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Transformée de Hadamard

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La transformée de Hadamard[1] (aussi connue sous le nom de « transformée de Walsh-Hadamard ») est nommée d'après le mathématicien français Jacques Hadamard et effectue une opération linéaire et involutive avec une matrice orthogonale et symétrique sur 2m nombres réels (ou complexes, bien que les matrices utilisées possèdent des coefficients réels). Ces matrices sont des matrices de Hadamard.

La transformée de Hadamard peut être vue comme étant une transformée de Fourier discrète multidimensionnelle d'une taille de 2×2×...×2×2. Elle décompose un vecteur arbitraire en entrée en une superposition de fonctions de Walsh[2].

Définition formelle

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La transformée de Hadamard Hm utilise une matrice 2m×2m (une matrice de Hadamard) multipliée par un facteur de normalisation, et transforme 2m nombres réels xn en 2m nombres réels Xk. La transformée peut être définie de deux manières : récursivement ou en utilisant une représentation binaire des indices n et k.

Définition récursive

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Récursivement, on définit une première transformation 1×1 via une matrice H0 qui est la matrice identité avec une seule ligne, une seule colonne, donc seul élément (1). On définit ensuite Hm pour m > 0 grâce à la relation suivante :

ou bien en utilisant le produit tensoriel pour  : avec

1/2 est un facteur de normalisation qui est parfois omis. Ainsi, à l'exception de la normalisation, les coefficients de la matrice sont égaux à 1 ou -1.

Définition directe

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De manière équivalente, on peut définir l'élément (k,n) d'une matrice de Hadamard grâce à et , où kj et nj sont le bit j (0 ou 1) de respectivement k et n. Dans ce cas, on obtient

.

Interprétation

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Il s'agit d'une transformée de Fourier discrète 2×2×...×2×2 normalisée de manière à être unitaire, si l'on considère les entrées et les sorties comme des tableaux multidimensionnels indexés par nj et kj.

Les premières matrices de Hadamard sont données par :

Les lignes d'une matrice de Hadamard forment des fonctions de Walsh.

Applications

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Dans le traitement de l'informatique quantique, la transformation de Hadamard est appelée « porte de Hadamard » lorsqu'elle agit sur un seul qubit. Elle permet de transformer les états et du qubit en deux états superposés avec un poids égal : et . Dans la base , cela correspond à la matrice de transformation :

Dans toute autre base, en utilisant la notation de Dirac, si l'on note l'operateur de Hadamard agissant sur un état pour donner un état tel que

Un grand nombre d'algorithmes quantiques utilisent la transformation de Hadamard comme première étape, car la supériorité du calcul quantique provient de l'exploration d'un domaine de possibilités par des états superposés. La transformation de Hadamard transforme n qubits initialisés avec en une superposition de tous les 2n états orthogonaux.

À titre d'exemple, l'algorithme de Shor fait appel à une telle transformation.

Autres applications

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La transformation est utilisée en cryptographie, on parle alors de pseudo-transformation de Hadamard. Elle est aussi utilisée pour générer des nombres aléatoires à partir d'une distribution gaussienne. On l'utilise aussi dans la compression de données comme dans l'algorithme H.264 et pour des opérations de traitement du signal.

La transformation de Hadamard est également utilisée pour étudier l'évolution de systèmes au cours du temps par des méthodes expérimentales telles que la cristallographie aux rayons X[3].

Notes et références

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  1. https://www.sciencedirect.com/topics/computer-science/hadamard-transform
  2. Kunz, « On the Equivalence Between One-Dimensional Discrete Walsh-Hadamard and Multidimensional Discrete Fourier Transforms », IEEE Transactions on Computers, vol. C-28, no 3,‎ , p. 267–268 (ISSN 0018-9340, DOI 10.1109/TC.1979.1675334, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Briony A Yorke, Godfrey S Beddard, Robin L Owen et Arwen R Pearson, « Time-resolved crystallography using the Hadamard transform », Nature Methods, vol. 11, no 11,‎ , p. 1131–1134 (ISSN 1548-7091 et 1548-7105, PMID 25282611, PMCID PMC4216935, DOI 10.1038/nmeth.3139, lire en ligne, consulté le )