FAIRE LA VILLE
Lecture croisée des méthodes et outils de l’urbanisme
en France et au Viêt-Nam
Capitalisation des expériences de la coopération
décentralisée
Région Île-de-France/Hanoi
Région Rhône-Alpes/Grand Lyon/Hô Chi Minh-Ville
Editeù par le Centre de Prospective et
d’Etudes Urbaines (PADDI)
et l’Institut des Meùtiers de la Ville (IMV)
FAIRE LA VILLE
Lecture croisée des méthodes et outils de l’urbanisme
en France et au Viêt-Nam
Capitalisation des expériences de la coopération
décentralisée
Région Île-de-France/Hanoi
Région Rhône-Alpes/Grand Lyon/Hô Chi Minh-Ville
Contributeurs
Contributeurs
Faire la ville
Lecture croisée des méthodes et outils de l’urbanisme en France et au Viêt-Nam
Capitalisation des expériences de la coopération décentralisée
Région Île-de-France/Hanoi
Région Rhône-Alpes/Grand Lyon/Hô Chi Minh-Ville
Édition française
Auteurs et coordination éditoriale
Fanny Quertamp, co-directrice, PADDI
Laurent Pandolfi, chargé de mission Asie-Océan Indien, Région Île-de-France
Emmanuel Cerise, co-directeur, IMV
Laura Petibon, PADDI/IMV
Relectures
Patrice Berger/Agence d’urbanisme de l’agglomération lyonnaise ; Jean-Charles
Castel/CERTU ; Gilles Antier/IAU-IdF ; Jean-Claude Gaillot/Région Île-de-France ;
Pierre Peillon/Union Sociale pour l’Habitat ; Yann Maublanc/IMV ; Patrick Brenner/
Région Île-de-France ; Nguyen Trong Hoa/Directeur de l’Institut de Recherche et
de Développement de HCMV ; Vo Kim Cuong/Ex-directeur adjoint du Département
de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ; Nguyen Thi Cam Van/
Département des Ressources Naturelles et de l’Environnement de HCMV ; Truong
Trung Kien/Responsable du bureau de planification du centre-ville au Département
de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ; Nguyen Thi Xuan Ha/
Département de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ; Ly Khanh
Tam Thao/ Département de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ;
Do Nguyen Phong/Institut d’urbanisme de HCMV
Traduction
Huynh Hong Duc
Édition
Iconographie
Laura Petibon, PADDI-IMV
Relecture typographique
Catherine Weyl
Agathe Ramsamy
Conception et mise en page
Nguyen Nguyet, avec un grand merci à Bernard Favre pour ses précieux conseils
MAISON D’EDITION LAO DONG – XA HOI
Ruelle Hoa Binh 4, Minh Khai – Hai Ba Trung – Hanoi
Tél : 04.036246913 / 04.36246917 – Fax : 04.36246915
Responsable de la publication
Nguyen Hoang Cam
Imprimé à 1000 exemplaires, au format 18x24, par la société TNHH MTV ITAXA
Numéro d’enregistrement : 336-2014/04-23/LĐXH
Décision de publication n° : 65/QĐ-NXBLĐXH. ISBN : 978-604-65-1615-7
Achevé d’imprimer et depôt légal au 3ème trimestre 2014
2|
Sommaire
INTRODUCTION
06
CHAPITRE 1
LA PLANIFICATION URBAINE
17
CHAPITRE 2
LE FONCIER URBAIN
41
CHAPITRE 3
LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS
63
CHAPITRE 4
LE LOGEMENT
83
CHAPITRE 5
LE PATRIMOINE
103
Faire la ville
|3
Preface
Réalisé par la région Rhône-Alpes et le Grand Lyon, la région Île-de-France
avec le soutien de l’Agence Française de Développement
4|
Avant-propos
e livre est né de notre souhait de répondre, par un ouvrage synthétique et volontairement orienté vers l’action, aux questions que nous adressent régulièrement nos collègues urbanistes vietnamiens et français sur l’histoire, l’organisation administrative,
les méthodes et les outils de planification ou encore les mécanismes socio-économiques
des grandes aires urbaines dont nous animons le partenariat : Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, la
région Île-de-France, la région Rhône-Alpes et le Grand Lyon1. Le lecteur trouvera ainsi de
nombreuses informations sur l’organisation de ces métropoles et les moyens techniques et
juridiques dont disposent leurs urbanistes pour en améliorer le fonctionnement et le développement.
C
Nous souhaitions également pouvoir rendre compte de la richesse des échanges entre professionnels des deux pays, que ce soit à l’occasion d’ateliers de formation ou de missions d’expertise, et les faire partager au plus grand nombre au-delà des livrets et des rapports auxquels
ils donnent habituellement lieu. On retrouvera la teneur de ces échanges et débats dans le
regard qui est porté sur le mouvement d’urbanisation en cours au Viêt-Nam, mais aussi dans
la recherche commune de solutions qui ne soient pas la simple réplication d’un modèle mais
plutôt une démarche qui place l’intérêt public et les biens communs au cœur de la construction de la ville et de ses réseaux. Cet ouvrage vise ainsi à capitaliser les échanges menés dans
le cadre de la coopération décentralisée à Hô Chi Minh-Ville et à Hanoi.
La sélection des thèmes a été guidée par leur forte récurrence dans les besoins de formation et d’expertise exprimés par les partenaires vietnamiens. Ainsi, la planification urbaine et
régionale, la thématique foncière et celle de la mobilité et des transports ont naturellement
émergé. Les autorités publiques de Hanoi et Hô Chi Minh-Ville doivent faire face à d’importants défis liés à l’urbanisation accélérée. Les réponses à apporter necessitent de s’appuyer
sur des méthodes et outils éprouvés en matière de planification et de gestion urbaine. Le
logement et le patrimoine correspondent à des préoccupations plus récentes. Ils illustrent
en creux les lacunes d’un mode de construction de la ville déséquilibré au profit d’opérateurs
fonciers et immobiliers peu soucieux de proposer des logements à la population la moins
aisée et encore moins de préserver le patrimoine architectural et urbain des centres anciens.
Chaque chapitre suit la même structure et débute par une présentation de la situation et des
grands enjeux actuels de la thématique au Viêt-Nam. Une deuxième partie est consacrée aux
concepts, aux outils et aux méthodes utilisés en France pour répondre à des problématiques
similaires. Enfin, la dernière partie revient sur les débats qui ont animé les ateliers de formation et sur les études et travaux réalisés souvent à titre expérimental et pilote. De nombreuses
illustrations permettent aux lecteurs des deux pays de mieux cerner la réalité urbaine et les
techniques utilisées. Une rubrique « pour aller plus loin » présente tout au long de l’ouvrage
des références bibliographiques sur les différents sujets abordés.
Laurent Pandolfi et
Fanny Quertamp
L’Institut des Métiers
de la Ville (IMV) et le
Centre de prospective
et d’études urbaines
(PADDI) ont été créés
respectivement en
2001 et 2006 dans
le cadre des accords
de coopération
décentralisée entre la
région Île-de-France
et le Comité populaire
de Hanoi et entre la
région Rhône-Alpes et
le Comité populaire de
Hô Chi Minh-Ville. Les
ateliers, contextualisés
à partir de cas
d’études vietnamiens,
sont animés par des
experts de la région
Île-de-France et de la
région Rhône-Alpes
et débouchent sur
la formulation de
recommandations
ou de pistes de
réflexion (techniques,
juridiques, etc.) qui
sont restituées sous
forme de livrets dans
le cas du PADDI. Par
ailleurs, l’IMV et le
PADDI soutiennent
des projets
d’assistance technique
(études de faisabilité,
expertise, etc.) et,
pour l’IMV, des projets
pilotes de réalisation
d’infrastructures.
1
Bien qu’il se concentre sur Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, cet ouvrage propose des outils et des
méthodes à tous les praticiens des villes vietnamiennes pour guider leurs actions et améliorer
leurs compétences dans les études et la gestion urbaine, tout comme il permet aux observateurs étrangers de mieux cerner les enjeux de l’urbanisme contemporain au Viêt-Nam.
Faire la ville
|5
Introduction
Introduction
n 1986, le Viêt-Nam initie le Doi Moi, une politique d’ouverture économique progressive
afin de moderniser le pays via le passage d’une économie centralisée à une « économie
de marché à orientation socialiste». Depuis, le pays s’est considérablement développé :
durant deux décennies, et malgré un ralentissement à 6,7% en 2011, le taux de croissance de
son PIB a atteint 7,5% par an. La croissance urbaine se concentre majoritairement sur les deux
métropoles de Hanoi et de Hô Chi Minh-ville (HCMV) et, dans une moindre mesure, sur les
villes de taille moyenne. Cette dynamique entraîne de profondes recompositions territoriales
à l’échelle nationale et locale, qui se traduisent par la densification des centres historiques,
l’extension des villes sur les espaces périurbains et la construction massive d’infrastructures
et d’équipements publics.
E
HCMV et Hanoi ont ainsi changé d’échelle en moins de dix ans. Moteurs de la croissance économique du pays avec 27% des IDE et 33% du PIB national, ces deux villes constituent des territoires privilégiés pour expérimenter de nouvelles politiques publiques et mesurer les effets
de la politique de transition. Le Plan de développement socio-économique pour 2011-2020,
document stratégique qui oriente la politique nationale sur les dix années à venir, réaffirme
le rôle indispensable de l’urbanisation dans la modernisation et l’industrialisation du pays. La
diffusion des différents modèles de développement des villes asiatiques et la diversification
des bailleurs de fonds désormais internationaux jouent un rôle important dans le processus
de métropolisation des deux villes, de plus en plus intégrées dans la compétition économique
mondiale.
Mais la croissance économique et démographique a pour revers une urbanisation accélérée
sur les espaces périphériques. L’attractivité économique des villes a renforcé les concentrations des populations migrantes tant dans les centres historiques que sur les franges urbaines
transformant la structure et la morphologie des villes. Cela se traduit par le développement
des constructions illégales sur les terrains agricoles et sur les berges des canaux, empiétant
par ailleurs sur les réserves foncières. Le rythme du développement oblige les pouvoirs publics comme les professionnels de l’urbain à travailler dans l’urgence et malgré les mesures
prises, les autorités publiques ne parviennent pas à maîtriser l’étalement urbain. Des défis
importants sont à relever pour restructurer la ville et orienter son developpement afin d’offrir
un environnement favorable au développement socio-économique et améliorer la qualité de
vie des habitants.
Par ailleurs, la gouvernance et le développement durable constituent aujourd’hui deux grands
enjeux transversaux dans la fabrication de la ville vietnamienne. Passant d’un système centralisé où l’État contrôlait le processus d’urbanisation à une diversification des acteurs (État,
provinces et districts, bureaux d’études privés, grandes entreprises de construction vietnamiennes, consultants et bailleurs de fonds internationaux), les autorités publiques s’efforcent
6|
de clarifier les rôles de chacun et de coordonner leurs plans et leurs actions, qui s’inscrivent encore largement dans
une logique sectorielle. De plus, le pays, considéré comme l’un des plus vulnérables au changement climatique,
s’industrialise et voit les inégalités sociales augmenter, malgré une réduction globale de la pauvreté, ce qui rend la
question de la durabilité écologique, économique et sociale des politiques urbaines de plus en plus pressante.
L’urbanisme vietnamien, en pleine effervescence, est en quête de méthodes et d’outils nouveaux. Malgré les réformes
législatives majeures de ces dernières années - loi sur la planification urbaine en 2009 et révision de la Constitution et
de la loi foncière en 2013 - le cadre règlementaire et opérationnel de la planification et de la gestion urbaine est en
décalage avec les réalités du terrain - notamment avec la demande foncière et immobilière - et devient rapidement
obsolète.
Au Viêt-Nam, la planification urbaine constitue l’une des étapes stratégiques dans le processus de développement
urbain. Sous la direction du Comité central du Parti elle vise à définir le périmètre, la nature, les fonctions et les orientations de développement urbain. Aujourd’hui, les autorités locales cherchent à rendre la planification urbaine plus
efficace. Plus stratégique et plus flexible, celle-ci aurait pour enjeux de fixer de grandes priorités, de coordonner les
actions entre les différents départements ou encore de renforcer la maîtrise d’ouvrage publique. Le foncier constitue
une autre variable stratégique de l’action des pouvoirs publics : il s’agit de constituer des réserves foncières, de garantir les droits fonciers et de financer les équipements et les infrastructures. La construction et l’intégration des futurs
réseaux de transports urbains collectifs des deux métropoles (métro, lignes de BRT, etc.), réponses au défi de la mobilité dans les villes vietnamiennes, joueront également un rôle structurant majeur dans le développement urbain de
ces dix prochaines années. Par ailleurs, pour suivre le rythme de la croissance urbaine, les autorités sont confrontées
à la nécessité de diversifier l’offre de logements, notamment le parc de logements abordables. L’urbanisation insuffisament maîtrisée constitue également un facteur de destruction des espaces culturels et historiques. Les experts et
gestionnaires doivent répondre aux enjeux de conservation et de restauration du patrimoine architectural et urbain,
notamment dans les villes riches en identités culturelles, sans pour autant freiner leur développement.
Face à l’urbanisation des grandes métropoles au Viêt-Nam depuis le Doi Moi, en se basant sur les expériences, les méthodes et les outils de développement urbain de la région Île-de-France, de la région Rhône-Alpes et du Grand Lyon,
plusieurs solutions et recommandations sont formulées par les experts nationaux et internationaux. La démarche de
cet ouvrage est donc de proposer des outils opérationnels et des pistes de réflexions à travers une vision transversale
des enjeux de l’urbanisme dans les domaines de la planification urbaine, du foncier, des transports collectifs, du
logement et du patrimoine.
Faire la ville
|7
Introduction
Le Viêt-Nam et la France en quelques chiffres
République socialiste du Viêt-Nam
République française
Population : 89 710 000 (1)
Superficie : 331 698 km2
IDH : 0,617 ; 127ème rang mondial (2)
Densité moyenne : 268 hab/km2 (3)
Part de la population urbaine : 32,36 % (1)
Population : 66 000 000 habitants (1)
Superficie : 632 734,9 km² (2)
IDH : 0,893 ; 20ème rang mondial (3)
Densité moyenne : 102 hab/km2 (2)
Part de la population urbaine : 77,5% (4)
Démographie
Taux de croissance annuel (2000-2013) : 1,2% (1)
Structure par âge : 25% de 0-14 ans / 68,4% de
15-64 ans / 6,6% de plus de 65 ans (4)
Âge médian : 27,4 ans (4)
Espérance de vie : 75,4 (2)
Taux de fécondité : 2,1 enfants par femme (1)
Démographie
Taux de croissance annuel (1999-2010) : 0,7% (2)
Structure par âge : 22% de 0-17 ans / 61% de 18-64
ans / 17% de 65 ans et plus (2)
Âge médian : 38,8 (2)
Espérance de vie : 83 ans (5)
Taux de fécondité : 2,01 enfants par femme (6)
Économie
PIB (en milliards de dollars) : 156 (2)
PIB par habitant en dollars : 1 755 (2)
Taux de croissance du PIB 2012-2013 : 4,2% (1)
Taux de chômage au sens du BIT : 2,9% (1)
Taux de pauvreté (% de population en dessous du
seuil de pauvreté national) : 9,9 % (1)
Inflation (en % annuel) : 9% en 2012 (1)
Emploi selon les secteurs de l’économie :
primaire : 46,9% / secondaire : 21,1% / tertiaire :
32% (1)
Économie
PIB (en milliards de dollars) : 2 611 (8)
PIB par habitant en dollars : 39 746 (8)
Taux de croissance du PIB : +0,3% en 2012 (7)
Taux de chômage au sens du BIT : 10,1% (9)
Taux de pauvreté (% de population en dessous du
seuil de pauvreté national, seuil à 50% du revenu
médian) : 7,9% (10)
Inflation (en % annuel) : 1,5 % (11)
Emploi selon les secteurs de l’économie :
primaire : 3% / secondaire : 21% / tertiaire : 74,2% (11)
Culture et environnement
Utilisateurs d’internet (16-74 ans) : 39,49% (2)
Accès à une source d’eau améliorée : 95% (2)
Accès aux équipements sanitaires : 75% (2)
Émissions de CO2, en tonne métrique par hab. :
1,73 tonne (2)
Culture et environnement
Utilisateurs d’internet (16-74 ans) : 71,5% (3)
Émissions de CO2, en tonne métrique par habitant :
6,02 tonnes (3)
Sources :
(1) : GSO, 2013
(2) : ONU - Banque Mondiale, Rapport sur le développement
humain, 2013
(3) : GSO, 2012
(4) : GSO, 2009
8|
Sources :
(1) : INSEE, estimation janvier 2014
(2) : INSEE, RGP 2010
(3) : ONU - Banque Mondiale, Rapport sur le développement
humain, 2013
(4) : INSEE-INED, 2007
(5) : Banque Mondiale, 2012
(6) : INSEE, 2011
(7) : INSEE - comptes nationaux, 2013
(8) : Banque Mondiale, 2013
(9) : INSEE, 2014
(10) : INSEE-DGI, 2011
(11) : INSEE - tableau de l’économie française, 2014
L’organisation administrative du ViêtNam : un pays centralisé
Le Viêt-Nam est une République socialiste
centralisée, de régime parlementaire. Selon
la Constitution de 1992, qui organise les institutions et la répartition du pouvoir, le Parti
communiste vietnamien constitue la force « qui
dirige l’État et la société ».
La structure territoriale se décline sur quatre
niveaux : l’État, la province, le district (urbain
ou rural) et le quartier (urbain) ou la commune (rurale).
La structure administrative et territoriale
est fortement hiérarchisée, le contrôle des
administrations centrales est important et
les prises de décisions finales reviennent
fréquemment aux ministères. Les pouvoirs
locaux bénéficient pourtant dans les faits de
prérogatives plus importantes et d’une certaine autonomie vis-à-vis de l’État. Ce dernier
reconnaît implicitement que le niveau local
est mieux placé pour prendre certaines décisions : une pression centrale s’exerce donc
sur les pouvoirs locaux qui doivent assurer
des services publics performants ou conduire
de grands projets d’aménagement.
des infrastructures, la santé et l’éducation,
la distribution de l’eau, l’assainissement et la
gestion des déchets. Les échelons inférieurs
voient souvent leur rôle limité à des interventions de proximité.
Ainsi, dans les districts ruraux et urbains, le
Comité populaire du district délivre les petits
permis de construire, le certificat d’usage
du terrain et le certificat de propriété du
logement pour les particuliers. Il collecte des
impôts sur le transfert du droit d’usage du
terrain lors des transactions entre deux particuliers. Dans le domaine de l’éducation, il est
compétent pour l’enseignement primaire et
secondaire du premier cycle.
Entre ces différents acteurs, les compétences
s’articulent suivant un principe de délégation
partielle des autorités supérieures aux inférieures.
La province est chargée d’assurer la majorité
des services publics locaux comme les transports publics, la construction et l’entretien
Le classement des villes
Les villes vietnamiennes sont classées par l’administration centrale en six catégories, dont dépendent leurs prérogatives, leur autonomie et le niveau des
investissements de l’État (décret n°42/2009/ND-CP). Ce classement s’appuie
sur six critères principaux : la « fonction urbaine » (plateforme internationale ;
centre administratif, économique et culturel ou simple chef-lieu) ; la population (4 000 hab. minimum) ; la densité de population ; la part de l’emploi
non agricole dans la zone urbaine (65% minimum) ; le système des infrastructures (niveau de cohérence et d’achèvement) et l’« architecture et le
paysage urbain » : respect des règlements d’urbanisme, aménagement des
espaces publics et intégration des problématiques environnementales.
Source : décret n°42/2009/ND-CP
Niveau étatique
Niveau provincial
• AFD, Agence
Française de
Développement,
Albrecht D., Hocquard
H. Papin P., oct. 2010,
Les acteurs publics
locaux au cœur du
développement urbain
vietnamien. Moyens,
limites et évolution
de l’action publique
locale, Focale n°5,
90 p.
http://www.
afd.fr/webdav/
site/afd/shared/
PUBLICATIONS/
RECHERCHE/
Scientifiques/
Focales/05-Focales.
pdf
Les quartiers et les communes assurent des
services de proximité dans le domaine du
droit et de la construction (déclaration de
réparation de logement, vérification de la
conformité des constructions aux permis de
construire). Ils collectent les impôts fonciers
payés par les particuliers et assurent la gestion des collecteurs privés de déchets.
«
Les compétences des provinces, districts et quartiers
Pour aller plus loin :
État
Villes-provinces (5) - Thanh Pho
Provinces (58) - Tinh
Niveau du district
Districts urbains Quan
Districts ruraux Huyen
Capitales provinciales et villes Thanh Pho
Districts ruraux - Huyen
Niveau communal
Quartiers urbains Phuong
Communes rurales
et bourgs - Xa
Quartiers urbains et communes Communes rurales et
rurales - Phuong et Xa
bourgs - Xa
Faire la ville
|9
Introduction
La France : une administration territoriale décentralisée et déconcentrée
«
La France est une République de régime
semi-présidentiel. La Constitution de 1958
fonde la Vème République et régit ses institutions. Le Parlement est composé de deux
chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat.
Le Président de la République est élu au suffrage universel direct, il nomme un Premier
ministre et forme un gouvernement en fonction de la couleur politique majoritaire du
Parlement.
La structure territoriale française se décline
principalement en quatre niveaux : l’État, la
région, le département et la commune. On
évoque cependant un « millefeuille territorial », de nombreux échelons intermédiaires
se superposant à ces quatre derniers.
Les régions, les départements et les communes sont à la fois des circonscriptions administratives, relais de l’État au niveau local
(avec des directions locales déconcentrées
des différents ministères), et des collectivités locales, entités juridiques autonomes de
l’État, légitimées par des assemblées locales
élues (respectivement le Conseil régional, le
Conseil général et le conseil municipal) et disposant de compétences propres.
Communes, départements et
régions : des compétences
complémentaires
Les collectivités territoriales ont des compétences précises et bénéficient d’une clause
générale de compétence qui leur permet
d’intervenir sur les objets d’intérêt local.
Leurs attributions peuvent être complémentaires, par exemple en matière d’éducation,
les régions sont en charge des lycées, les
départements des collèges et les communes
des écoles. Une réforme des collectivités territoriales est en discussion actuellement afin
de clarifier ce qui est du ressort de chacune
et d’améliorer l’efficacité de leurs actions.
10 |
Le processus de déconcentration et de décentralisation en France
La déconcentration est le transfert du pouvoir de décision des services administratifs centraux de l’État vers leurs relais locaux. Le préfet de région
ou le sous-préfet du département sont les représentants de l’État sur ces
territoires.
La France, État très centralisé, a amorcé « l’acte I » de sa décentralisation
en 1982-1983 : les régions sont devenues des collectivités territoriales et
leurs exécutifs sont désormais élus. La tutelle administrative et financière
exercée par le préfet a été supprimée et de nombreuses compétences ont
été transférées.
En 2003-2004, de nouveaux transferts ont été opérés de l’État aux collectivités, même si le volet financier n’a pas toujours suivi le transfert des compétences. Désormais, l’article 1 de la Constitution déclare que « l’organisation
[de la France] est décentralisée ». Le principe de libre administration des
collectivités territoriales est garanti par l’article 34. Les relations entre ces
dernières ne sont pas hiérarchiques, bien que leurs actions doivent être
compatibles.
Les régions sont principalement chargées
d’élaborer un schéma régional de développement économique, soutenu par des aides.
Elles conçoivent également des schémas
régionaux pour l’aménagement et le développement du territoire intégrant le schéma
régional des transports. Pour les grands projets (infrastructures, aménagement), des
contrats de plan entre l’État et les régions
(CPER) sont établis. Enfin, ces dernières
assurent le fonctionnement des musées régionaux et sont responsables de l’inventaire
général du patrimoine culturel.
Les départements s’occupent essentiellement
de l’action sociale et sanitaire. En matière
d’aménagement du territoire, ils sont responsables de la voirie, des transports publics
non urbains ou encore des politiques de
protection de l’environnement. Quant aux
communes, on distingue les compétences
traditionnelles du maire comme représentant de l’État (état civil, voirie, etc.) des
compétences décentralisées. La commune
délivre les permis de construire et rédige son
plan local d’urbanisme (PLU). Elle s’associe à
d’autres communes pour rédiger le Schéma
de Cohérence Territoriale (SCoT).
Le renforcement des
structures intercommunales
27 Régions
Les communes françaises, au nombre de 36 682,
peuvent se regrouper en Établissement Public
de Coopération Intercommunale (EPCI) afin
de mutualiser leurs moyens et d’améliorer
la cohérence de leurs stratégies territoriales.
En effet, les limites administratives traditionnelles de la commune, du département et de
la région peuvent difficilement intégrer les
logiques et les dynamiques d’une agglomération urbaine. Les communes peuvent donc,
selon leur poids démographique, coopérer
au sein de trois types de communautés, chacune étant dotée d’un régime fiscal et de
compétences obligatoires et facultatives spécifiques.
1
2
1. Région Île-de-France
2. Région Rhône-Alpes
95 Départements
Les communautés de communes correspondent à des territoires ruraux ou faiblement urbanisés. L’aménagement de l’espace
et le développement économique constituent leurs deux compétences obligatoires.
Les communautés d’agglomération doivent
compter plus de 50 000 habitants dont 15 000
agglomérés au chef-lieu. Elles exercent des
compétences obligatoires supplémentaires :
les transports, les équipements sociaux,
l’habitat et la politique de la ville. Les communautés urbaines comportent quant à elles
plus de 500 000 habitants et sont en charge,
en plus des compétences déjà évoquées, de
l’organisation des services d’intérêt collectif
(eau, déchets, etc.…) et de la valorisation de
l’environnement et du cadre de vie.
«
Déconcentraon
Administraon
Centrale et
Ministères
L’action internationale des collectivités françaises
Les collectivités françaises peuvent mener
des actions de solidarité internationale, par
le biais de soutiens aux projets de la société
civile. Elles peuvent également développer des
partenariats d’expertise avec des collectivités
étrangères dans le cadre de la coopération
décentralisée, définis par les lois Oudin-Santini
(2005) et Thiollière (2007). C’est dans ce cadre
que travaillent les structures de l’Institut des
Métiers de la Ville (IMV) à Hanoi et du PADDI
à HCMV.
Services déconcentrés dans
les Régions et Départements
(Préfectures, DREAL, DDT1)
Foncon
Publique
d’Etat
Etat
Régions
Collecvités
Territoriales
Foncon
Publique
Territoriale
Départements
Communes
Regroupement
de communes
Décentralisaon
1
Les DREAL (Direcons Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et DDT (Direcons
Départementales des Territoires) sont des services de l’Etat sous la tutelle respecve du préfet de région et du
préfet de département. Elles parcipent à l’élaboraon des poliques de l’Etat en maère de développement
durable, de logement et d’aménagement du territoire et peuvent intervenir en tant qu'assistantes à la maîtrise
d’ouvrage auprès des collecvités territoriales.
Faire la ville
| 11
Introduction
Ville de Hanoi
Population : 6,7 M d’habitants soit 6,9% de
la population du pays, 43% d’urbains, croissance démographique de 1,7% par an
Superficie : 3 329 km², 28 districts dont 18
ruraux
Contribution au PIB national : 12%
L’ambition d’une métropole
internationale
En 2008, l’absorption par Hanoi de l’ancienne
province de Ha Tay lui a permis de renforcer,
grâce au triplement de sa superficie et au
doublement de sa population, son statut de
région-capitale. L’ambition de Hanoi est de
devenir une métropole régionale et internationale, en développant à la fois l’attractivité économique pour les investissements
étrangers et les entreprises de haute valeur
ajoutée, et l’accueil de conférences ou de
sommets internationaux (Apec en 2006,
Asean en 2010). La ville souhaite à cet effet
mettre en valeur son patrimoine urbain et naturel, tels son vieux quartier, ses lacs, les villages des métiers ou les montagnes de Ba Vi.
L’agglomération devrait atteindre dix millions
d’habitants en 2030. Cette nouvelle dimension métropolitaine s’exprime déjà au travers
des défis auxquels elle fait face. Les taux de
croissance économique et démographique
ont pour conséquence un développement
urbain peu contrôlé, la saturation des infrastructures dans le domaine des transports
(congestion et pollution), de l’énergie, de
l’eau et des équipements publics. Par ailleurs,
le risque d’inondation est accru par l’imperméabilisation des sols et une trop faible prise
en compte de ce risque dans l’implantation
des constructions.
Le développement de villes
satellites
Le nouveau schéma directeur pour 2030 à vision 2050, dont la devise est « une ville verte,
culturelle et moderne » a été approuvé en
2011. La croissance urbaine, qui s’est principalement effectuée ces dernières années vers
l’ouest et le long des axes de communication,
12 |
devrait être canalisée par le développement
de cinq villes satellites et de trois « éco-cités ».
L’établissement d’un « corridor vert » entre la
ville-centre et les nouveaux pôles devrait permettre de maîtriser l’urbanisation, de préserver l’agriculture périurbaine et de limiter les
inondations. Des voies rapides et idéalement
des lignes de transport en commun relieront
ces nouveaux pôles urbains « mixtes » (logements, commerces, industrie et tertiaire)
à la ville centre. Quatre des huit lignes de
métro inscrites dans le schéma sont financées et deux sont actuellement en travaux.
Par ailleurs, la création de zones industrielles
et d’équipements publics (hôpitaux, écoles,
parcs, etc.) est planifiée afin de soulager les
infrastructures existantes.
Le schéma intègre également l’élaboration
et la mise en œuvre de règlementations spécifiques pour la préservation des quartiers
historiques de Hanoi, des monuments et des
villages de métiers des alentours.
L’extension urbaine de l’agglomération hanoienne en 1870,
1940, 2000 et 2011
Hô Chi Minh-ville
Population : 7,94 M d’habitants soit 8,9% de
la population vietnamienne ; 81% d’urbains ;
croissance démographique de 3% par an
entre 2005 et 2013 (GSO, 2013)
Superficie : 2 096 km², 24 districts, dont 5
ruraux
Contribution au PIB national : 21,3%
Densité du centre-ville (districts 1 et 3 ) : 32 405 hab./
km2 (2013)
Revenu mensuel moyen :
3,4 M de VND (2013)
Croissance économique sur
la période 1996-2010 :
10,8%
13 zones industrielles
Un changement d’échelle
radical
Depuis le début des années 1990, parallèlement à la politique d’ouverture économique
(Doi Moi) et en partie grâce à elle, la métropole sud-vietnamienne a changé d’échelle.
Elle est désormais en quête de nouveaux
modèles urbains, qu’elle puise essentiellement en Asie. HCMV ambitionne ainsi de devenir l’une des principales métropoles d’Asie
du Sud-Est. Sa très forte croissance urbaine
(3,2% par an), sa vitalité économique, ses
grands projets en cours et son urbanisme
opérationnel très actif s’accompagnent de
nombreux défis à relever. Il s’agit notamment
d’améliorer les réseaux urbains, d’étendre
le parc de logements, d’appliquer l’urbanisme règlementaire ou encore de protéger
l’environnement. Les politiques de développement urbain doivent également s’adapter
pour tenter de réduire l’impact du changement climatique dans une ville qui subit
des inondations périodiques et dont 65% du
territoire est situé à une altitude inférieure à
1,50 mètre au-dessus du niveau de la mer.
Les principales orientations
du schéma directeur
Le schéma directeur à l’horizon 2025, approuvé en 2010, projette une population
de 10 millions d’habitants sur un périmètre
élargi intégrant les provinces limitrophes de
HCMV. Ce schéma, plus stratégique que les
précédents, propose un modèle de ville polycentrique dans un rayon de 15 km autour
du centre (centre historique et future ville
nouvelle de Thu Thiêm). Les quatre pôles de
développement se répartiront selon deux
axes principaux (vers la route de Hanoi à l’est
et vers le sud) et deux axes secondaires (vers
le projet de nouvel aéroport international et
vers le sud-ouest, le long du boulevard Vo Van
Kiet). L’urbanisation de 90 000 à 100 000 hectares de terre est prévue, dont 49 000 hectares
situés dans le centre de l’agglomération. De
grands projets urbains, dans le centre-ville, à
Thu Thiêm (657 hectares), Cu Chi ou sur les
berges de la rivière Saigon, devraient attirer
les investisseurs et structurer le développement urbain, ainsi que les pôles scientifiques
et technologiques projetés dans le district 9
et à Thu Duc. Ces nouvelles centralités urbaines seront reliées grâce à la création d’un
réseau de huit lignes de métro, dont une est
actuellement en chantier, et à la construction
de quatre périphériques autoroutiers ainsi
que de voies radiales et de voies rapides surélevées. Dans le domaine des grandes infrastructures, le port de HCMV sera transferé à
Hiep Phuoc et à Cat Lai, et un nouvel aéroport
international devrait voir le jour.
Par ailleurs, les espaces verts feront l’objet
d’une attention particulière avec la création
de ceintures et de trames vertes le long des
rivières Saigon, Nha Be et Dong Nai ou encore avec la préservation des mangroves de
Can Gio. La gestion des inondations constitue
un enjeu d’aménagement majeur pour un
territoire plus résilient.
L’extension urbaine de
l’agglomération saigonnaise
en 1900, 1965, 2000 et
2007
Faire la ville
| 13
Introduction
Région Île-de-France
Population : 11,6 M d’habitants soit 19% de
la population française
Superficie : 12 000 km2
Contribution au PIB national : 29%
La région, qui comprend 1 281 communes
et huit départements, possède des compétences particulières en raison de sa forte
urbanisation et de son poids démographique.
Elle est par exemple responsable de la gestion des transports collectifs et son schéma
directeur régional s’impose aux documents
locaux de planification.
Une métropole internationale
La région francilienne est une métropole au
rayonnement économique et culturel international. Deuxième région au monde par le
nombre d’organisations internationales et
de sièges sociaux de grandes entreprises,
elle accueille aussi un des premiers quartiers
d’affaires européens, la Défense. Les activités
et l’emploi y sont essentiellement tertiaires
(83%). Elle héberge également sept pôles de
compétitivité dans les domaines des logiciels
et des systèmes complexes, de la santé, de
l’automobile, de l’image et du multimédia
ainsi que du développement durable. Son
patrimoine architectural, urbain et culturel
en fait par ailleurs la région la plus visitée au
monde.
Pour l’Île-de-France, les grands défis à relever sont de contrôler la croissance urbaine et
l’utilisation du territoire, tout en préservant
les espaces ruraux et naturels, de corriger les
disparités spatiales, sociales et économiques
de la région, et d’améliorer l’offre de mobilité
(transports en commun).
Les perspectives de
développement
Le schéma directeur de 1965 a fortement
structuré l’aménagement de la région dans un
contexte de forte croissance démographique
et économique. Il offrait une vision métropolitaine et polycentrique inédite avec la création de villes satellites et le renforcement de
centralités urbaines de banlieue. L’attention
s’est ensuite déplacée vers la maîtrise de l’ur-
14 |
banisation sur des zones limitées. Le nouveau
schéma directeur, intitulé « Objectif : Île-deFrance 2030 », a été approuvé en 2012 à la
suite d’une large concertation entre région,
État, collectivités, acteurs clés du territoire et
habitants. L’accent y est mis sur le contenu,
mais aussi sur le processus d’élaboration et
de réalisation du document. Ce schéma entend répondre à des objectifs ambitieux dans
différents domaines : construire 70000 logements par an pendant vingt-cinq ans avec à
terme 30% d’habitat social ; créer 28000 emplois, améliorer les transports en commun
par le renforcement des services existants et
la création de nouveaux réseaux (tel le métro
automatique Grand Paris Express) ; valoriser
les espaces agricoles pour assurer la sécurité
alimentaire. Ces objectifs s’accompagnent
d’orientations fortes en matière d’aménagement du territoire : maîtrise du foncier et de
l’étalement urbain, densification autour des
gares et des pôles de centralité, valorisation
des réseaux et des circuits courts pour améliorer la résilience du territoire et la gestion
de proximité.
L’extension urbaine de l’agglomération parisienne en 1900,
1960, 1994 et 2003
Région Rhône-Alpes et Grand Lyon
Région Rhône-Alpes
Population : 6,3 M d’habitants soit 9,8% de la
population française (INSEE, 2012)
Superficie : 43 698 km2
Contribution au PIB national : 9,8% (INSEE,
2012)
La configuration géographique de la région
s’appuie sur le triangle Lyon-Grenoble-SaintÉtienne et sur le Sillon alpin, qui s’étend de
Genève à Valence. La région Rhône-Alpes est
la deuxième région de France en termes de
population et de production de richesses. La
région, industrialisée depuis le 19ème siècle,
bénéficie d’un tissu d’entreprises dynamiques
et accueille des activités de haute valeur ajoutée dans le domaine de l’énergie, de l’électronique ou du numérique, des nouveaux
matériaux, des industries liées à la santé ou
utilisatrices des biotechnologies. Dotée de
structures d’excellence dans l’enseignement
supérieur et la recherche, elle est reconnue
comme un territoire porteur d’innovations.
Grand Lyon
Population : 1,3 M d’habitants (INSEE, 2012)
Superficie : 58 communes, 520 km²
La communauté urbaine de Lyon, appelée
Grand Lyon, est la deuxième agglomération
française par sa population et son pouvoir
économique. Le territoire du Grand Lyon est
un bassin de vie et d’emploi attractif, traditionnellement tourné vers l’industrie et qui
évolue vers les nouvelles technologies. Le
Grand Lyon ambitionne de devenir une métropole européenne majeure.
Le développement d’une
métropole polycentrique
Avec son schéma directeur « Lyon 2010 », approuvé en 1992, le Grand Lyon a participé à la
création d’une nouvelle manière de planifier
la ville, plus partagée, stratégique et transversale (déplacements urbains, plan universitaire, gouvernance économique, etc.).
De grands projets urbains emblématiques,
comme le quartier de Lyon Confluence, ont
ainsi permis de structurer le développement
de la ville, une réussite, selon les acteurs lo-
L’extension urbaine de
l’agglomération lyonnaise
en 1955, 1975 et 1999
caux. Cependant, la limitation de l’étalement
urbain et le renforcement des centralités
secondaires, la diversification de l’habitat et
le développement des activités économiques
demeurent des préoccupations majeures.
Afin d’accroître le rayonnement de la métropole, le « SCoT 2030 », nouveau schéma
directeur approuvé en 2010, propose des
actions visant à améliorer la qualité de vie
(équipements, logements, etc.), l’accessibilité (interconnexions trains à grande vitesse/
aéroport, nouvelles lignes de métro et de
bus), l’offre en immobilier tertiaire supérieur
ou encore l’excellence des pôles universitaires et de recherche. Ce schéma directeur
met l’accent sur l’articulation entre le développement urbain et le réseau de transports
en commun par la promotion de quartiers de
logements denses à proximité des stations de
métro et de tramway. Afin de loger les 150
000 habitants supplémentaires attendus d’ici
2030, l’objectif est de construire 7 500 logements par an et d’atteindre le taux de 30% de
logements sociaux sur l’agglomération. Par
ailleurs, les espaces urbanisés ne devraient
pas représenter plus de 50% du territoire.
Enfin, en novembre 2011, le Grand Lyon,
les communautés d’agglomération de SaintÉtienne métropole, de Vienne et de la porte
de l’Isère ont créé une structure de coopération intercommunale afin de coordonner,
pour l’ensemble de leurs deux millions d’habitants, les politiques en matière d’économie,
d’enseignement supérieur, de recherche, de
culture, de mobilité et d’aménagement des
territoires.
Faire la ville
| 15
Introduction
IMV, Institut des métiers de la
ville
L’IMV a été créé en mars 2001 par le Comité
populaire de Hanoi et la Région Île-de-France
dans le cadre de leur accord de coopération internationale. Il a pour vocation d’améliorer les
compétences de la maîtrise d’ouvrage municipale dans le domaine de l’urbanisme (planification, règlementation, méthodologie de projet)
et de la gestion des services urbains (régulation,
contractualisation avec des délégataires, qualité de services, information aux usagers…).
L’action de l’IMV est fondée sur le partage d’expériences et de savoir-faire entre professionnels
des deux collectivités. L’IMV organise des séminaires pour les décideurs ou pour les cadres
techniques, réalise des études sur des problématiques nouvelles au Viêt-Nam et mène des
projets pilotes d’infrastructures. Par le biais des
expertises et des projets pilotes, l’IMV promeut
un urbanisme responsable fondé sur de bonnes
pratiques. Par ailleurs, il assure une importante
mission de diffusion des savoirs grâce à son
centre de documentation et en traduisant puis
publiant des ouvrages professionnels français
ainsi que des travaux de recherches urbaines
menés au Viêt-Nam.
Les actions de l’IMV concernent principalement
l’urbanisme et l’aménagement régional, les
transports en commun (bus, métro, train régional), l’accès à l’eau et l’assainissement en zone
périurbaine ainsi que le traitement et la valorisation des déchets, et enfin la protection du
patrimoine bâti et sa valorisation touristique.
PADDI, Centre de Prospective
et d’Études Urbaines
Le PADDI a été créé en 2006 dans le cadre de
la coopération décentralisée entre la Région
Rhône-Alpes, Hô Chi Minh-ville et le Grand
Lyon. Son objectif est de renforcer les capacités
techniques et institutionnelles des services du
Comité populaire dans les champs de l’urbain.
Bénéficiant d’un statut juridique vietnamien, le
PADDI est placé directement sous l’autorité du
Comité populaire.
Le PADDI a pour principales activités la formation continue, l’assistance technique ainsi que
l’appui à la recherche dans les domaines de
l’urbanisme. Il a organisé une cinquantaine de
sessions de formation sur des sujets définis par
les services vietnamiens en fonction de leurs
priorités. Les thématiques principales sont les
16 |
transports, la planification urbaine, les services
urbains, le foncier et la construction durable.
L’angle d’approche peut être technique, institutionnel, opérationnel ou scientifique. La méthode repose sur le principe de la capitalisation
d’expérience : il s’agit de transfert de connaissances, mais surtout d’adapter au contexte
institutionnel, technique et économique vietnamien des méthodes et des outils tirés d’expériences françaises. Une assistance technique
peut intervenir dans un second temps.
La diffusion de ressources documentaires et
l’appui à la recherche font également partie
intégrante des missions du PADDI à travers son
centre de ressources, la diffusion de ses productions (livrets de capitalisation des ateliers,
ouvrages scientifiques et de vulgarisation), la
réalisation et la diffusion d’études ou encore
l’aide à la publication en français et en vietnamien.
AFD, Agence Française de
Développement
Établissement public, l’Agence Française de
Développement (AFD) agit depuis soixante-dix
ans pour combattre la pauvreté et favoriser le
développement dans les pays du Sud et dans
l’Outre-mer. Elle met en œuvre la politique définie par le Gouvernement français. Présente sur
quatre continents où elle dispose d’un réseau
de 70 agences et bureaux de représentation
dans le monde, l’AFD finance et accompagne
des projets qui améliorent les conditions de vie
des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète : scolarisation,
santé maternelle, appui aux agriculteurs et aux
petites entreprises, adduction d’eau, préservation de la forêt tropicale, lutte contre le réchauffement climatique…
Les financements de l’AFD au Viêt-Nam se sont
élevés à 785 millions d’euros au cours de la
période 2006-2012 et ont bénéficié à plusieurs
millions de personnes. Le Viêt-Nam est l’un des
premiers bénéficiaires des financements de l’AFD
dans le monde. Dans le cadre de sa stratégie sur
la période 2013-2015, l’AFD articulera son action
autour de trois objectifs : promouvoir des villes
performantes, équipées pour répondre durablement à leur inéluctable développement ; accompagner une croissance non seulement créatrice
d’emplois, mais aussi intensive, équitable et économe en ressources naturelles ; et poursuivre
l’appui à la stratégie vietnamienne de lutte contre
le changement climatique.
Pour aller plus loin :
• www.imv-hanoi.com
• www.paddi.vn
• www.paddiexpositions.org
• www.afd.fr
LA PLANIFICATION URBAINE
A
u Viêt-Nam, les villes sont devenues le moteur de la croissance économique, contribuant
pour une part majeure au revenu national. Le développement du secteur industriel et
des services, des activités scientifiques et techniques a attiré de nombreux migrants.
Cependant, la croissance démographique a conduit à la création de quartiers informels et souséquipés entraînant un étalement urbain qui pose de nombreux problèmes de gestion urbaine.
De plus, la croissance économique a stimulé les marchés fonciers et immobiliers, et a entraîné
la mutation des espaces centraux et périurbains. Les autorités publiques, avec des moyens
humains et financiers limités, doivent ainsi relever de nouveaux défis pour répondre aux besoins
croissants en matière de logement, d’emploi, de services urbains, etc. Leurs schémas directeurs
proposent de nombreux projets de rénovation urbaine, de villes nouvelles, d’infrastructures ou
de réseaux de transports en commun. Cependant, leur difficile mise en oeuvre réinterroge les
espaces, les échelles et les modes de planification tout en questionnant les rôles des différents
acteurs. Par conséquent, pour mieux s’adapter aux réalités socio-économiques et parer à
l’urbanisation spontanée, dans un contexte où les effets du changement climatique sont de plus
en plus significatifs, Hanoi et Hô Chi Minh-ville cherchent à rendre leur mode de planification plus
stratégique, plus flexible et efficient.
Le schéma directeur de
HCMV à horizon 2025
Chapitre 1 : La planification urbaine
LES DÉFIS DE LA PLANIFICATION AU VIÊT-NAM
Comment rendre la planification plus efficiente ?
fin de mener à bien une planification plus stratégique, les autorités
publiques sont amenées à coordonner les politiques sectorielles et à coopérer avec les provinces environnantes.
A
«
Principales dates de la planification urbaine
de HCMV :
- 1993 : Décision 20/1993/QĐ-TTg du Premier
Ministre approuvant le Schéma directeur de
HCMV.
Les défis à relever concernent l’amélioration des infrastructures lourdes (voirie,
drainage, égouts, digues), des services
urbains et des équipements sociaux, ainsi
que leur développement en périphérie :
raccorder la population aux réseaux d’approvisionnement en eau ; construire des
systèmes de traitement des eaux usées ;
organiser celui des déchets ou encore
accroître l’offre en écoles, hôpitaux et
espaces verts.
pour constituer des réserves foncières,
ont entraîné un important mitage urbain
et la formation de conurbations autour
des deux villes.
L’amélioration des réseaux de transports
collectifs et leur articulation avec le développement urbain constituent un autre
enjeu majeur de la planification pour les
deux métropoles. La motorisation croissante des ménages, un urbanisme opérationnel très actif combiné aux difficultés
rencontrées par les autorités publiques
Dans cette perspective, des politiques de
résorption de l’habitat insalubre et de
construction de logements abordables
sont nécessaires pour limiter l’urbanisation spontanée. Par ailleurs, la préservation du patrimoine exceptionnel du
centre-ville de Hanoi, la protection de
l’environnement, notamment des zones
18 |
- 1998 : Décision 123/1998/QĐ-TTg du Premier
Ministre approuvant la révision du Schéma
directeur de HCMV à l’horizon de 2020.
- 2010 : Décision 24/2010/QĐ-TTg du Premier
Ministre approuvant la révision du Schéma
directeur de HCMV à l’horizon de 2025.
Pour aller plus loin :
• Banque asiatique de
développement, 2010,
« Hô Chi Minh City
Adaptation to Climate
Change », 36 p.
http://www.adb.org/
publications/ho-chiminh-city-adaptationclimate-changesummary-report
• PADDI, 2012,
Livret « Approche
intégrée des risques
d’inondation : vers
une planification
d’éléments
systémiques »,
http://www.paddi.vn/
• Projet de
recherche Megacity,
Brandenburg
University of
Technology, Cottbus
http://www.megacityhcmc.org/
de mangroves à HCMV, passent par leur
intégration dans la planification urbaine.
Enfin, la vulnérabilité aux inondations des
deux métropoles impose également une
planification urbaine plus intégrée, se
traduisant par des mesures strictes de
protection des terres inondables, en particulier des berges des cours d’eau.
La transition vers une planification plus
stratégique
La planification a suivi jusqu’à présent une approche très normative
et arithmétique (ratios) : ses objectifs techniques, fixés au niveau politique, étaient peu réalisables et hiérarchisés, ils ne tenaient pas assez
compte des besoins et des réalités socio-économiques. Ces ratios,
applicables sur l’ensemble du pays, ne sont pas compatibles avec les
particularités des collectivités locales, en particulier à Hanoi et HCMV.
Pourtant, depuis une dizaine d’années, les schémas directeurs proposent une vision plus stratégique du territoire, dans la mesure où
leur méthode d’élaboration et la conception même de la planification
ont évolué au contact des acteurs internationaux (bailleurs de fonds,
entreprises, coopération décentralisée, consultants).
Structuration
territoriale de
HCMV par Nikken
Sekkei
Le schéma directeur de Nikken Sekkei pour le centre-ville
de HCMV
«
Une planification en décalage avec la réalité
Ces écarts concernent entre autres :
- la différence entre le poids de population
attendu dans les districts et son importance
réelle ;
- la différence entre les équipements planifiés
et ceux effectivement construits ;
- l’urbanisation de zones agricoles, naturelles
ou inondables dites non constructibles ;
- le dépassement des hauteurs autorisées des
bâtiments ;
- l’absence de respect des plans initiaux (grands
projets) et la non réalisation des équipements
publics programmés ;
- la destruction du patrimoine ordinaire à protéger.
Ainsi l’organisation de consultations et de concours internationaux a
entraîné une professionnalisation des services municipaux qui sont
désormais mieux armés pour réaliser des diagnostics, élaborer des
scénarios et les traduire dans des plans. Malgré ces progrès, la planification reste encore déclinée en normes techniques trop précises,
notamment quant à l’usage des sols à l’échelle du grand territoire. Il
en ressort que la « vision » du territoire proposée n’est pas suffisamment claire et partagée. A HCMV, le DUPA, les Comités populaires
des districts et les consultants travaillent de façon concertée dès le
La planification par ratios dans quelques districts de HCMV
Raos
Terrains résidenels (m2/hab)
Equipements publics (m2/hab)
Espaces verts (m2/hab)
Transports (m2/hab)
Réglementaon
22-23
1,5-2
2-2,5
5
District 4
6,97
3,14
2,3
3,04
District 6
13,41
1,77
1,88
5,2
District 8
14,5
3
5,2
6,8
Binh Tan Binh Chanh
38,02
52
2,99
4,2
5,18
9,1
16,48
14,5
Faire la ville
| 19
Chapitre 1 : La planification urbaine
début du processus d’élaboration des plans
de secteur. Grâce à cette collaboration, tous
les plans de secteur a l’échelle 1/2000 de
HCMV ont fait l’objet d’une expertise.
Mettre en œuvre la planification
La planification reste difficile à mettre en
oeuvre. Ainsi l’urbanisme règlementaire,
parce qu’il peine à suivre les évolutions rapides du marché immobilier, est de fait peu
appliqué. En outre, la méthode des ratios
semble peu adaptée : grâce à eux, les plans
détaillés fixent, à l’échelle des districts, les
droits des sols, l’emprise des infrastructures,
les objectifs de poids de population et les
niveaux de couverture en réseaux urbains et
en équipements publics. Mais ces ratios sont
fondés sur des statistiques qui ne prennent
pas en compte les populations flottantes, ce
qui conduit à une sous-estimation chronique
des besoins en équipement.
«
Principaux lois et règlements
- 2003 : Loi sur la construction, définit le cadre
de la planification des constructions pour les
trois échelles régionale, urbaine et rurale.
- 2005 : Décret 08/2005/ND-CP du Gouvernement sur la planification des constructions.
- 2008 : Décision 03/2008/QD-BXD du Ministère
de la Construction, définit le contenu des documents d’urbanisme dont les documents graphiques (entrée en vigueur en avril 2008).
- 2009 : Loi sur la planification urbaine, définit
le cadre juridique de la planification: planification régionale, planification générale (schéma
directeur) des villes/provinces, planification
thématique, planification de secteur et planification détaillée (entrée en vigueur en janvier
2010).
- 2010 : Décret 37/2010/ND-CP du Gouvernement sur l’élaboration, l’expertise, l’approbation et la gestion des plans d’aménagement
urbain (entrée en vigueur en mai 2010).
- 2010 : Circulaire 10 du ministère de la
Construction sur la constitution du dossier
d’aménagement (entrée en vigueur en septembre 2010).
De même, la réalité du développement
urbain ne suit pas forcément les grands objectifs définis par le plan. Ainsi, le schéma
directeur de 1998 prévoyait pour Hanoi une
expansion vers le nord et l’ouest ; or la ville a
connu, durant sa période d’application, une
croissance urbaine uniquement concentrée à
20 |
l’ouest de l’agglomération, les ponts enjambant le Fleuve rouge au nord n’ayant pas
été construits. La même situation s’observe
à HCMV : le développement des logements
et des activités prévu au nord de l’agglomération, où les prix des terrains sont les plus
élevés, s’est effectué dans le sud où le foncier
était moins onéreux.
L’absence de maîtrise foncière publique rend
donc peu probable l’orientation du développement urbain dans le sens des schémas directeurs. Seuls les très grands projets
dépendant de l’autorité publique sont en
général réalisés : grandes zones d’activité,
délocalisation des ports, grandes infrastructures par exemple. Ces opérations se
caractérisent par leur lenteur, un manque
de directivité face aux investisseurs et d’anticipation, notamment foncière. Néanmoins,
certains projets privés se révèlent de vraies
réussites, comme le quartier de Phu My Hung
à Saigon South, HCMV.
À ces différents obstacles s’ajoute un contexte
où la règle est mal acceptée et où les moyens
Le grand projet de Thu
Thiêm et la vue satellite du
district 1 de HCMV, 2011
L’urbanisation des
périphéries dans le quartier
de Ha Dong, Hanoi, 2012
le développement urbain à travers une planification centralisée1. Elles sont cependant
aujourd’hui confrontées à une diversification
des acteurs et une fragmentation des responsabilités dans ce domaine.
Le schéma du district 9 d’HCMV
de la faire appliquer restent faibles. Ainsi promoteurs et particuliers ont tendance à peu
respecter les règles d’usage du sol, même
lorsque des plans de détails ont été réalisés,
et les contrôles en la matière sont insuffisants.
De même, les nombreuses opérations privées (lotissements, immeubles de grande
hauteur) manquent de cadrage de la part des
autorités et ne font pas l’objet de participations financières pour contribuer à la mise en
place des réseaux techniques.
La distinction des métiers d’aménageur et de
promoteur ainsi que la définition précise des
cahiers des charges permettra de proposer
des programmes et des plannings réalistes.
La mise en place de structures de gestion de
projets opérationnels, dotées d’une capacité
d’emprunt réelle, d’un pouvoir décisionnel et
de compétences bien ciblées devrait à l’avenir permettre de faire face à la complexité
technique et financière croissante des opérations (décret 11/2013/NĐ-CP).
Des compétences et des
responsabilités très
fragmentées
Historiquement, les institutions vietnamiennes se sont structurées de manière à
gérer un système où seul l’État construisait
la ville et où il pouvait tenter de maîtriser
D’une part, les collectivités locales ont vu
leurs prérogatives se renforcer progressivement en matière d’urbanisme, comme en
attestent les orientations de la nouvelle loi
sur la planification urbaine de 2009. Ce processus de décentralisation, s’il permet une
gestion plus proche des réalités du terrain,
exige également une coordination accrue
entre les différents acteurs et échelons de
la planification. Les provinces ont délégué
certaines compétences d’urbanisme aux districts (plans détaillés, délivrance de petits
permis de construire). Ceci a entraîné des
effets de compétition pour l’aménagement
de zones résidentielles et économiques,
qui permettent de développer le territoire
et d’accroître dans le même temps le poids
démographique d’un district, dont dépend
une partie de son budget. Ce phénomène de
concurrence entre le pouvoir central et les
autorités locales se révèle particulièrement
à HCMV.
D’autre part, les acteurs de l’urbanisme (promoteurs privés, entreprises publiques, entreprises étrangères, joint-venture et habitants)
se sont multipliés au cours de la période de «
transition » qui a suivi le Doi Moi. Les politiques
de « socialisation », terme utilisé au Viêt-Nam
pour qualifier les privatisations des années
1990, ont impliqué la sollicitation directe
des acteurs privés pour le financement et la
construction des infrastructures, des zones
industrielles, des centres commerciaux, de
services ainsi que des équipements (éducation/santé). Des entreprises de construction
ont été privatisées, les joint-ventures et les
partenariats public-privé se sont développés.
Les investisseurs élaborent les plans détaillés de leurs projets d’aménagement conformément aux plans des échelons supérieurs
approuvés par les autorités compétentes.
Les projets stratégiques font l’objet de précédures spécifiques, où les plans détaillés
doivent être approuvés par l’Etat.
Pour aller plus loin :
• Banque mondiale,
2011, « Viêt-Nam
urbanization review,
technical assistance »,
238 p.
http://documents.
worldbank.org/
urated/11/15817674/
vietnam-urbanizationreview-technicalassistance-report
• Banque mondiale,
2006, « Urban
development
strategy; Meeting the
challenges of rapid
urbanization and the
transition to a market
oriented economy »,
73 p.
http://siteresources.
worldbank.org/
INTEAPINFRASTRUCT/
Resources/Urban.pdf
• Patrick Gubry,
« L’urbanisation au
Viêt-Nam, que sait-on
de la population
flottante ? »,
http://rechercheiedes.univ-paris1.fr/
IMG/pdf/201101Gub
ryLeThiHuongNguye
nThiThiengUrbanisat
ionViet-namPopulati
onFlottantePresentat
ion.pdf
• PADDI, Agence
d’urbanisme de
l’agglomération
lyonnaise, 2012,
« Comment rendre la
planification urbaine
au Viêt-Nam plus
efficace ? »,
http://www.paddi.vn/
La répartition des
compétences entre
collectivités locales et
échelons déconcentrés de
l’État relève au Viêt-Nam
d’un système hybride
entre déconcentration et
décentralisation.
1
A cela s’ajoutent des responsabilités institutionnelles très fragmentées, en matière
de planification urbaine entre les différents
Faire la ville
| 21
Chapitre 1 : La planification urbaine
Workshop organisé par le
PADDI sur l’implantation
d’une ligne de BRT sur
le boulevard Vo Van Kiet
(HCMV) réunissant le DoT, le
DUPA, l’Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise et la Banque
mondiale
ministères et les échelons administratifs. En
effet, le développement urbain est encadré
par trois types de plans. Le Plan de développement socio-économique, dirigé par le
ministère du Plan et de l’Investissement,
fixe pour quatre ans les orientations des
politiques publiques à l’échelle nationale. Il
est décliné localement par les provinces, les
villes et les districts. Les schémas directeurs,
appelés également plans des constructions,
doivent être compatibles avec ce dernier. Ils
sont , quant à eux, élaborés sous la responsabilité du ministère de la Construction (MoC).
Enfin, les différents plans sectoriels (foncier,
transport, réseaux, etc.), placés sous la responsabilité de leurs ministères respectifs,
sont tenus d’être compatibles avec les plans
précédents. Cette hiérarchie n’est pourtant
pas systématiquement respectée, ce qui
réduit considérablement la cohérence de la
planification urbaine.
La majorité de ces plans sont élaborés au
niveau central par le Viêt-Nam Institute of
Architecture and Urban Planning (VIAP) et
par le Southern Institute for Spatial Planning
(SISP) dans le sud du Viêt-Nam. Les villes dotées des ressources financières et humaines
suffisantes peuvent élaborer leur propre
schéma directeur, même si, exception due à
son intérêt stratégique, celui de Hanoi a été
financé par l’État. Le DUPA (département
d’Urbanisme et d’Architecture) de Hanoi a
été associé à son élaboration, dirigée par le
VIAP, alors que le schéma directeur de HCMV
en 2010 a quant à lui été entièrement dirigé
par le DUPA de la ville. Les DUPA sont également responsables de la mise en œuvre
des schémas directeurs, tandis que les instituts d’urbanisme locaux sont chargés de
22 |
leur élaboration et des études prospectives
préalables. À HCMV, le Hô Chi Minh City
Institute for Development Studies (HIDS)
regroupe les instituts d’urbanisme, d’économie et de sciences sociales. Il élabore le Plan
de développement socio-économique de la
ville, réalise des études sur les mécanismes
institutionnels et financiers et prodigue des
recommandations techniques.
Ce contexte institutionnel explique que la
concertation entre les acteurs publics - État,
ministères, organisations déconcentrées de
l’État, pouvoirs locaux - soit longue et complexe, et qu’elle reste trop faible avec les
acteurs privés. Les habitants sont consultés
par le biais d’expositions où leurs commentaires sont recueillis, mais leur participation
demeure encore minime. Le manque de
structures de discussion entre les différents
départements et l’insuffisance de « management urbain » au sein des Comités populaires rendent plus difficile la formation d’un
consensus sur les politiques à mettre en
œuvre. Le même problème de gouvernance
se pose lorsque les limites administratives se
trouvent dépassées par le développement
urbain. Un premier pas a été effectué vers la
planification régionale pour HCMV et ses sept
provinces limitrophes, ainsi que pour Hanoi
et ses huit provinces, en se limitant toutefois
à une planification spatiale indicative et sans
structure institutionnelle spécifique de mise
en œuvre. La maîtrise de l’urbanisation de
Hanoi et d’HCMV, métropoles d’un pays en
développement, est complexe, ce qui invite
à privilégier une planification stratégique. Sa
mise en œuvre effective passera essentiellement par l’amélioration de la gouvernance
urbaine.
Pour aller plus loin :
• CEFURDS, LPED,
AFD, PADDI, IMV,
Région Rhône-Alpes,
2012, Trends of
urbanization and
suburbanization in
Southeast Asia, 324 p.
• UN Habitat, 2012,
« Urban planning for
city leaders », 176 p.
http://www.
unhabitat.org/pmss/li
stItemDetails.x?public
ationID=3385
• ISET, 2012,
« Changing Cities and
Changing Climate:
Insights from shared
Learning dialogues
in Thailand and ViêtNam », 33 p.
http://www.i-s-e-t.
org/images/pdfs/
isetinternational_
sandchangingclimate_
nistpassandtei_2012.
pdf
Multiples plans, quelle hiérarchie ?
Organisme
Organisme
responsable
d’évaluation
de l’élaboration
Niveau de
planification
Couverture
territoriale
Plan de
développement
socioéconomique
Pays/
région/
province/
ville/district
Objectifs et moyens de
croissance, réduction
de la pauvreté…
Planification
régionale
Inter
provinces
MoC
MoC sous
Grandes orientations
d’aménagement : zones pilotage du
urbaines, industrielles, Premier ministre
réserves foncières
Contenu
Définition de la structure du développement
Schéma
spatial de la ville-centre
directeur/plan
et de l’agglomération ;
d’aménagement
orientations des réseaux
général
d’infrastructures
Ville nouvelle techniques et sociales
située sur deux majeures ; programmes
provinces
d’investissements priori(1/10 000e ou taires et ressources pour
e
1/25 000 )
leur mise en oeuvre ;
évaluation stratégique
de l’environnement
Province,
ville
(1/25 000e ou
1/50 000e)
MPI /DPI
Ministères/Comités
populaires de
province, villes,
districts
Organisme
d’approbation
Premier ministre/
Conseils populaires
des villes/provinces
Premier ministre
Comité populaire MoC
de province,
ville
Premier ministre
MoC
MoC et
Comités
populaires des
provinces et
villes concernées
Premier ministre
Planification
thématique
(transports,
réseaux)
Pays/
province/
ville/district
Objectifs, orientations,
projets et règlements
des politiques foncières,
des transports, des réseaux, du logement, etc.
Schéma de
district
District
(1/10 000e ou
1/25 000e)
Définition des fonctions Comité populaire DUPA/DoC
et des droits des sols,
du district
des orientations paysagères et architecturales
pour chaque zone ; ratios
des catégories de terrains
et d’infrastructures techniques pour chaque îlot ;
évaluation stragégique de
l’environnement
Comité populaire
du district
Schéma de
secteur
Zones interdistricts ou
à l’intérieur
d’un district
(1/2 000 ou
1/5 000)
Comité populaire DUPA
Définition des périmède province, ville
tres, des fonctions et
ou de district
des droits des sols, de
la taille de population ;
ratios des catégories de
terrains et d’infrastructures techniques ; principes
de la planification de
secteurs
Comité populaire de
province, ville
Détail des
constructions,
des infrastructures
techniques à réaliser ;
droit des sols pour
chaque parcelle ;
règlement du design
urbain
Bureau de gestion
urbaine du district
Comité populaire du
district ou de la ville
DUPA ou Bureau
de gestion urbaine
du district
Comité populaire du
district ou de la ville
Plan d’aménage- Quartier,
commune,
ment détaillé
interquartier,
au 1/500
intercommune
Composition
urbaine/
design urbain
Ministères et
départements
techniques
Comité populaire
du district
Ministères/Services Premier ministre/
techniques des villes Comités populaires
ou des provinces
de provinces/villes/
districts
Faire la ville
| 23
Chapitre 1 : La planification urbaine
LA PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE
Une approche flexible et de puissants outils opérationnels
a France est marquée par une forte tradition planificatrice, qui s’est essentiellement manifestée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale avec l’effort de reconstruction. La planification des années 1960-1970 était rigide, fondée sur des prévisions démographiques et économiques qui se sont révélées surestimées. Une démographie en forte croissance impliquait des politiques d’aménagement du territoire
expansives et volontaristes. Aujourd’hui, l’État n’intervient plus que rarement dans
la gestion urbaine, désormais confiée aux collectivités locales et à leurs groupements
dans le cadre de la décentralisation. La faible croissance actuelle explique en partie
la différence des problématiques de planification et d’outils entre le Viêt-Nam et la
France.
L
La combinaison des politiques
publiques et du marché
La France et les pays occidentaux en général considèrent le développement urbain
comme une combinaison de décisions publiques (infrastructures, grands projets) et
de lois du marché sur lesquelles la puissance
publique influe de façon variable et parfois
limitée, suivant qu’il s’agit de règles d’autorisation ou d’interdiction, de mécanismes
d’orientation ou d’incitation.
La planification urbaine et les outils d’aménagement dont disposent les collectivités
publiques ont pour rôle de réguler le développement urbain. Tantôt ils servent à corriger
les déséquilibres et les ségrégations produits
par le marché, tantôt ils soutiennent des dynamiques d’expansion pour les favoriser et en
tirer parti. La planification française propose
une vision à long terme qui se traduit par
le SCoT (Schéma de cohérence territoriale)
ainsi qu’un projet territorial qui s’exprime via
le SCoT d’une part, le PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) des
PLU d’autre part (Plan local d’urbanisme qui
détermine les règles d’urbanisme au niveau
des propriétés). Il s’agit soit d’orientations qui
constituent un cadre de coordination et de
référence pour l’action, soit de règles précises
pour l’instruction des permis de construire.
La planification qualifiée de stratégique fait
appel à une méthode plus visionnaire et
plus interactive. En Europe, la planification
fonctionne mieux lorsqu’elle vise à protéger
24 |
Le nouveau schéma directeur du Grand Lyon et sa vision de la
« cohérence territoriale »
plutôt qu’à inciter. Les règlements et les outils
de protection concernent entre autres l’environnement, le patrimoine et la séparation des
activités industrielles lourdes du tissu urbain
normal. Les mécanismes d’incitation, eux,
sont essentiellement fiscaux ; ils dépendent
en grande partie des marchés et sont plus
difficiles à mettre en oeuvre, ce qui explique
qu’ils soient moins efficaces que les précédents. L’État peut parfois intervenir par le
biais de structures opérationnelles telles que
les Établissements Publics d’Aménagement
(EPA) pour des projets considérés comme
stratégiques.
Concertation et ajustement
permanent, des pratiques en
développement
Dans l’approche « bottom up » de la planification, la ville est conçue comme la somme des
actions collectives. Cette approche engage
les élus et les techniciens des collectivités
locales à prendre en compte les réalités du
terrain et les demandes des habitants. Elle se
développe peu à peu en France, mais coexiste
avec l’approche classique dominante dite «
top-down » ou descendante, qui privilégie le
poids de l’action publique et de la planification dans la construction de la ville.
En Europe, les ratios servent d’indicateurs,
d’outils d’aide à la décision, et non d’objectifs
à atteindre, et la planification est ajustée en
permanence. En France, la mise en œuvre des
Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT)
fait désormais l’objet d’un suivi continu et
d’une évaluation six ans après l’élaboration
du document, qui peut mener à sa révision.
Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) sont
modifiés environ tous les six mois et révisés
tous les cinq ans. Ces plans sont fermes sur
les interdits, mais plus souples sur les préconisations de développement.
actions à mettre en oeuvre pour la réaliser.
Aujourd’hui, les politiques publiques tentent
généralement de favoriser la construction de
nouveaux quartiers plus denses, d’urbaniser
les terrains vacants en zone dense et de structurer l’urbanisation autour des axes et des
stations de transport en commun afin de diminuer la part des déplacements individuels
motorisés. La préservation des espaces verts
et agricoles des agglomérations, la valorisation des cours d’eau (la trame verte et bleue)
et l’aménagement d’espaces publics sont autant d’objectifs qui sont largement partagés
par les services d’urbanisme des collectivités
françaises. La planification se veut elle aussi
durable, tant dans le processus, via la mise en
place d’une concertation avec les différents
acteurs et la participation des habitants, que
dans le contenu. Un diagnostic environnemental est intégré au PLU et à chaque projet
urbain. Les plans sectoriels comme le Plan de
Déplacement Urbain (PDU) et le Programme
Local de l’Habitat (PLH) visent par exemple à
réduire la pollution atmosphérique en préférant le fret au transport routier de marchandises ou en créant des mesures favorables à
la mixité sociale.
Pour aller plus loin :
• Éco-quartier de la
caserne de Bonne à
Grenoble, premier
éco-quartier français,
http://www.debonnegrenoble.fr/
Des appels à projets publics
incitent les collectivités à
construire des quartiers
plus écologiques et
durables
Les différents plans/acteurs :
à la recherche d’une échelle
métropolitaine à Lyon et à Paris
Le ministère de l’Écologie, du Développement
durable et de l’Énergie comprend les directions de l’aménagement du territoire et de
l’urbanisme. Celles-ci produisent des études,
lancent des appels à projet (éco-quartier, grand territoire, aménagement numérique). Sur le terrain, seuls les grands projets
des Directives Territoriales d’Aménagement,
des Opérations d’Intérêt National ou des
Établissements Publics d’Aménagement sont
pilotés par l’État. Les plans d’aménagement
Une préoccupation nouvelle :
le développement durable
La ville doit désormais essayer d’être « durable »,
dans les trois dimensions (écologique, économique et sociale) du terme. Les définitions
de la « ville durable » sont nombreuses et ne
font pas toujours consensus, pas plus que les
L’élaboration d’un
schéma directeur
demande la consultation
et la coordination des
acteurs institutionnels,
économiques et des
habitants
Faire la ville
| 25
Chapitre 1 : La planification urbaine
aux différentes échelles sont liés par le principe de compatibilité. Les directions régionales et départementales de l’aménagement,
les services techniques de l’urbanisme des
intercommunalités et des communes, et les
agences d’urbanisme sont chargés d’élaborer
les documents d’orientation et de planification.
Les collectivités peuvent par ailleurs faire appel à des bureaux d’études privés pour réaliser ces documents.
La planification à l’échelle
régionale et le défi de la
gouvernance métropolitaine en
Île-de-France
Quelques unes des
structures qui composent
le millefeuille de la
gouvernance francilienne
Le schéma directeur de la région Île-deFrance (SDRIF) est un document d’urbanisme
à l’échelle de la région qui vise à contrôler la
croissance urbaine et l’utilisation du territoire, tout en garantissant la préservation des
espaces ruraux et naturels.
Dans la hiérarchie des normes d’urbanisme,
il se situe à un niveau intermédiaire, entre les
lois qui s’imposent à lui (Loi du Grand Paris)
et les documents locaux d’urbanisme tels
les SCoT ou les PLU. L’Île-de-France, région
capitale, est aussi la seule région française à
disposer d’un « quasi pouvoir règlementaire ».
Elle élabore, en association avec l’État, les
orientations règlementaires du SDRIF. Mais
26 |
Enfin, un syndicat mixte d’études, nommé
« Paris Métropole », a été créé en 2009 pour
favoriser les échanges et les études communes entre les collectivités franciliennes. Il
repose sur une coopération volontaire entre
plus d’une centaine de collectivités d’Île-deFrance de différents échelons (communes,
intercommunalités, départements, région).
Paris Métropole associe à ses travaux, au sein
d’un Comité des partenaires, les grands syndicats techniques, les chambres consulaires,
les représentants des milieux socio-économiques et universitaires, les dix équipes de
la consultation internationale sur le « Grand
Pari de l’agglomération parisienne » et des
acteurs de la société civile.
Des démarches de planification
et de gouvernance innovantes
dans la métropole lyonnaise
La généralisation de
l’intercommunalité
est un enjeu majeur
pour l’Île-de-France.
De nombreux projets
d’extension et de création
d’intercommunalités
sont en cours (en orange
les communautés de
communes existantes, en
rose les communautés
d’agglomération et
en vert les Syndicats
d’agglomération nouvelle)
Rencontre des présidents
des syndicats mixtes
porteurs de SCoT de
l’agglomération lyonnaise
elle est forcée de se soumettre à la volonté
de l’État, dans la mesure où c’est le gouvernement qui fixe, en général, les grandes
orientations en matière d’aménagement
du territoire (Pôles de compétitivité économique, Lignes à Grande Vitesse, etc.). Dans
ce cadre, la Société du Grand Paris, créée par
la loi du 3 juin 2010, a pour mission principale
de concevoir et de réaliser de grandes infrastructures de transport, en particulier le réseau de métro automatique du « Grand Paris
Express », long de 130 km, qui reliera notamment les aéroports de Roissy CDG, d’Orly et
du Bourget, en passant par la Défense, le plateau de Saclay, la grande banlieue Est et le
centre de Paris.
Pionnière, l’agglomération de Lyon s’engage
dans un nouveau type de planification au
cours des années 1980, peu après les grandes
lois de décentralisation. Auparavant descendante, rigide et essentiellement spatiale, cette
planification nouvelle prend en compte désormais la dimension métropolitaine de l’agglomération de Lyon et propose une vision plus
partenariale et prospective, fondée sur de
grands projets d’agglomération et sur l’inté-
gration, entre autres, des enjeux de développement économique et universitaire. Le
schéma directeur « Lyon 2010 » est approuvé
en 1992 à la suite d’un processus novateur de
concertation entre les acteurs publics, privés
et la société civile, au moyen de nombreuses
auditions et groupes de travail. Ce schéma se
distingue par sa souplesse et sa déclinaison
en secteurs, échelons territoriaux informels
qui détaillent ses orientations stratégiques.
Ce document a donc eu une grande influence
sur la création d’une « culture d’agglomération », et sa vision prospective de la métropole a été considérée comme une référence
par les acteurs aussi bien publics que privés.
La structure institutionnelle de la planification est aujourd’hui particulière dans l’agglomération de Lyon. Son territoire, en raison
de son intérêt stratégique, est couvert par
une Directive Territoriale d’Aménagement
d’encadrement étatique. Le SCoT du Grand
Lyon touche en pratique un périmètre plus
large que celui de l’intercommunalité. Il
est élaboré par le Syndicat mixte d’Études
et de Programmation de l’Agglomération
Lyonnaise, le SEPAL. Une démarche dénommée inter-SCoT rassemblant treize SCoT de
l’aire métropolitaine lyonnaise a été conçue afin
de raisonner à l’échelle de la « grande région
» formée par les agglomérations fortement
liées de Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, Vienne,
Villefranche, Bourgoin... Un « chapitre commun métropolitain » tient ainsi lieu de préambule pour chacun de ces SCoT. Le « SCoT 2030
» de l’agglomération lyonnaise qui a été
approuvé en 2010 insiste entre autres sur la
densification autour des axes de transport en
commun et sur la valorisation des bassins de
vie.
en 2000 dans la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (trois volets : urbanisme, habitat
et transport) et renforcé par les lois Grenelle.
Les PLU doivent comporter un Projet d’Aménagement et de Développement Durable
(PADD). Les documents règlementaires ne se
contentent plus d’édicter des normes et des
Les orientations
stratégiques du schéma
directeur Lyon 2010
La carte de synthèse des
orientations majeures du
schéma directeur de la
région Île-de-France
La combinaison de la
planification, de la « stratégie »
et des grands projets
Afin de rendre sa mise en œuvre plus aisée,
la planification règlementaire peut s’articuler
avec le développement de grands projets et
des stratégies globales et sectorielles (économie, foncier, logement, transport, environnement...). Pour renforcer les liens entre
l’urbanisme règlementaire et les pratiques
opérationnelles réelles (urbanisation diffuse,
incohérence des fonctionnalités, rigidité du
zonage), l’« urbanisme de projet » a été inscrit
Faire la ville
| 27
Chapitre 1 : La planification urbaine
interdits, puisque les collectivités y exposent
désormais au préalable des orientations
d’aménagement et de programmation. Les
grands projets ne dérogent pas aux règles et
peuvent les alimenter : le PLU peut être modifié lors du développement d’un projet de
Zone d’Aménagement Concerté (ZAC).
«
Développer des outils opérationnels en complémentarité des plans d’urbanisme
Si les orientations majeures sont du ressort du
schéma directeur, et la gestion quotidienne de
l’urbanisme du ressort des documents locaux
(plans détaillés), il est intéressant de développer une batterie d’outils adaptés à des problématiques spécifiques. En France, les AVAP
(Aires de mise en Valeur de l’Architecture et
du Patrimoine) et les « secteurs sauvegardés »
permettent une politique de protection et de
valorisation du patrimoine bâti urbain. Les
OPAH (Opérations Publiques d’Amélioration
de l’Habitat) permettent de réhabiliter les
logements dégradés, les PLH (Programmes
Locaux de l’Habitat) de fonder une politique territoriale de logement social, les PDU
(Plans de Déplacements Urbains) et les PLD
(Plans Locaux de Déplacements) d’organiser
les déplacements, les PNR (Parcs Naturels
Régionaux) ou les zones « Natura 2000 » de
protéger des zones naturelles.
La définition de la stratégie
Les orientations stratégiques définies par la
collectivité s’expriment par des plans sectoriels et par le SCoT, qui constitue une synthèse territoriale de ces objectifs. Celui-ci
repose sur une vision générale, sur une sélecUn exemple de vision stratégique : la charpente du réseau
de transport en commun à HCMV
tion d’actions en fonction de leur faisabilité,
et sur un partenariat entre l’autorité publique
et les autres acteurs clés de l’agglomération
(développeurs, promoteurs, entreprises du
bâtiment et des travaux publics, grandes entreprises, associations importantes, etc.). Ce schéma dessine le « squelette » de la ville future. Ce
squelette environnemental (protection de la
trame verte, zones naturelles non constructibles) et structurel (centres, centres secondaires reliés par la charpente de transports
en commun) définit les orientations de développement pour le long terme. Dans le reste
du tissu urbain, le SCot privilégie en général
une mixité de fonctions, sauf dans les zones
d’activités industrielles et de logistique.
Une planification règlementaire
claire
Le PLU précise les grandes orientations définies dans le schéma directeur. Il fait l’objet
d’une concertation entre les acteurs clés,
publics et privés, du territoire ainsi que d’une
enquête publique. Le document final est
rendu public, consultable en mairie et souvent publié sur internet. Le droit des sols, qui
peut être connu de tous, est accepté et les
interdits sont largement respectés. Le document est composé de quatre volets : le diagnostic, le projet de la collectivité (PADD), le
règlement et enfin les documents graphiques
(zonage). Ce zonage définit les catégories
d’usage du sol : zones naturelles (N), agricoles (A), urbanisées (U) et à urbaniser (AU).
Combiné avec le règlement du PLU, il définit
l’attribution des permis de construire. Ces
plans détaillés se limitent à l’essentiel : indication et réservation des emprises de projet
urbain, voirie, transports, réseaux et équipements ; prescriptions relatives aux constructions, aménagements et activités économiques (localisation, implantation) ; terrains
à protéger (trame verte et bleue, risques naturels ou industriels).
Les grands projets urbains
structurants
Trame verte
TCSP
Corridors
Aérorpot
Port
Sites de développement stratégiques
28 |
Inscrits au schéma directeur, ils bénéficient
d’un encadrement et d’un financement public, et servent de catalyseurs pour attirer les
investissements privés. Le développement
du projet s’effectue en général en partena-
Des catégories de zonage
simples et claires : zone
agricole, à urbaniser,
naturelle et urbanisée
«
L’élaboration de la stratégie et du schéma directeur 2
La première étape
Information
Durabilité
a pour objectif d’esFaisabilité
quisser une vision
DIAGNOSTIC
du territoire, qui sera
FACTEURS DE
EVALUATION
détaillée par la suite
CHANGEMENT
dans les cartes et
IDENTIFICATION
les documents de
VARIABLES
planification.
STRATEGIQUES
Incertitude
Une évaluation de
IDENTIFICATION
la mise en œuvre
CONFLITS &
du précédent schéOPPORTUNITES
ma directeur est
CONSTRUCTION
menée avant de déSCENARIOS
buter l’élaboration
VALIDATION
du nouveau, en colCHOIX
laboration avec les
acteurs institutionnels et économiques du territoire.
Ces scénarios sont traduits en grandes orientations
Le diagnostic critique - atouts et faiblesses - com- territoriales. Le passage du croquis à la carte s’effecprend notamment une évaluation environne- tue progressivement, avec l’identification de zones
mentale et doit reposer sur des données fiables, prioritaires d’un point de vue économique, environqui pourront par la suite faire l’objet de mises à nemental ou d’urbanisation préférentielle.
jour pour le suivi du document. Ce diagnostic est
ensuite croisé avec les facteurs de changement La carte de synthèse finale résulte de la superpo(démographie, croissance économique, chan- sition des cartes des différents thèmes du schéma
gement climatique) pour identifier les grandes directeur : zones d’urbanisation et de densification,
variables stratégiques.
zones de développement urbain contrôlé, infrasUn schéma qui synthétise les forces, les fai- tructures routières et de transport en commun,
blesses, les opportunités et les risques, (analyse pôles d’excellence. Il s’agit, à cette échelle, d’indi« SWOT » - strenghs, weaknesses, opportunities quer des zones de développement préférentiel et
and threats) permet d’identifier les scénarios de non des localisations précises.
développement.
Le nouveau quartier de la ZAC Lyon Confluence, 2011
riat avec des acteurs privés, à travers des
Sociétés d’Économie Mixte (SEM), ou des
partenariats public-privé. Les grands projets
urbains peuvent être un moyen de revaloriser une zone, en créant ou rénovant un
quartier, de créer de nouvelles dynamiques
économiques, comme le rapprochement des
pôles universitaires et des entreprises de
nouvelles technologies. Ils peuvent être
développés à l’occasion de grands événements, tels les projets de Barcelone, Beijing
ou Londres en vue de l’accueil des Jeux olympiques. Leur succès dépend fortement de la
volonté politique et du suivi des réalisations.
A cette fin, la Zone d’Aménagement Concerté
offre un encadrement juridique, technique et
financier public, et permet l’instauration d’un
régime de participation spécifique pour le
financement des équipements et des infrastructures publiques.
Pour aller plus loin :
• Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise,
« La planification
stratégique, de Lyon
2010 aux métropoles
d’aujourd’hui », 47 p.
http://www.
urbalyon.org/
Document/Colloque_
la_planification_
strategique_-_de_
Lyon_2010_aux_
metropoles_daujourd-hui_-_19_
mai_-_Les_actes-2912
• Schéma Directeur
de la Région Île-deFrance,
www.sdrif.com/
• SCOT de
l’agglomération
lyonnaise,
http://www.scotagglolyon.fr/
• ISTED, AFD, MAE,
MEDAD, Ville en
devenir, 2007, 79 p.
http://www.isted.
com/villesendevenir/
html/accueil_html/
index.html
• PADDI, 2006, Livret
« Planification et
gestion des ressources
foncières »
Atelier IMV sur les
« Stratégies des grandes
métropoles », animé par
Gilles Antier, mars 2011
2
Les initiateurs publics (État, Établissements
publics, collectivités) réalisent des études
Faire la ville
| 29
Chapitre 1 : La planification urbaine
pour définir le projet et son bilan financier.
La maîtrise d’ouvrage est confiée à un aménageur qui peut être un établissement public (10% des cas), une Société d’Économie
Mixte (80%) ou une compagnie privée (10%).
L’aménageur et l’initiateur public définissent
leur participation financière au potentiel déficit de l’opération. L’aménageur acquiert une
partie ou la totalité du foncier du périmètre
par des acquisitions à l’amiable, par droit de
préemption et parfois par expropriation. Il
réorganise le parcellaire, viabilise les terrains
1
et supervise la construction des équipements
publics. Les autres terrains sont cédés par
vente, location ou concession d’usage. Des
orientations architecturales et paysagères
précises sont imposées aux constructeurs.
Pour aller plus loin :
La mise en œuvre de la
planification stratégique
• FNAU, Fédération
Nationale des Agences
d’urbanisme, 2010,
« La planification
stratégique au service
du développement
durable ; l’expérience
des agences françaises
d’urbanisme »,
http://www.fnau.org/
index.asp
Les objectifs du schéma directeur doivent
être clairs et faciles à lire par tous les acteurs
publics et par les partenaires privés. Le long
processus de dialogue métropolitain, de l’élaboration en concertation à la mise en œuvre
(projet partagé, ajustements), est aussi important que le document du schéma directeur en lui-même. Ses objectifs doivent faire
l’objet d’une campagne de communication
auprès de ceux qui vont l’appliquer.
Les grands investissements publics d’infrastructures et d’équipements et les opérations
stratégiques d’aménagement (par exemple
les ZAC) demandent une maîtrise d’ouvrage
forte pour coordonner l’investissement public et cadrer l’investissement privé.
2
Urbanisme règlementaire et de projets se combinent dans
les documents de planification, ici dans le PLU de Lyon. Les
zones UA concernent le centre-ville et les quartiers centraux.
Les zones UC1 concernent les zones mixtes à dominante
d’habitat collectif (1). Le périmètre de projet, en jaune, se
superpose aux zones règlementaires du PLU (2).
30 |
Afin de faciliter la mise en œuvre, la structure
administrative et technique peut se caler sur
les plans d’action proposés dans le schéma
directeur : chaque stratégie est conduite par
un pilote technique sous l’autorité d’un pilote
politique, chaque grand projet bénéficie de
la même organisation (autorité de gestion,
ZAC…). Au Grand Lyon, les communes ont été
regroupées en cinq grands secteurs géographiques. Ces échelons intermédiaires de travail ont permis de préciser les orientations du
SCoT dans des plans de secteurs. Plus généralement, l’organisme responsable du SCoT associe les communes à son élaboration et peut
les conseiller lors de la conception des PLU.
Une évaluation doit être menée six ans au
plus tard après l’approbation du schéma directeur. Les outils d’évaluation peuvent être
décidés dès l’approbation (indicateurs sur
l’occupation des sols, sur les pratiques de
déplacement des habitants, sur le tissu économique de l’agglomération ou encore sur la
production de logements).
• CERTU, Guide « Outil
de l’aménagement »,
http://www.
outil2amenagement.
certu.developpementdurable.gouv.fr/
Les principales caractéristiques des systèmes de planification vietnamien
et français
Mise en perspective
Planification vietnamienne
Orientation
générale
Règlementée de manière précise par les lois et les textes Définie par le Code de l'urbanisme, le contenu est déterminé
règlementaires (loi foncière, loi sur la construction et sur la par les collectivités locales.
planification urbaine).
Planification socio-économique au niveau régional, provincial.
Planification foncière au niveau national, provincial, du district,
communal par le MoNRE et le DoNRE.
Les différents
documents
Planification des constuctions : quatre plans (régional, général,
zonage, détaillé) par le VIAP (MoC), les instituts d’urbanisme
(Hanoi et HCMV) en concertation avec les différents
départements techniques (DUPA, DoT, etc.).
Planification thématique : logement, transports, santé, etc.
Planification française
Aménagement du territoire, documents ou démarches
élaborés par l’État : la Directive Territoriale d'Aménagement
(DTA), l’Opération d'Intérêt National (OIN) et l'Établissement
Public d'Aménagement (EPA).
Aménagement et planification urbaine : le SRADT élaboré par
les régions, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT), élaboré
à l'échelle du groupement intercommunal qui couvre une
agglomération ou un bassin de vie et le Plan Local d'Urbanisme
(PLU) qui couvre généralement une commune (création récente
des PLU intercommunaux).
Planification par thème : élaboration à l'échelle régionale
(économie), départementale (affaires sociales) et concertée
avec le SCoT et le PLU articulé avec le Programme Local de
l'Habitat (PLH), le Plan de Déplacement Urbain (PDU), etc.
Type de relation
entre les documents
Contenu de la
planification
Hiérarchique, conformité avec le document supérieur
Indépendance mais obligation de compatibilité avec le
document supérieur
Repose sur des objectifs des collectivités locales, des orientations des plans de l’échelon supérieur, des ratios et normes
techniques (taille de population, etc). Les objectifs chiffrés à
atteindre ont un caractère impératif.
La loi donne les grands principes généraux à respecter.
Certaines contraintes peuvent être imposées par l’État, à
propos des ouvrages nationaux notamment (passage d’une
autoroute par exemple). Les prévisions démographiques ont un
caractère indicatif.
Schémas régionaux : orientation de développement socio-économique, liens régionaux, mise en cohérence des infrastructures (transports, réseaux, éducation, etc.), valorisation des
potentialités économiques de chaque territoire dans la région.
Schéma directeur (Master plan) : concrétisation des orientations du schéma régional, zoning fonctionnel, définition de la
surface à urbaniser.
Plans de secteur : concrétisation du schéma directeur et
définition des droits des sols pour chaque «unité d’habitation».
SRADT au niveau régional : prospective à moyen terme, charte
d'aménagement et de développement durable. Non prescriptif.
SCoT : mise en cohérence des politiques publiques en matière
d’urbanisme, d’habitat, de développement économique et de
déplacements. Contient un rapport de présentation (diagnostic,
notamment environnemental), un projet d'aménagement et de
développement durable (PADD), des documents graphiques.
Evaluation tous les six ans et possibilité de révision avant-terme
(normalement entre dix et quinze ans).
Plans détaillés : définition des constructions urbaines, des
travaux d’infrastructures techniques à réaliser et des normes de
construction, ainsi que du droit des sols pour chaque parcelle.
PLU : contient un rapport de présentation et un PADD, un
règlement et des documents graphiques qui fixent les droits des
sols et les droits à construire de chaque parcelle, zone par zone.
C’est sur cette base que sont délivrés les permis de construire.
Pas de plan détaillé, sauf dans les projets publics pilotés par la
collectivité (par ex. les ZAC). Pour le reste, ce sont les investisseurs qui font des propositions de plans d’aménagement.
Plan détaillé des districts
PLU
Elaboration des plans d’urbanisme en 2 étapes : définition des
termes de la planification et plan de planification. La procédure
est la même pour chaque étape : les collectivités font appel à
des consultants pour l’élaboration du plan en tenant compte de
l’avis de la population concernée. Le plan est ensuite présenté
aux organismes compétents (MoC, DUPA, etc.) pour expertise et
approbation (Premier ministre, Comité populaire de
ville/province ou district).
Élaboration du PLU et du SCoT par les services d'urbanisme en
concertation avec la société civile et le public. Pour le PLU, le
projet est voté par le conseil municipal. Les personnes publiques
donnent leur avis (Conseil Général, Chambre de commerce...).
Un commissaire indépendant mène une enquête publique.
Après avis de la commission d'enquête, certaines modifications
peuvent être apportées au document, soumis à l'approbation du
conseil municipal. Révision du PLU tous les six ans, modifications
légères tous les ans. La procédure d’enquête publique pour le
SCoT est moins contraignante.
Urbanisation rapide engendrant de nombreux problèmes
sociaux, de logement et environnementaux. Rigidité d’une
planification trop normative, nombreux règlements à appliquer,
gestion foncière à améliorer, compétences des autorités locales
à renforcer.
Forte croissance des prix fonciers et immobiliers, production de
logements sociaux ou abordables, mouvement NIMBY (« Not in
my backyard », soit le refus de logements sociaux ou
d’infrastructures à proximité de chez soi ou dans sa commune),
difficile maîtrise de l’étalement.
Planification intégrée et transversale, coordination des
Principales nouvelles planifications hiérarchisées, prise en compte de la composition
urbaine et des problèmes environnementaux.
orientations
Tentative de mise en cohérence des politiques sectorielles
dans les SCoT, concertation (conseil de développement), démocratie participative, « gouvernance », simplification du code de
l’urbanisme, urbanisme de projet, gouvernance métropolitaine,
pôle métropolitain.
Outil contraignant
Les étapes de
la planification
Principales
difficultés
Faire la ville
| 31
Chapitre 1 : La planification urbaine
LES RÉFLEXIONS ET PROJETS DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
La planification interdistrict à
HCMV 3
Les interrogations sur la
définition du « secteur »
Le schéma directeur d’HCMV approuvé en
janvier 2010 propose une vision pour 2025.
Ses grandes orientations consistent en l’élargissement du centre-ville qui sera alors composé du centre-ville actuel et du nouveau
quartier de Thu Thiêm, projet urbain phare
sur l’autre berge de la rivière Saigon ; le développement de polarités secondaires (Saigon
South, Cu Chi) ; le renforcement du réseau de
transports collectifs (sept lignes de métros,
Bus Rapid Transit, amélioration des lignes de
bus existantes) ou encore la protection des
zones naturelles telles que les mangroves de
Can Gio.
Or, la loi sur la planification urbaine de 2009
et le décret d’application (n°37/2010/
NĐ-CP) ne précisent pas si les
secteurs sont définis selon
des critères géographiques, fonctionnels,
La vision stratégique, qui devrait se décliner
dans les schémas de district approuvés en
décembre 2012, s’y retrouve pourtant difficilement. Ceux-ci forment à HCMV un « patchwork » qui se traduit par des différences
dans la qualité du rendu, dans les règlements
ou par la compétition entre les districts pour
attirer les investissements. Les projets (immobiliers, zones industrielles) se multiplient
au détriment des orientations du schéma directeur. Les récentes dispositions de la loi sur
l’urbanisme de 2009 imposent l’élaboration
de plans par secteurs afin de concrétiser les
orientations du schéma directeur. Ceux-ci ne
correspondent pas forcément aux limites administratives du district, ce qui invite à repenser les relations des districts entre eux, mais
aussi avec la ville et les quartiers, échelons
administratifs inférieurs. Ainsi les plans de
secteurs pourraient faciliter la mise en œuvre
du schéma directeur, à condition de définir précisement la notion de secteur.
ou
les deux,
ni quelle est l’étendue de leur périmètre.
Ils sont définis comme
« des territoires qui peuvent comporter plusieurs districts mitoyens qui ont
les mêmes problèmes et orientations de
développement ». Les plans de secteur sont
élaborés à l’échelle 1/2 000eou 1/5 000e. Les
périmètres peuvent également être définis
en fonction des axes de transport ou selon les
caractéristiques principales de la zone (à vocation écologique, industrielle, etc.). Le plan de
secteur se compose des unités d’habitation
urbaine et des zones fonctionnelles.
Les ratios pour chaque unité d’habitation
sont définis par les normes techniques au niveau national et comprennent : des ratios sur
l’usage des sols (terrain résidentiel, terrain
«
La planification interdistrict
de l’axe du boulevard Vo
Van Kiet, HCMV
Ateliers du PADDI sur
la planification urbaine
de juin 2010 et 2011,
animés par Patrice
Berger, Gauthier Rouhet
et Xavier Laurent
3
La loi sur la planification urbaine de 2009 et les secteurs (article 29. Plans
de secteurs)
1. Les plans de secteurs doivent définir l’usage attribué à chaque zone
de terrain, le principe d’organisation de l’espace, de l’architecture et du
paysage urbains de la zone à planifier ; les normes de population, de droits
des sols, d’infrastructures techniques pour chaque îlot. Ces plans doivent
aussi disposer les ouvrages d’infrastructures sociales de façon adéquate par
rapport à leur usage ; orienter le réseau d’infrastructures techniques vers
les axes principaux, en synchronisation avec les étapes du développement
urbain ; inclure une évaluation stratégique de l’environnement.
2. Les plans de secteurs sont réalisés à l’échelle 1/5 000e ou 1/2 000e.
3. La visée d’une planification par secteurs dépend de celle du schéma
directeur dont elle relève, ainsi que des exigences de la gestion et du
développement urbains.
4. Les plans de secteurs, une fois approuvés, servent de base à l’élaboration
du projet d’investissement ainsi qu’aux planifications détaillées.
Source : loi sur la planification urbaine janvier 2010, Viêt-Nam
32 |
pour les équipements publics, terrain pour
les espaces verts) et des ratios sur les infrastructures techniques (cote remblai, évacuation des eaux, électricité). De plus, le design
urbain et les orientations stratégiques en
matière environnementale sont aussi deux
éléments importants du plan de secteur. Le
règlement de gestion fait partie intégrante du
plan approuvé selon la loi de 2009.
Les limites de la planification à
l’echelle des districts
Afin de répondre aux objectifs économiques
fixés par les autorités provinciales, chaque
district cherche à favoriser le développement économique de son territoire et tente
d’attirer davantage de population (le budget
attribué par le Comité Populaire étant fonction des effectifs démographiques). Cela peut
conduire à des inégalités entre les districts
qui bénéficient d’une forte attractivité et dotés d’un potentiel de développement et ceux
qui doivent conjuguer développement territorial et protection de leur milieu naturel.
Suite à la répartition des projets à l’échelle de
l’agglomération, des conflits pourraient voir
le jour entre la ville et les districts. En effet,
ces derniers sont aujourd’hui compétents
pour développer des projets sur leur territoire. Dans cette optique, réaliser une planification par secteur pourrait porter atteinte
à leurs prérogatives et à leur budget, mais
aussi les conduire à modifier leurs habitudes
pour travailler davantage entre eux et avec le
comité populaire de HCMV.
Une déclinaison plus efficace
des orientations de la
planification stratégique
La planification par secteur peut être l’occasion de décliner le schéma directeur de
manière plus précise et de développer la
cohérence interdistrict, ainsi que le travail
partenarial entre le système central et les
districts.
Les schémas des districts sont actuellement
établis selon leur effectif démographique qui
définit les ratios en termes d’équipement ou
de voirie. Il serait possible de partager ces
équipements entre districts proches : par
exemple les habitants du district 3 pourraient
profiter des espaces verts du district 1 qui
est limitrophe. Les bénéfices de la présence
d’une zone industrielle ou commerciale
pourraient également faire l’objet d’une péréquation. La répartition des équipements,
de la population ou des activités serait ainsi
mutualisée. Les schémas de districts ne se
concurrenceraient plus ni entre eux, ni avec
le schéma directeur, dont les orientations
se déclineraient plus facilement sur chaque
grand secteur.
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2010, Livret
« Mise en œuvre de la
planification urbaine à
HCMC »
• PADDI, 2011,
Livret « Planification
urbaine, urbanisme
règlementaire et
opérationnel, enjeux
fonciers et intégration
de l’économie dans la
planification urbaine »
Consultants
internationaux sur ces
plans : Nikken Seikkei et
Sasaki
4
La planification par secteur au Grand Lyon
Les communes sont regroupées par aire géographique : tous les
maires d’un secteur se réunissent en appui à l’élaboration du schéma
directeur et discutent ensemble au sein de « conférences de maires
», sans autorité ni budget. Cette démarche permet une mise en
commun des compétences, une optimisation des moyens et des ressources, et évite le gaspillage : il n’est pas nécessaire par exemple que
chaque commune possède sa piscine ou son parc.
Une planification interdistrict est déjà appliquée pour l’élaboration des plans d’axes
routiers, les grands projets ou le schéma
d’aménagement du centre-ville 4 . Ces plans,
présidés par le DUPA, sont approuvés par
le Comité populaire et les districts n’interviennent pas dans le processus de validation.
Une des solutions pour l’amélioration de la
planification interdistrict pourrait être l’octroi
de compétences élargies à l’organisme qui
présiderait ces plans, comme le DUPA pour le
projet d’aménagement du centre-ville.
Les secteurs du schéma directeur Lyon 2010
Faire la ville
| 33
Chapitre 1 : La planification urbaine
Vers une meilleure cohérence
interdistrict à HCMV ?
Pour les experts du Grand Lyon, les périmètres des secteurs devraient être établis
selon des critères géographiques et non thématiques, comme évoqué plus haut. L’échelle
administrative des districts est à conserver car ils permettent une gestion urbaine
générale en relation avec la province et une
gestion de proximité pour les habitants. La
création d’une structure informelle de réunion par secteur pourrait améliorer la cohérence hiérarchique et interdistrict entre le
schéma directeur et les plans de districts. Il
serait enfin intéressant de créer la possibilité
d’une péréquation financière et d’une mutualisation des équipements entre districts.
À l’échelle provinciale, il manque peut-être
à HCMV et à Hanoi une sorte de « chef
d’orchestre technique » sous la tutelle du
Comité populaire, afin de relayer les informations et d’effectuer la liaison
entre ce dernier et les différents départements et
districts.
Prospective pour une planification par secteur à HCMV, 2010
La contre-expertise du schéma
directeur de Hanoi, 2010 5 et
du schéma directeur régional
en 2005 6
Longtemps contenue dans ses arrondissements centraux, la ville de Hanoi connaît
depuis les années 1990 une forte croissance
urbaine. Les projets urbains et industriels
se sont multipliés, contribuant à une importante extension aux dépens des marges
rurales densément peuplées. La fusion en
2008 des provinces de Hanoi et de Ha Tay
avait ainsi pour objectif de mieux contrô-
34 |
ler le développement urbain et de servir les
ambitions métropolitaines de la capitale. Le
nouveau schéma directeur, rédigé suite à la
fusion entre les deux provinces et approuvé
en 2011, prévoit entre autres le développement de cinq villes satellites, situées dans un
rayon de 40 km autour de Hanoi. La planification urbaine de la capitale passera par son
intégration régionale, son réseau de transport collectif et la valorisation de ses espaces
ouverts.
Le lien entre transport et
urbanisme dans
l’agglomération de Hanoi
Dans cette agglomération qui s’étend et dont
le parti-pris d’aménagement est une structure polycentrique, il est important de pratiquer un urbanisme dense, bien limité et
s’appuyant sur un réseau de transports en
commun performant. Le développement de
ce dernier constitue une priorité pour relier
les nouvelles aires urbaines entre elles ainsi
qu’au centre de l’agglomération. Les plans
des villes nouvelles peuvent suivre les prin-
Le schéma directeur de
Hanoi, 2011
5
IMV, missions de contreexpertise du schéma
directeur de Hanoi de
janvier à septembre 2010
par les experts de la
région Île-de-France : J-C.
Gaillot, V. Mancret-Taylor,
V. Fouchier, A. Rossi et N.
Rolland.
6
IMV, missions
d’assistance pour
l’élaboration du schéma
régional de Hanoi en
trois volets : « Études
de projet général du
schéma directeur » par
F. Damette et H. Leroux,
2004-2005, « Stratégie
de développement des
transports » par
R. Maubois , 2005, et
« Analyse cartographique
et statistique » par
F. Quertamp et Mai Linh
Cam, 2005.
cipes du « Transit Oriented Development »,
en favorisant l’urbanisation autour des stations. Ainsi, le dessin du plan de la ville nouvelle de Hoa Lac pourrait rayonner autour de
sa gare. Le choix de la localisation des stations est stratégique dans la mesure où elles
constituent un moteur du développement
urbain. Les équipements majeurs (université, hôpital, mairie) pourraient se situer à
proximité de ces stations. Cette articulation
du transport et de l’urbanisme serait également l’occasion de poser des limites physiques claires à l’urbanisation, en utilisant
par exemple le 4ème périphérique et la ligne
de chemin de fer qui le longe comme front
d’urbanisation.
Les villes satellites : une
politique ambitieuse
Le développement de villes satellites suppose une lourde stratégie d’aménagement
reposant sur la coordination des politiques
dans différents domaines : maîtrise du foncier, programmation et planification du réseau routier et des transports collectifs.
Il est important que ces villes ne soient pas
monofonctionnelles, qu’elles ne soient pas
réservées à l’habitat ou à une activité économique particulière. Y développer des emplois, des commerces et des équipements est
une condition de leur réussite.
La qualité de la liaison entre les villes satellites et l’agglomération
centre est également déterminante, tant en matière d’infrastructures
routières que de réseau rapide de transport en commun. Ainsi, par
exemple, l’ouverture d’une ligne de métro entre Beijing et la ville satellite de Yi Zhuang, initialement mal desservie par les transports en
commun, a permis d’y attirer de nouvelles populations et entreprises.
En effet, des villes trop lointaines ou mal reliées freinent l’attractivité
et le développement de ces nouvelles zones urbaines, comme ce fut
le cas des villes nouvelles du Caire dans les années 1970. À l’inverse,
des villes trop proches provoquent la création d’un continuum urbain
et le mitage des espaces naturels et agricoles.
«
Le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF)
Le SDRIF a été adopté par la région en 2008 et devrait être approuvé sous une
forme révisée en 2013. Le SDRIF constitue à la fois un projet d’aménagement
et un document d’urbanisme. Il comprend à ce titre une carte indiquant la destination générale des différentes parties du territoire. Les enjeux sont, entre
autres, la réduction des inégalités socio-spatiales et le rééquilibrage territorial
du développement économique, actuellement très concentré à l’ouest ; la
limitation de l’étalement urbain, l’affirmation du polycentrisme et la création
d’axes de transports en commun structurants. De grands objectifs pour le développement durable de la région ont été fixés en matière de construction de
logements, d’accueil de nouveaux emplois, de préservation et de valorisation
de l’environnement, ainsi que d’intégration des politiques d’urbanisme et de
transport. Ainsi, la densification préférentielle autour des stations de transport
en commun est favorisée. La nouvelle ligne de métro en rocade améliorera les
liaisons de banlieue à banlieue. Les « espaces ouverts » de la région devraient
être préservés et de nouveaux espaces verts créés.
La mise en œuvre des orientations du SDRIF passe par l’obligation juridique
de compatibilité pour les SCoT et les PLU et la coordination avec les différents acteurs publics (contrats de plan État-Région, Établissements Publics
d’Aménagement, Établissements Publics Fonciers, syndicat des transports
de la région, etc.).
Le relatif succès des villes nouvelles
franciliennes
Le schéma stratégique de Hanoi et son principe de villes
satellites et de corridor vert
Planifiées par le schéma directeur de 1965 dans un contexte de
forte croissance démographique et économique, ces villes nouvelles
avaient pour objectifs de décongestionner l’agglomération parisienne (logements et activités), d’orienter la croissance urbaine
qui s’effectuait jusque-là en « tache d’huile » et de structurer un
espace régional polycentrique. Situées dans un rayon de quinze à
quarante kilomètres autour de la capitale, elles y sont reliées par des
trains express régionaux (RER), construits à la même époque (années
1970-80). Il s’agissait de créer des pôles relativement indépendants
de l’agglomération et de tenter de préserver une ceinture verte, tout
en assurant la possibilité de liaisons rapides avec l’agglomération
centre. Dans chaque ville nouvelle, une structure étatique, l’Établissement Public d’Aménagement, dirigeait les opérations d’urbanisation et une autre était en charge de la gestion administrative.
Faire la ville
| 35
Chapitre 1 : La planification urbaine
Ces objectifs initiaux très ambitieux ont été
revus en cours de projet, avec le passage de
huit à cinq villes et la réduction de leur dimensionnement. Ces villes nouvelles deviennent
aujourd’hui progressivement des intercommunalités classiques. Totalisant 900 000 habitants sur 11 millions de Franciliens en 2010,
elles sont devenues des pôles d’emploi et ont
contribué au desserrement des activités économiques de l’agglomération parisienne. Par
exemple, 50% des habitants des villes nouvelles y travaillent, contre 20% seulement dans
l’agglomération centrale. Le statut de centralité urbaine de certaines de ces villes (Marnela-Vallée, Cergy-Pontoise) s’est affirmé, grâce
notamment aux universités, aux préfectures
ou aux activités tertiaires de pointe. Le réseau
de transport, qui sera complété par la ligne
régionale en rocade du Grand Paris Express,
est efficace, bien que saturé.
Une politique trop ambitieuse
à Hanoi ?
Au regard de l’expérience française, des
nuances peuvent être apportées aux orientations pour l’aménagement des cinq villes
satellites autour de l’agglomération de Hanoi.
Leur nombre est peut-être trop important,
ainsi que celui de la population attendue,
au regard des prévisions de croissance de
l’agglomération et des ressources financières
mobilisables. Si un dimensionnement flexible
et un phasage des opérations sont rendus
nécessaires par l’importance du projet, l’acquisition rapide de foncier par les autorités
publiques pourrait permettre de le lancer et
de rassurer les investisseurs. L’attention des
aménageurs peut également se porter sur la
Le principe de répartition des terres agricoles et urbaines à
Hanoi selon le schéma directeur
36 |
structuration de l’actuel développement urbain en continuité de la ville centre, notamment entre le 3ème et le 4ème périphérique à
l’ouest, afin de promouvoir une urbanisation
compacte (proximité, efficacité des transports publics, mixité fonctionnelle).
Protéger le corridor vert
Le Schéma Directeur
d’Aménagement et
d’Urbanisme de la
Région de Paris en 1965
proposait la création de
huit villes nouvelles afin de
déconcentrer la ville centre
et de maîtriser l’étalement
urbain. Des hachures
représentent les zones
d’urbanisation nouvelle et
les zones de transition à
organiser
Le corridor vert inscrit dans le schéma directeur de 2011, à l’ouest de Hanoi, a pour ambition de limiter le développement urbain en
tache d’huile de l’agglomération. Il devrait
assurer la préservation de l’agriculture (péri)
urbaine, des couloirs d’évacuation des crues
de la rivière Nhué et des tissus urbains fragiles des villages de métiers. Ces derniers et
«
Protéger et développer les zones rurales fragiles
La France compte quarante-six Parc Naturels Régionaux (PNR), dont quatre
situés en Île-de-France.
L’objectif du PNR est d’allier sur des territoires ruraux habités des actions
d’aménagement, de développement et de protection des espaces naturels
jugés sensibles. Le PNR est géré par un syndicat mixte au sein duquel toutes
les collectivités du territoire du parc s’engagent à respecter pendant douze
ans une charte élaborée collectivement. Le PNR met en œuvre les objectifs
définis dans la charte par la concertation entre les partenaires (commune,
intercommunalité, département, région, etc.). Bien que cette charte n’ait
pas de valeur juridique, les SCoT et les PLU doivent être compatibles avec
les orientations et les zonages du parc. Les modifications de ces documents
doivent être obligatoirement soumises pour avis au PNR.
Un premier volet des actions d’un PNR concerne la valorisation du patrimoine
naturel et culturel et le développement économique, avec la promotion de
l’agriculture durable, des produits agricoles et artisanaux locaux ou la prise
en compte des enjeux environnementaux par les entreprises du territoire.
Dans un deuxième volet, un PNR doit favoriser la découverte du territoire
et sensibiliser la population aux enjeux environnementaux par le biais
d’activités éducatives ou en développant une filière de tourisme vert.
Les quatre parcs franciliens ont ainsi permis de préserver des espaces
naturels remarquables situés aux franges de l’agglomération.
les espaces ouverts sont appelés à devenir, à
terme, des « parcs urbains » destinés aux loisirs des citadins et des touristes. La mise en
œuvre de ce concept de corridor vert appelle
pourtant certaines interrogations. L’absence
de règlementation particulière à cette zone
rend difficile la préservation des espaces naturels et risque de ne pas limiter l’étalement
urbain. Il est également probable que cet
environnement privilégié fasse l’objet d’une
forte pression foncière (habitations pour
classes aisées ou résidences secondaires).
Un plan spécifique pour ce territoire, à intégrer au schéma directeur, pourrait clairement
différencier les zones urbanisables de celles
strictement interdites à toute construction.
En effet, le risque est de voir se développer
de nombreux pôles urbains (villes satellites,
cluster, etc.) et des voies routières au sein du
corridor qui favoriseraient l’émergence d’un
continuum urbain. Une solution serait de limiter, dans la zone du corridor vert, les intersections entres les voies rapides, les routes locales
et les arrêts des lignes de transport en commun, afin de prévenir la construction autour
de ces nœuds. Un autre type d’outil, le « Parc
Naturel Régional », permettrait de protéger et
de valoriser des espaces naturels fragiles, sans
pour autant geler tout développement.
L’intégration régionale de
l’agglomération de Hanoi
L’aménagement, la gestion et la compétitivité
des grandes métropoles sont liés à la capacité des acteurs du territoire métropolitain
à travailler ensemble. La combinaison des
pouvoirs étatiques, locaux et métropolitains
sur des territoires plus ou moins étendus est
très variée dans les grandes métropoles du
monde. L’imbrication des échelles de la planification est également complexe à Hanoi.
La province de Hanoi s’insère plus largement
dans le bassin de développement économique du nord du Viêt-Nam. Débutée en
2004 pour Hanoi et sept provinces alentour,
la réflexion sur l’aménagement a abouti en
2008 à l’approbation du schéma directeur
de la région de Hanoi. En 2013 débutera la
révision du Schéma directeur régional en vue
de mieux intégrer les orientations du nouveau schéma directeur de Hanoi, approuvé
en 2011. Il faudra également mettre en place
une structure de gouvernance pour sa mise
en oeuvre et son suivi. Donnée nouvelle, le
périmètre d’étude devrait inclure les provinces de Quang Ninh et de Hai Phong.
Certaines problématiques mériteraient d’être
particulièrement prises en compte lors du
futur exercice de planification régionale.
L’effort de planification, reporté vers l’ouest
de l’agglomération, a entraîné l’oubli du lien
avec la façade maritime située à l’est (port de
Hai Phong, Ha Long). Cette région deltaïque
requiert l’intégration des risques liés au
changement climatique et le renforcement
des aménagements hydrauliques pour gérer
le risque d’inondation. Les constructions en
zones hautes seraient à privilégier.
L’amélioration de la liaison par transport
ferré, routier et fluvial entre Hanoi, le littoral et ses ports, mérite également des études
approfondies. Les routes entre Hanoi, Ha
Long et Hai Phong sont saturées, sujettes à
d’importants encombrements (flux locaux et
de transits mélangés, passage par les agglomérations, desserte de nombreuses zones
industrielles, diversité des modes de transport présents sur la voirie). Le chemin de fer,
sous-utilisé dans ce corridor, serait alors à
valoriser, notamment pour le fret.
L’identification d’un niveau régional de réseau ferroviaire, jusque-là manquant entre
le réseau ferré national existant et le futur
réseau métropolitain de Hanoi, est largement
L’urbanisation grignote le
« corridor vert » de Hanoi
Faire la ville
| 37
Chapitre 1 : La planification urbaine
justifiée. La densité
démographique et
le développement
polycentrique de la
région entraînent
l’intensification des
échanges et des déplacements intrarégionaux 7 .
A l’heure actuelle,
un important déséquilibre existe entre
la route et le rail, au
plan régional avec
une offre minimale
de transport par train, et ce malgré un
linéaire de voies relativement important.
La desserte des villes intermédiaires, des
ports et du futur aéroport international par
un réseau régional pourrait s’appuyer sur
la rocade ferroviaire autour de Hanoi et sur
les voies radiales existantes. L’efficacité de
ces trois réseaux hiérarchisés pourrait être
optimale avec l’intégration physique multimodale à des nœuds stratégiques tels que la
gare centrale de Hanoi, les stations de rocade
ferroviaires et les villes intermédiaires.
«
La diversité des types de gouvernance
métropolitaine dans le monde
Du point de vue institutionnel, l’État est
souvent très présent dans les métropoles,
en raison de leur importance stratégique. Il
administre alors directement le territoire ou
nomme le maire. Des coopérations peuvent
voir le jour entre les autorités locales et l’État,
mais il est rare que les pouvoirs de gestion
soient entièrement délégués à un élu. La
gouvernance peut enfin être fragmentée entre
une multitude de pouvoirs locaux.
L’étendue territoriale de l’exercice de ces
pouvoirs dans les grandes métropoles est
également très variable. Une autorité métropolitaine peut ainsi s’exercer sur l’ensemble
de la métropole. Ou bien le territoire métropolitain peut être reconnu, avec des politiques
publiques menées à cette échelle, sans qu’il
existe pour autant à son niveau de structure
institutionnelle. Une troisième possibilité
consiste à créer une autorité métropolitaine
sur un territoire plus restreint que toute la
métropole (ville centre, part plus ou moins
importante du périurbain, parfois un peu
d’arrière-pays). Enfin, dans le cas de pouvoirs
locaux fragmentés, il n’existe aucune structure
de gouvernance métropolitaine.
38 |
Pour aller plus loin :
• IMV, Maubois R.,
2005, « Schéma
directeur de la région
de Hanoi ; stratégie de
développement des
transports », 24 p.
http://www.imvhanoi.com/Uploads/
Documents/05CE%20
rapport%20
Raymond%20
MAUBOIS%2007.pdf
Le schéma régional de Hanoi en 2008, vers un bassin intégré ?
L’intégration de l’économie
dans la planification urbaine 8
L’intégration de ce domaine à la planification
est récente. Les collectivités territoriales tentent de développer les activités économiques
sur leur territoire afin d’encourager l’emploi,
de bénéficier de revenus ou d’attirer de la population. Leurs services économiques contribuent à l’élaboration d’une stratégie pour
l’agglomération, qui est par la suite intégrée
aux documents de planification urbaine. Au
Viêt-Nam, cette intégration au schéma directeur demeure encore théorique. En effet, la
planification économique des villes vietnamiennes est conçue comme la réalisation
des objectifs de croissance prédéfinis dans
le plan décliné à chacun des échelons de
l’administration territoriale. Elle est marquée
par les ratios et ne prend pas vraiment en
compte les enquêtes socio-économiques ni
les besoins des investisseurs. C’est pourquoi
les axes d’implantation préférentielle des entreprises inscrits dans les schémas directeurs
sont régulièrement contredits par la réalité
de l’essor économique et urbain.
Le rôle des services
économiques des collectivités
territoriales en France
Ces services assurent la veille et les diagnostics, la coordination entre les acteurs économiques privés ou encore la prospective et
l’accueil pour l’installation d’entreprises.
• IMV, Damette F.,
Leroux H., 2005,
« Présentation
générale du schéma
directeur de la région
de Hanoi », 39 p.
http://www.
imv-hanoi.com/
fr-FR/Home/
mentdehanoi-137/88/
Etude-de-projetgeneral-de-schemadirecteur-de-la-region.
aspx
• IAU-IdF, Institut
d’aménagement et
d’urbanisme de la
région Île-de-France,
Dossier sur les villes
nouvelles,
http://www.iau-idf.fr/
nos-etudes/theme/
villes-nouvelles.html
• Établissement Public
d’Aménagement de
la ville nouvelle de
Marne-la-vallée,
http://www.epamarnelavallee.fr
7
Cette analyse reprend
le diagnostic et les
recommandations de
R. Maubois formulés en
2005 pour l’expertise
du Schéma directeur de
la région de Hanoi par
l’IMV pour le VIAP (volet
transport ) : « Stratégie
de développement des
transports ».
8
Atelier PADDI sur la
« Planification urbaine,
urbanisme règlementaire
et opérationnel, enjeux
fonciers et intégration
de l’économie dans la
planification urbaine »,
co-animé par Xavier
Laurent, juin 2010
L’Observatoire Partenarial Lyonnais en
Économie (OPALE) fédère l’ensemble des
producteurs de données socio-économiques
(Institut de la statistique, Chambres de commerce, représentants d’université, agence
pour l’emploi, etc.). Son rôle est d’observer
les problématiques socio-économiques sur
l’agglomération afin de contribuer à la planification et au développement de projets.
L’équipe « économie » au sein de l’Agence
d’urbanisme du Grand Lyon assure des activités de diagnostic et de veille : diagnostics
économiques sectoriels ou territoriaux sur
les volets économiques, veille économique
conjoncturelle, études sur l’emploi, observation des zones d’activités, benchmarks
(positionner l’attractivité de l’agglomération
lyonnaise à l’échelle européenne et internationale). Elle organise aussi des rencontres
avec les partenaires économiques.
«
Les critères d’attractivité d’une ville
L’observatoire économique du Grand Lyon se fonde sur un sondage réalisé à l’échelle internationale concernant les critères d’attractivité des villes
auprès des entreprises (classement non officiel) :
- Facilité d’accès du marché au client ;
- Qualité de main d’œuvre ;
- Accessibilité externe en transport (aéroport, grande gare) ;
- Qualité des transports en commun ;
- Coût de la main d’œuvre ;
- Environnement des affaires ;
- Coût de l’immobilier ;
- Pratique des langues étrangères ;
- Accessibilité des locaux ;
- Accessibilité interne en transport (desserte, réseau de transport en commun) ;
- Qualité de vie ;
- Critère environnemental.
Le logo « ONLYLYON »
représente le territoire pour
attirer habitants, touristes
et investisseurs
Site économique
métropolitain existant
Site économique
métropolitain projeté
Espace métropolitain
d’interface
Polarité urbaine
Les services d’urbanisme de la ville proposent des orientations
sur les sites de développement économique métropolitains,
Grand Lyon
Le marketing territorial
L’objectif de l’agglomération lyonnaise est de
se situer parmi les métropoles européennes
les plus attractives. Les études de « benchmarking » participent à l’élaboration d’une
stratégie de différenciation par la qualité du
service, afin d’attirer durablement les entreprises. Une offre globale d’accueil est proposée : sites d’implantation, amélioration de la
desserte par les transports en commun, guichet unique. L’OPALE intervient dans l’identification des grandes sociétés par une veille
active, en prospectant les investisseurs et en
suivant les stratégies d’entreprises - notamment par la presse et par les remontées
d’informations fournies émanant des développeurs territoriaux du Grand Lyon.
Les stratégies économiques
dans l’espace
Différentes stratégies spatiales peuvent permettre la valorisation des activités économiques. Les pépinières d’entreprises mettent
à disposition leurs locaux pour de jeunes
structures innovantes. La politique des pôles
de compétitivité ou « clusters » vise à intensifier, grâce à une proximité physique et un
soutien financier public, les relations entre
universités, laboratoires de recherche et
entreprises. Les différents pôles du Grand
Lyon sont spécialisés en recherche et developpement en chimie/pharmacie, systèmes
de transport, loisirs numériques, image et
multimédia, ou encore textiles nouvelle
génération. Les autorités locales peuvent y
encourager certaines activités ou en interdire
d’autres. Dans certains quartiers en difficulté
sociale et économique, des « Zones Franches
Urbaines » offrent aux entreprises qui s’y implantent une fiscalité favorable à la condition
qu’elles recrutent de la main d’oeuvre locale.
Dans les villes européennes, la tendance
actuelle est de mélanger, à l’échelle de l’agglomération, les zones résidentielles et les
Cartographie des
entreprises selon leur
activité et leur effectif dans
le quartier d’affaires de la
Part Dieu à Lyon , réalisée
par l’observatoire OPALE
Secteur d’activités
Industrie, énergie,
environnement
BTP
Commerce de gros et de
détail
Transports - logistique
Services aux entreprises,
finance, immobilier
Autres services
Effectif salarié
0 salarié ou inconnu
De 1 à 9 salariés
De 10 à 99 salariés
De 100 à 249 salariés
250 salariés ou plus
Faire la ville
| 39
Chapitre 1 : La planification urbaine
activités économiques, à l’exception de celles
qui, présentant des nuisances, ont des sites
propres. Ainsi, le SCoT 2030 de l’agglomération lyonnaise établit des orientations spécifiques par secteurs d’activités, en privilégiant
celles de dimension internationale sur neuf
sites, les activités de dimension métropolitaine sur vingt-et-un sites et l’offre de proximité sur tout le reste du territoire. Pour
autant, les orientations développées par la
collectivité ne demeurent que des incitations
pour les investisseurs. C’est le marché qui
oriente l’implantation des entreprises sur les
différents sites.
des PLU. La priorité est donnée à l’exploitation de l’existant, à la densification des zones
d’activité et à leur desserte par les transports
en commun ;
- la localisation des pôles de développement
préférentiel ;
- un raisonnement par bassin de vie afin de
tendre vers un équilibre habitat/emploi à
l’échelle de la métropole ;
- des schémas sectoriels d’aide à la décision,
sans valeur juridique, dans les domaines du
commerce, du tourisme ou de l’hôtellerie. Le
PLU localise les différentes aires d’activité et
différencie les commerces que l’on souhaite
ou non accueillir.
Ces documents sont flexibles et résultent d’un
compromis entre les attentes de la collectivité et le marché. Les documents d’urbanisme
peuvent être révisés si un grand projet est
développé, en suivant une procédure d’enquête publique. Ces modifications sont assez
rapides pour un projet de taille modeste.
Les pôles de compétitivité constituent à la fois une politique
industrielle et d’aménagement du territoire, Grand Lyon
L’intégration des problématiques économiques dans les
documents de planification
Les stratégies économiques ont un impact
sur l’organisation du territoire. Elles doivent
donc être en cohérence avec la planification
urbaine et ses différents documents, à la fois
en termes de réservation d’espaces pour
des infrastructures ou des zones d’activité,
d’insertion d’activités dans les tissus urbains
résidentiels ou dans les campus universitaires, comme de prévention des nuisances
et de gestion des risques technologiques. Le
réseau de transport en commun doit également intégrer la desserte des pôles d’emplois
majeurs.
Le schéma directeur du Grand Lyon comprend notamment :
- une évaluation pour 2025 de la capacité de
l’agglomération lyonnaise à accueillir de nouvelles activités. Ce programme d’immobilier
d’entreprise est élaboré grâce à l’évaluation
des besoins des entreprises (surface à urbaniser) et à partir des données et prévisions
40 |
Hanoi et HCMV, futures
métropoles à l’échelle de
l’Asie du Sud-Est ?
Les plans de développement socio-économiques pourraient être rendus plus opérationnels si le dialogue avec les représentants
des acteurs économiques et les chambres de
commerce et d’industrie était renforcé. Un
observatoire partenarial, comprenant des
services de l’État, des services des villes de
Hanoi et de HCMV (économie, urbanisme),
l’Institut des statistiques, des représentants
des chambres de commerce et d’autres institutions à caractère économique pourrait
être créé dans chacune des villes. Un accompagnement de la planification par l’étude de
marché permettrait de programmer l’immobilier d’entreprise afin d’être plus en phase
avec les investisseurs qui souhaitent s’installer sur le territoire. Le suivi des filières
économiques d’excellence (ou à enjeu) dans
l’élaboration des plans de développement socio-économiques, avec des documents sectoriels sans valeur juridique, alimenterait par la
suite les documents officiels de planification.
La poursuite du « benchmarking » dégagerait
la spécificité des territoires de Hanoi et de
HCMV par rapport aux autres métropoles du
Sud-Est asiatique.
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2011,
Livret « Planification
urbaine, urbanisme
règlementaire et
opérationnel, enjeux
fonciers et intégration
de l’économie dans la
planification urbaine »
• OPALE, Observatoire
partenarial de
l’agglomération
lyonnaise en
économie,
http://www.opalelyon.com/site/
• Antier G., Les
stratégies des
grandes métropoles.
Enjeux, pouvoirs et
aménagement, Paris,
Armand Colin, 2005,
253 p.
• Maurice Goze
(coord) Schéma
et règlement
d’urbanisme de
la ville de Sapa,
Lao Cai VIETNAM,
Coopération
décentralisée
IATU -Province de
Lao Cai-Région
Aquitaine, 02/2011,
5 tomes : 1- Projet
d’aménagement et
de développement
durable, 2- Règles
générales, règles
particulières par
zones, 3- Charte de
qualité architecturale
et paysagère, 4- Plan
d’embellissement et
de sauvegarde du
centre-ville, 5-Schéma
directeur des réseaux.
Versions française et
vietnamienne.
LE FONCIER URBAIN
L
’ État vietnamien, depuis la Constitution de 1959, est propriétaire de l’ensemble
des terres au nom du peuple. À la fin des années 1970, les faibles rendements
des coopératives agricoles et l’insécurité foncière ont engendré une crise du
monde rural. L’État s’est alors engagé dans une réforme foncière rurale, puis urbaine,
constituant l’un des piliers de la politique de transition du Viêt-Nam, où le foncier
est considéré comme un outil de développement économique et urbain majeur.
Cependant, les grands projets d’aménagement et d’infrastructures s’inscrivent dans un
système complexe : planification cloisonnée du foncier et des constructions ; double
système de prix ; lourdes procédures de récupération des terrains, d’indemnisation
et de relogement des populations. Dans ce contexte, comment constituer les réserves
foncières nécessaires aux grands projets ? Comment garantir les droits fonciers et une
utilisation efficace des terrains ? Comment mettre également cette dernière au service
du financement des infrastructures et de l’aménagement urbain ?
Le quartier de An Phu à
HCMV, 2012
Faire la ville
| 41
Chapitre 2 : Le foncier urbain
LE FONCIER URBAIN AU VIÊT-NAM
Un outil de développement inscrit dans un système complexe
e foncier a constitué, dans les premières années du Doi Moi, un des
principaux domaines d’investissement pour de nombreux ménages et entreprises. Des certificats de droit d’usage
ont été remis à partir de la loi foncière de
1988 mais c’est celle de 1993 qui reconnaît explicitement aux individus le droit
d’usage des terres et de ses dérivés, les
droits de cession, de location, de succession ou d’hypothèque. Cette réforme, en
sécurisant les investissements des particuliers et des entreprises sur leurs terrains, a permis l’émergence d’un marché
des droits d’usage du foncier dans les
villes.
L
Une deuxième phase de la réforme est intervenue avec la loi foncière de 2003 afin de
pallier, entre autres, le déficit de logements.
Celle-ci facilite les investissements industriels
et commerciaux des entreprises privées ainsi
que le développement du marché immobilier
et des droits d’usage fonciers. Le foncier est
aujourd’hui classé selon de grandes catégories d’usage, notamment agricole, non-agri-
cole, non-utilisé. Le droit d’usage acquis pour
un terrain résidentiel est définitif, il reste
limité à cinquante et soixante dix ans pour les
autres types de terrains (industriel et commercial).
Le foncier est désormais considéré par l’État
et les autorités locales comme un outil de développement au service de l’industrialisation
et de l’urbanisation du pays. Depuis le Doi
Moi, la demande croissante et l’ouverture
aux investisseurs étrangers ont contribué
à l’augmentation de la construction et des
prix du foncier, notamment à Hanoi où l’offre
était plus réduite. La terre est ainsi devenue
l’un des investissements les plus convoités et
rentables, générant de multiples stratégies
spéculatives. Si le sol demeure la propriété
collective de l’État, les cessions des droits
d’usage des sols représentent une source
substantielle de revenus pour les collectivités locales. La maîtrise du foncier, la fiscalité qui y est attachée et le financement des
équipements constituent dans ce domaine
les grands défis à relever par les autorités
publiques.
Le quartier de My Dinh
à Hanoi, vu de la tour
Keangnam, 2012
42 |
La forte pression foncière et
l’étalement urbain
Foncier et construction, deux
planifications différentes
Les villes de Hanoi et de HCMV présentent
des densités urbaines parmi les plus fortes
au monde, qui atteignent 840 hab./ha dans
le vieux quartier de Hanoi et 500 hab./ha
dans le quartier de Cholon à HCMV. Depuis
le milieu des années 1990, la ville de Hanoi,
longtemps contenue dans des limites administratives, connaît une forte extension urbaine. De son côté, l’agglomération de HCMV
se caractérise par un important étalement
urbain, qui s’étend sur les provinces voisines
du Dong Nai et de Long An, et par un développement sur des territoires marécageux au
sud.
Les planifications foncière et urbaine sont
dissociées à la fois dans l’exercice et dans
le temps. Le plan foncier élaboré par le département des Ressources Naturelles et de
l’Environnement (DoNRE) établit l’usage des
sols pour dix ans et doit être compatible avec
le schéma directeur des constructions établi
par d’autres organismes. Il est ensuite décliné en plans de détail par les districts. Or la
mobilisation des ressources foncières par la
puissance publique pour la réalisation d’équipements ou d’infrastructures suit des procédures complexes qui allongent la durée des
opérations et augmentent leur coût. Par ailleurs, les outils et le budget manquent pour
conduire les grands projets prévus (infrastructures, zones industrielles, etc.). Ces différents obstacles créent un décalage temporel
entre les planifications foncière et urbaine,
sans compter que, dans l’attente de l’aboutissement de ce long processus de planification,
les transactions se déroulent à leur propre
rythme, suivant les opportunités et les cycles
immobiliers.
Ces densités urbaines élevées et cette croissance s’inscrivent dans un environnement rural également densément peuplé : les densités
des deltas du Fleuve rouge peuvent atteindre
jusqu’à 1 120 hab./km² et celles du delta du
Mékong 1 000 hab./km². Pourtant, entre 2001
et 2010, près d’un million d’hectares de
terres agricoles (4% de celles-ci en 2000) ont
été convertis pour un usage résidentiel ou
commercial. La pression sur ces terres et le
mitage urbain sont si étendus qu’en 2008 le
gouvernement a décidé de geler plus d’un
million d’hectares de rizières et de limiter
la superficie des terrains agricoles attribués
gratuitement. Si la superficie des terrains
dépasse le seuil fixé, l’acquéreur doit alors le
louer à l’Etat pour éviter la spéculation.
«
Pour aller plus loin :
• PANDOLFI, L., Une
terre sans prix, thèse
de doctorat, Paris :
Université de Paris
8, Institut Français
d’Urbanisme, 2001,
567 p.
Carte foncière de la province
de HCMV, 2005
Les réformes foncières
ͳ 1981 et 1986 : Libéralisation du secteur
agricole et attribution de baux limités dans le
temps.
ͳ 1988 : Loi foncière, première reconnaissance
limitée des droits d’usage des sols.
ͳ 1992 : Constitution, réaffirmation que la terre
appartient au Peuple sous gestion de l’État
mais reconnaissance des droits d’usage du sol.
ͳ 1993 : Loi foncière, libéralisation du marché
foncier et immobilier, cession onéreuse des
droits d’usage du sol pour 20 à 50 ans (transformation, transfert, bail, héritage, hypothèque et droit à des compensations en cas
d’expropriation).
ͳ 2003 : Loi foncière, création des centres de
développement foncier, règlementation des
indemnisations et de la procédure de relogement.
ͳ 2013 : Révision de la loi foncière.
Faire la ville
| 43
Chapitre 2 : Le foncier urbain
La cohabitation d’une grille
officielle des prix et de ceux
du marché
Les procédures foncières (acquisition, compensation, etc.) entre l’État et la population
sont fondées sur une grille officielle des prix
établie dans l’objectif de les réguler. Définis
par les services du ministère des Finances
au niveau national et par les départements
des Finances (DoF) au niveau provincial, ils
tendent pourtant à se rapprocher progressivement des prix du marché. Les autres transactions foncières, entre particuliers, suivent
ces derniers. Les prix du marché sont déjà
utilisés par les autorités locales pour calculer
le « tiền sử dụng đất », « l’argent de l’usage du
sol», c’est-à-dire la somme - payable en une
fois - que les usagers doivent verser à l’État en
contrepartie de l’attribution d’un terrain. Les
filiales immobilières des banques ou encore
des cabinets de consultants commencent à
renseigner des bases de données sur les prix
réellement pratiqués. La cohabitation de la
grille officielle avec les règles du marché génère un flou qui crée des problèmes d’équité
et de la spéculation.
Depuis décembre 2009, un décret permet
aux autorités de HCMV de fixer les prix fonciers en se fondant sur ceux du marché. Elles
font appel à des cabinets de consultants pour
évaluer le montant à payer lors du changement de droits d’usage du sol ainsi que le
montant du prix plancher pour les terrains
mis en vente par la ville par adjudication.
Les prix officiels des terrains sont fixés par tronçons de rues,
ici dans le district 2 de HCMV
«
L’expertise des consultants et des banques :
Les consultants spécialisés dans l’évaluation
foncière
Les entreprises de conseil se multiplient au
Viêt-Nam et se sont fédérées en association.
Elles doivent être accréditées par le ministère
du Plan et de l’Investissement.
Des branches de groupes multinationaux, tels
DTZ Real Estate, Savills ou CB Richard Ellis
publient des analyses sur le marché foncier et
immobilier, entretiennent des bases de données, conseillent les investisseurs et mettent
en vente ou en location des biens.
Les banques
Une base de données de la branche immobilière de la banque Sacom, Sacom Real, recense
les transactions au prix du marché. L’agence
prend en compte le prix annoncé par le vendeur pour élaborer ses statistiques.
Un marché marqué par
des prix élevés et par la
spéculation
Un mètre carré de terrain vacant en périphérie coûte environ 500 USD à Hanoi et à
HCMV, mais, dans les centres-villes, les prix
peuvent atteindre jusqu’à 4 000 (HCMC) voire
7 000 USD le mètre carré (Hanoi), la capitale
étant plus touchée par la hausse des prix. En
effet, les autorités y gardent une meilleure
maîtrise de l’offre foncière qu’à HCMV, ouverte depuis plus longtemps à d’autres types
d’acteurs. Les centres-villes, les quartiers de
logements précaires bien situés dont la probabilité de destruction est importante, ou
encore les terrains situés le long des grands
projets d’infrastructures souffrent de prix
BẢNG GIÁ ĐẤT ĐÔ THỊ Ở QUẬN 2
(Ban hành kèm Quyết định ssos 89/2008/QĐ-UBND ngày 20 tháng 2 năm 2008
của UBND thành phố Hồ Chí Minh)
STT
1
Tên đường
(Rue)
2
Đoạn đường (Tronçon)
Từ
Đến
3
4
Giá
(Prix)
5
1
An Phú, phường An Phú
Xa lộ Hà Nội
Cuối đường
4,600
2
Bình Trưng, phường Bình Trưng Đông
Lê Văn Thịnh
Bến đường Trâu
1,800
3
Đặng Hữu Phó, phường Thảo Điền
Đường 39
Thảo Điền
3,900
4
Đặng Tiến Đông, phường An Phú
Đoàn Hữu Trung
Cuối đường
3,300
44 |
Pour aller plus loin :
• Banque mondiale,
Ambassades du
Danemark et de
Suède, 2011,
« Recognizing and
reducing corruption
risks in land
management in ViêtNam (Reference
book) », Hanoi, 75 p.
http://www.
worldbank.org/en/
country/vietnam
• Consultant
immobilier DTZ,
http://www.dtz.com/
Vietnam
• Consultant
immobilier Savills,
http://www.savills.
com.vn/
• Association
des entreprises
d’évaluation des prix
fonciers,
http://www.vvfc.vn/
• Musil C., Labbé M.,
2011, « L’extension
des limites
administratives de
Hanoi : un exercice
de recomposition
territoriale en
tension », Cybergéo,
http://cybergeo.
revues.org/24179
• AFD, MAEE, Mellac
M., Fortunel F. et Tran
Dac Dan, juin 2010,
« La réforme foncière
au Viêt-Nam ; Analyse
des jeux d’acteurs
et du processus
de transformation
des institutions aux
échelons central et
provincial », 195 p.
http://www.foncierdeveloppement.fr/
travaux-recherche/
la-reforme-fonciereau-viet-nam-analysedes-jeux-dacteurset-du-processusde-transformationdes-institutions-auxechelons-central-etprovincial/
• Foncier &
Développement,
http://www.foncierdeveloppement.org
• Lincoln institute of
land policy,
http://www.
lincolninst.edu
fonciers et immobiliers élevés qui entravent
l’accès au logement des classes moyennes et
populaires.
En effet, au Viêt-Nam, le foncier représente
une valeur refuge pour les investissements
car il offre des placements plus fiables que
la monnaie, par exemple, et qu’il n’est pas
soumis à une taxation des plus-values. Aussi
les terres agricoles des franges urbaines fontelles l’objet de spéculation en attendant de
devenir urbanisables. Quant à celles qui le
sont déjà, elles sont souvent rachetées par
des individus ou des groupes bien informés
qui les revendent lorsque les projets d’aménagement sont rendus publics. Les annonces
concernant la construction de nouveaux
axes, le tracé des lignes de métro ou les
élargissements de voirie entraînent une augmentation progressive du prix de ces terrains
à mesure de l’avancée des travaux. Enfin, la
complexité des procédures administratives
foncières favorise la corruption.
L’amélioration de la sécurité
foncière et du respect des
plans
De fait, les processus d’attribution des droits
d’usage du sol et des permis de construire
sont complexes, ce qui entraîne une série
d’insécurités juridiques pour les habitants.
À HCMV, on estime que la quasi totalité des
certificats d’usage des sols est enregistrée.
Cela renforce la sécurisation des droits fonciers des habitants face à l’administration
lorsque celle-ci veut les reprendre. Les procédures de récupération restent assez confidentielles et le montant des indemnisations
diffère fortement selon qu’elles sont versées
par le public ou le privé, bien que la loi foncière de 2003 et son décret d’application de
2009 en améliorent l’encadrement. Ces récupérations de terrain sont particulièrement
problématiques lorsqu’elles touchent des
populations rurales qui perdent leur outil de
travail et leurs sources de revenus. De plus,
ces terres sont indemnisées en tant que
terres agricoles puis couramment revendues
plusieurs fois le montant des indemnisations,
après une viabilisation souvent sommaire et
leur qualification en terrain urbain constructible. En 2009, les conflits liés au foncier ont
ainsi représenté 70% des plaintes portées au
Le quartier de Trung Hoa, à la périphérie Sud-Ouest de
Hanoi, est appelé à devenir une polarité urbaine importante
tribunal. Ils n’opposent pourtant pas toujours
l’administration aux habitants. A l’inverse, les
conflits naissent parfois de la volonté de certains propriétaires de spéculer, par exemple,
sur des terrains connus pour être sur le tracé
d’une future route. Par ailleurs, les constructions d’édifices sans permis de construire,
ainsi que les dérogations aux droits d’usage
inscrits dans les documents de planification,
notamment dans les zones périurbaines, sont
courantes.
L’amélioration de la sécurité foncière reposera donc sur une meilleure identification des
usagers des parcelles, sur le renforcement de
la solidité juridique des droits attachés aux
actes de transactions et enfin sur l’existence
Ce certificat (livret rose) confère des droits immobiliers et
garantit, avec le livret rouge, une meilleure sécurité foncière
Pour aller plus loin :
• Banque mondiale,
« Land administration
project »,
http://www.
worldbank.org/
projects/P096418/
land-administrationproject?lang=en
• Banque mondiale,
2012, « Revising
the land law to
enable sustainable
development in
Viêt-Nam : summary
of priority policy
recommendations
drawn from World
Bank studies », 26p.
http://documents.
worldbank.org/
curated/9/16890215/
revising-land-lawenable-sustainabledevelopmentvietnam-summarypriority-policyrecommendationsdrawn-world-bankstudies
Faire la ville
| 45
Chapitre 2 : Le foncier urbain
d’un registre comprenant l’ensemble des
actes juridiques pour tous les biens et pour
tous les propriétaires.
L’émergence d’acteurs privés
aux côtés des départements
des Ressources Naturelles et
de la Construction
Les pouvoirs publics jouent un rôle central en
fixant les usages des sols. Les terrains sont attribués par l’État dans le cas d’équipements publics, ou loués par le biais d’un bail de cinquante
à soixante dix ans dans le cas des entreprises
commerciales.
Le ministère des Ressources Naturelles et de
l’Environnement (MoNRE) rédige le plan foncier à l’échelle nationale. Le DoNRE gère les
hypothèques et le plan cadastral. Il s’occupe
des transactions officielles réalisées par les
personnes morales, de l’attribution ou de la
location de terrains aux projets d’investissement et de la réalisation du plan foncier. Le
DoNRE délivre aussi le certificat qui confère les
droits d’usage des sols (livret rouge).
Le département de la Construction (DoC), lui,
délivre les permis de construire des grands
projets. Les districts délivrent les permis de
construire pour les constructions des particuliers.
Les services techniques des districts instruisent les procédures de récupération des
terrains, d’indemnisation et de relogement
pour les particuliers et les services techniques
46 |
Plan du droit d’usage des
sols du centre-ville d’HCMV,
mêlant usages existants et
futurs, 2005
Informations figurant dans
le plan foncier du district 4
de HCMV :
- Population actuelle et
prévue à 2015 et 2020
- Limites des quartiers
(phuong) ;
- Infrastructures (routes
existantes, routes à
élargir ou nouvelles,
nouveaux ponts, principaux
carrefours, transports en
commun) ;
- Secteur résidentiel à
développer ou renouveler
(indications des hauteurs
de bâtiments minimum et
maximum, immeubles de
grande hauteur), liste des
projets en cours ;
- Secteur de mixité des
fonctions ;
de la Ville, pour les terrains des organismes.
Un plan foncier est élaboré à cet échelon et
à celui du quartier mais, en pratique, c’est le
plan détaillé des constructions qui s’applique
le plus souvent.
La libéralisation des transactions foncières
a permis l’émergence de nouveaux acteurs
privés ou semi-publics : promoteurs immobiliers, filiales immobilières de banques, entreprises de consultants en évaluation foncière
et entreprises semi-publiques. La séparation
entre les sphères publique et privée demeure
pourtant floue au Viêt-Nam : les grandes
entreprises financiarisées peuvent avoir des
origines publiques. Dans le même temps,
l’intégration du Viêt-Nam dans l’économie
mondiale renforce le rôle d’acteurs internationaux telle la Banque mondiale, porteuse
de propositions sur la gestion et l’administration du foncier. L’institution a lancé en
2008 le « Land administration project » afin
d’améliorer le fonctionnement de l’administration foncière à travers, entre autres, la
modernisation du système d’enregistrement
des actes et de délivrance des titres d’usage.
- Zone industrielle ;
- Industrie légère et zone
artisanale ;
- Commerce et services ;
- Équipements publics :
établissements scolaires et
crèches ; centres sanitaires
et hôpitaux ; sport ; culture,
patrimoine, tourisme ;
services municipaux,
administration ; centres
religieux ; armée ; espaces
verts existants ou à
développer (2015, 2020),
espaces publics.
LE FONCIER EN FRANCE
Des dispositifs règlementaires, opérationnels et
fiscaux au service de l’action foncière publique
n France, le droit de propriété est
inscrit dans la Constitution, l’intérêt
public est défini par la loi et présente
les mêmes critères sur tout le territoire.
Trois types de leviers d’action sont combinés par les autorités publiques dans le
domaine du foncier : règlementaire, opérationnel et fiscal.
E
Les collectivités territoriales élaborent une
politique d’acquisition ou de vente du foncier
et mettent en œuvre les documents de planification.
Afin de disposer d’un impact significatif sur le
marché foncier, il est nécessaire pour les autorités publiques de posséder une part majoritaire de l’offre des terrains à bâtir, comme
c’est le cas aux Pays-Bas. Or telle n’est pas toujours la situation en France. L’agglomération
de Lyon, par exemple, ne maîtrise que 15%
du foncier sur son territoire.
C’est pourquoi les autorités publiques procèdent à des acquisitions foncières. Celles-ci
se font de manière discrète, à l’amiable, sans
affichage public, ce qui donne plus de liberté
à la collectivité et évite de donner un signal
aux spéculateurs. La transparence exigerait
que l’affichage du projet urbain précède la
politique foncière. Il est pourtant fréquemment nécessaire de conduire les acquisitions
foncières stratégiques avant de dévoiler les
projets urbains afin de rester maître du prix
des terrains.
La segmentation des marchés
foncier et immobilier
A la différence de ce qui se pratique au ViêtNam, les marchés foncier et immobilier sont
segmentés, par exemple entre les terres agricoles, les nouveaux terrains à bâtir ou ceux
situés en milieu déjà urbanisé.
Les cadastres recensent
toutes les propriétés
immobilières dans chaque
commune grâce à une carte
et des informations sur
chacune des parcelles (date
d’acquisition, propriétaire,
etc.)
Parcelle : données générales
Commune 69266 Parcelle CII90
Données générales
Appartenance
à PDL
Adresse parcelle
24 Rue Emile
Decorps
Surface parcelle
Préfixe de section
2187 m2
Préfixe de la parcelle
de référence
Lettre de série rôle
A
A
Section de la parcelle
de référence
Numéro de plan de
la référence
Numéro de parcelle
primitive
Code du CDIF
1
Code du CDIF
Date de l’acte
23/07/2003
Caractère urbain
de la parcelle
Indicateur
d’arpentage
Parcelle non figurée
au plan
0
0128
4121
4121
Propriétaire principal
Nom
Sa Centre Europeen Cinématographique Rhône-Alpes
Adresse
24 rue Emile Decorps
69100 Villeurbanne
Faire la ville
| 47
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Les différents marchés fonciers sont constitués par :
1. l’espace naturel comme bien de production ;
2. l’espace naturel comme bien de consommation (résidences secondaires, loisirs…) ;
3. l’espace naturel comme matière première ;
4. le marché des terrains neufs (à bâtir en
périphérie) ;
5. le marché des terrains d’occasion (renouvellement urbain) ;
6. le marché des droits à bâtir (marché urbain
classique), qui varie selon le marquage social
(50 % de l’explication du prix), l’accessibilité
en transport et les aménités urbaines.
Il n’existe pas de méthode scientifique ni de
démarche absolue pour estimer la valeur
d’un bien foncier ou immobilier. Différentes
méthodes peuvent être croisées.
La méthode de comparaison directe avec le
marché détermine le prix de vente selon les
possibilités règlementaires de construction
et les caractéristiques physiques du sol. La
valeur des biens est estimée par référence au
marché et par comparaison avec les prix pratiqués pour des biens similaires. Les termes
de comparaison sont collectés (prix global,
surface, descriptif, règles d’urbanisme, proximité des équipements et des infrastructures
de transport). Le prix obtenu par m² est appliqué au terrain à évaluer.
«
Les principaux dispositifs de l’action publique
dans le domaine foncier
Dispositifs règlementaires :
- Plan Local d’Urbanisme (PLU), document
contraignant qui identifie les zones agricoles,
naturelles, urbanisées et à urbaniser ;
- Lois sur des espaces particuliers : loi Montagne, loi Littoral, loi sur les Installations à risque.
Dispositifs opérationnels :
- La Déclaration d’Utilité Publique (DUP) et la
préemption facilitent les acquisitions foncières
des collectivités ;
- Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) et Zone
d’Aménagement Différé (ZAD) constituent des
périmètres d’intervention ;
- Établissements Publics Fonciers (Locaux) (EPF
ou EPFL) et Sociétés d’Aménagement Foncier et
d’Établissement Rural (Safer), conduisent sur
le terrain les politiques d’acquisition foncière
pour le compte de leurs collectivités locales.
Dispositifs financiers et fiscaux : taxes foncières, sur la plus-value, mécanismes de financement des équipements, etc.
48 |
Secteur prioritaire pour le développement urbain et la réalisation d’équipements (polarités)
Réseau de transports collectifs :
Secteur prioritaire bien desservi (gares du réseau express, corridors urbains )
réseau express de l’aire métropolitaine
Secteur prioritaire pour la réalisation de
grandes opérations d’aménagement mixte
(sites de projet)
réseau d’agglomération
gare de niveau euro-régional
autre gare
La méthode par le revenu est essentiellement
applicable aux exploitations agricoles. Elle
conduit à une évaluation en valeur « occupée »
et permet de recouper une valeur obtenue par
d’autres méthodes d’estimation. Le revenu brut
du bien est retenu et un taux de capitalisation
y est appliqué. La capitalisation est un calcul
qui permet notamment de connaître la valeur
future d’une somme placée à un taux d’intérêt
connu dès le départ.
La méthode dite du compte à rebours est
utilisée par les professionnels de l’immobilier. Elle permet d’évaluer les terrains à bâtir
en milieu urbain. Elle établit à partir du prix
potentiel de commercialisation d’un bien
immobilier neuf le bilan économique de
l’opération de construction projetée. Toutes
les dépenses relatives à cette construction
doivent être prises en compte. Elle suppose
de connaître :
- la constructibilité du terrain en fonction des
règlements d’urbanisme ;
- les contraintes liées à la qualité du sol et du
sous-sol ;
- l’état de la demande (logements de luxe, accession sociale, bureaux, locaux d’activité) et de
la solvabilité de la clientèle potentielle (réalités
économiques, possibilités de financement).
Les évaluations par comparaison et par le
revenu peuvent être appliquées aux biens
immobiliers.
Les secteurs d’intervention
foncière et d’urbanisation
préférentielle dans
l’agglomération de Lyon se
situent à proximité des axes
de transport en commun
Mener des politiques
volontaristes : quels sont
les outils opérationnels à
la disposition des autorités
publiques?
L’achat à l’amiable est la procédure majoritairement privilégiée et employée par la collectivité pour acquérir des terrains. Dans le
Grand Lyon, cette procédure représente 75%
des transactions réalisées.
Le droit de préemption urbain
Le droit de préemption urbain est une procédure qui permet à une organisation publique
d’acquérir en priorité, dans certaines zones
définies par les documents d’urbanisme, des
biens fonciers ou immobiliers afin de réaliser
une opération d’aménagement. L’autorité compétente en urbanisme (commune, intercommunalité, institution étatique) définit un
périmètre, dans les zones urbanisées ou à urbaniser, sur lequel elle est titulaire du droit de
préemption. Ce droit peut être délégué à un
établissement public ou à une Société d’Économie Mixte (SEM).
«
L’acte de vente et le notariat
L’acte de vente est un document obligatoire pour devenir propriétaire d’un
bien foncier ou immobilier. Il peut comporter quelques dizaines de pages et
doit être rédigé par un notaire. Quant à l’administration, elle peut, si elle le
souhaite, rédiger des actes administratifs pour acheter ou vendre ses biens.
Une collectivité vendeuse d’un terrain et désireuse que la construction respecte certaines règles les inscrit dans l’acte. Des sanctions peuvent être
appliquées en cas de non-respect de ces règles.
Le notariat est une profession libérale privée avec un rôle de service public.
Le notaire est agrémenté par l’État, son rôle est de sécuriser la transaction,
notamment en s’assurant que le vendeur est en droit de vendre. L’acte de
vente est rédigé par le notaire, qui engage sa responsabilité, puis signé par le
vendeur et l’acquéreur. Chacun peut être représenté par son propre notaire.
L’acte signé est envoyé à la conservation des hypothèques pour publication,
puis au cadastre et enfin au centre des impôts fonciers de chaque partie pour
s’assurer qu’elles n’ont pas de dettes vis-à-vis de l’État en matière de fiscalité.
proposition du détenteur du droit ou par fixation judiciaire par le juge de l’expropriation.
Le vendeur qui refuse la contre-proposition
peut renoncer à vendre (le bien reste soumis
au droit de préemption en cas de nouvelle
aliénation) ou demander la fixation judiciaire
du prix. Si le bien préempté n’est pas utilisé
dans le cadre de l’opération ayant motivé sa
préemption, le vendeur ou l’acquéreur évincé
peuvent user de leur droit de rétrocession.
Toute la commune d’Évry
(Île-de-France) est couverte
par un droit de « préemption
simple » (en vert), qui
concerne tous les types de
biens (logements, terrains,
locaux professionnels…) à
l’exception des immeubles
de moins de dix ans et
des immeubles isolés
en copropriété. Le droit
de préemption renforcé
touche les secteurs que les
autorités locales souhaitent
requalifier, il concerne
tous les types de biens
(périmètre jaune). Un droit
de préemption sur les
fonds et baux commerciaux
(périmètre rouge) a pour
objectif de favoriser la
présence et la diversité des
commerces.
Lorsqu’un propriétaire souhaite vendre un
bien immobilier situé dans un périmètre où
s’exerce un droit de préemption, il doit notifier au titulaire de ce droit son intention de
vendre ainsi que le prix de son bien par une
« déclaration d’intention d’aliéner ». Celle-ci
doit être rédigée par un notaire et l’acte de
vente ne peut être signé avant que la déclaration ne soit déposée à la mairie et que le
titulaire du droit de préemption ait renoncé
à exercer ce droit.
Le titulaire peut donc acquérir prioritairement des biens immobiliers et fonciers lors
de leur mise en vente, à condition de faire
connaître son intention de préempter dans
un délai de deux mois. La collectivité n’a pas
l’obligation de communiquer ses intentions
lors de transactions amiables, mais les projets
d’opérations ou de réserves foncières doivent
répondre aux critères d’intérêt général. Le
titulaire du droit motive formellement sa décision de préemption sous peine de recours
en justice. L’achat peut être règlé au prix
déclaré par le vendeur, au prix de la contre-
Le droit de préemption en
Zone d’Aménagement Différé
Dans les Zones d’Aménagement Différé, l’autorité publique dispose d’un droit de préemption sur toutes les ventes et cessions à
titre onéreux de biens immobiliers ou fonciers. Celui-ci s’exerce durant quatorze ans.
Faire la ville
| 49
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Sa création relève de la compétence de l’État
et nécessite l’accord de la commune ou de
l’intercommunalité.
L’expropriation
Cette procédure est rare (moins de 5% des
transactions réalisées par le Grand Lyon),
relativement violente, mais se révèle parfois
utile. Elle nécessite beaucoup de rigueur et
de volonté politique. Si le droit de propriété
est considéré comme sacré en France, la procédure d’expropriation indique que l’on peut
être contraint de céder son bien « pour cause
d’utilité publique, et moyennant une juste et
préalable indemnité ». Les projets d’infrastructures, d’espaces publics ou encore de
Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) sont en
général considérés comme d’utilité publique.
Les organismes habilités à exproprier sont
l’État, les collectivités, les établissements
de coopération intercommunale tels que le
Grand Lyon, les concessionnaires de ZAC et
les concessionnaires d’opération d’aménagement. Tous les actes sont pris au nom de
l’État, seule autorité habilitée à déclarer un
projet d’utilité publique.
La phase administrative comprend deux enquêtes. Dans un premier temps, l’enquête
publique s’appuie sur une étude d’impact
et recueille l’avis de toutes les personnes
concernées par le projet. Un commissaire
enquêteur examine les avis et formule des
conclusions favorables ou non au projet.
Lorsque l’avis est favorable, les autorités
prononcent par décret ou arrêté ministériel
(ou préfectoral si le projet est moins important), la Déclaration d’Utilité Publique (DUP)
qui permet de procéder aux expropriations.
Par la suite, l’enquête parcellaire permet
d’identifier les biens et les propriétaires à
exproprier. Elle débouche, après avis du commissaire enquêteur, sur l’arrêté de cessibilité
pris par le préfet.
Lors de la phase judiciaire, le juge, saisi par le
préfet, prononce l’ordonnance d’expropriation. Il constate alors les accords amiables
intervenus durant la procédure ou fixe les
indemnités, suivant le prix du marché et en
fonction de la nature du bien, de sa qualité et de ce qu’autorise ou non le Plan Local
d’Urbanisme (PLU). Un terrain acheté bon
50 |
marché, parce qu’inconstructible, ne peut
être revendu très cher et devenir constructible sans qu’au préalable les travaux de viabilisation nécessaires n’aient été réalisés. Les
expropriés peuvent attaquer la décision en
demandant un recours auprès de l’organisme
décideur.
Des leviers fiscaux qui freinent
la spéculation
Les taxes foncières sur la propriété bâtie et
sur la propriété non bâtie sont prélevées une
fois par an sur les propriétaires. La somme
récoltée est partagée entre les communes,
les intercommunalités, les départements et
les régions. La fiscalité des mutations comporte les droits d’enregistrement, les frais de
notaire et la taxation de la plus-value. Celleci concerne les résidences secondaires et les
investissements locatifs et non les résidences
principales. En 2012, son montant était de
32,5% de la plus-value pour une période de
détention du bien de moins de six ans. Une
décote de 2% est appliquée à partir de la
sixième jusqu’à la dix-septième année, puis
de 6%, pour atteindre 8% entre la vingtcinquième et la trentième année. Ce n’est
qu’après trente ans de détention du bien que
les propriétaires sont finalement exonérés de
l’acquittement de cette taxe. Certaines taxes
permettent de financer la construction et
l’entretien d’équipements publics lors d’opérations d’aménagement.
Pour aller plus loin :
• ADEF, Association
Des Études Foncières,
http://www.adef.org/
site/
• CERTU, Actions
foncières et projets
d’aménagement,
http://www.certu.
fr/fr/Urbanisme_et_
habitat-n24/Action_
fonci%C3%A8re_et_
amenagement-n36-s_
thematique.html
• CERF, Centre
d’Échanges et de
Ressources Foncières
Rhône-Alpes,
Fiches techniques sur
les Établissements
Publics Fonciers,
la méthode du
compte à rebours de
l’aménagement et
de l’immobilier, et
sur le levier foncier
dans les Plans Locaux
d’Urbanisme,
http://www.cerfra.
org/
http://www.paddi.vn/
(en vietnamien)
Sur le périmètre déclaré
d’utilité publique (DUP)
pour ce projet urbain à
Annemasse (Rhône-Alpes),
il reste encore des parcelles
à acquérir par les autorités
locales
Les outils fonciers vietnamien et français à disposition des collectivités
locales (HCMV et Grand Lyon)
Grand Lyon
HCMV
Statut de propriété
Droit de propriété du foncier et de l’immobilier,
défini f et transmissible.
Propriété du sol au peuple, ges on par l’État. Droit d’usage du terrain cessible
à tre onéreux, gratuit ou sous forme d’hypothèque.
Cession défini ve pour le terrain résiden el ou avec délai (maximum 50 ans)
pour le terrain d’ac vités.
Ac on foncière
objec f principal
Favoriser le développement de l’aggloméra on
(économie, habitat) dans le respect du droit et des règles
d’urbanisme.
Générer des recees pour le budget public.
Ges on des terrains conformément à la planifica on.
Élabora on du
programme
d'acquisi ons
foncières
Programma on budgétaire présentée aux élus qui
l’approuvent ou demandent des ajustements, votent
le budget nécessaire pour la réalisa on du programme
d'inves ssement dans le cadre du budget du Grand
Lyon.
Par le Centre de Développement Foncier, pour des terrains qui ne sont pas encore
aribués aux projets d’inves ssement. Le Comité populaire de la ville prend les
décisions de récupéra on de terrains, en fonc on de ses capacités financières.
Phasage
Les sites stratégiques sont acquis en priorité.
Les acquisi ons et les ventes se font par phasage. Les sites à récupérer sont
iden fiés par le Comité populaire de la ville.
Mise à disposi on
des terrains acquis
Terrains des nés aux projets d’intérêt général. La
collec vité peut mere en vente ces terrains pour des
projets non-conformes à l’intérêt général à l’issue
d'un délai de cinq ans. Si la vente intervient pendant
ce délai, les anciens propriétaires peuvent demander
la rétrocession.
Terrains mis en vente aux enchères conformément au plan d’urbanisme ou des nés
aux projets d’u lité publique.
Modes d'acquisi on Acquisi ons amiables pour tous les projets.
du foncier par la
puissance publique
Acquisi ons amiables pour les projets purement économiques.
Droit de préemp on Dans les zones urbanisées et à urbaniser pour les projets
d’intérêt général.
Pas de droit de préemp on.
Expropria on /
Récupéra on
Pour les projets d’intérêt général déclarés d’u lité
publique.
Récupéra on du terrain avec indemnité pour les projets d’intérêt général.
Indemnités
Fixées par le juge au prix du marché au moment de
l’acquisi on
Fixées soit par le district, soit par le Comité populaire de la ville sur la base des
évalua ons des valeurs immobilières effectuées par des consultants avec examen
des services techniques (dont le montant est souvent inférieur aux prix du marché).
Modes de
cession des
terrains publics
De gré à gré : priorité aux occupants puis aux
propriétaires voisins.
À l’acquéreur désigné au cas où il n’y ait pas de candidat à l’adjudica on, dans le
cadre d’un échange contre des équipements, ou dans celui du programme de
déplacement des usines polluantes.
Concurrence
Par mise en concurrence.
La concurrence s’exerce sur le prix des droits d’usage mais pas encore sur le
programme.
Bail / Adjudicaon
Par bail à construcon.
Par bail sur le long terme.
Ges on
fréquence des
révisions
PLU révisé tous les 6 ans (mandat d’un maire) ou modifié
pour apporter des retouches ne portant pas aeinte à
l’esprit du document.
Modificaon tous les 5 ans, élaboraon de nouveaux plans tous les 10 ans.
Informaons
cadastrales et
conservaon
des hypothèques
Fichier des hypothèques mis à jour dès qu’il y a un
transfert de propriété. Les documents graphiques du
cadastre peuvent être consultés sur internet.
Le cadastre et les informaons cadastrales ne sont pas à jour de manière complète.
Enregistrement
des actes de
vente et mise
à jour des fiches
hypothèques
Par le service fiscal de l’État.
Par le bureau d’enregistrement du droit d’usage du terrain du DoNRE des provinces
(grands projets) ou par le bureau des Ressources Naturelles et de l’Environnement
des districts (parculiers).
Instuon
responsable de
la geson du
foncier
La direcon Foncier et Immobilier assure les acquisions
du foncier par négociaon amiable, expropriaon ou
préempon. Le foncier acquis constue le patrimoine
privé du Grand Lyon en aente de l’affectaon à un
projet d’intérêt général. Les opéraons se clôturent avec
l’acte de vente chez le notaire.
Le DoNRE assure la geson administrave : formalités administraves pour les
opéraons d’aribuon, récupéraon, mise en locaon, changement d’affectaon
du terrain et délivrance des cerficats d’usage pour les professionnels. Les districts
réalisent ces tâches pour les parculiers.
Observatoires
immobiliers
Missions : veille et étude des prix du marché (foncier et
immobilier) mais aussi connaissance des volumes de
transacons par catégorie de biens.
Les citoyens peuvent s’adresser aux notaires ou à des
experts immobiliers pour connaître la valeur de leur
patrimoine.
Pas d’observatoire des transacons foncières et immobilières.
Ouls mis en œuvre bien définis, clairs et stables.
Transparence. Plusieurs modes d’acquision, les
propriétaires sont peu nombreux à se plaindre en jusce.
Réserves foncières prêtes à être mises à disposion pour
les projets d’intérêt général.
La propriété privée du terrain peut rendre les
négociaons plus longues. Le prix d’achat dépend des
règles d’urbanisme et du marché.
L’État est le propriétaire du terrain, ce principe facilite sa récupéraon. Le calcul des
indemnités ne ent pas compte de la planificaon dans le futur.
Bases de données
Avantages du
système
Inconvénients
du système
Pas de bases de données fiables, d’où l’émergence de spécialistes de l'immobilier.
Les ouls efficaces et les plannings à long terme font défaut. Les formalités ne sont
pas encore transparentes. Les indemnités sont plus basses que le prix du marché, les
détenteurs de droits sont nombreux à se plaindre en jusce. Il n’y a pas suffisamment de réserve foncière pour des projets d’ulité publique.
Faire la ville
| 51
Chapitre 2 : Le foncier urbain
LES RÉFLEXIONS ET PROJETS DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
La création de référentiels et d’observatoires fonciers1
Les bases de données, qu’elles se présentent sous la forme d’un cadastre mis à jour,
d’un référentiel foncier ou d’un observatoire
immobilier, permettent de faciliter l’élaboration des politiques foncières et des plans
d’usage des sols. Les observatoires des prix
fonciers et immobiliers et les référentiels
fonciers offrent aux autorités locales une
connaissance fine de leur territoire. Ces outils techniques de compréhension et d’aide
à la décision peuvent aussi jouer le rôle de
plans d’action foncière admis et partagés.
«
La cartographie des transactions et des prix
Les observatoires fonciers et
immobiliers
Un observatoire est un outil d’aide à la
décision permettant de suivre l’évolution
du foncier, notamment les prix pratiqués,
les volumes des transactions et la typologie des biens échangés. Les observatoires
contribuent à la réalisation de diagnostics
et émettent des hypothèses sur l’évolution
du marché, en vue de la réalisation et de la
gestion d’aménagements publics. Le Grand
Lyon dispose d’un Observatoire de l’Immobilier d’Entreprise (OIE), d’un Observatoire
des Transactions Immobilières et Foncières
(OTIF) et d’un inventaire historique urbain.
L’Observatoire de l’Immobilier
d’Entreprise
Le Grand Lyon travaille en partenariat avec
le Cecim, une association créée à l’initiative
de professionnels de l’immobilier désireux de
connaître de manière fiable le marché et ses
acteurs.
L’Observatoire des Transactions Immobilières
et Foncières est couplé à un Système d’Information Géographique (SIG) permettant de
localiser les transactions sur le plan cadastral
(base Access des professionnels de l’immobilier) et de les croiser avec d’autres couches
d’information telles que celles du PLU.
La carte ci-dessus indique la répartition des
prix des maisons dans le Grand Lyon en 2003.
Les quartiers situés à l’ouest sont plus chers
(bleu foncé) que les quartiers à l’est (bleu
clair). Ces informations peuvent également
être cartographiées à l’échelle de la parcelle
cadastrale.
52 |
Le Cecim gère l’OIE, un observatoire chargé
du suivi du stock existant et de la commercialisation des bureaux, des locaux d’activité,
de la logistique et du foncier en zone d’activité. Les objectifs de l’observatoire sont de
permettre la localisation à la parcelle et la
description du foncier (échéance de disponibilité, constructibilité). Il permet d’anticiper
les tendances du marché notamment en assurant une surveillance de la consommation
foncière annuelle et du montant des transactions lors des ventes ou des mises en location. Cet observatoire a par exemple permis
de dresser une cartographie de tous les terrains situés en zone d’activité et non utilisés.
Les sources sont fournies par les professionnels de l’immobilier, dans le cadre d’un
partenariat fondé sur la confiance. La base
de données prend en compte la valeur des
1
Atelier du PADDI, sur les
« Observatoires fonciers
et immobiliers », animé
par Robert Wacheux,
mai 2010
loyers, des prix de vente et la grandeur des
volumes. Cette dernière valeur est la plus
importante car le volume de biens achetés
(quantité des ventes en nombre et en m²)
permet de mesurer l’activité et d’estimer les
besoins dans toutes les zones urbaines réservées aux activités économiques ou dans les
zones à urbaniser du PLU.
L’Observatoire des
Transactions Immobilières et
Foncières
Suite à une crise immobilière, la collectivité
lyonnaise a créé en 1989 l’OTIF afin de disposer d’outils de suivi des flux immobiliers
et fonciers, voire d’anticipation des grandes
tendances. Les objectifs de l’observatoire
sont de présenter des informations précises
et aussi exhaustives que possible, quel que
soit le type de bien et d’acteur en présence ;
de disposer rapidement de prix de référence ;
enfin, de mettre ces informations à la disposition des opérateurs fonciers du Grand Lyon
et des services œuvrant dans le domaine du
développement urbain. Cet observatoire est
couplé à un Système d’Information Géographique (SIG) permettant de localiser les
transactions sur le plan cadastral et de les
croiser avec d’autres couches d’informations
comme le PLU par exemple.
L’observatoire permet un travail en partenariat avec les professionnels de l’immobilier (les notaires, les associations : la Cecim
locale et la FNAIM nationale, qui rassemblent
tous les professionnels de l’immobilier),
les observatoires d’autres agglomérations,
l’Association Des Études Foncières et les universitaires. Les données sont achetées à la
Chambre des notaires dans le cadre d’une
relation partenariale ou à des professionnels
de l’immobilier.
L’inventaire historique urbain
L’inventaire historique urbain est un outil de
connaissance des utilisations industrielles ou
artisanales des sols de 1850 à aujourd’hui. Le
recensement des activités potentiellement
polluantes est une préoccupation récente,
liée aux impératifs sanitaires et à la législation
qui impose différents niveaux de dépollution
des sols selon l’usage futur. En effet, selon
le Code de l’Environnement, le vendeur doit
effectuer une déclaration des activités polluantes qui ont eu lieu sur le terrain qu’il vend.
Une négociation a lieu afin de déterminer qui
prendra en charge le coût de la dépollution.
Les activités et les produits utilisés sur ces
terrains sont recensés à partir des archives
départementales ; ces données sont ensuite
enregistrées dans un SIG et cartographiées.
Quelques pistes d’action pour
la création d’un observatoire
Pour créer un observatoire durable, il est
déterminant d’agir sur le long terme et à
l’échelle de l’agglomération plutôt qu’à celle
de l’îlot ou du quartier. Il est préférable que
les collectivités entretiennent de bonnes
relations avec les différents professionnels
du foncier et de l’immobilier, notamment,
au Viêt-Nam, avec des structures comme les
Établissements Publics Fonciers locaux ou les
Centres de Développement Foncier. Ces professionnels peuvent également se regrouper
au sein d’une association. Le DoNRE pourrait,
par exemple, rassembler les données sur les
transactions, en se fondant à la fois sur la
grille officielle et sur les prix du marché. Des
partenariats pourraient être engagés à cette
fin avec les agences privées de conseil et
d’immobilier (Sacom Bank, DTZ, CB Richard
Ellis) et avec les consultants d’évaluation des
prix agréés par le ministère des Finances.
Les référentiels fonciers
Dans le cadre d’un projet d’urbanisme dont
les autorités publiques veulent garder la maîtrise, ils permettent d’identifier les parcelles
jugées stratégiques. Leur cadre est élaboré de
manière transversale par les services concernés (urbanisme, économie), ce qui requiert
une validation politique et la mise en place
de moyens financiers spécifiques. Le référentiel est valable dans les zones urbanisées,
les zones d’urbanisation future ou les zones
rurales en frange des agglomérations ; étant
un outil de travail, il n’est pas consultable par
le public. Le référentiel foncier de Lyon comprend ainsi le constat de l’existant, des propositions d’action et de gestion et un contrat
(accord, convention) entre les acteurs.
Faire la ville
| 53
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Le constat de l’existant comporte :
ͳ la position du site dans l’agglomération,
dans la commune ;
ͳ la maîtrise foncière privée et publique,
l’identité des propriétaires ;
ͳ l’occupation du site, l’identité des occupants
et le type d’occupation (logement, activité) ;
ͳ la nature et la qualité du bâti, sa valeur architecturale ;
ͳ les règles d’urbanisme applicables, les servitudes d’utilité publique et les servitudes
privées ;
ͳ la présence d’installations classées, de patrimoine historique ou de mesures pour la
protection de l’environnement ;
ͳ l’historique des mutations foncières survenues depuis cinq à dix ans ;
ͳ la mutabilité potentielle des biens.
d’uniformisation. Cependant, aucune province ne dispose encore d’une base complète
et les autorités manquent toujours d’informations sur les transactions foncières.
À HCMV, entre 50 et 70% des districts ont
une base de données papier et numérique à
jour.
Les référentiels fonciers
permettent d’identifier les
potentiels de mutation des
terrains pour des projets
urbains ou d’implantation
d’activités économiques,
Grand Lyon
Les référentiels fonciers comportent des
propositions d’action et de gestion foncière
conformes au PLU. Certaines zones peuvent
être gelées le temps de réaliser la maîtrise
foncière afin d’éviter toute spéculation qui
rendrait le projet irréalisable financièrement.
Les propositions d’achats volontaires, à court,
moyen ou long terme, réalisés à l’amiable
ou par préemption, sont également inscrites
dans le document et un plan financier est établi. Le référentiel prévoit aussi éventuellement
la surveillance des déclarations d’intention
d’aliéner et de leur opportunité. La gestion
d’un projet en cours peut être renseignée par
des informations concernant : la démolition
ou la conservation des bâtiments, la dépollution des sols, le pré-verdissement ou la préparation environnementale du site, ou encore la
mise à disposition temporaire du terrain.
Unifier et actualiser les bases
de données à HCMV et à
Hanoi
Pour Hanoi et HCMV, les bénéfices d’un tel
outil seraient d’établir clairement la légalité
des parcelles et des propriétaires, de simplifier le traitement des dossiers fonciers et leur
intégration aux SIG.
En 2004, un plan national de numérisation
des bases de données a été lancé au ViêtNam. L’utilisation des SIG s’est rapidement
répandue et elle est aujourd’hui en cours
54 |
Légende
Parcelle
Bâment cadastral
Secon cadastrale
Propriété Grand Lyon
Potenel de mutaon élevé pour acvité économique
Potenel de mutaon élevé pour projet urbain
E Cible stratégique pour acvité économique (évaluée)
P Cible stratégique pour projet urbain
La ville de HCMV met actuellement en place
une base de données foncière numérique
dont les objectifs principaux sont d’établir la
légalité de chaque parcelle et du titulaire du
droit d’usage, ainsi que d’unifier les données
cadastrales à l’échelle de la ville, en adéquation avec le système national. Celle-ci devrait
devenir la référence en matière de gestion et
de politique foncières. Depuis 1975 en effet,
plusieurs fonds cadastraux différents ont
servi de base à la délivrance des certificats à
HCMV (cartes de titres de propriété, cartes
de bandes et parcelles 299/ TTg, cartes cadastrales 02/CT-UB, plans de fonds, etc.).
De cette cohabitation résulte aujourd’hui
une certaine confusion : ainsi, les adresses
inscrites sur les certificats délivrés ne correspondent plus toujours aux cartes cadastrales
officielles numérisées, qui ont été récemment dressées et mises à la disposition des
services fonciers. Ces dernières ne sont pas
encore systématiquement utilisées : certains
districts ont encore recours à des bases de
données papier et les données cadastrales
qui y sont attachées sont très dispersées.
De la même manière, les logiciels de traitement des données ne sont pas encore uniformisés. Le délai de délivrance des certificats
étant long, les changements de droit d’usage,
de propriétaire ou de division des parcelles
ne sont pas intégrés en temps réel dans la
base. Les cartes cadastrales sont rapidement
obsolètes, particulièrement dans les districts
périurbains, et ne permettent pas de représenter les nouvelles zones résidentielles planifiées.
Une base de données pilote a été réalisée
dans le district 6 de HCMV en 2009 : fonds
et dossiers cartographiques ont été fusionnés et 256 champs sont à renseigner. Dans ce
cadre, le logiciel Vilis est utilisé pour vérifier
les relevés de terrain, actualiser les changements fonciers et obtenir des références
directes aux textes légaux.
«
Exemple des champs à renseigner pour un
référentiel foncier en France
Date : année, mois ;
Vendeur et acquéreur : typologie – non nominatif (promoteur, particulier, investisseur, marchand de biens, collectivité territoriale, État),
origine (lieu de résidence, nationalité), année de
naissance ou date de la création de la société ;
Commune et cadastre : code de la commune
(code postal), section du cadastre, numéro de
la parcelle ;
Caractéristiques du bien vendu :
- nature : terrain nu ou encombré ;
- usage : terrain à bâtir, terrain urbain remis à
neuf, etc. ;
- surface en m² ;
- destination (prévue par l’acquéreur) : à bâtir,
à urbaniser ;
- projet : logement, industrie, commerce ;
- capacité Surface hors-œuvre nette (SHON) en m²
(surface sans les murs, les combles, etc.) ;
- code du zonage d’urbanisme du PLU ;
- occupation du terrain : libre, occupé avec titre,
occupé sans titre ;
Logement : nombre d’étages, de logements,
confort, capacité de m² SDPHO (Surface
Développée Pondérée Hors Œuvre, indice où
les surfaces des différentes pièces sont pondérées selon leur usage, par exemple le salon et
une terrasse n’auront pas le même coefficient),
surface plancher.
Montant de la vente : fiscalité (TVA, droits de
mutation), prix toutes taxes comprises, prix
hors taxe, prix du m² de terrain (toutes taxes
comprises), prix/m² SHON (toutes taxes comprises), prix/m² SDPHO s’il s’agit d’un logement.
Les structures spécifiques
de gestion : les Centres de
développement foncier (CDF)
et les Établissements Publics
Fonciers Locaux (EPFL)
français 2
La volonté politique doit être extrêmement
forte pour mener une action foncière ayant
un impact sur le développement urbain. En
France, les collectivités peuvent acquérir
directement des terrains en se finançant par
l’impôt ou par des emprunts. Cette solution
est efficace, bien qu’elle soit coûteuse pour la
collectivité et que la gestion foncière représente un risque financier. Les services fonciers
et immobiliers des collectivités territoriales
peuvent alors s’appuyer sur de puissants
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2010, Livret
« Observatoires
fonciers et
immobiliers »,
http://www.paddi.
vn/fr/centre-deressources/livretsdes-ateliers-deformation
• Fnaim,
http://www.fnaim.fr/
• Cecim,
http://www.cecimobs.
net/
• ORF, Observatoire
régional du foncier en
Île-de-France,
http://www.orf.asso.
fr/
2
Atelier du PADDI sur
les « Outils et dispositifs
fonciers et immobiliers », animé par Robert
Wacheux, mars 2009
Faire la ville
| 55
Chapitre 2 : Le foncier urbain
organismes opérationnels : les Établissements
Publics Fonciers Locaux (EPFL).
Un outil semblable, le Centre de Développement Foncier, émerge actuellement au ViêtNam. Si les deux institutions sont chargées
d’acquérir des terrains, la finalité peut différer. En France, les terrains acquis ne peuvent
être utilisés que dans le cadre de projets
d’« intérêt général ». Au Viêt-Nam, ils sont
destinés aussi bien à la réalisation d’infrastructures et d’équipements publics qu’à la
revente à des investisseurs privés après leur
viabilisation.
Les EPFL français sont des établissements
publics à caractère industriel et commercial créés par des collectivités territoriales
(régions, départements, intercommunalités).
Leurs salariés sont des experts en finance,
prospective, acquisition et gestion foncière.
Ils sont financés par diverses taxes sur les
constructions et les équipements, par des
contributions émanant de l’État et des collectivités membres, par des emprunts et par
les produits de leur activité. Une structure
étatique avec des missions similaires, l’Établissement Public Foncier, peut être créée
pour travailler en contractualisation avec
les collectivités locales (au nombre de treize
en 2010). Les EPLF - 15 en 2010 - se substituent aux collectivités en se voyant déléguer
la négociation ou les droits de préemption.
Ce ne sont ni des aménageurs ni des promoteurs : leur rôle est de développer la maîtrise
foncière en fonction des objectifs prédéfinis
par les collectivités, en matière d’habitat, de
transport et d’environnement. Les EPFL acquièrent des terrains ou des immeubles pour
constituer des réserves foncières et des opérations d’aménagement. Ils gèrent ensuite les
biens acquis sur une durée prédéterminée
avant de les rétrocéder aux collectivités. Les
différents membres de l’EPFL doivent donc
réussir à ordonner leurs projets urbains selon
leur degré de priorité et à les coordonner.
Les Centres de
Développement Foncier (CDF)
vietnamiens
Les CDF sont des établissements publics à caractère industriel et commercial ou des entreprises publiques. Leur mission est de récupérer
56 |
des terrains et de constituer des réserves foncières pour le compte des autorités publiques
ou d’investisseurs privés. L’objectif de ces
centres est d’offrir un « guichet unique » pour
les démarches d’obtention de terrain et d’autorisation d’investissement, qui concernaient
auparavant les départements des Ressources
Naturelles et de l’Environnement (DoNRE), de
la Construction (DoC) et du Plan et de l’Investissement (DPI). Ils ont été créés par la loi foncière de 2003 et assurent un service d’intérêt
public. Le statut d’établissement public facilite
les relations avec les différents organismes publics, tandis que le statut d’entreprise publique
offre d’avantage d’autonomie de financement
et de fonctionnement. Les CDF sont placés
sous la tutelle des DoNRE et peuvent être administrés à l’échelle des districts ou de la ville.
Des plans annuels et quinquennaux sont établis par les CDF, à la fois pour les terrains à
acquérir et pour les terrains à revendre par
adjudication. Au CDF de HCMC, qui dépend du
DoNRE, ces derniers sont choisis de deux manières différentes. Dans le premier cas, l’initiative revient au Centre qui définit un périmètre
de récupération en fonction du plan d’usage
des sols et le soumet pour approbation au
DoNRE puis au Comité populaire. Le budget de
l’achat provient du fond général de HCMV et
les transactions dépassant un certain montant
nécessitent la validation du ministère du Plan
et de l’Investissement. Afin de fixer le
montant de la mise en vente d’un
terrain par adjudication,
des consultants immobiliers privés
évaluent sa
valeur
au prix du
marché, ensuite le service
des finances donne son
accord, puis la ville valide cette
valeur plancher. Le Centre de
Développement Foncier élabore les propositions d’indemnisation des habitants et assure
la maîtrise d’ouvrage des projets de relogement. Ces indemnisations suivent en théorie
les prix du marché mais la lourdeur des procédures administratives les rendent souvent
caduques au moment du règlement.
Dans le second cas, la récupération d’un terrain peut faire suite à la proposition d’un
investisseur privé, vietnamien ou étranger.
Cette seconde situation est la plus courante
Des terres agricoles ou
des terrains de quartiers
d’habitat insalubre sont
récupérés pour accueillir le
développement de quartiers
résidentiels modernes ou
de grandes infrastructures,
HCMV
Les aires violettes signalent
les terrains industriels
vacants qui présentent un
potentiel de mutation sur
le boulevard Vo Van Kiet,
HCMV
en raison du faible budget des collectivités
pour l’achat, comme c’est le cas à HCMV.
Un cadre d’intervention limité
La lourdeur des procédures administratives
et son budget limité entravent la réactivité du
CDF de HCMV pour mener les acquisitions et
les reventes de terrain, alors que celui-ci évolue dans un contexte d’économie de marché.
Les délais entre l’achat du terrain, sa viabilisation et sa commercialisation sont longs et les
retours sur investissement sont donc tardifs.
La dispersion des compétences de planification et la superposition des plans émanant
du DoC, du DoNRE et du DUPA rendent également difficile la gestion foncière de la ville.
Ainsi, le CDF peine à rassembler des informations concernant la planification urbaine, gérée par le DUPA. L’ensemble du territoire n’est
pas couvert par un plan d’aménagement, et
une même zone peut l’être en revanche par
des plans fonciers et des constructions dont
les orientations ne sont pas similaires. Le CDF
doit alors éclaircir quels sont les droits qui
s’appliquent sur cette zone avec les différents
services et le Comité populaire afin de pouvoir réaliser le projet.
Une fois les projets arrêtés, les procédures
manquent de souplesse pour faire face à
d’éventuels imprévus. Dans le cas où les
investisseurs se retirent de la procédure de
récupération de terrains, la ville refuse de redécouper le parcellaire en de plus petits lots
qui pourraient trouver des acheteurs plus
facilement. Les terrains sont alors gelés dans
l’attente d’autres investisseurs. Un règlement
récent permet aux habitants des périmètres
bloqués de continuer à construire ou améliorer leur logement, évitant ainsi une dégrada-
Les réserves foncières du
district 8 de HCMV : en
vert les terrains agricoles
et naturels, en marron les
terrains viabilisés non bâtis
tion de la situation sociale et de l’état du bâti.
Le Comité populaire récupére sur proposition
du DoNRE, des terrains attribués à des investisseurs si les travaux n’ont pas commencé ou
sont suspendus.
Diversifier les outils
opérationnels et encadrer les
projets d’aménagement
La faible maîtrise publique du foncier fragilise
la mise en œuvre des orientations urbaines
définies dans les schémas directeurs. La récupération de terrains apparaît comme le seul
levier des collectivités locales pour mener
des actions foncières, et celles-ci semblent y
voir davantage une source de recettes qu’un
outil au service du développement urbain de
l’agglomération. C’est pourquoi le DoNRE de
HCMV conduit actuellement une réflexion
sur l’opportunité de mettre en œuvre des
outils semblables au droit de préemption
français, en les adaptant au contexte règlementaire vietnamien.
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2006, Livret
« Planification et
gestion des ressources
foncières »,
http://www.paddi.
vn/fr/centre-deressources/livretsdes-ateliers-deformation
• PADDI, 2009,
Livret « Outils et
dispositifs d’une
politique foncière et
immobilière »
• EPF Île-de-France
http://www.epfif.fr/
• Agence d’urbanisme
de la région
grenobloise,
exemple de statut
d’un EPLF,
http://www.aurg.org/
ressource/activites/
foncanex.pdf
Le « circuit court » des
opérations d’aménagement
Si l’État vietnamien a conservé depuis le Doi
Moi ses prérogatives en matière de fixation
des droits d’usage du sol, il ne parvient plus
aujourd’hui à financer les différents projets
d’infrastructures et d’aménagement. Ainsi,
ce sont des emprunts souscrits auprès des
bailleurs de fonds internationaux qui permettent notamment de financer la construction de routes et des réseaux de métro de
Hanoi et de HCMV.
Par ailleurs, l’aménagement de nouvelles aires
urbaines se fait en général selon un « circuit
court », par désignation des investisseurs. La
collectivité cède par grands lots des terrains
urbanisables aux investisseurs (entreprises
publiques, investisseurs privés et étrangers)
qui vont ensuite diviser les lots et les aménager ou céder certains lots viabilisés à d’autres
promoteurs immobiliers.
De nouvelles formes de partenariat publicprivé ont ainsi vu le jour pour assurer la
construction des nouveaux quartiers urbains :
Faire la ville
| 57
Chapitre 2 : Le foncier urbain
dans le système dit « terre contre infrastructure », les droits d’usage du sol sont cédés
à des investisseurs privés en échange de la
construction d’équipements et d’infrastructures publiques, qui sont rétrocédés aux collectivités. Ce système permet aux autorités
publiques d’aménager et de développer leur
territoire en n’apportant que très peu de capital. Les négociations se font au cas par cas
entre les investisseurs et les autorités dans
un cadre légal qui reste encore flou, malgré
la promulgation en 2010 de la décision du
Premier ministre 71/2010/QD-TTG relative à
la clarification de l’organisation des partenariats public-privé au Viêt-Nam.
Des projets au coup par
coup et une réalisation des
équipements problématique
Ce système favorise une diffusion de l’urbanisation et une réalisation des projets d’aménagement au coup par coup, en dehors d’une
vision cohérente véhiculée par un schéma
directeur. La qualité des infrastructures réalisées est variable. Par exemple, certaines des
infrastructures confiées à l’investisseur ne
se situent pas dans le même périmètre que
l’opération immobilière, et celui-ci n’a alors
plus d’intérêt direct à livrer une construction
de qualité.
Plus généralement, les terrains revendus par
les collectivités aux investisseurs ne sont pas
soumis à un cahier des charges précis défini
par celles-ci. En théorie, pour que le permis
de construire soit délivré, l’investisseur doit
accepter de construire certains équipements
publics et les transférer aux autorités locales.
En pratique, l’investisseur se contente souvent de vendre les logements et ne réalise
pas les équipements prévus dans les délais.
Ces nouveaux quartiers souffrent alors d’un
déficit d’équipements publics, tels des parcs,
ou sont desservis par une voirie en mauvais
état.
Quelques pistes pour financer
la réalisation des équipements
La réalisation d’infrastructures et d’équipements publics (écoles, parcs) est problématique au Viêt-Nam car il n’existe pas de
mécanismes suffisants pour mettre à contri-
58 |
«
Les freins à l’investissement dans le foncier
et l’immobilier
D’après le consultant immobilier Savills, les
freins particuliers dans les domaines foncier
et immobilier sont :
ͳ Les difficultés pour accéder au foncier ;
ͳ Le temps nécessaire pour s’acquitter de la
récupération, des indemnisations et du relogement qui est trop long et ne permet pas
d’anticiper les mouvements du marché ;
ͳ Le décret 69/2009/ND-CP qui indexe les
montants d’indemnisation et d’achat des
droits du sol sur les prix du marché et qui crée
une incertitude, le niveau du montant étant
connu tard dans le processus d’acquisition ;
ͳ L’environnement institutionnel et légal qui
est instable et confus ;
ͳ Les disparités entre les prix du foncier et les
attentes de retour sur investissement ;
ͳ La faible attractivité des baux de cinquante
ans en comparaison avec d’autres pays ;
ͳ Le manque d’un statut de copropriété.
bution les investisseurs. En effet, leur participation aux équipements est calculée selon
la superficie du terrain et non les m² de plancher, ce qui entraîne un manque de recettes.
En France, en revanche, les communes dotées d’un PLU, les intercommunalités ou les
départements peuvent bénéficier de la taxe
d’aménagement qui est prélevée lors des
opérations d’aménagement, de construction,
Différents modes de développement urbain à HCMV vus
à travers leur parcellaire : un quartier central de ruelles
denses dans le district 3 (1) ; un quartier périphérique
au développement moins organisé à Tan Binh (2), un
développement urbain greffé au tissu villageois à Thu Thiêm
(3) et un quartier périphérique planifié à Binh Tan (4)
L’opération intégrée de Phu
My Hung (HCMV) a été
financée par un consortium
d’investisseurs privés
étrangers et vietnamiens
1
2
3
4
sur le financement par ces derniers d’une
partie des équipements publics nécessaires
aux futurs habitants et usagers de l’opération. Les équipements sont alors réalisés par
les autorités publiques.
Dans la procédure de ZAC, les équipements
sont réalisés par l’aménageur et leur coût est
répercuté lors de la vente des bâtiments.
de reconstruction ou d’agrandissement de
bâtiments qui font l’objet d’une autorisation
d’urbanisme. Elle finance les dépenses pour
les équipements liés à l’urbanisation.
Par ailleurs, les différentes procédures de division et d’aménagement foncier impliquent
plus ou moins les collectivités publiques dans
le financement des équipements et ne requièrent pas toujours de faire appel à la puissance publique pour obtenir des terrains, ce
qui permet de limiter les coûts.
La simple division d’un terrain sans réalisation d’équipements est une procédure de
droit commun qui ne nécessite pas de demande d’autorisation, une simple déclaration
suffisant.
La division d’un terrain avec aménagement
(routes et réseaux, même s’ils sont privés)
est appelée lotissement. Les terrains ont été
acquis à l’amiable ou par succession et les
équipements sont à la charge de l’aménageur. Cette procédure nécessite une autorisation, la collectivité impose alors un cahier
des charges de normes techniques pour la
réalisation des équipements, car même s’ils
peuvent être privés dans un premier temps,
il est fréquent que la collectivité les reprenne
à sa charge. Cette procédure peut être réalisée aussi bien par une organisation privée
que publique, pour des terrains destinés au
logement ou à des activités économiques.
Il existe d’autres manières de financer la
réalisation des équipements, par exemple
en taxant la plus-value réalisée lors de la revente d’un bien immobilier. Plus spécifiquement, les riverains d’un nouvel équipement
peuvent être mis à contribution en fonction
du coût des travaux. Cela engendre toutefois
des problèmes d’équité, dans la mesure où
d’autres habitants peuvent également profiter de ces équipements.
Pour la Banque mondiale, les systèmes de
financement des infrastructures par le foncier constituent des pistes intéressantes et
actuellement privilégiées par de nombreuses
collectivités dans le monde, à la fois dans les
pays en développement (Inde, Colombie) et
dans les pays développés (États-Unis, etc.).
La part de l’investissement privé pour la réalisation des
équipements varie selon les différentes procédures
d’aménagement (lotissement en haut et ZAC en bas), Îlede-France
Pour aller plus loin :
• Banque mondiale
- PPIAF, Peterson G.
E., 2009, « Unlocking
land values / Exploiter
la valeur du foncier
pour financer les
infrastructures
urbaines », 139 p.
http://www.
worldbank.org/en/
country/vietnam
• IAU-IdF, 2009,
« Valorisation foncière
et financement des
infrastructures de
transport », Note
rapide Mobilité,
n° 477, 4 p.
http://www.iau-idf.
fr/detail/etude/
valorisation-fonciereet-financement-desinfrastructures-detransport.html
• PADDI, 2012,
Livret « Les mesures
d’acquisitions
et de réserves
foncières dans le
cadre de projets de
réaménagement
urbain à composante
transport »
• PADDI, 2012,
Livret « Montage
d’une opération
d’aménagement »
• PADDI, 2012, Livret
« Les Partenariats
public-privé »
Dans le Projet Urbain Partenarial, la collectivité conclut avec des propriétaires, des aménageurs ou des constructeurs une convention
Faire la ville
| 59
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Ces montages public-privé se font essentiellement selon trois formes de partenariat :
- Le don de terrains publics au promoteur privé en contrepartie d’investissements dans les
infrastructures publiques se rapproche du montage « terre contre infrastructure » vietnamien.
- Dans la vente de terrains publics à des promoteurs privés, la recette est affectée au
financement d’infrastructures publiques.
- Enfin, le partage des plus-values foncières
engendrées par les investissements en infrastructures publiques (par exemple la valorisation immobilière due à la construction d’une
nouvelle station de métro) se fait par le biais
de taxations, comme vu plus haut.
La Banque mondiale souligne cependant que
ces montages engendrent des recettes considérables, favorisant les risques de corruption
et d’abus de pouvoir. Ces recettes sont donc
à affecter de manière privilégiée à un budget
d’investissement pour les équipements et
non au budget général des collectivités.
Lors de « cessions par bail à construction », le
bail à long terme (de 18 à 99 ans) comporte
l’obligation de construire et d’entretenir un
immeuble dont les caractéristiques sont
connues à la date de signature du bail. La durée du bail est calculée en fonction du temps
nécessaire à un retour sur investissement.
Au terme du bail, la collectivité récupère son
terrain et devient propriétaire des constructions, sans reverser d’indemnités au preneur
du bail. Cette dernière procédure est utilisée
dans l’agglomération lyonnaise où le foncier
est cher et parfois difficile d’accès pour les
organismes de logement social. Le Grand Lyon
peut céder un terrain « par bail à construction »
à un investisseur, qui se consacre à la construction du bâtiment sans être freiné par le prix
du foncier et peut par la suite pratiquer des
loyers plus accessibles pour les ménages.
Les SIG offrent des
domaines d’utilisation très
variés, de la planification
à la gestion des permis de
construire, du foncier et de
l’immobilier, en passant par
l’assainissement
La vente ou la location des
biens immobiliers et fonciers
de la collectivité en France
Les applications des systèmes
d’information géographique
dans la gestion urbaine 3
En France, les collectivités locales sont libres
de vendre leur patrimoine privé. Ces ventes
constituent également au Viêt-Nam une importante source de revenus. Certaines procédures de cession permettent aux autorités
françaises d’orienter le développement des
terrains vendus.
Les SIG sont des outils informatiques qui organisent la correspondance entre différentes
données numériques spatialement référencées. Ce sont des outils de connaissance et
de gestion des caractéristiques d’un territoire, qui facilitent le partage des données
et la communication entre ses différents acteurs. Enfin, ils constituent des outils d’aide à
la décision et de prospective.
Les « cessions de gré à gré » se font à l’amiable,
entre la collectivité et le citoyen, et le bien
est vendu à l’occupant au prix du marché. Le
projet doit être intéressant économiquement
pour la ville, conforme à sa politique urbaine
et aux dispositions du PLU. Lors des « cessions
par mise en concurrence », un appel d’offre
est lancé sur la base d’un cahier des charges
rédigé par la collectivité. Celui-ci précise la
programmation, la conformité aux règles
d’urbanisme, la qualité architecturale, la qualité environnementale.
60 |
Le périmètre d’utilisation des outils SIG dans
la gestion urbaine est large et recouvre :
l’élaboration de la planification (aide à la
conception intellectuelle de la planification
et fabrication du document papier, seul document juridique opposable) ; l’information
sur la planification (renseignement sur le
droit à construire et diffusion du document
sur internet) et enfin le contrôle du respect
des règles lors des demandes d’autorisation
de construire.
3
Atelier du PADDI sur les
« Applications SIG dans la
gestion urbaine », animé
par Anne Lesvignes,
janvier 2010
Outil de
Communication
Outil de Gestion
Outil d’Analyse
Le SIG, un outil d’analyse, de gestion et de communication
Une utilisation étendue des
SIG au Grand Lyon
Le SIG du Grand Lyon a été créé en 1985
pour faire face à l’éparpillement des données
entre les différents services. Il implique trois
grands groupes d’acteurs.
Le service de l’information géographique
saisit, met à jour et diffuse les données de
référence communes et accessibles à tous les
autres services (géologie, cadastre, population) et forme les utilisateurs.
Les objectifs du centre de SIG
de HCMV
En 2004, un centre de SIG a été créé à
HCMV par le département des Sciences et
Technologies (DoSTE). Sa vocation est aujourd’hui d’assembler les données sur HCMV,
ainsi que de former les cadres des services
techniques aux outils SIG. Des applications
sont déjà utilisées avec succès, dans les
domaines de l’eau et de l’assainissement ou
encore de la gestion des bornes à incendie.
La volonté de la ville est entre autres de
développer des applications pour la gestion
des infrastructures souterraines et la gestion urbaine. Le centre SIG collabore avec le
DoNRE, le DUPA et le DoC pour constituer les
bases de données au service de l’élaboration
des plans d’aménagement sur le territoire
d’HCMV.
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2010,
Livret « Applications
SIG dans la gestion
urbaine »,
http://www.paddi.
vn/fr/centre-deressources/livretsdes-ateliers-deformation
• Portail SIG d’HCMV,
www.hcmSIGportal.vn
Données
des services
Système de
Coordonnées :
- Système
LAMBERT 2
Le service informatique développe les applications spécifiques à chaque service, gère la
maintenance technique des données et des
réseaux. Ces applications peuvent également
être développées par un prestataire externe.
Fonds de plan :
- Cadastre
- Fond de plan PLU
- Cartes IGN
- Orthophoto
- Plans topos
Enfin, les utilisateurs principaux du SIG et des
applications développées sont les services de
l’urbanisme, de l’eau et de l’assainissement,
de la voirie, de la propreté et du foncier. Ces
services renseignent et mettent à jour les
données spécifiques à leur champ de métier
(comme l’usage des sols pour le service d’urbanisme) et décident de les diffuser ou non.
Références
localisantes :
- Voies et adresses
- Lieux et édifices
Un plan SIG des hauteurs dans le Grand Lyon renseigne sur
les hauteurs des îlots et des voies (vert : inférieur à 20 m ;
bleu : 20-22 m ; violet : 22-25 m, rose : supérieur à 25 m)
Données de base
La base du système : un seul et unique référentiel de
localisation
Les perspectives de
développement d’un SIG
La constitution d’un SIG à l’échelle de la ville
se heurte à l’émiettement des compétences,
des données et des applications utilisées. Les
données sont sectorisées selon les différents
départements et districts et il n’existe donc
pas de données de référence communes. Le
centre de SIG ne pouvant pas imposer l’usage
des mêmes applications à l’ensemble des districts, ceux-ci, tout comme les départements
Faire la ville
| 61
Chapitre 2 : Le foncier urbain
techniques, font souvent appel à des logiciels
différents développés par des prestataires
extérieurs. La centralisation et la coordination des informations s’en trouvent compliquées.
Afin que les applications développées soient
vraiment efficaces, la prise en compte de
leurs utilisateurs est nécessaire : elles ne
doivent pas s’adresser à des spécialistes mais
être accessibles, dans le cas d’un service
d’urbanisme, aussi bien aux agents de saisie qu’aux ingénieurs et urbanistes. Il s’agit
dans un premier temps de démontrer l’utilité des SIG avec des applications simples et
réutilisables d’un district à l’autre puis de les
enrichir progressivement. Les techniciens du
centre de SIG de HCMV pourraient accompagner les services dans le développement
et l’utilisation des bases de données thématiques. L’allocation de moyens financiers
spécifiques, ainsi que le recrutement ou la
formation de personnel qualifié assureraient
la qualité et la maîtrise technique de l’outil.
Une structure de pilotage associant les « services techniques SIG » aux services utilisateurs des différents départements et districts
(urbanisme, construction, foncier, transport) pourrait avoir pour mission de diffuser
l’usage des SIG au sein de ces derniers. Cette
structure de pilotage permettrait ainsi de
fédérer les différents acteurs et de favoriser
des accords sur le partage des données et des
applications ainsi que la standardisation des
procédures d’échange de données.
La ville d’HCMV possède un portail SIG sur internet ainsi
qu’un WebSIG administratif
62 |
«
Quelques suggestions pour la création d’un SIG dans un district
L’approfondissement de l’état des lieux
- identifier les missions/les activités des districts ;
- identifier les moyens matériels et humains en présence (compétences,
taux de renouvellement et stabilité de la compétence), pour savoir si les
districts peuvent supporter l’implantation d’un SIG ;
- recueillir les attentes des utilisateurs ;
- recenser et analyser les données dont les districts disposent (numériques
ou non, modalités de collecte, de saisie et de mise à jour des données) et
celles dont ils ont besoin ;
- décrire les processus et les méthodes de travail : l’objectif est de bien
connaître les processus de travail d’un district (même non informatisé) et de
les « confronter » à ceux d’autres districts afin de tester la standardisation
des procédures et donc des applications SIG.
Les propositions d’organisation
Il serait possible de proposer un plan de développement du SIG fondé sur
des phases courtes et opérationnelles. Il s’agirait alors d’étudier les conditions d’informatisation pour un SIG en identifiant :
- les compléments d’analyse nécessaires : articulation des outils en présence ou choix de logiciels ;
- les applications à mettre en œuvre en priorité, définition des fonctionnalités, de la structuration des données et des formats d’échange ;
- les données à saisir et les méthodologies de saisie à mettre en œuvre.
Un phasage réaliste pourrait ensuite être proposé et une évaluation des
moyens nécessaires, financiers et humains, serait menée.
À l’issue de ces deux premières étapes, si les conditions favorables au développement du SIG sont réunies - volonté politique et technique, moyens
financiers -, la réalisation de ces opérations pourrait débuter par :
- des études détaillées des fonctionnalités d’une application pilote d’intérêt
général ;
- un développement informatique (structuration des données, outils nécessaires à la solution, saisie des données et mise en œuvre des traitements) ;
- un test de l’application par les utilisateurs pour vérifier l’adéquation des
fonctionnalités à leur besoin-métier et le bon fonctionnement ;
- une formation des utilisateurs ;
- un accompagnement au-delà de la formation ;
- et un déploiement de la solution.
LES TRANSPORTS
COLLECTIFS URBAINS
L
a croissance urbaine de HCMV et de Hanoi s’est accompagnée d’une augmentation
des déplacements par des moyens de transports individuels. Ainsi, plus de 80% des
déplacements s’y effectuent à moto, ce qui a longtemps permis une bonne fluidité
du trafic. Pourtant, les très fortes densités urbaines, la faiblesse de l’offre en transport
en commun et un usage croissant de la voiture (plus 400% de véhicules enregistrés à
Hanoi entre 2005 et 2010) entraînent aujourd’hui une congestion problématique pour
la mobilité urbaine et la qualité de l’environnement.
Les autorités publiques ont donc initié des plans ambitieux de développement des
transports collectifs. Des réseaux de métro complétés par des lignes de bus à haut
niveau de service (BRT) et des lignes de tramways devraient d’ici une décennie desservir
les deux métropoles. Plusieurs projets sont d’ores et déjà en phase de construction et
les premières lignes devraient ouvrir en 2017-2018.
L’intégration physique (création de pôles d’échanges) et technique (notamment
billettique) de ces futurs réseaux sera une condition nécessaire à leur efficacité
et donc à leur succès. La mise en place de réseaux de transport collectifs unifiés et
complémentaires devra passer par une réorganisation institutionnelle du secteur avec
pour objectif la création d’autorités organisatrices. L’articulation urbanisme-transport
sera également indispensable pour assurer une fréquentation optimum des transports
en commun.
Le pôle d’échanges de bus
de Long Bien à Hanoi
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS AU
VIÊT-NAM
Lutter contre la congestion et développer un réseau
attractif et diversifié de transport collectif
es niveaux de pollution atmosphérique et sonore importants dans les
villes vietnamiennes, s’ils n’atteignent
pas ceux de Bangkok ou de Manille,
tendent à s’en rapprocher. Les effets
conjugués du fort accroissement démographique, de l’augmentation du pouvoir
d’achat et de la rapide motorisation des
ménages entraînent un phénomène de
congestion préoccupant pour la mobilité
urbaine. Le report modal du vélo vers la
moto initié dans les années 1990 a été rapide. La part du transport en deux-roues
motorisé est écrasante et représente environ 80% des déplacements à Hanoi et à
HCMV, tandis que celle des déplacements
en voiture individuelle, estimée à 8%, croît
rapidement. Totalisant moins de 5% des
déplacements à HCMV et 11% à Hanoi,
les bus sont actuellement le seul moyen
de transport public existant. L’importante
flotte de taxis - plus de trente-quatre compagnies à HCMV - et les nombreux motostaxis - un pour soixante-dix habitants - ne
pallient que partiellement cette carence.
L
64 |
Répartition modale 1995 - 2008 en %
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1995
L’évolution de la répartition
modale à Hanoi entre 1995
et 2008
Le partage de la voirie est
particulièrement conflictuel
aux heures de pointe, ici vu
d’un bus à HCMV
2003
1999
Transport Public
Voitures
Motos
2004
Bicyclettes
2008
Autres
Enfin, le nombre d’accidents de la route
est élevé. On recense en 2009 trente à
trente-cinq tués par jour dans tout le pays
(contre douze en France) et environ trois
tués par jour à HCMV en 2010. Autant de
paramètres qui plaident en faveur d’un
essor des transports en commun.
L’extension urbaine et le développement de
la motorisation sont étroitement corrélés.
L’existence de modes de transport rapides
permet la réalisation de projets urbains de
plus en plus éloignés du centre, qui favorisent
à leur tour la motorisation des habitants.
Dans les quartiers centraux, les infrastructures routières ne suivent pas cette mobilité
croissante. L’espace destiné à la voirie est
faible, ainsi 70% des rues mesurent moins de
onze mètres de large à Hanoi et à HCMV la
voirie ne représente que 5,8% de la surface
de l’agglomération. Cette étroitesse entraîne
des conflits de partage de plus en plus importants entre piétons, motos, voitures, bus et
parkings. Les possibilités de stationnement
restent également très faibles, surtout pour
le parc automobile, malgré le fort accroissement des surfaces dédiées.
Le renouveau du transport en
commun à Hanoi et son essor
à HCMV
Au milieu des années 1990, la société des
transports publics de Hanoi, Transerco, a été
créée à partir des cinq anciennes régies de
transport de la ville, y compris celle du tramway datant de l’époque coloniale. Le service
chargé de la gestion des réseaux de bus, le
« Transport Management and Operation
Center » (Tramoc), a été créé en 1998. À partir du milieu des années 2000, de nouvelles
lignes ont été octroyées à d’autres exploitants, publics ou privés, afin d’introduire
de la concurrence dans l’attribution des
contrats d’exploitation. Durant cette période,
le transport public à Hanoi s’est modernisé,
notamment grâce aux projets de coopération qui comprenaient la création de pôles
d’échanges, d’un dépôt de maintenance, l’extension du réseau (70 lignes de bus en 2012)
ou encore la formation d’experts en transport en commun. Ainsi le nombre de voyageurs est passé de 10 millions en 2001 à 413
en 2009, pour une population de six millions
d’habitants.
À HCMV, depuis l’amélioration de l’offre
(nombre de lignes, régularité, accessibilité),
les bus connaissent aussi une fréquentation
accrue, passant de 36,2 millions en 2002 à
342 en 2008, soit un taux de croissance de
800% en six ans, pour une population de sept
millions d’habitants. Cette progression peut
s’expliquer par l’extension de la couverture à
l’ensemble du territoire de la ville (146 lignes
de bus en 2012) ainsi que par un service de
meilleure qualité : prolongation des plages
horaires de fonctionnement, hausse de la
fréquence, politique tarifaire abordable ou
encore climatisation. Malgré ces progrès manifestes, la multitude des petits opérateurs
rend la gestion difficile en matière de qualité
des véhicules ou de formation du personnel.
Par ailleurs le manque de réserves foncières
freine encore la construction ou la modernisation des pôles d’échanges et des voies
réservées aux bus. Ainsi, améliorer la qualité
du service et l’accessibilité constitue un défi
à relever.
Des politiques de transport en
commun ambitieuses
Le plan directeur des transports de Hanoi
prévoit que 50% des déplacements s’effectueront par les transports collectifs en 2030.
Huit lignes de métro, dont quatre actuellement financées, sont inscrites dans les plans
des transports et le schéma directeur. L’aide
publique au développement japonaise (JICA)
finance par prêts concessionnels la ligne n°1
(Yen Vien/Ngoc Hoi) pour 1,5 milliard de dollars et la ligne n°2 (Nam Thang Long/Tran
Hung Dao/Thuong Dinh) à hauteur de 1,9 milliard de dollars. De leur côté, l’aide publique
au développement française, la Banque
Européenne d´Investissement, la Banque
Asiatique de Développement et le gouvernement vietnamien financent la ligne n°3
(Nhon/Gare de Hanoi/Hoang Mai) pour un
coût estimé à environ 1,1 milliard d’euros. La
Chine finance via un prêt à taux préférentiel
de 500 millions de dollars la construction de
la ligne n°2a (Cat Linh/Ha Dong). Une étude
pour un financement en partenariat publicprivé de la ligne n°5 est en cours. Seules les
lignes n°4, 6, 7 et 8 ne sont pas financées. La
Banque mondiale soutient un projet de ligne
de BRT (Bus Rapid Transit) et l’IMV travaille
également sur deux projets de lignes de bus
en site propre.
À HCMV, l’objectif fixé par le schéma directeur des transports modifié en 2013 est d’atteindre entre 20% et 25% de déplacements
en transport public en 2020. Il propose la
Le bus est un moyen de
transport très utilisé par les
lycéens et les étudiants qui
n’ont pas encore de permis
moto ni de budget suffisant,
HCMV
Faire la ville
| 65
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
création de six lignes de métro, dont trois
sont actuellement financées par des bailleurs
de fonds. La ligne n°1 (Ben Tanh/Suôi Tiên),
d’un coût attendu de 2,5 milliards de dollars,
est financée par la JICA et HCMV (11%). Le
tronçon aérien de cette ligne, long de 17 km,
a été mis en chantier en août 2012. La ligne
devrait être achevée en 2017. La ligne n°2
(Thu Thiêm/Tây Ninh), d’un coût de 1,38 milliard de dollars, est financée par des prêts de
la Banque Asiatique de Développement, de la
Banque Européenne d’Investissement, de la
Banque allemande de développement et de
reconstruction (GTZ) et par des fonds municipaux. Les travaux du tronçon Ben Thanh/
Tham Luong devraient commencer courant
2014. Le financement de la ligne n°5, pont de
Saigon/Can Giuôc, demeure incertain (500
millions d’euros d’aide publique au développement espagnole, 166 millions d’euros de
financement municipal et des fonds supplémentaires sont prévus). La Banque mondiale
porte un projet de ligne de BRT sur le boulevard Vo Van Kiet. Deux projets plus légers de
monorails sont développés en parallèle par
des groupes privés malaisiens.
Les bus de l’opérateur hanoien Transerco contribuent à
l’identité urbaine de Hanoi
Le défi de la mobilité durable
Le défi consiste aujourd’hui à offrir des alternatives à une population fortement motorisée en deux roues afin de favoriser un report
modal vers le transport en commun et non
vers la voiture. L’enjeu est de taille : en effet,
la construction d’infrastructures routières
de grande capacité afin de résoudre les problèmes de congestion entraîne dans les faits
une motorisation et un usage encore plus important des véhicules individuels, comme cela
a été observé à Pékin, Shanghai ou Bangkok.
Il est souvent plus efficace de se tourner vers
66 |
À Bangkok, la construction
de voies rapides surélevées
n’a pas réussi à réduire
significativement les
embouteillages
les transports collectifs pour désengorger les
villes. Les mesures incitant à leur usage au
détriment du transport individuel sont très
variées et peuvent passer par la création de
péages urbains, de zones à vitesse réduite,
par le rééquilibrage de l’usage de l’espace
public ou par des campagnes de communication visant à donner une image positive du
transport collectif. On peut également créer
des couloirs réservés pour les bus offrant aux
usagers des trajets plus rapides que ceux des
utilisateurs de véhicules particuliers. Enfin,
rendre le stationnement moins accessible et
plus cher pour ceux qui viennent travailler en
véhicule individuel constitue un bon moyen
de favoriser le recours au transport public. Le
parc relais, site sur lequel on gare son véhicule personnel avant d’emprunter un moyen
de transport en commun, est alors une bonne
solution alternative.
Les modalités du développement urbain et la
morphologie des nouveaux quartiers jouent
aussi un rôle dans la transition des deux
métropoles vietnamiennes vers une mobilité plus durable. Dans cette optique, le lien
entre la planification urbaine et celle des réseaux de transport mérite d’être approfondi.
Les quartiers des gares des futures lignes de
métro et les alentours des stations de BRT
pourraient faire l’objet d’aménagements
particuliers (équipements, espaces publics),
avec une grande attention portée aux flux de
piétons et à la construction de parcs relais.
La création de ce nouveau réseau performant
et rapide exige une grande coordination
des systèmes (information aux voyageurs,
tarification et billettique) et des multiples
opérateurs, ainsi que l’aménagement d’interconnexions. Sa réussite dépendra également de la coordination des différents bailleurs
de fonds internationaux qui financent les
futures lignes de métro et de BRT. C’est pourquoi il paraît indispensable de créer une
Autorité Organisatrice des Transports (AOT)
pilotant dans le même temps les réseaux de
bus existants et les nouveaux réseaux de BRT
et de métro.
Une compétence
essentiellement provinciale
Le ministère des Transports élabore le plan
national des transports et peut être maître
d’ouvrage pour des projets de grandes infrastructures urbaines. Les départements des
Transports (DoT) de Hanoi et de HCMV sont
quant à eux responsables de l’investissement
et de la gestion des transports urbains, de la
maintenance et des investissements pour le
réseau routier, en dehors des réseaux de desserte locale, sous administration des Comités
populaires de districts. Celui de HCMV gère
également les infrastructures techniques urbaines (eau potable, espaces verts, éclairage,
stationnement).
nets d’études extérieurs. Elles sont responsables de la maîtrise d’ouvrage des projets de
construction et de la maintenance des infrastructures consacrées aux bus (arrêts de bus,
signalisation…).
Une multitude d’opérateurs
à HCMV, un réseau unifié à
Hanoi
Les opérateurs de transport peuvent être
publics, privés, mixtes ou organisés en coopératives. HCMV est, contrairement à Hanoi,
propriétaire des infrastructures (hangars,
terminus) qu’elle met à disposition des opérateurs. Les compagnies sont quant à elles
propriétaires du matériel roulant et la ville
leur propose des bonifications de taux d’intérêt pour le renouvellement de leur flotte. Le
nombre important d’opérateurs et de coopératives, même s’il est passé de plus de trente
en 2007 à quinze en 2010, engendre des problèmes d’organisation du réseau, en termes
de hiérarchisation, de qualité du matériel et
du service.
L’encombrement des
trottoirs rend la circulation
piétonne difficile à Hanoi
Les missions des autorités de
régulation
En pratique, ce sont ces autorités qui, placées sous le contrôle du DoT, se chargent
de réguler le transport public. Le Tramoc
à Hanoi et le « Centre de Gestion des Bus »
(CGB, MOCPT en anglais) à HCMV élaborent
la planification du réseau (lignes, horaires) qui
est ensuite validée par le DoT et le Comité populaire. Les opérateurs vendent les différents
titres de transport (tickets, carnets, abonnements) puis en reversent les recettes aux
autorités de régulation. Celles-ci organisent
aussi des appels d’offres pour la délégation
des nouvelles lignes. Les contrats de délégation de services sont passés annuellement
avec les opérateurs, hormis pour quelques
lignes qui bénéficient de contrats d’exploitation de trois ou quatre ans. Les autorités
de régulation contrôlent le respect de leurs
clauses par les opérateurs. Ainsi, le CGB de
HCMV vérifie les cahiers journaliers des horaires de chaque ligne de bus. Parallèlement
à cela, les deux autorités mènent des études
d’évaluation du réseau ainsi que des études
prospectives sur l’évolution de la demande
de transport, en collaboration avec des cabi-
Financement : un système
largement subventionné
Les réseaux de bus étant déficitaires, ceuxci nécessitent une subvention d’équilibre
importante de la part des villes de Hanoi et
HCMV. Elle représente environ 40% des coûts
de fonctionnement. Ainsi, à HCMV, en 2008,
les subventions ont couvert 50% des coûts
d’exploitation des 115 lignes. Le prix des billets est décidé par le Comité populaire, sur
proposition du Tramoc ou du CGB. Le montant
de la rémunération des opérateurs par kilo-
Une voie réservée aux bus
devrait prochainement voir
le jour sur le boulevard
Yen Phu à Hanoi. Ce projet
est soutenu par l’IMV et
Tramoc.
Faire la ville
| 67
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
mètre parcouru est défini par Tramoc à Hanoi
ou par les départements des Transports, des
Finances, du Plan et de l’Investissement à
HCMV, puis validé par le Comité populaire.
Ces montants peuvent être réactualisés en
cours de contrat selon l’évolution des paramètres (prix de l’essence notamment), après
validation par les directions concernées et
par le Comité populaire, et incluent l’amortissement du matériel roulant. Ce mode de
fonctionnement est actuellement problématique en raison de l’augmentation importante
du nombre de passagers et de la décision des
Comités populaires des deux villes, pour des
raisons politiques, de n’accroître ni le montant des subventions ni le prix du billet. À
HCMV, ce système, qui repose sur les subventions et la courte durée des contrats d’exploitation (de une à quatre années), décourage
les investissements et n’est que faiblement
attractif pour les entreprises.
Quant aux projets de métro, ils requièrent
des investissements très lourds, jusqu’à plu-
sieurs milliards de dollars pour les lignes les
plus onéreuses. Les solutions de financement
proposées par les bailleurs de fonds, multilatéraux ou bilatéraux, et les constructeurs
varient fortement : consortium privé, partenariats public-privé et financement public.
En attendant le bus à HCMV
Pour aller plus loin :
• IMV, 2008,
« Les défis pour le
développement des
transports à Hanoi »
(document en anglais,
titre original « The
Nine Challenges for
the Development of
Transport in the Fast
Growing Capital of
Viêt-Nam : Hanoi »),
11 p.
http://imv-hanoi.
com/Uploaded/
Documents/TC%20
Challenges%20of%20
Transport%20in%20
Hanoi%20-%20
Molt%202008.pdf
• AFD, « Qui paie
quoi en matière de
transports urbains ?
Guide de bonnes
pratiques ; Étude de
cas sur HCMV »,
http://www.
afd.fr/webdav/
site/afd/shared/
PUBLICATIONS/
THEMATIQUES/
autres-publications/
Bonnes-pratiquesfinancementtransports-urbains.pdf
• IMV, 2005,
« Schéma directeur
de la région de
Hanoi : stratégie de
développement des
transports », 24 p.
http://imv-hanoi.
com/fr-FR/Home/
hargeables-142/1790/
Documents-produitspar-lIMV.aspx
À HCMV, le Centre de Gestion des Bus travaille avec quinze
opérateurs qui gèrent au total 146 lignes de bus
68 |
LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS
EN FRANCE
L’enjeu de l’intégration du transport et de
l’urbanisme à toutes les échelles
es politiques en faveur d’une mobilité en accord avec le « développement
durable » sont récentes. Favoriser
l’utilisation des transports en commun
et lier les opérations d’urbanisme aux
politiques de transport sont aujourd’hui
des orientations largement partagées
en France. Si l’intégration des politiques
de transport et de l’urbanisme est complexe, elle peut être facilitée par des
schémas directeurs volontaires et par la
prise en compte de cette problématique
dans les schémas sectoriels. Des Autorités
Organisatrices des Transports (AOT) sont
chargées du fonctionnement et de l’intégration des réseaux à l’échelle de l’agglomération, du département et de la région.
L
ont également mis en place des lignes de bus
en « site propre » avec des voies dédiées. Et
c’est dans les années 1980 que le tramway
a connu un nouvel essor avec les premières
lignes construites à Nantes et à Grenoble.
Aujourd’hui, la majorité des grandes villes
et des villes moyennes en sont équipées
et étendent leur réseau (Lyon, Strasbourg,
Bordeaux, agglomération parisienne, etc.).
L’inter modalité est
organisée par l’AOT, ici à
Lyon entre une station de
tramway et une station de
vélo en libre-service (Velo’v)
Du tout automobile à la
promotion des transports en
commun
Lors de la période de forte croissance économique et démographique de l’après Seconde
Guerre mondiale, la motorisation des ménages a fortement progressé. L’accélération
de la vitesse des déplacements a permis
d’implanter de plus en plus loin logements
et activités. L’attention des pouvoirs publics
s’est alors portée sur l’adaptation des centres
anciens à la voiture et sur la construction
de voies rapides pour relier les nouveaux
quartiers périphériques et les aires périurbaines. Il a fallu attendre les années 1970 et
un contexte de crise pétrolière pour que les
transports en commun connaissent un regain
d’intérêt, né de la volonté de désengorger les
villes et de mieux desservir leur population. Il
s’agissait plus alors d’offrir une alternative à
la voiture individuelle que de décourager son
utilisation. La construction du métro de Lyon
et du Réseau Express Régional francilien (RER)
a débuté à cette époque. Les villes françaises
S’adapter aux nouvelles
pratiques de mobilité
Outre l’augmentation massive des déplacements, les systèmes de transport sont mis
au défi de s’adapter au desserrement de la
population et des activités dans la périphérie
des agglomérations. En Île-de-France, les distances parcourues et l’usage de l’automobile
sont bien plus importants en grande banlieue
qu’en proche banlieue et à Paris, qui bénéficient d’un réseau de transport en commun
très dense. 13% des trajets sont effectués en
transport en commun en grande banlieue,
contre 23% pour la proche banlieue et 34%
pour Paris intra-muros. À titre d’exemple, on
constate que la marche à pied représente
47% des déplacements internes parisiens.
Faire la ville
| 69
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
Dans le Grand Lyon, 48% des déplacements
s’effectuent en voiture particulière, 16% en
transport en commun, 2% en vélo et 33% à
pied. Les déplacements de plus en plus nombreux en dehors des heures de pointe et le
week-end appellent les autorités à réfléchir
à une modification de la gestion du réseau
en termes d’offre et d’horaires. En effet, les
motifs de déplacement se sont diversifiés et
ceux-ci ne sont plus majoritairement liés au
travail, une part croissante étant désormais
liée aux loisirs.
«
Les « modes doux » que sont le vélo et la marche à pied
bénéficient d’aménagements de voirie particuliers, Lyon
ͳ 1999 : la loi Chevènement confère aux collectivités la responsabilité d’organiser les transports collectifs urbains.
ͳ 2000 : la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbains (loi SRU)
renforce la cohérence entre urbanisme, habitat et déplacements. Elle étend
les objectifs assignés aux plans de déplacements urbains (sécurité, stationnement et livraison de marchandises) et établit des réductions tarifaires d’au
moins 50 % pour les personnes les plus démunies.
Une campagne de
communication du SYTRAL
souligne la densité et
l’accessibilité du réseau de
transport en commun dans
l’agglomération lyonnaise
ressources à atteindre (emploi, loisirs, famille) est une condition essentielle pour que
les habitants utilisent les transports en commun et non leur véhicule individuel. Il s’agit
donc, d’une part, de proposer un service de
transport collectif adapté à l’urbanisation
existante, et, d’autre part, d’intervenir sur
les formes urbaines pour qu’elles deviennent
plus faciles à desservir. A cela s’ajoute une dimension sociale : offrir aux ménages à faibles
revenus ou aux habitants de communes isolées une mobilité à l’échelle métropolitaine.
Enfin, l’enjeu est environnemental avec la
réduction sur le long terme des gaz à effet de
serre et la limitation de l’étalement urbain.
«
70 |
ͳ 1971 : instauration, sur la masse salariale des entreprises de plus de neuf
salariés, de l’impôt du « Versement Transport » destiné au financement du
transport public.
ͳ 1982 : la loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) opère un partage
des compétences « Transport » entre les communes ou leurs groupements,
le département et la région.
Contribuer au développement
d’une ville plus durable
Les projets de transport en commun occupent une place majeure dans les politiques
d’aménagement des grandes métropoles. Ils
représentent ainsi le premier poste budgétaire du Conseil régional d’Île-de-France. En
effet, l’efficacité du réseau contribue dans
une certaine mesure à l’attractivité économique des métropoles et à la qualité de vie
de leurs habitants (réduction de la pollution,
des temps de trajet, etc.). Rendre le réseau
de transport accessible à tous, notamment
aux personnes à mobilité réduite, implique
de revoir le dimensionnement de la voirie et
d’adapter le véhicule (planchers bas de bus).
Au delà des normes techniques, cela suppose
la mise au point d’un dispositif de communication efficace (diffusion de plans, signalisation, etc.). Mais la question de l’accessibilité,
qui requiert une approche transversale entre
urbanistes et professionnels du transport,
concerne également la plus ou moins grande
facilité à atteindre en transport collectif un
lieu par rapport à l’endroit où l’on se trouve.
La bonne adéquation entre le réseau et les
Le cadre législatif
Les véhicules motorisés
doivent ralentir dans des
rues qui sont « partagées »
avec les vélos et les piétons
Capacité des modes de transport par heure en région parisienne
RER (train de banlieue) : 70 000 passagers/h/sens
Métro : 30 000 passagers/h/sens
BRT : 12 000 passagers/h/sens, selon le nombre de voies réservées
Tramway : 5 à 6 000 passagers/h/sens
Autobus en site propre : 2 500 passagers/h/sens
Autobus : 1 200 passagers/h/sens
Voie routière pour véhicule privé : 2 000 passagers/h/sens
Articuler transport et
urbanisme
La morphologie urbaine étalée et peu dense
de la « ville de l’automobile » n’est pas adaptée aux axes linéaires et aux pôles d’échanges
qui caractérisent les réseaux de transport en
commun. Le développement de quartiers
denses, en fonction des corridors de desserte, permettrait de limiter l’urbanisation et
d’accroître dans le même temps l’efficacité
des transports. Ce système a par exemple été
déployé en Amérique latine et particulièrement à Curitiba (Brésil), où la ville s’est développée le long des cinq corridors majeurs de
circulation des BRT.
En France, les documents de planification de
l’Île-de-France et du Grand Lyon privilégient
l’urbanisation des zones aux alentours des
axes et des stations de transport en commun.
Cette politique se heurte pourtant à l’envie
de la majorité des Français de posséder une
maison individuelle. C’est ce qui pousse
actuellement les urbanistes à réfléchir à de
nouvelles formes urbaines, à la fois denses
et répondant aux attentes des habitants. De
grands projets sont actuellement lancés dans
ce sens en Île-de-France, afin de structurer
une urbanisation de faible densité en périphérie et de répondre au déficit d’accessibilité en transports en commun de la deuxième
couronne ainsi qu’à la saturation des réseaux.
Un métro en rocade (le Grand Paris Express),
à une distance moyenne de dix kilomètres du
périphérique de Paris, connecté aux lignes
radiales du RER et aux lignes de tramway
existantes, devrait desservir l’agglomération
en 2025. Le concept de densification préférentielle autour des gares est inscrit dans le
Schéma Directeur de l’Île-de-France (SDRIF).
Ce document impose des planchers de densité supérieurs à ceux qui existaient auparavant dans un rayon de mille mètres autour
d’une station de métro ou d’une gare ferroviaire et de cinq cent mètres autour d’une
station de transport collectif en site propre.
Les secteurs de densification préférentielle, majoritairement
situés près des gares et des lignes de transport en commun
(en rose), sont représentés par des pastilles rouges dans le
SDRIF, Île-de-France
1
2
3
Pour l’urbaniste D.Mangin,
l’urbanisme du réel (1)
est marqué par la voiture,
l’étalement urbain et
des territoires enclavés.
L’urbanisme du fantasme (2)
est écologique et favorise
une urbanisation linéaire en
fonction des transports en
commun et des corridors
verts, mais il est difficilement
réalisable. L’urbanisme du
possible (3) consisterait en
des formes urbaines moins
dépendantes de la voiture et
fondées sur la diversité des
usages
Une architecture
institutionnelle au service de
l’intégration des réseaux
Cette intégration doit être à la fois physique,
par le biais de pôles d’échanges et de parkings relais, et organisationnelle avec une
billettique commune et des plans unifiés.
Au niveau institutionnel, une même organisation, l’Autorité Organisatrice de Transports
(AOT), est chargée de coordonner les politiques sur un périmètre défini. Cette AOT
a pour vocation d’inciter à l’utilisation de
modes alternatifs à la voiture individuelle et
de développer un réseau performant.
L’organisation se décline en plusieurs niveaux
de compétence. L’État est responsable de
la réalisation des voies de chemin de fer à
grande vitesse ainsi que des autoroutes et
des transports d’intérêt national. Les régions,
les départements, les syndicats mixtes, les
groupements de communes, les communes
ou les Établissements Publics d’Aménagement sont des AOT responsables de l’élaboration de la politique de transport sur leur
territoire. Ainsi, les régions gèrent les Trains
Express Régionaux et quelques lignes routières, les départements sont en charge des
transports interurbains en autocar et les
communes ou intercommunalités gèrent les
transports urbains.
À Curitiba, au Brésil, la densité urbaine est maximale le long
des voies et des stations du BRT et décroît progressivement
avec l’éloignement du réseau de transport
Les AOT urbaines (AOTU) sont en général des
communes (20% des cas), des intercommunalités (60%) ou des syndicats (20%). Elles
élaborent et pilotent la mise en œuvre d’un
Plan de Déplacement Urbain (PDU) pour les
agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Ce PDU définit les principes de l’organisation
des transports de personnes et de marchandises, de la circulation et du stationnement
Faire la ville
| 71
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
«
Organiser les déplacements urbains avec un Plan de Déplacement Urbain (PDU)
Le PDU se construit sur une perspective de dix ans.
L’AOT institue un comité de pilotage composé des
élus du Périmètre de Transports Urbains et de représentants de l’État. Ce comité oriente les études
et définit les grands objectifs ainsi que les principes
d’action du PDU. Un comité technique est chargé du
diagnostic, des propositions d’action et de l’élaboration du projet. Il est composé de techniciens de
l’urbanisme des différentes collectivités, de l’AOT,
de l’État et d’autres acteurs tels que les exploitants
de transports publics. Cette organisation permet
la concertation à la fois politique et technique de
l’ensemble des acteurs.
La phase de diagnostic du PDU est l’occasion de recueillir des données sur tous les modes de déplacement par le biais du comptage des automobiles, des
deux-roues et des piétons, ou par des enquêtes menées auprès des ménages (origine/destination sur
le réseau de transport, déplacements). Les données
des statistiques nationales sont ensuite intégrées au
diagnostic. Toutes ces informations constituent un
« état de référence » qui permet de mesurer les évolutions passées et futures et qui sert d’outil de décision et d’évaluation pour les collectivités locales.
Une fois les grands enjeux de mobilité identifiés, les
objectifs sont formalisés par le comité de pilotage.
Le comité technique propose alors des scénarii alternatifs à un développement « au fil de l’eau ». Lorsqu’un
des scénarii est adopté par le comité de pilotage
après concertation de l’ensemble des acteurs, un
projet précis est établi, qui comprend des propositions sur les infrastructures, l’organisation du
réseau, la tarification, ainsi qu’un calendrier des
décisions et des réalisations. Une évaluation environnementale accompagne le PDU afin de mesurer
son impact et de prendre des mesures de protection et ou de compensation. Enfin, celui-ci est adopté après une enquête publique. Ses actions doivent
être concrètes et compatibles avec les orientations
du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) : par
exemple, étendre des lignes de bus ou de tramway,
redessiner la voirie, accorder une place plus importante aux modes doux (marche et vélo) et aux transports en commun, créer une agence de mobilité ou
encore encourager les entreprises et collectivités à
établir des plans de mobilité pour leur personnel.
Le contenu du PDU du Grand Lyon
Le PDU, élaboré par le SYTRAL, a pour maîtres
d’ouvrage le Grand Lyon, le département du Rhône,
la Région Rhône-Alpes, l’État et les communes.
Élaboré en 2007, le plan a depuis fait l’objet d’un suivi annuel. Il identifie quatre orientations principales :
la cohabitation des différents modes de transport,
une mobilité accessible à tous, une agglomération
moins polluée avec une sécurité routière renforcée,
et enfin une élaboration et une mise en œuvre par-
72 |
tagée. Ces orientations se déclinent en deux cents
actions. Par exemple, dans le volet « cohabitation
des modes de transport dans l’agglomération », le
PDU tente de valoriser les modes doux, avec l’offre
de vélos en libre-service et le prolongement des
pistes cyclables. En termes d’infrastructures, le PDU
prévoit le prolongement de trois lignes de tramway,
deux lignes de trolleybus et une ligne de métro. De
grandes infrastructures routières telles que le périphérique et des voies de contournement devraient
être achevées, tandis que la régularité des lignes de
bus devrait faire l’objet d’améliorations. Par ailleurs,
le plan accorde de l’importance aux taxis comme
moyen de transport public et propose l’établissement d’une convention avec les compagnies afin de
leur octroyer de nouveaux droits (circulation dans
les couloirs de bus).
Parallèlement à cela, une stratégie de dissuasion
devrait voir le jour. La capacité des grands axes traversant l’agglomération devrait être gelée afin de
réduire le nombre d’automobiles en circulation. Des
plans de circulation par secteurs sont recommandés afin de mieux hiérarchiser la voirie (du réseau
d’agglomération aux déplacements inter-quartiers,
jusqu’à la desserte locale) et de la partager entre les
différents modes : des « zones 30 » peuvent ainsi
être établies pour la voirie de desserte locale. Une
offre de stationnement plus réduite et payante,
excepté pour les riverains, et à proximité des stations de transport en commun (parc relais) devrait
dissuader les automobilistes d’utiliser leur voiture.
Le PDU réduit ainsi le nombre de places de parking obligatoires par logement ou bureau lors de la
construction de nouveaux bâtiments (une place de
parking pour 120 m² de surface habitable dans le
centre historique). Il détaille également les actions
à mener sur le réseau pour en améliorer l’accessibilité physique (adaptation aux personnes à mobilité
réduite) et financière (tarification sociale).
Le PDU présente les
projets d’extension de
lignes de tram, de métro
et de trolleybus dans
l’agglomération lyonnaise
sur le territoire et il s’intègre dans une logique de planification plus globale. C’est ainsi
que les Plans Locaux d’Urbanisme doivent
être compatibles avec les PDU, qui doivent
eux-mêmes être compatibles avec les SCoT.
En France, l’AOT est responsable du développement et de la gestion de l’offre de services.
C’est elle qui détermine les itinéraires et
la fréquence des lignes, le type de matériel
roulant (modèles de bus...) et l’implantation
des arrêts. Elle programme également les
nouvelles infrastructures, le partage de la
voirie, le renforcement de l’offre de transport sur les lignes existantes ou la création
de nouvelles dessertes. L’AOT œuvre pour
l’intégration des modes de transport collectif
et la qualité du service (développement de
pôles d’échanges, aménagements facilitant
l’accès des transports publics aux piétons et
aux personnes à mobilité réduite). Elle définit
les indicateurs et les modalités de contrôle
de la qualité du service, tels que la régularité, la propreté et la disponibilité des équipements. Elle facilite également l’utilisation
du réseau en élaborant les outils de communication à destination des voyageurs (plans,
informations en temps réel) et en menant
des campagnes d’information destinées aux
habitants, aux employeurs et aux pouvoirs
publics pour promouvoir l’usage des transports en commun.
Deux modes de gestion du service peuvent
être choisis par l’AOT : la régie directe et la
délégation (en affermage ou concession).
En « régie directe », la collectivité prend en
charge au sein de ses services la gestion du
réseau de transport en commun.
La « délégation de service public » est la forme
de gestion la plus courante en France (92%
des réseaux). Dans ce cas de figure, le service
est délégué à un exploitant suivant des conditions indiquées par un cahier des charges. Ce
dernier assume alors une part plus ou moins
importante du risque d’exploitation selon que
le service soit délégué en affermage ou en
concession. La rémunération est assurée en
partie par le résultat d’exploitation du service.
Avec l’affermage, la collectivité publique
finance les investissements et l’opérateur
Les passagers peuvent
être informés des temps
d’attente réels aux arrêts
de transport en commun,
sur internet ou sur leur
téléphone portable et des
temps de parcours à bord
des véhicules, ici dans le
métro parisien
exploite le réseau. L’opérateur reverse à la
collectivité une redevance pour contribuer à
l’amortissement des investissements réalisés
et une « surtaxe » en contrepartie du droit
d’utilisation des infrastructures.
Dans la concession, l’opérateur prend en
charge les investissements, les frais d’exploitation et ceux liés à l’entretien courant. La
durée du contrat, qui peut aller jusqu’à dix
ans, est plus longue que dans le cas de l’affermage. L’opérateur peut-être une entreprise
publique, privée ou une Société d’Économie
Mixte.
La billettique et l’intégration
tarifaire pour faciliter la
lecture et l’usage du réseau
La mise en place d’une tarification et d’une
billettique unifiées est un élément majeur
de l’intégration du système de transport. Le
réseau semble plus facile d’accès à l’usager
lorsque les billets et les abonnements sont
identiques quel que soit le mode de transport
et la ligne empruntés. Ce système simplifie
les correspondances entre lignes de même
L’AOT du STIF (Syndicat des
Transports d’Île-de-France)
coordonne les différents
services et réseaux dans la
région : métro, RER, bus,
bus de nuit, pass Navigo,
etc.
Les AOT coordonnent la réalisation des pôles d’échanges,
ici le pôle de Gare du Nord à Paris qui connecte trains
internationaux, nationaux, RER, métro et bus
Faire la ville
| 73
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
mode ou de modes différents. Un gestionnaire unique, l’AOT, pilote l’ensemble du système, de la définition des niveaux tarifaires,
l’impression et la distribution des titres de
transport à la répartition des recettes entre
les multiples exploitants. La gamme de titres
de transport doit donc s’appuyer sur une
technologie commune à tous les modes. Les
billets papier sont en général remplacés par
des supports technologiques avancés comme
les cartes à puce ou magnétiques, et il est
parfois possible d’acheter ou de recharger sa
carte d’abonnement par internet ou via son
téléphone.
Le pass Navigo, une carte à
puce sans contact, se recharge
à la semaine, au mois ou à
l’année. La validation du pass
aux portillons du métro et à
l’entrée des bus permet de
connaître la fréquentation
des lignes
Ces titres de transport unifiés présentent
en général des systèmes d’abonnement
avantageux afin de fidéliser les usagers. En
Île-de-France, le « pass Navigo » donne accès
aux réseaux métropolitain et francilien exploités par la RATP et la SNCF, ainsi qu’aux
bus des compagnies privées réunies dans
un réseau dénommé « Optile ». De la même
manière, dans l’agglomération lyonnaise, les
abonnements représentent 75% des titres
de transport. Par ailleurs, dans les deux agglomérations, des réductions de tarifs sont
consenties à certaines catégories de personnes telles que les étudiants, les seniors,
les chômeurs et les familles nombreuses.
On distingue les tarifs uniques et la tarification à la distance ou zonale. En France, la tarification zonale concentrique ou « alvéolaire »
est peu pratiquée pour les transports urbains,
excepté en Île-de-France. La tarification
unique peut s’effectuer au temps, en donnant par exemple accès à tout le réseau, avec
la possibilité de faire des correspondances,
pendant une heure. D’un point de vue pratique, les billets vendus à bord des bus sont
plus chers que ceux délivrés aux guichets de
vente, afin de décourager l’achat à bord pour
améliorer la vitesse d’embarquement des passagers (gain de temps de parcours).
74 |
Des sources de financement
diversifiées
Les recettes d’exploitation, le Versement
Transport et les subventions constituent les
trois sources principales de financement des
transports publics collectifs. Les recettes d’exploitation des lignes représentent 33% du financement du transport public en Île-de-France et
31% au Grand Lyon. Le Versement Transport
consiste en une taxe sur les salaires qui concerne
les entreprises de plus de neuf salariés, dont le
taux est voté par le conseil de l’AOTU. Les taux
maximum imposables sont de 1% pour les
agglomérations avec un réseau classique de
lignes d’autobus et d’1,8 % pour un réseau de
tramway ou de métro. Le Versement Transport
représente 37% des recettes en Île-de-France
et 43% au Grand Lyon. Le reste des recettes
provient de la participation des collectivités
locales à hauteur de 20% en Île-de-France et
de 26% pour le Grand Lyon et d’autres sources
de revenus, comme les subventions étatiques
et les amendes (environ 10% des recettes). La
capacité d’investissement des AOTU en France
est limitée et la formule la plus courante est de
recourir à des emprunts sur une vingtaine d’années ou à des partenariats public-privé.
Le SYTRAL au Grand Lyon,
l’AOTU d’un réseau en
extension
L’AOTU du Grand Lyon est le Syndicat Mixte
des Transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise (SYTRAL). Son conseil d’administration comprend seize élus du Grand Lyon
et dix élus du département du Rhône. Ce syndicat coordonne le réseau « TCL » (Transports
La ligne B du métro a été prolongée par le SYTRAL de 2 km,
dont 300 m sous le Rhône, afin de desservir la commune
d’Oullins et le sud-ouest de l’agglomération lyonnaise
Pour aller plus loin :
• Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise,
« Corridor design
in town planning sustainable planning
for large cities in
developed countries ; Challenges
of implementation
in booming cities
in emerging and
developing cities - »
(CODATU XIII), 30 p.
http://www.urbalyon.
org/Document/_
Lurbanisme_de_
corridors__quelles_
difficultes_de_mise_
en_oeuvre_dans_
les_metropoles_des_
pays_en_voie_de_
developpement_-1721
• SYTRAL, Syndicat
Mixte des Transports
pour le Rhône et
l’Agglomération
Lyonnaise,
http://www.sytral.fr/
• STIF, Syndicat des
transports de la
région Île-de-France,
http://www.stif.info/
• GART, Groupement
des Autorités
Responsables de
Transport,
http://www.gart.org/
• IAU-IdF, Dossier
Transports et
mobilités,
http://www.iau-idf.fr/
nos-etudes/theme/
transport-et-mobilite.
html
en Commun Lyonnais) et le réseau « Optibus »,
qui transporte à leur demande des personnes
handicapées ou âgées. La durée du contrat
de l’exploitant, sans mission de commercialisation, est de six ans.
Ces dernières années ont été marquées par
l’inauguration et le prolongement de plusieurs lignes de métro et de tramway, portant
à quatre le nombre de lignes de chacun de
ces moyens de transport. Le réseau de bus
a connu une amélioration de l’offre avec la
réorganisation des cent-vingt lignes, l’achat
de nouveaux bus et le recrutement de nouveaux conducteurs. L’objectif était de faire
progresser le nombre de déplacements en
bus de 8 à 10%, soit d’atteindre 14 millions
de voyages supplémentaires fin 2012. L’AOTU
a également mis l’accent sur l’intermodalité
entre bus, métro, tramway et modes individuels. Le réseau lyonnais est ainsi le plus fréquenté des villes de province avec 1,4 million
de voyages quotidiens et 314 voyages par
habitant et par an.
Le STIF, une AOTU de niveau
régional pour l’Île-de-France
Le Syndicat des Transports d’Île-de-France
(STIF) est l’autorité organisatrice des transports (AOT) de cette région. Il a pour mission
de fixer les relations et les lignes de transport,
de désigner les exploitants, de définir les
modalités techniques ainsi que les conditions
générales d’exploitation et de financement
des services, sous réserve des compétences
reconnues à Réseau Ferré de France (RFF) et
à la Régie Autonome des Transports Parisiens
(RATP). Ainsi, le STIF organise, coordonne et
finance les transports publics de voyageurs
qui peuvent être assurés par la RATP, la SNCF
Île-de-France et les compagnies de bus du
réseau Optile. Le STIF est aussi responsable
de l’organisation et du fonctionnement des
transports scolaires et des services fluviaux
réguliers de voyageurs. Il est géré par un
conseil d’administration présidé, depuis la
réforme de 2006, par le Président du Conseil
régional d’Île-de-France. Il est composé d’élus
des collectivités territoriales (région, départements et Ville de Paris).
mobilité à la fois fluides et respectueuses de
l’environnement régional. Le PDU, révisable
par le STIF, est au service de cette ambition.
Il concerne à la fois le déplacement des voyageurs et des marchandises, la circulation et le
stationnement. Ce plan intègre à la question
du déplacement celle des aménagements et
des équipements qui en sont indissociables.
Même si l’usage des transports en commun
s’est considérablement développé depuis le
premier PDU (2000), celui de la voiture individuelle a encore progressé. Le PDU de l’Île-deFrance a donc été révisé de 2007 à 2011, afin
de devenir un plan plus opérationnel d’ici
2020, avec, pour chaque action projetée, un
responsable, un calendrier et des modalités
financières clairement arrêtées.
Le STIF communique sur
l’achèvement des travaux du
prolongement de la ligne de
tramway T2 et sa connexion
à la ligne T3, Île-de-France
Le Grand Paris Express,
métro automatique
composé de quatre lignes,
devrait être achevé en 2025
et offrira un nouveau réseau
structurant pour le territoire
francilien
La région Île-de-France, qui compte 11 millions d’habitants dans un rayon de 50 km,
doit pouvoir leur assurer des conditions de
Faire la ville
| 75
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
LES PROJETS ET RÉFLEXIONS DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Pour les autorités vietnamiennes, confrontées à la multiplication des projets de transports collectifs à Hanoi et HCMV, le risque
majeur réside dans le manque d’intégration
des réseaux, qu’il soit physique ou institutionnel. L’attention portée à l’articulation
urbanisme-transport, la connexion physique
des réseaux ainsi que leur organisation institutionnelle et tarifaire seront déterminantes
pour leur efficacité et leur attractivité.
L’amélioration de l’organisation
institutionnelle 1
Les nombreux projets en cours dans les deux
métropoles vont remanier profondément le
système de transport urbain. La multiplication des modes, l’extension de la couverture
territoriale et le développement de ces projets sur un temps très court impliquent la
mise en synergie en amont de l’ensemble des
projets pour en réussir l’intégration.
En effet, il est pour l’instant prévu que les
réseaux de bus de Hanoi et de HCMV et les
futurs réseaux de métro soient gérés par
des entités différentes : Tramoc et CGB pour
les bus, le bureau de projet MRB et la MAUR
Les informations à destination des usagers, notamment
la diffusion de la carte du réseau et des horaires, sont
primordiales pour la fréquentation des transports en
commun, ici à HCMV
(Management Authority for Urban Railways )
pour les réseaux de métro.
Les maîtrises d’ouvrage des lignes de métro
sont prises en charge par différents acteurs
et aucune instance de régulation opérationnelle n’a encore été créée pour la gestion de
ces nouveaux projets. Cela confirme la nécessité d’une autorité organisatrice ayant rôle
d’ensemblier sous l’égide d’un acteur institutionnel unique. Le principe de mise en place
d’une AOT dans les principales villes du ViêtNam ayant été acté par le Premier ministre
en 2008, c’est dans ce cadre législatif que
s’inscriront les futures AOT vietnamiennes.
Redéfinir les missions des
autorités de régulation
actuelles afin de créer des AOT
La nouvelle AOT devra coordonner en amont
de chaque projet la mise en œuvre du futur système en y impliquant les opérateurs
actuels, les maîtres d’ouvrage de projets et
leurs futurs exploitants. Pour des structures
telles que le DoT ou le Tramoc à Hanoi, le CGB
ou la MAUR à HCMV, l’enjeu sera désormais
de fédérer le système de transport public,
notamment en proposant une politique d’intégration (offre, qualité de service, tarification et billettique) et en étendant leur champ
d’action à l’ensemble des modes de transport
(politique de stationnement, etc.).
À Hanoi, le Comité populaire, le Tramoc
et plusieurs bailleurs de fonds mènent en
parallèle des réflexions sur la structure des
organigrammes. L’IMV soutient le renforcement des compétences et des financements
du Tramoc, qui serait intégré dans la future
AOT, placée sous la tutelle directe du Comité
populaire. L’organigramme du Tramoc pourrait ainsi connaître des modifications afin de
répondre plus efficacement aux différents
objectifs de sa mission au sein de l’AOT. Il
pourrait comporter un « bureau unique des
contrats » couvrant les contrats avec les exploitants, les gestionnaires de sites (pôles
d’échanges) et les gestionnaires d’infrastruc-
76 |
1
Atelier PADDI-IMV
sur « les autorités
organisatrices de
transports et modèles de
gestion des compagnies
d’exploitation », animé
par Maurice Lambert,
décembre 2009
tures. Les outils de contrôle d’exécution des
contrats seraient alors associés à ce bureau.
La recomposition du territoire administratif
de Hanoi devrait entraîner une extension des
dessertes régionales et locales, articulées au
sein de pôles d’échanges.
Par ailleurs, une géographie administrative
particulière pourrait être envisagée avec la
création d’AOT de proximité pour les villes
satellites sous l’égide de l’AOT principale de
Hanoi. La desserte de ces territoires supposerait également la mise en place des systèmes intégrés (tarifs et informations auprès
des voyageurs) dans les différentes zones de
la métropole. Les trains locaux et nationaux,
qui relèveront de deux AOT différentes (une
provinciale et une nationale) emprunteront
parfois la même voie (voie Nord-Sud qui traverse la ville), ce qui nécessitera l’intervention d’une autorité pour attribuer les sillons
entre les deux AOT.
laire et de membres des départements de
la Planification Urbaine et de l’Architecture
(DUPA), du Plan et de l’Investissement (DPI),
des Ressources Naturelles et de l’Environnement (DONRE), des Finances (DoF) et du
futur Bureau de gestion. Il serait responsable
de l’approbation du plan d’aménagement
et de la stratégie en matière de transport
ainsi que des politiques de tarification et de
développement. Le Bureau de gestion serait
quant à lui chargé de l’élaboration de la stratégie, de l’administration, de la gestion et du
phasage des projets de développement, de
la coordination des opérateurs, de la gestion des recettes, de la communication sur
le réseau ou encore de l’application d’une
tarification commune. Ce bureau serait créé
à partir de la fusion du Centre de gestion de
bus et de la MAUR, et relèverait du Comité
populaire. Par ailleurs, la MAUR est en train
d’étudier la création d’une structure d’exploitation et de maintenance (O&M) pour la ligne
«
Comment se fera l’intégration des réseaux de bus et de
métro dans la capitale vietnamienne ?
Depuis quelques années, l’IHDS (HCMC
Institute for Development Studies) réfléchit, en partenariat avec le DoT, à la création d’une AOT à HCMV. En 2012, suite aux
échanges avec le PADDI et les bailleurs de
fonds, notamment la Banque mondiale,
l’HIDS a proposé un modèle de gestion des
transports en commun composé de deux institutions : un Conseil des transports en commun et un Bureau de gestion des transports
en commun. Le Conseil serait composé du
Président du Comité populaire, du directeur
du DoT, de représentants du Conseil popu-
Le renforcement des compétences de Tramoc
Avant 1998, date de création de
Tramoc, le réseau de bus hanoien
était exploité en régie directe par
plusieurs opérateurs publics qui ont
par la suite été regroupés au sein
de la compagnie Hanoi Transerco.
Entre 2002 et 2008, Tramoc a
bénéficié de l’expertise de l’Île-deFrance dans le cadre des projets
européens Asia Trans et EcoTrans.
Ce dernier projet a bénéficié en
complément de l’aide publique au
développement allemande entre
2006 et 2008.
Ces projets s’attachaient au renforcement des compétences de
Tramoc en termes de planification et d’adaptation du service
aux besoins des usagers. Ainsi les
horaires de service ont été étendus
et des cartes du réseau ont été établies et largement diffusées. De la
même manière, l’emplacement et
la signalisation des arrêts de bus
ont été rationnalisés. Un système
d’abonnement mensuel par carte
à puce, la « Smart Card », rechargeable n’importe quel jour du mois,
a été introduit sur la ligne 32. Enfin,
la mise en place d’abonnements
mensuels pour tout le réseau ou
une ligne particulière, couplée à
l’offre de tarifs spécifiques aux étudiants en 2002 a contribué à attirer
de nouveaux passagers.
Une carte d’abonnement traditionnelle et
une Smart Card de la ligne 32, Hanoi
Ces actions, combinées avec un effort
budgétaire important de la municipalité de Hanoi sous forme de subventions aux opérateurs, ont eu un
impact considérable sur la fréquentation du réseau. En effet, le nombre
annuel d’usagers des transports en
commun est passé de 10 millions à
300 millions entre 2001 et 2007. Dans
le même temps, le nombre de lignes
a été multiplié par deux et le nombre
de bus par trois.
Faire la ville
| 77
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
de métro n°1. En effet, l’avancement des projets de métro soulève la question de l’intégration technique et physique des systèmes.
La première porte sur le choix des équipements en matière de billettique et de normes
techniques, ainsi que sur les choix tarifaires.
La seconde concerne la maîtrise d’ouvrage
pour l’acquisition du foncier et les pôles
d’échanges. Toutes deux paraissent de plus
en plus indissociables de l’intégration des différents acteurs institutionnels et techniques.
Pour les deux métropoles, les relations avec
les opérateurs seraient clarifiées par la généralisation progressive du régime des appels
d’offres pour l’attribution des lignes de transport. L’IMV propose pour Hanoi la constitution d’un comité de coordination des projets
en cours (harmonisation de l’accessibilité
et des systèmes intégrés, billettique, information voyageurs) qui faciliterait la synergie
des projets. Concernant les conditions de circulation des autobus, un renforcement des
relations avec les partenaires institutionnels
chargés de la gestion de la voirie pourrait faciliter l’aménagement de couloirs réservés et
l’adoption de la priorité aux autobus sur les
axes principaux.
«
Le renforcement des
compétences
L’amélioration de la gestion passe également
par le renforcement des compétences et des
capacités d’expertise des équipes par des
formations et des recrutements. À Hanoi,
le Tramoc peut recourir à des expertises
externes, notamment de la région Île-deFrance, les capitaliser afin de développer des
outils de diagnostic et de développement de
projet. Le Sytral et d’autres établissements
de la région Rhône-Alpes accueillent chaque
année quatre à cinq stagiaires de la MAUR et
du DoT de HCMV. Le PADDI a joué à cet égard
un rôle important dans l’organisation de la
Conférence internationale sur le développement durable des transports urbains dans
Formation à la maintenance du matériel roulant et création d’un dépôt de bus
Des spécialistes de la Régie Autonome des
Transports Parisiens (RATP), l’opérateur des bus
et métros à Paris, sont intervenus à Hanoi pour
concevoir et superviser la rénovation et l’équipement du dépôt de maintenance de bus de Thuy
Khuê avec du matériel neuf européen. A cette
occasion, le projet s’est aussi intéressé à l’amélioration des compétences des cadres et des
mécaniciens du dépôt. L’objectif global était de
parvenir à un plan coordonné de maintenance
des bus entre les différents dépôts. Ainsi, la RATP
a mené une formation continue d’une vingtaine
de conducteurs de bus, amenés eux-mêmes à
devenir formateurs. Un règlement municipal a
été rédigé afin de rendre obligatoire la formation
initiale des chauffeurs à la conduite des bus, afin
qu’ils s’adaptent à une circulation très dense.
L’ensemble de ces actions a permis de renforcer
la sécurité et la fiabilité des bus et a contribué à
réduire, à une échelle modeste, la pollution atmosphérique.
Le dépôt de bus de Thuy Khuê à Hanoi avant et après
les travaux
78 |
Pour aller plus loin :
• Les présentations
des intervenants
de la conférence
CODATU XIII sont
téléchargeables en
anglais et en français
sur le site,
http://www.codatu.
org
• PADDI, 2008, Livret
« La gestion d’une
ligne de bus »,
http://www.paddi.
vn/fr/centre-deressources/livretsdes-ateliers-deformation
• PADDI, 2012, Livret
« Sécurité routière :
enjeux et solutions »
Quelques-uns des
points noirs en termes
d’accidents de la circulation
saigonnaise. En 2012, à
l’occasion de l’année de la
sécurité routière, le PADDI
a organisé avec le DoT
un atelier et une mission
d’assistance technique pour
accompagner le travail de
sensibilisation à la sécurité
routière
L’élargissement des sources
de financement
Les ressources financières dédiées à l’AOT
pourraient être élargies (amendes de circulation, stationnement, etc.) afin de permettre le financement direct d’opérations
d’intégration et de qualité de service. Cela lui
assurerait un budget de fonctionnement indépendant et à la hauteur de ses obligations
contractuelles vis-à-vis des opérateurs et de
ses besoins propres.
Une formation IMV-PADDI a permis le partage des
expériences hanoiennes, saïgonnaises et françaises sur les
AOT et de lancer des pistes de réflexion
les pays en développement, CODATU XIII, qui
a eu lieu en novembre 2008 à HCMV. Cette
conférence s’est penchée sur les enjeux de
la planification urbaine, du financement des
transports, de l’intermodalité et de la mobilité propre, ainsi que sur les outils mobilisables
à cette fin.
L’intégration tarifaire du réseau
de bus et du métro
Le réseau bénéficie à Hanoi d’une gamme
tarifaire associant des titres à l’unité et des
titres d’abonnement vendus sous le contrôle
de Tramoc, qui encaisse les recettes et assure leur répartition entre les opérateurs.
Les cartes d’abonnement peuvent couvrir
l’ensemble du réseau ou une ligne en particulier et l’achat mensuel d’un timbre permet
de valider le titre de transport. Les billets et
les abonnements sont vendus par les opérateurs aux principales gares d’autobus et aux
pôles d’échanges. Le contrôle est effectué par
un receveur à bord du bus. Les tarifs pratiqués sont peu élevés et cette gamme de prix
pour l’offre « autobus » constitue un premier
niveau d’intégration tarifaire. Les tarifs sont
adaptés en fonction des distances : de 5 000 à
10 000 VND à HCMV et de 5 000 à 9 000 VND
par trajet à Hanoi. À cette offre s’ajoutent des
bus rapides qui comprennent moins d’arrêts
mais coûtent plus chers. La mise en service
des lignes de métro impliquera pour les AOT
le passage du système tarifaire monomodal
à un système tarifaire multimodal, avec une
billettique intégrée.
Les réflexions sur la création d’une AOT sont
avancées dans les deux villes, grâce à de
nombreux séminaires et à la production de
propositions d’architectures institutionnelles
par les différents services vietnamiens (DoT,
centres de gestion, HIDS) et par des consultants internationaux. La création d’une AOT
nécessite maintenant une impulsion politique pour se réaliser.
Le défi de l’intégration
technique
Un autre enjeu majeur pour Hanoi et HCMV
sera d’articuler physiquement les réseaux ferrés lourds, les BRT, les bus urbains et les bus
régionaux. Ces réseaux, hiérarchisés, constitueront la charpente urbaine de chaque
métropole. Ainsi une intégration réussie
impliquerait d’une part un programme
de modernisation et de mise à niveau du
mode existant, c’est-à-dire du réseau de bus
conventionnel, et d’autre part la mise en
synergie en amont de l’ensemble des projets
Pour aller plus loin :
• PADDI-IMV, 2009,
Livret « Les autorités
organisatrices
de transports et
modèles de gestion
des compagnies
d’exploitation »
• IMV, Maublanc Y.,
2005,
« Fonctionnement
des autorités
organisatrices des
transports de la
région Île-de-France
au regard du contexte
hanoien », 21 p.
http://imv-hanoi.
com/Uploaded/
Documents/
TC%20Rapport%20
Fonctionnement%20
du%20STIF%20-%20
Maublanc%202005.
pdf
• Tramoc,
http://www.tramoc.
com.vn/
• MAUR,
http://hcmc-maur.
vn/en/
• Centre de gestion
des Bus,
http://www.
buyttphcm.com.vn/
Le pôle d’échanges de bus de Cholon, dictrict 5, HCMV
Faire la ville
| 79
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
(métro, BRT). Par ailleurs, l’extension du territoire administratif de la capitale a modifié
le référentiel territorial de développement
et d’exploitation du système de transport de
Hanoi. Pour s’y adapter, la desserte du nouveau territoire devrait s’appuyer sur d’éventuelles extensions des projets en cours, des
«
dessertes de type RER et des dessertes
fines locales. L’ensemble serait articulé via
des pôles d’échanges intégrant les parcs de
stationnement et les taxis. Ce nouveau découpage territorial implique également de
réfléchir aux liaisons à assurer entre Hanoi et
les provinces environnantes.
Mise en place d’un péage urbain : interrogations en termes d’efficacité et de coûts
Le péage urbain est censé réduire la congestion
et apporter des financements pour le transport
public et les infrastructures. Ces objectifs sont-ils
réalisables ? Quel en serait l’impact socio-économique ?
Le terme « péage urbain » englobe plusieurs types
de péage :
- les péages d’infrastructures (comme le tunnel de
Thu Thiem, les nouveaux ponts sur le Mékong, les
autoroutes françaises...) dont le but est de financer l’exploitation et tout ou partie de l’investissement de l’infrastructure, en général en contrat
de concession (Built Operate Transfert) pour une
certaine durée ;
- les péages de zone et/ou cordon qui taxent les
véhicules circulant dans une zone ou entrant/sortant de cette zone.
C’est ce type de péage qui a été mis en place à
Singapour depuis 1975 et plus récemment au
sein des villes européennes de Londres, Milan,
Stockholm ou Oslo. Son objectif principal est de
limiter la congestion et les pollutions atmosphérique et sonore. Le péage peut aussi générer des
rentrées financières (50 millions d’euros par an de
recettes nettes après déduction des frais de fonctionnement à Stockholm, 140 millions d’euros à
Londres) destinées à financer le développement
de politiques de transport en commun, voire des
investissements routiers. Néanmoins, les recettes
générées sont rarement à la hauteur des montants d’investissements attendus pour financer
les routes, les autoroutes, les métros ou les trams.
Le péage ne constitue donc pas une solution financière suffisante pour les politiques de transport en commun des villes.
Un péage de type environnemental, combiné ou
indépendant, peut établir une taxation différenciée des véhicules selon leur degré d’émission de
gaz à effet de serre. Ce type de péage est à l’étude
en France, notamment à Lyon, avec les « ZAPA »
(Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air). Certains
types de véhicules âgés de plus de dix ans pourraient même être un jour interdits dans ces zones.
80 |
Quels sont les effets observés des péages ?
Dans les différentes villes qui les appliquent, leurs
effets sont la baisse du trafic automobile dans la
zone concernée, l’étalement des heures de pointe
de circulation et l’augmentation du nombre d’usagers des transports en commun et des modes doux.
Néanmoins, dans la plupart des villes qui ont mis en
place ce dispositif, de nombreuses autres mesures
avaient déjà été mises en œuvre au préalable pour
limiter l’usage de la voiture et favoriser les autres
modes. Des contraintes sur le stationnement, la régulation de la circulation, le développement des transports en commun et des modes doux préexistaient.
En revanche, les effets socio-spatiaux sont souvent
considérés comme négatifs. Le péage crée une ségrégation sociale entre les usagers qui, dépendant de
leur voiture pour aller travailler, se sentent comme
« pris en otage » par l’obligation de payer. On constate
également une hausse des prix immobiliers dans
la zone intra cordon, une amélioration de la qualité
de vie limitée aux seuls habitants de cette zone et
le report de la circulation sur les autres zones. Cette
mesure est également très impopulaire et rarement
bien acceptée au préalable.
À Singapour, des
portiques électroniques
vérifient que les
automobilistes circulant
dans la zone centrale se
sont acquittés du droit
d’entrée
Organiser un pôle d’échanges,
les projets du Pont Long Bien
et de Câu Giây à Hanoi 3
Les pôles d’échanges sont des lieux articulant
les différents modes de transports – collectifs ou individuels. Ils doivent permettre de
réduire l’impact négatif des « ruptures de
charge » ou correspondances et favoriser une
plus grande accessibilité. Le pôle d’échanges
permet l’interconnexion entre des lignes à
forte capacité, qui desservent les centres
villes, et des lignes de rabattement ou des
rocades qui desservent la périphérie. Les
pôles d’échanges structurent l’espace urbain
en offrant des services, des commerces mais
aussi des espaces publics. Ils assurent donc
un rôle d’interface entre la ville et son réseau de transport. L’aménagement d’un pôle
d’échanges est souvent l’occasion de rénover
un quartier, d’en améliorer l’accessibilité, ou
encore de renforcer des centralités urbaines
secondaires.
La méthode d’élaboration
La création d’un pôle d’échanges se fait
de façon concertée entre les différents
acteurs : l’AOT et les autres acteurs institutionnels, les exploitants de chaque mode
et le service d’urbanisme de la ville. Ils
valident ensemble un programme qui définit les connexions offertes, le détail des
besoins de chaque mode, l’implantation
et l’insertion dans le tissu urbain. À Hanoi,
l’analyse croisée de données fournies par
Tramoc (quantité, fréquence de bus) et
d’une enquête de comptage du nombre de
passagers réalisée par l’IMV a permis de
définir les lieux d’échanges « de fait » du
réseau.
La localisation du pôle doit répondre à des
critères techniques et stratégiques. Ce site
devrait être un lieu d’échanges existant ou
potentiel entre de nombreuses lignes de bus.
Dans un premier temps, le site de Câu Giây,
peu exposé, a été choisi afin de convaincre
plus facilement les autorités de cette réalisation nouvelle. Le pôle d’échanges de Long
Bien, plus central, a pu être aménagé une fois
le premier dispositif testé avec succès.
Le dimensionnement du pôle consiste à estimer le nombre de points d’arrêt, la largeur des
quais, le nombre de points de taxis/motos-taxis
(voire de parkings) nécessaire en fonction du
nombre de bus et de passagers attendus sur
le site. Le design du pôle d’échanges peut fortement varier selon la morphologie du site : un
quai central (Câu Giây), deux quais latéraux
(Long Bien) ou des dispositifs à redents. Le caractère intermodal est assuré par la présence
de places de stationnement avec un espace
réservé pour les taxis et motos-taxis. Des
traversées piétonnes et des espaces publics
assurent la liaison avec le tissu urbain local.
Les mouvements piétons entre les différents
modes de déplacement sont analysés et anticipés afin de définir les cheminements liés à
la localisation des fonctions, à la distribution
des titres de transport et aux commerces.
Ces déplacements doivent être minimisés
et simplifiés au maximum. Les informations
pour les passagers sont placées aux endroits
où les flux se révèlent être les plus denses, ce
qui permet au voyageur de prendre rapidement connaissance des modalités d’accès à
son moyen de transport dès son entrée dans
le pôle. Cette information est répétée et précisée sur le mode de transport en commun
ciblé, par exemple sur le quai. Un architecte
peut superviser le choix des matériaux, les
finitions et le dessin des espaces publics afin
de donner une identité forte et une visibilité
au pôle au sein de l’espace urbain.
3
Projets menés par l’IMV
entre 2005 et 2009 dans
le cadre des programmes
Asia Trans et Ecotrans
La construction de deux pôles
d’échanges à Hanoi
Le principe d’aménagement du pôle d’échanges de Long Bien
à Hanoi
Jusqu’en 2005 il n’existait pas de stations de
correspondance de bus aménagées en tant
que telles à Hanoi, bien que certains arrêts
à l’intersection de corridors majeurs fussent
Faire la ville
| 81
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
desservis par plus d’une douzaine de lignes.
Montées, descentes et correspondances
s’effectuaient alors au milieu de la circulation
et les abribus étaient en nombre insuffisant
pour accueillir tous les passagers. Le projet
pilote de 2005, sur le site de Câu Giây, consistait à aménager un pôle d’échanges desservi
par quinze lignes de bus, pour faciliter les
correspondances en les rendant plus confortables et sécurisées.
Changer de bus à Câu
Giây, avant et après
l’aménagement du pôle
d’échanges, Hanoi
Une plate-forme centrale abritée de cent
mètres de long rassemble tous les arrêts
et les guichets de vente (tickets et cartes
d’abonnement). Son insertion a été précédée
d’une modélisation des flux de passagers, des
cadences de desserte des bus et des autres
flux de circulation à l’aide de simulations dynamiques. En 2010, environ 40 000 passagers
(montées et descentes) ont transité chaque
jour par ce pôle et près de deux cents bus par
heure se sont relayés en période de pointe.
Cet aménagement est devenu une référence
à Hanoi en matière de modernisation des
transports publics. Ce pôle d’échanges est
par ailleurs placé sur le tracé de la ligne de
métro n°3 en cours de réalisation et a pour
vocation de devenir multimodal.
Le pôle d’échanges de Long Bien (mars 2009)
a été réalisé dans le cadre du projet Ecotrans
lancé en 2006 par le Comité populaire de
Hanoi et la région Île-de-France. Ce projet,
développé sur trois ans et cofinancé par la
Commission européenne dans le cadre du
programme Asia Pro Eco, visait à améliorer
les transports collectifs de la capitale vietnamienne par le biais d’opérations d’expertise, de formations et de réalisations pilotes.
Le pôle d’échanges de bus de Long Bien en
est l’une des plus visibles. Dès le début, la
conception de cette infrastructure s’est articulée autour de trois objectifs : réaliser un
pôle d’échanges de bus, réduire les conflits
de circulation et valoriser ce site au pied du
pont Long Bien par une architecture et des
espaces publics de qualité.
Il est aujourd’hui considéré comme un des
plus importants nœuds de transports publics
de Hanoi avec dix-neuf lignes de bus et la
gare ferroviaire interrégionale de Long Bien.
Son dimensionnement a été conçu pour répondre à un flux important de bus. Il a été
aménagé au centre d’un axe routier majeur
afin de faciliter les correspondances. Le prin-
82 |
cipe d’un pôle en « sens giratoire » a permis
de réduire les conflits de circulation entre les
multiples usagers de la chaussée (piétons, vélos, motos, voitures, bus, camions). Deux plateformes d’attente avec quatre zones d‘arrêt
facilitent la redistribution des flux de passagers entre les quartiers centraux de la capitale et les zones suburbaines. La connexion
avec la gare de Long Bien (qui assure déjà
des liaisons ferroviaires interrégionales) est
rapide et sécurisée. Le pôle offre également
des guichets pour l’achat de tickets et d’abonnements, ainsi que l’accès aux toilettes, la
proximité d’une station de taxis et d’un parking relais pour les motos. Le pôle accueille
aujourd’hui près de 200 bus par heure en
période de pointe. Son dimensionnement a
été prévu pour supporter le passage de 300
bus par heure et une hausse du nombre de
passagers. En effet, le premier pôle (Câu
Giây) s’est rapidement avéré trop petit du fait
d’une augmentation de l’offre non anticipée.
«
La ligne française de métro à Hanoi
Dès 2001, la municipalité de Hanoi a envisagé
la création d’un système de transport public de
plus grande capacité que le bus. En 2002, l’IMV
a réalisé une étude à la demande du Comité populaire et de la région Île-de France pour la mise
en place d’une ligne expérimentale de tramway.
Ce projet a été repris par la coopération étatique
franco-vietnamienne qui a financé une étude
FASEP approuvée en 2005 pour une ligne de
métro. En 2010, l’État français, l’Agence Française
de Développement, la Banque Asiatique de
Développement et la Banque Européenne d’Investissement se sont engagés à financer la ligne à
hauteur de 1,1 milliard d’euros. Les études techniques sont dirigées par le bureau d’études français Systra. La première phase de la ligne prévoit
huit stations aériennes et quatre souterraines. La
seconde phase du projet prévoit l’extension de la
ligne vers le sud-est. L’AFD et l’IMV fournissent
une assistance technique au Comité populaire
de Hanoi pour favoriser sa mise en œuvre et son
intégration physique, billettique et signalétique
avec les lignes financées par des prêts chinois et
japonais. La région Île-de-France, l’AFD et la BAD
sont également associées dans les études sur
l’intégration des stations dans leur environnement
urbain et leur connexion avec le réseau de bus
conventionnel. Le pôle d’échanges de bus du terminus métro de Nhon fait ainsi l’objet d’une étude
préliminaire financée par l’IMV sur l’intégration
physique de la station avec des lignes de bus urbains, des lignes interprovinciales, et un parc relais
afin de créer un pôle intermodal de rabattement.
• IMV,
http://imv-hanoi.
com/fr-FR/Home/
ecotrans2-139/1371/
Le-pole-dechangede-bus-de-LongBien-20062008.aspx
• AFD,
http://www.afd.fr/
webdav/site/afd/
shared/PORTAILS/
PAYS/VIETNAM/
fiches-projets/
Fiche%20-%20
m%C3%A9tro%20
de%20Hanoi.pdf
4
Atelier PADDI/Banque
mondiale/DUPA/DoT/
Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise/DeSo/Dalkony,
« Hô Chi Minh City,
East-West boulevard BRT
and Greenway concept
workshop », juillet 2011
Le futur terminus de la ligne 3 à Hanoi devra assurer
l’interconnexion entre métro, bus urbains, bus
provinciaux, motos-taxis et taxis
S’il n’a pas été possible de réaliser les
constructions et les espaces publics suivant un design innovant et de qualité, avec
le concours d’un architecte, des espaces
ouverts et plantés signalent néanmoins le
pôle et offrent un environnement d’attente
préservé aux usagers. Le chantier a essentiellement été suivi par Tramoc avec l’appui des
experts de la région Île-de-France.
Pour aller plus loin :
Ouest », le Comité populaire de HCMV a lancé une réflexion ainsi que des études pour y
réaliser une ligne de BRT.
Le périmètre du projet inclut des quartiers centraux, les
quartiers le long du canal et des entrées de ville, HCMV
Articuler urbanisme et
transport, le projet de BRT
du boulevard Vo Van Kiet à
HCMV4
Ce projet s’inscrit dans une série d’études et
de séminaires impliquant le Comité populaire
de HCMV, le DoT, la Banque mondiale et le
PADDI. En 2005, la Banque mondiale a proposé un projet de réseau de BRT et le PADDI
la réalisation d’une ligne pilote, de Cholon à
Binh Thanh. Suite à l’abandon du projet de
tramway sur le boulevard Vo Van Kiet, dit « EstFaire la ville
| 83
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
Une méthode inédite pour un
atelier participatif
Le projet d’aménagement d’une ligne de BRT
sur le boulevard Vo Van Kiet intègre les problématiques de transport et d’urbanisme,
ce qui est inédit au Viêt-Nam, à la fois pour
les services techniques de la ville et pour les
bailleurs de fonds internationaux. Le PADDI
et la Banque mondiale ont organisé un atelier qui rassemblait la majorité des services
impliqués dans les problématiques urbaines
et de transport : le DoT, le DUPA, l’UCCI East
West boulevard, la MAUR, le DPI, le DoC, le
centre anti-inondation, l’HIDS et les districts
concernés. Les deux principaux services intéressés, le DoT et le DUPA, ont contribué étroitement aux travaux du groupe de consultants
français (Agence d’urbanisme de Lyon, DeSo
architecture et Dalkony paysage) qui a dirigé
les discussions et exposé des propositions
d’aménagement. Leur proposition finale intègre les dimensions sociale, foncière et paysagère ainsi que la localisation des voies du
BRT et des stations.
Un axe routier structurant et
un paysage urbain hérité des
activités commerciales liées
au fleuve
Le boulevard Vo Van Kiet est une voie rapide récemment inaugurée à HCMV, dont la
vocation est de constituer un axe traversant
majeur de l’agglomération, du sud-ouest au
nouveau quartier de Thu Thiem, en passant
par les quartiers centraux (district 1). Les
quartiers longés par le boulevard, essentiellement résidentiels et commerciaux, sont
caractérisés par leur forte densité démographique (205 à 500 habitants par hectare)
et la proximité des pôles commerciaux de
Cholon et du marché Ben Thanh. Ce paysage
de compartiments chinois et d’entrepôts,
hérité des activités traditionnelles liées aux
canaux, connaît un renouvellement rapide
avec la construction d’immeubles de grande
hauteur.
Les compartiments chinois
de Cholon, district 5, HCMV
Améliorer l’accessibilité et la
qualité de vie
La réalisation d’une ligne de transport de
masse devrait renforcer l’accessibilité de ces
quartiers. Le projet qui entraînera la transformation des tissus urbains alentours constitue également une bonne opportunité pour
l’amélioration de la qualité de vie autour du
boulevard.
Des espaces verts et des arbres d’alignement devraient transformer l’axe du BRT en
« corridor vert ». Les stations se situeraient à
proximité des ponts et des passerelles assureraient ainsi la connexion avec le réseau de
bus existant et les futures lignes de métro.
Autour des stations, une organisation spatiale favorable au report modal de la moto
Les capacités de la voirie avec un BRT
84 |
Les stations de BRT
pourraient marquer le
paysage urbain et offrir
un accès sécurisé aux bus
(HCMV)
tionnement central est le plus avantageux, en
termes de coûts de construction, de facilité
d’accès aux stations pour les riverains et d’espaces publics dégagés le long du canal et sur
les trottoirs. Cette configuration, avec le renforcement du nombre de passages piétons
protégés, transformerait cet axe desservant
les quartiers historiques de la ville en « boulevard urbain » et faciliterait son intégration.
En revanche, des voies le long du canal, avec
des stations accessibles au moyen de passerelles piétonnes, permettraient une gestion
plus aisée du trafic, mais renforceraient dans
le même temps le caractère autoroutier de
l’axe. Cette question fera l’objet d’une étude
de faisabilité.
vers le transport collectif serait à promouvoir,
avec des parkings relais et des espaces piétons sécurisés. Des espaces publics attractifs
(terrains de sport, de jeux, espaces verts)
et des équipements publics pourraient être
aménagés à proximité des stations de BRT et
former ainsi un réseau d’équipements reliés
par la ligne de bus.
La nature future de l’axe, boulevard urbain ou
voie rapide, qui n’est pas encore déterminée,
est liée au positionnement des voies du BRT.
Trois possibilités se présentent : des voies le
long des bâtiments, centrales ou bien le long
du canal. Pour les experts français, le posi-
Les espaces publics autour des futures stations de BRT
devront faciliter les accès piétons, HCMV
Pour aller plus loin :
• Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise, PADDI,
2011, « Hô Chi Minh
City, East-West
boulevard BRT and
Greenway concept
workshop »,73 p.
http://www.urbalyon.
org/Document/
Ho_Chi_Minh_City_Vietnam-_-_East_
West_BRT_and_
Greenway__Concept_
Workshop_-_4_th_
to_8_july_2011-3230
• PADDI, 2010, Livret
« Réaménagement
urbain autour de
nouveaux axes à
HCMV »,
http://www.paddi.
vn/fr/centre-deressources/livretsdes-ateliers-deformation
• Triangle Génération
Humanitaire, PADDI,
2012, « Étude sur la
pauvreté urbaine ;
réflexion sur les
politiques publiques
de réduction de la
pauvreté à partir du
cas d’étude du District
8, HCMV », 164 p.,
http://www.paddi.
vn/fr
Le boulevard Vo Van Kiet vu
de la tour Bitexco, HCMV
Faire la ville
| 85
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
L’aménagement d’une « vallée
verte » en conservant des
hauteurs limitées pour les
districts 4 et 8
Ce projet est l’occasion d’orienter le développement urbain de l’axe sur les neuf kilomètres
longeant le canal. Il s’agit ici de permettre aux
classes populaires habitant les districts 4 et 8
d’y rester tout en améliorant leurs conditions
de vie. Il n’existe que peu de marge de manœuvre pour une maîtrise publique de l’aménagement, les plans des districts ayant déjà
été approuvés et la majorité des terrains mutables déjà alloués à des projets d’investissements privés. La construction d’immeubles
de grande hauteur pourrait pourtant se
concentrer sur les rives nord et sud du canal
et les hauteurs se limiter à quatre ou cinq
étages pour les districts 4 et 8, dessinant ainsi
une vallée. Ces quartiers denses (280 habitants par hectare), qui souffrent d’un déficit
d’espaces verts et d’équipements publics,
pourraient accueillir des centres culturels et
sportifs et des squares.
86 |
Les stations du BRT et les connexions avec les autres modes de transport en commun (HCMV)
Le principe de la « vallée verte » : de faibles hauteurs pour les districts 4 et 8 (HCMV), des
espaces publics valorisés sur les berges des canaux, des hauteurs libres sur les autres berges
LE LOGEMENT
u cours de la décennie 1999-2009, la population de Hanoi et de HCMV s’est
accrue de 3% par an en moyenne, ce qui a entraîné la densification des espaces
centraux et périurbains ainsi qu’un étalement urbain important. Le logement est
ainsi devenu un sujet de préoccupations majeures pour les habitants, les investisseurs
et les autorités. De nouvelles zones urbaines ont vu le développement de tours
d’appartements aux côtés des maisons individuelles. La qualité des logements s’est
globalement améliorée grâce à des politiques de résorption de l’habitat insalubre,
notamment le long des canaux. Cependant, malgré un marché de la construction
immobilière privée dynamique, l’offre de logements reste très inférieure aux
besoins réels, notamment pour les classes populaires et moyennes. Le nouveau parc
immobilier est massivement dominé par des logements en accession à la propriété,
même si les autorités publiques cherchent actuellement à développer un habitat
locatif et abordable. Les opérations de logements aidés sont encore étroitement liées
aux expropriations de terrains suite à la construction d’infrastructures ou de projets
immobiliers. Malgré l’amélioration des procédures d’indemnisation et de relogement,
ces opérations demeurent d’importantes sources de tensions entre les habitants, les
investisseurs et les autorités publiques.
A
Les compartiments du
quartier de Binh Thanh,
HCMV
Chapitre 4 : Le logement
LE LOGEMENT AU VIÊT-NAM
Loger les ménages à bas revenus et reloger les
habitants touchés par des récupérations foncières
usque dans les années 1980, la
construction et la gestion des logements étaient essentiellement financées par l’État. Les montants des loyers
étaient extrêmement bas, le sol et les
logements attribués gratuitement et la
mobilité résidentielle quasiment inexistante. À la fin des années 1980, les fonds
publics disponibles devenant très limités,
l’État décida de « socialiser » le logement,
c’est-à-dire d’encourager les habitants
à construire leur propre habitation. Les
sociétés de construction purent alors se
financer auprès des banques. Et les autorités locales accordèrent aux ménages, sur
certains terrains, de construire, rénover
ou étendre leur maison, voire d’acheter
le logement qu’ils occupaient. Dans un
deuxième temps, des compagnies d’État
et des entreprises privées saisirent largement les nouvelles opportunités offertes
par la loi foncière de 2003 pour développer des projets d’immeubles de logements destinés aux classes moyennes et
surtout supérieures.
J
Une stratégie nationale du
logement inédite depuis 2011
Le logement est un sujet majeur ayant un
impact direct sur la vie des populations. Si
l’offre ne répond pas encore aux besoins
considérables des habitants, le logement
constitue un axe de politique publique essentiel. Disposant d’un département de gestion
du logement et du marché immobilier, le
Ministère de la construction a élaboré et fait
approuver en 2011 la Stratégie nationale en
faveur du développement du logement pour
2020 à horizon 2030. Ce plan met l’accent sur
les programmes d’habitation destinés aux
ouvriers et aux étudiants et sur la construction de logements locatifs pour les ménages
urbains à bas revenus, avec le soutien de
88 |
fonds publics et privés. De manière plus générale, il soutient l’agrandissement du parc
de logement locatif par rapport à la construction individuelle privée. À HCMV, le département de la Construction (DoC) comprend un
bureau de développement du logement et
un bureau de gestion, qui examine les dossiers de candidatures au logement public.
Le logement est géré au niveau du district
et du quartier par le bureau ou l’équipe de
gestion urbaine. Un Comité de gestion des
projets d’investissement, en charge du parc
de relogement, opère à l’échelle du district.
Des sociétés publiques telles la Société générale du développement de l’immobilier ou la
Société de gestion du logement participent, à
côté des sociétés privées, à la production de
logements.
Le logement à Hanoi et à
HCMV aujourd’hui
Au Viêt-Nam, l’espace habitable moyen par
personne est passé, selon les statistiques,
de 9,7 m²/hab. en 1999 à 18,6 m² en 2009.
Pourtant, en 2004, 30% de la population vivait avec moins de 3 m² de surface disponible
par personne, chiffre qui pouvait descendre
«
Le contexte législatif
- 2003 : Loi foncière qui favorise l’investissement privé et le développement
d’opérations de promotion immobilière.
- 2005 : Loi sur le logement (56/2005/QH11) qui reconnaît la propriété du
logement et les droits de cession, encadre les programmes de construction,
offre la possibilité de créer un Fonds du logement social et définit les critères
d’éligibilité à l’achat (au moins 20% d’apport initial de la part des ménages).
- 2009 : Décret 69/2009/ND-CP sur la planification foncière, le prix du terrain
et sa récupération, qui améliore l’encadrement des procédures d’indemnisation et de relogement.
- 2009 : Arrêté 90/2009 ND-CP sur le logement social.
- 2011 : Stratégie nationale de développement du logement pour 2020 à
horizon 2030, décision 2127/QD-TTg.
- 2013: Décret 188/2013/NĐ-CP du 20/11/2013 du Gouvernement sur
le developpement et la gestion du logement social; Décret 11/NĐ-CP du
14/11/2013 du Gouvernement sur la gestion du developpement urbain.
- 2014: Circulaire 08/2014/TT-BXD du MoC guidant l’application du Décret
188/2013/NĐ-CP.
jusqu’à 2,2 m² dans le vieux quartier de Hanoi.
Environ 25% du parc de logement est considéré par le gouvernement comme inférieur
aux standards de confort ou pouvant seulement intégrer la catégorie des logements
temporaires. Cette précarité de l’habitat est
liée à l’auto-construction mais aussi à des régimes d’occupation fragiles (migrants illégaux
à HCMV, absence de certificats de propriété
foncière et/ou immobilière) ou encore au
manque d’infrastructures urbaines de base
(assainissement, etc.). Malgré la volonté politique de répondre à la demande croissante
des classes moyennes et des plus défavorisés
en octroyant des conditions favorables aux
investisseurs privés, l’offre de logement reste
aujourd’hui très inférieure aux besoins réels.
Le parc de logement est essentiellement privé et se caractérise notamment par une part
importante de constructions individuelles
(plus de 80% de la construction avant la loi
foncière de 2003). Le compartiment ou « maison tube », maison individuelle d’un à quatre
étages en moyenne, abritant une famille élargie et souvent un commerce au rez-de-chaussée, domine le paysage urbain.
En 2012, les immeubles collectifs forment
16,6% du parc de logement à Hanoi et 6%
à HCMV. Le secteur locatif, majoritairement
privé, n’en représente que 11% à Hanoi et
16% à HCMV. La part des opérations de logements collectifs (condominiums ou tours plus
modestes) est toutefois en augmentation
régulière.
Le parc de relogement, destiné aux habitants touchés par une procédure de récupération de leur terrain, est considéré
comme privé. En effet, ils deviennent propriétaires de leur résidence, que celle-ci
soit directement financée par les autorités
publiques ou par des investisseurs privés
qui construisent puis revendent les logements à la collectivité.
Le parc de logement « social », qui sera appelé ici public, est réservé aux fonctionnaires,
aux policiers et aux militaires. Les loyers y
sont faibles, ils sont calculés en fonction des
revenus du ménage selon un barème du
Ministère de la construction. Les logements
purement locatifs ne représentent qu’environ 10% de ce parc, le reste étant destiné à
l’accession à la propriété suivant un système
où les ménages versent des loyers pendant
dix ans puis se portent acquéreurs à condition de posséder au moins 20% d’apport
personnel au moment de l’achat. Dans les
appartements en « location-accession », les
loyers sont plus importants que dans une location standard du parc de logement public.
Cette configuration du logement public ne
permet pas d’atteindre les ménages les plus
modestes. En effet, selon la règlementation en vigueur, les appartements doivent
être compris entre 30 et 70 m², surfaces
qui excèdent les capacités de financement
des ménages pauvres. Ainsi, la superficie
minimale des logements publics récemment
construits à Hanoi était de 60 m², ce qui rend
leur acquisition trop onéreuse (630 M de VND
Pour aller plus loin :
• ONU Habitat ;
conférences,
publications,
actualités sur le ViêtNam,
http://www.fukuoka.
unhabitat.org/
projects/voices/
vietnam/index_
en.html
• PADDI, 2009, Livret
« Développement
du logement social à
HCMV »,
http://www.paddi.vn/
IMG/pdf/finale.pdf
PADDI, 2007, Livret
« Le logement social »,
http://www.paddi.vn/
IMG/pdf/qlclxh.pdf
• Parenteau R. (dir),
Habitat et
Environnement urbain
au Viêt-Nam, 1997,
335 p. Khartala,
http://books.google.
com.vn/books?id=QE8
lzVMep9kC&printsec=
frontcover&hl=fr&sou
rce=gbs_ge_summary
_r&cad=0#v=onepage
&q&f=false
• Cerise E., thèse de
doctorat, Fabrication
de la ville de Hanoi,
entre planification et
pratiques habitantes
- Conception,
production et
réception des formes
bâties, 2009.
La mixité de l’habitat dans le
district de Binh Thanh à
HCMV : habitat précaire
sur le bord du canal,
compartiments, immeubles
de logements
collectifs et immeubles haut
de gamme
Faire la ville
| 89
Chapitre 4 : Le logement
en moyenne) pour les ménages modestes.
Une réorientation de la production vers des
logements plus petits serait donc nécessaire. Par ailleurs, de nouveaux programmes
publics ont été lancés en 2009 à destination
des ouvriers et des étudiants, qui jusque là
avaient recours au parc privé, faute de places
suffisantes dans les résidences universitaires
ou dans les logements fournis par les employeurs. L’enjeu serait d’ouvrir la location
de ces logements ou leur accession à la propriété à d’autres catégories de populations,
notamment des populations modestes et
pauvres, dans le souci de préserver la cohésion sociale, d’éradiquer l’habitat insalubre et
de fluidifier le marché du logement.
Tarif de
location,
locationaccession
Location
Locationaccession
90 |
Revenus du foyer
(VND/foyer/mois)
ayant droit à la location/
à la location-accession
Min.
Max.
900 000
1 800 000
4 500 000
1 260 000
1 680 000
3 360 000
8 400 000
18 000
81 000
1 080 000
2 160 000
5 400 000
30 000
1 350 000
1 800 000
3 600 000
9 000 000
VND/m2/
mois
30 m2
45 m2
60 m2
Loyer
min.
15 000
15 000
675 000
Loyer
max.
28 000
28 000
Loyer
min.
18 000
Loyer
max.
30 000
Source : Ministère de la Construction
Le barème des loyers des
appartements en location
ou location-accession, 2010
La recherche de terrains
disponibles et les mécanismes
de financement pour leur
acquisition
Le développement du logement social doit
respecter les orientations fixées dans les
documents d’urbanisme. Pourtant, actuellement, trouver des terrains pour la construction de logements publics et mobiliser les
financements nécessaires à leur acquisition
constituent deux difficultés majeures pour
les autorités publiques. Une série de montages permet pourtant de mettre à contribution les investisseurs privés. Ainsi, les projets
immobiliers commerciaux et les nouveaux
quartiers urbains (des villes de catégorie 3
et plus) doivent céder 20% des terrains pour
le logement social et les viabiliser. La ville
peut également réserver un terrain pour un
promoteur qui, en contrepartie, s’engage à
Loyer à payer chaque mois
Les habitants des KTT ont
largement transformé
leurs logements (ajout de
terrasses, de magasins au
rez-de-chaussée) afin de les
adapter à leurs modes de
vie, ici les KTT de Giang Vo
à Hanoi
construire un immeuble de logement social
sur un autre site. De même, un investisseur
qui achète un terrain peut bénéficier de
conditions fiscales favorables s’il développe
des logements revendus à des prix encadrés par les autorités publiques. Les investisseurs qui réalisent des opérations sur de
très grandes parcelles peuvent également
être contraints à construire un immeuble de
logement social sur leur terrain. Enfin, des
droits à construire, comme des étages supplémentaires, peuvent n’être accordés qu’à la
condition qu’une part de ces logements soit
réservée aux autorités publiques.
Du fait de ces procédures, les sites de relogement ou de logement public se situent souvent en périphérie, sont faiblement équipés
et mal desservis en transport en commun.
Une partie de ces immeubles qui comprennent à la fois des habitations vendues
au prix du marché et d’autres gérées par des
sociétés publiques connaît des problèmes
de copropriété en raison des statuts mixtes
d’occupation.
Le financement du logement public est également assuré par les banques privées et le
« Fond de développement des logements » qui
investit dans plusieurs secteurs et accorde
sur ses bénéfices des crédits aux fonctionnaires à bas revenus. Ces sources de financement se révèlent pourtant insuffisantes car
les investissements dans le logement public,
et particulièrement dans le locatif, sont jugés
peu attractifs par les entreprises en raison de
la faible solvabilité des ménages, de l’insuffisance des crédits immobiliers aux particuliers
et de la longueur du retour sur investissement. Les crédits disponibles de la Banque
de développement du Viêt-Nam, qui pratique des taux préférentiels pour le logement
public, sont modestes au regard du nombre
de projets, tandis que les taux d’intérêt des
banques commerciales restent élevés pour
ce type de construction.
Enfin, les collectivités locales elles-mêmes
peuvent être réticentes à encourager des
projets de logement public dans la mesure
où les produits des cessions de terrains et
des taxes récoltées à l’occasion d’opérations
immobilières, qui représentent une part
importante de leurs ressources financières,
sont moindres pour ce type de projet que
pour des immeubles haut de gamme ou de
bureaux.
La rénovation des logements
et des quartiers dégradés
La rénovation urbaine est devenue ces dernières années un enjeu important, du fait
du vieillissement du parc de logements
construits dans les années 1970-1980.
Par exemple, le parc locatif des Khu Tap Thê
(KTT), au loyer très bas destiné aux fonctionnaires, a été construit par l’État dans
le nord du Viêt-Nam entre 1960 et 1980 et
constitué dans le sud à partir de 1975. Ces
barres de deux à cinq étages de logements
collectifs étaient inspirées de l’habitat collectif soviétique et leur construction suivait
une méthode de préfabrication souvent sur
site. Suite au Doi Moi et au désengagement
de l’État de la gestion de ces logements, les
ventes entre particuliers ont été autorisées
dans les années 1990 et la revente par l’État
aux occupants s’est aujourd’hui généralisée.
Ces immeubles, devenus des copropriétés,
ont été mal entretenus et présentent aujourd’hui d’importantes dégradations. Les
mieux situés font parfois l’objet de destruction et de reconstruction, les habitants étant
relogés sur place ou indemnisés.
lesquels les autorités prennent en charge la
création et la rénovation des infrastructures
et les habitants financent l’amélioration de
leur logement.
Des projets d’amélioration de l’habitat précaire sont également soutenus par des bailleurs de fonds internationaux. Le programme
« Viêt-Nam Urban Upgrading » de la Banque
mondiale, lancé en 2004, prévoit par exemple
l’implantation dans les quartiers d’habitat
insalubre d’équipements publics (écoles, dispensaires), d’infrastructures urbaines de base
(eau, assainissement, etc.), l’octroi de prêts
pour améliorer les logements ou encore un
soutien aux ménages dans leurs démarches
d’obtention des certificats d’usage des sols.
Les récupérations de terrains :
indemniser et reloger 1
1
Atelier PADDI sur
« L’indemnisation et
le relogement des
populations lors de
réaménagements
urbains », intervention de
C. Musil, mars 2010
A mesure qu’augmente le nombre des projets
de promotion immobilière de grande ampleur,
les enjeux du relogement et de l’indemnisation
des ménages, suite à la récupération de leurs
terres, gagnent en importance. En 2010, la
ville de HCMV comptait ainsi sur son territoire
Les terrains de 6 790 foyers ont été récupérés lors de la construction du boulevard Vo Van
Kiet (HCMV) (ici en 2005 et en 2011). Parmi eux, 34% ont été indemnisés par un appartement
ou un terrain dans les districts alentours. Les autres ont été indemnisés financièrement à
hauteur de 20% de la valeur initiale du foncier
Par ailleurs, à partir des années 1990, les
autorités locales ont engagé des actions
de démolition des quartiers de logements
insalubres, notamment le long des canaux à
HCMV. Les périmètres pour de tels projets
sont définis par les autorités publiques sur
des sites stratégiques qui pourraient intéresser des investisseurs. Les sites moins stratégiques ou moins attractifs font l’objet de
programmes d’amélioration sur place, pour
Faire la ville
| 91
Chapitre 4 : Le logement
450 projets de quartiers résidentiels et de
villes nouvelles qui nécessitaient d’importantes acquisitions de terrains. 498 projets
d’utilité publique impliquant indemnisation
et relogement seront en outre planifiés entre
2010 et 2015. Environ 30 000 familles vivant
dans des quartiers insalubres et/ou sur les
berges de canaux ont été ou seront relogées
entre 2006 et 2015 et 44 000 appartements
ou parcelles ont été mis à disposition ou le
seront pour le relogement. À Hanoi, un projet
de rénovation et d’embellissement du vieux
quartier dans le centre-ville prévoit le relogement de 30 000 personnes, dont des familles
volontaires et six cents foyers qui occupent
illégalement des édifices religieux et historiques appartenant à la ville. Cette opération
devrait permettre de dédensifier un quartier
qui compte environ 84 000 hab./km² (à titre
de comparaison, l’arrondissement parisien le
plus peuplé, le 11ème, compte 41 000 hab./
blic ou privé), des statuts d’occupation des
habitants ou de leur degré d’opposition. Trois
types de solutions peuvent être proposés : le
relogement sur le site, sur des parcelles plus
éloignées ou l’indemnisation financière. Les
autorités publiques ont l’obligation d’indemniser et/ou de reloger les familles lorsqu’il
s’agit de projets administrés par elles. Ces
missions sont alors assurées par les districts
ou les autorités de gestion, en collaboration
avec le Centre de Développement Foncier, s’il
existe, et le Comité populaire. En revanche,
les ménages sont indemnisés en fonction des
prix du marché lorsque les projets sont directement gérés par des investisseurs privés ou
des bailleurs de fonds internationaux. Ces
différences de traitement engendrent des
tensions entre la population et les autorités.
Par ailleurs, les changements de propriétaires
et le manque de traçabilité des documents
rendent certaines situations juridiquement
Construction et commercialisation
des terrains lotis (25 m de large)
Emprise de
la voirie
existante
Réfection et élargissement de la chaussée
38 m de large
Emprises
foncières à
acquérir
Construction et commercialisation
des terrains lotis (25 m de large)
km²). La mise en œuvre du plan du Comité
populaire a débuté en décembre 2009 et
des sites ont déjà été récupérés. Toutefois,
l’administration peine à négocier avec les habitants en raison de la grande valeur - notamment commerciale - des terrains, du retard
pris dans la construction des sites de relogement et de leur distance par rapport au lieu
de résidence d’origine. Cette opération est
freinée par un manque de diagnostic initial à
l’échelle du vieux quartier (recensement des
habitants, de la propriété immobilière et des
droits d’usage fonciers) et elle souffre d’un
vide juridique en matière de dédensification.
Elle est également difficile à justifier car elle
n’est pas considérée comme une opération
de renouvellement urbain dans la législation
vietnamienne.
Le décret 69/2009/ND-CP et la décision
108/2009/QD-UBND encadrent les procédures d’indemnisation et de relogement.
Les indemnisations peuvent cependant être
modulées en fonction du type de projet (pu-
92 |
très complexes et ne facilitent pas le calcul
des indemnités. Une même maison peut par
exemple être partagée entre cinq familles
propriétaires ; à l’inverse, plusieurs petites
maisons appartenant à des familles différentes peuvent être implantées sur une parcelle dont le droit d’usage est détenu par une
seule personne.
Face aux récupérations, les habitants concernés élaborent des stratégies diverses. Lors
des projets d’élargissement d’axes, certains
achètent et vendent des terrains suivant
une logique spéculative afin de se placer sur
le tracé du projet. D’autres construisent un
étage supplémentaire pour obtenir une meilleure indemnisation ou déménagent, tout
en conservant leur terrain pour le mettre en
location. Ceux-ci, ainsi que les occupants des
parcelles donnant sur la rue, qui tirent leur
revenu d’une activité commerciale, sont en
général responsables de retards importants
dans les procédures de libération des terrains
et donc dans la réalisation des infrastructures.
Pour aller plus loin :
• Cerise E., Kelly
S., 2010, « KTT
transformation
in Hanoi ;
Informalization of
formal housing,
formalization of
informal housing »,
8 p.
www.cades.be/
attachments/
download/98
• Banque mondiale,
« Viêt-Nam Urban
Upgrading Project »,
http://www.
worldbank.org/
projects/P070197/
urban-upgradingproject?lang=en
Les emprises foncières à
acquérir par les autorités
publiques lors du
percement de l’axe Kim Lien
à Hanoi
La diffusion de l’information
Le relogement
La diffusion de l’information concernant les
projets d’aménagement et la récupération
des terrains constitue un autre problème.
Officiellement, les autorités doivent faire
connaître le titre du projet, les taux de compensation, les prix de vente des appartements ou des parcelles de relogement et la
date butoir à laquelle les terrains doivent être
libérés. Dans les faits, les critères d’éligibilité
à d’éventuelles compensations ne sont pas
clairement énoncés. Les informations sont
transmises par le biais de réunions publiques,
de haut-parleurs, de notes affichées dans les
Comités populaires, de distributions de documents et de visites officielles de membres
des organisations de masse locales foyer par
foyer. D’autres vecteurs, comme les discussions de voisinage ou les relations personnelles, permettent de diffuser l’information.
Pourtant, le manque de transparence sur les
projets et les modalités d’indemnisation et
de relogement entraînent fréquemment la
propagation de rumeurs.
Des aides pour le déménagement, le relogement et la reconversion professionnelle sont
mobilisées suite à une enquête sociale et
juridique menée par les districts sur le statut
d’occupation du logement des ménages.
Des indemnités variables
Les habitants souhaitent en général être
relogés à proximité de leur ancien quartier,
or les sites prévus à cet effet sont majoritairement situés dans les périphéries de
Hanoi et de HCMV. On estime que le déménagement engendre souvent une perte de
repères pour les ménages avec la rupture
de liens familiaux, de relations de voisinage
et des pratiques traditionnelles liées au culte
des ancêtres. Les habitants déplacés perdent
également l’accès aux biens et aux services
communautaires (écoles, dispensaires...) et
parfois leurs sources de revenus. Inadaptées
aux modes de vie de la population, de nombreuses habitations restent donc vacantes
dans les zones de relogement. La hausse des
charges locatives et des coûts de transport
entraîne fréquemment un phénomène d’appauvrissement et la revente du logement.
Ces appartements subventionnés concédés
Pour aller plus loin :
• Musil C., thèse de
doctorat en cours,
Aide Publique au
Développement et
Coopération Urbaine
à Hanoi : un appui
à la fabrication du
réseau de transport
métropolitain.
Les compartiments du
vieux quartier de Hanoi, rue
Hang Dao
Le montant des indemnités est fixé selon des
dates-repères, notamment celle du premier
recensement des occupants en phase préliminaire de projet ou la date de son annonce
officielle. La législation qui s’applique pour
l’indemnisation est celle correspondant à
l’année de validation du projet. Or, la libération des terres s’effectuant plusieurs années
après la validation, les biens connaissent
entre temps une augmentation de leur valeur
due à l’inflation. Les habitants réclament souvent l’application des lois les plus récentes,
comme le « décret 69 » de 2009, impliquant
des méthodes supplémentaires d’évaluation
et de compensation, en général plus favorables aux habitants.
Le montant des indemnisations pour les projets publics est calculé sur la base du prix
officiel des terrains, compris entre 40 et 70%
du prix du marché. La compensation totale
prend également en compte le prix des biens
immobiliers, les subventions et l’aide au relogement. Il existe donc une certaine flexibilité
dans le calcul du montant des indemnisations
car les négociations portent souvent sur ces
deux derniers éléments.
par les autorités tendent à être rapidement
revendus par les bénéficiaires à une population plus aisée, bien que le propriétaire
relogé ne soit légalement autorisé à revendre
son bien qu’après dix ans d’occupation. Un
marché de sous-location informel peut parfois voir le jour dans ces quartiers.
Faire la ville
| 93
Chapitre 4 : Le logement
LE LOGEMENT EN FRANCE
Des politiques publiques de régulation à la fois du
parc privé et du parc social
’État français est fortement interventionniste en matière de logement.
Les politiques publiques visent différentes catégories de bénéficiaires (accédants à la propriété, bailleurs privés,
bailleurs sociaux) et prennent des formes
variées. On distingue les aides à la pierre,
destinées aux maîtres d’ouvrage publics
ou privés et aux investisseurs pour la réalisation de logements (locatifs, en accession), des aides à la personne sous forme
de subventions permettant de réduire
le loyer ou les charges de remboursement des ménages à bas revenus. À cela
s’ajoutent des aides fiscales. En outre,
l’aide publique au logement est complétée par d’autres institutions, ainsi que
par des circuits de financement adaptés.
Cette diversité des modalités d’aides et
des sources de financement est une spécificité française et constitue, pour l’aide
publique au logement, un gage de permanence, quelles que soient les conjonctures
économiques et politiques.
L
et en urbanisme, qui prônait la séparation
des fonctions résidentielle, commerciale, de
travail et de loisirs. Plus de 8,7 millions de
logements ont ainsi été construits en vingt
ans (1958-1977). Ce système de production
de masse, bien qu’il ait permis l’éradication
des bidonvilles, a montré ses limites au milieu des années 1970 en raison de la qualité
médiocre des constructions et du manque
d’intégration de ces quartiers dans la ville.
Depuis les années 1990, la France produit
entre 300 000 et 400 000 logements par an.
En 2011, le logement locatif privé représentait 22% du parc des résidences principales,
le logement locatif social 17% et 58% des
logements étaient occupés par leur propriétaire. 56% des résidences principales sont
des logements collectifs.
Des barres de plus de
1 000 logements ont été
construites dans les années
1960. La Duchère, Lyon,
2010
Une construction massive
de logements dans les
années 1960, plus modeste
aujourd’hui
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un
cinquième des logements était détruit et très
peu offraient un confort moderne (en 1954,
seuls 10% étaient équipés en sanitaires). La
forte croissance démographique et l’exode rural
ont aggravé le déficit de logement, estimé à
quatre millions en 1958. L’État a alors lancé une
politique volontariste de construction. Celle-ci
reposait sur la rationalisation et la standardisation de la production d’immeubles collectifs,
en utilisant des méthodes de préfabrication.
Les quartiers construits durant cette période,
appelés « grands ensembles », étaient inspirés du mouvement moderne en architecture
94 |
«
Un bien atypique
Le logement est considéré comme un bien atypique, car il est à la fois durable et nécessaire à l’épanouissement de l’individu et de la famille, contrairement à d’autres biens de consommation. Des droits particuliers lui sont
attachés, tels que le droit au logement, qui a fait l’objet d’une loi en France
et de dispositions dans les textes européens.
La « crise du logement »
La pénurie de logements à un prix abordable,
l’envolée des prix fonciers et immobiliers et
la ségrégation sociale constituent des problèmes importants en France. On parle de
plus en plus d’une « crise du logement » qui,
dans les plus grandes agglomérations, affecte
même une partie des classes moyennes. La
situation est particulièrement critique en Îlede-France, où la production a diminué et où
le parc de logements ne correspond pas aux
besoins des ménages. Cette crise peut s’expliquer par des causes diverses : une croissance
démographique soutenue, la disparition d’un
parc de logements privés de faible qualité et
peu onéreux et son remplacement par des
logements plus modernes et plus chers, les
modifications de la géographie humaine du
pays consécutives aux migrations internes
(croissance du sud et de l’ouest au détriment
du nord et de l’est), la déconnexion croissante des prix de l’immobilier et des revenus
des ménages, ou encore le vieillissement de
la population, l’augmentation des familles
monoparentales et des personnes habitant seules. On peut également évoquer un
manque de coordination des politiques du logement à l’échelle locale, ainsi que des Plans
Locaux d’Urbanisme restrictifs du fait de la
politique égoïste de certains maires, qui, souhaitant conserver l’homogénéité de population de leur commune, empêchent parfois la
construction de logements sociaux à bas prix
pourtant nécessaires.
L’offre de logements abordables est limitée en Île-de-France
Le mécanisme de production
du logement social aujourd’hui
La France possède une conception généraliste
du logement social, tournée vers l’ensemble
des ménages se situant en dessous d’un certain plafond de ressources : un peu moins
des deux tiers de la population est en théorie éligible au locatif social (même si, dans la
réalité, le peuplement est globalement assez
modeste). Les politiques publiques sont essentiellement pilotées par l’État, mais les collectivités locales prennent de plus en plus le
relais. Le ministère de l’Égalité des territoires
et du logement fixe, globalement et par territoire, des objectifs annuels de production de
logements. En parallèle, les collectivités locales (Communautés urbaines ou d’agglomération) élaborent des programmes locaux de
l’habitat (PLH), apportent des financements
et peuvent, quand ils existent, s’appuyer sur
les Établissements Publics Fonciers Locaux.
Par ailleurs, l’État utilise, pour des politiques
spécifiques, le relais d’établissements publics
spécialisés dans le domaine de l’amélioration de l’habitat ancien ou de la rénovation
urbaine. Les aides à la personne sont versées
par les Caisses d’allocations familiales à partir
du budget de l’État et d’une partie de la collecte de l’« Action logement ».
Cette crise du logement est
particulièrement sévère
dans les grandes villes et
en Île-de-France, où les
demandeurs de logements
sociaux sont nombreux dans
le centre de l’agglomération
(zones en rouge foncé)
Une nouvelle approche du logement social
et de la mixité dans les villes a été initiée
depuis 2000 avec la mise en œuvre de la
loi Solidarité et Renouvellement Urbain qui
oblige les communes de plus de 3 500 habitants, incluses dans des agglomérations
de plus de 50 000 habitants, à posséder au
Faire la ville
| 95
Chapitre 4 : Le logement
moins 25% de logements locatifs sociaux
sur leur territoire (20 % pour les zones où la
demande en logement est faible). L’objectif
est de favoriser la mixité sociale et d’ouvrir
de nouveaux espaces à la construction de
logement social. Si les grandes villes, dans
leur majorité, développent les efforts nécessaires pour atteindre cet objectif, un certain
nombre de communes « résidentielles » s’y
refusent et préfèrent payer des pénalités,
utilisées pour alimenter un fonds destiné à
la construction de logements sociaux, plutôt
que d’en réaliser sur leur territoire.
«
Le dispositif « Action logement »
Anciennement dénommé « 1% logement », ce
dispositif est financé à hauteur de 0,45% de la
masse salariale par les entreprises de plus de
vingt salariés. Les fonds sont collectés par des
organismes spécialisés, publics ou associatifs.
Ceux-ci soutiennent la construction et la réhabilitation de logements locatifs sociaux, versent
des aides aux ménages (accession à la propriété, accès au logement locatif, réhabilitation de
logement) et financent le développement d’une
offre de logements neufs destinés aux salariés
des entreprises. Ces fonds sont de plus en plus
utilisés par l’État pour financer des politiques
publiques (ANRU, ANAH).
et font appel à des entreprises pour la mise
en œuvre. Aujourd’hui les immeubles de
logement social ne se différencient plus des
autres immeubles par leur forme ou leur
qualité, ils sont même souvent plus performants, notamment en matière de qualité
énergétique. On tente, dans la mesure du
possible, de les intégrer à des opérations de
logement classique.
Le bailleur social est responsable de la gestion des locataires, notamment des attributions, de l’entrée dans les lieux, des
résiliations de bail, des réclamations et du
paiement des loyers. Il gère également les
relations entre les locataires (conflits de voisinage, etc.). Enfin, le bailleur est responsable
de son patrimoine et entretient les parties
communes, les équipements (chaudières, ascenseurs, etc.) et éventuellement les parties
privées. Il assure l’amélioration de son parc
et son adaptation aux nouveaux besoins (par
exemple le vieillissement de la population).
Un « plan de patrimoine » pluriannuel prévoit
les interventions et les dépenses.
Pour aller plus loin :
• ANIL, Agence
nationale pour
l’information sur le
logement,
http://www.anil.org/
• CDC, Caisse
des Dépôts et
Consignations,
www.caissedesdepots.
fr/
• ANRU, Agence
Nationale de
Rénovation Urbaine,
www.anru.fr/
• Action Logement,
http://www.
actionlogement.fr/
• Union sociale pour
l’habitat,
http://www.unionhabitat.org/
1
Les bailleurs sociaux, maîtres
d’ouvrage et gestionnaires du
parc de logement social
La maîtrise d’ouvrage et la gestion du parc
de logement locatif social sont assurées par
de nombreux organismes spécialisés, dénommés bailleurs sociaux, qui travaillent en
étroite relation avec les autorités et divers
organismes publics. Il existe deux grand types
de bailleurs sociaux : les Offices Publics de
l’Habitat, qui sont créés par les collectivités
territoriales, et les Entreprises Sociales pour
l’Habitat qui sont des entreprises privées à
but non lucratif, dont le capital est détenu par
des personnes privées ou publiques, notamment les collecteurs d’« Action logement ».
Certaines de ces structures réalisent également des logements en accession sociale à la
propriété.
Ces bailleurs sociaux rédigent, généralement avec l’appui d‘architectes, des cahiers
des charges détaillés pour la construction
des habitations ou pour leur réhabilitation
96 |
2
3
La morphologie des
logements sociaux est
très diverse, ici dans le
centre de Paris (1), dans
une commune de proche
banlieue (2) et dans le
périurbain (3)
Depuis plusieurs années, l’État tend à diminuer ses aides directes, son intervention se
limitant de plus en plus aux avantages fiscaux
consentis. A l’inverse, les collectivités locales
assurent une part croissante des financements à mesure que le rythme des constructions sociales se redresse. Elles peuvent aussi
vendre aux bailleurs sociaux leurs terrains à
un prix inférieur à celui du marché.
Réduire la ségrégation sociale :
la politique de la ville
Le Contrat Urbain de Cohésion Sociale est un partenariat
entre l’État et les collectivités territoriales afin d’améliorer
l’accès à l’emploi, le développement économique, l’habitat
et le cadre de vie, l’éducation, la sécurité ou encore la santé
dans les quartiers en difficulté (Lyon).
Le financement du logement
social
La construction de logements à loyer modéré nécessite un apport de fonds gratuits ou
à faible coût. La majeure partie du financement est assurée par la Caisse des Dépôts
et Consignations, un organisme qui réalise
des investissements en fonds propres dans
le logement et le foncier et qui accorde aux
bailleurs sociaux des prêts à long terme à des
taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché,
à partir des fonds collectés par des livrets
d’épargne populaire (livret A). Ces emprunts
sont garantis par les collectivités locales, en
échange de quoi elles bénéficient de logements réservés dans ces opérations. Les
fonds de l’Action logement sont eux aussi
alloués sous forme de prêts.
Plus généralement, l’État, les collectivités
territoriales et les établissements de coopération intercommunale, les établissements
publics, les employeurs, les organismes collecteurs du fond de l’Action logement, les
chambres de commerce et les organismes à
caractère désintéressé peuvent réserver des
logements sociaux en contrepartie d’une
garantie financière, d’un apport de terrain ou
de financements 2 .
Afin d’améliorer les conditions de vie des
habitants dans les quartiers en difficulté,
différents programmes, regroupés sous le
terme de « politique de la ville », ont été mis
en œuvre depuis une trentaine d’années. Ces
dispositifs ciblent en majorité les quartiers
de « grands-ensembles » construits dans les
années 1950-1960, qui sont souvent éloignés des centres villes, peu dotés en équipements publics, en commerces et en emplois.
Certains de ces bâtiments, construits rapidement avec des matériaux de faible qualité, se
sont dégradés puis sont devenus obsolètes,
notamment en termes d’isolation thermique
et acoustique. Les classes moyennes ont
quitté ces quartiers dans les années 1970
pour accéder à la propriété ailleurs et ont été
remplacées par une population plus pauvre,
moins bien intégrée économiquement et
socialement. Les programmes de la politique
de la ville combinent en général l’amélioration du bâti à des actions sociales et parfois
économiques. Si ces politiques ont permis
d’améliorer les conditions de vie d’une partie
des habitants de ces quartiers et d’éviter des
dérives plus graves, ces territoires demeurent
néanmoins globalement marginaux.
2
Ces logements sont
ensuite attribués à des
locataires selon des
critères économiques et
sociaux en fonction
de leur patrimoine, de la
composition du ménage,
du niveau de ressources
et des conditions de
logement actuelles,
de l’éloignement des
lieux de travail et
de la proximité des
équipements répondant
aux besoins des
demandeurs.
Le programme de rénovation
urbaine 2004-2014
L’objectif du Programme National de
Rénovation Urbaine (PNRU) est de restructurer les quartiers des zones urbaines sensibles
pour y favoriser la mixité sociale et y encourager le développement durable.
Les grands-ensembles du
quartier de la Duchère à
Lyon, début 2010
Ceci passe par l’amélioration du bâti (démolitions plus ou moins importantes de barres
et de tours, travaux dans les logements), de
Faire la ville
| 97
Chapitre 4 : Le logement
l’accessibilité du quartier (voirie, desserte en
transport en commun), des équipements (publics, implantation de commerces et de services) et du paysage urbain (alignement sur
la rue, immeubles de taille moyenne, espaces
publics, etc.). Les logements sociaux démolis
doivent être remplacés par un nombre identique de logements neufs, construits sur
place ou à l’extérieur du quartier. Près de cinq
cent quartiers où vivent plus de 3,8 millions
d’habitants sont concernés par cet ambitieux
programme national.
Parce qu’il englobe tous les aspects de la
vie sociale et urbaine, ce dernier nécessite
une étroite coordination entre les différents
acteurs. L’Agence Nationale de Rénovation
Urbaine (ANRU), un Établissement public, a
été créée à cet effet en 2003. Elle concentre
les financements et assure la mise en œuvre
du PNRU. L’initiative des programmes locaux
revient aux collectivités territoriales. Des
conventions d’une durée de cinq ans sont
signées entre l’ANRU, l’État, les collectivités
concernées, les bailleurs sociaux et d’autres
investisseurs éventuels. Le budget de l’ANRU - près de 12,5 milliards d’euros - devrait
générer 50 à 55 milliards d’euros de travaux.
Le PNRU est financé à 27% par l’ANRU (essentiellement sur le fond de l’Action logement) à
43% par les bailleurs sociaux et à 23% par les
collectivités locales.
Les résultats de cette politique sont encore
difficiles à évaluer. Le grand nombre de projets et leur contenu attestent de la volonté des
autorités publiques d’améliorer l’intégration
de ces quartiers dans la ville. Les transformations physiques sont parfois spectaculaires,
les ambiances urbaines se sont améliorées
Le dynamitage de la barre 220 en mai 2010 dans le quartier
de la Duchère, Lyon
98 |
Le programme de
reconstruction dans le
quartier de la Duchère
à Lyon comprend des
logements sociaux, des
résidences étudiantes,
de l’accession sociale à la
propriété mais aussi des
logements en accession,
comme cette résidence, afin
de diversifier l’habitat et la
population dans ce quartier
qui comprenait 80% de
logements sociaux avant
le projet
et de nombreux efforts sont visibles pour ce
qui est de la qualité et de l’innovation architecturale. La maîtrise d’ouvrage s’est investie
d’une responsabilité majeure en développant une politique incitative en matière de
construction durable. Globalement, le taux
de satisfaction des habitants paraît assez
élevé. Le nombre de logements reconstruits
n’atteint pourtant pas celui des logements
détruits, dans un contexte où la construction
locative sociale est difficile. En Île-de-France,
beaucoup sont reconstruits dans le même
quartier, ce qui en réduit l’effet en terme de
mixité sociale. Les relogements permettent
souvent aux catégories les mieux intégrées
de quitter le quartier tandis que les populations les plus marginalisées, peu autonomes
et pour lesquelles les solidarités locales sont
essentielles, restent sur place. La réalisation
des programmes de diversification de l’offre
de logement connaissant des retards, l’objectif initial, faire venir des ménages qui ne
soient pas en situation d’exclusion, est plus
long à atteindre que prévu. La dimension
temporelle est donc essentielle dans ces opérations d’aménagement.
Parallèlement aux moyens mis en œuvre
pour améliorer la qualité du logement social, l’État a créé des institutions permettant de promouvoir la qualité architecturale
et la construction durable. Ces institutions,
telles que l’ANAH (1971) ou le PUCA (1998),
financent des recherches incitatives, des
actions d’expérimentation et apportent un
soutien à l’innovation et à la valorisation
scientifique et technique dans le domaine de
l’aménagement des territoires, de l’habitat,
de la construction et de la conception architecturale et urbaine. Une mission d’évaluation et de médiatisation des réalisations de
nouveaux logements est également soutenue via des programmes spécifiques comme
celui de CQFD.
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2011, Livret
« Architecture verte :
concepts et
pratiques »
• PADDI, 2011,
Livret « Appui à la
maîtrise d’ouvrage
publique dans le
cadre de bâtiments
verts/constructions
durables face
au changement
climatique »
• PUCA, Plan/
Urbanisme/
Construction/
Architecture,
http://rp.urbanisme.
equipement.gouv.fr/
puca/
• Programme
CQFD, permettant
d’accélérer le
processus de
construction de
logements et de
promouvoir un
habitat diversifié,
soucieux de la qualité
architecturale,
urbaine et
environnementale,
http://www.chantier.
net
• ANAH, Agence
Nationale de l’Habitat,
http://www.anah.fr/
• VGBC, Vietnam
Green Building
Council,
www.vgbc.org.vn/
PROJETS ET RÉFLEXIONS DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Pour aller plus loin :
Récupérations, indemnisations Encadrer publiquement les
et relogement : le cas du projet opérations d’aménagement
de Thu Thiêm 3
Le quartier de Thu Thiêm (district 2), futur centre
financier, commercial et résidentiel, constitue
un projet d’aménagement phare visant à donner une image moderne d’HCMV et à renforcer son statut métropolitain. Il est considéré à
ce titre comme un projet « d’intérêt public »,
bien qu’il n’existe pas encore de procédures
permettant de formaliser ce statut. Le processus d’indemnisation et de relogement est
donc organisé par les autorités publiques et
notamment l’ICA, l’autorité de gestion de
Thu Thiêm qui est le maître d’ouvrage. Ainsi,
97 des 720 hectares du projet formeront les
quartiers de relogement sur site, ainsi que
68 hectares en dehors de la zone. 12 500
appartements et 2 037 parcelles, répartis sur
trois sites, sont prévus. Les récupérations ont
concerné au total plus de 14 000 maisons et
58 000 personnes. En 2010, 70% des dossiers
d’indemnisation avaient déjà été traités et
8 000 milliards de VND décaissés. Dans le
volet logement, les principales difficultés rencontrées tiennent au montage de l’opération
et à la répartition des rôles entre autorités
publiques et investisseurs privés, notamment
au sujet de la responsabilité des indemnisations. Le montant de ces dernières, réalisées
à 40 % du prix du marché, a été contesté par
80% des habitants, qui les jugeaient dérisoires et se sentaient lésés par rapport aux
futurs prix de revente des terres et aux bénéfices réalisés par les investisseurs.
Afin de bien encadrer les démarches sociales
et économiques que suppose une opération
d’aménagement et de sécuriser les conditions de relogement, il est stratégique pour
une ville de conserver la maîtrise d’ouvrage
de son projet.
• Wust S. et al.,
« Métropolisation
et développement
durable ; les enjeux du
relogement des zones
d’habitat précaire à
HCMV : entre grands
programmes et microprojets », PRUD,
http://www.gemdev.
org/prud/rapports/
rapport17.pdf
Ainsi, celui-ci doit être défini sur un périmètre
précis pour lequel un cahier des charges
détaillé, spécifique à chaque opération, et
une convention ayant valeur juridique fixent
les rôles de chacun. Ensuite, le phasage du
projet présente les étapes opérationnelles
et un bilan financier dépenses/recettes, qui
comprend le détail des différents postes (foncier, logements, relogements, infrastructures,
équipements, commerces, etc.). Ce bilan est
à distinguer du budget général de la ville.
Enfin, une évaluation des opérations en cours
ou à réaliser (objectifs, programme, budget)
est menée tout au long du projet.
Cette méthode d’encadrement rend possible par la suite la délégation de la maîtrise
d’ouvrage à un acteur privé ou public tout en
conservant le contrôle du projet. En termes
de gouvernance, une équipe inter-services
peut constituer un référent unique pour les
investisseurs.
3
Les récupérations et les
indemnisations de terrains à
Thu Thiêm (HCMV)
Atelier PADDI sur
« L’indemnisation et
le relogement des
populations lors de
réaménagements
urbains »,
animé par Pascale
Bonnard, mars 2010
Faire la ville
| 99
Chapitre 4 : Le logement
Vers des indemnisations plus
justes
Pour proposer des indemnisations plus proches
de la valeur réelle du marché avant l’implantation du projet, les autorités locales peuvent
évaluer la valeur des biens immobiliers à
l’aide d’un observatoire du marché immobilier et des transactions.
On peut aussi essayer de simplifier les règles
et les démarches administratives afin de
prendre en compte l’étalement dans le temps
des procédures et de rendre possible l’augmentation de l’indemnisation si elle devient
trop éloignée des prix du marché.
Dans la même optique, les procédures, barèmes et critères d’indemnisation peuvent
être homogénéisés, quel que soit le maître
d’ouvrage. Rendre public le montant des
compensations fixées en fonction d’un
relevé socio-économique des ménages et
prendre en compte les foyers installés de
manière illégale assurent dans une certaine
mesure la transparence et l’équité entre les
ménages concernés. Les autorités publiques
peuvent également s’interroger sur les limites de l’intervention quand elle rencontre
trop d’obstacles, tels la surenchère dans les
indemnisations ou le refus catégorique des
habitants d’être relogés. Il peut en ce cas
paraître opportun de mettre en veille une
opération ou de ne pas l’engager.
Un montage opérationnel et
financier à effectuer en amont
Il est primordial que la question de la libération des terrains et du relogement émerge en
amont du projet. En effet, une vision claire
des coûts de l’aménagement et des investissements en début de projet permet d’aboutir
à un équilibre financier entre l’indemnisation
de relogement et le montant des bénéfices
établis par l’investisseur. Afin de financer les
relogements, il semble pertinent de faire appel aux ressources du projet en lui-même : les
bénéfices réalisés par la ville devraient être
réinjectés au sein du projet et non intégrer le
budget général. Une gestion plus flexible du
parc de relogement permettrait de mutualiser les appartements neufs disponibles, d’en
constituer un stock tout en assurant un prix
identique entre les différents projets.
100 |
À ce titre, les investisseurs peuvent être mis
à contribution via l’obligation d’intégrer le
programme de relogement dans leur projet
ou via un prix d’achat des terrains plus élevé,
ce qui permet à la collectivité de financer le
relogement. D’un point de vue règlementaire, l’instauration d’un droit de préemption
rend beaucoup plus facile la constitution
de réserves foncières et par conséquent la
création d’un parc destiné au relogement (à
vendre, à louer ou en location/accession).
Enfin, diversifier les sources de financement
des logements en mobilisant par exemple
les produits d’épargne et la participation des
entreprises peut constituer une perspective
intéressante pour les autorités publiques et
les investisseurs.
La recherche de la
transparence
Une fois le montage financier terminé, il peut
être utile d’informer clairement les habitants
de la nature du projet d’ensemble, en particulier du coût des opérations et de l’utilisation prévue des plus-values de la vente des
terrains acquis. Les habitants sont encore
peu sollicités dans les démarches publiques.
Pourtant, introduire la consultation du public
et la concertation au cours de l’étude de préfaisabilité du projet permet en général de
mieux appréhender les opérations urbaines
et de relogement. Au Viêt-Nam, un règlement
encadrant les possibilités de participation, de
consultation et de concertation des habitants
pourrait être mis en place, ainsi que d’autres
formes de médiation, en faisant par exemple
appel à des consultants indépendants.
Un habitant a créé une
petite épicerie dans
son appartement de
relogement, HCMV
Un immeuble de
relogement dans la
périphérie de HCMV
Un parc de logement adapté
aux besoins
Mener au préalable une enquête sociale et
économique approfondie aide à proposer un
logement adapté au mode de vie des relogés. De même, accorder un soin particulier
au choix du site éviterait qu’il soit considéré
dès le début comme un lieu de relégation.
En outre, y introduire de petites activités
permettrait de maintenir le petit commerce
et les services de proximité. Dans l’idéal, il
serait préférable que le type de logement
proposé soit en adéquation avec le profil
du ménage : une parcelle individuelle pour
un agriculteur ou un logement qui donne
sur la rue pour un commerçant. En effet, la
tour d’habitation ne constitue pas un modèle
unique pour les quartiers de relogement et
d’autres formes urbaines de densité égale
existent. Il est important d’adapter les logements aux bas revenus de certains ménages,
en offrant par exemple des surfaces et des
charges limitées (bâtiments bas sans ascenseur) pour éviter les phénomènes d’appauvrissement, de revente, de spéculation et
l’apparition de nouvelles poches de pauvreté. Des outils d’évaluation du relogement
peuvent être développés à l’échelle de la ville
afin d’étudier et de prévenir la formation de
ces dernières.
C’est par une coordination étroite entre la
commission de relogement initiale, les services sociaux et les comités de quartier des
districts d’accueil qu’un bon suivi de ces familles contraintes de changer radicalement
de mode de vie peut être assuré. À cette fin,
des partenariats peuvent être instaurés avec
les entreprises locales et les bénéficiaires du
projet, pour recruter les populations relogées,
«
Le cadre règlementaire de la copropriété
ͳ 2008 : Décision 08/2008/QĐ-BXD du ministère de la Construction sur la promulgation du
Règlement de gestion des immeubles collectifs.
ͳ 2009 : Circulaire 01/2009/TT-BXD sur la délivrance du certificat de propriété de logement et
le contrat type pour les transactions des appartements.
ͳ 2009 : Circulaire 37/2009/TT-BXD du ministère de la Construction (MoC) sur la méthode
d’évaluation et de gestion des charges dans les
immeubles collectifs.
ͳ 2009 : Texte 144/BXD-QLN du ministère de la
Construction sur la définition des parties communes et parties privatives dans les immeubles.
particulièrement les commerçants, les artisans
et les agriculteurs qui ont perdu leur source de
revenus suite à leur déménagement.
La copropriété 4 : un cadre
de gestion insuffisant pour
l’habitat collectif vertical
On compte à HCMV 570 immeubles de taille
moyenne (5-6 étages) construits avant 1975
et 432 immeubles plus hauts postérieurs à
cette date. En 2009, 55 projets de tours ont
été approuvés pour un total de 19 500 logements. Les parties communes des immeubles
collectifs sont parfois dégradées et occupées
illégalement. Historiquement gérées par les
autorités publiques, elles relèvent, depuis
la loi sur le logement de 2005, de la responsabilité des copropriétaires et sont administrées par un comité de gestion et le maître
d’ouvrage. Les copropriétaires se sentent
pourtant peu concernés par la gestion et la
maintenance de ces parties communes. La
définition des parties communes et privatives est souvent floue et peut faire l’objet
de contradictions à la fois au sein des règlements (entre la circulaire de 2009 et la loi sur
le logement de 2005) et entre l’acte de vente
et le règlement de la copropriété. Le statut
des places de stationnement et des magasins, comme partie commune ou comme
propriété du maître d’ouvrage, fait souvent
l’objet de conflits entre ce dernier et les
copropriétaires. Selon la circulaire 16/2010,
la surface de l’appartement comprenait
les locaux techniques, les murs porteurs
et les colonnes. Cette méthode de calcul a
entraîné de nombreuses difficultés pour les
acquéreurs. Depuis, la circulaire 03/2014/
TT-BXD a permis de résoudre ce problème,
tout comme les conflits entre promoteurs et
coproprietaires concernant les parking et les
commerce via « l’Acte de vente » qui indique
la surface de la propriété privée et celle des
parties communes.
Pour couvrir les frais de gestion et de maintenance sur une durée indéfinie, un montant
de 2% du prix de l’appartement est provisionné au moment de la vente. Ces modalités de
financement ne sont donc absolument pas
liées aux coûts réels et ne permettent pas
la mobilisation des habitants en cas de gros
travaux. Le Comité populaire doit encore souvent intervenir pour financer les travaux de
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2010, Livret
« La copropriété et la
propriété privée dans
le logement »,
http://www.paddi.
vn/IMG/pdf/201007_Copropriete_et_
propriete_privee_
dans_le_logement_a_
HCMV.pdf
Les règlements des
immeubles et le statut
des espaces communs
sont souvent flous dans
les copropriétés, ce qui
entraîne des litiges
4
Atelier PADDI sur la
« La copropriété et la
propriété privée dans le
logement », animé par
Jean-Charles Castel, 2010
Faire la ville
| 101
Chapitre 4 : Le logement
maintenance, trancher des litiges liés aux décisions prises par le comité de gestion ou les
assemblées générales, jouer le rôle d’assureur en cas de dégât, les propriétaires n’étant
pas tenus de contracter une assurance. Or,
la gestion et le paiement des charges collectives sont amenés à devenir des questions cruciales, car les autorités publiques,
confrontées à l’accroissement progressif de
l’habitat collectif, ne pourront plus assurer
leur rôle actuel à une si large échelle.
Vers une professionnalisation de la gestion et
la responsabilisation des copropriétaires
«
Dans les immeubles collectifs, le contrat de vente pourrait comporter
le règlement de copropriété, la description précise des parties privatives et communes, la liste et le pourcentage des charges à acquitter,
les droits d’usage et les interdictions en vigueur dans les parties communes. Les habitants pourraient être tenus de contracter une assurance incendie et dégât des eaux, et les charges devraient être payées
régulièrement par les copropriétaires et dépendre des dépenses
réelles.
Le syndicat des copropriétaires
Dans l’immeuble, tous les propriétaires d’un lot
sont membres d’office du syndicat. Son objet
est la conservation de l’immeuble et l’administration des parties communes. L’assemblée
générale des copropriétaires, qui se réunit une
fois par an, désigne le conseil syndical, un petit
groupe composé de copropriétaires volontaires
et bénévoles qui les représenteront et qui géreront dans l’année les affaires courantes en lien
avec le syndic. Les décisions de l’assemblée
générale sont votées à la majorité simple pour
les travaux d’entretien et au 2/3 quand les travaux entraînent des modifications importantes.
Les copropriétaires présents ou représentés ne
peuvent contester les décisions de l’assemblée
générale. Les autres disposent d’un délai de
deux mois pour les contester devant la justice.
Les charges dans les immeubles de grande hauteur sont très élevées
et peu adaptées aux populations aux revenus modestes. Il pourrait
être intéressant de développer des modèles d’habitat plus économiques, tels que de petits immeubles collectifs de cinq à six étages,
sans ascenseur. Une autre solution serait que la collectivité cède ou
vende à prix modéré des parcelles afin que les ménages construisent
leur propre maison individuelle, modèle de construction qui semble
être le plus économe actuellement au Viêt-Nam.
Il serait intéressant que le rôle du syndic en tant que profession soit
reconnu et bénéficie d’une formation attestée par l’État. La nomination d’office par la puissance publique d’un syndic dans les copropriétés dégradées pourrait être inscrite dans la loi afin que ces situations
difficiles soient gérées par un professionnel de l’immobilier et non par
le Comité populaire, qui n’est pas spécialiste de ces questions.
«
Le rôle du syndic en France
Il est désigné par le promoteur à la fin des travaux. La structure peut être
professionnelle ou bénévole, elle est responsable juridiquement. Les copropriétaires reconduisent le syndic ou en choisissent un autre lors de la première assemblée générale. Le promoteur n’a plus aucun rôle à jouer après,
sauf en tant que copropriétaire s’il conserve des locaux dans l’immeuble.
Le syndic exécute les décisions de l’assemblée générale et les fait respecter
par les copropriétaires. Il organise les assemblées générales, établit le budget prévisionnel, recouvre les charges, passe les contrats d’assurance et de
maintenance et couvre les dépenses courantes. Il tient un carnet d’entretien
de l’immeuble.
La gestion des immeubles
collectifs devient une
question cruciale avec
l’émergence de véritables
quartiers d’habitat collectif,
ici à Hanoi
102 |
LE PATRIMOINE URBAIN
epuis une trentaine d’années, les villes vietnamiennes se sont modernisées au détriment de la protection et de la valorisation du patrimoine,
qui voient leur champ d’application s’élargir depuis peu, en lien avec
les destructions et dégradations observées. Outre les monuments historiques
qui bénéficient d’une procédure de classement, la notion de valorisation du
patrimoine concerne désormais les quartiers urbains, notamment les espaces
publics et les ensembles remarquables et elle commence à s’étendre au patrimoine industriel, végétal et aux villages de métiers. Hanoi et Hô Chi Minh-ville
recèlent de nombreux bâtiments anciens et d’importants quartiers historiques
qui ont souvent été démolis dans les autres métropoles asiatiques. De l’enchevêtrement de ruelles du vieux quartier au plan en damier du quartier français
de Hanoi ou du centre de HCMV, des venelles construites dans les années 1980
aux tours récentes des grands hôtels internationaux, la ville vietnamienne n’a
cessé de se transformer dans une double dynamique d’extension et de reconstruction. Son extension agrégative a permis la conservation des structures
héritées, alors que la reconstruction de la ville sur elle-même les met souvent
en péril. L’enjeu est donc de valoriser le patrimoine des deux villes sans pour
autant freiner leur développement.
D
La citadelle de Hanoi
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
LE PATRIMOINE AU VIÊT-NAM
Des villes en mouvement, des identités à valoriser
a conservation et la valorisation de
bâtiments et de quartiers anciens emblématiques constituent des enjeux
majeurs pour l’histoire et l’identité culturelle vietnamiennes. Elles posent également la question de l’identité urbaine
des deux villes comme un atout de leur
développement économique. En effet, le
patrimoine urbain contribue fortement à
façonner l’image que renvoie une ville et
chaque métropole peut ainsi faire valoir
ses spécificités territoriales dans la compétition internationale. Valoriser ce patrimoine pourrait permettre à Hanoi et HCMV
de se positionner par rapport aux autres
grandes métropoles asiatiques comme
Bangkok ou Singapour. L’objectif n’est pas
de muséifier une ville vietnamienne d’un
âge d’or révolu, mais d’offrir aux habitants,
aux investisseurs et aux visiteurs une ville
diversifiée, à la fois singulière et moderne.
L’enjeu pour les autorités publiques est
donc de se doter d’outils règlementaires
et financiers adaptés pour valoriser le patrimoine, afin d’affirmer l’identité urbaine
de chaque ville sans entraver son développement économique.
L
La richesse du patrimoine
hanoïen
Hanoi est une des rares villes du sud-est
asiatique à posséder un patrimoine historique, culturel et urbain vieux de plus de
mille ans. Les alentours de Hanoi comptent
plus de cinq cents villages de métiers spécialisés dans la fabrication d’objets d’art, de
textiles ou encore de vanneries, typiques de
la culture du delta du Fleuve rouge. La ville
comprend quant à elle trois ensembles patrimoniaux majeurs : le quartier des trente-six
rues et corporations ou vieux quartier (Pho
co), l’ancien quartier colonial français et
l’ensemble de la citadelle. Le tissu urbain du
vieux quartier reflète l’ancienne organisation
en hameaux de corporations (rue de la soie,
104 |
du coton, du sucre, etc.). Il se caractérise
par sa densité humaine et bâtie, son intense
activité commerciale et artisanale et son
important patrimoine architectural (maisons
d’habitation, maisons communales, temples,
pagodes de style traditionnel vietnamien et
chinois). Le quartier français, « ville-jardin » à
trame orthogonale du début du 20ème siècle,
est constitué de monuments publics coloniaux
«
Les compartiments de la rue
Ma May à Hanoi
La notion de patrimoine pour l’UNESCO et pour les Vietnamiens
L’UNESCO définit le patrimoine comme l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Le
patrimoine urbain, composé des rues, des bâtiments, de monuments et de
paysages particuliers, peut être considéré, par son originalité, son caractère
symbolique ou son histoire, comme un héritage du passé qui est à préserver
dans l’intérêt des contemporains et des générations futures. En ce sens, le
patrimoine relève du bien commun et de l’intérêt général.
La conception vietnamienne du patrimoine - et celle du monde sinisé en
général - attachée au respect des valeurs spirituelles, à des représentations
et à une culture immatérielles, diffère de celle du monde occidental, plus
attaché aux traces matérielles (objet, bâtiment, tracé des rues). Dans le
monde sinisé, les valeurs patrimoniales tiennent aux lieux plus qu’aux bâtiments, aux savoir-faire et aux pratiques plus qu’aux matériaux. Cependant,
la période de la colonisation française semble avoir influencé la conception
vietnamienne du patrimoine.
La communauté scientifique vietnamienne des architectes et des universitaires est très active sur ce sujet et mène de nombreuses réflexions. Les
préoccupations des gestionnaires de la ville se portent quant à elles sur les
outils opérationnels, les actions prioritaires à mener et l’adaptation des règlements au contexte actuel de forte spéculation.
et de villas (de style régionaliste, néo-classique, art-déco ou moderniste).
L’ancienne citadelle de Hanoi, où siégeaient
les souverains vietnamiens depuis le 11ème
siècle, comprend, entre autres, un site archéologique de grande valeur historique.
Ce site est inscrit au patrimoine mondial de
l’UNESCO depuis 2010.
Un patrimoine varié pour une
ville moderne à HCMV
Le patrimoine urbain de HCMV se caractérise
par la diversité des monuments historiques,
des bâtiments et des ensembles urbains
remarquables qui, dans le centre-ville, ont
contribué à construire l’identité de la ville à
travers le temps. Les bâtiments majeurs du
district 1 tels que le siège du Comité populaire, l’Opéra ou la Poste ont été restaurés,
mis en lumière par la ville de Lyon et sont
classés monuments historiques. Ce même
district comprend aussi des ensembles
comme le marché Ben Thanh ou l’ancien
port de Ba son. On trouve, dans le disctrict
3, de nombreuses villas coloniales françaises.
Quant au district 5, l’ancienne ville chinoise
de Cholon, il est riche en temples et pagodes,
et présente des ensembles urbains (marché
Binh Tay, compartiments chinois) et des entrepôts anciens le long des canaux. La métropole du sud est aujourd’hui tournée vers une
Les tours du district 1,
nouveau visage de HCMV
« culture de la modernité » : l’architecture
contemporaine vietnamienne et l’émergence
d’immeubles de grande hauteur et de tours
symboliques comme celle de Bitexco renouvellent le paysage urbain et interrogent à leur
manière la notion de patrimoine.
«
Les bâtiments coloniaux
remarquables à HCMV au
sein du périmètre de l’étude
sur le centre ville
Les compartiments
À Hanoi, il s’agit d’unités individuelles constituant l’habitat traditionnel du vieux quartier.
Les « maisons-tubes » présentent des façades
étroites (de deux à quatre mètres) et sont très
profondes, entre vingt et soixante mètres, voire
quatre-vingts dix mètres. Les anciens compartiments comportent un seul niveau ou plus
rarement un étage. La mixité fonctionnelle
habitat/commerce est l’élément fondateur du
compartiment. Largement ouvert sur la rue,
le rez-de-chaussée, alternant bâtiments et
cours, est destiné au commerce et/ou à une
activité artisanale, le logement se situant en
fond de parcelle ou à l’étage. Avec la surpopulation du quartier, les cours ont disparu, les
bâtiments se sont verticalisés et les parcelles
se sont considérablement densifiées. À HCMV,
les compartiments sont pour beaucoup situés
dans l’ancienne ville chinoise de Cholon. Le
même phénomène de densification qu’à Hanoi
a modifié ces maisons datant pour la plupart du
19ème et du 20ème siècles.
Une pression foncière qui
menace le patrimoine
La pression et la spéculation immobilières,
auxquelles s’ajoute la nécessité de moderniser la ville en élargissant les axes et en éradiquant l’habitat insalubre, rendent difficile
sur le court terme la conservation de ces
bâtiments. Les terrains des villas de l’ancien
Faire la ville
| 105
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
quartier français de Hanoi et des districts 1
et 3 de HCMV, « quartiers d’or du foncier »,
offrent d’excellentes opportunités pour le
développement de tours grâce à leur localisation centrale, leurs larges emprises foncières
(500 à 1 000 m²) et leur bonne accessibilité. Dans le vieux quartier de Hanoi, la forte
hausse des valeurs foncières a conduit à une
densification du bâti par ajout d’étages et par
la construction d’édifices beaucoup plus élevés que les maisons traditionnelles.
Des bâtiments et des
conditions de vie dégradés
La volonté de préserver et de valoriser le
patrimoine urbain vietnamien se trouve aussi
confrontée à la dégradation du bâti, à la paupérisation et à la surpopulation dans les villas
et les compartiments anciens. Les compartiments traditionnels du vieux quartier et de
Cholon peuvent héberger plusieurs familles :
des parcelles de 240 m² peuvent parfois
accueillir jusqu’à une centaine d’habitants à
Hanoi 1 .
Cette situation de surpopulation et de dégradation touche également les villas qui appartiennent aux autorités publiques et ont été
attribuées à certaines familles. La faiblesse
Les quartiers de compartiments se densifient par
surélévation, ici dans le quartier français de Hanoi
des loyers versés ne leur permet pas d’investir dans la rénovation de ces bâtiments et la
situation locative précaire des habitants ne
les incite pas à assurer les travaux de maintenance. Les villas sont parfois détenues par
plusieurs propriétaires, ce qui engendre des
subdivisions physiques de la parcelle et du
bâtiment ainsi que de grandes difficultés dans
la gestion et lors des transactions.
Cependant, certaines villas, transformées en
locaux administratifs ou commerciaux, ont
bénéficié de restaurations plus ou moins bien
encadrées. À Hanoi, les mieux conservées et
entretenues sont celles attribuées aux représentations diplomatiques étrangères. Des
extensions, de nouvelles constructions sur la
parcelle ou de grandes devantures commerciales masquent fréquemment les façades
des villas et des compartiments.
Une règlementation plus
protectrice à l’échelle du
quartier
Les projets concernant le patrimoine culturel
de niveau « national et extraordinaire » sont
soumis à l’approbation du bureau du Premier
ministre. Les actions de protection et de gestion des monuments historiques sont placées
sous la tutelle du ministère de la Culture, des
Sports et du Tourisme. Le ministère de la
Construction est responsable du classement
et de la gestion des villas.
Les bâtiments historiques et culturels font
l’objet d’une politique de rénovation encadrée par le décret du 31 mars 1984 sur la « conservation des vestiges historiques et culturels
des beaux sites ». Ce décret a permis d’identifier des sites d’intérêt national, comme la
vieille ville de Hoi An, classée en 1985. Les
premières rénovations de pagodes, temples
et maisons communales eurent lieu dans les
années 1990. De nombreux édifices furent
par la suite classés par le ministère de la
Culture, des Sports et du Tourisme.
La loi sur le patrimoine culturel de 2001
s’attache quant à elle au patrimoine immatériel et aux monuments, sites, paysages et
objets reconnus pour leur beauté, leur valeur
historique et leur singularité. Elle instaure
un cadre pour l’inventaire des monuments
106 |
Pour aller plus loin :
• Banque Asiatique
de Développement,
Steinberg F., 2008,
« Revitalization of
inner-city areas in
Asia, The potential
for Urban renewal in
Hanoi, Jakarta and
Manila », 220 p.
• Actions et
documentation de la
coopération ToulouseHanoi,
http://www.toulousehanoi.org
• Urban solutions,
2010, Urban heritage
management
in Viêt-Nam; an
introduction manual
for planners, Institute
of conservation for
monuments, 83 p.
http://www.urbansolutions.nl/en/
home/
• DCU, 2011, étude
« Conservation and
development, Cholon,
Hô Chi Minh City »,
223 p.
www.lopezmarzo.
com/proyectos/
hdmc_final.pdf
• Fanchette S.,
Stedman N., À la
découverte des
villages de métier
au Viêt-Nam ; Dix
itinéraires autour
de Hanoi, IRD, 2009,
322 p.
• Tùng Nguyên et
Krowolski Nelly,
« Hôi An, de l’éveil
à la résurrection
du patrimoine »,
Autrepart, n° 33,
2005/1, p. 141155. DOI : 10.3917/
autr.033.0141
1
La densité du vieux
quartier de Hanoi s’élève
à 84 000 hab./km2.
historiques et identifie notamment ceux qui
sont en danger ou nécessitent des restaurations. Cette loi crée des outils de protection
des alentours des sites protégés. La loi sur
l’urbanisme de 2009 prévoit l’inscription des
sites historiques dans les documents d’urbanisme. Le patrimoine végétal fait par ailleurs
l’objet d’un inventaire et de mesures de préservation à HCMV au sein du service espaces
verts du département des Transports.
Les villes vietnamiennes se sont saisies de
ces évolutions législatives et ont commencé
à étudier des périmètres de protection à
l’échelle urbaine dès les années 1990. Les
villes de Hoi An et de Hué, classées site d’intérêt national, ont mis en œuvre des règlements de protection et de mise en valeur
de leurs quartiers historiques. L’ensemble
des monuments de Hué et la vieille ville de
Hoi An ont ensuite été classés au patrimoine
mondial de l’UNESCO en 1993 et 1999, puis
soumis à une nouvelle règlementation. Il est
ainsi interdit de construire des bâtiments
modernes au centre de Hoi An et les autres
constructions dans un périmètre proche nécessitent l’autorisation du Comité de gestion
du patrimoine.
Le renouveau du patrimoine à
Hanoi
À Hanoi et à HCMV, les autorités locales et
notamment les départements d’Urbanisme
(DUPA) s’attachent de plus en plus à la protection du patrimoine urbain. À Hanoi, la
mutation urbaine dans les années 1990 s’est
accompagnée d’une prise de conscience de la
nécessité de préserver son patrimoine architectural et urbain. En 1995, une décision municipale de protection a été prise et en 1996
un plan de sauvegarde et d’aménagement
autour du lac Hoan Kiêm a été adopté. Il a
notamment permis d’annuler deux projets
de tour qui auraient eu un impact significatif
sur le paysage urbain de ce lac emblématique
de Hanoi. En 1998 a été créé, sous l’autorité
du district de Hoan Kiêm, un Bureau de gestion du vieux quartier chargé de contrôler les
constructions et le respect des règles de protection. Le vieux quartier a été classé site historique national en 2004 par le ministère de
la Culture, des Sports et du Tourisme. Par ailleurs, la ville de Toulouse a aidé Hanoi à rénover plusieurs maisons typiques de ce quartier
«
Le cadre règlementaire pour la valorisation du patrimoine
ͳ 1984 : Décret du 31 mars 1984 sur la « conservation des vestiges historiques et culturels des beaux sites ».
ͳ 2001 : Loi sur le patrimoine culturel (art 54 à 56) du 29 juin 2001, indique
que les secteurs sauvegardés doivent être inscrits dans les documents
d’urbanisme en cours de réalisation (décret d’application 92/2002/ND-CP
novembre 2002).
ͳ 2003 : Décision 05/2003/QD-BVHTT (février 2003) du ministère de la
Culture sur la préservation et la restauration du patrimoine culturel, bâti
et paysager.
ͳ 2010 : Loi sur l’urbanisme, inscription des sites historiques dans les documents d’urbanisme.
et œuvre à sa valorisation touristique. Enfin,
grâce à l’assistance technique de la région
Île-de-France, le secteur de la citadelle a été
reconnu patrimoine mondial de l’UNESCO en
2010 et un règlement de protection est en
cours d’approbation pour le quartier français.
La problématique du patrimoine est prise en
compte dans le schéma directeur, notamment en ce qui concerne la préservation du
vieux quartier et du réseau de villages de
métiers. Les opérations d’urbanisme dans le
Une villa hanoienne en bon
état, 2012
Le patrimoine hanoien est
extrêmement divers, ici une
villa de style moderniste du
quartier français
Faire la ville
| 107
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
quartier français se fondent sur le règlement
encore non officiel proposé par l’étude IMVInterscène, et le DUPA est en train d’étudier
une extension de ce périmètre.
Une notion du patrimoine
élargie aux espaces publics à
HCMV
Réalisé en 1996 à l’échelle de la ville à partir
des travaux de la coopération décentralisée
avec la Communauté urbaine de Lyon2, un
inventaire du patrimoine (circulaire 46/TB UB
QLDT) a permis d’établir la liste des ouvrages
(dont les villas) nécessitant une étude en vue
de leur conservation, ainsi que de déterminer
la responsabilité de chaque organisme dans
cette dernière. Depuis, HCMV réfléchit à un
plan de valorisation. Une circulaire de 2009
(38-2009-TT-BXD) classe les villas en trois catégories de niveau de protection impliquant
une gestion plus ou moins contraignante.
Par ailleurs, toute démolition est soumise à
l’approbation du Comité populaire de la Ville.
Il n’existe pas pour l’instant de règlementation globale et précise quant à la gestion du
patrimoine ordinaire, mais l’attention portée
à ces questions, encore faible, commence
à prendre forme, notamment pour le patrimoine végétal, industriel et pour les espaces
publics. Ainsi, les bâtiments de l’ancien port
de Ba son, dans le district 1, ont fait l’objet
de débats quant à leur conservation, dans un
contexte de forte pression foncière, de spéculation immobilière et de projets de valorisation des berges. Par ailleurs, des projets
de réhabilitation des canaux prévoient leur
dragage, le nettoiement des berges et l’aménagement de nouveaux espaces publics de
promenade.
Le tissu des compartiments et des pagodes du quartier très
animé de Cholon à HCMV est confronté à des destructions et
des reconstructions peu respectueuses de l’environnement
urbain. Un projet de réhabilitation du bâti et des espaces
publics pourrait voir le jour
Les alignements d’arbres, éléments caractéristiques de
HCMV, font l’objet d’un inventaire susceptible de conduire à
des mesures de protection
2
L’inventaire se fonde sur
les études réalisées par
la Communauté urbaine
de Lyon en collaboration
avec le département de
la Construction de HCMV,
notamment les deux
études d’H. Desbenoit :
« Patrimoine architectural
de HCMV, éléments de
repérage, les bâtiments
publics », 83 p. et
« Patrimoine architectural
de HCMV, éléments de
repérage, les bâtiments
résidentiels », 173 p.
108 |
LE PATRIMOINE EN FRANCE
Connaître, protéger, valoriser et développer le
territoire 3
n France, la notion de protection
du patrimoine apparaît pendant
la Révolution française, à la fin du
18ème siècle. À cette époque, de nombreux édifices, alors considérés comme
des symboles de la royauté, furent détruits ou vendus à des particuliers. Trente
ans plus tard, l’État organisa un inventaire du patrimoine architectural du pays
et de son état de destruction, puis une
première liste des bâtiments à protéger fut dressée en 1840. Les monuments
publics (1887) et privés (1920-1930) classés ou inscrits à l’inventaire général du
patrimoine deviennent officiellement des
monuments historiques. Toute transformation extérieure, intérieure ou des
abords immédiats du bâtiment est soumise à approbation sur la base d’un règlement particulier. Le niveau de protection
s’élargit en 1962 avec la loi Malraux sur les
« secteurs sauvegardés », qui permettait
de prendre en compte un quartier dans
son ensemble. Il s’agissait à cette époque
d’éviter la destruction systématique des
quartiers anciens, alors vétustes, pour
reconstruire des quartiers plus modernes
E
Le centre-ville de Lyon a été classé patrimoine mondial
de l’UNESCO en 1998 en raison de son site exceptionnel,
son mode de vie particulier et un patrimoine urbain bien
préservé, témoin de l’évolution de la ville. Une zone
« tampon » (en rouge) a été établie afin de mieux valoriser
les abords du site protégé et son interaction avec le reste du
territoire.
ou de grands axes routiers. Le Vieux Lyon,
datant du Moyen-âge, dont le bâti était
en mauvais état, se trouvait ainsi sous la
menace de projets autoroutiers. Il devint
en 1964 le premier secteur sauvegardé
de France, notamment grâce à la mobilisation des associations d’habitants. Dans
les années 1990, des bâtiments appréciés
pour leur valeur symbolique ou immatérielle, témoins d’une certaine époque
(bâtiments industriels, résidences de personnages historiques...) furent également
reconnus comme patrimoniaux.
Pour aller plus loin :
• DRAC Île-de-France,
http://www.ile-defrance.culture.gouv.fr/
page-les-monuments.
htm
• Ministère de la
culture,
http://www.culture.
gouv.fr/culture/
organisation/dapa/
publications.html
• Association
nationale des
Architectes des
Bâtiments de France,
http://anabf.archi.fr/
• Quartier du Vieux
Lyon,
www.vieux-lyon.org/
Le Vieux Lyon, considéré comme un quartier insalubre avant
son classement en secteur sauvegardé en 1964, a fait depuis
l’objet d’une vaste politique de rénovation
L’intérêt et les enjeux de la
valorisation du patrimoine
urbain
Ce type de patrimoine fait partie de l’identité
culturelle des habitants. Sa rénovation, plutôt que sa destruction, améliore leur qualité
de vie et permet à la ville de conserver une
dimension humaine. De plus, les travaux de
restauration et de valorisation culturelle,
touristique ou pour d’autres usages contemporains, dynamisent la création d’emplois et
l’économie locale.
3
Atelier PADDI, « La
protection du patrimoine
architectural et urbain
et les perspectives de
gestion du patrimoine
sur le centre historique
de HCMV », animé par
Brunos Delas, janvier
2010
Cependant, si les générations actuelles se
doivent de préserver pour le futur les traces
du passé, les villes sont également des objets
en perpétuel renouvellement. La conserFaire la ville
| 109
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
les villas du 19ème siècle...) ou suite à la demande d’un propriétaire d’immeuble, d’une
collectivité locale ou d’une association.
L’opéra de Lyon a fait l’objet d’une modernisation radicale
dans les années 2000
vation et la valorisation du patrimoine entraînent aujourd’hui certains effets pervers,
comme la multiplication des mesures de protection. Les bâtiments et quartiers protégés
sont parfois « muséifiés » : la population n’a
alors plus accès à ce patrimoine, ou très occasionnellement. Dans d’autres circonstances,
le patrimoine peut être « commercialisé » : il
change d’usage, mais l’on ne considère plus
que sa valeur esthétique. L’enjeu majeur
est donc que la valorisation du patrimoine
s’accompagne du maintien de la mixité fonctionnelle (logements, commerces, services
urbains, etc.) et sociale caractéristique des
quartiers historiques des villes occidentales.
Les outils règlementaires 4 : le
classement des monuments
historiques
La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques et les procédures règlementaires de protection d’édifices concerne
les immeubles dont la conservation présente,
du point de vue de l’histoire ou de l’art, un
intérêt public. Ils sont alors classés « monuments historiques » en totalité ou en partie
par les soins du ministère de la Culture. Les
immeubles qui, sans justifier une demande
de classement immédiat, présentent un intérêt historique ou artistique suffisant peuvent
être inscrits à l’inventaire supplémentaire
des monuments historiques. La procédure de
protection est initiée par les services de l’État
(Direction Régionale des Affaires Culturelles),
suite à un recensement sur une zone géographique donnée, selon une typologie particulière (par exemple le patrimoine industriel,
110 |
Le dossier de protection comprend des
renseignements détaillés sur l’immeuble
(historique, descriptif, situation au regard
de l’urbanisme, situation juridique, etc.) et
des documents d’identification (photographies, plans, croquis, pièces cadastrales et
foncières). L’immeuble classé ou inscrit ne
peut subir de modification, être cédé ou
vendu sans l’accord des services de l’État.
Les travaux de restauration sont supervisés
par l’Architecte des Bâtiments de France 5 et
peuvent être financés à hauteur de 40% par
l’État. Toute construction, restauration ou
destruction projetée dans un périmètre de
500 mètres doit obtenir l’accord préalable de
l’Architecte des Bâtiments de France.
Les Grands moulins de Paris,
construits au début du
20ème siècle et désaffectés
en 1996, accueillent
aujourd’hui le campus de
l’Université Paris VII
Le secteur sauvegardé
Son objectif est à la fois de conserver le cadre
urbain et l’architecture ancienne, et de permettre une évolution en accord avec les exigences fonctionnelles contemporaines et
avec le reste de la ville. Un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, qui comprend un
règlement et des documents graphiques, est
établi par une commission locale réunissant
l’État et la collectivité territoriale concernée.
Ce plan peut interdire la démolition et préconiser la conservation d’immeubles d’intérêt patrimonial ou, à l’opposé, imposer la démolition
de tout ou partie d’immeubles de médiocre
qualité à l’occasion d’une opération d’aménagement. Il prescrit également des règles sur
l’implantation, les dimensions des constructions, l’architecture (caractéristiques géométriques, matériaux). Il peut imposer des
normes sur la voirie, les réseaux, le station-
4
Formation IMV sur
l’« Inventaire du
patrimoine », animée
par Arlette Auduc , mars
2009
5
Fonctionnaire d’État
qui garantit le respect
et la valorisation du
patrimoine.
nement et la densité de construction. Soumis
à une enquête publique, il est par la suite
approuvé par la collectivité et l’État. Ce Plan
de Sauvegarde et de Mise en Valeur s’impose
alors au Plan Local d’Urbanisme (PLU). Il est
mis en oeuvre et suivi par l’Architecte des
Bâtiments de France. Les projets de travaux
extérieurs ou intérieurs sont soumis à ce dernier et doivent recueillir son avis conforme.
Il confronte les propositions de travaux avec
les dispositions du plan de sauvegarde et de
mise en valeur et peut guider le propriétaire
dans son intervention.
Pour aller plus loin :
• PADDI, 2010, Livret
« La protection
du patrimoine
architectural et urbain
et les perspectives de
gestion du patrimoine
sur le centre
historique d’HCMV »
• Choay F., L’allégorie
du patrimoine, Seuil,
1996, 271 p.
• OPAH,
www.lesopah.fr/
• IAU-IdF, Dossier sur
le patrimoine,
http://www.iau-idf.fr/
nos-etudes/theme/
patrimoine.html
Le dispositif des Aires de Mise
en Valeur de l’Architecture et
du Patrimoine
(AVAP ou AMVAP)
Depuis 2011, les nouvelles Aires de mise en
Valeur de l’Architecture et du Patrimoine
(AVAP) remplacent les anciennes Zones de
Protection du Patrimoine Architectural, Urbain
et Paysager (ZPPAUP). L’objectif est d’étendre
la gestion des espaces patrimoniaux aux
nombreux défis de la ville durable. Ce dispositif est initié par une collectivité locale en
partenariat avec l’État. Les principes généraux sont les mêmes que ceux du secteur
sauvegardé mais sont moins stricts. L’AVAP
vient en complément des outils règlementaires de droit commun tels que le PLU.
Le dossier de l’AVAP comprend un rapport
de présentation mentionnant les motifs
qui ont conduit à sa création, un diagnostic architectural, patrimonial et environnemental fondé sur le Projet d’Aménagement
et de Développement Durable du PLU, les
mesures prévues pour la préservation et la
mise en valeur, un règlement (limitation des
droits d’usage des sols, prescriptions sur les
matériaux, traitement des espaces publics,
mobilier urbain) et un document graphique.
Celui-ci délimite le périmètre de l’AVAP qui
peut comprendre plusieurs zones géographiquement séparées. Les dispositions de la
zone de protection sont annexées au PLU.
L’Architecte des Bâtiments de France est le
garant de la conformité des travaux effectués
dans la zone de protection. L’AVAP offre,
comme pour les monuments historiques inscrits ou classés et les secteurs sauvegardés,
des avantages fiscaux pour inciter les parti-
Les bâtiments et espaces libres d’un secteur sauvegardé sont
classés dans différentes catégories (monument historique,
protection au titre du plan de sauvegarde et de mise en
valeur, prescriptions particulières, etc.). La création en 1964
du secteur sauvegardé du Marais, quartier au cœur de
Paris, a permis sa restauration immobilière. Il a été révisé
récemment afin de mieux intégrer les nouvelles orientations
en termes de logement et de développement durable et de
promouvoir une vision patrimoniale plus dynamique.
culiers à investir dans les quartiers anciens
dégradés.
En résumé, les procédures d’inscription ou
de classement se décident immeuble par immeuble alors que les procédures de secteur
sauvegardé ou d’AVAP concernent des quartiers. Il n’y a pas de hiérarchie dans le niveau
de protection entre ces deux dernières procédures, la première relève de l’initiative de
l’État, tandis que la seconde est d’initiative
locale. Très peu de nouvelles créations de
secteurs sauvegardés ont eu lieu depuis les
lois de décentralisation tandis que se créent
de nombreuses AVAP (610 AVAP, alors appelées ZPPAUP en 2010). Le PLU peut aussi protéger le patrimoine, mais il n’entre en compte
qu’au moment de l’attribution des permis de
construire de bâtiments. Le secteur sauvegardé ou l’AVAP peuvent quant à eux règlementer tous les objets, même ceux qui ne
sont pas soumis à permis de construire tels
que les espaces publics, les publicités ou les
enseignes. En outre, ils offrent dans la pratique une plus grande stabilité que le PLU qui
est fréquemment modifié.
Faire la ville
| 111
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
Le montage opérationnel des
réhabilitations immobilières
En France, les quartiers anciens sont généralement revitalisés selon trois mécanismes.
L’initiative privée est un premier levier de
réhabilitation, lorsqu’un ou plusieurs investisseurs financent l’acquisition et la réhabilitation
de leur propre logement ou d’un logement
destiné à la location ou la revente.
Certaines opérations publiques ou parapubliques consistent à acquérir et restaurer
des immeubles entiers au titre de la lutte
contre l’habitat insalubre. Dans le cadre des
Opérations de Restauration Immobilière (ORI),
suite à une enquête publique, les travaux sont
déclarés d’utilité publique et notifiés aux
propriétaires. Ceux-ci doivent s’engager à les
effectuer sous peine d’expropriation. Ce dispositif peut s’appliquer dans des périmètres
protégés au titre du patrimoine.
Enfin, la volonté publique de changer l’image
et la vocation de certains quartiers peut être
mise en œuvre grâce à une coordination des
acteurs publics et privés. L’action publique (les
collectivités ou l’Etat) peut créer des conditions favorables au changement en améliorant les équipements, les services publics, ou
la communication et la concertation avec les
habitants et usagers. L’initiative privée est
alors encouragée par des actions d’accompagnement et d’assistance technique dans
le cadre de dispositifs opérationnels tels que
les Zones d’Aménagement Concertées ou
les Opérations Programmées d’Amélioration
de l’Habitat (OPAH). Lors d’une OPAH, une
agence nationale alloue des subventions directes aux particuliers pour entreprendre des
travaux dans leur immeuble et leur logement.
Des aides peuvent également être accordées
aux propriétaires qui louent des logements,
en contrepartie desquelles ils s’engagent à ne
pas augmenter les loyers pendant une période
donnée. Ces procédures ne sont pas uniquement réservées aux quartiers patrimoniaux.
Mener à bien ce type d’opérations rencontre
des difficultés : on se heurte d’une part à la
division des immeubles en copropriété ; de
l’autre, il faut parvenir à maîtriser les phénomènes spéculatifs et éviter la gentrification,
c’est-à-dire le départ des classes populaires
et moyennes, remplacées par les catégories
sociales plus aisées.
Un travail de valorisation et de promotion du
patrimoine à destination des investisseurs
permet de démontrer qu’il existe des avantages financiers à conserver ces bâtiments
(prestige et plus-value immobilière, tourisme, etc.). Ainsi, les offices du tourisme qui
travaillent en coordination avec les acteurs
privés et publics valorisent l’image de leurs
villes. Le mariage de l’approche culturelle et
des approches fondées sur les ingénieries
techniques et financières permet d’argumenter de manière forte et crédible en faveur de
projets de mise en valeur du patrimoine.
La création d’une voie
verte le long des berges du
Rhône à Lyon a permis de
redécouvrir le patrimoine
fluvial et d’offrir un lieu de
promenade agréable aux
habitants et aux touristes
L’Opération de Restauration
Immobilière du passage
Thiaffait à Lyon dans les
années 1990 a permis de
rénover les logements
(sociaux et privés) et
les rez-de-chaussée
(installation d’une pépinière
d’entreprises). Le passage
a fait l’objet d’illuminations
lors de la Fête des Lumières
112 |
LES PROJETS ET RÉFLEXIONS DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Quelques éléments
stratégiques pour une mise en
œuvre efficace de la protection
du patrimoine 6
La problématique du patrimoine pourrait
être intégrée à l’échelle de la planification
et des schémas directeurs. En effet, appréhender les enjeux patrimoniaux à la même
échelle que celle du schéma directeur permet de se poser des questions pertinentes en
termes de déplacements (décongestionner
les axes centraux), de densité du centre ou de
développement du territoire. L’élaboration
du schéma directeur pour le centre-ville de
HCMV et la perspective du développement
de la ville moderne de Thu Thiêm constituent
un moment opportun pour concevoir le projet patrimonial du site historique au regard
du développement de l’ensemble de la ville.
Mener des diagnostics, des
inventaires et des études des
pratiques urbaines
La connaissance du patrimoine passe par
des diagnostics approfondis et des inventaires, qui permettent d’identifier les zones
concentrant des éléments patrimoniaux,
mais aussi les éléments remarquables isolés.
Le diagnostic architectural et paysager identifie les caractéristiques du paysage : la proportion de pleins et de vides, la rue, l’alignement
des villas, la partie jardin à l’arrière ou encore
les alignements d’arbres.
L’enquête bâtiment par bâtiment identifie
leur structure, leur bâti, leur statut foncier,
leur occupation sociale, leur fonction. On
peut commencer à associer les habitants et
les usagers à la démarche de sauvegarde du
patrimoine dès cette étape, notamment en
leur demandant comment ils souhaitent voir
évoluer leur quartier.
A partir de là, des scénarii contrastés sont
élaborés, en tenant compte des paramètres
techniques, financiers et humains, qui abou-
tissent à un arbitrage politique. Celui-ci
pourra être à l’origine d’une règlementation
détaillée. L’étude des pratiques urbaines peut
conduire à des aménagements spécifiques :
des cheminements piétons facilités dans certaines zones, une meilleure gestion des flux
touristiques grâce à des places de stationnement pour les autocars ou une signalétique
particulière afin de faciliter la découverte de
la ville. Cette phase de diagnostic et d’étude
peut s’appuyer sur l’analyse de données
centralisées dans des logiciels de Système
d’Information Géographique (SIG), qui permettent de croiser des applications thématiques utilisées par différents services.
La ville vietnamienne se
renouvelle sur elle-même...
qu’est-il en train de se
construire derrière cette
palissade (HCMV) ?
La conduite de projet
Un comité de pilotage restreint associant les
services techniques, les districts et un ou plusieurs experts reconnus par la communauté
scientifique peut être chargé de la gestion des
projets qui doit être guidée par une volonté
politique forte. En août 2010, un Comité de
pilotage pour la préservation du patrimoine
architectural a été créé à HCMV au sein de
l’HIDS, qui a été mandaté pour réaliser une
étude sur le patrimoine. Les missions du
Comité comprennent la programmation des
plans d’action, la coordination des services
concernés, l’identification des secteurs à protéger et l’élaboration des règlements pour la
préservation.
6
Atelier PADDI sur « La
protection du patrimoine
architectural et urbain
et les perspectives de
gestion du patrimoine
sur le centre historique
d’HCMV », animé par
Bruno Delas, janvier 2010
Faire la ville
| 113
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
Un moratoire possible à HCMV
Pour réaliser des opérations pilotes (par
exemple les secteurs de la rue Tu Xuong,
du marché Ben Thanh et du quartier Cho
Lon), il conviendrait, face à la forte pression
immobilière, d’appliquer un moratoire des
autorisations de permis de construire, afin
de disposer de suffisamment de temps pour
réaliser les études et mener les réflexions
nécessaires. Les mutations urbaines, soumises
à un règlement d’urbanisme spécifique,
seraient alors gelées avec l’interdiction de
construire ou de démolir, sans que les transactions soient interdites. Une opération
pilote permettrait de tester la coordination
des acteurs et de créer une vitrine à l’adresse
des élus et des usagers. Dans cette perspective, un projet urbain de valorisation du patrimoine et de développement du quartier de
Cholon pourrait être lancé prochainement à
partir d’une étude réalisée en 2011 pour le
DUPA par le bureau d’étude DCU sur financement du gouvernement espagnol. Cette
dernière propose un cadre opérationnel pour
la réhabilitation des bâtiments anciens et des
espaces publics, ainsi que pour le développement du tourisme.
Favoriser une culture du
patrimoine
Pour faciliter la mise en œuvre des projets
et des règlementations, il est intéressant
d’affirmer la place du patrimoine au sein
de la culture urbaine et d’y sensibiliser les
différents services techniques. En effet, il
existe souvent une coupure nette entre les
acteurs chargés de la conservation du patrimoine et les acteurs du développement
urbain. Une collaboration entre les différents services concernés peut par exemple
éviter des conflits d’usage de l’espace entre
les commerçants, les riverains, les touristes
et le trafic. Des actions de sensibilisation et
d’éducation au patrimoine peuvent être engagées au sein des écoles et auprès du grand
public, afin d’en faciliter l’appropriation. À
Lyon, des balades urbaines thématiques sont
organisées pour que les habitants, accompagnés d’un médiateur, découvrent la ville.
Des « journées européennes du patrimoine »
ont également lieu, en France et en Europe,
114 |
Des balades thématiques sont organisées par le musée de
l’histoire de Lyon (musée Gadagne)
chaque troisième week-end de septembre et
permettent de visiter de nombreux édifices
et d’autres lieux habituellement fermés au
public, ou d’avoir accès gratuitement ou à
prix réduit à des musées.
Une fiche d’identification
des bâtiments de l’étude
IMV-Interscène sur le
quartier français (Hanoi)
Une visite au musée de
l’histoire de Lyon permet de
découvrir l’évolution et les
multiples facettes de la ville
L’étude pour la protection et
le développement de l’ancien
quartier français de Hanoi 7
En raison d’un grand nombre d’opérations
immobilières d’envergure réalisées ou projetées, ce quartier central, situé au sud du lac
Hoan Kiêm, connaît d’importantes transformations. Certaines anciennes villas coloniales
ont été détruites ou sont très délabrées, tandis que des immeubles destinés à accueillir
de nouvelles fonctions tertiaires supérieures
- sièges de sociétés, banques, commerces de
luxe… - sont érigés sans tenir compte du patrimoine environnant et des caractéristiques du
quartier. C’est pourquoi le Comité populaire
de Hanoi a demandé à l’IMV de réaliser une
étude de protection sur ce quartier. Débutée
en 2007, elle a été copilotée par l’IMV et le
DUPA de Hanoi, et réalisée par l’agence française d’urbanisme-paysagisme Interscène.
Sur la base du diagnostic territorial et de l’inventaire du patrimoine réalisés, l’étude propose un règlement d’urbanisme. Les objectifs
sont notamment de trouver un équilibre
entre la protection du patrimoine et un développement urbain maîtrisé. La préservation
de l’identité du quartier par la mise en valeur
des ensembles urbains remarquables, du patrimoine végétal et des espaces publics pourrait s’effectuer tout en maintenant la diversité
des fonctions (logement, commerce…) et en
autorisant les changements d’usage des villas.
L’inventaire du patrimoine
Un inventaire systématique du patrimoine
colonial (bâtiments publics et privés) et vietnamien, notamment des édifices religieux, a
permis de classer plus de quatre cents bâtiments. Les éléments patrimoniaux visibles
depuis l’espace public sont classés en trois
catégories, outre les édifices monumentaux :
les éléments « exceptionnels », au nombre de
71, les éléments « remarquables » (252) et les
éléments « secondaires » (112). Chacun de ces
éléments a fait l’objet d’une fiche qui présente les « généralités », l’évaluation menée
par les experts vietnamiens et français et le
classement de l’élément.
Les données générales indiquent l’architecte,
la date de construction, la taille de la parcelle, le propriétaire, la fonction du bâtiment
«
La citadelle, patrimoine mondial de l’UNESCO
La citadelle de Hanoi, édifiée au 11ème siècle sous la dynastie des Ly a été le
siège du pouvoir impérial jusqu’au 19ème siècle. Aujourd’hui demeurent le
plan de l’ancienne cité impériale, des vestiges archéologiques qui font l’objet
de fouilles, et des édifices, modifiés et restaurés au cours du temps (portes
monumentales Doan Mon et Bac Mon, palais Hau Lau, etc.). Cet ensemble
a été classé patrimoine mondial par l’UNESCO en 2010 car il témoigne de la
culture originale de la basse vallée du Fleuve Rouge et est associé à des événements culturels et historiques importants. Le site est géré par le Centre de
préservation et de gestion des citadelles de Thang Long et Co Loa. Un plan
de préservation et de gestion particulier est en cours d’élaboration.
L’IMV et la région Île-de-France ont apporté leur soutien dans la constitution
du dossier de candidature au classement. Le Comité Régional du Tourisme
d’Île-de-France a participé en 2008 à la rédaction du plan de gestion général
et touristique du dossier Unesco avec le Centre de préservation de la citadelle Thang Long. Une étude complémentaire a été réalisée afin de proposer
un plan de rénovation et d’aménagement des espaces publics de la citadelle
lors de sa future ouverture aux touristes. Ses propositions concernent également la « zone tampon » de ce quartier caractérisé par de larges avenues
arborées, l’ensemble du mausolée de Hô Chi Minh et de nombreuses villas
coloniales en bon état, occupées par des administrations.
(monument, bâtiment civil ou culturel remarquable, bâtiment religieux, commerce, résidence), son style architectural (style colonial
classique, régionaliste, art-déco, moderniste,
etc.). D’autres éléments patrimoniaux qui
participent à la valeur de ce quartier peuvent
être recensés tels les clôtures, les espaces
ouverts ou le patrimoine végétal.
Quatre critères principaux de sélection ont été
retenus pour classer les bâtiments. L’« exemplarité » correspond au caractère remarquable
de l’élément patrimonial étudié, essentiellement à ses qualités architecturales. La « cohérence au regard d’un ensemble patrimonial »
correspond à la valeur supplémentaire
lorsqu’il s’inscrit dans une série par exemple
des constructions accompagnant un monument, plusieurs villas qui se succèdent ou qui
marquent les angles d’un carrefour. La « cohérence au regard d’un ensemble urbain » désigne la valeur supplémentaire d’un élément
patrimonial lorsqu’il entre dans une composition urbaine, c’est-à-dire qu’il occupe une
position clé dans un espace ouvert (front
de lac, carrefour, place, square..) et/ou qu’il
s’inscrit dans une perspective, un ensemble
urbain particulier. Ce dernier peut être composé d’éléments qui, en soi, ne présentent
pas de caractère remarquable, mais qui participent à une entité urbaine remarquable.
7
Étude IMV-Interscène,
« Étude pour le
développement et la
protection de l’ancien
quartier français de
Hanoi », 2007-2010
Enfin, la « valeur culturelle » correspond à la
valeur symbolique attribuée à un lieu ou à un
Faire la ville
| 115
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
édifice, indépendamment de son aspect et
de sa valeur architecturale. L’évaluation de
cette valeur symbolique, étroitement liée à la
culture et à l’histoire du Viêt-Nam, a été laissée au soin des experts vietnamiens.
Deux critères complémentaires, concernant
l’état général du bâti et ses transformations,
ont également été pris en compte. Puis les différentes notes de classement d’un même élément ont été synthétisées pour en proposer
une évaluation globale. Enfin, une cartographie par secteur et par îlot a permis la localisation de chaque construction relevée, identifiée
par une couleur correspondant à son évaluation (jaune pour «secondaire», orange pour
« remarquable » et rouge pour
« exceptionnel »). Ce plan a fait apparaître
des ensembles patrimoniaux à valoriser en
priorité.
Selon ce plan, la protection des éléments
patrimoniaux se ferait en fonction de leur
classement. Les parcelles des éléments classés comme « monumentaux » deviendraient
inconstructibles, ce qui garantirait contre
leur éventuelle destruction. Des constructions pourraient être autorisées à l’arrière
des parcelles des éléments « exceptionnels
et remarquables ». Un principe de gradation
dans les hauteurs des bâtiments nouveaux
et des implantations en recul de la rue en
fonction de sa largeur sont proposés. Enfin,
Les propositions du plan
d’aménagement : une liaison
verte et des possibilités
de renouvellement urbain
modulables en fonction des
secteurs
Le plan d’aménagement propose la création
d’un parcours piéton, favorisant les ruelles,
les jardins et les berges des lacs, et qui constituerait un lien entre les différents quartiers
patrimoniaux.
Pour aller plus loin :
• Service de
l’Inventaire général du
patrimoine culturel
de la Région Île-deFrance, IMV, Hanoi,
rêves d’Occident en
Extrême-Orient,
Éditions Sogomy,
Images du patrimoine
• Clément P.,
Lancret N. (dir.),
Hanoi ; le cycle des
métamorphoses,
Éditions Recherches/
IPRAUS, 2001, Paris,
351 p.
La liaison verte, une boucle
de mise en valeur paysagère
afin de relier le lac de
l’Ouest et le lac Hoan Kiêm
(Hanoi), et d’offrir des lieux
et des itinéraires piétons
agréables aux habitants et
aux touristes
les constructions d’ordre « secondaire » pourraient être démolies, bien que la préservation de leurs façades soit recommandée. De
manière générale, la restauration des édifices
selon un cahier des charges précis et la démolition des ajouts entre les constructions et
l’alignement de la rue sont conseillées.
Le diagnostic patrimonial
et urbain effectué sur
le quartier français de
Hanoi offre une vision des
ensembles patrimoniaux à
valoriser
116 |
Le périmètre de protection stricte comprendrait les quartiers de l’Opéra, de la cathédrale, du lac Thiên Quang et le quartier
politique de Ba Dinh. En effet, un enjeu patrimonial majeur est d’appréhender et de gérer
de manière coordonnée les trois quartiers
historiques de la citadelle, du vieux quartier
et du quartier français.
Un projet de règlement
d’urbanisme spécifique à ce
quartier
Le règlement qui accompagne le plan pourrait permettre aux services techniques municipaux et aux districts de Hoan Kiêm et de
Ba Dinh de mettre en œuvre aisément les
mesures proposées. Ce plan, quoique non
encore officiellement approuvé par les autorités en 2012, constitue désormais pour le
DUPA une référence pour la délivrance des
permis de construire et la gestion de l’urbanisme. Six cents villas sont donc protégées
dans les faits.
Protection et valorisation
touristique du patrimoine
dans l’ancien village de
Duong Lâm 8
Le règlement propose un classement du patrimoine à
valoriser et des zones où les nouvelles constructions seraient
plus ou moins en retrait de la rue en fonction de sa largeur
(Hanoi)
bué à mettre en évidence le patrimoine bâti
de cette ancienne province, notamment les
villages anciens, les pagodes et les temples.
Mieux protéger et valoriser le patrimoine de
la culture Doai, spécifique des villages situés
à l’ouest du fleuve Rouge, est donc devenu
une des priorités des autorités locales. Ainsi
le village de Duong Lâm a été classé vestige
historique national en 2005 en raison du
cachet de son architecture faite de maisons
traditionnelles préservées - la plus vieille
maison du village a quatre cents ans - et de la
présence de hauts lieux culturels.
Ce village affiche une activité touristique
croissante (plus de 70 000 visiteurs en 2010,
150 000 prévus en 2015) et souhaite l’intégrer à son développement économique. C’est
pourquoi son centre de gestion du patrimoine a sollicité l’appui de la Région Île-deFrance pour une mise en valeur touristique
respectueuse du site. Le projet pilote de patrimonialisation propose d’intervenir sur le
tronçon de voie reliant la porte du village à la
place principale, afin de valoriser sa Maison
communale et son atmosphère, dénaturée
par des transformations récentes.
Une ruelle du village de
Duong Lâm (Hanoi)
8
Étude IMV en cours.
L’extension du territoire de Hanoi à l’ancienne province de Ha Tây en 2008 a contriFaire la ville
| 117
Lexique
Lexique
NB : Compte tenu de l’utilisation plus étendue de certains sigles en anglais, nous avons conservé
l’appellation anglophone. Ainsi, le département de la Planification Urbaine et de l’Architecture
est le DUPA et le département des Transports et des Communications, le DoT.
AFD : Agence Française de Développement
ANAH : Agence Nationale pour l’Amélioration
de l’Habitat
ANRU : Agence Nationale de Rénovation Urbaine
AOT(U) : Autorité Organisatrice des Transports
(Urbains)
AVAP : Aire de mise en Valeur de l’Architecture
et du Patrimoine
BAD : Banque Asiatique de Développement
BRT : Bus Rapid Transit – Bus à Haut Niveau de
Service
CDF : Centre de Développement Foncier
CGB ou MOCPT : Centre de Gestion des Bus de
HCMV
DoC : Département de la Construction
DoF : Département des Finances
DoNRE : Département des Ressources
Naturelles et de l’Environnement
DoSTE : Département des Sciences et
Technologies
DoT(C): Département des Transports (et des
Communications à HCMV)
DPI : Département du Plan et de l’Investissement
DTA : Directive Territoriale d’Aménagement
DUP : Déclaration d’Utilité Publique
DUPA : Département de la Planification
Urbaine et de l’Architecture
EPA : Établissement Public d’Aménagement
EPF (L) : Établissement Public Foncier (Local)
HCMV : Hô Chi Minh-ville
HIDS : HCMC Institute for Development Studies
ICA : Autorité de Gestion de Thu Thiêm
IMV : Institut des Métiers de la Ville
JICA : Japan International Cooperation Agency
KTT : Khu Tap The, ensembles de logements
sociaux des années 1960-70
LOTI : Loi d’Orientation des Transports Intérieurs
MAUR : Management Authority for Urban
Railways
MoC : Ministère de la Construction
MoF : Ministère des Finances
MoNRE : Ministère des Ressources Naturelles
et de l’Environnement
OIE : Observatoire de l’Immobilier d’Entreprise
OPAH : Opération Programmée d’Amélioration
de l’Habitat
118 |
OPALE : Observatoire Partenarial Lyonnais en
Économie
OTIF : Observatoire des Transactions
Immobilières et Financières
PADD : Projet d’Aménagement et de
Développement Durable
PADDI : Centre de Prospective et d’Etudes
Urbaines
PDU : Plan de Déplacements Urbains
PLD : Plan Local de Déplacements
PLH : Programme Local de l’Habitat
PLU : Plan Local d’Urbanisme
PNR : Parc Naturel Régional
PNRU : Programme National de
Renouvellement Urbain
PTU : Périmètre de Transport Urbain
RATP : Régie Autonome des Transports Parisiens
RER : Réseau Express Régional
SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale
SDPHO : Surface Développée Pondérée Hors
Oeuvre
SDRIF : Schéma Directeur de la Région Île-deFrance
SEM : Société d’Économie Mixte
SEPAL : Syndicat mixte d’Études et de
Programmation de l’Agglomération Lyonnaise
SHON : Surface Hors Oeuvre Nette
SIG : Système d’Information Géographique
SIUP : Southern Sub-Institute of Urban Planning
SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer
SRADT : Schéma Régional d’Aménagement du
Territoire
SRU : Loi relative à la Solidarité et au
Renouvellement Urbain
STIF : Syndicat des Transports d’Île-de-France
SWOT : Strenghs, Weaknesses, Opportunities
and Threats
SYTRAL : Syndicat Mixte des Transports pour le
Rhône et l’Agglomération Lyonnaise
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
VIAP : Viêt-Nam Institute of Architecture and
Urban and Rural Planning
ZAC : Zone d’Aménagement Concerté
ZAD : Zone d’Aménagement Différé
ZAPA : Zone d’Actions Prioritaires pour l’Air
ZPPAUP : Zone de Protection du Patrimoine
Architectural Urbain et Paysager
Remerciements
Nous souhaitons remercier tout particulièrement Laura Petibon qui a eu la lourde tâche de
synthétiser la somme considérable d’informations contenues dans les documents de travail
de l’IMV et du PADDI.
Cet ouvrage étant réalisé à partir des résultats des études et des ateliers menés par le PADDI
et l’IMV, il n’aurait pu voir le jour sans le soutien permanent de nos partenaires vietnamiens.
Le PADDI tient donc à remercier les directeurs ainsi que les équipes des départements techniques de HCMV : le département de la Planification Urbaine et de l’Architecture, l’Institut
de Recherche et de Développement de HCMV (HIDS), le département des Transports et des
Communications et le Centre de gestion des bus, le département des Ressources Naturelles et
de l’Environnement, le département de la Construction, le Centre de conservation de l’énergie,
le Comité de gestion des transports ferrés, le Comité de gestion du projet de Thu Thiem et le
Centre de lutte contre les inondations. La qualité des échanges menés avec eux, la pertinence
de leurs questionnements et leur volonté d’appropriation d’outils témoignent d’un partenariat
actif. Les remerciements du PADDI vont également aux experts du Grand Lyon, de l’Agence
d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, du Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (SYTRAL), du CERTU et des autres collectivités, notamment de Saint-Étienne et de Grenoble pour leur expertise de grande qualité et leur
implication. Enfin, le PADDI remercie Madame Nguyen Hong Van, sa co-directrice, Jean-Charles
Castel, son conseiller scientifique, Huynh Hong Duc son traducteur ainsi que l’équipe du PADDI.
L’IMV remercie son co-directeur, M. Ha Van Quê, directeur du service des affaires extérieures
du comité populaire de Hanoi, pour le soutien qu’il apporte à la coopération en urbanisme
avec la région Île-de-France depuis son origine. Les remerciements de l’IMV s’adressent également aux services du comité populaire de Hanoi (département des Transports, département
d’Architecture et d’Urbanisme, l’Institut de planification urbaine de Hanoi, département de la
Culture, des Sports et du Tourisme, Service des relations internationales, TRAMOC, Centre de
la citadelle, Bureau de gestion de l’ancien village de Duong Lâm), ainsi qu’au Ministère de la
Construction et à l’Institut de recherche en architecture et de planification rurale et urbaine
du Viêt-Nam pour la qualité du partenariat noué dans la réalisation des études et projets de
l’IMV. Les interventions de l’IMV n’auraient pas été possibles sans l’appui précieux des experts
de la région Île-de-France, notamment de l’Unité aménagement durable, du Comité Régional
du Tourisme, de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Île-de-France, de
l’agence régionale des espaces verts, du service de l’inventaire général du patrimoine culturel,
de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et du Syndicat des Transports d’Île-deFrance (STIF). Qu’ils en soient remerciés.
Crédits photographiques
Couverture : Sandrine Llouquet, www.tumtumtree.asia
Introduction : HCMV © DUPA HCMV — Expansion urbaine HCMV © PADDI — Région Rhône-Alpes - Grand
Lyon © Grand Lyon — Expansion urbaine agglomération lyonnaise © Grand Lyon — Hanoi © DUPA Hanoi—
Expansion urbaine Hanoi © IMV d’après le Bureau de gestion du vieux quartier de Hanoi — Région Île-de-France
© Région Île-de-France — Expansion urbaine Paris © IMV d’après IAU-IdF
Chapitre Planification urbaine : Schéma directeur de HCMV © DUPA HCMV — Inondations à HCMV © PADDI
— Périphérie de HCMV © PADDI — Schéma directeur du centre ville © Nikken Sekkei — Schéma directeur du
centre ville © Nikken Sekkei — Planification par ratios © PADDI d’après DUPA HCMV — Projet de Thu Thiêm
© Sasaki — Ha Dong © C.Musil — Schéma directeur district 4 © DUPA HCMV — Workshop © PADDI — SCoT
2030 © Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise (AUAL)— Label éco-quartier © Ministère du développement durable — Concertation © PADDI — Logo Île-de-France © Région Île-de-
Faire la ville
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Credits photographiques
France — Logo Paris métropole © Paris métropole — Logo Société du Grand Paris © Société du Grand Paris
— Intercommunalité © IAU-IdF — Réunion des syndicats mixtes © Grand Lyon — Orientations stratégiques
© AUAL — Schéma directeur de la Région Île-de-France © IAU-IdF — Charpente urbaine de HCMV © AUAL/P.
Berger — Les quatre types de zones © AUAL — ZAC Lyon Confluence © Flickr, Calystee — Méthode d’élaboration
d’un schéma directeur © PADDI d’après G.Antier — PLU de Lyon © AUAL — Planification interdistrict © DUPA
HCMV — Secteurs, Lyon 2010 © AUAL — Secteurs à HCMV © AUAL/P.Berger — Schéma directeur de Hanoi ©
VIAP — Villes satellites à Hanoi © VIAP — SDAURP 1965 © IAU-IdF — Répartition des terres à Hanoi © VIAP
— Corridor vert © IMV — Schéma régional de Hanoi © VIAP — Carte du développement économique © AUAL
— Onlylyon © Flickr F.Virone — Carte des entreprises © OPALE — Carte des pôles de compétitivité © AUAL
Chapitre Foncier urbain : An Phu © C.Musil — My Dinh © C.Musil — Plan foncier HCMV © DoNRE HCMV — Prix
officiels© PADDI d’après DoNRE HCMV — Trung Hoa © C.Musil — Livret rose © PADDI — Plan foncier districts
1 et 2 © DoNRE HCMV — Plan foncier district 4 © DoNRE HCMV — Cadastre © Grand Lyon — Carte des secteurs d’intervention foncière © AUAL — Carte des droits de préemption © Maire d’Évry — Déclaration d’Utilité
Publique © CERF — Carte des prix immobiliers © OTIF — Référentiel foncier © Grand Lyon — Terrains vacants
district 8 © DUPA HCMV — Récupérations © DoC HCMV — Terrains mutables © PADDI/TGH — Phu My Hung
© C.Musil — Vignettes de parcellaire © Nikken Sekkei — Lotissement © PADDI — ZAC © PADDI — Vignettes
SIG © Grand Lyon — SIG outil d’analyse © Grand Lyon — SIG hauteurs © Grand Lyon — SIG référentiel © Grand
Lyon — WebSIG © DoSTE HCMV
Chapitre Transports urbains : Pôle d’échanges de Long Bien © C.Musil — Partage de la voirie © C.Musil —
Répartition modale Hanoi © IMV — Intérieur de bus © C.Musil — Bus Transerco © IMV — Embouteillages
à Bangkok © Flickr Misterfred — Encombrement des trottoirs © IMV/Interscène — Couloirs de bus © IMV
— Attente du bus © C.Musil — Plan du réseau de bus © DoT HCMV/CGB HCMV — Intermodalité © Flickr J-L
Zimmermann — Modes doux © SYTRAL — Communication sur l’accessibilité © SYTRAL — Rue partagée ©
PADDI — Urbanisme du réel/rêvé/possible © D.Mangin — Urbanisme de corridor © IPPUC — Densification
préférentielle © IAU-IdF — PDU Grand Lyon © SYTRAL — Pôle d’échanges Gare du Nord © CC C.Shoshany
— Informations voyageurs à Paris © Flickr J-L.Zimmerman — Coordination des réseaux © STIF — Validation
Navigo © STIF — Automate Navigo © CC Greenski — Creusement du tunnel © SYTRAL — Prolongement du
tramway © STIF — Grand Paris Express © STIF — Informations voyageurs à HCMV © PADDI — Intégration
des réseaux à Hanoi © IMV — Cartes d’abonnement bus © IMV — Points noirs des accidents © DoT HCMV —
Dépôt de bus avant/après © IMV — Formation © PADDI — Pôle d’échanges de Cholon © C.Musil — Péage de
Singapour © Flickr I.Tomoaki — Croquis du pôle de Long bien © IMV — Pôle de Câu Giây avant/après © IMV —
Pôle d’échanges de Nhon © IMV — Métro ligne n°3 © Systra — Périmètre du projet BRT © AUAL - DeSo - PADDI
- Banque mondiale (BM) — Capacités du BRT © PADDI d’après Y.Genevois — Stations de BRT © AUAL - DeSo
- PADDI - BM — Compartiments chinois © AUAL - DeSo - PADDI - BM — Accessibilité piétonne © AUAL - DeSo PADDI - BM — Boulevard Vo Van Kiet © AUAL - DeSo - PADDI - BM — Connexion des stations BRT © AUAL - DeSo
- PADDI - BM — Vallée verte © AUAL - DeSo - PADDI - BM
Chapitre Logement : Binh Thanh © C.Musil — Habitat diversifié © C.Musil — Barème des loyers © MoC — KTT
© IMV — Boulevard Vo Van Kiet en 2005 © C.Gallavardin — Boulevard Vo Van Kiet en 2012 © PADDI — Emprises
à acquérir © PADDI d’après C.Musil — Compartiments du vieux quartier © IMV — Barres de logements © PADDI
— Logements Île-de-France © B.Basset, IAU-IdF — Carte des demandeurs de logements sociaux © IAU-IdF —
Différentes formes de logement social © Grand Lyon — Carte des Contrats Urbains de Cohésion sociale © Grand
Lyon — Grands ensembles La Duchère © J.Léone — Dynamitage © Grand Lyon — Programme de reconstruction
© Grand Lyon — Récupération à Thu Thiêm © PADDI — Indemnisation à Thu Thiêm © DoC — Épicerie et relogement © PADDI — Immeuble de relogement © PADDI — Boîtes aux lettres © PADDI — Règlement d’immeuble
en copropriété © PADDI — Immeubles collectifs © C.Musil
Chapitre Patrimoine : citadelle de Hanoi © IMV — Compartiments à Hanoi © IMV — Carte des bâtiments
coloniaux © Nikken Sekkei - DUPA — Tours du district 1 © C.Musil — Surélévation des compartiments © IMV —
Villa © IMV — Villa moderne © IMV-Interscène — Compartiments à Cholon © PADDI — Alignements d’arbres
© PADDI — Périmètres Unesco © Grand Lyon — Vieux Lyon © Grand Lyon — Opéra © Flickr P.Guinoiseau
— Grands moulins © CC PierRoman — Secteur sauvegardé © Mairie du 4ème, Paris — Opération du passage
Thiaffait © Grand Lyon — Berges du Rhône © AUAL — Palissades de chantier © IMV — Fiche d’inventaire ©
IMV-Interscène — Balades urbaines © Musée Gadagne — Musée © Musée Gadagne — Liaison verte © IMVInterscène — Vue d’ensemble du patrimoine © IMV-Interscène — Règlement proposé © IMV-Interscène —
Village © IMV
120 |
FAIRE LA VILLE
Comment rendre la planification urbaine plus effective au ViêtNam ? Comment développer l’offre de logements, de services
urbains, d’infrastructures, dans un pays où l’on prévoit que la
part de la population urbaine (un tiers aujourd’hui) dépassera
celle de la population rurale en 2040 et qui connaît le rythme
d'urbanisation le plus élevé de l'Asie du Sud-Est ? Cette croissance urbaine, concentrée sur les deux métropoles de Hanoi et
de Hô Chi Minh-ville, entraîne de profondes recompositions
territoriales aux échelles nationale et locale.
Compte tenu de la forte croissance économique et démographique, les autorités publiques et les professionnels de l’urbain
travaillent dans une certaine urgence pour relever les défis d’un
développement urbain très dynamique. Il s’agit, entre autres,
d’améliorer la qualité de vie des habitants et d’offrir un environnement favorable au développement économique.
L’urbanisme vietnamien, en pleine effervescence, est donc en
quête de nouveaux outils et méthodes. Cet ouvrage synthétique
et largement illustré propose, à travers une vision transversale
des enjeux de l’urbanisme au Viêt-Nam, des outils opérationnels
et des pistes de réflexion sur cinq thèmes : la planification
urbaine, le foncier, les transports collectifs, le logement et le
patrimoine. Ces éléments de débat ont émergé à partir
d’échanges d’expériences sur l’urbanisme entre professionnels
vietnamiens et français, dans le cadre des projets de coopération
décentralisée de l’Institut des Métiers de la Ville/IMV (Région
Île-de-France - Comité populaire de Hanoi) et du Centre de
prospective et d’études urbaines/PADDI (Région Rhône-Alpes Grand Lyon - Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville).