Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BEVEREN, Mathieu VAN
BEVEREN (Mathieu VAN), statuaire et graveur de la monnaie royale, né à Anvers vers l’an 1630, mort à Bruxelles, le 24 février 1690. Il fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame, à l’église de Laeken. Il paraît probable qu’il se maria vers 1655 ; on ignore le nom de sa femme, mais un manuscrit contemporain appartenant à, M. Théodore van Lerius mentionne, en effet, que l’unique enfant de Van Beveren (zyn eenig naergelaete kind) Anne-Marie, mourut le 17 mars 1739, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. D’après cette expression Van Beveren n’aurait jamais eu qu’un seul enfant, cependant il peut encore subsister des doutes à ce sujet, puisqu’il est établi qu’il assista, le 20 mars 1669, à l’église cathédrale d’Anvers, comme témoin principal au mariage de Catherine van Beveren avec Nicolas van Verendael, père du célèbre peintre de fleurs de ce nom.
Mathieu van Beveren occupe un rang distingué parmi les artistes flamands du xviie siècle. Son mérite était si bien établi qu’en 1650 il entra, en qualité de maître, dans la célèbre gilde de Saint-Luc, à Anvers, sans avoir passé par le degré d’apprenti ou d’élève, comme les statuts le prescrivaient ; d’où il faut conclure qu’il fut l’associé et non l’élève du sculpteur Pierre Verbruggen, le vieux, comme le dit pourtant Ph. Baert dans son Mémoire sur les artistes néerlandais (Bulletins de la commission royale d’histoire, volume XIV, p. 81).
Il serait impossible de citer toutes les œuvres dues à son habile ciseau ; quelques-unes sont perdues, mais celles qui décorent encore les principales églises du pays, soutiennent honorablement la comparaison avec les produits les plus remarquables de la statuaire flamande. C’est à Anvers, sa ville natale, que Van Beveren laissa les plus beaux témoignages de son talent. L’église paroissiale de Saint-Jacques possède de lui le mausolée de marbre ; élevé à la mémoire du maître de chapelle Gaspard Boest. Ce monument, décoré d’une Mater dolorosa et de deux anges, est plein d’expression et de grâce ; ce n’est pas sans raison qu’on le considère comme le chef-d’œuvre du maître. L’abbaye de Saint-Michel possédait une statue d’albâtre représentant l’apôtre saint Mathieu, qui décorait le tombeau de Jean Vanden Broecke, production remarquable et digne de figurer à côté des meilleures que cette riche abbaye possédait. La chaire de vérité de l’église des Récollets est également de la main de Van Beveren, qui sculpta en bois le sujet principal, saint François et les deux anges. A Bruxelles, l’église du Sablon possède de lui le mausolée du prince Lamoral de la Tour et Taxis, orné des statues du Temps et de la Vertu. Mensaert, dans le Peintre amateur et curieux, attribue ce monument au ciseau de Cosyns, et Immerseel, en copiant cette erreur, ne s’aperçoit pas qu’il se contredit en attribuant la même œuvre tantôt à Van Beveren et tantôt à Cosyns. A Gand, Mathieu van Beveren entreprit la construction du maître-autel de l’église collégiale de Saint-Nicolas, véritable monument d’architecture, digne de servir de rétable à la splendide composition de Nicolas De Liemaker. Les statues de bois représentant le roi David et sainte Cécile, qui ornaient autrefois le jubé, sont également de la main du statuaire anversois. A Termoude, à l’église de Notre-Dame, on admire les statues des quatre évangélistes, exécutées, en 1665, pour la décoration des orgues. En 1660, il termina le groupe principal de la chaire de vérité, représentant l’Hérésie sous la figure de Mahomet vaincu par les anges messagers de la parole divine. Van Beveren aimait à traiter le grand sujet du Calvaire ; le Christ en croix, mourant ou ayant déjà rendu le dernier soupir, faisait souvent l’objet de ses méditations et de ses études. La plupart des abbayes et des monastères tenaient à honneur de posséder un christ d’ivoire dû à son ciseau. Ces chefs-d’œuvre de toute dimension, si nombreux jadis, ne se rencontrent plus que rarement, mais ceux que l’on conserve excitent l’admiration, non-seulement pour la correction et la finesse du dessin, mais encore pour le sentiment de divine grandeur que l’artiste a su répandre sur les traits de l’homme-Dieu.