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cafard

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
(Adjectif), (Nom commun 1) (1512) De l’arabe كَافِرٌ (kâfirũ) (ici, « incroyant »), puis « homme converti à une autre religion » avec francisation de la finale en -ard[1]. Pour le sens de « personne qui rapporte » → voir mouchard.
(Nom commun 2) (1542) Le sens de « blatte » dérive probablement du précédent par allusion à la couleur noire des soutanes et de l’habit des dévots, ou à sa propension à fuir la lumière, comme le converti qui a fui son véritable Dieu.
(Nom commun 3) Déverbal de cafarder dérivé du précédent ; voir avoir le bourdon, pour le lien sémantique avec les idées noires → voir mélancholie. Notons ici que cafarder précède de peu (1508) la première attestation de cafard (« bigot ») (1512). Peut-être convient-il de suivre Du Cange[2] qui mentionne caphardum « sorte de vêtement[3] » attesté au quatorzième siècle, et « on ne voit pas comment le mot arabe kâfir, avec son dérivé roman cafre, aurait pris le suffixe -ard[2] » ; soit pour le verbe un dérivé de farder, avec le préfixe ca-, littéralement « bien cacher » dont cafard (« hypocrite, qui cache bien son jeu ») serait le déverbal et pour l’insecte, le sens de « qui se cache, qui fuit le jour ».
Singulier Pluriel
Masculin cafard
\ka.faʁ\

cafards
\ka.faʁ\
Féminin cafarde
\ka.faʁd\
cafardes
\ka.faʁd\

cafard \ka.faʁ\

  1. Qui est faux dévot, hypocrite, bigot, mécréant
    • « Si mes camarades savent ceci, se dit Lucien, gare au deuxième duel ; les épithètes de cafard vont pleuvoir sur moi. Mais comment le sauraient-ils ? ils ne voient pas ce monde-ci ; tout au plus le colonel par ses espions ; et, ma foi, tant mieux : cafard vaut mieux que républicain. » — (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)
    • — Un grand artiste, aujourd’hui, c’est un prince qui n’est pas titré. C’est la gloire et la fortune, les deux plus grands avantages sociaux, après la vertu, ajouta-t-il d’un petit ton cafard. — (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846)
    • Elle s’excusa un instant sur son ignorance de toutes choses ; Montgenays parut prendre cette timidité pour une admirable modestie ou pour une méfiance dont il se plaignait d’une façon cafarde. — (George Sand, « Pauline », 1839-1840, in Nouvelles, Paris, des femmes-Antoinette Fouque, 1986, 2018, page 391)
    • Il avait dit cela sur le petit ton cafard que M. de la Ferté connaissait bien, et qui lui donnait chaque fois envie de s’emporter. — (Pierre Benoit, Monsieur de la Ferté, Albin Michel, 1934, réédition Cercle du Bibliophile, page 284)
    • Cet homme du XVIIe siècle […], qui a publié en 1808 un livre où il proposait un plan audacieux de nouvelles relations sexuelles et où il jetait les bases du féminisme moderne, va s'apercevoir qu'il était encore loin d'imaginer le degré de dévergondage que certains milieux pouvaient atteindre, que ses propres nièces, sous des dehors cafards, forment une bande de partouzardes fieffées, qui se gaussent de sa naïveté. — (Émile Lehouck, Vie de Charles Fourier, Éditions Denoël & Gonthier, 1978, page 151)

Apparentés étymologiques

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Nom commun 1

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Singulier Pluriel
cafard cafards
\ka.faʁ\

cafard \ka.faʁ\ masculin (pour une femme, on dit : cafarde)

  1. (Familier) Hypocrite, faux dévot.
    • Apres auoir raconté le meurtre de Louys Duc d’Orleans commis par le Duc de Bourgongne, il ſe ruë ſur la perſonne de Iean Petit, lequel il qualifie grand Theologien, grãd Predicateur & Caphard, & le dit auec vne telle entreſuite de parolles, qu’il laisse à iuger aux lecteurs qu’en ſon Calepin, Theologiẽ, Predicateur & Caphard, ſont trois ſynonimes : & moy ie luy reſpõs qu’en mon Dictionnaire, Paſquier, meſdiſant, impertinent, glorieux & libertin, ſont de meſme ſignification : ſçauoit il pas que ce mot de caphard tres odieux, a eſté mis en vſage par les Huguenots pour denigrer l’honneur de la Preſtriſe ? — (François Garasse, Les Recherches des recherches, Sebastien Chappelet, Paris, 1622, page 718)
    • Messieurs, ce ne sont point les raisonneurs qui font du mal, ce sont les cafards. La Philosophie peut aller son train sans risque, le Peuple ne l’entend pas ou la laisse dire, et lui rend tout le dédain qu’elle a pour lui. — (Jean-Jacques Rousseau, Lettres écrites de la montagne, Cinquième Lettre, 1764)
    • Triste homme, oui, triste homme ! Il bousculait les pauvres, car il n’y avait pas que moi qu’il traitât mal. Tous ceux qui étaient abandonnés ou à prix réduit recevaient ses crachats, et les petits même recevaient des coups. Il est bête, —on parle de lui comme d’un type, entre pensions. On emploie son nom pour dire cuistre, bêta et un peu cafard. — (Jules Vallès, L’Enfant, 1879)
    • Ce sont là plutôt les sales imaginations d’un cafard que les vues d’un docteur. — (Anatole France, La Rôtisserie de la reine Pédauque, 1893)
    • — En voilà un cafard !… Parce que sa vieille paysanne de mère lui a fait avaler le bon Dieu tous les dimanches !… — (Émile Zola, La Débâcle, 1892)
    • — Je songe à un marchand de tableaux qui me confiait un jour : « Vingt pour cent sur du Rembrandt, ça ne m’intéresse pas. » Je songe à un critique théâtral qui disait une fois : « Mme Sarah Bernhardt, en jouant Hamlet, l’a grandi. » Je songe à un vicaire de Saint-Louis d’Antin qui déclarait en chaire « C’est dans les tourments éternels que Renan expie les audaces sacrilèges de sa pensée. » Et il me semble soudain qu’il n’y a plus de négociants, plus de cabotins, plus de cafards. La terre est propre comme un chien baigné. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 77)
  2. (Par extension) Personne qui dénonce hypocritement les autres pour se faire bien voir.
    • Philomène guettait Maheu, pour que Zacharie n’entamât point la monnaie. Et il n’y avait que la Pierronne qui semblât assez calme, ce cafard de Pierron s’arrangeant toujours, on ne savait comment, de manière à avoir, sur le livret du porion, plus d’heures que les camarades. — (Émile Zola, Germinal, 1885)
    • C’est un cafard.
    • Je hais les cafards.

Nom commun 2

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Singulier Pluriel
cafard cafards
\ka.faʁ\
Un cafard

cafard \ka.faʁ\ masculin

  1. (Entomologie) Blatte.
    • Pendant la nuit, entendant un bruit insolite, je découvris dans un caisson un cafard ailé d’environ cinq centimètres de long […] Je ne me doutais guère que je ne pourrais jamais tenir en échec ces blattes redoutables qui allaient […] causer de sérieux dégâts à mes livres et cartes de voyage. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • La surface marron de l’une des portes paraît parfois remuer, elle oscille légèrement… au début cela m’avait effrayée, mais on m’a expliqué que ce n’étaient que les mouvements des cafards qui recouvrent cette porte… des petites bêtes qui ne mordent pas et qui vont rester là… Personne ne s’en soucie et ils me donnent bientôt l’impression, comme à tout le monde, qu’ils font partie de la maison. — (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 70)
    • Mais rien de tout cela n’est décisif, la vraie solution serait d’enseigner au cafard à être son propre prédateur, Pinchard y croit dur comme fer, il sélectionne l’agressivité, prépare la guerre civile, la blatte germanique contre le zyzzyva ou beattle yankee. — (Jean Frémon, L'Île des morts, Éditions P.O.L., 1994, page 79)

Nom commun 3

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cafard \ka.faʁ\ masculin au singulier uniquement (Indénombrable)

  1. (Familier) Tristesse, accès de mélancolie, spleen.
    • Et, d’un trait, il expliqua toute son histoire, la rencontre de Tacherot, un jour de cafard et de mouise sinistre. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 109)
    • Je savais quand ça le reprenait ce cafard des architectures, c’était surtout à la campagne […] Il lui revenait un coup de souvenirs. — (Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, Denoël, Paris, 1936)
    • Toujours ce sale petit brouillard
      Toujours ce sale petit cafard
      Qui vous transperce jusqu’aux os
      Et qui se colle à votre peau.
      — (Édith Piaf, Le Petit Brouillard, 1962, paroles de Jacques Plante)
    • Peut-être me plaisais-je à baigner ainsi dans le doute et le cafard, traînant, esseulé, ma mélancolie sur le campus alourdi par la neige. — (Philippe Labro, L’étudiant étranger, Gallimard, 1986, page 135)
    • Toujours avec une bande de « camarades sociétaires » à la chasse au cafard du dimanche soir. — (Martine Delahaye, Edouard Baer, gentleman-saltimbanque sur France Inter, Le Monde. Mis en ligne le 3 septembre 2018)

Prononciation

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Références

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  1. « cafard », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  2. a et b « cafard », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  3. Archiv für das Studium der neueren Sprachen und Literaturen, 1868
Du français cafard.
Singulier Pluriel
cafard
\Prononciation ?\
cafards
\Prononciation ?\

cafard \Prononciation ?\

  1. Cafard, mélancolie.
    • At such times when the cafard of the city seized her, I was at my wits’ end to devise a means of rousing her. — (Lawrence Durrell, Justine, 1957)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Références

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De l’arabe كَافِرٌ (kâfirũ) (ici, « incroyant »), puis « homme converti à une autre religion ».
Nombre Singulier Pluriel
Masculin cafard
\ka.ˈfaɾ\
cafards
\ka.ˈfaɾs\
Féminin cafarda
\ka.ˈfaɾ.ðo̞\
cafardas
\ka.ˈfaɾ.ðo̞s\

cafard \ka.ˈfaɾ\ (graphie normalisée)

  1. Cafard.

Vocabulaire apparenté par le sens

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Singulier Pluriel
cafard
\ka.ˈfaɾ\
cafards
\ka.ˈfaɾs\

cafard \ka.ˈfaɾ\ (graphie normalisée) masculin

  1. Cafard, faux-bigot.
    • Lo culte dels loïses d’aur ten luòc de religion,
      E tratan de cafard qui vos parla de Dieu.
      — (Roch Grivel)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)
  2. (Gallicisme) (Entomologie) Cafard (insecte).
Au sens d’insecte, cafard est généralement considéré comme un gallicisme en occitan (emprunt récent, illégitime ou abusif au français). Pour des équivalents occitans, voir par exemple babaròta, fornairon, escaravat de cosina, escaravat de forn, panatièra/panatiera, etc.

Vocabulaire apparenté par le sens

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1

Références

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