peut pas se soutenir a priori, je ne vois aucune raison pour que le trouble fonctionnel de l’hystérie ne réalise pas les mêmes symptômes que la destruction organique du centre d’une fonction. Toute fonction, nous l’avons dit à propos des paralysies, finit, lorsqu’elle est ancienne, par avoir son centre organique bien déterminé et, dans ces cas, la destruction du centre ou la suppression momentanée de la fonction peuvent se manifester par des phénomènes analogues souvent difficiles à discerner. D’ailleurs, n’avons-nous pas observé ce fait d’une manière incontestable à propos de l’hémiplégie qui se rencontre dans d’hysté-rie aussi bien que dans les lésions cérébrales?
Après la période de négation précédente, M. Déjerine en 1894, puis moi-même en 1895, avons présenté des observations authentiques d’hémianopsie fonctionnelle. Je crois avoir donné la démonstration du caractère hystérique de ce syndrome en montrant l’existence de sensations subconscientes dans la partie en apparence supprimée du champ visuel. Depuis, j’ai eu l’occasion de présenter d’autres cas aussi net[1]. Dans un article paru dans le Brain, en 1897, M. Harris a présenté des faits analogues; il a noté, en particulier, comme je l’avais fait moi-même, des cas où l’hémianopsie hystérique se présente à la suite d’une amaurose, comme une période transitoire dans la restauration de la vision. Il me semble probable qu’il y a eu autrefois, chez les animaux, et qu’il existe encore chez l’homme, une fonction spéciale pour la vision à droite et une fonction pour la vision à gauche. Ces fonctions peuvent se dissocier dans l’hystérie comme toutes les autres, mais comme ce sont des fonctions très anciennes, leur dissociation est rare et ne se présente que temporairement.
- ↑ Névroses et idées fixes, I, p. 263. Presse médicale, 25 octobre 1889.