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Recherches et publications récentes autour de Vatican II

2023, Laval Theologique Et Philosophique

des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998.

Article « Recherches et publications récentes autour de Vatican II » Gilles Routhier Laval théologique et philosophique, vol. 53, n° 2, 1997, p. 435-454. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/401086ar DOI: 10.7202/401086ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Document téléchargé le 22 November 2016 04:08 Laval théologique et philosophique, 53, 2 (juin 1997) : 435-454 ♦ chronique RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II Gilles ROUTHIER Tout récemment, le Père Gustave Martelet donnait un titre suggestif à un petit ouvrage qu'il publiait dans la collection « Foi Vivante » : N'oublions pas Vatican II, écrivait-il. Cette préoccupation semble être partagée par plusieurs, si l'on en juge par le regain d'intérêt de la communauté scientifique pour Vatican II. Au cours des dernières années, on ne compte plus les initiatives des universités qui se consacrent à ce domaine de recherche. On constate la naissance de Centres de recherche, d'équipes ou de groupes de recherche et de projets de recherche voués à l'étude de Vatican II. Ici, les Belges ont exercé un leadership non négligeable dans la relance de la recherche. Cela n'est pas étonnant quand on connaît l'important rôle joué par les Belges à Vatican II1. La squadra belga1, suivant l'expression consacrée, a eu une influence déterminante sur les travaux conciliaires. Suivant une boutade qui circulait à l'époque, et que rapporte A. Wenger, « le concile œcuménique, est l'assemblée des évêques belges en présence de l'épiscopat du monde entier3 ». La fondation du Centre pour l'étude du Concile Vatican II à la Katholieke Universiteit te Leuven, au début de 1970, suivie de la mise sur pied du Centre Lumen gentium, à la Faculté de théologie de l'Université de Louvain-la-Neuve, ont donné une nouvelle impulsion à l'étude de Vatican II. Parallèlement, sous la direction de Giuseppe Alberigo, Ylstituto per le scienze religiose di Bologna poursuivait ses recherches entreprises dès les années 1970 sur le même sujet. On connaît bien l'excellent instrument de recherche qu'avait publié, en 1975, cet institut : Constitutionis Dogmaticae Lumen gentium. Synopsis historica. Au cours des années 1980, la recherche s'était poursuivie avec la publication de nouveaux instruments : les Indices verborum et locutionum decretorum concilii Vaticani II. On compte un tome de cette collection pour chacun des documents conciliaires. Ces travaux, centrés sur la recherche des sources et la publication d'instruments de recherche, préparaient les années à 1. Le Centre Lumen gentium SL constitué un fichier, encore provisoire, qui contient le nom de 135 Belges qui furent, de près ou de loin, engagés dans l'œuvre conciliaire. 2. C. SOETENS, « La "squadra belga" au Concile Vatican II », dans L. COURTOIS, J. PiROTTE, dir., Foi, gestes et institutions religieuses aux 19e et 20e siècles, Louvain-la-Neuve, 1991, p. 159-172. 3. A. WENGER, Vatican II. Chronique de la deuxième session, Paris, Centurion, 1964, p. 257. 435 GILLES ROUTHIER venir. La constitution d'équipes de recherche autour de ces trois centres posaient les assises d'une nouvelle phase de recherche sur Vatican II. La formation d'une nouvelle génération de chercheurs, l'accumulation d'une documentation impressionnante constituaient les éléments clés d'un renouveau des études autour de Vatican II. En 1988, lors d'une rencontre tenue à Paris, au début du mois de décembre, à l'initiative de G. Alberigo, un groupe d'historiens en provenance de trois continents (Europe, Afrique, Amérique du Sud) prenait la décision d'ouvrir une autre phase de la recherche sur Vatican II. Depuis, les choses se sont accélérées et la recherche sur Vatican II n'a pas cessé de s'élargir et de s'approfondir. Une vaste entreprise a été lancée : produire une histoire de Vatican II qui puisse « restituer avec fidélité l'histoire factuelle du travail conciliaire, mais aussi l'esprit et la démarche qui ont animé et caractérisé l'assemblée dans ses différentes phases ». Ce projet, qui adopte la perspective historicocritique, « envisage une reconstruction rigoureuse, c'est-à-dire fondée sur les sources et conduite selon les règles de la méthode historique, de l'événement conciliaire dans toutes ses dimensions ». Un projet d'une telle envergure devait faire appel à une équipe internationale de chercheurs et se développer sur plusieurs années. L'équipe coordonnée par le professeur Alberigo et rassemblée autour de ce projet est impressionnante. Plusieurs centres ou projets de recherche se sont directement associés à cette entreprise ou ont voulu coordonner leurs travaux respectifs à ceux de cette équipe internationale et pluridisciplinaire (historiens, théologiens et sociologues). Au Canada, depuis 1992, à la Faculté de théologie de l'Université Laval, un projet de recherche, soutenu par les Fonds FCAR et CRSH, étudie la contribution canadienne à Vatican II. Dans le sillage de ce projet de recherche d'envergure, les colloques se sont succédé (Leuven et Louvain-la-Neuve en 1989, Houston en 1991, Lyon en 1992, Wûrzburg en 1993, Louvain-laNeuve et Leuven en 1994, Moscou en 1994, Sâo Paulo en 1995 et Bologne en 1996) et de nombreux ouvrages ont été publiés. La présente chronique voudrait rendre compte des résultats des recherches en cours et des ouvrages publiés jusqu'ici. Les sources 1. Jan GROOTAERS, Claude SOETENS, dir., Sources locales de Vatican II. Symposium Leuven Louvain-la-Neuve, 23-25.X.1989, Coll. « Instrumenta theologica », 8. Leuven, Bibliotheek van de Faculteit der Godgeleerdheid van de K.U. Leuven, 1990, 97 pages. Ce petit ouvrage reprend les communications données au premier symposium réunissant les chercheurs associés au projet d'histoire de Vatican II, symposium tenu à Leuven et Louvain-laNeuve, en octobre 1989. Ce premier colloque s'intéressa aux sources locales sur lesquelles pourrait s'appuyer une histoire de Vatican II. La première présentation (A. Melloni, Bologne) fait état de quelques questions méthodologiques relatives au classement des sources. On y propose de standardiser les fichiers de classement d'archives en usage dans les différents centres de recherche de manière à faciliter les échanges entre les chercheurs. Viennent ensuite les communications qui font état du travail entrepris en France (A.-M. Abel et J.-P. Ribaut, p. 11-17), en Allemagne (K. Wittstadt, p. 19-32), en Belgique, aux Universités de Louvain-la-Neuve (C. Soetens, p. 33-37) et de Leuven (M. Sabbe, p. 39-45), aux Pays-Bas (J. Jacobs, p. 47-58), en Italie, à Ylstituto per le scienze religiose di Bologna (G. Alberigo, p. 59-66) et à Ylstituto Paolo VI di Brescia (R. Aubert, p. 91-93), en Grande-Bretagne (A. Stacpoole, p. 67-80), en Espagne (H. Raguer, p. 81-90) et en Afrique (F. de Medeiros, p. 95-97). 436 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II La lecture de cet ensemble nous conduit à quelques conclusions que je reprendrai brièvement : les archives conciliaires sont étonnamment riches et abondantes ; il devient urgent de se préoccuper de la localisation de ces archives, de leur conservation, de leur classement, de leur inventaire et de leur accessibilité ; l'Amérique du Nord (qui n'est pas représentée au moment de ce symposium) accuse un retard important dans ce travail. Contrairement à ce qu'on avait pu penser au moment du lancement d'un projet d'histoire de Vatican II qui s'appuierait sur une étude critique des sources, le matériau disponible aux chercheurs ne manque pas. Il est même très abondant. L'abondance des sources risque même de freiner l'avance du projet. Ces sources abondantes et nombreuses courent aujourd'hui le risque d'être dispersées ou bêtement détruites. En effet, la génération qui a fait Vatican II est en train de disparaître. Que deviennent alors les archives de ces personnes qui ont participé au Concile ? S'il n'y a pas, localement (au plan d'un pays, par exemple) de centre qui se préoccupe de rassembler ces sources et de les conserver, plusieurs documents, en particulier ceux des experts qui ne sont pas versés aux archives diocésaines, risquent de passer à la trappe et de disparaître définitivement. Ce travail de conservation est assuré, dans certains pays, en Belgique et en Italie notamment, où des universités ont pris l'initiative de sauver ce qui pouvait l'être, mais le pari est encore loin d'être gagné. La France a développé un modèle original : après une période de sensibilisation, une circulaire fut envoyée à tous les diocèses français, en décembre 1987, invitant les archivistes diocésains à se mettre au travail de manière à en arriver à dresser un inventaire des archives conciliaires déposées dans ces différents fonds diocésains. Après un an et demi, on touche déjà aux premiers résultats : soixante-dix-huit diocèses ont envoyé leur inventaire ou promis de le faire. En 1989, on entrait dans une deuxième étape, lançant un appel à tous les experts français à Vatican II, de manière à pouvoir localiser leurs archives. Force est de constater qu'on est loin d'être aussi avancé, au Québec, dans ce travail de recherche des sources. On ne dispose pas encore d'une liste complète des personnes qui, à un titre ou l'autre, ont participé au Concile. Depuis 1992, nous avons entrepris une enquête dans les différents diocèses du Québec. Ici, comme en France ou ailleurs, nous rencontrons plusieurs difficultés. Dans certains cas, on constate la disparition quasi définitive des archives conciliaires ou au moins de certaines pièces qui ont été détruites. C'est malheureusement le cas dans trop de diocèses. La mort d'un évêque ou son transfert sur un autre siège a souvent conduit à un « ménage » dans les papiers de l'évêque. Dans d'autres cas, on peut penser qu'il s'agit d'un « égarement », espérons-le provisoire, des archives conciliaires qui n'ont pas été laissées aux archives diocésaines. Par ailleurs, dans la plupart des cas, les archives ne sont pas classées et il arrive qu'elles soient mal entreposées ou mal conservées. Les archives diocésaines manquent certainement de moyens et les archivistes sont souvent débordés. À la Faculté de théologie de l'Université Laval, nous avons, depuis 1992, entrepris un travail de localisation, de conservation (de copies) et de classement et d'inventaires des archives conciliaires des évêques québécois. Ce travail est avancé, mais il reste encore bien des trous à combler. Déjà cependant, le corpus est impressionnant. Il faut maintenant songer à faire un travail semblable auprès des Québécois qui ont été experts au Concile. 2. Claude SOETENS, Concile Vatican II et Église contemporaine (Archives de Louvain-laNeuve). I. Inventaire des Fonds Ch. Moeller, G. Thils, Fr. Houtart. Coll. « Cahiers de la revue théologique de Louvain », 21. Louvain-la-Neuve, Publications de la Faculté de Théologie, 1989, 176 pages ; J. FAMERÉE, Concile Vatican II et Église contemporaine (Archives de Louvain-la-Neuve). II. Inventaire des Fonds A. Prignon et H. Wagnon. Coll. « Cahiers de 437 GILLES ROUTHIER la revue théologique de Louvain », 24. Louvain-la-Neuve, Publications de la Faculté de Théologie, 1991, 135 pages ; J. FAMERÉE, L. HULSBOSCH, Concile Vatican II et Église con­ temporaine (Archives de Louvain-la-Neuve). III. Inventaire du Fonds Ph. Delhaye. Coll. « Cahiers de la revue théologique de Louvain », 25. Louvain-la-Neuve, Publications de la Faculté de Théologie, 1993, 79 pages ; E. LOUCHEZ, Concile Vatican II et Église contempo­ raine (Archives de Louvain-la-Neuve). IV. Inventaire des Fonds J. Dupont et B. Olivier. Coll. « Cahiers de la revue théologique de Louvain », 29. Louvain-la-Neuve, Publications de la Faculté de Théologie, 1995, 131 pages. Les numéros 21, 24, 25 et 29 des Cahiers de la Revue théologique de Louvain sont consacrés à la publication d'inventaires d'archives conciliaires conservées au Centre Lumen gentium de la Faculté de théologie de Louvain-la-Neuve. Cela témoigne éloquemment de la qualité du travail poursuivi à ce Centre de recherche sur Vatican II entre 1989 et 1995, de l'abondance (plus de 4 000 pièces pour le Fonds Moeller seulement) et de l'intérêt des documents conservés dans ce fonds d'archives. En effet, même si ces inventaires ne concernent que les papiers de quelques periti belges et non ceux des Pères conciliaires eux-mêmes, ces pièces d'archives nous permettent d'arriver à une nouvelle compréhension des documents conciliaires dont la rédaction a été grandement influencée par la présence de ces experts. Ces instruments de recherche sont précieux, non seulement pour ceux qui s'adonnent à l'histoire de Vatican II, mais également pour les chercheurs qui s'intéressent à la théologie de Vatican II. À mon avis, on ne pourra plus, comme on l'a fait trop souvent, commenter les affirmations centrales de Vatican II sans recourir aux archives conciliaires, qui témoignent de leur motivation originale, qui nous en donnent une clé de compréhension et en orientent la lecture et l'interprétation. On ne pourra certainement plus faire d'études sur la collégialité épiscopale, sur le chapitre II de Lumen gentium ou sur les laïcs, sur la seule base des textes conciliaires ou à partir des seules discussions in aula déjà publiées dans les Acta. L'ajout de la référence aux rapports des différentes commissions en cours de publication dans les Acta ne suffira pas non plus. D'un point de vue plus local, ces inventaires ont un réel intérêt parce que des liens assez étroits unissaient les Belges et les Canadiens. Il faut rappeler que Philippe Delhaye enseignait également à Montréal au cours de cette période et que Léger était intervenu dans la nomination de Moeller et Delhaye à titre de peritus. On ne sera donc pas surpris de retrouver dans ces inventaires plusieurs pièces qui se rapportent aux évêques Léger, Roy, Baudoux, Pelletier, Hermaniuk, De Roo, Hacault, Cabana et aux experts canadiens qu'étaient Lafortune, Naud, Lambert, Baum, Dionne, De Koninck, Audet, etc. Cet apport documentaire n'est pas négligeable pour compléter les fonds d'archives canadiens. Le premier cahier présente des indications au sujet de la méthode et de l'ordre de classement adopté. Chacun des cahiers est introduit par une description des fonds inventoriés et par des notes bibliographiques des différents théologiens concernés. L'inventaire des fonds est complété par un index des noms des Pères et un autre des auteurs qui ne sont pas des Pères conciliaires. Malheureusement, ces index, indispensables à la recherche, ne reprennent pas tous les noms cités dans l'inventaire, mais seulement les noms des personnes qui sont l'auteur de la pièce archivée. Ainsi, on ne trouvera pas le nom de Léger, dans l'index, lorsqu'il s'agit d'une lettre de Delhaye à Léger. C'est là sans doute une limite qu'on ne peut que regretter. Enfin, ces inventaires, réalisés par Soetens, Famerée, Hulsbosch et Louchez, constituent également un éloquent témoignage au sujet de l'équipe de chercheurs, souvent des jeunes, réunis au Centre Lumen gentium. La recherche autour de Vatican II a donc une relève de qualité en Belgique. 438 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II 3. Lorella LAZZARETTI, Inventario dei Fondi G. Lercaro e G. Dossetti. Bologna, La documentazione bolognese per la storia del Concilio Vaticano II, 1995, 152 pages. Avec les Centres belges des Universités de Leuven et de Louvain-la-Neuve, Ylstituto per le scienze religiose di Bologna est certainement le fonds d'archives le plus important sur Vatican II. Depuis des années, les chercheurs de ce centre accumulent les documents d'archives dispersés à travers l'Europe. En 1995, l'Institut publiait un premier instrument de travail consacré à la documentation bolonaise, c'est-à-dire aux Fonds Lercaro et Dossetti, le premier étant de loin le plus important, avec 1 500 pièces. Chaque pièce d'archivé est inventoriée sur une fiche qui en indique d'abord la date, le lieu, l'auteur et le destinataire, son titre descriptif, le type de document et le dossier dans lequel il se trouve. Ce fichier informatique, de consultation facile par ordinateur, ne permet toutefois pas la même souplesse lorsqu'il est présenté sur un support papier. Ici, la présentation est chronologique. Il faut donc toujours consulter deux index avant d'avoir accès à la description de la pièce désirée. La publication de ce premier inventaire des sources conservées à l'Institut de Bologne en appelle probablement d'autres au cours des années qui viennent. En effet, en plus des inventaires déjà publiés, Ylstituto de Bologne a constitué un riche fonds d'archives conciliaires. Plusieurs inventaires sont déjà disponibles, sur support informatique à l'Institut. De plus, les chercheurs peuvent toujours recourir aux fonds privés qui ont été jusqu'ici localisés, mais dont les archives ne sont pas encore classées et inventoriées et dont l'accès est souvent limité. Une liste des fonds privés, mise à jour en 1994, a été constituée par Riccardo Burigana et est disponible à Ylstituto de Bologne. 4. Pierre LAFONTAINE, Inventaire des archives conciliaires du Fonds Paul-Emile Léger. Montréal, Éditions des Partenaires, 1995, 144 pages. Stimulée par la publication de quelques inventaires de fonds conciliaires, la Fondation Jules et Paul-Émile Léger acceptait, à notre initiative, d'entreprendre le classement des archives conciliaires du cardinal Léger et d'en publier l'inventaire. Ce fonds d'archives est important : 5,75 m de documents textuels et 3 275 pièces. Il s'agit probablement du plus important fonds d'archives conciliaires au Canada, bien que le Fonds Baudoux soit lui aussi considérable. Une introduction présente quelques notes biographiques du cardinal Léger, décrit brièvement sa participation aux travaux du Concile et donne quelques indications au sujet de la conservation de ce fonds d'archives, de son traitement, de son inventaire et de son accessibilité. Une chronologie de Vatican II et une bibliographie sommaire sur le cardinal Léger et son œuvre viennent compléter cette introduction. L'inventaire suit généralement le cadre qu'ont imposé les publications du Centre Lumen gentium : après la série personalia et generalia, toutes deux organisées suivant les phases conciliaires et l'ordre chronologique, vient la série documenta, la plus importante du reste, qui est divisée suivant les différents documents conciliaires soumis aux Pères ou adoptés par le Concile. Ici encore, la division interne de cette dernière série suit l'ordre chronologique. On n'a donc pas de mal à s'y retrouver. La date des différentes pièces apparaît, quand c'est possible de le faire ; le genre du document est généralement indiqué, de même que le nombre de pages de cette pièce. Les notifications relatives au lieu et à la langue du document — même si cela est souvent donné avec le titre — n'apparaissent toutefois pas. Une particularité intéressante : l'index onomastique ne contient pas seulement le nom des auteurs des documents contenus dans le fonds d'archives, mais également leur destinataire et, occasionnellement, entre parenthèses, les noms des personnes cités dans les documents inventoriés. Enfin, en annexe, nous trouvons la liste des interventions du cardinal Léger à la Commission centrale préparatoire et celles données in aula, au cours de la période conciliaire, avec leur référence dans les Acta. 439 GILLES ROUTHIER On le devine, le Fonds Léger est organiquement relié aux Fonds Naud et Lafortune. On regrette que la publication de l'inventaire du Fonds Léger n'ait pas été accompagnée de celle des Fonds Naud et Lafortune. Cela est indubitablement souhaitable et est sans doute à venir. Enfin, la consultation des règles d'accessibilité aux documents soulève quelques questions. Il est en effet pensable de limiter l'accès à certains documents qui contiennent des informations encore sensibles. On connaît actuellement une série de règles qui régissent les consultations. Parfois, on autorisera la consultation, sans autoriser la reproduction ou la citation des documents consultés. Les chercheurs professionnels peuvent vivre avec cette restriction. À d'autres moments, on interdira l'accès à quelques pages d'un document ou on biffera un passage ou l'autre dans les copies transmises. Cela est naturellement compréhensible. On regrettera, dans le cas présent, qu'on ait soustrait à la consultation l'ensemble du journal Léger. On sait que déjà quelques journaux de Pères conciliaires sont publiés (c'est le cas pour une large part du journal Betti), d'autres sont ouverts à la consultation. On pense aussi au journal Chenu qui vient d'être publié. Il serait dommage qu'on en arrive à une mauvaise compréhension de la participation de Léger à Vatican II à partir d'une information tronquée. Cela ne rendrait pas justice à l'homme et ne contribuerait pas à une connaissance en profondeur de sa contribution à Vatican II. Il faut donc souhaiter que cette position, qui a pour elle des motifs valables, soit, au moins partiellement, révisée. Heureusement, l'accès à son agenda annuel peut, en partie, combler cette lacune. 5. A.-M. ABEL, J.-P. RIBAUT, Documents pour une histoire du Concile Vatican IL Inventaire du Fonds Pierre Haubtmann. Paris, Institut catholique de Paris, 1992, 194 pages ; A.-M. ABEL, J.-P. RIBAUT, Documents pour une histoire du Concile Vatican II. Inventaire du Fonds Jacques Le Cordier. Paris, Institut catholique de Paris, 1993, 175 pages ; A.-M. ABEL, Documents pour une histoire du Concile Vatican II. Inventaire du Fonds Jean Streiff. Paris, Institut catholique de Paris, 1996, 115 pages. Anne-Marie Abel (archiviste à l'Institut catholique de Paris) est certainement le chercheur français qui a la meilleure connaissance des fonds conciliaires en France. Son nom est une référence dans ce domaine. Les inventaires qu'elle publiait en 1993, en collaboration avec ou sans la collaboration de J.-P. Ribaut (archiviste à l'Institut catholique de Lille) sont donc de bon niveau, quant à leur forme, qui suit les normes dans le genre. L'introduction présente quelques indications sur les fonds inventoriés. Suivent des éléments bibliographiques et des notes au sujet de la classification au moment de l'inventaire. Un index des noms propres permet une consultation facile de cet inventaire qui, après une série generalia, connaît une série pour chacun des documents conciliaires. À l'intérieur de chacune des séries, l'ordre chronologique est respecté. Les pièces sont clairement présentées : nom, date, type de document, etc. La publication récente de quelques fonds français indique l'activité de l'Institut catholique de Paris dans le domaine de la conservation des sources conciliaires. Même si son centre d'archives conciliaires n'a pas encore la même importance que ceux que nous retrouvons en Belgique et en Italie, il n'est pas négligeable non plus. La démarche entreprise en France, récapitulée par Mgr Giberteau dans l'introduction à l'inventaire du Fonds Haubtmann, est très suggestive et pourrait éventuellement inspirer quelque chose de semblable au Québec ou au Canada. Les travaux conduits à Lille sont également prometteurs. On se doute de l'intérêt du Fonds Liénart qui sera publié sous peu. On est heureux de voir la publication de l'inventaire du Fonds Haubtmann non seulement en regard du volume de ce fonds qui contient pas moins de 2 373 pièces, ce qui lui confère déjà une certaine importance, mais surtout en raison du fait que cet ancien recteur de l'Institut catholique de 440 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II Paris a joué un rôle déterminant dans la rédaction de Gaudium et spes. D'ailleurs, l'inventaire, divisé en deux parties, marque très bien le fait que la valeur et l'intérêt de ce fonds viennent avant tout de l'éclairage nouveau qu'il peut apporter à la connaissance de la rédaction de la Constitution sur l'Église dans le monde de ce temps. En effet, toute la dernière partie de l'inventaire, de loin plus volumineuse (1 345 pièces), porte exclusivement sur Gaudium et spes. On n'est évidemment pas surpris de trouver, dans l'index onomastique, le nom de bien des Canadiens, Pères et experts. En effet, le cardinal Roy (Québec) et ses experts (Lambert, De Koninck et Dionne) ont largement contribué à la rédaction de Gaudium et spes. Les documents du Fonds Haubtmann viennent donc heureusement compléter ce que nous trouvons dans les archives de l'archevêché de Québec. Le Fonds Le Cordier, évêque auxiliaire à Paris et premier évêque de Saint-Denis, est sans doute moins volumineux (1 677 pièces), mais il n'est pas négligeable non plus, surtout en raison du fait que Mgr Le Cordier a siégé à la Commission centrale à la quatrième session. D'après l'introduction de A.-M. Abel, le journal Le Cordier demeure le joyau de ce fonds. On notera toutefois d'autres points d'intérêt pour le chercheur, notamment les pièces 129-155, qui rassemblent les propositions et réactions du clergé de la banlieue parisienne sur différentes thématiques en discussion au Concile, en 1963. On n'a pas encore de travaux qui documentent l'enracinement dans les Églises locales des prises de position des Pères conciliaires. Cela est pourtant capital de montrer comment la conciliante de l'Église entière s'enracine dans la synodalité des Églises diocésaines. Autrement, le Concile n'est qu'une réunion d'évêques qui ne manifeste pas l'échange entre les différentes Églises. On a ici, comme dans plusieurs autres fonds, les éléments qui pourraient conduire à une telle étude. Le Fonds Streiff est sans doute moins important, quoiqu'il sera d'un réel intérêt pour l'étude d'Apostolicam actuositatem. En effet, Mgr Streiff, expert à Vatican II, était, en 1962, Secrétaire général de l'Apostolat des laïcs. Il s'est donc intéressé de près à l'élaboration de ce décret. À côté du Fonds Haubtmann, l'inventaire du Fonds Cordelier n'a sans doute pas la même importance pour l'étude de l'histoire de Vatican II. En plus de ces inventaires, et pour se donner une bonne idée des fonds conciliaires français conservés et inventoriés à l'Institut catholique de Paris, il faudrait aussi consulter celui qu'ont publié Anne-Marie Abel et Yves Marchasson, « Le Fonds Vatican II de Mgr Blanchet aux archives de l'Institut catholique », Revue de l'Institut catholique de Paris, 35 (1990), p. 205-223. La publication, sous forme d'articles, de certains inventaires (c'est également le cas de l'inventaire Jacques Denis dans L'Année canonique, 1991), certes moins importants, montre bien qu'on a tout de même avantage à trouver un moyen pour mettre à la disposition des chercheurs l'inventaire des fonds conciliaires localisés, classés et inventoriés. Ces publications, même modestes par rapport aux autres que nous avons recensées, sont d'un réel intérêt dans le cadre de ce travail à portée internationale sur les sources de Vatican IL * * * On ne pourrait compléter cette première section de notre chronique, qui s'intéresse aux sources de Vatican II, sans dire un mot des Acta Synodalia, dont la publication se poursuit au rythme irrégulier de quelques volumes par année. Leur nombre est déjà imposant et ces volumes contiennent une masse impressionnante d'informations. En plus de rapporter les discussions des Pères in aula, les derniers volumes rendent publics les comptes rendus des réunions des différentes commissions conciliaires, ce qui est de grande importance. 441 GILLES ROUTHIER Les Actes de colloque Il faut lire conjointement les deux ouvrages suivants, car ils sont tous les deux consacrés à des études portant sur les phases antépréparatoire et préparatoire de Vatican II, et reprennent une partie des communications offertes au symposium de Houston, en janvier 1991. Le premier est consacré à l'Europe et le second à l'Amérique latine. 6. M. LAMBERIGTS, C. SOETENS, dir., À la veille du Concile Vatican II. Vota et réactions en Europe et dans le catholicisme oriental. Coll. « Instrumenta theologica », 9. Leuven, Bibliotheek van de Faculteit der Godgeleerdheid, 1992, 277 pages. Le sous-titre délimite parfaitement l'objet du volume : Vota et réactions en Europe et dans le catholicisme oriental. Une grande partie de l'ouvrage (9 contributions sur 15) aborde la question des vota, surtout européens, au cours de la période antépréparatoire. Ainsi, K. Wittstadt analyse les vota de l'épiscopat bavarois (p. 24-37) ; C. Soetens, ceux de l'épiscopat belge (p. 38-52) ; E. Vilanova, les vota espagnols (p. 53-82) ; M. Velati, ceux des évêques italiens (p. 83-97) ; J. Jacobs, ceux de l'épiscopat néerlandais (p. 98-110) ; et P. Chenaux, ceux des évêques suisses. Seule la contribution de R. Morozo Delia Rocca nous entraîne en dehors de l'aire européenne en nous présentant les vota des Églises orientales. Une deuxième série d'articles vient compléter ce premier volet sur les vota. Elle s'intéresse plus directement cette fois aux vota des Facultés de théologie. M. Lamberigts (p. 169-184) analyse les propositions envoyées par les Facultés de théologie de Louvain et de Lovanium (Zaïre) alors que A. Riccardi propose une analyse des vota romani, ceux des universités romaines et ceux de la curie. Cette série d'analyses des vota, en plus de donner quelques indications méthodologiques propres à l'analyse des vota, nous fait également connaître l'état d'esprit des différents épiscopats européens, au moment de la convocation du Concile. On remarque que l'ensemble est assez diversifié. Plusieurs se situent dans le prolongement des courants du siècle dernier : souhait de nouvelles condamnations du monde moderne et de ses erreurs, désir de nouvelles définitions dogmatiques, spécialement dans le domaine de la mariologie. Ici, la perspective est défensive. On veut protéger et sauvegarder la doctrine. L'approche juridique et administrative domine. D'autres, au contraire, bien branchés sur les courants de renouveau qui traversent l'Église catholique, sont sensibles aux problèmes pastoraux de l'époque. Ils sont marqués par les perspectives ouvertes par le renouveau liturgique et biblique ; renouveau ecclésiologique fondé sur le renouveau patristique, le mouvement œcuménique, etc. Les positions sont même divergentes, à l'intérieur d'un même épiscopat. L'analyse des vota qui constitue la partie centrale de cet ouvrage collectif est précédée par les contributions de M. Velati sur le christianisme à la veille de Vatican II (p. 1-11) et de G. Alberigo, qui porte sur les critères herméneutiques pour une histoire de Vatican II (p. 12-23). La première contribution fait une synthèse des travaux accomplis aux symposiums de Louvain et de Houston. Quant à la seconde, elle dessine à grands traits et à titre d'hypothèse les critères d'interprétation qui pourraient servir aux rédacteurs de la synthèse sur l'histoire de Vatican II. Finalement, cet ouvrage se ferme sur quelques contributions qui s'intéressent aux mouvements de pensée au cours de cette phase préparatoire du Concile. É. Fouilloux présente les mouvements théologiques à l'œuvre dans l'Église catholique entre 1959 et 1962 (p. 185-199). S'inspirant d'un discours de Frings, prononcé en 1961, Fouilloux met côte à côte le mouvement mariai et le mouvement liturgique associé aux mouvements bibliques et patristiques. Suivant cet auteur, le mouve- 442 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II ment liturgique et œcuménique étaient mieux à même d'avoir du retentissement au Concile puisqu'ils allaient trouver des canaux efficaces (le Secrétariat pour l'unité et la Commission de la liturgie), à l'intérieur même des organes permanents du Concile, pour relayer leurs idées. Quant à P. Chenaux, il jette un regard sur l'évolution des positions du Conseil œcuménique des Églises à l'égard de l'entreprise roncallienne, au cours de la même période (p. 200-213). Celui-ci passe, en quelques mois, d'une attitude de méfiance à la bienveillance la plus totale. L'ouvrage se ferme sur les contributions de A. Melloni (p. 214-257), qui jette un regard sur les réactions des milieux gouvernementaux à l'annonce de Vatican II par l'analyse des archives des chancelleries de sept pays occidentaux. Pour sa part, J. Famerée fait le point sur l'état des fonds privés, spécialement en Europe (p. 258-268). 7. José Oscar BEOZZO, dir., Cristianismo e iglesias de America Latina en visperas del Vaticano II. Costa Rica, Departamento Ecuménico de Investigaciones, 1992, 216 pages ; José Oscar BEOZZO, A Igreja Latino-Americana as vésperas do Concilio. Historia do Concilio Ecu­ ménico Vatican II, Sâo Paulo, Paulinas, 1993, 235 pages. À deux exceptions près, le volume portugais reprend exactement le volume paru en espagnol, en 1992. Les contributions à cet ouvrage collectif reprennent également des communications données au symposium de Houston en 1991. Cet ouvrage est également dominé par l'analyse des vota (plus de la moitié du volume), que l'on retrouve dans la troisième partie du volume. Cette fois, il s'agit des souhaits formulés par les épiscopats ibéroaméricains. F. Mallimaci fait l'analyse des vota argentins (p. 97-120) ; M. Salinas considère ceux des évêques du Chili (p. 121-143) ; M. Durân Estragô aborde ceux élaborés au Paraguay (p. 145-152) ; J. Klaiber, présente ceux du Peru (p. 153163) ; I. Madera Vargas s'attarde aux propositions formulées par les évêques de la Colombie et du Venezuela (p. 165-177) ; J. Delgado, celles de l'Amérique centrale (p. 179-197) ; J. Garcia, celles de l'épiscopat du Mexique ; et, enfin, A. Lampe, celles des épiscopats des Caraïbes (p. 205-216). À cette série déjà longue, l'ouvrage portugais ajoute naturellement la contribution de LJ. Barauna, qui fait une présentation des vœux brésiliens (p. 146-177). Cet ensemble permet à la fois de dresser un panorama de la situation de ces différentes Églises locales à la veille de Vatican II, à travers leurs réactions et leurs vœux. Une impression générale se dégage, à la suite de la lecture de cet ensemble : on a massivement affaire à des Églises dont les évêques sont surtout préoccupés par la défense des positions acquises et qui semblent menacées par les erreurs du temps que sont le communisme, le protestantisme et le laïcisme. Corrélativement, le souci principal demeure la réaffirmation de la doctrine. Outre cette analyse des vota, cet ouvrage nous offre, dans sa première partie, la contribution de G. Alberigo, sur les critères herméneutiques, étude déjà publiée dans l'ouvrage européen qui faisait écho au Colloque de Houston, et la communication de L.J. Barauna (p. 33-46) qui fait état des archives conciliaires privées au Brésil. Cette contribution complète bien les communications données lors du premier symposium sur les sources locales de Vatican II. Enfin, la deuxième partie de l'ouvrage considère la situation de l'Église latino-américaine à la veille de Vatican II : vie chrétienne et société au Brésil (J.O. Beozzo, p. 49-81) et en Amérique centrale (G. Meléndez, p. 83-94). Mises en regard, ces situations semblent contrastées. Alors que le Brésil est marqué par une émergence des préoccupations socio-politiques, la vie chrétienne, en Amérique centrale, demeure fortement dépendante des influences étrangères. L'ouvrage portugais ajoute à cette section une brève contribution de G. Gutierrez (p. 41-45) sur la situation de la théolo- 443 GILLES ROUTHIER gie de ces deux continents, à la veille de Vatican II. Cela ne nous surprendra pas d'apprendre qu'elle était encore largement dominée par les orientations de la théologie européenne. * * L'examen de ces deux ouvrages issus du congrès de Houston nous amène à poser quelques remarques conclusives. On notera d'abord l'absence des contributions nord-américaines données à ce symposium pourtant tenu en Amérique du Nord. Il nous faut donc regretter que les contributions portant sur l'Amérique du Nord n'aient pas été publiées jusqu'à ce jour. On remarquera encore la pauvreté de la recherche sur Vatican II, au Canada, en 1991. Une seule contribution avait alors abordé la situation de l'Église canadienne à la veille de Vatican II. Espérons que le projet de recherche lancé en 1992, à l'Université Laval, permettra de combler cette lacune dans les recherches menées sur Vatican II, au Québec et au Canada. Souhaitons aussi que la tenue du Congrès de la Société canadienne d'histoire de l'Église catholique (octobre 1996) et le Séminaire international consacré à ce thème (novembre 1996) donneront une nouvelle impulsion à la recherche sur Vatican II dans notre pays. Mon autre remarque a trait à la période étudiée au cours du symposium de Houston : la phase antépréparatoire du Concile. Trop souvent, les études font commencer Vatican II en 1962, négligeant les phases antépréparatoire (1959-1960) et préparatoire (1960-1962). Cette occultation de ces trois années ne permet pas de mettre les choses en perspective et de mesurer le renversement intervenu en 1962 lorsque les Pères ont choisi de mettre de côté pratiquement tout ce qui avait été élaboré au cours des trois premières années. Négliger les trois premières années, c'est s'empêcher de voir le tournant que fait prendre le Concile. C'est aussi s'interdire de le lire dans sa dynamique propre. Si on peut l'enraciner dans les mouvements réformateurs qui ont marqué les années qui le précèdent, il n'en constitue pas moins une rupture par rapport aux thématiques, aux problématiques et aux manières de penser et de parler qui avaient dominé, dans l'Église catholique, au cours des siècles qui l'avaient précédé. 8. É. FOUILLOUX, dir., Vatican II commence... Approches francophones. Coll. « Instrumenta theologica», 12. Leuven, Bibliotheek van de Faculteit der Godgeleerdheid van de K.U. Leuven, 1993, 392 pages. C'est également dans la collection de la Faculté de théologie de Leuven que nous retrouvons les Actes du troisième symposium qui réunissait l'équipe de chercheurs intéressés au projet d'histoire de Vatican II. Après s'être intéressé aux sources (premier symposium) et aux phases antépréparatoire et préparatoire (deuxième symposium), ce troisième symposium (Lyon 1992) concentrait son attention sur la première session du Concile (du 11 octobre au 8 décembre 1962), même si l'attention aux deux phases précédentes n'est pas tout à fait absente. Comme le Colloque de Houston, l'étude d'une période conciliaire est associée à une aire géographique, ici, l'aire francophone. É. Fouilloux, de l'Université Jean Moulin, dirige le troisième ouvrage de cette collection. L'ouvrage se divise en quatre parties. La première s'attache surtout à décrire la situation qui prévalait, dans le monde et dans l'Église, au moment de l'ouverture du Concile. R. Frank situe Vatican II entre guerre froide et détente (p. 3-13), mettant bien en évidence le fait que la situation était plus propice à ce moment à la tenue d'un concile qu'elle ne l'était au moment où Pie XII y avait songé dans les années 1948-1951. Cette embellie n'en demeure pas moins fragile puisque la crise de Cuba, dix jours après l'ouverture du Concile, risquait de mener le monde à la guerre atomique. 444 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II Dans ce contexte, Vatican II, considéré comme événement universel de première grandeur, allait permettre à l'Église de s'insérer dans ce nouvel ordre international en train d'émerger. La contribution d'A. Riccardi sur la curie et l'Église au moment de l'ouverture de Vatican II (p. 14-27), souligne le fait que les travaux de la période préparatoire, marqués par les échanges entre les évêques et la participation des évêques diocésains au gouvernement central de l'Église, avaient déjà fait perdre un peu de rigidité au fonctionnement curial qui s'était imposé au cours du dernier siècle. R. Burigana, M. Paiano, G. Turbanti et M. Velati font quant à eux le point sur l'élaboration des textes envoyés aux Pères en 1962 (p. 28-53). Leur contribution rend compte des travaux de trois importantes commissions (théologie, liturgie, de l'apostolat des laïcs) et du Secrétariat pour l'unité au cours de la phase préparatoire. Enfin, G. Alberigo présente une analyse de l'élaboration du règlement conciliaire (p. 54-72), entre juin 1961 et juin 1962. La deuxième partie s'attache aux acteurs, pape et évêques. La communication d'A. Melloni présente l'activité de Jean XXIII au cours de la première session, depuis son discours inaugural jusqu'à l'intersession de l'été 1963 (p. 75-104). Cette étude examine donc, tour à tour, la mise en route du Concile par Jean XXIII au moment de son allocution Gaudet mater Ecclesia, véritable discours programme qui orientera de manière significative les travaux du Concile ; son intervention qui interrompt le débat sur le Defontibus (20 novembre) et la rédaction de sa lettre Pacem in terris. La deuxième étude, celle d'A. Duval (p. 105-118) analyse ce qu'on pourrait appeler l'acte trois (après le discours de Jean XXIII et l'élection des membres des commissions) de cette première session : le message au monde. Ici, ce n'est pas un évêque, mais un théologien, M.-D. Chenu, qui fait figure de leader. Deux contributions nous présentent les évêques français à l'œuvre. L. Perrin considère le travail de l'épiscopat français pris dans son ensemble. L'analyse des interventions écrites ou prononcées in aula par un membre ou l'autre de cet épiscopat met en relief une nette préoccupation missionnaire. Au-delà des interventions, on peut voir à l'œuvre cet épiscopat qui multiplie les contacts en vue d'établir une coopération inter-épiscopale, mais dont l'action commune est limitée en raison des lieux d'habitation dispersés, de l'inefficacité des réunions plénières et du manque de coordination des initiatives. H. Denis y va d'une approche plus anecdotique (p. 133-145). Son compagnonnage du cardinal Gerlier et de Mgr Villot l'amène à faire quelques commentaires sur le jugement sévère porté par les Français sur les textes préparatoires, sur la diversité d'orientation au sein de cet épiscopat, sur son souci pastoral et enfin sur la sensibilité des Français à l'égard de l'Église des pauvres. Par la suite, J. Famerée étudie l'épiscopat belge à partir de ses trois figures emblématiques : Charue, De Smedt et Suenens (p. 146-162). Cette contribution laisse surtout apparaître la continuité entre les vota présentés par ces évêques et les positions qu'ils tiendront au cours de la première session. Tout se trouvait déjà en germe dans les vota. Le climat favorable de la première session permettra une éclosion heureuse de ces pousses novatrices. Délaissant l'aire européenne, les deux dernières contributions de cette série nous introduiront à un autre espace francophone : l'Afrique. C. Prudhomme nous présentera les évêques d'Afrique noire anciennement francophone (p. 163-188), alors que C. Soetens analysera les contributions des évêques du Zaïre, du Rwanda et du Burundi (p. 189-208). Ces deux études indiquent que, si l'épiscopat africain ne s'est pas signalé de manière spéciale au cours de cette première session, son appui à la majorité n'a pas été négligeable pour la suite des événements. De plus, on remarque l'activité collégiale de cet épiscopat, au demeurant fort diversifié, et son affirmation progressive. La troisième partie de l'ouvrage met en scène d'autres acteurs : les journalistes, les observateurs non catholiques, les fidèles et les intellectuels catholiques. J. Grootaers, lui-même journaliste au cours de Vatican II, retrace l'évolution du service de presse pendant la période qui précède l'ouverture du Concile (p. 211-234). É. Fouilloux, pour sa part, surtout à partir des archives du Conseil 445 GILLES ROUTHIER œcuménique des Églises, dresse un profil des observateurs non catholiques suivant leur origine confessionnelle et géographique et distingue leurs réactions aux débats conciliaires en fonction de leur plus ou moins grande expérience des discussions œcuméniques (p. 235-261). Ces deux contributions laissent entrevoir le fait que la participation des observateurs non catholiques et que le travail des médias ont eu plus d'effets sur le déroulement du Concile qu'on serait d'emblée porté à le croire. Le Concile a été un événement public et, malgré le secret entourant ses débats, ce caractère public a infléchi son déroulement. Quittant les milieux romains, les deux dernières contributions tournent la lunette du côté de la réception du Concile. D. Belœil et M. Lagrée présentent l'attitude des catholiques bretons (Nantes et Quimper) à l'égard de Vatican II, à partir des mouvements d'Action catholique et de la presse (p. 262-274). On peut constater une évolution marquée, entre décembre 1961 et décembre 1962. Une nette amélioration de l'information sur le Concile et le retour des évoques dans leur diocèse, après la première session, permet aux catholiques d'avoir, en décembre 1962, une conscience plus exacte de ce qu'est le Concile. Enfin, P. Chenaux fait état de l'« entrée en concile » des intellectuels français. Son analyse adopte trois plans d'observation : les individus (Maritain et Gilson), les institutions et les revues. Si l'on en juge à partir du dossier qui nous est présenté, il s'agit d'une très lente « entrée en concile », même si Maritain avait pu assister, dès 1962, à quelques sessions in aula. D'après Chenaux, ce n'est qu'en 1965-1966 que les intellectuels français emboîteront véritablement le pas. La quatrième partie de l'ouvrage s'intéresse aux débats de la première session eux-mêmes. Il revient à un témoin, A.G. Martimort, de traiter du débat assez serein sur la liturgie (p. 291-394), débat qui aboutira à l'approbation définitive de ce schéma, lors de la dernière congrégation générale. Les schémas élaborés par les commissions préparatoires n'auront cependant pas tous le même succès. R. Ruggieri relatera les débats assez âpres autour du Defontibus (p. 315-328). Ce débat assez bref (7 jours), n'en sera pas moins déterminant pour l'orientation que prendra Vatican II par la suite. L'A. souligne pertinemment que l'allocution inaugurale de Jean XXIII constitue une référence importante dans ce débat et départage les positions entre ceux qui souhaitent une manière plus pastorale d'aborder la question de la Révélation et ceux qui veulent s'en tenir à un point de vue doctrinal. On peut croire cependant qu'on n'était pas encore parvenu à une synthèse théologique équilibrée entre ces deux dimensions, renvoyant à la pastorale la présentation de la doctrine et réservant à la dimension doctrinale tout ce qui touche à la substance de la doctrine. On réfléchit encore sur la base d'une dichotomie entre le fond et la forme. Les deux dernières contributions de cette partie indiquent pertinemment que le déroulement du Concile ne peut se réduire aux discussions en congrégations générales ou aux travaux en commissions. J.A. Komonchak s'intéresse pour sa part au débat initial sur l'Église (p. 329-352). De son point de vue, ce ne sont pas tant les interventions des évêques in aula que les démarches entreprises, dès les premiers mois, afin de présenter un texte alternatif au schéma élaboré par la commission préparatoire, qui détermineront la suite. Parmi les options offertes, le texte alternatif de G. Philips s'est avéré être le plus influent, notamment parce qu'il constituait un compromis qui intégrait tout ce qui pouvait encore l'être, des schémas élaborés par la commission préparatoire. Finalement, J.A. Brouwers fait écho aux activités conciliaires en coulisses au cours de la première session (p. 353-368). L'A. relate principalement les circonstances entourant la distribution aux Pères conciliaires, dès le mois d'octobre et à la demande des évêques hollandais, des commentaires des schémas préparatoires rédigés par E. Schillebeeckx, au mois d'août précédent. Les démarches et les rencontres qui ont accompagné cette distribution, de même que les contacts occasionnés par la constitution des listes en vue des élections, ont conduit à la constitution d'un regroupement des secrétaires des conférences épiscopales. Parallèlement, des évêques représentants 22 conférences épiscopales allaient se rassembler, sur une base régulière. 446 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II En conclusion, R. Rémond livre ses impressions sur le déroulement de Vatican II à partir de ses observations et ses souvenirs d'historien (p. 371-379). L'ouvrage est complété d'un index des noms propres qui en fait un instrument de travail intéressant pour les chercheurs. On retrouve le nom de quelques canadiens (Léger, Roy, Baudoux, Baum, etc.). C'est dire que la contribution des francophones du Canada n'était pas absente, au moment de cette première session. Léger a certainement joué un rôle important, dans les discussions sur le message au monde et sur le dénouement dramatique de l'impasse sur le Defontibus. On ne peut non plus négliger la pétition qu'il rédigeait en août 1962, pétition de 12 pages qu'il adressait à Jean XXIII et signée par sept cardinaux4. Quant à Baudoux, il était au nombre des premiers participants à la réunion de l'interconférence, en 1962. De notre point de vue, il est regrettable qu'un symposium consacré aux approches francophones se soit limité à l'aire européenne et à son extension africaine, négligeant ainsi les francophones d'Amérique. Les recherches actuelles, à l'Université Laval, sur la participation des francophones du Canada à la première session de Vatican II indiquent le caractère non négligeable de ces contributions. Monographies La synthèse attendue sur l'histoire de Vatican II commande la constitution de nombreuses monographies sur des points particuliers de cette histoire. Le premier volume de cette histoire — déjà paru en italien, en anglais et en allemand — qui doit compter cinq tomes, porte sur les phases antépréparatoire et préparatoire. Il n'est donc pas surprenant que les symposiums du groupe de recherche aient porté jusqu'ici sur les faits entourant ces périodes qui couvraient les années 1959-1962. En plus de ces rencontres de travail, l'activité des chercheurs a donné lieu à la publication de monographies qui venaient éclairer l'un ou l'autre point particulier de ces deux premières phases du Concile. Ces monographies sont toutes publiées à Genova, dans la collection « Textes et recherches de sciences religieuses » et constituent des travaux de l'équipe de chercheurs de Yhtituto bolonais. Cela indique déjà la vitalité de ce centre de recherche. 9. Antonino INDELICATO, Difendere la dottrina o annunciare PEvangelo. Il dibattito nella Commissione centrale préparatoria del Vaticano II. Coll. « Testi e ricerche di scienze religiose », 8. Gênes, Marietti, 1992, 346 pages. L'étude de la phase préparatoire de Vatican II a longtemps été négligée. En effet, sauf le schéma sur la liturgie, tous les schémas qui avaient été élaborés par les différentes commissions au cours de cette période avaient été mis de côté au cours de la phase conciliaire. On avait fini par croire que ce qui avait été fait au cours de cette phase préparatoire était sans signification et qu'une recherche portant sur les travaux de cette période était sans pertinence. C'était d'une part sousestimer le fait que les sept sessions de la Commission centrale préparatoire, dont le travail s'étale sur un an, allaient constituer, comme le souligne l'A., un « laboratoire expérimental » (p. 334-339) fort important qui préparait ce qui allait venir. En effet, c'est au cours de ces travaux qu'allait progressivement se vivre une première expérience de collégialité entre les évêques et se définir une nouvelle dynamique entre la curie et les évêques ayant charge de diocèses. Ces derniers, plus proches des préoccupations nouvelles qui traversaient la vie des Églises, faisaient émerger les préoccupations pastorales qui devaient par la suite rentrer en force au Concile. C'est également au cours de cette année (juin 1961 - juin 1962) de travail que s'élaborait progressivement la conception de ce 4. Voir notre article sur le sujet : « Les réactions du cardinal Léger à la préparation de Vatican II », Revue d'histoire de l'Église de France, LXXX, 205 (1994), p. 281-302. 447 GILLES ROUTHIER qu'allait être le futur Concile. À cet égard, les interventions de Jean XXIII, qui présidait chacune des sessions de la Commission centrale, allaient être décisives (voir, par exemple, p. 8-11 ; 52 et suiv.). Les tensions qui allaient marquer la phase conciliaire sont déjà présentes au cours des travaux de la commission centrale préparatoire : tensions entre une orientation juridique et disciplinaire des schémas et leur orientation plus pastorale ; tension entre les positions de la Commission théologique et celles du Secrétariat pour l'unité des chrétiens (p. 290-313) ; etc. En effet, la plupart des textes proposés à l'examen de la Commission centrale sont de facture juridique et traitent le plus souvent de problèmes disciplinaires mineurs : discipline du clergé, des évêques et des religieux (p. 91-103 ; 147-170 et 277-284) ; discipline des sacrements (p. 132-137) ; etc. Vatican II allait-il adopter une approche disciplinaire et juridique ou allait-il opter pour une approche pastorale des questions ? La présentation du schéma sur la liturgie, à la cinquième session, constitue une rupture et propose une alternative au ton juridique et disciplinaire que l'on trouve dans les autres schémas soumis à l'examen de la Commission centrale. Pour la première fois, on a entre les mains un schéma qui sait allier de façon cohérente préoccupations pastorales et vision théologique renouvelée au contact des sources. L'A. a raison d'intituler ce chapitre « Le schéma sur la liturgie, modèle pour les textes conciliaires » (p. 171-198). On sait que, contrairement à l'approche majoritairement juridique des schémas de la phase préparatoire, Vatican II opérera un recadrage en optant pour une approche pastorale des questions qu'il discutera. Le titre de l'ouvrage d'A. Indelicato, Difendere la dottrina o annunciare l'Evangelo, met en lumière une autre tension caractéristique de la période préparatoire et que l'on retrouvera au cours de la phase conciliaire. Les titres des chapitres deux : « Les condamnations de Pie XII comme critères dans le choix des experts », trois : « Un Concile pour défendre le dogme et la vérité », et quatre : « Contre les erreurs internes de l'Église », qui analysent les débats des trois premières sessions, reflètent la même tension entre une perspective défensive et une autre plus ouverte à la relance de la mission de l'Église dans le monde contemporain. Ici également, c'est l'idée que l'on se faisait du projet conciliaire qui était en cause. On sait à quel point cette tension allait se manifester au cours des débats conciliaires, spécialement au moment des discussions sur le Defontibus revelationis. Là encore, Vatican II fera un choix, s'orientant résolument dans la voie que lui proposait Jean XXIII lors de son allocution d'ouverture. On sait que cette tension était déjà bien identifiée dans la supplique que Léger adressait à Jean XXIII au mois d'août 1962. À la lumière de tous les schémas soumis à la Commission centrale préparatoire, on n'est pas surpris de constater que, dès le début du Concile, on ait dû avancer un plan des travaux qui soit en mesure d'ordonner toute cette matière qui paraissait sans ordre. Autrement, le Concile lui-même risquait d'être enterré sous « une avalanche de matériel », pour reprendre le titre du chapitre sept. On pourrait regretter qu'A. Indelicato n'ait pu travailler qu'à partir des sources publiées dans les Acta entre 1965 et 1968. La seule maîtrise de cette abondante documentation constituait déjà un défi de taille. Sans doute qu'un élargissement des sources nous permettra d'en arriver à une compréhension plus fine de cette période du Concile. Il n'en demeure pas moins que son ouvrage demeure actuellement un point de passage incontournable pour les chercheurs qui voudront étudier la phase préparatoire de Vatican II. Cet ouvrage, loin d'épuiser les études sur la phase préparatoire, ni même sur les travaux de la Commission centrale au cours de cette période, incitera les chercheurs à examiner de plus près cette période du Concile trop souvent négligée. À titre d'exemple, il serait intéressant d'étudier de plus près les interventions des cardinaux canadiens (Léger, Bernier, 448 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II Me Guigan) à cette Commission5. À première vue, il ne fait aucun doute que la position de Léger a considérablement évolué au cours de cette période. On pourra ainsi être mieux en mesure de documenter l'évolution de leur pensée au cours de ces années conciliaires. 10. Giuseppe ALBERIGO, Alberto MELLONI, Verso il concilio Vatican II (1960-1962). Passaggi e problemi délie preparazione conciliare. Coll. « Testi e ricerche di scienze religiose », 11. Gênes, Marietti, 1993, 503 pages. Ce second ouvrage rassemble dix contributions qui s'intéressent également à la préparation du Concile. La première contribution, de G. Alberigo (p. 15-42) se concentre sur les moments cruciaux de la phase antépréparatoire. Au nombre de ceux-ci, il retient l'institution de la Commission antépréparatoire et la nomination à sa présidence de D. Tardini, alors Secrétaire d'État ; la genèse du motu proprio Superno Dei nutu, instituant les commissions préparatoires, qui correspondaient chacune à une congrégation curiale, et le choix des thèmes abordés. Tout risquait de conduire à « une préparation romaine d'un Concile universel », suivant le sous-titre de la page 30. A posteriori, on peut observer que ces choix ont eu pour effet de créer une nouvelle dynamique à trois pôles : pape, assemblée conciliaire et curie romaine. Par la suite, A. Indelicato présente une analyse quantitative, accompagnée de tableaux, de la composition des commissions préparatoires (p. 43-66). On n'est pas surpris d'observer la présence marquée des Européens et une participation non moins importante des religieux, souvent associés aux universités. Quelques chiffres illustreront cette affirmation : on retrouve, au total, 22 Canadiens dans les commissions préparatoires, contre 319 membres œuvrant au Vatican et 636 Européens. Il reprend également ce qu'il avait développé dans son ouvrage au sujet des critères de sélection des membres des commissions : le fait de ne pas avoir professé les opinions réprouvées par Pie XII dans Humani generis. L'étude de M. Paiano (p. 67-140) retrace, depuis la première session plénière jusqu'au schéma final, les travaux de la Commission préparatoire de la liturgie, reconstituant spécialement Y iter du premier chapitre. Elle met bien en relief le fait que la participation active des fidèles apparaît comme la finalité de la réforme liturgique. Cette idée centrale permettra d'arriver à la rédaction d'un schéma organique et cohérent. S'adossant sur les grandes impulsions du mouvement liturgique, la Commission a pu arriver à un schéma qui exprimait les convergences auxquelles étaient parvenus les membres de la Commission qui n'en avaient pas moins des orientations différentes. L'exposé de R. Burigana (p. 141-206) veut reconstituer, à partir des travaux de la Commission théologique, le projet dogmatique soutenu par la majorité des membres de cette commission. Après avoir esquissé l'orientation de la théologie à la veille du Concile, présenté la physionomie, l'organisation et les différentes périodes de travail de la Commission, et fait état des discussions préliminaires au sujet de l'ordre du jour et du nombre des schémas à préparer, l'A. analyse chacun des schémas élaborés par la Commission théologique. C'est de cette analyse qu'il tire le projet dogmatique de la Commission, faisant clairement ressortir que celle-ci, fortement appuyée par le Saint-Office, se cantonnait dans une position défensive, refusant tout changement. Elle se proposait en somme de compléter le Magistère pontifical, depuis Vatican I — spécialement celui de Pie XII — et de faire barrage à toutes les erreurs présentes dans l'Église et le monde moderne. Dans la suite, G. Turbanti fait état du travail de trois sous-commissions mises sur pied en vue de rédiger un schéma sur l'apostolat des laïcs (p. 207-271). La première devait s'occuper des notions générales et a ainsi été conduite à traiter de l'apostolat des laïcs et de l'Action catholique. Une approche plus juridique que théologique l'a toutefois amenée à considérer l'apostolat des laïcs en fonction de sa plus ou moins grande dépendance par rapport à la hiérarchie 5. Une étude semblable a été faite dans le cas de G.B. MONTINI, Intervenu nella Commissione Centrale Preparatoria del Concilio Ecumenico Vatican //, Brescia, Istituto Paolo VI, 1992, 328 p. 449 GILLES ROUTHIER plutôt que d'emprunter les voies offertes par la réflexion sur le laïcat développée au cours du demisiècle qui a précédé Vatican II. La seconde sous-commission devait traiter de l'action sociale. Des tendances divergentes au sein de la sous-commission (celle du groupe romain représenté par Mgr Pavan et celle du groupe allemand représenté par Hirschmann) l'ont conduit à se poser des problèmes de fond et à avancer une position cohérente, notamment sur la question de la relative autonomie des laïcs en matière sociale et en particulier sur la question du syndicalisme catholique. La troisième sous-commission, qui devait plancher sur l'action caritative, n'aboutit qu'à des généralités, en raison surtout de sa méthode de travail qui a eu pour effet de réduire considérablement les discussions sur les problèmes qui lui étaient soumis. On peut le deviner, l'assemblage de textes élaborés de façon si peu coordonnée ne pouvait pas donner grand résultat. Le schéma issu des textes offerts par ses trois sous-commissions qui ne dépendaient pas d'une congrégation romaine n'était ni cohérent ni organique. M. Velati centre sa contribution sur les travaux mis en chantier par le Secrétariat pour l'unité des chrétiens au cours de la phase préparatoire (p. 273-350). Le Secrétariat n'avait pas, au cours de cette période, le même statut que les commissions préparatoires, ce qui explique le peu de considération accordée aux propositions formulées par les différentes sous-commissions qu'il coordonnait. On se souvient que par la suite, au cours du débat conciliaire sur le Defontibus, on reprochera à la Commission de théologie de ne pas avoir tenu compte de ses suggestions. Pour l'instant, la production impressionnante et originale du Secrétariat, sur diverses questions — l'œcuménisme, la liberté ou la tolérance religieuse, les Juifs, l'Écriture et son rapport à la tradition, l'Église (collégialité et primauté ; sacerdoce commun des fidèles ; membres de l'Église), etc. — est demeurée marginale par rapport aux travaux menés dans les autres commissions préparatoires. Les propositions extraites des vota et rattachées à l'activité pastorale ou à la cura animarum (gouvernement des diocèses, formation et vie du clergé, paroisse, peuple fidèle, etc.) sont traitées par M. Guasco (p. 351-395). De son côté, G. Butturini aborde la question du schéma sur les missions. Il reprend d'abord les grandes tendances qui caractérisent le renouveau missiologique au cours des années 1950, renouveau caractérisé par la conscience du caractère missionnaire de l'Église, de l'interrogation sur la nécessité des missions et par la problématique de l'adaptation. G. Butturini s'interroge ensuite sur le sort réservé à ces différentes tendances dans les vota transmis à la commission antépréparatoire en 1960. L'investigation qu'il mène lui fait découvrir une nette convergence sur ces trois sujets. La dernière partie de ce chapitre a trait à l'histoire rédactionnelle du schéma sur les missions. L.C. Marques retrace pour sa part le développement du schéma sur la rénovation de la vie religieuse à partir des vota et consilia jusqu'à l'ouverture du Concile. L'étude de ce parcours conduit l'A. à dégager les grandes thématiques entourant cette question (le pouvoir des évêques à l'endroit des religieux ; l'organisation juridique de la vie religieuse et l'activité des religieux en pays de mission), la composition de la commission préparatoire qui va traiter de cette question (la plupart de ses membres habitent à Rome) et le travail de cette commission (méthode et activité). Tout cela conduira à un schéma à la fois disciplinaire et doctrinal sur la vie religieuse. Sur la base de toutes ces études, A. Melloni tente de dégager quelques conclusions sur les travaux des commissions préparatoires (p. 445-482). Le parallélisme observé entre les organismes curiaux et les commissions préparatoires n'est pas strict. Ainsi, les Commissions mixtes, le Secrétariat pour l'unité et la Commission pour l'apostolat des laïcs font figure de corps étranger dans cet ensemble. Quant au choix des thèmes, fait à partir d'une analyse synthétique des vota, il permet de faire réapparaître un cadre juridique qui était absent du questionnaire envoyé aux évêques en 1959. Le cadre et la méthode de travail détermineront également le résultat obtenu au cours de cette phase conciliaire. La présence massive des membres romains, qui se réunissent parfois seuls, le manque 450 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II de coordination entre les différentes sous-commissions et l'incapacité de concevoir un nouveau type de Concile et de travailler à la préparation de documents qui empruntent une autre direction que la condamnation des erreurs et la défense de la doctrine : autant de facteurs qui grèveront ce travail préparatoire. L'ouvrage, déjà volumineux, est complété par un précieux index onomastique et par une liste de fonds d'archives consultés au moment de cette reconstruction historique des travaux des commissions préparatoires. Cet appel aux fonds d'archives s'avère de première importance et donne toute sa valeur à ce travail qui ne s'appuie pas seulement sur la documentation officielle déjà publiée dans les Acta, mais sur des sources inédites qui nous permettent d'avoir une vue d'ensemble plus pénétrante des travaux des commissions préparatoires. Cela ne constitue certes pas le dernier mot sur cette période, mais cet ouvrage fait considérablement avancer la recherche. 11. Giuseppe ALBERIGO, Il Vaticano II fra attese e celebrazione. Coll. « Testi e ricerche di scienze religiose », nuova série, 13. Bologna, Il Mulino, 1995, 250 pages. En introduction, cet ouvrage reproduit sensiblement la communication — déjà publiée en français, espagnol et portugais — qu'avait donnée au symposium de Houston G. Alberigo sur les critères herméneutiques à mettre en œuvre dans une histoire de Vatican II (p. 9-26). Par la suite, G. Butturini examine la question de la mission à partir des vœux et des suggestions des évêques au moment de la consultation de l'épiscopat au cours de la phase antépréparatoire (p. 29-74). Les préoccupations des épiscopats occidentaux (Europe, Amérique du Nord, Australie) se portent sur la catholicité de l'Église qui conduit à envisager la mission dans la tension entre l'incarnation de l'Église dans tous les lieux et la transcendance de l'Église par rapport à toutes les nations et à toutes les cultures. Ces évêques ont également conscience du caractère essentiellement missionnaire de l'Église et de la nécessité de l'Église au salut. Les épiscopats missionnaires (Asie, Afrique et Amérique latine) ont des préoccupations sensiblement différentes. Les évêques orientaux et asiatiques sont préoccupés par les problèmes sociaux, les questions de la culture et des rites. De son côté, l'épiscopat africain est plus sensible aux réalités politiques qui demeurent en toile de fond de toutes leurs interventions : nationalisme, indépendance, racisme, etc. Les problèmes reliés à la culture (l'adaptation à la réalité africaine, notamment dans le domaine liturgique) viennent en second lieu. Enfin, les problèmes ecclésiologiques pointent également dans leur vota : collégialité épiscopale, rôle des églises locales, unité dans la diversité, etc. L'épiscopat latino-américain soulève de nombreuses questions : les problèmes de la justice côtoient ceux plus immédiatement ecclésiaux ou pastoraux (restauration du diaconat permanent, langue liturgique, privilèges des sociétés missionnaires, problèmes relatifs au clergé). L'ensemble de ces vota fournissait un matériel volumineux à la Commission chargée de rédiger un schéma sur les missions. M. Velati concentre son étude sur la naissance du Secrétariat pour l'unité des chrétiens (p. 75-118). De manière à comprendre la portée et la signification de la décision de Jean XXIII, en mars 1960, de créer un Secrétariat pour l'unité des chrétiens, M. Velati reprend les choses de plus loin, survolant à grands traits l'évolution contemporaine du mouvement œcuménique et plus spécifiquement de l'œcuménisme catholique, spécialement de l'activité de la Congrégation pour l'Église orientale. De manière plus précise encore, il retrace le cours des événements à partir de 1959, spécialement sur la base des archives de C. Dumont. Une place importante est faite à l'incident de Rhodes, le 21 août 1960, dans ce cheminement tortueux vers la création du Secrétariat, qui avait pour effet de soustraire au Saint-Office la juridiction sur des questions qu'il considérait comme lui appartenant. A. Melloni propose une longue et intéressante étude (p. 119-192) sur les revues et l'information religieuse dans la préparation du Concile (1959-1962). Il aborde tour à tour les conférences, les livres, les revues des mouvements et les périodiques (de langue française, anglaise, allemande, latine, italienne, espagnole, portugaise) 451 GILLES ROUTHIER dont la tenue ou la publication ont pu avoir un impact dans la préparation du Concile. Cette contribution m'est apparue très suggestive et ce travail correspond parfaitement à un des chantiers mis en œuvre à l'Université Laval dans le cadre de notre recherche sur Vatican II et le Québec des années 1960. Un inventaire des articles publiés dans les revues des mouvements et des périodiques de théologie nous permet de mieux mesurer la situation de l'Église du Québec à la veille de Vatican II. Enfin, G. Alberigo pose le problème de la direction du Concile en retraçant l'évolution des organes directeurs de Vatican II (p. 193-238). Tour à tour, il examine la direction du Concile au cours de la première session caractérisée par un difficile rodage ; l'intersession au cours de laquelle la Commission de coordination nouvellement mise sur pied réussit à reprendre en main la direction du Concile et à unifier le travail conciliaire ; et finalement, les trois dernières sessions, après que la modification du règlement conciliaire par Paul VI soit venue réarticuler le rapport entre les différents organismes grâce à l'ajout des modérateurs dont le rôle sera capital. Cet ouvrage est lui aussi complété par un index onomastique, ce qui permet au chercheur d'y naviguer à l'aise. Les revues Il serait trop long de rendre compte des articles spécialisés faisant état de la recherche actuelle sur Vatican II et publiés dans les revues scientifiques au cours des dernières années. Je me bornerai donc à rendre compte d'un numéro thématique entièrement consacré à la recherche sur Vatican II, quitte à énumérer quelques autres articles publiés récemment, sans toutefois en offrir un compte rendu. Cela aura l'avantage de fournir aux chercheurs les repères bibliographiques essentiels à leur recherche. 12. Cristianesimo nella storia. Vol. XIII, n° 3, ottobre 1992, p. 473-641. Un numéro complet de la revue bolonaise Cristianesimo nella storia a été récemment consacré à l'histoire de Vatican II. En ouverture, A. Melloni et G. Alberigo présentent ce projet d'histoire de Vatican II (p. 473-474), soulignant qu'une telle étude critique s'avère nécessaire, au-delà des positions polémiques qui ont caractérisé une phase de la réception du Concile. Une telle reconstruction historique, rendue possible en raison de l'abondance des sources, adopte le point de vue suivant lequel Vatican II se présente comme un événement multidimensionnel qui n'est pas réductible à un modèle institutionnel et ne saurait s'identifier à un ensemble de documents ou de décisions. L'étude critique de Vatican II renvoie directement à la question des sources. A. Melloni présente donc une typologie des sources pour l'étude de Vatican II (p. 493-514), Concile d'un type particulier en raison du nombre considérable des participants dispersés sur les cinq continents, Concile qui engageait même la présence de chrétiens non catholiques. Dans ces circonstances, il ne faut pas recourir simplement aux archives officielles qui, suivant la volonté de Paul VI, sont progressivement éditées, mais s'intéresser particulièrement aux fonds privés qui sont nombreux et complémentaires. La contribution magistrale d'É. Fouilloux (p. 515-538) tente de resituer Vatican II sur l'horizon du catholicisme au xx e siècle. Au-delà des documents qu'il a produits, l'auteur s'intéresse à l'événement conciliaire qui, s'il présente quelque continuité avec les mouvements réformistes encore limités de la fin des années 1950, marque surtout une rupture ou un renversement des positions traditionnelles du catholicisme face à la modernité. L.A.G. Tagle s'efforce pour sa part de replacer Vatican II dans l'« espace monde » qu'il impliquait. Marqué fortement par le monde européen, Vatican II est aussi redevable à une large participation non européenne : Afrique, Asie, Amérique du Sud. Il faudrait ajouter également l'Europe de l'Est et l'Amérique du Nord qu'il ne faut pas trop vite assimiler à l'Europe. Le débat sur la liberté religieuse l'illustrera puissamment. Il faut ajuste 452 RECHERCHES ET PUBLICATIONS RÉCENTES AUTOUR DE VATICAN II titre analyser avec précision la participation de tous les membres de l'Assemblée conciliaire qui s'est avérée une assemblée mondiale d'une grande envergure. Il faut toutefois noter qu'à ce chapitre, Vatican II ne constitue qu'un point de départ dans ce qu'il est convenu d'appeler l'émergence des Églises locales, lesquelles ne s'affirmeront vraiment que dans la suite. Parcourant les quatre sessions du Concile, G.P. Fogarty étudie le déroulement de Vatican II en s'intéressant particulièrement aux tournants ou aux évolutions qu'on y trouve. Il montre que l'intervention du pape a souvent constitué un facteur d'évolution dans les débats et que Vatican II, s'il n'a pas défini de nouvelles doctrines, a nettement contribué à faire évoluer la théologie catholique. L'étude de J.W. O'Malley (p. 585-591) aborde une question souvent ignorée : les formes littéraires utilisées par Vatican II. La fin pastorale du Concile lui a fait adopter une façon de s'exprimer qui est en rupture par rapport à celle adoptée par les conciles antérieurs. Cette manière de s'adresser à ses interlocuteurs est homogène, non seulement avec la fin pastorale de Vatican II, mais également avec une nouvelle appréhension de ce que signifie être ensemble en Église. Dans la même ligne, G. Alberigo tente de situer Vatican II par rapport à la tradition conciliaire de l'Église (p. 593-612). Cette inscription de Vatican II à l'intérieur de cette tradition qui rassemble déjà des formes variées d'actualisation du génie conciliaire, en fait ressortir encore davantage l'originalité en raison de ses nombreux traits particuliers : convocation, les buts et les objectifs qu'il poursuit, modalités de sa préparation, dimensions et composition de l'assemblée conciliaire, présence sans précédent de l'opinion publique. Ces différents traits indiquent bien que Vatican II ne fait pas simplement s'additionner aux autres conciles, mais constitue un maillon original dans cette chaîne. Deux contributions de ce numéro se rapportent au concept de réception. H. Chadwick, à la lumière de l'histoire des conciles, élabore quelques réflexions au sujet du concept de réception (p. 475-491) alors que C. Soetens (p. 613-641), après avoir noté que Vatican II constitue une référence incontournable dans les débats ecclésiaux actuels, tente d'indiquer en quoi le travail des historiens pourrait contribuer à clarifier le débat actuel autour de Vatican II. Ce numéro bien unifié de Cristianesimo nella storia, en raison des indications méthodologiques qu'il contient, constitue une lecture indispensable pour ceux qu'intéresse l'étude de Vatican IL Comptes rendus de symposiums M. VELATI, « Symposium Vaticanum II », Cristianesimo nella storia, 11 (1990), p. 197-205. M. VELATI, « Christianity and Churches on the Eve of Vatican IL Houston 1991 », Cristianesimo nella storia, 12 (1991), p. 165-175. M. PAIANO, « Vatican II commence : la première période (Lyon 27-29 mars 1992) », Cristianesimo nella storia, 13 (1992), p. 643-658. G. TURBANTI, « Il contributo dei paesi di lingua tedesca e dell'Europa orientale al concili Vaticano IL Quarto convegno internazionale sul concilio Vaticano IL Wiirzburg, 17-19 dicembre 1993 », Cristianesimo nella storia, 16 (1995), p. 141-160. E. LOUCHEZ, « Les Commissions conciliaires à Vatican IL Colloque international de Louvain-laNeuve », Revue d'histoire ecclésiastique, 89 (1994), p. 562-565. 453 GILLES ROUTHIER Autres A.-M. ABEL et J.-P. RIBAUT, « État présent du répertoire des archives du Concile Vatican II en France », Mélanges de Science Religieuse, 47/3 (septembre 1990), p. 157-162. G. ALBERIGO, « Vatican II et la réflexion théologique », Lumière et Vie, 29 (1990), p. 7-15. A. INDELICATO, « Lo schema "De deposito fidei pure custodiendo" e la preparazione del Vaticano II », Cristianesimo nella storia, 11 (1990), p. 309-355. A. MELLONI, « Per un approccio storico-critico ai consilia et vota délia fase antepreparatoria del Vaticano II », Rivista di Storia e Letteratura Religiosa, 26 (1990), p. 556-576. A. MELLONI, « Tensioni e timori nella preparazione del Vaticano II. La Veterum sapientia di Giovanni XXIII (22 febbraio 1962) », Cristianesimo nella storia, 11 (1990), p. 275-307. F.M. STABILE, « Il Cardinal Ruffini e il Vaticano II. Le lettere di un "intransigente" », Cristianesimo nella storia, 11 (1990), p. 83-113. G. ALBERIGO, « Ekklesiologie im Werden. Bemerkungen zum "Pastoralkonzil" und zu den Beobachtern des II. Vatikanums », Okumenische Rundschau, 40 (1991), p. 109-128. G. ALBERIGO, « Dinamiche e procedure nel Vaticano II. Verso la revisione del Regolamento del Concilio (1962-1963) », Cristianesimo nella storia, 13 (1992), p. 115-164. É. 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