je n’ai qu’une fille ; j’offre de me charger du petit, je lui apprendrai notre état ; et, avec l’aide de Dieu, j’espère qu’il deviendra un maître ouvrier comme son père. »
Tout le monde applaudit à la générosité de Wonguen, et, sans plus tarder, il emmena l’orphelin à son logis.
Frantz n’était jamais sorti du village. Son nouveau maître habitait dans la forêt, et les grands arbres aux feuilles jaunissantes, laissant à peine entrevoir des coins de ciel gris et plombé, ce silence solennel de la nature que ne troublait même pas le bruit de leurs pas étouffé par un épais tapis de mousse, tout cela augmentait encore la tristesse du petit garçon. Sa petite main dans celle de son protecteur, il faisait de grandes enjambées pour le suivre, mais il se sentait bien désolé, bien épuisé, bien las…
Soudain, derrière un rideau de verdure, apparut une vaste clairière et une riante maisonnette au milieu. Un chien aboya et, à ce signal, une gracieuse enfant s’élança au-devant de maître Wonguen, en criant :
« Papa ! voilà papa ! »
Frantz la regardait tout ébloui…
Il était impossible de voir une plus gentille créature…
Des cheveux bruns, frisant naturellement, retombaient sur son front en boucles folles, cachant à demi deux yeux noirs pétillants de malice ; et toute sa petite personne avait une vivacité mutine qui séduisait et qui charmait à la fois.
Elle sauta au cou du bonhomme ; mais quand il lui dit gravement :
« Voilà le fils de Hans Verner. C’est un frère que je t’amène, petite. »
Son visage mobile prit aussitôt une expression sérieuse, et tendant la main au petit garçon :
« Je t’aimerai bien, » dit-elle.