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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/106

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les apprentis de l’armurier

mes ordres, car je punis une maladresse comme une trahison. J’ai dit.

Une heure après, les bateliers improvisés pénétraient dans la ville, et débarquaient au moment où le comte rentrait à l’Hôtel de ville, au milieu des acclamations populaires.

— Laissez-le-moi voir ! laissez-le-moi voir ! criait Harwelt, jouant des coudes pour se faire place, suivi pas à pas par Hugonet, porteur d’une manne de poissons ; je veux lui offrir not’ pêche ! Et y mangera un’ fameuse friture !

Il se démenait tant et si bien, faisant un tel vacarme à lui tout seul, qu’il finit par attirer l’attention de Guy.

— Qu’est-ce ? Que veut ce brave homme ? interrogea-t-il.

Sur son ordre, les faux pêcheurs furent amenés devant lui.

En reconnaissant Hugonet qui, un doigt sur les lèvres, lui recommandait le silence, le jeune comte tressaillit et chercha le regard de Gaultier ; mais celui-ci était obstinément fixé sur Harwelt.

— Bon ! bon ! j’accepte votre présent, dit Guy avec bonhomie, et vous allez boire tous deux à ma santé… entrez…

Dès qu’ils se trouvèrent seuls :

— Mon seigneur ! mon cher seigneur, s’écria Hugonet en se jetant aux pieds de son ancien camarade. Que je suis donc heureux de vous revoir !

— Tiens, je ne savais pas que tu m’aimasses si fort. Enfin ! je suis bon prince et ne te garde pas rancune du passé. Quel bon vent t’amène de ce côté ?

— Votre service, monseigneur…

— Mon service ?

— Ou plutôt celui de votre mère…

— Ma mère ! elle vit donc encore !…

— Elle vit, elle est à quelques pas et attend le moment de vous embrasser. Nous suivons votre piste depuis Avignon.