mais ils ont cru constater autre chose. Ils ont cru voir que dans certains cas l’idée se développait en actes et en perceptions sans la collaboration de la volonté et de a personnalité du sujet. Celui-ci ne semblait ajouter à l’idée aucune force venant de sa propre collaboration; il semblait ne pas se rendre compte du développement de cette idée au-dedans de lui-même; quelquefois il semblait n’en avoir guère conscience pendant qu’elle s’exécutait. Dans d’autres cas il n’en gardait aucun souvenir après son exécution; s’il prenait conscience du développement de ces idées, il ne le comprenait pas, il ne croyait pas l’avoir déterminé, bien souvent au contraire il luttait contre lui et il était impuissant à l’arrêter. En un mot, dans ce qu’on appelle suggestion, l’idée se développe complètement jusqu’à se transformer en acte, en perception et en sentiment mais elle semble se développer par elle-même, isolément, sans participation ni de la volonté, ni de la conscience personnelle du sujet.
La suggestion, définie comme nous venons de le faire, n’est évidemment pas un phénomène banal, se produisant perpétuellement dans notre conscience. Sans doute il y a dans bien des cas un certain développement automatique de nos souvenirs, de nos habitudes, mais ce développement reste toujours très incomplet et surtout il reste toujours limité et dirigé par les autres tendances de l’esprit et par toute la personnalité. Cependant, des phénomènes analogues à la suggestion ne peuvent-ils se produire au cour de la vie normale chez des individus en bonne santé? Il est évident que cela arrive quelquefois dans des phénomènes très simples et très élémentaires : nous marchons au pas en entendant la musique militaire, nous bâillons en voyant quelqu’un bâiller, nous faisons quelquefois une sottise par distraction. Ce sont là des développements plus ou moins avancés