Document généré le 4 déc. 2023 01:56
Vie des arts
La collection d’art inuit Brousseau
Marine Van Hoof
Volume 50, numéro 205, hiver 2006–2007
URI : https://id.erudit.org/iderudit/52506ac
Aller au sommaire du numéro
Éditeur(s)
La Société La Vie des Arts
ISSN
0042-5435 (imprimé)
1923-3183 (numérique)
Découvrir la revue
Citer cet article
Van Hoof, M. (2006). La collection d’art inuit Brousseau. Vie des arts, 50(205),
21–23.
Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 2007
Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique
d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
Cet article est diffusé et préservé par Érudit.
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de
l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
https://www.erudit.org/fr/
L
C I V I L I S A T I O N S
LA COLLECTION D'ART INUIT BROUSSEAU
Marine Van Hoof
IL FAUT SALUER L'INAUGURATION AU MUSÉE NATIONAL
DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC D'UNE NOUVELLE SALLE
PERMANENTE ENTIÈREMENT CONSACRÉE A L'ART INUIT.
SUR LES 2 365
PIÈCES DE LA COLLECTION BROUSSEAU
ACQUISE EN AVRIL 2 0 0 5 , LE MUSÉE PRÉSENTE 2 8 5 ŒUVRES
PROVENANT TOUTES DU GRAND NORD CANADIEN.
Les pièces de l'exposition La
collection d'art inuit Brousseau
témoignent du développement de
l'histoire de l'art inuit pendant près
d'un demi-siècle, mais aussi des
intérêts et des goûts du collectionneur Raymond Brousseau qui
les a acquises. Pour rappel, la
présence inuite dans le Grand Nord
du continent américain remonte
à environ 2 500 ans avant notre ère.
Trois périodes se distinguent: de
la période préhistorique (culture
de Thulé) subsistent très peu de
vestiges; l'exposition comprend
quelques sculptures de tout petit
format d'une grande finesse auxquelles on accorde un caractère
sacré et rituel.
ÉVOLUTION
DE L'ART INUIT
La période historique a laissé
davantage de traces des sculptures
que les InuiLs troquaient avec les
Blancs ou réalisaient pour se divertir, surtout quand la présence occidentale s'est intensifiée, au XDP siècle,
avec l'établissement de missions
permanentes et des postes de traite.
Les quelques pièces qui illustrent la
production des premiers habitants
de l'Arctique canadien (culture de
Dorset entre 550 av. J.C.
et 1100 de notre ère et
culture de Thulé entre
1000 et 1800 de notre
ère) sont de très petites
sculptures (amulettes,
figurines) d'une grande
finesse, faites de pierre, d'os, de bois
d'animaux ou d'ivoire et parfois
décorées de motifs marqués à
l'encre. On voudrait toujours voir
plus d'exemples de cette époque.
Les pièces de la deuxième période
illustrent le type d'objets
souvenirs (figurines et
miniatures d'animaux
et d'iglous de facture
soignée) que les Inuits
troquaient contre divers
objets de première nécessité importés par les Blancs:
les objets rituels accèdent au statut
d'oeuvre d'art, mais leur producteur est la plupart du temps
anonyme.
La période contemporaine, dont
l'exposition témoigne principalement, montre à quel point l'art
inuit a connu un véritable tournant
vers 1950, lorsque le gouvernement
canadien a encouragé les Inuits
à acquérir de l'autonomie en développant leur production artistique.
Sans suivre une formation particulière, parfois simplement encadrés
par des spécialistes, plusieurs villages
inuits sont initiés à diverses techniques (gravure et sculpture). Les
sculpteurs réalisent alors des pièces
de plus grand format puisqu'elles ne
sont plus destinées à la traite, mais
au marché de l'art.
Nalenik Temela (1939-2003)
Ours en équilibra, 1997
Serpentinite
national
des
beaux-arts du Québec
Musée
Collection d'art inuit Brousseau,
Don de la Galerie Brousseau et Brousseau
inc. (2005.2375)
Photo: Paul Dionne
VIE DES ARTS
N° 205
21
J
C I V I L I S A T I O N S
THÈMES PORTEURS
DE VALEURS
Les thématiques inuites s'inspirent essentiellement du mode de
vie et des moyens de survie traditionnels, ainsi que du monde qui les
entoure: tout un volet de l'exposition illustre la manière dont les
artistes inuits ont capturé l'essence
de la faune environnante ; une
grande place est faite aux oiseaux
migrateurs, annonciateurs de la fin
de la longue nuit polaire, mais aussi
source de nourriture. Tout comme
l'Oiseau de Aoudla Pee (1990), le
petit Ours de Lydie Qayaq présente
une version délicate et enjouée de
l'animal, sculpté dans du marbre
blanc d'une manière naturaliste,
mais très épurée. Une sculpture
d'un Chaman invoquant l'esprit
du Narval rappelle que cet animal
aujourd'hui protégé était très
recherché pour sa dent torsadée
qui peut atteindre jusqu'à 3 mètres
de long. L'uniformité des contenus
n'empêche pas l'éclosion de styles
plus ou moins marqués d'un artiste
à l'autre. D'une œuvre à l'autre
traitant le même sujet, il est intéressant d'identifier les solutions
esthétiques choisies.
Comme le démontre une autre
partie de l'exposition, la sculpture
illustre les puissants hens familiaux
qui marquent la vie communautaire
inuite. Une série d'œuvres rappelle
que, dans la culture inuite, la femme
incarne le point d'attache et la réalisation de nombreuses tâches indispensables à la survie. La proximité
constante avec l'enfant qu'elle porte
dans son capuchon est à l'origine
de multiples images, dont la déconcertante Maternité de Manasie
Akpaliapik produit une résonance
très contemporaine du thème.
Toonoo Sharky
Faucon, 2002
Serpen tini to
Musée national des beaux-arts du Québec
Collection d'art inuit Brousseau
Achat grâce à une contribution
spéciale d'Hydro-Québec (2005.2211)
George Arluk
Famille, 1997
Steatite
Musée national des beaux-arts du Québec
Collection d'art inuit Brousseau
Don de la Galerie Brousseau et Brousseau inc.
0B
H
(2005.675)
Photo: Paul Dionne
•Vfr-'
^H
i
1 HErî
-*
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I TejjL':
•fl
m. -•' DÉt
'
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VIE DES ARTS
N°205
>
%
^^V
L
LES MAITRES
DE L'ARCTIQUE
La présentation systématique
des œuvres d'une quinzaine de
maîtres de l'Arctique permet de
rappeler que, dès le début des
années 1950, la production artistique a permis aux artistes de
« rallier leur récente sédentarité
autant qu'elle est devenue le hen
ténu qui les a retenus à leur ancien
mode de vie». J'ai noté parmi les
sculptures de George Arluk, qui
compte parmi les artistes les plus
« minimalistes », d'étonnantes Têtes
en basalte, un matériau très dur
à travailler. Seules ou surgissant
de la masse (dans sa Famille par
exemple) comme autant de fruiLs
d'un arbre, elles renvoient de
manière puissante à des modèles
archaïques de l'humain. On
retrouve aussi cet aspect brut et
inachevé dans l'œuvre de Lucy
Tutsweetok. Combinant la taille
et l'incrustation, Mattiusi Iyaituk
assemble des matériaux disparates.
Créant un Chaman à partir de trois
pierres empilées et d'une touffe de
poils ou incrustant un petit visage
d'albâtre dans la pierre, il produit
des figures originales, moins narratives. Les artistes inuits ont toujours
tiré profit des résidus de la chasse:
si Luke Anowtalik ramasse des bois
de caribou, Nick Sikkwark crée à
partir d'os, de poils, de bois et
d'arêtes de poisson des petites
figures insolites et drôles qui
renvoient aussi bien à l'esprit du
caribou qu'à celui du moustique.
D'un humour plus grinçant, les
sculptures de Judas UUulaq frappent
par leurs traiLs grimaçants et leurs
yeux exorbités.
LE SOUFFLE VITAL
On peut invoquer le caractère
naif et primitif de la sculpture inuite,
mais il est impossible de l'y réduire,
car chaque sculpture aboutie frappe
d'abord par sa capacité de synthèse.
Qu'est-ce qui donne à ces figures du
vivant une force et une aisance que
si peu d'artistes animaliers ont atteint
dans la sculpture occidentale?
Peut-être parce que la forme semble
toujours rester proche de l'élan
vital qui anime le sujet et complice
du réalisme sans s'encombrer de
ses résidus. Les jeux avec les textures
et les effets de couleur permis par
le matériau choisi ne versent pas
dans le décoratif. Bénéficiant d'une
présentation soignée, les œuvres
exposées forment autant de petites
leçons de sculpture. On peut lire
aussi plusieurs explications intéressantes sur les matériaux et les techniques utilisés. Le seul reproche
concerne le manque d'éclairage sur
l'évolution du contexte historique
et économique de la production
artistique des Inuits-de l'exploitation pure et simple de leurs talents
C I V I L I S A T I O N S
de sculpteurs pendant les périodes
du troc à leur accession à l'autonomie artistique au XXe siècle. D
Référence : La portée universelle de
l'art inuit Brousseau, Nicole Allard,
Vie des Arts, no.185, Hiver 2001-2002,
pp. 35-38.
Judas Ullulaq (1937-1999)
Uqsuqtuq, Kitikmeot (Nunavut)
Mère et enfant, 1998
Pyroxene et bois de caribou
Musée national des beaux-arts du Québec
Collection d'art inuit Brousseau,
Don de la Galerie Brousseau et Brousseau inc.
(2005.2492)
Photo: Paul Dionne
EXPOSITION
Exposition permanente
Musée national
des beaux-arts du Québec
Parc des Champs-de-Bataille
Québec
Tél.: 418 643-2150
1 866 220-2150
www.mnba.qc.ca
Depuis le 28 septembre 2006
VIE DES ARTS
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Vie des arts
La collection d’art inuit Brousseau
Marine Van Hoof
Volume 50, numéro 205, hiver 2006–2007
URI : https://id.erudit.org/iderudit/52506ac
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Éditeur(s)
La Société La Vie des Arts
ISSN
0042-5435 (imprimé)
1923-3183 (numérique)
Découvrir la revue
Citer cet article
Van Hoof, M. (2006). La collection d’art inuit Brousseau. Vie des arts, 50(205),
21–23.
Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 2007
Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique
d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
Cet article est diffusé et préservé par Érudit.
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de
l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
https://www.erudit.org/fr/
L
C I V I L I S A T I O N S
LA COLLECTION D'ART INUIT BROUSSEAU
Marine Van Hoof
IL FAUT SALUER L'INAUGURATION AU MUSÉE NATIONAL
DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC D'UNE NOUVELLE SALLE
PERMANENTE ENTIÈREMENT CONSACRÉE A L'ART INUIT.
SUR LES 2 365
PIÈCES DE LA COLLECTION BROUSSEAU
ACQUISE EN AVRIL 2 0 0 5 , LE MUSÉE PRÉSENTE 2 8 5 ŒUVRES
PROVENANT TOUTES DU GRAND NORD CANADIEN.
Les pièces de l'exposition La
collection d'art inuit Brousseau
témoignent du développement de
l'histoire de l'art inuit pendant près
d'un demi-siècle, mais aussi des
intérêts et des goûts du collectionneur Raymond Brousseau qui
les a acquises. Pour rappel, la
présence inuite dans le Grand Nord
du continent américain remonte
à environ 2 500 ans avant notre ère.
Trois périodes se distinguent: de
la période préhistorique (culture
de Thulé) subsistent très peu de
vestiges; l'exposition comprend
quelques sculptures de tout petit
format d'une grande finesse auxquelles on accorde un caractère
sacré et rituel.
ÉVOLUTION
DE L'ART INUIT
La période historique a laissé
davantage de traces des sculptures
que les InuiLs troquaient avec les
Blancs ou réalisaient pour se divertir, surtout quand la présence occidentale s'est intensifiée, au XDP siècle,
avec l'établissement de missions
permanentes et des postes de traite.
Les quelques pièces qui illustrent la
production des premiers habitants
de l'Arctique canadien (culture de
Dorset entre 550 av. J.C.
et 1100 de notre ère et
culture de Thulé entre
1000 et 1800 de notre
ère) sont de très petites
sculptures (amulettes,
figurines) d'une grande
finesse, faites de pierre, d'os, de bois
d'animaux ou d'ivoire et parfois
décorées de motifs marqués à
l'encre. On voudrait toujours voir
plus d'exemples de cette époque.
Les pièces de la deuxième période
illustrent le type d'objets
souvenirs (figurines et
miniatures d'animaux
et d'iglous de facture
soignée) que les Inuits
troquaient contre divers
objets de première nécessité importés par les Blancs:
les objets rituels accèdent au statut
d'oeuvre d'art, mais leur producteur est la plupart du temps
anonyme.
La période contemporaine, dont
l'exposition témoigne principalement, montre à quel point l'art
inuit a connu un véritable tournant
vers 1950, lorsque le gouvernement
canadien a encouragé les Inuits
à acquérir de l'autonomie en développant leur production artistique.
Sans suivre une formation particulière, parfois simplement encadrés
par des spécialistes, plusieurs villages
inuits sont initiés à diverses techniques (gravure et sculpture). Les
sculpteurs réalisent alors des pièces
de plus grand format puisqu'elles ne
sont plus destinées à la traite, mais
au marché de l'art.
Nalenik Temela (1939-2003)
Ours en équilibra, 1997
Serpentinite
national
des
beaux-arts du Québec
Musée
Collection d'art inuit Brousseau,
Don de la Galerie Brousseau et Brousseau
inc. (2005.2375)
Photo: Paul Dionne
VIE DES ARTS
N° 205
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J
C I V I L I S A T I O N S
THÈMES PORTEURS
DE VALEURS
Les thématiques inuites s'inspirent essentiellement du mode de
vie et des moyens de survie traditionnels, ainsi que du monde qui les
entoure: tout un volet de l'exposition illustre la manière dont les
artistes inuits ont capturé l'essence
de la faune environnante ; une
grande place est faite aux oiseaux
migrateurs, annonciateurs de la fin
de la longue nuit polaire, mais aussi
source de nourriture. Tout comme
l'Oiseau de Aoudla Pee (1990), le
petit Ours de Lydie Qayaq présente
une version délicate et enjouée de
l'animal, sculpté dans du marbre
blanc d'une manière naturaliste,
mais très épurée. Une sculpture
d'un Chaman invoquant l'esprit
du Narval rappelle que cet animal
aujourd'hui protégé était très
recherché pour sa dent torsadée
qui peut atteindre jusqu'à 3 mètres
de long. L'uniformité des contenus
n'empêche pas l'éclosion de styles
plus ou moins marqués d'un artiste
à l'autre. D'une œuvre à l'autre
traitant le même sujet, il est intéressant d'identifier les solutions
esthétiques choisies.
Comme le démontre une autre
partie de l'exposition, la sculpture
illustre les puissants hens familiaux
qui marquent la vie communautaire
inuite. Une série d'œuvres rappelle
que, dans la culture inuite, la femme
incarne le point d'attache et la réalisation de nombreuses tâches indispensables à la survie. La proximité
constante avec l'enfant qu'elle porte
dans son capuchon est à l'origine
de multiples images, dont la déconcertante Maternité de Manasie
Akpaliapik produit une résonance
très contemporaine du thème.
Toonoo Sharky
Faucon, 2002
Serpen tini to
Musée national des beaux-arts du Québec
Collection d'art inuit Brousseau
Achat grâce à une contribution
spéciale d'Hydro-Québec (2005.2211)
George Arluk
Famille, 1997
Steatite
Musée national des beaux-arts du Québec
Collection d'art inuit Brousseau
Don de la Galerie Brousseau et Brousseau inc.
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(2005.675)
Photo: Paul Dionne
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LES MAITRES
DE L'ARCTIQUE
La présentation systématique
des œuvres d'une quinzaine de
maîtres de l'Arctique permet de
rappeler que, dès le début des
années 1950, la production artistique a permis aux artistes de
« rallier leur récente sédentarité
autant qu'elle est devenue le hen
ténu qui les a retenus à leur ancien
mode de vie». J'ai noté parmi les
sculptures de George Arluk, qui
compte parmi les artistes les plus
« minimalistes », d'étonnantes Têtes
en basalte, un matériau très dur
à travailler. Seules ou surgissant
de la masse (dans sa Famille par
exemple) comme autant de fruiLs
d'un arbre, elles renvoient de
manière puissante à des modèles
archaïques de l'humain. On
retrouve aussi cet aspect brut et
inachevé dans l'œuvre de Lucy
Tutsweetok. Combinant la taille
et l'incrustation, Mattiusi Iyaituk
assemble des matériaux disparates.
Créant un Chaman à partir de trois
pierres empilées et d'une touffe de
poils ou incrustant un petit visage
d'albâtre dans la pierre, il produit
des figures originales, moins narratives. Les artistes inuits ont toujours
tiré profit des résidus de la chasse:
si Luke Anowtalik ramasse des bois
de caribou, Nick Sikkwark crée à
partir d'os, de poils, de bois et
d'arêtes de poisson des petites
figures insolites et drôles qui
renvoient aussi bien à l'esprit du
caribou qu'à celui du moustique.
D'un humour plus grinçant, les
sculptures de Judas UUulaq frappent
par leurs traiLs grimaçants et leurs
yeux exorbités.
LE SOUFFLE VITAL
On peut invoquer le caractère
naif et primitif de la sculpture inuite,
mais il est impossible de l'y réduire,
car chaque sculpture aboutie frappe
d'abord par sa capacité de synthèse.
Qu'est-ce qui donne à ces figures du
vivant une force et une aisance que
si peu d'artistes animaliers ont atteint
dans la sculpture occidentale?
Peut-être parce que la forme semble
toujours rester proche de l'élan
vital qui anime le sujet et complice
du réalisme sans s'encombrer de
ses résidus. Les jeux avec les textures
et les effets de couleur permis par
le matériau choisi ne versent pas
dans le décoratif. Bénéficiant d'une
présentation soignée, les œuvres
exposées forment autant de petites
leçons de sculpture. On peut lire
aussi plusieurs explications intéressantes sur les matériaux et les techniques utilisés. Le seul reproche
concerne le manque d'éclairage sur
l'évolution du contexte historique
et économique de la production
artistique des Inuits-de l'exploitation pure et simple de leurs talents
C I V I L I S A T I O N S
de sculpteurs pendant les périodes
du troc à leur accession à l'autonomie artistique au XXe siècle. D
Référence : La portée universelle de
l'art inuit Brousseau, Nicole Allard,
Vie des Arts, no.185, Hiver 2001-2002,
pp. 35-38.
Judas Ullulaq (1937-1999)
Uqsuqtuq, Kitikmeot (Nunavut)
Mère et enfant, 1998
Pyroxene et bois de caribou
Musée national des beaux-arts du Québec
Collection d'art inuit Brousseau,
Don de la Galerie Brousseau et Brousseau inc.
(2005.2492)
Photo: Paul Dionne
EXPOSITION
Exposition permanente
Musée national
des beaux-arts du Québec
Parc des Champs-de-Bataille
Québec
Tél.: 418 643-2150
1 866 220-2150
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