« Société des ambianceurs et des personnes élégantes » : différence entre les versions
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La '''société des ambianceurs et des personnes élégantes''' (plus connue sous l'acronyme '''SAPE''') est un mouvement culturel et de société originaire de la [[république du Congo]] plus précisément du groupe ethnique lari. Ce courant est comparé au [[dandysme]]. Ses adeptes, appelés les ''sapeurs,'' s'habillent chez les grands couturiers (ou font concevoir leurs vêtements sur ce modèle) ; ils pratiquent la {{citation|sapologie}}, art de bien se {{citation|saper}}. |
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Version du 27 septembre 2023 à 13:25
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La société des ambianceurs et des personnes élégantes (plus connue sous l'acronyme SAPE) est un mouvement culturel et de société originaire de la république du Congo plus précisément du groupe ethnique lari. Ce courant est comparé au dandysme. Ses adeptes, appelés les sapeurs, s'habillent chez les grands couturiers (ou font concevoir leurs vêtements sur ce modèle) ; ils pratiquent la « sapologie », art de bien se « saper ».
Dedicace a Victor le bg
L'origine de la SAPE est mal connue. Les sapeurs se revendiquent plus ou moins des dandys européens du XIXe siècle[1]. Il s’agissait alors d’une façon d’imiter le colonisateur en accaparant son style vestimentaire et ses manières, d’une part pour être intégré dans leurs sphères, mais aussi, d’autre part, pour le parodier et être adulé par sa communauté d’origine. La SAPE se serait réellement popularisée au cours des années 1960 à Brazzaville et Kinshasa, avant de se développer ensuite dans les diaspora congolaises en France et en Belgique[2].
L'inventeur du mot « SAPE », serait Christian Loubaki, homme à tout faire travaillant dans le quartier huppé du seizième arrondissement à Paris, qui aurait observé ses employeurs s'habiller et aurait profité des vieux vêtements qu'ils lui offraient[3]. En 1978, avec la complicité de Koffino Massamba, Christian Loubaki crée la première boutique : La Saperie à Bacongo (le quartier par excellence de la sape au Congo). Stervos Niarcos est un autre nom de la sapologie, fondateur de la religion Kitendi (« tissu » ou « matière », en lingala)[2].
Une première étude sociologique fut menée en 1984 par Justin-Danuel Gandoulou[4].
Dans les années 1980, des campagnes ont visé à interdire les sapeurs dans l’espace public[5]. Au début des années 1970, le président Mobutu, au Zaïre, a interdit le costume-cravate. Une interdiction qui visait à montrer son rejet de l’impérialisme occidental[6].
Place dans les médias
Une exposition au palais de Tokyo s'est tenue en 2015[7].
Hector Mediavilla a passé huit ans à photographier des personnages-clés de cette scène congolaise dans sa série « SAPE : Society of Ambianceurs and Elegant People ». Alain Mabanckou, écrivain congolais, tire l’analyse suivante de l’œuvre du photographe :
« Si d’aucuns perçoivent la Sape comme un simple mouvement de jeunes Congolais qui s’habillent avec un luxe ostentatoire, il n’en reste pas moins qu’elle va au-delà d’une extravagance gratuite. Elle est, d’après les Sapeurs, une esthétique corporelle, une autre manière de concevoir le monde et, dans une certaine mesure, une revendication sociale d’une jeunesse en quête de repères. Le corps devient alors l’expression d’un art de vivre[8]. »
Le photographe congolais Baudouin Mouanda leur a également consacré une série de photos en 2008, Sapologie, qui a rencontré un succès planétaire[9], ainsi qu'une autre en 2022 intitulée La SAPE, le Rêve d'aller-retour, exposée dans plusieurs endroits du Grand Paris (France), dont le Musée Carnavalet[10].
Les « dix commandements » de la sapologie
La philosophie de la sape s’accompagne de « dix commandements » fondamentaux, qui régissent le comportement des sapelogues et résument leurs valeurs[11] :
- Premier commandement : tu saperas sur terre avec les humains et au ciel avec ton Dieu créateur.
- Deuxième commandement : tu materas les ngayas (non connaisseurs), les nbéndés (ignorants), les tindongos (les parleurs sans but) sur terre, sous terre, en mer et dans les cieux.
- Troisième commandement : tu honoreras la sapologie en tout lieu.
- Quatrième commandement : les voies de la sapologie sont impénétrables à tout sapologue ne connaissant pas la règle de trois, la trilogie des couleurs achevées et inachevées.
- Cinquième commandement : tu ne cèderas pas.
- Sixième commandement : tu adopteras une hygiène vestimentaire et corporelle très rigoureuse.
- Septième commandement : tu ne seras ni tribaliste, ni nationaliste, ni raciste, ni discriminatoire.
- Huitième commandement : tu ne seras pas violent, ni insolent.
- Neuvième commandement : tu obéiras aux préceptes de civilité des sapologues et au respect des anciens.
- Dixième commandement : par ta prière et tes 10 commandements, toi sapologue, tu coloniseras les peuples sapophobes.
Quelques sapeurs célèbres
- Rapha Bounzeki
- Papa Wemba
- King Kester Emeneya
- Djo Balard, de son vrai nom Antoine Wada, né à Kimpambou Kayes (République du Congo), chanteur, acteur et sapeur. Il apparaît dans son propre personnage dans le film Black Mic-Mac sorti en 1985[12]
- Jocelyn Armel, dit « le Bachelor », styliste à Paris[13],[14]
- Ben Moukacha[15],[16]
- Stervos Niarcos
- Gilbert Goma[17], auteur spécialisé dans la sapologie
Notes et références
- Manuel Charpy, Une histoire de la sapologie africaine
- « Le pape de la Sape », Society, 13 mai 2015.
- « La "Sape", un art de vivre pour les amoureux de la mode africaine », sur Portail Afrique!, (consulté le )
- Jean-Danuel Gandoulou, Entre Paris et Bacongo, L'Homme,
- « Chic. Aux Congos, sapés comme jamais », sur Courrier international, (consulté le )
- « Cravate et politique, la révolution des apparences », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- « La « Sape » congolaise à l’honneur à Paris au palais de Tokyo »
- « Les Sapeurs de Brazzaville : Soyez élégants au lieu de faire la guerre », sur rue89.nouvelobs.com
- Nicolas Michel, « Baudouin Mouanda, Koyo Kouoh, Diébédo Francis Kéré… L’art et la manière », sur jeuneafrique.com,
- Inès Boittiaux, « Baudouin Mouanda : sapés comme jamais », sur beauxarts.com,
- « Les 10 commandements de la Sapelogie » [archive du ], sur afrique.arte.tv
- Joan Tilouine, « Séverin Mouyengo ou le “salopard de la Sape” », Le Monde, (lire en ligne)
- « Portrait : Jocelyn Armel, il sape comme jamais – Jeune Afrique », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- « 10 mai 1981 : Jocelyn le Bachelor est dans la rue pour l'élection de François Mitterrand », France Inter, (lire en ligne)
- « Congo-Brazzaville : Roga Roga fait son mea-culpa face aux menaces des « combattants » congolais », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- (en-US) « A Billionaire In Clothes | Vestoj » (consulté le )
- Gilbert Goma, LA SAPE, L'art de bien s'habiller au Congo-Brazzaville, Paris, HORUS, (ISBN 978-2-9514675-0-7), p. 1
Voir aussi
Bibliographie
- Georges Ballandier, La vie quotidienne au Royaume de Kongo du 16e au 18e siècle, Hachette, coll. « Vie quotidienne », , p. 158-160
- Gauz, Debout-Payé, 2014, Le Nouvel Attila, Paris, roman
- (de) Ilsemargret Luttmann, « Die kongolesischen sapeurs zwischen Marginalisierung und celebrity Kult », Anthropos, vol. 111, no 1, , p. 21‒47
- Manuel Charpy, « Les aventuriers de la mode », Hommes & migrations [En ligne], 1310 | 2015, mis en ligne le , consulté le . URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/3146 ; DOI : 10.4000/hommesmigrations.3146
- Gibert Goma, La Sape / L’art de bien s’habiller au Congo-Brazzaville. Un art de vivre depuis le royaume du Kongo, Editions Horus, 2019
- Denis Bruna (dir.), Chloé Demey (dir.), Astrid Castres, Pierre-Jean Desemerie, Sophie Lemahieu, Anne-Cécile Moheng et Bastien Salva, Histoire des modes et du vêtement : du Moyen Âge au XXIe siècle, Paris, Éditions Textuel, , 503 p. (ISBN 978-2-84597-699-3), « La sape, entre marginalité et mondialisation », p. 460
Articles connexes
Liens externes
- Célia Sadai, La SAPE c'est quoi ? De Bacongo à Château-Rouge : Sur les traces des Sapeurs, La Plume francophone
- Elvis Guérite Makouezi, Société des Ambianceurs et Personnes Élégantes, Publibook