonne prêtres, sans lettre dimissoriale, le séminariste Clemente Domínguez y Gómez, le principal voyant des supposées apparitions de la Vierge Marie d'El Palmar de Troya et deux de ses adeptes, Camillo Estevez Puga et Manuel Alonso Corral, dans la nuit du 31 décembre 1975 au [12]. Le 11 janvier 1976, il consacre évêques ces derniers ainsi que le bénédictin Fulgence Sandler et le montfortain Michael Donnelly, deux religieux américains et adeptes des apparitions[12]. Cela lui valut d'être excommunié le 15 janvier 1976, ce qui est confirmé par la Congrégation de la doctrine de la Foi le 17 septembre 1976[12]. Le 20 septembre suivant, la peine est levée suite à la soumission du prélat vietnamien auprès du Saint-Siège[12]. De ce fait, Ngô Đình Thục n'a jamais approuvé l'élection du pape de l'Église chrétienne palmarienne et le schisme qui en découle avec l'Église catholique, s'étant soumis à Rome bien avant. D'autant plus que ces sacres ont été réalisés en reconnaissant la légitimité de Paul VI comme pape à cette époque, contrairement aux autres sacres qui suivront[14]. En effet, Clemente Domínguez y Gómez attendra la mort de Paul VI, le 6 août 1978, pour lui succéder aux yeux de son Eglise, sous le nom de Grégoire XVII[15]. Suite à la réconciliation avec les autorités romaines, Ngô Đình Thục exerça un ministère discret auprès de l'évêque de Toulon[12].

Sede vacante (Emblème du Saint-Siège en cas de vacance du siège)

Cependant, le prélat vietnamien va adopter, au cours de cette période la position sédévacantiste[12]. Et le 7 mai 1981, dans cette même ville, Ngô Đình Thục sacra, de nouveau sans mandat pontifical, le dominicain Michel-Louis Guérard des Lauriers[12]. Le 7 octobre suivant, il fit de même avec les deux abbés mexicains Moïse Carmona et Adolfo Zamora[12]. Et le 19 décembre 1981, il ordonna prêtre Bruno Schaeffer, sans l'autorisation de Rome.

Cette décision d'ordonner des prêtres et de consacrer des évêques de nouveau sans mandat pontifical s'explique par une année de discussion avec Michel Guérard des Lauriers, Père dominicain et ancien professeur de théologie à l'université pontificale du Latran[12].

Le 25 février 1982 lors de la déclaration de Munich, Ngô Đình Thục affirme que le Siège apostolique est vacant et qu'il est de son «°devoir d'évêque de tout entreprendre pour que perdure l'Eglise catholique romaine en vue du salut éternel des âmes°»"[12].

Le 12 mars 1983, une notification de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi rétablit les peines d'excommunication de 1976[12].

Une fin de vie tumultueuse et mystérieuse

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A la fin de l’année 1982, Ngô Đình Thục emménage dans le monastère franciscain de Rochester à l’invitation de Louis Vezelis, supérieur de ces franciscains[16]. Selon le témoignage de Robert McKenna et de Neal Webster, en janvier 1984, Ngô Đình Thục reçut une invitation de la part de réfugiés vietnamiens à New York pour célébrer le nouvel an vietnamien[16]. Le prélat accepta et s'y rendit. Selon les dires de certains frères de Rochester, Ngô Đình Thục aurait été emmené de force au monastère de la congrégation vietnamo-américaine de la Mère co-rédemptrice, à Carthage dans le Missouri où il finira ses jours[16].

Selon Yves Chiron, dans Histoire des traditionalistes de 2023, le 11 juillet 1984, l'évêque vietnamien obtint sa réconciliation avec le Saint-Siège[12]. Cependant, le même jour, il écrivit une lettre pour confirmer les trois sacres de Guérard des Lauriers, de Carmona et de Zamora[13]. Il y mourut le 13 décembre 1984 à l’âge de 87 ans.

Consécrations

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Après sa rupture avec Rome, Ngô Đình Thục a consacré plusieurs évêques qui, eux-mêmes ont consacré d'autres évêques, dont les plus notables sont[17] :

Les sacres reconnus par Ngô Đình Thục de son vivant

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Les sacres d'El Palmar de Troya de 1976

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  • Clemente Domínguez y Gómez (1946-2005), consacré le à El Palmar de Troya. Par la suite il s'auto-proclamera pape en fondant l'Église chrétienne palmarienne[18],[19],[20].
  • Camillo Estevez Puga et Manuel Alonso Corra, consacrés le 11 janvier 1976 à El Palmar de Troya, deux adeptes des apparitions prétendues de la Vierge à El Palmar de Troya[12],[20].
  • Fulgence Sandler, consacré le 11 janvier 1976 à El Palmar de Troya, religieux bénédictin d'origine américaine, adepte des apparitions palmariennes[12],[20].
  • Michael Donnelly, consacré le 11 janvier 1976 à El Palmar de Troya, religieux montfortain d'origine américaine, adepte des prétendues apparitions de la Vierge à El Palmar de Troya[12],[20].

Les sacres sédévacantistes de 1981

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Les sacres non reconnus par Ngô Đình Thục

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  • Christian-Marie Datessen (né en 1944), ancien du séminaire de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X à Écône[17],[20]. Il aurait été consacré une seconde fois par Ngô Đình Thục sous condition le 25 septembre 1982 après avoir été consacré une première fois le 8 septembre 1975 par l'évêque vieux-catholique André Enos. Il est le fondateur du Prieuré Saint-Joseph à Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne[24].
  • Jean Laborie (1919-1996) aurait été consacré une seconde fois par Ngô Đình Thục sous condition le 8 février 1977. Il est un ancien évêque gallican français, ordonné une première fois le 30 octobre 1965 par Irénée Poncelin d'Eschevannes, patriarche de l'Église gallicane à cette époque. Il aurait été "reconsacré" plusieurs fois par d'autres Églises indépendantes par la suite. Il est le fondateur de l'Église Sainte-Rita à Toulouse[25],[20].

Ces deux sacres sont douteux car Ngô Đình Thục ne les a pas reconnus de son vivant[20]. Un nombre important d'évêques de différentes Églises indépendantes revendiquent avoir été sacrés par Ngô Đình Thục ou être issus d'une lignée d'évêques issus du prélat vietnamien. Cependant, dans le cadre de ces sacres, il n'existe, la plupart du temps, aucune preuve, ou sinon, des éléments de preuve insuffisants, voire frauduleux[20].

Rejet des ordinations et sacres de Thuc par le Saint-Siège et la position des accusés

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La condamnation de Jean-Paul II et du cardinal Ratzinger

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La condamnation survient après les sacres de 1981, qui s’expliquent par la position sédévacantiste de Ngô Đình Thục[12]. Cette condamnation ne concerne pas la question de la validité des sacres, mais celle de la licéité (condamner quelque chose d’invalide reviendrait à condamner quelque chose qui n’existe pas)[13]. Selon les autorités romaines, les sacres de 1981 sont illicites[26]. En effet, l’Eglise catholique ne permet pas aux évêques de procéder à des consécrations épiscopales sans mandat romain, ni autres formes d’autorisation.

La condamnation de 1976, renouvelée en 1983 :

"L'Église catholique a statué sur les sacres effectués par Ngo-Dinh-Thuc postérieurement à 1968. Dans une notification du et signée du cardinal Ratzinger confirmant une note du de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, il est indiqué que tous les prêtres sacrés évêques, ou tous les laïcs ordonnés prêtres par ces évêques sacrés encourent les peines suivantes[26] :

  1. « Les évêques qui ont ordonné d’autres évêques, et les évêques qu’ils ont ordonnés encourent, outre les sanctions prévues par les canons 2370 et 2373, § 1 et 3 du Code de droit canonique, l’excommunication ipso facto très spécialement réservée au Siège apostolique, dont il est question dans le décret publié par la S. Congrégation du Saint-Office le (AAS XLIII, 1951, p. 217 et s.). La peine prévue par le canon 2370 s’applique aussi aux prêtres assistants, s’il y en avait.
  2. Les prêtres ainsi ordonnés illégitimement sont, en vertu du canon 2374, suspendus ipso facto, de l’Ordre qu’ils ont reçu, et même frappés d’irrégularité s’ils accomplissent un acte réservé à cet ordre (can. 987, § 7).
  3. Enfin, quoi qu’il en soit de la validité des ordres, l’Église ne reconnaît ni ne reconnaîtra l’ordination de ceux qui, déjà, ont ainsi été ordonnés illégitimement ou de ceux qui éventuellement seraient ordonnés par eux. Pour tous les effets juridiques, l’Église considère que chacun d’eux est resté dans l’état qui était le sien auparavant, demeurant fermes, jusqu’à ce qu’ils viennent à résipiscence, les sanctions pénales indiquées ci-dessus. Nonobstant toutes choses contraires. »

Cette Congrégation doit enfin mettre en garde les fidèles, afin qu’ils ne donnent en aucune manière leur participation et leur soutien aux activités liturgiques ou autres organisées par les personnes sus-indiquées."[26]

Position des évêques condamnés

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Contrairement à la première excommunication de Joseph Ratzinger en 1976 où Ngô Đình Thục reconnaissait encore la légitimité du pontificat de Paul VI, la seconde excommunication fait suite à la prise de position sédévacantiste du prélat vietnamien[14]. Ainsi, en ne reconnaissant pas la légitimité des autorités romaines de cette époque, il refusa de se soumettre[12].

En effet, pour les sédévacantistes et les sédéprivationnistes, dans le cadre d’une vacance prolongée du Siège apostolique, il est nécessaire de maintenir le sacerdoce en réalisant des sacres épiscopaux sans mandat pontifical[22]. En se revendiquant de la vertu d’épikie, et subsidiairement du pouvoir de légat pontifical qu’a exercée Ngô Đình Thục dans le passé au Viêt Nam (pouvoir de consacrer sans autorisation explicite romaine), les intéressés affirment l’entière licéité des sacres de 1981, et de ceux qui suivent, au vu de la situation dans l’Eglise[22].

Références

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  1. Jarvis 2018, p. 39-40.
  2. Jarvis 2018, p. 40.
  3. a et b Jarvis 2018, p. 27.
  4. a et b Yves Chiron, Histoire des traditionalistes: suivie d'un Dictionnaire biographique, Tallandier, (ISBN 979-10-210-3940-7)
  5. a b c d e f g h i j k et l « Autobiographie de Mgr Pierre Martin Ngô-Dinh Thuc, archevêque de Huê - 1/4 », sur Le Doctrinaire, (consulté le )
  6. a b c d et e (en) « Archbishop Pierre Martin Ngô Ðình Thục † », sur catholic-hierarchy.org (consulté le )
  7. (en) Max Frankel, « University Project Cloaked C.I.A. Role In Saigon, 1955–59 », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  8. (en) « The Beleaguered Man », Time,‎ (lire en ligne [archive du ]) :

    « For the best part of two years (1951–53) he made his home at the Maryknoll Junior Seminary in Lakewood, N.J.. often going down to Washington to buttonhole State Department men and Congressmen and urge them not to support French colonialism. »

  9. Jarvis 2018, p. 41-42.
  10. Jarvis 2018, p. 25-34.
  11. (it) Francesco Ricossa, « Que devons-nous penser de Mgr Ngô-Dinh-Thuc ? », Sodalitium, no n°13,‎
  12. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Yves Chiron, Histoire des traditionalistes, suivie d'un dictionnaire biographique, Paris, Tallandier, , 637 p. (ISBN 979-10-210-3940-7), p. 530
  13. a b c et d Anthony Cekada, « La Validité des Consécrations de Mgr Thuc », sur Etudes Antimodernistes, (consulté le )
  14. a et b Francesco Ricossa, « Réponse au numéro spécial de La Tradizione cattolica sur le sédévacantisme », Sodalitium, no 55,‎ , p. 71-72 (lire en ligne)
  15. Maurice Page, « Le 'pape' de Palmar de Troya part pour l'amour », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a b et c Pierre Joly, « La persécution de Mgr Thuc par la secte conciliaire », (consulté le )
  17. a et b Frédéric Luz, Le Soufre et l'Encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, , 319 + XVI (ISBN 2-84193-021-1), p. 160-179; 232-235; 273-310
  18. « Mgr Ngo Dinh Thuc, ancien archevêque de Hué et cinq évêques qu'il avait ordonnés sont excommuniés », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Joachim Bouflet, Impostures mystiques, Éditions du Cerf, , 376 p. (ISBN 978-2204155205)
  20. a b c d e f g et h « Réponse au numéro spécial de La Tradizione cattolica sur le sédévacantisme », Sodalitium, no 55,‎ (lire en ligne)
  21. Frédéric Luz, Le soufre et l'encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, , 319 p. (ISBN 2-84193-021-1, OCLC 35551976), « Les Antipapes se ramassent à la pelle – Mgr Guérard des Lauriers », p. 182
  22. a b c et d « Interview de Monseigneur Guérard des Lauriers », Sodalitium, no n°13,‎ (lire en ligne)
  23. (en) Michael F. Cuneo, The Smoke of Satan: Conservative and Traditionalist Dissent in Contemporary American Catholicism, Oxford, England, Oxford University Press, (ISBN 9780195113501, lire en ligne), p. 99
  24. Catherine Barry, « Dictionnaire des groupes religieux aujourd'hui. Religions - Églises - Sectes. Nouveaux mouvements religieux. Mouvements spiritualistes », Studies in Religion/Sciences Religieuses, vol. 25, no 3,‎ , p. 374–375 (ISSN 0008-4298 et 2042-0587, DOI 10.1177/000842989602500324, lire en ligne, consulté le )
  25. (en + fr) Bernard Vignot, « Jean Laborie », dans Jean-Pierre Chantin, Les Marges du christianisme: "Sectes", dissidences, ésotérisme. Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Paris, Beauchesne, , 277 p. (ISBN 978-2-7010-1418-0), p. 147–148
  26. a b et c Joseph Ratzinger, « Notification par laquelle sont de nouveau déclarées les peines canoniques encourues par Mgr Pierre-Martin Ngô-dińh-Thuc et ses complices pour les ordinations illicites de prêtres et d'évêques », sur vatican.va, Congrégation pour la Doctrine de la Foi, (consulté le )

Bibliographie

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  • (en) Edward Jarvis, Sede Vacante: The Life and Legacy of Archbishop Thuc, Berkeley, California, Apocryphile Press, (ISBN 978-1-949643-02-2)
  • Yves Chiron, Histoire des traditionalistes, Tallandier, (ISBN 979-10-210-3940-7)

Articles connexes

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Liens externes

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