Éditeur / Herausgeber
Direction / Direktion
Reto Blumer
Coordination / Koordination
Mireille Ruffieux
Révision scientifique / Wissenschaftliches Lektorat
Barbara Bär
Gabriele Graenert
Aude-Line Pradervand
Dominique Bugnon
Elsa Mouquin
Mireille Ruffieux
Relecture / Korrektorat
Richard Sylvestre
Traduction / Übersetzung
Barbara Bär : 5, 8-9, 11-12, 18-21 (légendes fig.), 24-29 (légendes fig.), 32 (chapeau),
65 (résumé), 100 (chapeau), 115 (résumé), 116 (chapeau), 135 (résumé), 141
Dominique Bugnon : 22-23 (légendes fig.), 66 (chapeau), 99 (résumé)
Mise en page / Layout
Annick Tinguely
Pierre-Alexandre Huguet
Commandes / Bestellungen
Planche-Supérieure / Obere Matte 13
CH-1700 Fribourg / Freiburg
Tél. 026 305 82 00
Fax 026 305 82 01
E-mail saef@fr.ch
Tirage / Auflage
500 ex.
Réalisation et impression / Ausführung und Druck
Photo de couverture / Titelbild
Fibule de Fétigy/La Rapettaz (alliage cuivreux, or et verre ; 2e moitié du VIIe siècle) présentée dans l’exposition
« D’ombre et de lumière. Les Mérovingiens – Die Merowinger » (Photo : Claude Zaugg)
Fibel von Fétigy/La Rapettaz (Buntmetall, Gold und Glas; 2. Hälfte 7. Jahrhundert), die in der Ausstellung
«D’ombre et de lumière. Les Mérovingiens – Die Merowinger» gezeigt wurde (Foto Claude Zaugg)
Les auteur-e-s sont seul-e-s responsables du contenu de leur-s article-s
Für den Inhalt der Beiträge zeichnen die Autoren/-innen verantwortlich
© 2020 l'éditeur / der Herausgeber
ISSN 1423-8756
Sommaire
Inhalt
4 ................................................................................... Editorial
Études / Auswertungen
Reto Blumer
8 ................................... Calendrier / Kalender 2020
32 .................................... La faune mésolithique de l’abri
d’Arconciel/La Souche :
archéozoologie des ensembles V et VI
Jean-Christophe Castel
Aperçus / Einblicke
avec la collaboration de Michel Mauvilly
66 ............................................. Die Murtener Strandplatte
16 .......................................... Archéologie du territoire 2019
18 ......................................... 5000 ans d’histoire sur 2,5 km
à Prez-vers-Noréaz
Christian Kündig
100 ........................... Le couvent d’Hauterive à la lumière
des nouvelles découvertes
Aude-Line Pradervand
Jacques Monnier, avec la collaboration de
Louise Rubeli et Henri Vigneau
116 .................................................... Fribourg, le Stalden 6 :
20 ........................................ L’aqueduc de Bonne Fontaine :
une maison ordinaire ?
Gilles Bourgarel
une nouvelle source d’informations
Louise Rubeli
22 ............................................................... Neue Forschungen
zum römischen Tempelareal von
Estavayer-le-Gibloux
Michel Franz
24 ............................................................. Un abri sous falaise
en plein cœur de Fribourg
Léonard Kramer et Michel Mauvilly
26 ........................................................ Le moulin d’Hauterive :
un monument oublié !
Aude-Line Pradervand
28 .................................. Chauds, chauds les fours à chaux
Romain Pilloud
137 ......................................... Abréviations / Abkürzungen
139 .............................. Publications / Publikationen 2019
4
Éditorial
Reto Blumer
Archéologue cantonal
Ouverture – fermeture – ouverture – fermeture.
ou polies illustrent des ouvertures à plus ou moins
sont quand même mises en débat, et cette
Le cycle imposé par les directives sanitaires
grandes distances, tandis que des villages instal-
ouverture au monde mènera aux balbutiements
successives liées à la pandémie Covid-19
lés derrière des éperons barrés de fossés et de
de la modernité.
influence l’activité économique, la manière
palissades témoignent, à l’opposé, d’une ferme-
de considérer, d’appréhender, de réaliser et de
ture face aux dangers.
L’époque moderne s’ouvre à l’imprimerie et à la
diffusion des écrits, permettant le développe-
juger le travail, mais aussi la perception de
L’apparition de la métallurgie, d’abord du
ment des sciences historiques, avec notamment
l’autre. Ainsi, chaque acteur de la société tou-
cuivre, puis du bronze et finalement du fer, offre
les études numismatiques et épigraphiques. Si la
ché par une fermeture portera un regard assez
aux populations d’innombrables nouvelles pos-
discipline historique est encore intimement liée à
critique sur celui qui profite d’une ouverture.
sibilités de s’ouvrir ou de se fermer. Extensions
l’histoire naturelle, la religion tente de brider l’ou-
Des éclats de compassion, ou alors de jalousie,
agricole et pastorale, accroissement démogra-
verture vers les démonstrations. Au milieu du
trahissent nos émotions dans cette crise sani-
phique, voies de communication, importations,
XIXe siècle, des vestiges matériels commencent
taire qui n’en finit pas.
création de richesses, spécialisations et stratifi-
à être interprétés comme « antédiluviens », soit
En archéologie, l’ouverture est souvent syno-
cation sociale d’une part, mais aussi, a contra-
antérieurs au Déluge biblique, ce qui va initier la
nyme de renouveau : la saison des fouilles qui
rio, appauvrissement des sols ou des forêts,
démarche archéologique, discipline qui jettera de
débute lorsque s’installe une météo plus clé-
maladies, autarcie, tensions interculturelles ou
nombreux ponts entre lettres et sciences. Il aura
mente, et cette odeur d’humus qui est « dégrap-
ethniques, crises, conflits armés : cela ne rap-
donc fallu que les eaux de la colère divine se
pé » en préambule à l’exploration du sous-sol
pelle-t-il pas quelque chose de connu ?
referment sur la Terre pour que nos yeux puissent
terreux. La fermeture, imposée par le temps à
La grande civilisation romaine est caractéri-
disposition et dépendante de la dernière struc-
sée par une ouverture au monde qu’elle domine,
Au final, en cette période de crise pandé-
ture à documenter, est synonyme de fin d’inter-
l’attrait pour les ressources dont elle dépend,
mique de 2020-2021, il y a fort à parier que les
vention, d’ultime vérification, de rebouchage des
les croyances qu’elle partage et les dieux qui la
fermetures, malgré leurs violences économique,
secteurs et des tranchées, et de remise en état
protègent. En corollaire, la barbarie, voire la
sociale et culturelle, précèdent de nouvelles
du terrain. Beaucoup d’interventions archéolo-
sauvagerie, est associée à tout ce qui se trouve
ouvertures qui nous mèneront – espérons-le de
giques indiquent que le patrimoine est mis à
en dehors du cadre impérial : autres peuples,
tout cœur – vers des lendemains qui chanteront
rude épreuve et on espère disposer de suffisam-
autres langues, autres coutumes, autres dieux,
et danseront. Ou pas ? Le seul moyen de le
ment de moyens pour sauvegarder de manière
autres paysages. Les frontières évoluent au gré
savoir, c’est d’attendre la suite de l’Histoire !
adéquate et à temps cet héritage du passé. Et à
des cycles de fermeture et d’ouverture : la peur
chaque fermeture de chantier, l’archéologue,
de l’autre et de l’inconnu active la fermeture ter-
amoureux de son métier, souhaite évidemment
ritoriale, tandis que l’exploration et la connais-
que ce ne soit pas la dernière.
sance attisent les convoitises commerciales et
La Préhistoire, la Protohistoire et l’Histoire
sont parsemées d’alternances d’ouvertures et
de fermetures.
les velléités conquérantes.
Derrière les portes fermées du bourg du
Moyen Âge, on se prémunit des assauts des
En des temps très anciens, les glaciers se
troupes ennemies ou des vagues d’épidémies
referment sur nos régions. À leur recul, ils
ravageuses. On ouvre pour laisser entrer mar-
laissent la place à un paysage ouvert de toun-
chands et cargaisons ainsi que le fruit de l’im-
dras, puis de steppes herbeuses. Les barrages
pôt. On entrouvre aussi pour repousser les
glaciaires fermés entraînent la montée des lacs,
contagieux hors des murs mais il faut refermer
tandis que leur ouverture permet ensuite le creu-
sitôt qu’une menace se fait sentir, afin de proté-
sement des canyons. Puis, ce sont les forêts qui
ger au mieux la communauté en se postant aux
ferment les paysages dégagés, pour que les
rares ouvertures représentées par les meur-
chasseurs-cueilleurs du Mésolithique puissent
trières. Le malheur n’arrivant jamais seul, on
s’ouvrir à la chasse et à la cueillette. Plus tard, ici
ferme la porte aux explications naturelles pour
et là, les populations agropastorales néolithiques
ouvrir celles des superstitions, plus ou moins
ouvrent des clairières pour faire paître du bétail et
fortement entretenues par les pouvoirs spiri-
pour cultiver des céréales et des légumineuses.
tuels et temporels. Pourtant, les siècles lais-
Des échanges de céramiques et de roches taillées
sant la place aux siècles, les traditions établies
s’ouvrir au passé insoupçonné !
5
Editorial
Reto Blumer
Kantonsarchäologe
Öffnung – Schliessung – Öffnung – Schlies-
Dann kommen die Wälder, welche die offe-
Steuereinnahmen einzulassen, aber auch um
sung. Der Zyklus, der durch die immer
nen Landschaften schließen, so dass sich die
ansteckende Kranke aus ihren Häusern zu
wieder angepassten Gesundheitsrichtlinien
Menschen im Mesolithikum der Jagd und dem
vertreiben. Um die Gemeinschaft so gut wie
im Zusammenhang mit der Covid-19-Pande-
Sammeln öffnen können. Später öffnen die
möglich zu schützen, schliessen sie sich,
mie auferlegt wurde, beeinflusst die wirt-
agropastoralen Gemeinschaften des Neolithi-
sobald eine Bedrohung spürbar wird. Die ein-
schaftliche Tätigkeit, die Art und Weise, wie
kums durch Rodungen der Waldflächen die
zigen Öffnungen, die dann noch bestehen,
man die Arbeit betrachtet, begreift, ausführt
Landschaft wieder, um Vieh zu weiden sowie
sind die Schiessscharten, an denen man
und beurteilt, aber auch die Wahrnehmung
Getreide und Hülsenfrüchte anzubauen. Der
Position bezieht. Da ein Unglück selten allein
der Anderen. So wird jedes Mitglied der
Austausch von Keramik und geschlagenen oder
kommt, verschliesst man sich gegenüber
Gesellschaft, das von einer Schließung betrof-
geschliffenen Steinwerkzeugen zeugen von der
natürlichen Erklärungen und öffnet Tür und
fen ist, einen ziemlich kritischen Blick auf
Öffnung gegenüber der Aussenwelt, während
Tor dem Aberglauben, der von geistlichen und
denjenigen werfen, der von einer Öffnung
hinter Palisaden und Gräben errichtete Dorfan-
weltlichen Mächten mehr oder weniger stark
profitiert. Ausbrüche von Mitleid oder sogar
lagen für eine Abschottung gegenüber äusse-
aufrechterhalten wird. Doch im Laufe der
Eifersucht verraten unsere Gefühle in dieser
ren Gefahren stehen.
Jahrhunderte werden etablierte Traditionen
Das Aufkommen der Metallurgie, zuerst von
immer wieder in Frage gestellt, und diese Öff-
In der Archäologie ist Offenheit oft gleichbe-
Kupfer, dann von Bronze und schließlich von
nung gegenüber der Welt führt zu den Anfän-
deutend mit Erneuerung: die Grabungssaison,
Eisen, bietet den Menschen unzählige neue
gen der Moderne.
die bei milderem Wetter beginnt, und der
Möglichkeiten, sich zu öffnen oder zu schließen.
Die Neuzeit öffnete sich dem Buchdruck
Geruch von Humus, der als Auftakt zur Erkun-
Landwirtschaftliche und pastorale Ausdehnung,
und der Verbreitung der Schrift, was wiederum
dung des erdigen Untergrunds abgetragen
Bevölkerungswachstum, Kommunikationswege,
die Entwicklung der Geschichtswissenschaften,
wird. Dagegen ist die Schliessung, die durch die
Importe, Wohlstandsbildung, Spezialisierung
insbesondere der numismatischen und epigra-
zur Verfügung stehende Zeit auferlegt wird und
und soziale Schichtung auf der einen Seite,
phischen Studien, ermöglicht. Ist die Geschichts-
von der letzten zu dokumentierenden Struktur
aber auch Verarmung des Bodens oder der Wäl-
wissenschaft noch eng mit der Naturgeschichte
abhängt, gleichbedeutend mit dem Ende des
der, Krankheiten, Autarkie, interkulturelle oder
verbunden, so versucht die Religion, die Öffnung
Bodeneingriffs, der Endkontrolle, dem Auffüllen
ethnische Spannungen, Krisen, bewaffnete Kon-
hin zur Beweisführung einzuengen. Mitte des
von Sektoren und Gräben und der Wiederher-
flikte: Kommt uns das nicht bekannt vor?
19. Jahrhunderts begann man, materielle Über-
nicht enden wollenden Gesundheitskrise.
stellung des Geländes. Bei vielen archäologi-
Die große römische Zivilisation zeichnet sich
reste als «vorsintflutlich» zu interpretieren,
schen Interventionen zeigt sich, dass das
durch ihre Offenheit gegenüber der Welt aus,
was den Weg öffnete für die archäologische
Bodenerbe auf den Prüfstand gestellt wird, und
die sie beherrscht, durch den Anreiz für die Res-
Vorgehensweise, eine Disziplin, die noch viele
es ist zu hoffen, dass genügend Mittel zur Ver-
sourcen, von welchen sie abhängt, durch die
Brücken zwischen Geistes- und Naturwissen-
fügung stehen, um diese Hinterlassenschaften
Glaubensvorstellungen, die sie teilt, und durch
schaft schlagen sollte. Die Erde musste sich
der Vergangenheit angemessen und rechtzeitig
die Götter, die sie schützen. Als Folge davon
zunächst vor den göttlichen Flutwassern
zu sichern. Und jedes Mal, wenn eine Ausgra-
wird Barbarei, ja Wildheit, mit allem assoziiert,
abschliessen, ehe sich unsere Augen für die
bungsstätte geschlossen wird, hofft der sei-
was außerhalb der Reichsgrenzen liegt: andere
ungeahnte Vergangenheit öffnen konnten!
nem Beruf eng verbundene Archäologe, dass
Völker, andere Sprachen, andere Sitten, andere
Letztendlich besteht auch in der aktuellen
es nicht die letzte sein wird.
Götter, andere Landschaften. Grenzen entwi-
pandemischen Krise die Chance, dass die
Vorgeschichtliche, frühgeschichtliche und
ckeln sich gemäss Zyklen von Schließung und
Schliessungen, trotz ihrer negativen wirtschaftli-
geschichtliche Epochen sind geprägt durch den
Öffnung: Die Angst vor dem Anderen und dem
chen, sozialen und kulturellen Folgen, neuen Öff-
ständigen Wechsel zwischen Phasen der Öff-
Unbekannten begünstigt die territoriale Schlies-
nungen den Weg bereiten, die uns – wir hoffen
nung und Phasen der Schliessung.
sung, während Erkundungs- und Wissensdrang
es zutiefst – in eine hoffnungsvollere Zukunft
kommerzielle Begehrlichkeiten und Erobe-
führen. Oder werden sie es doch nicht tun? Die
rungswünsche anheizen…
einzige Möglichkeit, dies herauszufinden, ist es,
In frühester Zeit verschliessen Gletscher
unsere Region. Nach ihrem Rückzug machen
sie einer offenen Landschaft Platz, zunächst
Hinter den verschlossenen Toren des mit-
einer Tundra, dann einer Grassteppe. Geschlos-
telalterlichen Städtchens kann man sich vor
sene Barrieren aus Eis lassen Seen ansteigen,
Angriffen feindlicher Truppen oder Ausbrü-
während bei ihrer Öffnung durch abfliessende
chen verheerender Seuchen schützen. Sie
Gewässer Täler entstehen.
öffnen sich, um Kaufleute und Ladegut sowie
den Rest der Geschichte abzuwarten!
CALENDRIER I KALENDER 2020
8
Romont de visu
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La Télé VD-FR s’est invitée au Service archéologique le temps d’un reportage sur les travaux
autour du site de Romont/La Maladaire dont la
fouille d’urgence avait révélé un cimetière périurbain et des aménagements attenants. Cette
diffusion de quelques minutes a permis à un
public non averti de découvrir le Service de l’intérieur, tout en prenant connaissance d’un thème
spécifique : les maladaires, institutions développées autour des villes qui accueillaient les personnes infirmes et les nécessiteux au Moyen Âge
et à l’époque moderne.
Archäologie
in Zeiten von Covid-19
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Das Jahre 2020 wird in unserer Erinnerung für
immer von der Coronakrise überschattet sein. Am
18. März, um 11:50 Uhr informierte uns ein Mail der
Direktion darüber, dass wir unsere Sachen packen
und schnellstmöglich unseren Arbeitsplatz verlassen sollten. In den folgenden Wochen erledigten
80% des Personals des Amtes für Archäologie ihre
Aufgaben im Homeoffice. Dank einiger Anpassungen sowie der Bemühungen und dem guten Willen aller Beteiligten konnte das Amt für Archäologie trotz ausserordentlicher Bedingungen seine
Dienstleistungen erfüllen.
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Au vert et contre toux !
Une mise à l’arrêt provisoire d’un chantier dans
la campagne de Russy a été exigée suite aux
mesures prises par le Conseil fédéral dans le
cadre de la pandémie. La fouille d’un cimetière du
Haut Moyen Âge a ainsi été interrompue le temps
d’instaurer des normes sanitaires adéquates.
Comment répondre à ces exigences ? En prenant
de la distance ! Mais pas uniquement… Depuis fin
avril, outils personnels, gants, masques et gel
hydroalcoolique font partie de l’équipement de
chacun des collaborateurs qui ont ainsi pu terminer la fouille des 78 sépultures du site.
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Die Archäologie
macht Schlagzeilen
Zwei Freiburger Zeitungen widmeten der kantonalen Archäologie jeweils eine Artikelreihe. Während im Frühjahr die Freiburger Nachrichten mit
Hilfe unseres Kollegen Michel Mauvilly das Leben
unserer Vorfahren in fünf Episoden, vom Paläolithikum bis zur Älteren Eisenzeit, nachzeichneten,
hat La Gruyère im Sommer in Zusammenarbeit
mit mehreren Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter
des Amtes für Archäologie sechs wenig bekannte archäologische Fundstellen im Süden des Kantons in den Vordergrund gerückt.
10
Covid-19 oblige !
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Certaines activités du Service archéologique sont
délicates à réaliser en télétravail, comme celles
du laboratoire de conservation-restauration, qui
touchent principalement des objets. Pour certaines collaboratrices, ce fut l’occasion de trier
des documents ou de planifier de futures procédures, tandis que d’autres ont aménagé un véritable laboratoire à domicile, et que certaines ont
mis à profit leurs compétences spécifiques : à des
fins didactiques, des copies de céramiques ont été
réalisées pour les nouvelles visites pédagogiques
du Service archéologique, bientôt disponibles !
Une tombe peut
en cacher une autre
28
05
Un tumulus similaire à celui de 2019 a été exploré
à Grandvillard/Fossard d’Enbas, dans le cadre de
la remise en état du terrain de la gravière. La
fouille de ce monument funéraire du Premier âge
du Fer a permis la mise au jour de nombreuses
tombes à crémation plus récentes, de l’époque
romaine. Ces structures, qui ont livré un riche et
abondant mobilier, témoignent ainsi de l’implantation des Romains dans l’Intyamon, mal connue
jusqu’alors.
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Gelder für den Untergrund
Sondiergrabungen auf einem Teilabschnitt des
zukünftigen Trassees der Umfahrungsstrasse von
Prez-vers-Noréaz haben eine fundreiche Zone
zutage gebracht (siehe S. 18-19), die mittels Ausgrabungen nun eingehender untersucht werden soll.
Um diese Interventionen möglichst gut zu planen,
fand eine Koordinationssitzung zwischen dem Amt
für Archäologie, dem Tiefbauamt und dem Kantonsingenieur statt. Der Zeitplan der notwendigen, dem
Strassenbau vorausgehenden Ausgrabungen wie
auch ihre Finanzierung sind in Planung.
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Des trésors
à l’Hôtel de Ville
Des travaux sont entrepris depuis plus d’une
année dans l’Hôtel de Ville de Fribourg, l’un des
plus anciens de Suisse, et les découvertes archéologiques se succèdent à l’intérieur de l’édifice.
Des murs de maisons médiévales ont été mis au
jour au rez-de-chaussée, tandis qu’au premier
étage, une surprise attendait les spécialistes.
Derrière les boiseries de la salle du Petit-Conseil
était caché un décor peint de qualité, déployé
sur deux murs. Ce chef d’œuvre du début du
XVIe siècle livre peu à peu ses personnages et
ses décors ornementaux aux restaurateurs.
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La relève en terres
fribourgeoises
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Les étudiant-e-s en archéologie de l’Université de
Neuchâtel, crise sanitaire oblige, sont resté-e-s en
Suisse pour leur traditionnel voyage d’études et en
ont profité pour découvrir quelques sites archéologiques majeurs de notre pays. Des « guides » de
notre Service leur ont présenté l’habitat de hauteur fortifié du Premier âge du Fer de Posieux/
Châtillon-sur-Glâne ainsi que l’abri mésolithique
d’Arconciel/La Souche. Les étudiant-e-s ont terminé leur visite en terres fribourgeoises par un passage obligé sur l’oppidum celtique situé sur le
mont Vully.
20 ans en 2020
27
10
C’est avec une exposition originale que le musée
de Vallon entame sa vingtième année d’existence : « Et s’il n’existait pas ? ». Cette exposition
est une occasion de revenir sur les missions du
Musée, mais aussi de se questionner sur son
existence avant de se projeter vers l’avenir.
Sans lui, que resterait-il de l’antique édifice de
2000 m2 au sol, de sa quarantaine de pièces
rien qu’au rez-de-chaussée, de ses magnifiques
mosaïques, ou encore de ses habitants que l’on
apprend à connaître grâce aux milliers d’objets
recueillis ?
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Offener Weinkeller
in Murten
Wein wird mit zunehmendem Alter besser und
das Hotel Murtenhof & Krone in Murten weiss
daraus Nutzen zu ziehen. Während der Renovationen 2019 im Weinkeller des Gebäudes konnte
das Amt für Archäologie spannende Erkenntnisse zu dessen Errichtung und Nutzung gewinnen.
Aus dem grossen Interesse des Besitzers an der
historischen Bedeutung des Baus entstand ein
Dokumentarfilm, der das Publikum während einiger Minuten zu einer Reise in die Vergangenheit
einlädt. Die Szenografie und die 3D-Rekonstruktionen erlauben den Besuchern, bei einem guten
Glas Wein in die Atmosphäre dieses mehrere
hundert Jahre alten Ortes einzutauchen.
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Rencontre insolite
chargée d’histoire
L’obscurité règne sur Fribourg… Cette caractéristique, d’ordre saisonnière à cette date du calendrier, a souvent été transposée à une période
historique, le Haut Moyen Âge. Le Musée d’art et
d’histoire et le Service archéologique ont verni
le 10 décembre une exposition faisant la lumière
sur ces vestiges passés. Une femme de l’époque,
qui conte les arts et les croyances de son temps,
guide le visiteur et l’invite à découvrir son quotidien et l’héritage de ses pairs.
APERÇUS I EINBLICKE
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1546
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Après une légère baisse en 2018, le Service
dont 380 ont livré des traces d’occupations
archéologique de l’État de Fribourg a enregis-
antiques. La quantité de prospections est en
tré une nouvelle hausse du nombre de préavis
hausse, avec un total de 157 sorties. À noter
émis en 2019, avec plus d’un millier de préavis
également, au chapitre des autres types d’in-
(1040 contre 935 en 2018). Le nombre d’inter-
terventions, la mise en place de 7 mesures de
ventions réalisées sur le terrain par les collabo-
protection de site notamment.
rateurs et collaboratrices du Service archéolo-
Toutes ces opérations ont permis d’ajouter
gique ainsi que des prospecteurs bénévoles a
66 nouveaux sites et 44 nouveaux périmètres
par contre légèrement baissé, puisqu’il est
archéologiques au recensement cantonal, et
passé de 466 à 441. En 2019, ce sont 15 cam-
de compléter ainsi la carte archéologique
pagnes de sondages d’évaluation, 6 fouilles
tenue à jour quotidiennement en fonction des
de sauvetage, 4 évaluations subaquatiques et
découvertes. Cette carte des périmètres et une
21 analyses de bâtiments qui ont été effec-
grande partie des comptes-rendus des inter-
tuées. Comme chaque année, un grand nombre
ventions positives réalisées par le Service
de suivis de travaux de construction et de tra-
archéologique (chroniques archéologiques)
vaux linéaires a occupé plusieurs membres de
sont consultables sur le portail cartogra-
notre personnel, avec la documentation de
phique de l’État de Fribourg, dans le thème
27 km de tranchées au moyen de 1546 profils,
« Patrimoine » (https://map.geo.fr.ch/).
bâtiments
analyses de
chantiers
suivis de
campagnes de
subaquatiques
évaluations
sauvetage
fouilles de
archéologiques
66
sondages d’évaluation
1040
nouveaux sites
documentés
profils
émis
préavis
Archéologie
du territoire 2019
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sites présentés dans
les Aperçus p. 18-29
interventions positives
interventions négatives
18
5000 ans d’histoire
sur 2,5 km
à Prez-vers-Noréaz
Jacques Monnier avec la collaboration de Louise Rubeli et Henri Vigneau
La plaine de Seedorf et ses bordures, en
contrebas de Prez-vers-Noréaz, ont livré de
nombreux sites archéologiques. Le plus
ancien de ceux-ci est un habitat néolithique
sur une ancienne rive du lac de Seedorf,
classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO
3
avec d’autres sites palafittiques européens,
2
et qui n’est pas menacé par le projet. En
1
2017, à la faveur de travaux de revitalisation
du ruisseau du Palon, des traces d’occupation de l’âge du Bronze au Haut Moyen Âge
ont été mises au jour le long des berges. Sur
une terrasse dominant la plaine, enfin, au
lieu-dit Maison Rouge, un vaste établissement rural d’époque romaine (villa rustica) a
1 km
été partiellement détruit au XIXe siècle.
1. Maison Rouge
2. Le Palon
3. Zones ouest
La future route de contournement de Prezvers-Noréaz traverse une partie de cette
plaine riche en vestiges et une telle densité
signalant d’anciens marais (voir fig. 1.1). Sur
de trouvailles imposait de vérifier le poten-
les pentes bordant cette cuvette tourbeuse
tiel archéologique sur son tracé. De fin
se répartissent les traces d’une présence
novembre à mi-décembre 2019, une pre-
humaine dès la Protohistoire, matérialisée
mière campagne de sondages mécaniques
par des fosses et des fossés ; une structure a
s’est concentrée sur la portion orientale du
été datée par radiocarbone de l’âge du
tracé (2,5 km), entre le lieu-dit Maison Rouge
Bronze ancien (vers 2200-2000 av. J.-C.).
à l’est, et le ruisseau du Focho, au pied de
Pour l’époque romaine, aucun bâtiment lié
Prez-vers-Noréaz, à l’ouest (fig. 1). Sur les
à la villa repérée au XIXe siècle n’est apparu
136 sondages réalisés, 82 étaient positifs
dans les sondages. On ne compte que
(environ 60 % de l’ensemble).
quelques fragments de céramique épars et
le radier d’une possible route, qui devait
C’est une Maison Rouge
longer la plaine depuis la villa, peut-être
jusqu’au ruisseau du Palon.
D’autres sondages ont livré des fosses et
Sur le coteau exposé au nord, une terrasse
des fossés, qui ne sont pas datés, faute de
naturelle surplombe une dépression humide
mobilier.
Fig. / Abb. 1
Tracé de la route de contournement
(en rouge), avec sa portion sondée
en 2019 (en orange) et les périmètres
archéologiques actuels (en bleu)
Trassee der Umfahrungsstrasse
(rot) mit Einzeichnung des 2019
sondierten Abschnitts (orange)
und der aktuellen archäologischen
Perimeter (blau)
19
Pour approfondir
N. Peissard, Carte archéologique du
canton de Fribourg, Fribourg 1941.
E. Sauteur – H. Vigneau, « Le
Palon, un ruisseau à la source
de nombreuses découvertes »,
CAF 20, 2018, 22-23.
Fig. / Abb. 2
Empierrement daté du Haut Moyen
Âge (?) en bordure du Palon
Frühmittelalterliche (?) Steinschüttung im Uferbereich des Palon
Et au milieu coule
un ruisseau
quelque distance du ruisseau. Deux fosses
datées de l’époque carolingienne (fin VIIIeXe siècle) s’ajoutent aux constructions sur
Les indices d’occupation les plus importants
poteaux du Haut Moyen Âge découvertes
se concentrent autour du Palon, environ
en 2017 près du Palon, moins d’une centaine
500 m plus à l’ouest (voir fig. 1.2). Ils s’ajoutent
de mètres au sud-ouest. À cette occupation
aux vestiges vus en 2017, au nombre des-
importante, on peut associer un vaste
quels figuraient notamment un tronçon de
empierrement de nature indéterminée (fon-
route romaine et éventuellement un gué plus
dation de bâtiment, gué ?), documenté en
ancien, qui pourrait remonter à l’époque de
bordure immédiate du ruisseau (fig. 2).
La Tène (450-50/30 av. J.-C.). Ironie du sort,
la future route de contournement doit passer
quelques dizaines de mètres seulement au
Cap à l’ouest
nord de ce secteur.
C’est dans un chenal (ancien lit du ruis-
En direction de l’ouest, la concentration de
seau ?) que sont apparues les plus anciennes
trouvailles diminue quelque peu (voir fig. 1.3).
découvertes, qui s’étendent de la fin du
Trois secteurs espacés d’une centaine de
Néolithique (charbon daté par radiocar-
mètres livrent des traces d’occupation pro-
bone vers 2900-2600 av. J.-C.) jusqu’au
tohistorique, dont un tesson de céramique
Bronze récent (mobilier céramique, vers
du Premier âge du Fer (800-480 av. J.-C.).
1300-1100 av. J.-C.). Le chenal sera comblé
D’autres vestiges fugaces trouvés sous l’hu-
au Bronze final, date à laquelle est implanté
mus pourraient signaler des constructions
un foyer (datation radiocarbone, vers 1000-
récentes, qui restent à caractériser.
850 av. J.-C.).
L’époque romaine, très discrète près du
ruisseau, ne livre que quelques objets isolés.
Par contre, une prospection au détecteur à
métaux sur une parcelle adjacente a fourni
Bilan :
ce n’est qu’un début
de nombreuses monnaies antiques, frappées
Sur la base des résultats obtenus dans les
entre la fin du IIIe et la fin du IVe siècle de
sondages réalisés en 2019, ce ne sont pas
notre ère. Cette concentration de trouvailles
moins de 39 secteurs qui ont été définis
de la fin de l’Antiquité, très rare à l’échelle du
pour des fouilles préventives. Une seconde
canton, reste difficile à interpréter : sont-elles
campagne de sondages, prévue sur le tracé
liées à l’utilisation de la voie romaine qui
occidental de la route, nécessitera certaine-
passait non loin ou signalent-elles un site
ment d’y adjoindre d’autres zones à explo-
particulier à proximité du Palon ? La question
rer. Ainsi, les sites archéologiques de la
ne peut être résolue pour l’instant.
plaine du Palon, ou du moins leur mémoire,
Au Haut Moyen Âge, des fosses et des
épandages de charbon apparaissent à
pourront être sauvegardés avant les futurs
travaux.
Coordonnées :
2 568 308 / 1 182 187 / 616 m
20
L’aqueduc de Bonne
Fontaine : une nouvelle
source d’informations
Louise Rubeli
Éléments indispensables au bon fonctionnement de la capitale helvète, les aqueducs
qui permettaient d’alimenter les châteaux
d’eau et les citernes de la ville romaine
d’Aventicum/Avenches VD sont paradoxalement assez peu connus du monde scientifique. En effet, seules quelques observations ponctuelles effectuées durant le siècle
dernier ont permis de retracer le parcours
de certains d’entre eux et, dans les cas où
l’ouvrage était bien conservé, d’en étudier
les techniques de construction.
L’étude publiée par C. Grezet en 2006
constitue la synthèse la plus récente relative à ces infrastructures hydrauliques. L’auteur, en croisant une multitude de données
issues de fouilles, de prospections terrestres et aériennes, d’archives, etc., a tenté
non seulement de reconstituer le tracé d’au
moins six canalisations souterraines desservant la ville, mais également de mettre
en évidence certaines de leurs caractéristiques architecturales.
Une découverte prévisible
La contribution du Service archéologique
de l’État de Fribourg à cette thématique
En août 2019, l’implantation d’un collecteur
concerne principalement l’aqueduc de Bonne
d’eaux pluviales à Montagny-la-Ville, au lieu-
Fontaine, dont plusieurs tronçons ont été mis
dit « Au Parchy », a suscité le plus grand inté-
au jour lors d’investigations de terrain dans
rêt du Service archéologique à juste titre : le
la commune de Montagny, où la canalisation
lieu est bien connu des archéologues, notam-
prend sa source. En outre, depuis la synthèse
ment grâce à la réalisation d’une intervention
de 2006, deux interventions du Service
similaire dans le secteur dix ans auparavant.
archéologique, dont l’une réalisée en 2019,
Lors de cette opération en 2009, un court
ont permis de recouper derechef la conduite
tronçon de l’aqueduc qui reliait la source de
maçonnée, livrant ainsi de nouvelles connais-
Bonne Fontaine, située dans la vallée de l’Ar-
sances sur cet ouvrage hydraulique.
bogne, à la ville antique d’Aventicum a été
Fig. / Abb. 1
Segment de l’aqueduc découvert
durant l’intervention de 2019
Der während der Intervention
von 2019 entdeckte Abschnitt
des Aquäduktes
21
documenté. Cette découverte a confirmé le
chape de béton gris très solide, recouverte
tracé de la conduite proposé par les cher-
d’une couche de béton au tuileau. Cette pré-
cheurs, soit le long de la courbe de niveau
paration à base de chaux et de tuiles broyées
des 500 m, en contrebas de la « ferme des
était destinée à assurer l’étanchéité de l’ou-
Parchys ». Par ailleurs, sa présence avait déjà
vrage. Dans le même but, les bords du conduit
été relevée en 1844 par le propriétaire du
sont tapissés de plusieurs fines couches de
domaine agricole. Ainsi, dans le cadre des tra-
mortier de tuileau. Finalement, la couverture
vaux prévus perpendiculairement à la pente
de la canalisation est formée d’une voûte
du terrain, à seulement 150 mètres de l’inter-
semi-circulaire composée de claveaux en tuf
vention de 2009, il ne faisait aucun doute que
liés par du mortier blanc pulvérulent. Le soin
la canalisation romaine serait à nouveau mise
apporté à cette construction et les multiples
au jour.
matériaux mis en œuvre démontrent l’impor-
À propos des aqueducs
d’Avenches
J.-P. Aubert, « Les aqueducs
d’Aventicum », BPA 20, 1969, 23-36.
C. Grezet, « Nouvelles recherches
sur les aqueducs d’Aventicum »,
BPA 48, 2006, 49-105.
J. Monnier, « Montagny-la-Ville/
Au Parchy », CAF 12, 2010, 168.
tance accordée à cette infrastructure hydrau-
Un ouvrage de précision
L’aqueduc de Bonne Fontaine mesure plus
de 16 km et constitue par conséquent le plus
lique, dont le fonctionnement devait être
garanti pour les habitants de la capitale.
Une utilisation prolongée
long aqueduc alimentant l’agglomération
romaine. Bien qu’aucun élément permettant
Malgré le manque d’informations chronolo-
de dater la construction de cet imposant
giques en lien avec cette canalisation, cer-
ouvrage hydraulique ne nous soit parvenu,
taines données archéologiques relatives à
les chercheurs s’accordent à la mettre en
sa durée d’utilisation ont pu être mises en
lien avec l’octroi du statut de colonie à la
évidence. On observe notamment des dépôts
cité par l’Empereur Vespasien, à la fin du
calcaires parfois volumineux (jusqu’à 17 cm
Ier siècle de notre ère.
d’épaisseur !) sur les parois et le fond du
Le tronçon mis au jour en 2019 mesure envi-
canal, manifestation du passage continu de
ron 1,2 m de long (fig. 1). Implanté dans une
l’eau dans le conduit. L’accumulation de
tranchée d’au moins 1,8 m de profondeur et
calcaire révèle une utilisation relativement
de plus de 3 m de large à l’ouverture, il est
longue, qui entraîne progressivement une
exceptionnellement bien conservé et offre un
montée du niveau d’eau jusqu’à la voûte,
aperçu très complet de ses techniques de
avant que le collecteur ne soit définitivement
construction (fig. 2). Il se présente comme un
bouché par divers dépôts de limons. De plus,
canal maçonné reposant sur un épais radier
les profils documentés en 2019 révèlent une
de galets pris dans du mortier de chaux. Ses
seconde tranchée qui suggère que la struc-
deux piédroits, composés de cinq à six assises
ture a été redégagée postérieurement à son
de galets liés au mortier, mesurent environ
implantation, peut-être en raison de travaux
0,6 m de hauteur. Son fond est constitué d’une
d’entretien.
Fig. / Abb. 2
Photogrammétrie du profil sud
de l’aqueduc
Photogrammetrische Aufnahme
des Südprofils des Aquäduktes
0
1m
Coordonnées :
2 565 579 / 1 185 015 / 498 m
22
Neu Forschungen zum
römischen Tempelareal
von Estavayer-le-Gibloux
Michel Franz
Das römische Tempelareal von Estavayer-leGibloux/Au Village war Gegenstand einer
vom Amt für Archäologie des Kantons Freiburg unterstützten Masterarbeit an der Universität Bern. Im Folgenden werden die
wichtigsten Erkenntnisse zur Chronologie und
Besonderheiten der Fundstelle vorgestellt.
Eine ausführlichere Vorlage der Strukturen
sowie des reichhaltigen Fundmaterials ist in
Arbeit. Sie gewährt Einblicke in einen von drei
bislang bekannten gallorömischen Tempeln
auf Kantonsgebiet und beleuchtet die nur lückenhaft dokumentierte römische Besiedlung
im Glânetal. Das Tempelareal befand sich innerhalb oder in der Nähe des Wirtschaftsbereichs (pars rustica) eines römischen Gutshofs, dessen Hauptgebäude (pars urbana)
rund 200 m nordwestlich, unter dem heutigen Dorf von Estavayer-le-Gibloux vermutet
wird. Vom Hauptgebäude sind bislang der
Badetrakt sowie eine im Anschluss an ein
drei Nutzungsperioden. Wenige Münzen be-
Bankett verfüllte Grube bekannt.
legen eine im Befund nicht greifbare Verwendung des Areals bis in die 2. H. des 4. Jhs. n.
Chronologische
Entwicklung der Fundstelle
Chr. Spärliche Keramikfragmente sowie Metallobjekte, etwa merowingerzeitliche Riemenenden, überliefern eine neuerliche Nutzung
im Früh- und Hochmittelalter.
Die wenigen verlagerten bronzezeitlichen
Scherben sind mit einer vorrömischen Besiedlung auf einer Terrasse oberhalb der
Fundstelle zu verknüpfen. Die Nutzung des
Areals wird am Ende des 1. Jhs./Anfang des
Erster Sakralbau
mit Nebengebäude
2. Jhs. n. Chr. mit der Errichtung einer römi-
Zu den ältesten römischen Strukturen zählen
schen Sakralanlage erstmals fassbar. Diese
zwei miteinander verbundene Gräben. Es
durchläuft bis in die 1. H. des 3. Jhs. n. Chr.
handelt sich vielleicht um Drainagen, die das
Abb. / Fig. 1
Estavayer-le-Gibloux. Blick Richtung
Südosten auf den Umgangstempel
(unten im Bild) und das Nebengebäude (oben)
Estavayer-le-Gibloux. Vue vers
le sud-ouest sur le temple à
déambulatoire (en bas sur l’image)
et le bâtiment annexe (en haut)
23
leicht in Richtung Osten zur Schlucht des
Ausblick
Glèbes abfallende Gelände entwässern und
das feuchte Gelände für eine Nutzung vor-
Im Tempelareal von Estavayer-le-Gibloux bie-
bereiten sollten. Gegen Ende des 1. Jhs./An-
tet sich die seltene Möglichkeit, neben dem
fang des 2. Jhs. n. Chr. wurde ein kleiner Sak-
gallorömischen Umgangstempel auch dessen
ralbau errichtet. Sein zentraler Raum (cella)
Umfeld mit Altar, Kapelle und Nebengebäude
(4 × 4 m), in dem die Götterstatue aufgestellt
zu untersuchen. Hervorzuheben ist die Kombi-
wurde, war mit einer Steinrollierung ausge-
nation von Tempel und Nebengebäude. Auf-
kleidet und befand sich leicht erhöht auf
grund ihrer Standortkontinuität, ihrer räumli-
einem kleinen quadratischen Podest aus
chen Nähe zueinander sowie der ähnlich
Stein und Kies (6 × 7 m). Die dazugehörigen,
bleibenden Ausstattung der aufeinanderfol-
wohl aus vergänglichen Materialien erbau-
genden Nebengebäude (Feuerstellen, grosser
ten Mauern haben sich nicht erhalten.
Raum und Portikus) scheinen die beiden Bau-
Zu einem nicht näher bestimmbaren Zeit-
ten eine funktionelle Einheit zu bilden.
Gut zu wissen
Manche Besucher/innen des
Tempels deponierten in Gefässen
aus Keramik und Glas Speiseund Trinkgaben. Ein bruchstückhaft erhaltenes Graffiti auf einer
bemalten Keramikflasche teilt
mit, dass eine Gottheit mit
Anfangsbuchstaben «P» verehrt
worden ist. Infrage kommen
Pomona (Wachstum der Früchte),
Persepone (Getreidewachstum)
oder Pales (Schutz der Hirten und
Herden), die mit ihren Attributen
gut in den Kontext dieser
ländlichen Siedlung passen.
punkt im 2. Jh. n. Chr. wurde 6 m südöstlich des
Tempels ein dreiräumiges Nebengebäude erbaut (9 × 10 m). Es besteht aus einem grossen
Raum mit Feuerstelle, an den im Westen und
Süden zwei Säulengänge (Portiken) anschliessen. Unterhalb der vorbereitend zum Bau des
Nebengebäudes eingebrachten Planien existieren spärliche Siedlungsreste (Brandspuren
auf einer Molasseplatte, Pfostenlöcher, römische Keramik). Sie gehören entweder zu einer
älteren Gebäudephase oder zu einem ansonsten nicht weiter fassbaren Vorgängerbau.
Ausbau der Sakralanlage
Gegen Ende des 2. Jhs. n. Chr. wurde der ältere
Sakralbau durch einen nach Osten ausgerichteten Umgangstempel mit peripheren Pfosten/
Säulenbasen (10 × 10 m) ersetzt. Zu einem ähnlichen Zeitpunkt erfolgte auch der Neubau des
bestehenden Nebengebäudes (Abb. 1). Der
grössere Nachfolgebau (12 × 14,5 m) führte
Standort und Ausrichtung seines Vorgängers
Die Funde, darunter umfangreiche Kera-
weiter. Er bestand aus einem grossen Saal,
mik-, Glas- und Münzensembles, Deponie-
zwei kleineren Räumen im Osten und einem
rungen ausgewählter Keramik- und Glasge-
nach Norden gerichteten Portikus. Zwei Räume
fässe (Abb. 3), Manipulation sowie Graffiti
enthielten Feuerstellen.
an Gefässen und weitere Einzelfunde zeigen
Das terrassierte Tempelareal wurde von
ein Repertoire, wie es in Zusammenhang mit
Nordosten her durch einen Kiesweg erschlos-
einem Kultort angetroffen wird. Es erlaubt
sen, der an der Ostseite des Tempels endete
damit interessante Einblicke in die damalige
und von wo aus eine Steintreppe auf den ab-
religiöse Praxis.
Abb. / Fig. 2
Die in sechs Teile zerbrochene
Altarbasis aus Molasseplatten
Base d’autel en dalles de molasse
brisée en six morceaux
gehobenen Umgang führte. Vor der Ostseite
des Tempels und vor der Portikus des Nebengebäudes lag ein kleiner Vorplatz. Darauf
haben sich die zentral positionierte Altarbasis aus Molasseplatten (2 × 1,4 m) sowie Reste einer Platzbefestigung aus Kies erhalten
(Abb. 2). Westlich des Tempels wurde die An-
0
10 cm
Abb. / Fig. 3
Unmittelbar in der Nähe
des Tempels deponierte
Keramikgefässe
Récipients en céramique
déposés à proximité
immédiate du temple
lage mit einer kleinen Kapelle (2 × 3 m) ergänzt. Ob der Sakralbereich durch einen
Zaun oder eine Mauer (temenos) abgetrennt
war, lässt sich momentan nicht beurteilen.
Koordinaten:
2 568 510 / 1 174 545 / 695 m ü. M.
24
Un abri sous falaise en
plein cœur de Fribourg
Léonard Kramer • Michel Mauvilly
L’abri sous roche de la Maigrauge, niché au
pied de la grande falaise de molasse qui
surplombe le barrage hydroélectrique du lac
de Pérolles, a livré des traces d’occupations
remontant au Moyen Âge. Situé à quelques
centaines de mètres de l’actuel bâtiment du
Service archéologique de l’État de Fribourg,
ce n’est qu’en 2013 qu’il fut découvert par
L. Bender et Y. Bourqui, deux archéologues
passionnés. En raison de sa taille, il s’agit
indéniablement de l’un des plus beaux exemplaires du canton. L’abri dispose en effet
d’une surface protégée sur plus de 150 m de
longueur pour une profondeur maximale de
6 m. De plus, son exposition au sud-ouest
offre un ensoleillement idéal, il est peu soumis aux vents violents et son accès depuis les
rives de la Sarine est aisé. Au vu de ces caractéristiques engageantes et dans le but
d’évaluer le potentiel archéologique de cette
se mélanger. Il s’agit d’une part de maté-
cavité, une série de carottages y a été réali-
riaux désolidarisés de la paroi de molasse
sée en 2015. Cette première intervention du
par l’action des agents climatiques (vent,
Service archéologique a mis en évidence plu-
gel-dégel, pluie, ruissellement), et d’autre
sieurs niveaux anthropisés au sein d’une
part de sédiments meubles provenant du
séquence sédimentaire de plus de 2 m de
sommet de la falaise.
puissance. Afin de mieux définir la nature des
vestiges, un sondage de 4 m2 a été ouvert et
fouillé jusqu’à sa base en mars 2019. Cette
intervention a permis d’observer plusieurs
couches archéologiques et de livrer un certain nombre d’informations sur la dynamique
Chronique sédimentaire
d’un abri occupé tout
au long du Moyen Âge
sédimentaire du lieu.
Dans cette zone explorée de l’abri, le rem-
L’une des caractéristiques des abris sous
plissage est le fruit de deux apports princi-
falaise de molasse est une importante sédi-
paux de sédiments, qui vont s’intercaler et
mentation, résultant de la grande fragilité
Fig / Abb. 1
Vue du foyer appartenant
au Xe s. apr. J.-C.
Blick auf die Feuerstelle aus
dem 10. Jahrhundert n.Chr.
25
VIIe s. apr. J.-C.
Xe s. apr. J.-C.
XVIe s. apr. J.-C.
de la roche. Les traces d’activités humaines
des travaux de déboisement de la colline de
sont ainsi plus ou moins rapidement recou-
la Lorette. Ce défrichage a indéniablement
vertes et protégées. À la fouille, elles se dis-
déstabilisé le terrain, provoqué une érosion
tinguent et se différencient ainsi facilement
des sols et entraîné les sédiments en contre-
au sein de la stratigraphie.
bas, dans l’abri. Cet épisode est certaine-
S’il est probable qu’un porche semblable
ment à mettre en relation avec les besoins
à l’actuel existait anciennement dans l’abri
en bois et en nouvelles terres résultant du
de la Maigrauge, c’est le pied de la paroi,
développement de la ville de Fribourg à par-
en raison de sa nature très pentue et
tir du XIIe siècle.
humide, qui a très probablement découragé
Au sommet de ce puissant dépôt, une
toute tentative d’occupation du lieu avant le
petite structure à vocation artisanale a été
VIe s. apr. J.-C. La situation va changer avec
partiellement fouillée. Les deux petits frag-
l’éboulement de gros blocs de molasse à la
ments de verre bleuté qui proviennent de ce
base de la falaise, qui vont dès lors modifier
niveau pourraient être en lien avec des acti-
la dynamique de sédimentation et per-
vités de verrerie. La présence d’une monnaie
mettre un dépôt horizontal des couches. Cet
et d’un jeton de compte remontant à la fin
événement va rendre le lieu plus hospitalier
du XVe ou au XVIe s. apr. J.-C. permet de caler
et fréquentable pour les populations du
chronologiquement ces traces à la toute fin
Haut Moyen Âge.
du Moyen Âge. Des vestiges plus récents,
XXIe s. apr. J.-C.
Fig. / Abb. 2
Evolution schématique de la
dynamique sédimentaire du site
de Fribourg/Abri de la Maigrauge
au niveau du sondage
Schematische Darstellung der
Entwicklung der Sedimentdynamik
an der Fundstelle Fribourg/Abri
de la Maigrauge
matérialisés par de grands foyers, occupent
L’occupation la plus ancienne est relative-
le haut de la stratigraphie. Ils sont probable-
ment discrète et matérialisée uniquement par
ment contemporains de la construction du
quelques charbons de bois. Une datation 14C
barrage au XIXe siècle.
indique qu’elle remonte à la fin du VI siècle
e
ou à la première moitié du VIIe siècle. Elle est
Si l’objectif initial de cette intervention était
donc contemporaine de la nécropole méro-
de mettre au jour des indices d’installations
vingienne de Fribourg/Pérolles sise juste de
pré- et protohistoriques, force est de consta-
l’autre côté de la Sarine.
ter qu’une occupation de l’endroit n’était
Après une phase d’abandon de plusieurs
pas possible à ces périodes anciennes. Ce
siècles, l’abri est à nouveau fréquenté au
n’est manifestement qu’à partir de la fin du
cours du X siècle. Une grande structure
VIe siècle de notre ère que cet abri offrait les
e
foyère contenant des ossements brûlés ren-
conditions requises et satisfaisantes pour
voyant à des pratiques domestiques y a été
des occupations humaines (fig. 2). La fré-
mise au jour (fig. 1). Ces vestiges, également
quentation de cet abri apporte un éclairage
datés par radiocarbone, sont scellés par une
nouveau sur l’occupation de Fribourg avant
couche d’une épaisseur de plus d’un mètre,
la fondation de la ville (1157) et de l’abbaye
constituée de colluvions provenant majori-
de la Maigrauge (1255). Elle confirme qu’une
tairement du sommet de la paroi. Ce dépôt,
population était déjà bien implantée dans
compact et massif, est probablement lié à
la région dès les prémices du Moyen Âge.
Coordonnées :
2 579 180 / 1 183 250 / 600 m
26
Le moulin d’Hauterive :
un monument oublié !
Aude-Line Pradervand
Le Service archéologique intervient régulièrement à l’abbaye d’Hauterive, lorsque des
projets de restauration sont entrepris sur le
site ; si les études ont apporté une meilleure
compréhension des bâtiments conventuels,
rares sont toutefois les chantiers qui nous
ont permis d’élargir nos connaissances aux
édifices annexes situés à l’intérieur de la
clôture monastique.
L’occasion s’y est prêtée en automne 2019,
lorsque le moulin d’Hauterive a été assaini
et recrépi sur les parties inférieures de ses
façades (fig. 1). Témoin monumental d’une
activité conventuelle passée, il constitue
parallèlement au canal, mais moins avancée
l’un des rares exemples de ce type encore
qu’aujourd’hui. Les roues à aube, dont plu-
conservés en Suisse et met en lumière à la
sieurs pannes ont été mises au jour sous le
fois les besoins, les ressources et les infras-
plancher du rez-de-chaussée, étaient fixées
tructures de l’abbaye.
contre ce mur sud. Le bâtiment d’origine
mesurait 21 m de longueur d’est en ouest
Un bien d’exception
d’après les corniches de rives conservées et
était plus étroit dans sa largeur que les
16,8 m visibles aujourd’hui. Le rez-de-chaus-
Cet édifice rectangulaire, le seul localisé à
sée, actuellement semi-enterré, était éclairé
l’est du jardin du couvent jusqu’à la fin du
par des fenêtres étroites largement chanfrei-
XVIIe siècle, est positionné à une cinquan-
nées, qui révèlent un niveau de circulation
taine de mètres de la rive ouest de la Sarine.
dans le jardin plus bas qu’il ne l’est actuelle-
Son emplacement a été dicté par l’aména-
ment. L’édifice se développait sur un étage
gement d’un canal en tuf qui divisait le cours
jusqu’au milieu du XVIIe siècle au plus tard,
de la rivière. Passant sous l’aile sud de l’ab-
pour être ensuite rehaussé d’un deuxième
baye, ce bief permettait l’évacuation des
niveau. Le soin apporté au bâtiment confirme
eaux usées et alimentait ensuite, à ciel
son importance tout au long de la période
ouvert, les roues à aube du moulin, avant
moderne. Les façades et parois des étages
que l’eau ne regagne son lit.
sont crépies et pourvues de larges ouver-
Le moulin, construit à la fin du XIIIe siècle
tures ornées d’un décor en faux appareil par-
probablement, avait sa façade sud placée
fois souligné d’un bandeau à rinceaux. À la
Fig. / Abb. 1
Orthophoto de la façade nord du
moulin avec les vestiges du four
extérieur au rez-de-chaussée
Orthofoto der Nordfassade
der Mühle mit den Resten des
aussenseitigen Backofens
im Untergeschoss
27
fin du XVIIIe siècle, une campagne de travaux
accomplies par les frères convers, chargés
de grande envergure a été menée par l’abbé
principalement des travaux domestiques de
Bernard-Emmanuel de Lenzbourg. À cette
l’abbaye. Ils étaient en nombre presque
occasion, les façades ont été uniformisées et
égal avec les moines dits « de chœur » for-
les armes de l’abbé peintes au nord (fig. 2) et
més aux ordres sacrés. La situation apparaît
au sud, où la façade a été déplacée.
différente aux XIVe et XVe siècles, lorsque la
communauté religieuse diminue tandis que
Reflet d’une activité
agricole de qualité
La farine produite à Hauterive était employée
les problèmes économiques augmentent.
Les Cisterciens cèdent alors certaines propriétés en affermage, mais on ne sait pas si
la production était toujours amenée au
moulin pour être transformée.
directement sur place pour la fabrication du
pain, l’un des composants principaux du repas
monastique selon la Règle de saint Benoît.
Les restes de deux fours découverts dans la
façade nord du moulin, entre le rez-de-chaus-
Une catastrophe gardée
en mémoire
sée et le premier étage, le confirment. La cuis-
Au-delà de cette histoire séculaire, l’analyse
son se faisait à l’extérieur, probablement abri-
du moulin a également révélé des événe-
tée par une annexe dont on a seulement
ments ponctuels. L’un d’entre eux, lu sur le
retrouvé le mur de refend. Cette fabrication a
montant gravé de l’une des portes de l’édi-
ensuite été reléguée à l’intérieur de l’édifice au
fice, se réfère au niveau d’eau atteint au rez-
plus tard en 1768, comme le prouve la date ins-
de-chaussée par une crue de la Sarine le
crite sur le linteau de la bouche en molasse
9 février 1711 (fig. 3). Sans qu’il soit possible
d’un four adossé à la paroi nord.
de quantifier les dégâts occasionnés à cette
Ces premiers constats n’ont fait que rele-
date, les éventuelles pertes de céréales ont
ver le potentiel archéologique de ce bâti-
dû péjorer à la fois les ressources alimen-
ment extrêmement intéressant, car faisant
taires de la communauté et le rendement
partie intégrante du système de production
économique de leurs terres ainsi que de
agricole de la communauté. En 1200, on
leurs richesses. L’édifice est donc loin de
peut supposer que ces tâches étaient plutôt
nous avoir livré tous ses secrets.
Pour approfondir
L’idéal d’autarcie prôné par les
Cisterciens a encouragé un
développement de production
performant au sein des abbayes
ayant donné lieu à des grandes
améliorations des techniques
agricoles. Pour des informations
complémentaires à ce sujet :
E. Tremp, « Les kolkhozes des
cisterciens », Pro Fribourg 155,
2007, 13-16.
E. Tremp, Les moines blancs en
Nuithonie : le rôle économique et
religieux de l’abbaye d’Hauterive
au Moyen Âge, [Grangeneuve 2015]
(https://www.abbaye-hauterive.ch/
fileadmin/user_upload/Documents/
AbbayeHauterive/WWW/Editors/
fichiers-pdf/FR_Hauterive_Rôle_
Script.pdf, consulté le 14.06.2020.
Fig. / Abb. 2
Détail des armes de l’abbé
Bernard-Emmanuel de Lenzbourg
Detail des Wappens des Abtes
Bernhard Emanuel von Lenzburg
Fig. / Abb. 3
Inscription en allemand, gravée
sur le montant d’une porte,
témoignant du niveau atteint
par une crue en 1711
Eine auf einem Türpfosten
eingravierte deutsche Inschrift,
die das Niveau eines Hochwassers im Jahre 1711 anzeigt
Coordonnées :
2 575 595 / 1 179 246 / 575 m
28
Chauds, chauds
les fours à chaux
Romain Pilloud
La découverte successive de trois fosses de
combustion de type fours à chaux ou chaufours dans le canton de Fribourg a marqué
l’hiver 2019/2020. Ces aménagements ont
été repérés lors de suivis de chantier et, pour
ceux de Corbières et de Tentlingen, hors de
périmètres archéologiques recensés.
On retrouve généralement ces structures
dans d’anciens lieux habités (par exemple à
l’emplacement de villae gallo-romaines), ou
des espaces relativement isolés, ce qui
semble être le cas pour ces trois fours.
Connus depuis l’époque gallo-romaine, ces
fours étaient utilisés pour brûler du calcaire
à une température d’environ 1000° C et
obtenir des pierres à la surface pulvérulente, la chaux vive, que l’on immergeait
ensuite dans l’eau pour la transformer en
une pâte, la chaux éteinte ; cette pâte était
rubéfiée (fig. 1). Les premières observations
enfin mêlée à divers agrégats (sable, gra-
ont rapidement permis de distinguer un
viers, etc.) pour fabriquer des enduits et des
empierrement quadrangulaire sur lequel
mortiers.
reposait probablement l’élévation du four,
doublé d’un agencement circulaire à l’inté-
Corbières, Remaufens
et Tentlingen
rieur. Cette forme atypique mérite d’être
signalée, sachant que ce type de structure
est généralement arrondie. La fosse de la
chambre de chauffe, manifestement circu-
La présence des restes d’un four à chaux sur
laire, était chemisée d’un parement en
le chantier non préavisé d’un immeuble
pierres sèches hétérométriques et chauffées
locatif à Corbières nous a été signalée par
à cœur. La rubéfaction rouge orangé à
D. Pillonel, que nous tenons à remercier cha-
pourpre du sédiment argileux encaissant
leureusement. À notre arrivée, l’extrémité
ainsi que la vitrification à la base de la fosse
orientale de la structure avait déjà été per-
témoignent d’une intense chaleur dans le
turbée par la pelle mécanique, laissant
four. Sous la chambre foyère, un négatif
apparaître le profil d’une fosse en cuvette
de poteau avec pierre de calage atteste
Fig. / Abb. 1
Four à chaux de Corbières avec, à
sa base, un calage de poteau destiné
à soutenir le cintre de la voûte
Kalkofen von Corbières: An dessen
Sohle ist die Steinverkeilung
eines Pfostens zu sehen, der die
Schalung des Gewölbes trug
29
Pour les spécialistes
Deux fours ont fait l'objet
de datations radiocarbones :
Remaufens (Ua-66360) : 132 ± 28 BP,
1682-1936 AD cal. 1 sigma,
1676-1941 AD cal. 2 sigma
Tentlingen (Ua-66359) : 231 ± 28 BP,
1647-1796 AD cal. 1 sigma,
1638-1949 AD cal. 2 sigma
Fig. / Abb. 2
Partie conservée du four à
chaux de Remaufens avec son
niveau de charbon à la base
Reste des Kalkofens von
Remaufens mit Holzkohleniveau
an der Sohle
l’existence d’un étayage certainement des-
chaleur. Les importantes dimensions de ce
tiné à soutenir le cintre de la voûte.
chaufour en font une construction nettement
Un niveau de mortier de chaux identifié au
plus imposante que les deux précédentes.
fond de la structure suggère que les chaufourniers ont procédé à un nettoyage de la
chambre, afin d’accomplir sur place toutes les
Contexte et datation
étapes de la transformation de la chaux vive
en mortier ; ceci permet d’expliquer l’absence
Ces trois structures, très analogues d’un
de chaux pulvérulente et de paillettes de char-
point de vue architectural, sont à classer
bon dans le comblement de la structure. Une
parmi les fours dits « périodiques à longue
petite fosse contenant de nombreux nodules
flamme, semi-enterrés avec appel d’air à mi-
de terre cuite, localisée à proximité du four à
hauteur ». Bien que cette catégorie de chau-
chaux, a probablement servi à l’extraction de
four fût déjà connue au Bas Moyen Âge, elle
l’argile habituellement utilisée pour combler la
est plus représentative de l’époque moderne,
gueule en fin de cuisson.
hypothèse confirmée par les datations radiocarbone des vestiges de Remaufens et de
Un autre four à chaux a été mis au jour sur le
Tentlingen, qui placent les découvertes entre
chantier de construction d’un regroupement
les XVIIe et XXe siècles.
de villas à Remaufens (fig. 2). De forme circulaire et bordé par la rubéfaction du sédi-
Contrairement à ce qui a pu être observé
ment encaissant, il était également paré
dans le Jura, où le regroupement de plu-
d’un chemisage de petits blocs anguleux
sieurs fours à chaux dans des zones riches
brûlés ; sa chambre de chauffe, en partie
en calcaire n’est pas rare, le territoire fri-
arasée, contenait encore, à la base, des
bourgeois n’a pour l’heure livré que des
traces du foyer et des résidus de chaux sous
structures qui paraissent relativement iso-
forme pulvérulente, ce qui prouve que,
lées. Le lieu d’implantation des chaufours
contrairement à celui de Corbières, il a été
de Corbières, Remaufens et Tentlingen n’est
utilisé uniquement pour produire de la chaux
manifestement pas lié à une volonté de pro-
et non pas du mortier.
duction industrielle de chaux – les bancs
Fig. / Abb. 3
Niveau d’apparition de la
fosse circulaire du chaufour
de Tentlingen
Erscheinungsniveau der
runden Grube des Kalkofens
von Tentlingen
de calcaire les plus proches se situent à
Une troisième anomalie sédimentaire circu-
quelque trois kilomètres de distance –, mais
laire avec rubéfaction est apparue sous le
plutôt à un besoin précis en chaux dans le
pavement d’une route à l’extrémité méridio-
cadre de la construction ou de la restaura-
nale de la commune de Tentlingen (fig. 3).
tion d’un bâtiment en particulier, ce que
Malheureusement, la complexité du chantier
confirme l’exemplaire de Corbières, dans
n’a autorisé qu’un dégagement partiel du
lequel s’est déroulé tout le processus de
comblement de la structure. Nos observa-
fabrication du mortier. La présence d’un
tions ont tout de même permis de distinguer
ruisseau à proximité de chacun des fours
une fosse parée d’un chemisage encroûté
s’explique par la nécessité de disposer
de chaux, conséquence d’une très forte
d’eau pour éteindre la chaux.
Coordonnées :
Corbières/Route du Vanel :
2 574 459 / 1 167 584 / 720 m
Remaufens/Route du Crage 10 :
2 556 970 / 1 152 860 / 770 m
Tentlingen/Nesslera :
2 581 229 / 1 178 127 / 684 m
ÉTUDES I AUSWERTUNGEN
CAF 22/2020 Études
32
Jean-Christophe Castel
avec la collaboration de
Michel Mauvilly
La faune mésolithique
de l’abri d’Arconciel/
La Souche : archéozoologie
des ensembles V et VI
Avec l’étude archéozoologique
des ensembles V et VI d’Arconciel/
La Souche, nous disposons désormais d’un panorama complet sur
l’économie mésolithique pratiquée
dans l’abri, depuis le choix du gibier
jusqu’aux modalités des exploitations alimentaire et technique.
Mit der archäozoologischen Auswertung der Ensemble V und VI von
Arconciel/La Souche besitzen wir
nun einen umfassenden Überblick
über die mesolithische Wirtschaftsweise, die im Abri praktiziert wurde,
von der Auswahl des Wildes bis zur
Art und Weise der Verwertung.
Arconciel/La Souche
33
Le programme de recherche
L’abri d’Arconciel/La Souche1, localisé au
pied des Préalpes et lové dans un méandre
de la Sarine (fig. 1), a fait l’objet entre 2003
Berne
et 2012 d’une fouille programmée de sauvetage. Ces investigations ont permis d’observer des niveaux archéologiques du Mésolithique dilatés sur près de 3 m de hauteur.
Couvrant environ 2500 ans (de 7300/7200
à 4900/4800 av. J.-C.), soit la fin du Premier
Mésolithique, l’intégralité du Second Mésolithique et l’aube du Néolithique, cette
importante accumulation de dépôts atteste
une fréquentation plutôt régulière du site
0
100 km
durant toutes ces périodes2.
Fig. 1 Localisation de l’abri d’Arconciel/La Souche
Bien qu’elles n’aient porté que sur une
partie de la surface totale de l’abri, les
confrontées à celles des niveaux supérieurs
dix campagnes de fouille effectuées ont
déjà disponibles5, fourniront les bases d’une
permis de récolter près de 67 000 artefacts
réflexion globale sur l’exploitation du monde
lithiques (déchets de taille compris), plus
animal dans le cadre de l’ouvrage de syn-
de 575 000 restes fauniques, soit près
thèse qui devrait clôturer l’étude du site6.
de 200 kg, un remarquable outillage en
matières dures animales (harpons, biseaux,
pointes) et des éléments de parure (craches
Brève présentation du site
de cerf et coquillages marins perforés). Ces
découvertes en font l’un des assemblages
L’abri de la Souche s’ouvre au pied d’une
les plus importants et les plus diversifiés de
importante falaise de molasse (fig. 2), sur le
la culture matérielle des derniers chasseurs-
versant oriental du canyon de la Sarine qui
cueilleurs de la Préhistoire régionale.
prend sa source dans les Alpes valaisannes
Un programme d’études interdisciplinaire,
pour se jeter dans l’Aar, une trentaine de
mené conjointement par le Service archéolo-
kilomètres en aval du site (voir fig. 1). Cet
gique de l’État de Fribourg, les Universités de
abri naturel, largement ouvert au sud-ouest,
Strasbourg, Neuchâtel et Zurich, le Fonds
a été de tout temps aisément accessible, la
national suisse pour la recherche scientifique,
proximité immédiate de la rivière ajoutant à
le Muséum d’histoire naturelle de la ville de
l’attractivité du lieu 7.
Genève et l’Institut de préhistoire et des
Dans sa configuration actuelle, l’auvent se
sciences de l’archéologie de Bâle, a rapide-
développe sur une cinquantaine de mètres
ment débuté dès la fin des travaux de terrain.
de longueur et offre environ 200 m2 de sur-
Deux thèses de doctorat, l’une portant sur les
face plus ou moins bien abritée des intem-
industries lithiques3 et l’autre sur la faune des
péries, mais compte tenu de sa profondeur
niveaux supérieurs4, ont été soutenues récem-
oscillant entre 0,5 et 6 m, l’abri procure un
ment ; une troisième sur la tracéologie d’une
espace de vie véritablement confortable qui
partie de l’industrie lithique est en cours, tan-
n’excède guère la moitié de son étendue.
dis que la publication des travaux des diffé-
La fouille n’a porté que sur une aire trian-
rents spécialistes (carpologie, sédimentologie,
gulaire d’une quarantaine de mètres carrés,
outillage en matières dures d’origine animale,
correspondant à l’extrémité nord-ouest de
etc.) devrait prochainement voir le jour.
l’abri. L’objectif des recherches était de
documenter au mieux, avant leur destruction
1 Coordonnées :
2 575 200 / 1 178 950 / 582 m.
2 Mauvilly et al. 2004 ; Mauvilly
et al. 2008 ; Mauvilly 2018.
3 Bassin 2018 et Bassin 2020.
4 Guidez 2018.
Afin de disposer d’un panorama le plus com-
prévisible à moyen terme par l’érosion, les
plet possible des espèces découvertes à
horizons archéologiques identifiés dans
5 Guidez 2018.
Arconciel/La Souche, l’option fut prise de
cette partie du site. Les données engrangées
publier ici les principaux résultats de l’étude
devraient permettre d’alimenter une réflexion
des niveaux inférieurs, qui a porté sur un peu
d’ensemble sur la fin des derniers groupes de
plus de 95 % des 144 347 restes de faune
chasseurs-cueilleurs et sur le processus de
6 Guidez/Castel à paraître. Nous
tenons à remercier très chaleureusement M. Ruffieux pour son travail de
relecture et B. Bär pour la traduction
du résumé en allemand.
issus des ensembles V et VI. Ces données,
néolithisation du Plateau romand.
7 Mauvilly et al. 2008.
CAF 22/2020 Études
34
9
8
7
6
5
4
3
Il s’agit de l’ensemble le plus ancien
Q
4
actuellement reconnu dans l’abri. Relati-
P
vement bien calé chronologiquement entre
7200/7100 et 6600/6500 av. J.-C., il n’a
O
3b
3B
été exploré de manière exhaustive que sur
N
une dizaine de mètres carrés. Les éléments
archéologiques recensés sont en fait inter-
M
3A
3A
calés dans des séquences d’origine princi-
L
palement alluviale atteignant un peu plus
d’un mètre de hauteur.
K
Au sein de cet ensemble, dont les niveaux
J
ont été passablement lessivés par la Sarine,
on peut distinguer :
H
2
– un sous-ensemble inférieur correspondant
G
surtout à des horizons archéologiques forN
F
més de fins liserés grisâtres (couches 9B,
9C et 9D) (voir fig. 3), au pendage plus ou
1B
1B
E
moins marqué, enrichis en paillettes de
D
0
1m
1A
1A
L’ensemble archéologique VI
C
charbon de bois, qui ont livré un mobilier
peu abondant (restes fauniques et artefacts lithiques) ainsi que deux foyers pas-
B
E
S
sablement délavés. Une série de quatre
N
W
datations radiocarbone place ce sous-
Fig. 2 Plan de la partie explorée de l’abri, les ensembles
archéologiques V et VI n’ont été fouillés que dans la zone
en bleu. La paroi molassique est représentée en vert
ensemble entre 7100 et 6700 av. J.-C. ;
– un sous-ensemble supérieur, chronologiquement calé entre 6700 et 6500 av. J.-C.
et correspondant à la couche 5, dans
Vers le début du V millénaire av. J.-C.,
laquelle des « épandages » d’artefacts
une partie du plafond molassique de l’abri
lithiques pris dans des matrices silteuses
s’est détachée. Le gros bloc qui s’est fissuré
alluviales (couches 5, 5AS) ont été obser-
et partiellement disloqué a ensuite, de par
vés ; ils se sont déposés sur le premier
son volume de plusieurs mètres cubes,
niveau d’effondrement issu du plafond de
considérablement réduit l’espace habi-
l’abri. Quelques structures foyères ont pu
table8. Cet événement explique certaine-
lui être associées.
ment la désaffection progressive de l’abri
Bien que l’industrie lithique de cet
constatée après 5000/4850 av. J.-C., et sur-
ensemble soit peu abondante et que les
tout l’absence totale de témoins archéolo-
marqueurs typo-chronologiques soient qua-
giques datant du Néolithique et des Âges
siment absents au sein de l’outillage, les
des métaux.
dates radiocarbone permettent de l’attri-
e
buer à la fin du Premier Mésolithique. En
effet, alors que le débitage semble claire-
Cadre chrono-culturel
de l’étude de la faune
des niveaux inférieurs
8 Entre les premières et les
dernières fréquentations
mésolithiques de l’abri, plusieurs
effondrements plus ou moins
importants du plafond de l’abri
ont eu lieu (voir Mauvilly 2018).
9 Mauvilly et al. 2008.
10 Bassin 2018.
ment orienté vers la production d’éclats et
que la seule armature microlithique identifiée correspond à une pièce à dos caractéristique des assemblages du Premier Mésoli-
Sur la base des données de fouille, tant sédi-
thique, un certain nombre de traits distinctifs
mentaires (ruptures, hiatus, niveaux d’effon-
du Second Mésolithique, comme la produc-
drement, etc.) qu’archéologiques (foyers
tion de supports lamellaires réguliers, les
structurés, dallages, chapes de cendres,
trapèzes ou les lamelles à retouches laté-
répartition, distribution et remontages du
rales irrégulières, font défaut10.
mobilier,
etc.),
six
ensembles
archéo-
Les données actuellement disponibles
sédimentaires numérotés de I à VI ont été
(morphologie des dépôts et étude des arte-
individualisés (fig. 3). Dans le cadre de la
facts lithiques) suggèrent des fréquenta-
présente étude, nous nous intéresserons uni-
tions de l’abri brèves et probablement peu
quement à la faune des niveaux V et VI,
nombreuses (une demi-douzaine tout au
datés entre 7200/7100 et 6200 av. J.-C. .
plus ?) durant cette phase de comblement.
9
Arconciel/La Souche
35
C3S
C4
C 5/AS
C5S
C6
C7
C8
C9
C 10
Fig. 3 Les ensembles V (couches 3S et 4) et VI (couches 5/AS à 9) au niveau de la ligne 515
La Sarine présente parfois les caractéris-
provenant du plafond. Une série de cinq
tiques d’un cours d’eau torrentiel qui a pu
dates radiocarbone confrontée à celles des
entraîner des crues destructrices, rendant la
niveaux sus- et sous-jacents place cet
fréquentation du site risquée durant ces épi-
ensemble entre 6600/6500 et 6200 av. J.-C.,
sodes. Les témoins des activités anthro-
soit sur une durée d’environ trois siècles. Plus
piques y sont d’ailleurs relativement fugaces :
précisément et d’après une modélisation
quelques structures de combustion, de rares
bayésienne11, il commencerait à se mettre en
restes osseux mal conservés et une petite
place vers 6605/6488 av. J.-C. avec une pro-
série d’artefacts en roches siliceuses. Les
babilité de 95 % (6577/6513 av. J.-C. à 68 %).
vestiges lithiques généralement de bonnes
En fait, le début de cette séquence coïn-
dimensions reposant sur la partie supérieure
cide manifestement avec le moment où les
de cet ensemble confirment clairement un
inondations de la Sarine n’ont plus affecté
lessivage des couches, voire un abandon de
l’abri. Les chasseurs-cueilleurs mésolithiques
la cavité suite à l’un des derniers épisodes
en ont alors profité pour investir le site de
de crue de la rivière. La fin de cette phase,
manière plus récurrente. Ce changement de
sous forte influence de la dynamique fluvia-
comportement se traduit, au niveau strati-
tile, coïncide en outre plus ou moins avec un
graphique, par une accumulation de dépôts
effondrement important de la voûte. D’un
interstratifiés d’une très grande complexité
point de vue sédimentaire, cette première
et cela sur quasiment la totalité de la hau-
étape de comblement de l’abri semble
teur des séquences archéologiques (voir
devoir s’étendre sur un demi-millénaire, avec
fig. 3). Ce « millefeuille » – ou parfois ces « mil-
probablement des hiatus et des rythmes de
lefeuilles » emboîtés – avec alternance qua-
mise en place des couches très irréguliers.
siment ininterrompue de couches à forte
influence anthropique (fins horizons char-
L’ensemble archéologique V
bonneux, cendreux et/ou rubéfiés) et de
Cet ensemble correspond principalement à la
séquences sableuses correspondant à la
couche 4. Se développant sur une trentaine
reprise des processus naturels de sédimen-
de centimètres d’épaisseur, il est scellé dans
tation par ruissellement et gravitation, a livré
sa partie supérieure par la couche 3S, à savoir
un très riche mobilier archéologique.
un sable molassique verdâtre, exempt de ves-
Les restes fauniques y sont en effet très
tiges archéologiques, résultat de la pulvéri-
abondants et l’outillage en matières dures
sation sous l’effet des agents atmosphé-
d’origine animale, avec une série de pointes,
riques d’un bloc d’effondrement peu épais
de biseaux et de multiples déchets de
11 La modélisation a été réalisée
par A. Denaire, que nous remercions
chaleureusement.
CAF 22/2020 Études
36
fabrication, est bien représenté. L’une des plus
Nous avons créé deux bases de données :
belles pièces de cette industrie est un harpon
– la base principale regroupe deux catégo-
façonné dans du bois de cerf, tandis que la
ries de vestiges : ceux enregistrés indivi-
parure réalisée avec quatre craches de cerf
duellement lors de leur dégagement (qu’ils
perforées et au moins huit coquillages de type
soient déterminables ou non), et ceux isolés
Columbella rustica n’est pas en reste. Concer-
au sein des lots récoltés en vrac ou lors du
nant l’industrie lithique, les témoins d’activités
tamisage, qui sont déterminables, poten-
de débitage sont très nombreux. L’outillage
tiellement déterminables dans le cadre
lithique, bien attesté, est dominé par les grat-
d’une analyse très spécialisée ou remar-
toirs et les armatures de traits, occurrences qui
quables d’un point de vue taphonomique ;
deviendront récurrentes dans les ensembles
– la base secondaire correspond aux ves-
supérieurs. À noter dans cet ensemble l’appa-
tiges récoltés en vrac ou lors du tamisage
rition des premiers trapèzes et des lamelles
qui ne sont pas déterminables.
à encoches. Globalement, si certains traits
L’examen des lots ramassés lors du tami-
évoquent encore les traditions du Premier
sage a permis d’isoler un grand nombre de
Mésolithique, le style de débitage plus orienté
restes (NR) déterminables qui n’avaient pas
vers la production de supports lamellaires et
été repérés lors de la fouille. Ce sont géné-
l’apparition d’une nouvelle gamme d’outils
ralement de petits fragments d’os qui ne
annoncent clairement le souffle des nouveaux
sont identifiables que par des archéozoolo-
concepts techno-culturels véhiculés au Second
gues. En outre, cette étape a révélé une
Mésolithique, à partir de 6500 av. J.-C.
quantité significative de vestiges de micro-
Contrairement à ce qui a été observé pour
faune et de poissons14 ainsi qu’une centaine
l’ensemble VI, les populations mésolithiques
de tout petits fragments de silex. Ces der-
ont régulièrement fréquenté l’abri pendant
niers ont été transmis aux spécialistes en
les trois siècles que dure cette séquence de
charge de ces catégories.
Les déterminations ont été réalisées à
comblement.
l’aide des collections de comparaison du
Département d’archéozoologie du Muséum
Matériel et méthodes
d’histoire naturelle de Genève. Nous concédons posséder des compétences variables
Le travail d’A. Guidez a été réalisé dans le
concernant les différentes espèces pré-
cadre d’une thèse de doctorat consacrée
sentes. Notre longue expérience facilite
aux ensembles II à IV du site d’Arconciel/La
l’identification des débris infimes de cervi-
Souche et à leur apport à la compréhension
dés ou de carnivores. En revanche, pour des
du Mésolithique ouest-européen12. La pré-
espèces telles que les suinés ou le castor,
sente analyse des ensembles V et VI est bien
nous avons parfois recouru à l’expertise de
entendu moins détaillée compte tenu du peu
P. Chiquet, plus familiarisée avec ces taxons
de temps à disposition pour son élaboration.
lorsqu’ils sont très fragmentés.
Il serait cependant illusoire de croire que ces
La base de données principale permet
travaux épuisent tout le potentiel d’un site
de décrire anatomiquement les vestiges
aussi riche. Notre recherche est donc une
déterminés, d’évaluer leur degré de dégra-
première étape de description qui en appel-
dation post-dépositionnelle et d’enregis-
lera d’autres. La synthèse entre ces deux
trer la nature et la position des traces résul-
études distinctes est en cours dans le cadre
tant de l’activité humaine.
d’une publication monographique globale .
13
L’examen taphonomique offre tout d’abord
de quantifier les dégradations post-déposi-
12 Guidez 2018.
13 Guidez/Castel à paraître.
14 L’étude de la microfaune
et de l’ichtyofaune a été réalisée
par J. Oppliger.
Tous les sédiments fouillés ont fait l’objet
tionnelles, c’est-à-dire la lisibilité de chaque
d’un prélèvement par quart de mètre carré
os déterminé. Il permet dans un second
et ont été tamisés à l’eau, de manière à
temps de révéler les agents qui ont modifié
récupérer toutes les fractions supérieures à
l’assemblage initial et d’inférer leur ampleur
2 mm. Comme pour l’ensemble du mobilier,
spatiale à l’échelle du site. Finalement, il
le maximum de restes fauniques de plus
autorise une analyse quantifiée des activi-
d’un centimètre a été prélevé tridimension-
tés humaines. Les traces anthropogéniques,
nellement (X, Y, Z).
telles que les stries, ont été recherchées à
Tous les sachets contenant de la faune attri-
l’aide d’une loupe à œil (loupe de bijoutier).
buée à l’ensemble VI ont été examinés, ainsi
Les principaux domaines abordés dans
que la quasi-totalité de ceux de l’ensemble V.
cette étude concernent la sélection du gibier,
Arconciel/La Souche
37
la fréquence des éléments du squelette avec
Taphonomie
un focus sur celle relative des différentes parties d’un os ou d’une région squelettique.
L’identification des étapes de la chaîne de
traitement des carcasses est considérée selon
Les classes de taille
de vertébrés
les principes du concept de chaîne opératoire15. Pour les ongulés, les traces de découpe
Pour orienter l’étude, il faut en priorité déter-
ont été interprétées selon les référentiels clas-
miner les caractéristiques principales du
siques tels que L. R. Binford ou M.-C. Soulier
corpus. Ainsi, l’évaluation de l’abondance
et S. Costamagno17 ; pour les carnivores, nous
relative des vertébrés selon des classes de
avons utilisé ceux de P. Chiquet18 et de
taille permet de définir comment les restes
J.-B. Mallye19.
osseux seront examinés. Nous avons retenu
16
À la différence de l’analyse réalisée par
un découpage en quatre classes : grands
A. Guidez, nous n’avons pas comptabilisé le
mammifères (ce qui comprend notamment
poids des vestiges. Au contraire, une partie
les bovinés, l’élan, le cheval ou l’ours), les
de nos raisonnements est fondée sur la lon-
moyens mammifères (par exemple le cerf, le
gueur relative et le degré de fragmentation
sanglier ou le bouquetin), les petits mammi-
des os. Cette différence de méthodes cor-
fères (chevreuil, chamois, loup, lynx, etc.) et
respond à des démarches exploratoires dis-
les très petits vertébrés ou mésofaune
tinctes au sein des archéozoologues rele-
(incluant renard, lièvre, castor ou la plupart
vant partiellement de traditions et d’écoles.
des oiseaux). Une cinquième catégorie, qui
Les deux méthodes ont leurs avantages et
correspond à la microfaune, n’est pas trai-
leurs inconvénients.
tée ici à l’exception de quelques restes de
La distribution spatiale du matériel enre-
taupe qui ont échappé aux tris préalables à
gistré dans la base de données principale a
l’issue de la fouille. Ces classes ne sont pas
été réalisée par carré de 50 cm en préalable
totalement étanches lorsque les vestiges
à un examen global de chaque ensemble.
sont très fragmentés. Ainsi, des côtes de
De légères concentrations peuvent corres-
grands mammifères ou de moyens mammi-
pondre à des locus particuliers des activités
fères peuvent être attribuées à une classe
humaines, tandis que les vides peuvent s’ap-
erronée, ou bien de petits fragments d’os de
parenter à des blocs ou à des terriers. Une
lynx et de castor, non déterminés, pour-
étude plus approfondie des distributions
raient être enregistrés dans d’autres classes
des vestiges et de leurs attributs pourrait
que celles dont ils relèvent. Il s’agit, cepen-
être envisagée. Nous nous bornerons à sou-
dant, d’un point marginal dans le cadre de
ligner que l’ensemble V paraît être un lot
l’analyse taphonomique.
homogène avec une zone de forte densité
Ce qui domine dans les assemblages exa-
pouvant indiquer une succession d’activités
minés, c’est la présence de deux ongulés de
humaines de même nature. La distribution
taille moyenne, le cerf et un suiné ; on verra
des restes de l’ensemble VI semble se cal-
plus loin que ce dernier est en fait le sanglier,
quer sur celle de l’ensemble V, avec toutefois
terme employé dans la suite de l’article. Les
une plus grande extension vers le nord. Elle
vestiges de ces espèces sont extrêmement
s’avère aussi plus hétérogène avec éventuel-
fragmentés et brûlés. Les grands ongulés
lement deux zones de forte densité (E6S et
sont rarissimes et les petits mammifères, peu
G7N ; voir fig. 2), pouvant correspondre à
nombreux. En revanche, la mésofaune est
deux événements qui ont pu être préservés.
abondante et expose deux caractéristiques
Compte tenu du caractère exceptionnel
similaires à celles observées dans la classe
de cette collection, nous avons tenu à l’il-
des ongulés de taille moyenne, la fragmen-
lustrer de façon relativement détaillée, ce
tation et la combustion. L’identification des
que les archéozoologues approuveront
espèces dans cette classe de taille, suscep-
peut-être contrairement à d’autres. À titre
tible de fournir beaucoup de fragments infé-
personnel, nous tenons à souligner que, s’il
rieurs à 2 cm, a motivé l’examen très attentif
y a une collection parmi toutes celles que
des refus de tamis.
15 Binford 1978 ; Binford 1981 ;
Castel et al. 1998.
16 Binford 1981.
nous avons étudiées qui mérite toute notre
Cette répartition de la faune par classe
attention, c’est bien celle-ci. Enfin il n’est
de taille est tout à fait semblable à ce qui
peut-être pas inutile de rappeler que cette
est observé dans les sites de l’Epipaléoli-
étude n’épuise pas le potentiel d’une telle
thique et du Mésolithique de l’est de la
19 Mallye 2011.
collection.
France et de Suisse .
20 Par exemple Bridault 1993.
20
17 Soulier/Costamagno 2017.
18 Chiquet 2004.
CAF 22/2020 Études
38
ENSEMBLES ARCHÉOLOGIQUES
DÉTERMINATIONS TAXONOMIQUES
ET ANATOMIQUES
V
VI
DÉTERMINATIONS ANATOMIQUES
ET PAR CLASSE DE TAILLE UNIQUEMENT
V
VI
2
Grands mammifères
5
Moyens ou grands mammifères
2596
Moyens mammifères
164
Petits ou moyens mammifères
22
5
1536
68
390
31
Petits mammifères
152
4
216
19
Très petits vertébrés
204
8
134
15
2954
176
2303
138
Total
Fig. 4 Abondance des vestiges en nombre de restes (NR), en fonction des classes de taille de vertébrés
Quantités et dimensions
d’un décompte précis comprenant les tris
suivants21 :
Le matériel osseux des ensembles V et VI
– longueur par intervalle centimétrique ;
nous a été confié sous la forme de
– type de tissu (compact/spongieux/côte/
2868 sachets contenant une quantité très
variable d’os allant de la pièce unique,
dent) ;
– combustion (brûlé ou non).
généralement assez grande, à plusieurs
Pour l’ensemble V, ce décompte a concerné
centaines de tout petits fragments. Dans un
une bande parallèle à la paroi et correspon-
premier temps, les vestiges identifiables ont
dant aux carrés E7/F7/G7/H7/I7/J7 (voir fig. 2).
été extraits. Après analyse détaillée, ces
Nous avons considéré a priori cet échantillon
derniers correspondent à 3130 vestiges
comme représentatif de la totalité. Pour l’en-
déterminés taxonomiquement et anatomi-
semble VI, nous avons retenu tous les sachets
quement, et à 2441 fragments déterminés
provenant des carrés E7/F7/E6/F6 (voir fig. 2) ;
anatomiquement par classe de taille de
ils peuvent contenir un nombre de vestiges
mammifères, mais pas précisément par
important (N > 300, voire 500). Dans les autres
espèce ou genre (fig. 4). Ces deux catégo-
carrés, les sachets composés de moins de cinq
ries constituent la première base de don-
restes fauniques non déterminables n’ont pas
nées, qui sera la plus utile pour mettre en
toujours été relevés, mais ils ne constituent de
évidence les comportements humains.
fait qu’une proportion très faible du total
L’ensemble V est beaucoup plus important numériquement que le VI, qui ne représente qu’environ 6 % du total.
compté. Une grande partie de ce travail (80 %)
a été réalisé par M. Rillardon.
Le nombre de vestiges non déterminables
Afin de constituer la seconde base de
décomptés s’élève à 43 218 restes, dont 29 214,
données, plus orientée vers l’étude tapho-
soit 68 %, qui mesurent moins de 10 mm.
nomique, 1174 sachets ont fait l’objet
Concernant ces vestiges infracentimétriques,
100000
ensemble V, non brûlés
10000
ensemble VI, non brûlés
ensemble V, brûlés
1000
NR
ensemble VI, brûlés
100
10
Fig. 5 Nombre de vestiges indéterminés par classe centimétrique
80 à 90
70 à 80
plus de 90
Longueur (mm)
60 à 70
50 à 60
40 à 50
30 à 40
20 à 30
10 à 20
21 Compte tenu qu’une partie des
sachets ne contenait qu’un seul os
isolé, la part des refus de tamis
examinés dépasse donc largement
la moitié du total collecté.
< 10
1
Arconciel/La Souche
39
a) V non brûlés
b) V brûlés
3075
902
322
190
6582
100%
100%
80%
80%
60%
60%
40%
40%
20%
20%
0%
10 à 20
20 à 30
30 à 40
Longueur (mm)
0%
> 40
10 à 20
Sp
gieux
c) VI non brûlés
56
20 à 30
30 à 40
Longueur (mm)
Spongieux
S
127
29
607
14
100%
100%
80%
80%
60%
60%
40%
40%
20%
20%
10 à 20
152
««C
Côtes »
> 40
C
Compacts
D
Dents
d) VI brûlés
463
0%
1154
20 à 30
30 à 40
Longueur (mm)
0%
> 40
86
10 à 20
8
1
20 à 30
30 à 40
Longueur (mm)
> 40
Fig. 6 Proportion des différents types de tissus parmi les vestiges indéterminés (% NR) des ensembles V et VI
74 % sont brûlés (fig. 5). Le nombre de restes
le gisement est donc légèrement exagérée
décroît très fortement lorsque la longueur
par les analyses classiques présentées ci-
augmente.
dessous, et il faut relativiser le déficit en os
L’analyse des proportions des tissus
spongieux et en côtes.
osseux montre, dans les deux ensembles,
Dans les petites classes dimensionnelles,
un accroissement sensible de la proportion
les os indéterminés se différencient peu des
d’os spongieux et des tissus de type côte
déterminés, notamment dans la proportion de
lorsque la longueur décroît, et cela que les
ceux brûlés. Celle-ci diminue fortement à partir
os soient brûlés ou non (fig. 6). Une partie
de 40 mm de longueur. Parmi les indéterminés
des os spongieux et des côtes, introduits
de plus de 40 mm de longueur, 57 fragments
dans l’abri, échappe donc à l’analyse clas-
sur 264 ont subi l’action du feu. Sur ces 57 frag-
sique réalisée à partir des os déterminés.
ments, 54 sont composés de tissu compact.
Cela indique une fragmentation de ces tis-
Parmi les 1987 os déterminés de plus de
sus supérieure à celle des os compacts. La
40 mm, 228 sont brûlés, ce qui constitue un
représentation des restes compacts dans
corpus important (fig. 7). La majorité d’entre
800
ensemble V, non brûlés
700
ensemble VI, non brûlés
600
ensemble V, brûlés
NR
500
ensemble VI, brûlés
400
300
200
100
Longueur (mm)
Fig. 7 Décompte des os déterminés par classe dimensionnelle : ensembles V et VI, brûlés ou non
> 120
100 à 120
90 à 100
80 à 90
70 à 80
60 à 70
50 à 60
40 à 50
30 à 40
20 à 30
10 à 20
< 10
0
CAF 22/2020 Études
40
100%
100
%
Des terriers ont été repérés lors des
fouilles. Le matériel qui leur était associé a
80%
80
%
été retiré de l’étude. Néanmoins, compte
tenu de la complexité sédimentaire de l’abri,
60%
60
%
certains mélanges ont pu rester non identifiés. À titre d’exemple, le blaireau introduit
40%
40
%
B
Blanc
G
Gris
N
Noir
M
Marron
20%
20
%
> 80 (13)
70 à 80 (12)
60 à 70 (28)
50 à 60 (50)
40 à 50 (112)
30 à 40 (239)
20 à 30 (503)
10 à 20 (567)
< 10 (56)
00%
%
Longueur (mm)
Fig. 8 Couleur dominante des os brûlés déterminés des ensembles V et VI ; la couleur marron est
enregistrée dès qu’elle dépasse 10 % de l’os ; la couleur a été enregistrée sur environ 95 % des os brûlés
eux présente une couleur marron dominante,
signe d’une combustion partielle ou marginale
(fig. 8). Ce résultat considérable peut toutefois
peu ou pas de proies dans ses terriers qu’il
nettoie régulièrement22. Si les galeries ne
sont pas réutilisées par d’autres carnivores,
elles se comblent progressivement avec les
vestiges de l’encaissant. Dans les sables
caractéristiques d’Arconciel/La Souche, elles
deviennent presque impossibles à discerner
après une évolution de plusieurs siècles. Il
est donc parfois délicat de statuer de l’ancienneté de certaines espèces.
Dégradations
post-dépositionnelles
provenir de la fragmentation dans un second
Les types de dégradation
temps d’os plus intensément brûlés.
de surfaces observés
L’état de conservation a pu être examiné
Patine et couleur
pour 2304 vestiges de la première base de
données23. Parmi ceux-ci, 1372 (environ 60 %)
ont subi des altérations physico-chimiques
important
13%
intact
41%
modéré
20%
léger
26%
Fig. 9 Degré de dégradation
post-dépositionnelle des
surfaces osseuses observé sur
2304 os des ensembles V et VI
(les modifications telles que les
revêtements légers ou
phosphato-manganiques ne sont
pas comptabilisées)
22 Castel et al. 2011.
23 Parmi ces vestiges, ceux de plus
de 30 mm, les os brûlés et les dents
ont été exclus.
La couleur et la patine ont été examinées sur
plus ou moins importantes de leurs surfaces
de larges échantillons de vestiges obser-
externes (fig. 9 et 10) et une proportion non
vables de la première base de données. Les
négligeable porte plusieurs types de traces.
restes de moins de 30 mm, les dents et les os
Jusqu’au stade « modéré », les surfaces
brûlés, ainsi que ceux qui étaient trop frag-
osseuses sont largement propices à l’obser-
mentés, n’ont pas été pris en compte. Dans
vation des modifications anthropogéniques.
les deux ensembles, les restes des princi-
Les incidences dues aux carnivores sont
pales proies des chasseurs mésolithiques
observées séparément.
sont en général de couleur orangée plus ou
Certains types de modifications superfi-
moins prononcée, sans distinction notoire.
cielles ne constituent pas une gêne à l’ob-
Les os indubitablement récents peuvent être
servation des traces anthropogéniques : ce
jaune clair, gris clair, voire légèrement ver-
sont les enduits superficiels dus aux oxydes
dâtres. Cependant, certains os de cerfs et de
manganiques ou phosphatés (notés man-
sangliers (présentant les mêmes caractéris-
ganèse) et les recouvrements carbonatés
tiques morphologiques que la majorité) sont
légers. Les principaux agents affectant
parfois jaune clair. Certaines espèces néces-
réellement la structure de l’os et sa lisibilité
sitent donc un examen attentif.
sont l’érosion mécanique des surfaces, les
Parmi les restes de couleur claire, nous
empreintes de racines et les concrétions. Au
avons noté la présence de poule et de chat
sein de l’ensemble VI, on note aussi l’exis-
domestique. La distinction entre chat sau-
tence d’une dizaine de fragments qui
vage contemporain des ensembles V et VI
semblent avoir été intensément roulés par
et chat domestique actuel n’est pas tou-
l’eau.
jours aisée, surtout sur de petits fragments,
Il est également intéressant de signaler
alors que le caractère remanié de la poule
que les restes ingérés sont très rares. Il en
paraît évident. Un os long de petit oiseau
est de même des pseudo-stries causées par
indéterminé est aussi considéré comme
le déplacement des os sur le sédiment
élément perturbé. Le nombre de vestiges
sableux, notamment par le piétinement. Ces
concernés semble donc très faible, mais cer-
caractéristiques indiquent que le corpus a
tains os intrusifs de petites espèces, notam-
été peu ou pas abîmé entre son dépôt et
ment du chat, ont pu passer inaperçus.
son recouvrement sédimentaire.
Arconciel/La Souche
Une « fantômisation » des os ?
Le terme de « fantômisation » est utilisé par
les karstologues pour expliquer certains
vides qui ne sont pas dus à des creusements
41
TYPES DE DÉGRADATION
1
érosion
exfoliation
fissuration
pseudo-stries
410
65
66
5
207
9
6
51
3
1
Chimique
accumulatif
revêtement léger
concrétion
manganèse
260
100
15
87
10
2
29
Chimique
soustractif
émoussé
dissolution interne *
ingestion**
cupules
ponctuation
vermiculation
102
15
50
29
296
13
1
119
terme pourrait, par analogie, s’appliquer à
qui est, selon notre expérience, tout à fait
exceptionnel en matière de dégradation
post-dépositionnelle. La dissolution interne
de l’os est typiquement un phénomène qui
affecte les os spongieux en préservant leur
surface, mais en détruisant parfois complètement l’intérieur alors rempli de sable.
Après lavage, certains os ne sont plus que
des fantômes creux, dont ne subsiste que la
corticale, parfois maintenue par des concrétions sableuses discontinues (fig. 11). Ces
3
Mécanique
abrasifs par les eaux souterraines24. Ce
l’ensemble faunique d’Arconciel/La Souche
INTENSITÉ
2
* seul le phénomène généralisé est pris en compte
** fragments inférieurs à 30 mm
Fig. 10 Principaux types de dégradations post-dépositionnelles et leur intensité (croissante
de 1 à 3) observées sur un large échantillon de vestiges modifiés de l’ensemble V
restes sont extrêmement fragiles, ce qui a de
nombreuses conséquences. Il est clair qu’un
descriptifs et interprétatifs sont utilisés en rou-
grand nombre d’os affectés par ce phéno-
tine pour la documentation de chaque vestige
mène ont dû être détruits avant même le
enregistré. En général, l’intérieur des os n’est
début de la fouille, ou réduits en lambeaux.
pas pris en compte. Dans le cadre de l’examen
Malgré le soin remarquable de cette opéra-
ou de l’étude de dizaines de séries du Paléoli-
tion de terrain, il paraît également certain
thique, nous n’avons rencontré ce genre d’al-
que d’autres fantômes n’ont pas pu être pré-
térations, et encore avec une ampleur bien
levés et qu’une partie de ceux qui ont été
moindre, que dans le gisement de Castanet à
finalement isolés sous forme de débris n’ont
Sergeac (F, Dordogne)25. Aussi, lorsque nous
pas été identifiés en tant que tels.
avons entrepris l’étude des ensembles V et VI
L’extension de ce phénomène n’a pas été
d’Arconciel/La Souche, nous n’avons pas codé
totalement évaluée. En effet, les études tapho-
ce phénomène. Ce n’est qu’après quelques
nomiques se concentrent sur la description
centaines d’os examinés qu’un enregistrement
des états de surfaces et de nombreux outils
systématique, avec un codage spécifique, a
0
2 cm
a)
b)
c)
Fig. 11 Exemples représentatifs des fantômes obtenus par dissolution interne de vestiges spongieux de cerf :
a) patella, face caudale ; b) tibia, extrémité distale, face antérieure ; c) troisième phalange, face axiale
24 Par exemple Quinif 2010.
25 Castel 2011.
71
3
1
31
CAF 22/2020 Études
42
été effectué. Nous ne disposons donc pas
restant à un animal éventuellement plus
d’un panorama précis de l’étendue spatiale
gros. Il s’agit en majorité d’enfoncements
de ce phénomène, ni du degré avec lequel les
(pits) ; les sillons (grooves) sont constatés en
différents corpus sont affectés. À partir de nos
moindre quantité. Ces destructions superfi-
données partielles, sa distribution spatiale
cielles s’observent principalement sur des
semble se calquer sur celle globale des ves-
restes de cerf. Le chevreuil et le castor
tiges. Cette « fantômisation » touche surtout
portent également de telles marques. À
les ongulés de grande taille, mais elle a aussi
noter que le sanglier ne présente aucune
été identifiée sur des espèces plus petites
trace de morsure et que d’autres espèces
comme le castor et la fouine.
n’en montrent pas ou peu. Cela peut être le
Plusieurs
conséquences
doivent
être
résultat d’un nombre de vestiges trop faible.
envisagées :
– ce phénomène affecte surtout des os spon-
Distribution spatiale
gieux et en fait disparaître une partie diffici-
Les différents types de dégradations post-
lement quantifiable. Cela conduit inévitable-
dépositionnelles semblent répartis de façon
ment à une sous-représentation du squelette
assez homogène sur l’ensemble de la sur-
axial. Au sein des os longs, certaines extré-
face fouillée. La « fantômisation » pourrait
mités sont plus affectées, car plus spon-
affecter plus particulièrement les vestiges
gieuses, alors que d’autres vont être sur-
de la partie nord du gisement, mais faute
représentées, comme par exemple, pour les
d’une étude plus poussée de l’ensemble des
cervidés, le proximum du radius, le distum du
vestiges, cela reste à confirmer.
tibia et le proximum des métapodes ;
Force est de constater que les traces lais-
– puisqu’une bonne partie de ces os spon-
sées par les racines se localisent principale-
gieux sont désormais des fantômes creux,
ment autour des carrés E7E/F7N (voir fig. 2),
l’évaluation de leur importance relative à
c’est-à-dire dans la partie du gisement la
partir du poids des vestiges nous semble
plus touchée par la « fantômisation » ; un
totalement illusoire, étant donné qu’on ne
lien de causalité commun doit être envisa-
fait que peser une coquille vide et la
gé. Les traces d’érosion sont, quant à elles,
concrétion autour de celle-ci. Si la concré-
situées plutôt à proximité de la paroi ou
tion est limitée, le poids de l’os est large-
dans la partie sud de la zone de fouille. La
ment minoré, ce qui tend à faire dispa-
dissolution interne serait aussi susceptible
raître encore plus le squelette axial, les
d’être liée à cette répartition.
rotules et certaines autres parties du
De telles études pourraient être appro-
squelette appendiculaire (voir fig. 11).
fondies, mais il faut souligner qu’elles sont
Nous n’avons pas pu déterminer si ce
particulièrement chronophages pour des
phénomène est préférentiellement associé
résultats qui demeurent toujours difficiles à
au concrétionnement sableux ou si seuls les
interpréter.
os affectés par ce phénomène nous sont
parvenus, les autres ayant fini par disparaître, faute d’être maintenus par cette
Les espèces identifiées
accumulation de matière.
Quoi qu’il en soit, cette fantômisation
La liste d’espèces des corpus des ensembles V
constitue une source de destruction post-
et VI ne se différencie pas de celle des
dépositionnelle des os spongieux qui tend à
ensembles II à IV26, en raison du contexte
détruire en priorité le squelette axial et une
paléo-environnemental forestier du site. En
partie du squelette appendiculaire. Nous
nombre d’individus, le cerf domine très large-
considérons que dans ces conditions, il est
ment le spectre faunique (fig. 12). Il est suivi
particulièrement délicat de discuter du trans-
par le sanglier et le chevreuil. Ce trio d’es-
port différentiel ou de la destruction anthro-
pèces est tout à fait caractéristique de la
pogénique de certaines parties du squelette.
plupart des sites du Mésolithique de Suisse,
de l’est de la France, du sud de l’Allemagne
26 Pour plus de détails, se reporter
au travail de A. Guidez (Guidez 2018).
27 Bridault 1993 ; Chaix/Bridault
1993 ; Guidez 2018 ; Séara et al. 2010.
Morsures de carnivores
et du nord de l’Italie27. Les animaux à fourrure
Des morsures de carnivores ont été repérées
sont représentés par un nombre d’espèces
sur 31 os, ce qui est remarquablement faible
important. Certains, comme la martre et le
(28 dans l’ensemble V et 3 dans le VI). Les
chat sauvage, livrent un nombre d’os assez
deux tiers correspondent à un prédateur de
considérable, ce qui permet d’envisager
petite taille (renard ou petit chien) et le tiers
l’étude de leur exploitation par l’homme, si
Arconciel/La Souche
43
NR
ENSEMBLES
Espèces sauvages
Espèces actuelles
NMI
V
VI
V
VI
2333
151
16
3
Cerf
Cervus elaphus
Sanglier
Sus scrofa
263
13
4
2
Chevreuil
Capreolus capreolus
117
4
4
1
Martre
Martes martes
77
1
4
1
Chat sauvage
Felis silvestris
56
3
Loup
Canis lupus
31
1
Castor
Castor fiber
26
2
2
1
Blaireau
Meles meles
11
2
2
1
Renard
Vulpes vulpes
10
2
Putois/hermine
Mustela putorius / erminea
8
1
Lièvre
Lepus europaeus
7
Lynx
Lynx lynx
4
Hérisson
Erinaceus europaeus
3
Boviné
Bos / Bison
2
1
Ecureuil
Sciurus vulgaris
2
2
Taupe
Talpa talpa
2
1
Chat domestique
Felis silvestris catus
1
1
Poule
Gallus sp.
1
1
Total
2954
1
2
1
2
176
1
49
Fig. 12 Inventaire des vestiges déterminés, en NR et NMI correspondants
on peut confirmer que ces espèces ont bien
Pour le chat, un reste doit être attribué à la
été chassées. La question de l’identification
forme domestique : c’est un radius complet
entre les formes sauvages et domestiques de
relativement court qui a une patine beaucoup
certains taxons doit être posée (suiné, cani-
plus claire que celle des autres vestiges. Un
dé, féliné, léporidé), car cette recherche pour-
autre os dont l’attribution est douteuse pos-
rait témoigner de contacts avec le monde
sède une patine très claire, sans que la taille
néolithique ou d’une domestication locale.
de l’individu n’ait pu être déterminée. Les
Les autres petites espèces sont caractérisées
autres vestiges sont très fragmentés, de taille
par un modeste nombre de restes, ce qui
plutôt grande (NR mesurés=10) ou de patine
limite les possibilités d’interprétations.
similaire au reste du corpus. Nous les avons
donc assimilés au chat sauvage.
Les vestiges de suinés qui ont été mesurés
Pour le genre Martes, nous avons examiné
(NR=16) appartiennent tous au sanglier ;
la totalité des dents et des os mesurables. Les
nous avons donc estimé que la totalité des
molaires supérieures (M1) et inférieures (NR=7)
vestiges se rapportait à cette espèce.
ont des morphologies typiques de la martre.
Le chien n’a pas été identifié. En revanche,
Les os mesurés (NR=25) ont également été
26 restes appartiennent sans ambiguïté au
attribués à la martre. Les autres vestiges de ce
loup. À ce corpus s’ajoutent deux vestiges
genre ont donc tous été assimilés à cette
très fragmentés et trois vertèbres caudales
espèce, qui est la plus fréquemment identifiée
de grands canidés, qui présentent la même
dans les contextes mésolithiques et néoli-
patine et doivent correspondre au loup.
thiques de l’est de la France et de Suisse28.
Le castor est relativement bien représenté.
Afin de parfaire notre identification spéci-
Au sein du genre Mustela, seul le putois a
été reconnu avec certitude.
fique, une vingtaine de petits fragments
Pour les léporidés, six vestiges d’adultes
proches du castor ont été confiés à P. Chiquet,
correspondent au lièvre ; deux restes de jeune
plus experte pour cette espèce ; au final, très
présentant une patine ancienne ont aussi été
peu ont été retenus.
assimilés à ce genre. Compte tenu de l’effectif
1
28 Bridault 1993, Chiquet 2004.
1
11
CAF 22/2020 Études
44
0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
La couleur des os brûlés, qui témoigne de
l’intensité de l’exposition29, est extrêmement
Cerf (2484)
variable (fig. 13). Les os partiellement brûlés,
Sanglier (276)
de couleur marron, sont nombreux ; ils sont
Chevreuil (121)
souvent de grandes dimensions. Les os
Martre (78)
blanchis par une calcination intense, résul-
Chat sauvage (56)
Loup (31)
Blanc
tant d’une exposition à de hautes tempéra-
Gris
tures, sont aussi très abondants. La simili-
Noir
Castor (28)
Marron
Blaireau (13)
Non brûlés
Renard (10)
tude entre le cerf et le sanglier d’une part, et
la plupart des petits carnivores d’autre part,
indique que ces derniers ont été traités de
la même façon que les espèces qui com-
Lièvre (8)
posent l’essentiel de l’alimentation. Les ves-
Autres petits carnivores (81)
Très petits vertébrés
indéterminés (103)
tiges de ces différentes espèces étaient
donc très certainement déjà mélangés lors
Fig. 13 Proportions des restes brûlés pour les principaux taxons et degrés de combustion dans
les ensembles V et VI (entre parenthèses : NR)
du démarrage des feux.
Trois groupes de taxons semblent avoir des
histoires distinctes. Dans le premier groupe,
réduit et de la nature des vestiges, nous
l’identification de la combustion repose sur un
n’avons pas tenté de déterminer s’il fallait les
grand nombre de restes ; c’est le cas pour le
rapporter au lièvre européen ou au lièvre
cerf, le sanglier, le chevreuil et une partie des
variable.
carnivores. Près d’un quart des vestiges est
En conclusion, si l’on écarte d’emblée un
concerné. À l’opposé, les léporidés ne sont
reste de poule de toute évidence remanié,
pas brûlés, ce qui pourrait indiquer une ori-
seul le genre Felis présente un indice de
gine intrusive de l’espèce, ou postérieure à la
mélange entre des populations contempo-
phase principale de constitution de l’assem-
raines du Mésolithique et des populations
blage. Enfin, le castor et le chat sont faible-
(sub-)actuelles, mélange qui semble heu-
ment brûlés. Il est particulièrement difficile de
reusement limité à un seul os. Les meilleurs
déterminer si ces deux espèces sont en partie
critères pour distinguer les vestiges fau-
arrivées dans l’assemblage après le fonction-
niques contemporains de ceux appartenant
nement des foyers, si elles ont fait, pour tout
aux occupations mésolithiques sont incon-
ou certaines parties de leurs squelettes, l’ob-
testablement l’extrême fragmentation des
jet d’un traitement différencié, ou encore s’il
os et le pourcentage de fragments brûlés.
s’agit simplement d’un problème de conservation ou de détermination différentielle. Les
La combustion
tentatives d’explications seraient fragiles.
Le contact avec le feu peut faire disparaître complètement les petits os, mais aussi
Distribution taxonomique
des os brûlés
La combustion des os est un phénomène particulièrement intense dans les ensembles V
détruire partiellement les plus volumineux
(fig. 14).
Répartition anatomique
des os brûlés
et VI et s’explique aisément par le nombre
29 Théry-Parisot et al. 2009.
extrêmement important de structures de com-
Compte tenu de la très grande abondance
bustion, de vidanges et d’épandages de
des os brûlés, et contrairement aux modali-
cendres. La part de la surface fouillée concer-
tés classiques d’étude de la chaîne opéra-
née par ces structures correspond de 40 à
toire d’exploitation, il est nécessaire d’exa-
50 % du total de l’ensemble VI et à environ
miner en priorité la question de la répartition
70 % de l’ensemble V.
anatomique des os concernés par la com-
Les os brûlés sont présents sur toute la
bustion, avant d’aborder le détail des pra-
superficie que couvrent les deux ensembles.
tiques de boucherie qui ont été en partie
Ce phénomène affecte quasiment la totalité
masquées par ce phénomène.
des espèces, y compris les plus petites. Les
Lorsque l’on examine les mammifères de
os peuvent être complets ou préalablement
taille moyenne, on observe que toutes les par-
fracturés ; certains portent des stries.
ties du squelette ont été brûlées, parfois dans
Arconciel/La Souche
45
des proportions très importantes (fig. 15). Le
corps et les arcs vertébraux sont sensiblement
a)
plus atteints par les flammes que les processus transverses et épineux, ce qui pourrait
indiquer une fracturation des vertèbres avant
que les deux parties ne soient exploitées dans
des endroits différents, d’où des pourcentages
brûlés divergents30. Le même type d’explication pourrait concerner les ceintures, mais
les effectifs sont trop faibles pour permettre
de l’affirmer. Concernant les os longs, il n’y a
pas de traitements distincts entre extrémités
et diaphyses (du moins pour l’ensemble V,
dont les effectifs sont suffisants). Finalement,
les extrémités distales des membres (os du
basipode et phalanges) semblent légèrement plus brûlées. Ces données préliminaires
b)
orientent l’analyse des principaux taxons et
seront reprises plus loin.
À ce stade de la réflexion, on peut suspecter que les parties les plus fréquemment
brûlées correspondent aux parties du squelette les plus facilement déterminables sous
forme de petits fragments. Les différences
apparentes entre les ensembles V et VI sont
le résultat du faible effectif de ce dernier et
ne permettent pas de proposer un schéma
0
1 cm
de combustion distinct.
Fig. 14 Métacarpien de cerf (ensemble VI) ; la face palmaire (a) est intensément
brûlée tandis que la face dorsale (b) a à peine été léchée par les flammes
Acquisition et exploitation
du cerf
Le cerf est de loin la principale espèce
l’ensemble VI. Bien que les vestiges soient
représentée dans le corpus, avec 2333 restes
très fragmentés ou fracturés, une analyse
déterminés dans l’ensemble V et 151 dans
ostéométrique pourrait être envisagée.
PARTIE ANATOMIQUE
NR
Crâne
Vertèbres – corps
ENSEMBLE V
L.moy en mm NR brûlés % NR brûlés
192
31.5
42
21.9
NR
ENSEMBLE VI
L.moy en mm NR brûlés % NR brûlés
8
32.5
1
12.5
97
25.8
29
29.9
6
18.7
4
66.7
206
27.3
63
30.6
12
23.9
4
33.3
Vertèbres – pr. épineux
et transversal
68
43.8
9
13.2
1
1
100.0
Côtes – extrémités
61
25.6
23
37.7
0
146
55.8
28
19.2
9
40.2
2
22.2
1
100.0
Vertèbres – arc
Côtes – corps
Ceintures – articulations
7
33.9
4
57.1
1
36.0
Ceintures – corps
47
48.1
9
19.1
2
40.5
Os longs – extrémités
65
33.7
19
29.2
4
27.5
2
Os longs – diaphyses
0.0
50.0
395
56.5
87
22.0
27
65.1
4
14.8
Basipode
29
20.2
23
79.3
2
39.5
2
100.0
Phalanges
140
19.1
98
70.0
11
21.3
7
63.6
Fig. 15 Décompte et fréquence de la combustion par partie anatomique pour les mammifères de taille moyenne
et les sous-classes « moyennes à grandes » et « petites à moyennes ». Les métapodes et les diaphyses non attribuées
à un os précis ne sont pas prises en compte
30 Castel 2003.
CAF 22/2020 Études
46
L’étude des dents va également nous permettre de tenter de calculer le NMI et d’estimer l’âge auquel ces cerfs ont été abattus.
Un enregistrement systématique a été effectué dans notre base de données pour les
fragments de dents de petites dimensions, ce
qui n’est pas toujours le cas dans les fouilles
archéologiques (où les fragments peu déterminables ne sont pas extraits des refus de
tamis). Les dents isolées sont intensément
fragmentées, à l’exception des incisives et
des canines inférieures (fig. 17). Si l’on exclut
les dents brûlées, on constate que les incisives et les canines de notre base de données
sont plus fréquemment complètes que les
dents jugales. Les causes du morcellement de
ces dernières, qui nous semble inhabituel, ne
sont pas clairement établies. Trois phéno0
1 cm
Fig. 16 Dans l’ensemble V, la partie la plus abondante du squelette de cerf est l’extrémité
proximale de l’ulna
La population chassée
(âges, sexe, saison)
mènes peuvent être envisagés : la combustion, qui doit logiquement faire éclater les
couronnes en petits fragments indéterminables, tout en laissant éventuellement une
partie des racines intactes (puisque prises
dans les os correspondants) ; l’action du gel
peut également être invoquée ; enfin, une
fracturation des corps des mandibules pour
Le nombre minimum d’individus (NMI) du cerf,
en récupérer les tissus graisseux pourrait aus-
donné par l’extrémité proximale de l’ulna
si provoquer ce morcellement. Cependant, il
(fig. 16), s’élève à 18 pour l’ensemble V.
faut observer d’une part que les incisives et
Cependant, si l’on écarte un os qui pourrait
les canines semblent moins affectées, ce qui
avoir un statut particulier (voir plus loin), on
paraît contredire une possible gélifraction, et
note la présence de 16 extrémités proximales
d’autre part que la fracturation intentionnelle
gauches de métatarsiens et de 15 capitato-
n’explique guère le morcellement des cou-
trapézoïdes droits, d’où le chiffre de 16 indivi-
ronnes. L’hypothèse la plus probable serait
dus retenus (voir fig. 12). Le NMI obtenu pour
donc une chauffe légère de ces dents, consi-
cette espèce dans l’ensemble VI est de trois.
dérées à tort comme non brûlées lors de
l’observation.
Les dents les mieux représentées sont les
100%
100 %
Fragmentées
Fr
90%
90 %
Presque
complètes
P
80%
80 %
Complètes
C
incisives et les canines inférieures (incisiformes) ; leur NMI de fréquence est de
4,6 (4,25 pour l’ensemble V seul). En incluant
les dents conservées dans les mandibules,
25 jugales inférieures d’adultes sont com-
70%
70 %
plètes ou presque complètes. Ce sont les
60 %
60%
troisièmes molaires inférieures qui sont les
50 %
50%
mieux représentées et le plus souvent complètes (NR=8 ; trois gauches et cinq droites,
40 %
40%
dont quatre droites pour l’ensemble V seul).
30 %
30%
La caractérisation de l’âge des cerfs à
20 %
20%
partir du degré d’éruption et d’usure repose
10 %
10%
Pour établir les âges des individus de l’en-
finalement sur un petit nombre de dents.
semble V, nous avons utilisé les quatrièmes
00%
%
Incisives, canines
(433)
Déciduales
(10)
Jugales adultes
(96)
Fig. 17 Cerf, ensembles V et VI ; degré de préservation des dents isolées en % NR (fragments
brûlés exclus ; entre parenthèses : NR)
déciduales et les troisièmes molaires inférieures. Malgré l’effectif très faible et une
fragmentation importante, la moitié de la
population des cerfs déterminés correspond
Arconciel/La Souche
à des individus de moins de trois ans (fig. 18).
Même après combinaison, les dents permettent d’identifier un nombre d’individus
restreint (NMI=8), bien plus faible que celui
obtenu pour le squelette postcrânien. Les
dents ne correspondent donc qu’à une partie des individus abattus.
La proportion de jeunes peut être évaluée
à partir de certains éléments du squelette
postcrânien. Au sein des métapodes, dont
la soudure des épiphyses distales se produit vers trois ans31, la proportion des extré-
47
INDIVIDU
NO SAEF
DENT
ÂGE
1
24709
D4 gauche fragmentée
< 3 mois
2
21616
D4 gauche presque complète
12+/-3 mois
3
23246
D4 gauche presque complète
12+/-3 mois
4
7311
M 1 ou 2 gauche presque complète
15-27 mois
5
24560
M3 gauche fragmentée
3-4 ans
6
24279
M3 droite complète
5-7 ans
7
3056
M3 droite complète
8-9 ans
8
25070
M3 droite presque complète
9-12 ans
mités qui ne sont pas soudées est de l’ordre
de 10 % ; pour les premières et deuxièmes
phalanges, ce pourcentage est d’environ
Fig. 18 Ensemble V ; caractérisation des âges des cerfs abattus à partir de l’éruption et de l’usure
des dents jugales inférieures
25 %. Ces données indiquent une population chassée plutôt largement dominée par
les adultes. Étant donné que le squelette
Pour l’ensemble VI, les effectifs sont trop
postcrânien est plus représenté que les
faibles pour entamer une discussion quant au
dents, il fournit probablement une image
choix du gibier, mais on peut souligner que des
plus juste de la population. Cela témoigne-
adultes et au moins un jeune sont présents.
rait d’un ciblage des adultes, comme cela a
été observé dans de nombreux sites du
quart nord-est de la France32.
Profil squelettique
La détermination de la saison d’abattage est
Compte tenu des effectifs réduits de l’en-
encore plus délicate, puisqu’elle repose sur
semble VI (NR=151), l’analyse des profils a
trois des 18 individus seulement ; les données
été difficile. Relevons toutefois que la distri-
récoltées sur la base des trois plus jeunes
bution squelettique se calque sur celle obser-
indiquent des chasses au cours de l’été, voire
vée dans l’ensemble V (annexe 1). Pour l’en-
un peu avant, si l’usure des dents est plus
semble V, l’examen de la fréquence des
rapide que la moyenne. Cette information
parties anatomiques permet de constater
n’implique naturellement pas l’absence de
des contrastes relativement importants entre
31 Habermehl 1985.
chasse au cours des autres saisons.
les différentes régions du squelette (fig. 19).
32 Séara et al. 2010.
a)
14 et
et plus
14
plus
13
99 àà 13
55 àà 88
22 àà 44
ou 11
00 ou
b)
à 83
25 ou
12 à 4
00 ou 1
Fig. 19 Cerf, fréquence des éléments du squelette en NMI, dans les ensembles V (a) et VI (b) (© 2004 ArcheoZoo. org / J.-G. Ferrié – modifié pour l’hyoïde)
CAF 22/2020 Études
48
PARTIE ANATOMIQUE
CERF
SANGLIER
MOYENS ONGULÉS
INDÉTERMINÉS
TOTAL
Humérus
7
2
9
Radius
3
1
4
Fémur
5
8
13
Tibia
7
2
11
4
4
17
41
2
Os long indét.
Total général
22
2
considéré comme plus utile que le coxal33. Toutefois, pour le fémur, si l’on prend en compte
les vestiges qui n’ont pas pu être identifiés
avec la précision taxonomique nécessaire,
c’est-à-dire ceux qui sont enregistrés comme
ongulés de taille moyenne, le nombre d’individus représentés est porté à sept ; le déficit est
donc moins marqué (fig. 20). La rareté relative
des os à fort intérêt alimentaire est généralement interprétée comme le résultat de la
fouille d’une zone de traitement primaire de
désarticulation et de découpe34.
Fig. 20 Ensemble V ; cerf, sanglier et ongulés de taille moyenne indéterminés ; nombre de
foramens identifiés pour les os longs dont l’attribution spécifique devient difficile lorsqu’ils sont
très fragmentés ou brûlés
On observe, dans les ensembles V et VI, de
nombreux fragments de crânes attribués au
cerf (NR=86 ; L. moyenne=51 mm) correspondant à toutes les parties de celui-ci. Un hui-
PARTIE ANATOMIQUE
NR
L. MOYENNE (MM)
% NR BRÛLÉES
NMI
tième de ces pièces portent des brûlures. L’arc
zygomatique semble relativement bien repré-
Atlas
4
44.0
50.0
2
Axis
4
46.5
25.0
2
Cervicales
48
38.4
27.1
3
Thoraciques
26
56.4
3.8
1
Lombaires
53
36.6
22.6
2
Sacrum
5
55.0
0.0
1
Caudales
3
27.7
0.0
1
Indéterminées
4
41.3
25.0
té que les autres parties du squelette (fig. 21).
Vert. moyens ongulés indét.
304
31.1
28.0
Les vertèbres de cerf paraissent nombreuses,
Côtes
121
59.0
12.4
Côtes moyens ongulés indét.
168
48.8
21.4
2
senté (NR=20/80). La mandibule est elle aussi
bien attestée (NR=35 ; L. moyenne=72 mm),
mais curieusement, la branche est plus abondante que le corps (19 contre 16). Cela est dû
à la difficulté d’attribuer spécifiquement certains fragments du corps (au cerf ou au sanglier) : 38 fragments de mandibules, dont
22 bords inférieurs, sont déterminés comme
appartenant à des ongulés de taille moyenne.
Le squelette axial est moins bien représen-
mais elles sont de petites dimensions, ce qui
ne permet pas de proposer des NMI importants. Si on ajoute à ce corpus celles qui n’ont
pas pu être distinguées entre le cerf et le san-
Fig. 21 Caractéristiques des vertèbres et des côtes de cerf et des ongulés de taille moyenne
indéterminés de l’ensemble V
glier, au pro rata de l’abondance relative de
ces deux espèces, on peut estimer que les
rachis correspondent à quatre ou cinq cerfs.
Le crâne est moyennement représenté, tan-
La situation est similaire pour les côtes ; on
dis que les vertèbres le sont peu. Les pre-
observe en effet une très intense fragmenta-
mières cervicales et les lombaires sont un
tion de ce type d’os et une importante pro-
peu plus nombreuses que les autres. Les os
portion non départagée entre le cerf et le
des membres sont bien présents, mais enre-
sanglier. Même s’il ne semble pas y avoir de
gistrent des variations importantes qui
choix en ce qui concerne les parties du rachis
nécessitent d’être explicitées. Les extrémités
qui ont été brûlées, un examen plus appro-
distales des membres du basipode à la troi-
fondi, mais fort chronophage, apporterait
sième phalange sont particulièrement abon-
certainement quelques nuances quant aux
dantes. La moitié supérieure des membres
fréquences des différentes portions des ver-
est plus rare, mais avec une récurrence relati-
tèbres et des côtes qui ont été brûlées après
vement élevée du coxal et surtout de l’ulna.
le traitement de la carcasse.
La disparité constatée entre l’ulna (NMI=18)
et le radius (NMI=4) ou entre le coxal (NMI=9)
et le fémur (NMI=3, donné par le nombre de
Transport différentiel ?
foramens) n’est pas issue d’une différence
d’utilité alimentaire qui dépendrait de la quan-
L’étude du profil squelettique permet de réflé-
33 Voir par exemple Binford 1978 ;
Morin/Ready 2013.
tité de chair localisée autour de ces os. Dans
chir à la question du transport différentiel :
le premier cas, les valeurs d’utilité sont
est-ce que les cerfs abattus ont été ramenés
34 Binford 1978.
identiques et, dans le second, le fémur est
entiers dans l’abri ou seules certaines parties
Arconciel/La Souche
49
de l’animal ont-elles été transportées ? Dans
l’hypothèse de la sélection de la diaphyse
ce dernier cas, le choix des parties rapportées
de l’ulna comme support d’outillage peut
peut nous éclairer sur leur utilisation.
On a vu précédemment (voir fig. 6 et 7) que
la très grande fragmentation du matériel et
TYPE DE TRAITEMENT
NR
être envisagée. L’analyse en cours de l’in-
Travail sur la ramure
2
dustrie osseuse35 apportera sans doute des
Décarnisation
14
éléments de réponse.
Désarticulation
8
Prélèvement de la langue
1
Prélèvement de la peau /
nettoyage des os
22
Prélèvement des tendons
2
Indéterminés
6
sa combustion tendent à minimiser la visibili-
La perception d’un éventuel transport dif-
té des vertèbres, des côtes et des os spon-
férentiel se heurte donc à des données
gieux en général. Cela induit des disparités
antagonistes.
de fréquences entre les éléments squelettiques qui ne dépendent pas de l’intérêt
alimentaire (voir fig. 19). On constate égale-
Boucherie/bouchoyage
ment que le coxal et le crâne sont plus représentés que les autres os du squelette axial
Compte tenu de l’intense combustion systé-
ou de la moitié supérieure des membres. Au
matique des déchets alimentaires à la suite
contraire, les os à mœlle semblent défici-
des différents processus de traitement,
taires, mis à part les métapodes et plus par-
l’identification des pratiques alimentaires
ticulièrement le métatarsien. Si les autres os
s’avère complexe. Dans l’ensemble V, 55 os
longs avaient été fracturés pour la mœlle
de cerf seulement portent des stries, ce qui
dans la zone de fouille, nous devrions aisé-
constitue une proportion très faible ; trois
ment identifier leur présence à travers les
d’entre eux sont partiellement brûlés. Deux
parties les plus caractéristiques comme les
fragments de ramures sont raclés. Certaines
foramens, ce qui n’est pas le cas. Comment
marques sont difficilement interprétables,
expliquer alors que le membre postérieur soit
principalement du fait de la convergence des
principalement représenté par le coxal et le
stigmates d’opérations différentes (fig. 22 et
métatarsien ? La récurrence de ce dernier
23)36. Dans l’ensemble VI, trois os sont striés.
peut se justifier de différentes façons – peau,
Même si l’on retranche les dents, les ramures,
tendon ou mœlle – mais la viande est évi-
les os brûlés et ceux dont les surfaces sont
demment exclue. Cependant, la récupération
détruites, la proportion d’os striés reste
de tendons n’est guère documentée. Enfin, la
faible (3,2 %). La longueur moyenne des ves-
récupération de la mœlle des métapodes est
tiges n’explique pas cette rareté (L=48 mm).
sans doute une motivation importante, ce
Cette proportion semble plus faible que ce
qu’atteste la fracturation systématique de
qui est observé dans les sites régionaux bien
cet os, au même titre que celle des autres os
conservés37.
longs. Mais dans ce cas, pourquoi les autres
Malgré leur rareté, ces traces docu-
os longs restent-ils sous-représentés, même
mentent toutefois les différentes étapes du
en intégrant les vestiges attribués à la classe
traitement des carcasses.
Total
55
Fig. 22 Cerf, ensemble V ;
traitements des carcasses
documentés à partir de la
localisation des stries
de taille « cerf ou sanglier » ? Sont-ils présents
en plus grandes quantités dans d’autres parties de l’habitat ?
L’hypothèse qui nous semble la plus probable, à ce stade de l’analyse, est que ce
membre a été ramené de façon plus ou
moins complète et qu’une grande partie a
été détruite et dispersée dans le site. L’am-
Désar
Désarticulation
Décarnisation
Décarnisation
A
Autres
types de marques
et indéterminés
et indéterminés
pleur de la combustion soutiendrait cette
hypothèse.
Le cas du membre antérieur est un peu
différent. L’aspect le plus remarquable est la
distinction entre la fréquence du radius et
celle de l’ulna, ce dernier étant beaucoup
plus représenté (voir fig. 19). Aucune justifi-
35 Etude en cours menée
par Fr.-X. Chauvière.
cation d’ordre alimentaire ne peut être proposée, puisque ces deux os se situent au
même endroit du squelette. La récupération
de la mœlle ou des tendons n’induit généralement pas de telles disparités. Bien que ces
os ne portent pas de traces de façonnage,
Fig. 23 Cerf, ensemble V ; répartition des stries sur le
squelette (© 2004 ArcheoZoo.org / J.-G. Ferrié – modifié)
36 Les stries observées sur les
métapodes sont difficilement
attribuables au prélèvement de la
peau ou au nettoyage des os avant
fracturation.
37 Voir Guidez/Castel à paraître.
CAF 22/2020 Études
50
a)
Désarticulation
Des stries sont visibles au niveau des régions
articulaires, mais toutes ne sont pas attribuables avec certitude à la désarticulation.
Bien que peu abondantes (NR=8 pour les
stries attribuées sans ambiguïté à la désarticulation), ces traces sont reconnues dans
des régions variées du squelette : condyle
mandibulaire, hyoïde, tête de côte, acéta-
b)
bulum, talus, sur plusieurs extrémités proximales de métapodes et sur un sésamoïde.
0
1 cm
Les tendons
Deux métapodes présentent des stries longitudinales sur leur face antérieure, qui
peuvent être assimilées à la récupération
Fig. 24 Cerf, ensemble V ; stries sur la symphyse de la mandibule correspondant probablement
au prélèvement de la peau (a : face externe) et de la langue (b : face linguale)
des tendons (fig. 25). D’autres stries reconnues sur le quadrant antérieur de la diaphyse
de ces os pourraient aussi s’y rapporter,
mais sans certitude.
La viande
Les stries correspondant indiscutablement
au prélèvement de la viande sont peu nom-
0
1 cm
breuses (NR=14). Trois restes, partiellement
brûlés, portent aussi de telles traces. Ces
dernières sont présentes sur les diaphyses
Fig. 25 Cerf, ensemble V ; stries le long de la gouttière antérieure d’un métatarsien correspondant possiblement au prélèvement des tendons
d’os longs, mais aussi sur le corps de la
mandibule ainsi que sur une côte et une
La peau ?
phalange intermédiaire. Parmi les onze pro-
Certains os des extrémités de la carcasse,
cessus épineux de vertèbres thoraciques
qui portent peu de viande, sont striés ; cela
identifiés, un seul est strié.
peut être attribué aux opérations de prélè-
Les traces de raclage constituent une part
vement de la peau ou au nettoyage des os
significative des stries observées ; elles cor-
avant l’extraction de la mœlle. La plupart
respondent au prélèvement de la peau ou
des stries ont été observées sur les méta-
de la viande, ou encore au nettoyage des os
podes (NR=22), mais aussi sur une phalange
avant fracturation lors de l’extraction de la
et sur la symphyse d’une mandibule (fig. 24).
mœlle.
16
16
H
Humérus
14
14
Humérus
FFémur
Fémur
TTibia
12
12
Tibia
NR
10
10
88
66
44
22
Longueur (mm)
Fig. 26 Cerf, ensemble V ; distribution de la longueur des fragments d’os longs non brûlés.
> 150
100 à 150
90 à 100
80 à 90
70 à 80
60 à 70
50 à 60
40 à 50
30 à 40
0 à 30
00
Arconciel/La Souche
51
a)
b)
0
1 cm
Fig. 27 Cerf, ensemble V ; exemple de fracturation sans désarticulation : première et seconde phalanges (a) ; vertèbres
lombaires (b)
La mœlle
entre deux os pourtant marqués par des
Tous les os longs ont été fracturés. Les bords
stigmates de fracturation. Cela concerne
de fractures caractéristiques d’un geste
des phalanges (fig. 27a) ou des vertèbres
intentionnel sont très bien représentés
(fig. 27b). Il est donc probable qu’une partie
(bords lisses, délinéation oblique et en spi-
des os n’ait pas été désarticulés y compris
rale, etc.). De nombreuses encoches d’im-
lors du processus d’extraction de la mœlle.
pact ont également été observées, mais
Dans bien des cas, le squelette n’a peut-être
elles n’ont pas fait l’objet d’une quantifica-
pas été désarticulé de façon classique. En
tion. La longueur des fragments d’os longs
effet, l’analyse de la combustion des régions
non brûlés atteste de cette intense fractura-
articulaires permet parfois d’observer un
tion : la majorité d’entre eux mesurent moins
traitement spécifique des membres, carac-
d’un quart de la longueur totale des os com-
térisé par une absence de désarticulation
plets38 (fig. 26).
entre les grands os ou par un traitement dif-
La fragmentation des deux premières
férencié entre le corps et les autres parties
phalanges est également importante. Les
des vertèbres. La combustion sélective de
bords des cassures sont eux aussi majoritai-
régions globalement spongieuses ou articu-
rement typiques d’une percussion dyna-
laires peut alors être réalisée sans désarti-
mique. On peut en conclure que la plupart
culation à l’aide d’outils tranchants, mais à
des phalanges ont été fracturées afin d’ob-
la suite d’une série de percussions autour
tenir les petites quantités de mœlle qu’elles
des articulations39.
contenaient.
À Arconciel/La Souche, les différentes portions des vertèbres (corps/arc neural/diffé-
Mode de séparation des parties
rents processus) sont représentées en taux
du squelette : désarticulation,
équivalent ; les processus épineux et trans-
fracturation et combustion ciblée ?
verses semblent moins fréquemment brûlés
Bien que cela n’ait pas été recherché systé-
que les corps et les arcs, ce qui pourrait
matiquement, il a été possible d’observer
indiquer une phase de fracturation des ver-
38 La longueur des os entiers
est de l’ordre de 270 mm pour les
humérus et supérieure à 300 mm
pour les fémurs et tibias.
la persistance de connexions anatomiques
tèbres thoraciques et lombaires au niveau
39 Castel 2003.
CAF 22/2020 Études
52
CORPS
Non brûlés
Cervicales 3-7
2
Thoraciques
8
Lombaires
7
Total
Brûlés
17
DISQUE
NON ÉPIPHYSÉ
ARC
APOPHYSES
ARTICULAIRES
9
22
2
2
11
12
20
2
23
44
13
1
2
2
Cervicales 3-7
2
1
7
Thoraciques
1
2
7
% brûlés
FRAGMENTS
2
2
1
Lombaires
Total
PROCESSUS
ÉPINEUX/TRANSVERSE
3
4
14
1
15.0
14.8
24.1
7.1
Fig. 28 Cerf, ensemble V ; fréquence des différentes parties des vertèbres en NR
de ces processus et un traitement distinct
(fig. 29). Ainsi, l’extrémité distale de la sca-
avant la combustion (fig. 28) ; toutefois, les
pula, l’acétabulum, les os du poignet et la
effectifs sont faibles et dans le cadre de
cheville sont plus souvent brûlés, ce qui
cette analyse, les problèmes de détermina-
semble indiquer une combustion préféren-
tion différentielle ne sont pas négligeables
tielle de ces régions articulaires. Au contraire,
(sous forme brûlée, il est plus facile d’identi-
les extrémités articulaires de l’humérus et
fier un fragment de corps vertébral qu’un
des métapodes sont moins atteintes par le
fragment de processus épineux ou trans-
feu que les diaphyses (fig. 30). Enfin, la moi-
verse). Une analyse similaire pour les côtes
tié inférieure des membres est plus fréquem-
serait intéressante, mais fastidieuse.
ment brûlée que la moitié supérieure, ce qui
Pour les membres, certaines régions arti-
pourrait témoigner d’un traitement différen-
culaires semblent plus fréquemment brûlées
cié de cette partie du squelette, éventuelle-
que les zones qui les jouxtent (c’est-à-dire
ment en lien avec la récupération des peaux
les diaphyses et le corps des os des cein-
(le bas des pattes est-il directement jeté au
tures), mais ce n’est pas le cas de toutes
feu après dépouillement ?). Quoi qu’il en soit,
ces contrastes de fréquence de combustion
>> 80
80%%
50
80%%
50 àà80
25
50%%
25 àà50
15
25%%
15 àà25
55 àà 15
15%%
<< 55 %%
non
examiné
non examiné
demeurent difficiles à interpréter. Dans l’état
actuel de l’analyse, il n’est pas possible
d’identifier un éventuel processus d’exploitation de la graisse articulaire. Toutefois,
une étude plus approfondie pourrait permettre de caractériser de tels processus
d’exploitation des carcasses.
Acquisition et exploitation
du sanglier
Avec 276 restes déterminés, le sanglier est la
deuxième espèce représentée dans le cor> 80 %
50 à 80 %
pus (voir fig. 12 ; ensemble V, NR=263 ;
ensemble VI, NR=13).
25 à 50 %
15 à 25 %
5 à 15 %
<5%
non examiné
Fig. 29 Cerf, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés, vue globale sur le squelette (© 2004
ArcheoZoo.org / J.-G. Ferrié – modifié)
La population chassée
Dans l’ensemble V, le NMI identifié à partir du
squelette postcrânien est de quatre ; la valeur
maximale est donnée par le troisième métacarpien. Jeunes et adultes sont présents.
Arconciel/La Souche
53
0%
20 %
40 %
60 %
80 %
100 %
Crâne (80)
Mandibule (35)
Dents isolées (137)
Vertèbres (147)
Côtes (112)
Ceintures-corps (25)
Ceintures-articulations (15)
Os longs supérieurs-PX (50)
Os longs sup. diaphyse (178)
Os longs supérieurs-DX (19)
Métapodes-PX (98)
Métapodes-diaphyse (359)
Métapodes-DX (42)
Basipodes (223)
Acropodes (651)
Fig. 30 Cerf, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés par région squelettique (entre parenthèses : NR ; PX : extrémité proximale ; DX extrémité distale)
Malgré le nombre réduit de dents (26 dents
isolées généralement fragmentées et cinq
fragments de maxillaires ou de mandibules
portant des dents), il est également possible
d’identifier au moins quatre individus : un premier portant des dents de lait, donc âgé de
moins de deux ans, un adulte de quatre ans,
un adulte plus vieux et un autre très vieux.
Dans l’ensemble VI, malgré le tout petit
nombre de vestiges identifiés, on distingue un
4 et plus
adulte et un jeune.
3
2
L’effectif étant particulièrement réduit, les
1
saisons de chasse n’ont pas été examinées.
0
44 etetplus
plus
33
22
11
00
Fig. 31 Sanglier, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (© 2003 ArcheoZoo.org /
M. Coutureau, Inrap – modifié)
Profil squelettique
Les différentes parties du squelette apparaissent avec des fréquences très variables
(fig. 31 ; annexe 1). Le bas des pattes et la
tête sont relativement abondants. L’aspect
général du profil squelettique est proche de
celui qui a été décrit pour le cerf (ulna mise à
part). On peut fortement suspecter un mode
d’introduction similaire et une exploitation
qui ne se singularise que par des détails.
0
Exploitation alimentaire
1 cm
Fig. 32 Sanglier, ensemble V : naviculaire, désarticulation
Sept os striés ont été repérés dans l’ensemble V et aucun dans l’ensemble VI. Six
stries sont visibles sur le membre postérieur,
une sur le membre antérieur et aucune sur le
squelette axial. À noter la présence d’une
strie de désarticulation sur un naviculaire
(fig. 32) ; les autres stries sont sur les
diaphyses des différents os longs. Une strie
sur un métapode indique le prélèvement de
la peau (fig. 33). Les os longs sont brisés en
0
1 cm
Fig. 33 Sanglier, ensemble V ; métatarsien 2, prélèvement de la peau
CAF 22/2020 Études
54
0%
10 %
20 %
30 %
40 %
Crâne (25)
Mandibule (7)
Dents isolées (27)
Vertèbres (10)
Côtes (8)
Ceintures-corps (2)
Ceintures-articulations (2)
Os longs PX (15)
Os longs diaphyse (19)
Os longs DX (12)
Basipodes (31)
Métapodes (75)
Phalanges (139)
Fig. 34 Sanglier, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés (entre parenthèses : NR ; PX : extrémité proximale ;
DX extrémité distale)
petits morceaux. La longueur moyenne des
probable moindre identification des petits
humérus, fémurs et tibias non brûlés est de
fragments de vertèbres ou des coxaux brû-
70 mm. En outre, une majorité d’entre eux
lés (fig. 34). Comme pour le cerf, on observe
révèle des bords de fractures typiques d’une
chez le sanglier de nombreux os brûlés dans
fracturation (intentionnelle), ce qui suggère
la moitié inférieure des membres.
une intense récupération de la mœlle.
Une forte proportion des os de sanglier
est brûlée. Le squelette axial et les ceintures
semblent moins touchés, mais il faut souligner la faiblesse des effectifs et une
Acquisition et exploitation
du chevreuil
Le chevreuil se place au troisième rang des
espèces chassées, totalisant 117 restes dans
l’ensemble V et quatre dans l’ensemble VI
ou 44
33 ou
22
11
00
(voir fig. 12). Dans la classe de taille des
petits ongulés, le chevreuil est la seule
espèce identifiée avec certitude. Toutefois,
du fait de leur grande fragmentation ou de
leur combustion, il n’est pas exclu que
quelques vestiges de chamois soient passés
inaperçus. Par conséquent, l’analyse porte à
la fois sur le chevreuil au sens strict et sur la
catégorie des « petits ongulés indéterminés », qui lui correspond très probablement.
Dans l’ensemble V, la population chassée
équivaut au moins à quatre individus, dont
un jeune. Les quatre vestiges de l’en-
3 ou 4
semble VI correspondent à un seul individu.
Le profil squelettique ressemble beaucoup à celui du cerf, avec une bonne représentation de l’ulna par rapport au radius, du
coxal et des extrémités distales par rapport
Fig. 35 Chevreuil, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (© 2005 ArcheoZoo.org /
J.-G. Férié)
au haut des membres (fig. 35 ; annexe 1).
Compte tenu du poids moyen de ce taxon,
Arconciel/La Souche
55
0%
20 %
40 %
60 %
80 %
100 %
Chevreuil
Crâne (8)
Mandibule (2)
Dents isolées (7)
Vertèbres (18)
Côtes (18)
Ceintures-corps (2)
Ceintures-articulations (3)
Os longs supérieurs-PX (7)
Os longs sup. diaphyse (11)
Os longs supérieurs-DX (2)
Métapodes-PX (3)
Métapodes-diaphyse (18)
Métapodes-DX (6)
Basipodes (28)
Acropodes (39)
Petits mammifères indéterminés
Crâne (13)
Vertèbres (39)
Côtes (29)
Fig. 36 Chevreuil et petits mammifères indéterminés, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés (entre parenthèses :
NR ; PX : extrémité proximale ; DX extrémité distale)
l’hypothèse d’un transport différentiel ne
de leurs dimensions extrêmement réduites40 ;
semble pas devoir être retenue, ce qui incite
nous ne nous y attarderons pas. Pour mieux
à considérer un traitement identique à celui
comprendre les profils squelettiques des
du cerf.
espèces détaillées ci-dessous, il faut prendre
La présence de stries de découpe se limite
en compte les vestiges qui n’ont pas été
à un unique métatarsien qui porte une
déterminés au rang du genre ou de l’espèce
marque en milieu de diaphyse. À cet os
(NR=151). Ces derniers sont souvent minus-
s’ajoutent vraisemblablement deux frag-
cules et fréquemment brûlés. Il s’agit de très
ments de côtes, attribués à de petits ongu-
petits carnivores et mammifères indéterminés
lés, également striés. Le corpus des diaphyses
(fig. 37). Ils comprennent des quantités non
d’os longs est limité, mais la majorité des
négligeables de vertèbres, de côtes et de
bords examinés (17/25) présentent des frac-
phalanges ; les os longs et les ceintures sont
tures typiques d’une fracturation dynamique,
aussi présents. Ces éléments sont à garder en
vraisemblablement en vue de récupérer la
mémoire, car ils seront nécessaires à la dis-
mœlle. À noter que les phalanges sont toutes
cussion sur les déficits observés dans les
fragmentées, mais nous n’avons pas tenté de
groupes zoologiques suivants.
déterminer si cet état correspondait à un
acte intentionnel. Comme pour les espèces
précédemment examinées, la combustion
Le castor
concerne une plus grande proportion des os
des extrémités distales des membres (fig. 36).
Malgré un effectif très réduit (NR=28 ; NMI=3 ;
voir fig. 12), toutes les régions du squelette de
Les petits vertébrés
et les carnivores
ce très petit vertébré ont été identifiées ; côtes
et os des extrémités distales des membres
sont bien attestés (fig. 38 ; annexe 2). Avec
une longueur moyenne de 24 mm, les os sont
Cette dernière section de l’analyse des faunes
de petites dimensions. Ils ne montrent pas de
des ensembles V et VI regroupe deux petits
stries ni de traces de modification intention-
carnivores, le loup et le lynx, ainsi que les ves-
nelle. Les brûlures sont peu nombreuses et ne
tiges de taille inférieure à ces derniers, réunis
présentent pas de cohérence logique. Spatia-
sous la dénomination de très petits vertébrés.
lement, le castor est concentré dans la partie
Certaines espèces sont très peu représentées
moyenne de la zone de fouille : E(6)7et F(6)7
(voir fig. 12), probablement en partie du fait
(voir fig. 2). L’hypothèse d’une carcasse dont
40 Ainsi, nous avons identifié
quelques « grands » os de taupe,
mais il est probable que la plupart
des vestiges de cette espèce aient
été confiés à J. Oppliger,
responsable de l’étude de la
microfaune ; il n’est pas exclu que
des carpiens et tarsiens des plus
petits mustélidés aient suivi le
même chemin.
CAF 22/2020 Études
56
ENS. V
ENS. VI
TOTAL
BRÛLÉS
% BRÛLÉS
L MOY. (MM)
Petits carnivores
Loup
31
31
11
35.5
26.6
Lynx
4
4
2
50.0
60.0
Renard
10
10
3
30.0
30.8
Chat sauvage
56
56
6
10.7
27.8
Blaireau
11
2
13
5
38.5
17.8
Martre
77
1
78
26
33.3
24.9
8
6
75.0
14.4
24
43.6
16.6
Très petits carnivores
Putois/hermine
Petits carnivores indéterminés
8
53
2
55
Lièvre
7
1
8
Castor
26
2
28
3
10.7
24.5
Très petits mammifères indéterminés
93
3
96
42
43.8
18.6
376
11
387
128
33.1
Très petits mammifères *
Total
30.8
Fig. 37 Fréquence en NR et principales caractéristiques des vestiges de carnivores et de très petits mammifères
les plus représentés (* hérisson, écureuil et taupe exclus)
la présence est indépendante de la fréquen-
Les léporidés
tation humaine peut être posée. Cependant,
l’extrême fragmentation des os et le fait que
Les restes de léporidés sont au nombre
les os déterminés se rapportent à toutes les
de huit, dont sept dans l’ensemble V (voir
parties du squelette et non pas à une partie
fig. 37) ; six se rapportent au lièvre européen
seulement ne semblent pas coïncider avec ce
et deux, correspondant à de jeunes indivi-
que l’on attendrait d’un charognage par le
dus, n’ont pas été attribués spécifiquement
renard . Bien que ces os ne portent pas de
au-delà de la famille. Ces os ne sont pas
traces de modifications anthropogéniques
brûlés, mais très fragmentés ; ils ne sont pas
(hormis les brûlures déjà discutées), l’hypo-
concentrés dans une partie du gisement.
thèse d’une introduction et d’un traitement
Bien qu’ils présentent un aspect taphono-
par l’homme demeure la plus probable.
mique voisin de celui des autres petites
41
3 ou 4
ensemble
V
1
ensemble
VI
41 Castel et al. 2011.
Fig. 38 Castor, ensemble V (en brun) et ensemble VI (en jaune) ; fréquence des éléments du squelette en NMI (présence/
absence ; distribution aléatoire de la représentation des côtes et des vertèbres ; ces dernières sont représentées entières
même si elles sont conservées sous forme de fragments) (© 2003 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, Inrap – modifié)
Arconciel/La Souche
0
57
1 cm
Fig. 39 Stries de désarticulation sur un atlas de chat
sauvage (ensemble V)
0
1 cm
Fig. 40 Ulna de lynx (ensemble V) striée sur la face latérale : prélèvement de la peau ou nettoyage
de cet os en vue d’une utilisation technique ?
espèces, il n’est pas possible de déterminer
Pour les deux taxons les plus abondants,
le statut du lièvre avec certitude : proie des
à savoir la martre (fig. 41) et le chat sauvage
Mésolithiques, introduction dans l’assem-
(fig. 42), toutes les parties du squelette sont
blage entre deux fréquentations humaines,
représentées. Pour ces petits gibiers, nous
relief d’un repas de carnivore ?
n’avons pas reconnu de profil caractéristique du prélèvement ou de l’abandon de la
Les carnivores
peau. Leurs os sont dispersés sur l’ensemble
de la surface fouillée.
La forte proportion de restes brûlés ne
Les vestiges de carnivores constituent une
résulte pas d’une action intentionnelle ciblant
part importante des ensembles V et VI (voir
ces espèces, mais témoigne d’une acquisition
fig. 12 et 37 ; annexe 2). La martre est l’espèce
contemporaine des herbivores, porteurs de
la plus abondante de ce groupe (NR=78 ;
nombreuses modifications anthropogéniques,
NMI=5), suivie par le chat sauvage (NR=56 ;
et des carnivores qui, en revanche, en portent
NMI=3). Les autres taxons sont moins nom-
extrêmement peu.
breux et leur NMI ne dépasse pas deux.
Les vestiges sont systématiquement très
3 ou 4
ensemble
V
fragmentés ou de petites dimensions. Les
pièces les plus notables sont un maxillaire
de loup et une moitié distale d’ulna de lynx.
Tous les autres grands os du squelette des
carnivores sont réduits en petits fragments.
La proportion de restes brûlés est en général très forte, même si elle est sensiblement
moins importante chez le chat sauvage. Des
Fig. 41 Martre, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (voir légende fig. 38 pour
explication du mode de représentation) (© 2015 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, Inrap – modifié)
traces de morsures n’ont été identifiées que
sur deux restes de loup.
Seuls deux restes portent des stries : ce
sont des stries de désarticulation reconnues
sur un atlas de chat sauvage (fig. 39) et une
3 ou 4
ensemble
V
série d’incisions sur les deux faces d’une
moitié distale d’ulna de lynx dont l’origine
n’est pas déterminée (fig. 40). Ce faible
nombre s’explique facilement par la grande
quantité de restes brûlés et par la petite
dimension des vestiges.
Compte tenu du nombre de vestiges inventoriés pour chacun de ces carnivores, les
profils squelettiques restent difficiles à
interpréter. On signalera toutefois pour le
loup une majorité d’os « périphériques ».
Fig. 42 Chat sauvage, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (voir légende fig. 38
pour explication du mode de représentation) (© 1996 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, V. Forest, Inrap
– modifié)
CAF 22/2020 Études
58
Autres taxons
profit des parties squelettiques correspondant aux masses carnées principales qui ne
0
1 cm
Fig. 43 Incisives de bovinés
(aurochs ou bison) trouvées
à proximité l’une de l’autre dans
l’ensemble V
Les grands mammifères sont extrêmement
peuvent être abandonnées sur le lieu d’abat-
rares. Les bovinés sont représentés par
tage lors d’un traitement primaire. Pour des
deux incisives (fig. 43). Bien que ces dents
espèces plus petites comme le chevreuil, une
ne portent pas de traces de modification
telle sélection ne se justifie pas. La question
technique, il est possible qu’elles ne soient
se pose aussi pour le sanglier, qui a une taille
pas liées à une acquisition locale à des fins
intermédiaire. Pourtant, les profils squelet-
alimentaires, mais qu’elles relèvent de la
tiques de ces trois espèces sont extrêmement
sphère symbolique (parure ?) et qu’elles
similaires. Il paraît plus raisonnable de consi-
aient été transportées depuis un autre lieu
dérer que des causes communes ont produit
d’acquisition plus éloigné. À ces vestiges
cette convergence des profils. Les infléchisse-
identifiés taxonomiquement s’ajoutent cinq
ments des profils observés sont donc le résul-
fragments de grands ongulés indéterminés,
tat de modifications qui ont eu lieu dans l’abri,
dont trois brûlés, qui appartiennent à de
que celles-ci soient d’origine anthropogé-
grands
nique ou post-dépositionnelle.
mammifères
indéterminés
(une
racine d’incisive, deux corps de côtes, un os
L’examen précis des refus de tamis per-
spongieux et un fragment de diaphyse ;
met d’observer une abondance croissante
L. moyenne=41 mm). De plus, deux petits
des os spongieux et des côtes parmi les
fragments brûlés (L. moyenne=23 mm) sem-
fragments les plus petits (< 2 cm). Ainsi,
blent correspondre à un carnivore d’une
une partie du squelette axial a été réduite
taille supérieure au loup.
en fragments indéterminables à l’intérieur
Dans la famille des cervidés, il faut ajouter
même du site. La combustion des os, parti-
29 restes, dont 22 petits fragments de
culièrement importante, intervient princi-
ramures (L. moyenne=26 mm). Il s’agit princi-
palement de façon aléatoire après l’exploi-
palement d’épois qui sont fréquemment
tation des carcasses et de leur squelette.
brûlés (NR=14 sur 22). Ces derniers s’ajoutent
Elle fait donc disparaître toutes les por-
aux fragments de ramures attribués avec
tions de façon à peu près égale, même si
certitude au cerf et au chevreuil.
des irrégularités laissent imaginer que cer-
Enfin, nous avons enregistré la présence
taines parties du squelette, par exemple le
du hérisson (NR=5), de l’écureuil (NR=2) et
bas de pattes, ont pu être plus brûlées que
de la taupe (NR=2, dont un reste brûlé). À
d’autres. L’ensemble de ces arguments
cela s’ajoutent trois os de petits oiseaux
rend délicat de déterminer sous quelle
non identifiés. La présence de ces espèces
forme le cerf et le sanglier ont été trans-
sera vraisemblablement réévaluée lors de
portés, mais il est certain qu’une bonne
l’étude de la microfaune. Un lien avec les
partie d’entre eux l’ont été intégralement, à
activités humaines est possible , mais n’est
l’instar du chevreuil. Comme dans beau-
pas établi dans les ensembles V et VI d’Ar-
coup de sites contemporains, les os des
conciel/La Souche.
extrémités distales des membres sont les
42
plus abondants44.
Conclusion
Les os de ces trois ongulés témoignent d’une
intense exploitation des denrées alimentaires,
Le corpus des ensembles V et VI d’Arcon-
mais aussi des produits techniques comme les
ciel/La Souche livre une majorité d’herbi-
peaux. Le corpus se caractérise ainsi :
vores : le cerf est largement prédominant,
– les carcasses ont, dans leur majorité, été
accompagné par le sanglier et le chevreuil.
ramenées entières ;
L’acquisition est donc nettement orientée
– les os sont très peu striés ;
vers le trio d’espèces le plus fréquemment
– les os montrent une fracturation impor-
reconnu dans les sites contemporains d’une
tante, y compris au niveau du squelette
vaste sphère régionale43.
axial ;
– on observe un démantèlement du sque-
42 Bridault 1993.
Le cerf est représenté par des individus plutôt
lette, de préférence par fracturation à l’aide
grands ; on peut considérer qu’un poids vif de
d’outils lourds et parfois par désarticulation
200 kg pour les mâles est une approximation
43 Guidez 2018 ; Séara et al. 2010.
raisonnable. À la suite de la chasse, il paraît
44 Bridault 1993.
logique d’envisager un transport sélectif, au
à l’aide d’outils tranchants en silex ;
– la récupération de la viande et de la mœlle
est systématique ;
Arconciel/La Souche
59
– la récupération des peaux concerne
Les petits gibiers, et notamment des ani-
une partie au moins des individus et la
maux à fourrure tels que la martre et le
récupération des tendons semble très
chat sauvage, ont fait l’objet d’une acquisi-
marginale ;
tion spécifique importante : leur présence
– il semble y avoir une sélection d’une partie
est en effet d’origine anthropique. Leur rôle
des extrémités distales des membres et
dans l’économie concerne essentiellement
de certaines régions articulaires pour ali-
la production de peaux, même si la preuve
menter les foyers ;
de la récupération des fourrures est diffi-
– il y a une destruction intense de tous les
cile à apporter dans la mesure où toutes
restes osseux par combustion, quelles que
les parties des squelettes sont représen-
soient l’espèce ou les parties du squelette.
tées, sans sur-représentation de ceux des
extrémités distales des membres, et que les
Une réflexion sur les irrégularités de la repré-
os ne portent quasiment pas de stries. On
sentation squelettique des espèces peu
peut donc en conclure que les motivations
abondantes apporte des renseignements
des
sur l’intégrité des corpus. Chaque individu
d’ordre alimentaire, mais avec une compo-
identifié n’est représenté que par un tout
sante sans doute importante liée à ces
petit nombre de restes. Cela est dû en prio-
besoins techniques. On peut enfin relever
rité à l’extension relativement limitée de la
l’absence d’animaux domestiques, y com-
zone de fouille par rapport à l’ensemble de
pris de chiens.
chasseurs
étaient
principalement
l’abri, ainsi qu’aux intenses activités de combustion. En revanche, bien que comme dans
Sur la base des seules données archéozoo-
tout site stratifié, des mélanges soient pos-
logiques, il est délicat de préciser si les
sibles entre les principaux ensembles, ceux-
25 ongulés et les petits gibiers abattus cor-
ci semblent finalement très faibles, ce qui
respondent aux activités d’un groupe qui
n’explique donc pas ce phénomène.
s’est installé sur le site pour un nombre
La sur-représentation de l’ulna constitue
réduit de séjours (dans le même ordre de
une originalité du corpus. Elle est assez mar-
grandeur que le nombre d’abattages d’on-
quée chez les deux cervidés et moins visible
gulés par exemple), ou s’il s’agit de la relique
pour le sanglier. L’ulna de lynx, intensément
d’un nombre de proies bien supérieur (avec
striée, pourrait venir s’ajouter à ce lot de ves-
un facteur 10 ou 100 par exemple). En outre,
tiges très particuliers. Même si les os en géné-
il faut garder à l’esprit que le secteur fouillé
ral ne portent quasiment aucune trace de
ne représente qu’une petite partie de l’abri
façonnage, une mise en relation avec une uti-
et que ce qui est actuellement préservé est
lisation technique de l’ulna peut être envisa-
vraisemblablement inférieur à la totalité de
gée. Dans ce cas, il est possible qu’une partie
l’implantation humaine originale.
de ces ulnas ne corresponde pas au produit
de chasses locales. Le calcul du nombre d’in-
Le corpus de l’ensemble VI ne présente que
dividus chassés doit donc vraisemblablement
des similitudes avec celui de l’ensemble V,
se faire en écartant cet os.
mais les effectifs sont très faibles et il serait
imprudent de développer des analyses aussi
Le matériel exceptionnel des ensembles V
détaillées que celles effectuées pour l’en-
et VI d’Arconciel/La Souche permet d’appré-
semble V. Il n’y a toutefois pas lieu de penser
hender certains des choix d’acquisition opé-
que les modalités de sélection, d’introduc-
rés et des multiples détails des exploitations
tion et de traitement soient différentes.
alimentaire et technique, même si une importante phase de combustion en masque sans
Il est remarquable de noter que la sélection
doute une grande partie. Ainsi, les indica-
de la faune, et donc des productions alimen-
tions de saisons d’occupations demeurent
taire et technique mises en place lors des pre-
trop imprécises dans l’état actuel de l’étude.
mières phases d’occupations de l’abri reste-
Les chasses ont été conduites dans un milieu
ront, sur les points principaux, les mêmes tout
de forêts de basse altitude et de berges de
au long de la séquence du Mésolithique
rivières. Les grands ongulés de milieu plus
récent d’Arconciel/La Souche45. Les spécifici-
ouvert n’ont pas été exploités. De même, les
tés de cette séquence pourront ainsi être
espèces de montagnes sont absentes. Cela
replacées dans une perspective diachronique
concourt à indiquer une exploitation volon-
sur l’évolution du Mésolithique face à la pro-
tairement très locale.
gression du front de néolithisation.
45 Guidez 2018 ; Guidez/Castel
à paraître.
CAF 22/2020 Études
60
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CAF 22/2020 Études
62
Annexes
Annexe 1 : Ensembles VI et V – Inventaire des vestiges des principaux ongulés ; NME : nombre minimum d’éléments ; les NMI sont des NMI de fréquence
excepté lorsque précisé ; pour le cerf de l’ensemble VI, les valeurs sont systématiquement indiquées lorsque le NMI dépasse 1.
CERF
NR
Bois ou chevilles
88
Crâne
80
Mandibule
35
Condyle
6
Dents isolées
Hyoïde
Vertèbres
Ensemble V
NME
NMI
Ensemble VI
NR
NMI
CHEVREUIL ET PETIT ONGULÉ INDÉT., ENS. V
Chevreuil
Petit ongulé indét.
NR
NME
NR
NMI global
5
≥6
137
5
6
23
5
3
22
2
1
6
6
1j 1ad
13
147
7
Atlas
4
2
2
Axis
4
3
3
Cervicales
48
4
1
2
Thoraciques
26
8
1
1
Lombaires
53
8
1
3
Sacrum
5
1
Caudales
3
1
Côtes
112
Tête
53
SANGLIER
Ens. V
Ens. VI
NR NMI
NR
6659 mm
2
1
1
1
2
1
1
11
1
1
3
8
3
2
25
4
9
1
1
1
1
1
1
2
1
2
1
1
1
9
18
7
5
4
1
2
1
1
1
1
1
Cartilage costal ossifié
Sternèbres
Scapula
Extrémité distale
Humérus
Extrémité proximale
Diaphyse
Extrémité distale
Radius
Extrémité proximale
Diaphyse
Extrémité distale
Ulna
10
3
2g
2
50
1
47
7 foramens
4, 2d
22
3 foramens
4
4d
6
5
1
26 (18g 8d)
2
2
2
1
2
2d
1
1
18
7
2
4
3
3
3d
3
2
1
2
2
1
6
3
4
54
17
1
1
6
Diaphyse
2
1
1
32
34
1
1
1
2
Extrémité proximale
1
2
3
2
9
6
2
1
Extrémité distale
2
Scaphoïde
20
14g 6d
14
2
2g
2
Lunatum
20
10g 8d
10
2
2g
Pyramidal
24
12g 12d
12
6
3g3d
2
Pisiforme
18
5g 6d
6
3
2
1
2d
1d1g
2
2
1
2
1
3
3
3
2
Arconciel/La Souche
63
CERF
Capitato-trapézoïde
NR
Ensemble V
NME
NMI
29
11g 15d
15
Ensemble VI
NR
NMI
1
CHEVREUIL ET PETIT ONGULÉ INDÉT., ENS. V
Chevreuil
Petit ongulé indét.
NR
NME
NR
NMI global
1
Unciforme
19
5g 4d
5
1
Métacarpe vestigiel
34
31
8
5
123
Métacarpe
9
Extrémité proximale
27
9g 8d
9
3
Diaphyse
88
3619 mm /
2 x 212 = 8.5
9
5
8
4g 2d
4
1
Extrémité distale
30
Os coxal
12
Acetabulum
9g 3d
9
56
Fémur
Extrémité proximale
Diaphyse
Extrémité distale
Patella
Extrémité proximale
Diaphyse
Extrémité distale
2
5
2
2
2d
3 ; 183 mm
1
4
1
3
3
1g 2d
2
44
5 foramens
9
2g 1d
2
5
5
3
3d
48
7 foramens
4
2
2
Trapézoïde
1
1
1
Unciforme
1
1
2
Métacarpien 2
4
2
Métacarpien 3
5
4
1
Métacarpien 4
1
1
1
Métacarpien 5
2
1
1
2
1
3
2d
3
2
1
1
2
1
1
3
2
1
1
1
2
6
Capitatum
1
5
58
Tibia
1
SANGLIER
Ens. V
Ens. VI
NR NMI
NR
3
3
1
1
10
1
1
2
1
6
1
2
1g1d
3
Malléole
16
7g 5d
7
Talus
15
4g 7d
7
4
3d1g
3
1
1
Calcanéum
22
6g 4d
6
8
4d3g
3
6
2
Cubo-naviculaire
18
8g 5d
8
2
2d
Cuboïde
1
1
Naviculaire
3
2
Cunéiforme latéral
1
1
Cunéiforme médial
1
1
1
Métatarsien 2
2
1
1
Métatarsien 3
2
1
1
1
1
2
24
3
1
1
24
3
1
1
19
3
2
3
1
Grand cunéiforme
15
6g 4d
Fibula
2
2
1g1d
3
6
1
2g
2
2
4
Cunéiforme interm.
Petit cunéiforme
7
Extrémité proximale
1
19
10
1
54
16g 11d
16
4
2
145
4547 mm /
2 x 235 = 9.7
10
14
580 mm
10 ; 319 mm
12
3g 5d
5
2
1
1
1
139
69
9
14
2
14
2
117
64
8
6
1
3
3
91
81
11
2
1
2
1
15
4
2
49
13
1
6
1
7
2
3
52
13
1
1
1
6
2
1
8
Diaphyse
Extrémité distale
Phalanges
vestigiales
4
211
Métatarsien
Phalanges
7
Sésamoïdes
188
Métapode indéterminés 165
9
Extrémité proximale
17
1
Extrémité distale
22
2
2
2
Métatarsien 4
Métatarsien 5
2
3
4
5
1
3
4
21
2
3
2
1
15
2
CAF 22/2020 Études
64
Annexe 2 : Ensembles VI et V – Inventaire des vestiges des principaux carnivores ; NR : nombre de restes ; NMI : nombre minimum d’individus de fréquence ;
les valeurs sont systématiquement indiquées lorsque le NMI dépasse 1 ; PX : extrémité proximale ; DX : extrémité distale.
LOUP (V)
Crâne
CHAT SAUVAGE (V)
NMI
NR
NMI
NR
NMI
4
1
5
2
5
3
8
3
15
4
Mandibule
Dents isolées
MARTRE (V ; VI*)
NR
4
1
8
10
3
1
PETIT CARNIVORE INDÉ.
NR
(V) CASTOR (VI)
NR
NR
2
18
1
Hyoïde
Vertèbres
5
3
1
Atlas
Axis
Cervicales 3-7
1
2
Thoraciques
1
1
Lombaires
Sacrum
Caudales
5
1
7
1
Côtes
6
Tête
3
Sternèbres
1
Scapula
Humérus
1
2
1
1
Radius
2
Ulna
1
7
3
7
DX: 5d
6
PX : 5d
2
1
Os du Carpe
Métacarpien
1
Os coxal
1
10
1
2
3
2
4
Os pénien
1
Fémur
2
3
1
2
Patella
1
Tibia
4
2
4
2
1
3
3
1
Fibula
Tarse
Talus
2
Calcanéum
1
1
5
autres os
Métatarsien
2
Phalange 1
6
1
Phalange 2
4
1
Phalange 3
1
Sésamoïdes
2
Métapode indéterminé
Basipode indéterminé
3
4
2
8
3*
1
1
3
1
3
1
1
3
3
1
3
2
65
Résumé / Zusammenfassung
Localisé sur les berges de la Sarine à quelques kilomètres en amont de Fribourg, dans un environnement de collines typique du Plateau suisse, le gisement d’Arconciel/La Souche est un vaste abri au pied d’une falaise de
molasse, dont seule l’extrémité nord a été fouillée.
La séquence archéologique fouillée de 2003 à 2012, sur environ 30 m2 pour les niveaux supérieurs et 18 m2
pour les niveaux les plus profonds, se développe sur près de 3 m d’épaisseur. Elle a pu être divisée en six
ensembles principaux s’étendant de la fin du Premier Mésolithique à celle du Second Mésolithique.
Les vestiges fauniques sont très abondants et généralement très bien conservés. Compte tenu de la taille du
corpus, l’analyse archéozoologique a été confiée à deux spécialistes. Nous présentons ici les résultats obtenus
pour les niveaux inférieurs (ensembles V et VI). Cette analyse permet de détailler de nombreux aspects de l’économie mésolithique, depuis le choix du gibier jusqu’aux modalités des exploitations alimentaire et technique. Si le
matériel est souvent remarquablement conservé, l’existence de très nombreuses structures de combustion et
d’épandages de cendres, dont les ossements font partie, masque en partie les modalités d’exploitation.
L’acquisition concerne essentiellement des ongulés et des petits gibiers : le cerf est très largement majoritaire,
suivi par le sanglier et le chevreuil. Pour les petites espèces, il faut souligner l’abondance de la martre et du chat
sauvage ; elles sont accompagnées par une dizaine d’espèces peu représentées, notamment le loup, le castor, le
lièvre et le lynx.
Les motivations des chasseurs étaient d’ordre alimentaire (principalement viande et mœlle), mais l’exploitation
des peaux constitue aussi une composante importante de l’économie.
L’absence d’animaux domestiques, y compris de chiens, est à noter, ainsi que celle des animaux de milieu de
montagne. Les ressources sont donc surtout locales.
La sélection de la faune et les modalités de son traitement sont très similaires à celles observées dans le reste
de la séquence et permettent de suspecter une permanence des modalités d’implantation dans un territoire écologiquement stable.
Die Fundstelle von Arconciel/La Souche liegt am Ufer der Saane, einige Kilometer flussaufwärts von Freiburg entfernt, in einer für das Schweizer Mittelland typischen Hügellandschaft. Nur das Nordende des weiten, am Fusse
eines Molassefelsens gelegenen Abris war Ziel von Ausgrabungen. Die oberen Niveaus der zwischen 2003 und
2012 untersuchten und rund 3 m mächtigen Schichtsequenz erstrecken sich über 30 m2, die tiefsten Niveaus über
18 m2. Die stratigraphische Abfolge konnte in sechs grosse Ensembles untergliedert werden, die am Ende des
Frühmesolithikums einsetzen und das ganze Spätmesolithikum abdecken.
Die grosse Menge faunistischer Reste zeichnet sich in der Regel durch einen sehr guten Erhaltungszustand
aus. Angesichts der Grösse des Korpus wurden zwei Spezialisten mit dessen archäozoologischer Auswertung
betraut. In vorliegendem Artikel werden die Resultate für die unteren Niveaus (Ensembles V und VI) vorgestellt.
Die Untersuchung erlaubt, zahlreiche Aspekte der mesolithischen Wirtschaftsweise – von der Auswahl des Wildes
bis zur Art und Weise der Verwertung – ausführlich zu beleuchten. Die Überreste sind zwar häufig bemerkenswert
gut erhalten, doch das Vorhandensein zahlreicher Feuerstellen und Aschestreuungen, die Knochenreste enthalten, erschwert zum Teil klare Aussagen zur Nutzungsweise.
Es wurde hauptsächlich Jagd auf Huftiere und Kleinwild gemacht : Der Hirsch macht den grössten Anteil aus,
gefolgt von Wildschwein und Reh. Bei den kleinen Tierarten ist ein häufiges Vorkommen von Marder und Wildkatze
zu verzeichnen. Hinzu kommt rund ein Dutzend weiterer, seltenere Tierarten wie Wolf, Bieber, Hase und Luchs.
Die Jagd diente in erster Linie der Nahrungsversorgung (hauptsächlich Fleisch und Mark), doch war auch die
Gewinnung von Fellen ein wichtiger Bestandteil der Wirtschaft.
Haustiere, einschliesslich Hunde, fehlen genauso wie typische Gebirgsarten. Die Jagd beschränkte sich auf
lokale Ebene.
Die Resultate betreffend Auswahl der Tiere sowie deren Nutzung decken sich weitgehend mit jenen der Untersuchung der restlichen Schichtsequenz. Es ist folglich von gleichbleibenden Siedlungsbedingungen in einem ökologisch stabilen Territorium auszugehen.
FHA 22/2020 Auswertungen
66
Christian Kündig
Die Murtener
Strandplatte
Dank der ungeplanten Notgrabung
im Ryfquartier öffnete sich ein
Archiv für 4000 Jahre Geschichte.
Die Ergebnisse ermöglichen es, die
Ufersituation mit Bootsanlandestellen ab dem frühen Mittelalter nachzuzeichnen und Erkenntnisse zu
früheren Seespiegeln zu gewinnen.
La fouille d’urgence menée dans
le quartier du Ryf nous a ouvert des
archives fortes de 4000 ans d’histoire, dont l’étude a permis de retracer l’état des rives et de ses ports
depuis le début du Moyen Âge, et
de compléter nos connaissances
sur les anciens niveaux du lac.
Murten/Ryf
67
Einführung
Grabung «Ryf 43», 2015
Die Altstadt von Murten breitet sich entlang
der parallel zum Seeufer verlaufenden Hang-
Grabung «Segelboothafen», 2009
kante aus, welche sich ungefähr 25 Meter
Verbindungsweg zur Stadt
über dem Seespiegel befindet. Der Hang fällt
steil ab und lässt danach einen flacheren
Streifen bis gegen das Seeufer hin frei, die Ryf 1
beziehungsweise das Ryfquartier. Durch die
N
0
100 m
teils starken Schwankungen des Seespiegels
in der Vergangenheit war dieser nutzbare
Streifen unterschiedlich breit. Heute beträgt
die Distanz von der Hangkante bis zum Ufer
um die 90 Meter. Inmitten des Streifens war
seeseitig auf dem bislang unbebauten Grundstück an der Uferstrasse Ryf 43, gegenüber
des steilen Verbindungsweges, der das Seequartier für Fussgänger mit der eigentlichen
Altstadt auf dem Hügel verbindet, für die
zweite Hälfte 2015 der Neubau eines Wohn-
Ry
gebäudes geplant (Abb. 1)2. Bis dahin gab es
f
keine archäologischen Grabungen in diesem
Quartier. Die Bodeneingriffe wurden deshalb
vom AAFR begleitet, um erstmals grössere
Einblicke in den betreffenden Bereich der
Uferzone des Murtensees zu gewinnen.
Schon beim Ausheben eines vor dem eigentlichen Baubeginn gezogenen Leitungsgrabens kamen im sandigen Untergrund in
1,6 m Tiefe dunkle Sedimentverfärbungen
von Pfostenstellungen zum Vorschein. Aufgrund dessen plante das AAFR eine enge
Baubegleitung ein. Die 3,5 m tiefe und
knapp 170 m2 umfassende Baugrube wurde
in zwei Etappen ausgeschachtet; begonnen
wurde mit der seeseitigen Hälfte, in der
Abb. 1 Übersichtsplan von Murten mit Eintragung der Fundstellen Ryf 43 und Segelboothafen
(© Bundesamt für Landestopographie, Swisstopo)
nach Ausweis des Befunds im Leitungsgraben am ehesten archäologische Strukturen
randsiedlungen am Murtensee5. Aber auch
zu erwarten waren. Diese Erwartung sah
mit Blick auf die mittelalterliche Stadt Mur-
sich mit der Freilegung von deutlich linear
ten ist der Uferbereich interessant. So fehlen
ausgerichteten Pfahlstellungen bestätigt.
bislang Kenntnisse zur Position und zum
Im August/September 2015 folgte während
Aussehen des seeseitigen Zugangs zu einer
eines Zeitraums von vier Wochen die Unter-
Zwingeranlage des Schlosses6. Hier gerät
suchung und Dokumentation des gesamten
der oben erwähnte Verbindungsweg in den
Baugrunds (Abb. 2) .
3
Blick, der vom Rathaus der Stadt die Hangkante hinunter zum Ryf führt. Er gabelt sich
Die Ergebnisse der Intervention im Ryf 43 be-
auf halber Höhe; seine östliche Wegführung
rühren zwei wichtige Themenkomplexe der
endet ziemlich genau gegenüber der Gra-
Archäologie am Murtensee: die Frage der
bungsstelle (vgl. Abb. 1). Zwar fehlen Nach-
Seespiegel in der Vergangenheit und Beob-
weise von Befunden aus dem Themenkom-
achtungen zu anthropogenen Befunden an
plex Seeuferrandsiedlungen, die tieferen
der Uferlinie. Bisher fehlen Flächengrabun-
Schichten lieferten aber dennoch wichtige
gen im seeseitigen Bereich der Murtner Ufer-
Informationen zur Seesituation. Die Untersu-
strasse – lediglich 2010 konnte in einem Lei-
chung befasst sich also mit den Fragen, wie
tungsgraben ein isolierter Pfahl dokumentiert
der Uferbereich im Mittelalter aussah und
werden4. Wichtig sind Beobachtungen im
wie die Seespiegel in der Vergangenheit zu
5 Crivelli et al. 2012, 4-87.
Ryf etwa für die Forschungen zu den Seeufer-
veranschlagen sind.
6 Schöpfer 2000, 75.
1 Der Name Ryf leitet sich von
«rive» (frz. Ufer) ab.
2 Koordinaten
2 575 482 / 1 197 640 / 433 m.
3 Ausgrabungsteam vor Ort:
Chr. Kündig (technische Leitung),
L. M’Boub, E. Garcia, Ph. Cogné.
4 Intervention MUS-RY41_2010.
FHA 22/2020 Auswertungen
68
Die diesbezüglichen Beobachtungen und
Bezug gesetzt zur Seespiegelhöhe. Dabei
Resultate der Ausgrabung werden im Fol-
mussten die in der Grabungsdokumentation
genden getrennt betrachtet. Dabei be-
niedergelegten, für eine zusammenfassen-
schreitet der Beitrag zu den Seespiegeln
de Betrachtung aber viel zu detailreichen
formal einen unkonventionellen Weg, indem
Schichtbeschriebe bis zu einem gewissen
versucht wird, möglichst objektive Schicht-
Grad standardisiert werden. Anschliessend
beschriebe als Ergebnis von Seestands-
widmet sich der zweite Teil den augenfällig
Situationen zu sehen und zu erklären. Nach
anthropogenen Befunden. Die betreffenden
der Darlegung des Beobachtungs-Ansatzes
Ergebnisse lassen sich direkt mit den vor-
werden transparent in einer Liste erfasste
gängig abgeleiteten Seespiegelsituationen
Definitionen von Sedimentausprägungen in
verknüpfen. Es muss betont werden, dass an
Abb. 2 Der Ausgrabungsbereich Ryf 43 in der Unterstadt von Murten mit Blick in die schwer zu bearbeitenden, stark
kiesig-sandigen Substrate der Uferzone
Murten/Ryf
69
dieser Stelle keine Synthese zum Ryfquartier
Positionen
Phasen
insgesamt vorgelegt wird, sondern die Gültigkeit der Aussagen nur für den Grabungsausschnitt im Ryf 43 beansprucht werden
kann.
54C
75M
XIII
75O
XIIb
75N
XIIa
54B
Sofern eine differenzierte Ansprache der
Schichten und Strukturen nötig ist, werden
54A
im Folgenden die in Klammern gesetzten
54
Positionsnummern der Grabungsdokumentation übernommen, also zum Beispiel (61)
53A
oder (75A), (75B), (75C). Grundsätzlich er-
53
folgt aber die Ansprache nach archäolo-
75K, L
gisch fassbaren Befunden beziehungsweise
58
XII
58
75 I
Befundkomplexen, im Folgenden «Phasen»
genannt. Die Phasen sind mit römischen
47
Zahlen bezeichnet; eine allfällige Binnen-
75H
XI
75H1
gliederung wird analog zur Positionsbenen-
X
nung alphanumerisch angezeigt (z. B. Pha-
6D
se VIII, XIIa bzw. XIIb, usw.). Aus Gründen der
6
Lesbarkeit stehen in den Abbildungen die
6
Positionsnummern in einem Kreis und Pha-
64
46
75G
6
VIII
45, 45A
75F
sennummern in einem Quadrat. Letztere
VIIb
55C
sind zudem farblich differenziert.
55B
VIIa
Relativchronologie
und Datierung
Zusammen mit den beiden Hauptprofilen
(Nord bzw. West)7 gibt die vereinfachte Har-
55A
75E
61
75D, OK
VI
68
75D
V
75C
IV
73
75B, OK
III
74
75B
II
75A
I
69
ris-Matrix der lokalen Schicht- und Befundbe-
70
züge (Abb. 3) die chronologischen Verhältnisse am besten wieder. Für die absolute
71
Datierung wurden insgesamt 18 Materialpro-
72
ben entnommen, wovon eine zur dendrochronologischen Analyse vorgesehene Pfahlprobe
aufgrund der zu geringen Jahrringzahl leider
kein Ergebnis erbrachte. Die Auswahl der Proben für die Radiokarbondatierung erfolgte so,
dass mit ihnen möglichst viele Phasen absolut
datiert werden konnten (Abb. 4). Selbstverständlich spielte bei der Wahl auch die Quali-
Bereich Süd
Profile West und Ost
tät der Probe eine Rolle, etwa indem bevor-
Bereich Nord
Profil West
zugt Knochenfragmente statt Holzkohlestücke
berücksichtigt wurden. Die Daten von elf erfolgreich analysierten Proben decken abgesehen von einer Ausnahme aus der Frühbron-
Legende:
14
14
C-Daten
K
Keramikfunde
Abb. 3 Murten/Ryf 43, Darstellung der stratigrafischen Bezüge in einer Harris-Matrix
zezeit das gesamte Mittelalter ab und reichen
bis in die Neuzeit beziehungsweise in die Zeit
des Barocks. Die im Text angegebenen
C-
der Keramikfunde. Zwei der im Folgenden be-
Daten berücksichtigen den 2-Sigma-Bereich
schriebenen Phasen sind über zwei bezie-
(95,4%), dies im Bewusstsein, dass es sich im-
hungsweise drei Radiokarbondaten erfasst,
mer um einen terminus post quem handelt.
was hilft, die mögliche Zeitspanne zu bestäti-
Alle Daten passen zur relativchronologischen
gen oder sogar enger einzugrenzen. Bei zwei
Lage der Probe und da, wo ein Vergleich mög-
oder mehr Datierungen erscheint der Über-
lich ist, auch zur chronologischen Bestimmung
lappungsbereich der Zeitspannen als Datum
14
7 Die Jurarandseen sind von
SW nach NE ausgerichtet. Der
Einfachheit halber werden im Text
die Himmelsrichtungen angepasst.
Norden in Richtung See, bzw.
Süden in Richtung Stadt. Bei
den Abbildungen ist nur in den
Übersichten der Kartennord
angegeben.
FHA 22/2020 Auswertungen
70
Uferstreifen waren über Jahrtausende geschätzter Siedlungsplatz und wurden später
in Wehrdispositive von Burgen oder Städten
integriert. Der Wasserstand der meisten Seen
ist heute über verstellbare Wehre reguliert.
Die jährlichen Spiegelschwankungen bewegen sich nur noch im Dezimeterbereich –
ganz anders als bei einem unregulierten See.
Der Wasserstand des Bodensees beispielsweise schwankte im Jahr 2019 im Minimum
und Maximum um zwei Meter8. Über längere
Zeiträume können sich Seespiegel um das
Vielfache des Bereichs jährlicher Schwankungen bewegen. Mit solchen Bedingungen
mussten Seeanstösser in vormodernen Zeiten
umgehen. Dabei stellen sich aus heutiger
Sicht viele Fragen, etwa welche Massnahmen ergriffen wurden, um ein gewisses Mass
Abb. 4 Murten/Ryf 43, Übersicht zu den Radiokarbondaten (Tandem Laboratory, Uppsala S)
an Spiegelschwankungen tolerieren zu können, wie wird mit Extremereignissen umgegangen und wie sehen die dazu entwickelten
möglich. Präzisierungen erfolgen ausserdem
baulichen und technischen Massnahmen
über die stratigrafische Position, indem Daten
aus? Seespiegel, Abflussmengen, die Lage
aus relativchronologisch jüngeren Phasen
von Flussbetten – all dies hat einen Einfluss
auch die vorangehende/n Phase/n zeitlich fi-
auf die Menschen, die unmittelbar an den
xieren. Für Phasen ohne eigene absolute Da-
Ufern leben und sich, egal ob auf dem Was-
tierung bleibt nur die Eingrenzung zwischen
ser- oder Landweg (Brücken), von einem Ort
dem ältesten möglichen Datum der Vorgän-
zum anderen bewegen wollen. Die Klärung
gerphase und dem jüngsten der folgenden
solcher Fragen, erfordert eine Auseinander-
Phase.
setzung mit den geologischen, hydrologi-
Weitere chronologische Anhaltspunkte lie-
schen und klimatischen Voraussetzungen.
fert das keramische Fundmaterial (Baukera-
8 Vgl. https://www.hydrodaten.
admin.ch/lhg/sdi/jahrestabellen/
2032P_19.pdf (Abrufdatum
27.01.2020).
9 Hier und für das Folgende
Historisches Lexikon der Schweiz
Online: https://hls-dhs-dss.ch/de/
articles/007771/2010-04-01
(Abrufdatum 09.03.2020).
10 Hier und für das Folgende
Ledermann 1991.
11 Portmann 1974;
Wohlfarth-Meyer 1990.
mik, Ofenkeramik, Gefässkeramik). Da aus
Die Murtenseeregion erlebte in der Vergan-
Zeitgründen ein relativ umfangreicher Abtrag
genheit mehrere Eiszeiten, zuletzt vor 115 000
mit dem Bagger und lediglich die Feinreini-
bis 10 000 Jahren die Würmeiszeit, deren
gung von Hand erfolgten, sind viele dieser Ke-
maximale Eisüberdeckung des Rhoneglet-
ramikfunde ungenau stratifiziert und lassen
schers (29 000–18 900 v. h.) bis zum heutigen
sich nur Phasengruppen zuordnen. Dennoch
Wangen a. d. A. SO reichte9. Die Gletscher-
erlaubt es der Fundbestand, grobe Wider-
oberfläche erreichte an der Jurasüdflanke
sprüche in der Chronologie auszuschliessen.
beim Mont Tendre eine Höhe von ungefähr
Den beiden wichtigen Phasen IX (Mittelalter)
1200 m ü. M. Die Gletscherschmelze begann
und XI (Neuzeit) sind aber zumindest grob da-
vor zirka 18 000 Jahren; 3000 Jahre später
tierbare Keramikfragmente zugeordnet. Sie
war der Jurafuss eisfrei10. Während des Ab-
bestätigen die Resultate der 14C-Datierung.
schmelzens dieses östlichen Arms des Rho-
Die Situation der jüngsten Sedimentaufschüt-
negletschers staute sich das Wasser an den
tungen ist historisch gut überliefert, weshalb
Endmoränen unterhalb von Wangen a. d. A.
dazu keine Funde mehr geborgen wurden.
und es bildete sich vor zirka 15 000 Jahren
der so genannte Solothurnersee. Die Exis-
Seespiegel durch die Zeit
tenz dieses Sees wird allerdings in der Literatur immer noch kontrovers diskutiert. Sofern es ihn gab, wird mit einer Ausdehnung
Vorbemerkungen
von 100 km Länge (Wangen a. d. A. bis in
die Gegend von Orbe VD) und 15 km Breite
sowie einer Wasserstandshöhe zwischen
Am Ufer eines Sees zu leben, hat offensichtli-
445 und 480 m gerechnet11. Als Überbleibsel
che Vorteile: Der See liefert Nahrung und bie-
nach dem schon in die Zeit vor 13 000 Jah-
tet Transportmöglichkeiten; unbewachsene
ren angesetzten Abfluss des Solothurnersees
Murten/Ryf
71
entstehen der Neuenburger-, Bieler- und
Platze liefern. Dabei zeigte sich, dass im tiefe-
Murtensee. In dieser nacheiszeitlichen Peri-
ren Untergrund verschiedene, gut voneinan-
ode zu Beginn des Holozäns bildete das
der abgrenzbare Schichten vorhanden wa-
Geschiebe der Aare in der Gegend von Aar-
ren. Einige dieser Schichten wiesen auffällige
berg BE, Kappelen BE und Bühl BE einen
Oberflächenstrukturen auf, etwa viele Steine
Damm und je nach Ausrichtung der Schüt-
ähnlicher Grösse oder viele dunkle Verfärbun-
tungen und Mäandrierungen veränderte
gen und auch Holzkohlestückchen. Schnell
sich der Verlauf der Aare derart, dass sie
wurde klar, dass hier vermutlich mehrere Ufer-
zeitweise nach Westen in den Neuenbur-
situationen mit wechselnden Seespiegeln
gersee beziehungsweise nach Osten gegen
fassbar waren, für die dank der eingeschlos-
Büren floss. Zum letzten Mal entwässerte
senen organischen Bestandteile sogar eine
die Aare bis etwa 3550 v. Chr. direkt in den
Datierungsmöglichkeit bestand. Damit fiel
Neuenburgersee . Die Schwankungen der
angesichts eines gewissen Zeitdrucks der
Seespiegelkurven für den Murtensee im
Entschluss zumindest im abgekürzten Verfah-
Zeitraum von 14 500 bis 10 000 v. h. liegen
ren, weitere Schichtbereiche auch ohne den
laut M. Magny und I. Ichoz, ohne dass sie
konkreten Nachweis archäologischer Be-
dies genauer ausführen, zwischen 427, 5 bis
fundsituationen zu dokumentieren. Dank der
432 m ü. M.13. Es wird im Folgenden gezeigt,
Unterstützung durch den Bauherrn und der
dass diese Angaben nicht weit entfernt sind
ausführenden Baufirma Gugger AG, Murten,
von dem, was als Schwankungsbereich der
wurde jeweils im Nachgang vorbereitender
folgenden Jahrtausende bis heute nach-
und gegen die vorhandenen Begrenzungs-
vollziehbar ist. Auch in einer nachfolgen-
profile geführter Sondierungen per Bagger
den Studie von Magny zum Einfluss des
abgetragen. Zumindest temporär blieb dabei
Klimas im Holozän auf die mittleren See-
auch in der Mitte des Grabungsfeldes und
spiegel der Jurarandseen ist der Murten-
senkrecht zur Uferlinie ein Profilsteg stehen.
see explizit mit einem guten Dutzend Da-
Im Ergebnis liessen sich daraus die Haupt-
tensätzen aus der Zeit von 12 000 bis
profile generieren. Wichtig für die im folgen-
1330 v. h. vertreten14. Zugleich publizierte
den dargelegten Beobachtungen ist, dass
C. Wolf im Zusammenhang mit der Auswer-
sie aus Sicht und mit der Expertise des Gra-
tung der archäologischen Ausgrabungen
bungstechnikers mit einer Spezialisierung für
der Seeufersiedlungen bei Muntelier FR eine
Mittelalterbefunde zusammengestellt wur-
Seespiegelkurve, die die absoluten Höhen
den. Ziel ist es nicht, eine spezifisch geologi-
der Siedlungsschichten einbezieht . Dabei
sche Abhandlung zu verfassen, sondern
zeigte sich, dass die Amplituden wohl kür-
anhand einer Dokumentation, die mit ar-
zere Perioden spiegeln, als bisher vorge-
chäologischen Mitteln zustande gekommen
schlagen. Mit der kleinen Ausgrabung im
ist, einen Beitrag zur Problematik der Seespie-
Vorfeld des Neubaus im Ryf 43 liegt nun ein
gelschwankungen zu leisten. Konkret lautet
weiterer Mosaikstein vor, der ein weiteres
die Frage, wie man von einer spezifischen
Zeitfenster öffnet zum Nachweis der See-
Schichtzusammensetzung auf den jeweiligen
spiegelstände am Murtensee.
Seespiegel schliessen kann. Folgende Beob-
12
15
achtungen und Grundgedanken stehen da-
Grundlagen und Vorgehen
zur Ableitung der Seespiegel
bei im Vordergrund:
Bestimmend für die Sedimentausbildung sind
vorangehende erosive Vorgänge, die sich
Zu Beginn der Ausgrabung in den oberen
je nach Wassertiefe unterschiedlich intensiv
Schichten stellte sich die Frage nach den See-
auswirken (Wellenschlag, Strömung). Der
spiegelschwankungen noch nicht. Zwar hoff-
Uferausschnitt im Ryf 43 befindet sich
te man auf eventuell vorhandene Reste jung-
in der moderat geschützten Ufersituation von
neolithischer Seeufersiedlungen – in nur zirka
Murten ungefähr in der Mitte zwischen
200 m westlicher Richtung (vgl. Abb. 1) befin-
Grengspitze und dem östlichen Seerand mit
den sich die östlichen Ausläufer der Station
den häufigsten Winden aus Nordost und
Murten/Segelboothafen FR, gleichwohl rich-
Südwest. Die Exponiertheit ist weniger direkt
tete sich der Fokus zunächst auf die Doku-
als beispielsweise in Salavaux VD am westli-
mentation der offensichtlich mittelalterlichen
chen Ende des Sees bei starkem Nordostwind
Strukturen. Eine Sondierung sollte hier mehr
(Bise). Die Wassertiefe spiegelt sich in der
14 Magny 2004, 65-79, bes. 70.
Informationen zu den tieferen Schichten am
Zusammensetzung der Sedimente. Sedimente
15 Wolf/Mauvilly 2004, 105.
12 Thew 2016, Kapitel 2, 27.
13 Magny/Richoz 2000, 129-144.
FHA 22/2020 Auswertungen
72
Wasserstand
Nach Moulin 1991, Thew 2016
Murten, Ryf 43
Andere Marker (Moulin 1991, Thew 2016, Murten Ryf 43)
+2
+ 1,5
Fein-bis Mittelkies
1
Fein- bis Grobkies
2
Sandiger Kies
3
Sandiger Fein- bis Grobkies,
mit organischen Resten
Feinkiesiger Sand
4
Feinkiesiger Sand,
mit organischen Resten
Sand
5
Siltiger Sand
Sandiger Silt, tonig
6
Sandiger, kiesiger Silt
Siltig, tonig,
kreidig, weisslich
7
Fein- bis Mittelkies
+1
12
-1
- 1,5
Schilftorf
- 0,5
Hölzchen
0
13
14
15
Mikrokohle
11
Organische Beimengungen
10
Gräser, Spühlsaum
9
Schneckenhäuser,
Muscheln
Mittel
Tief
Fein- bis Grobkies,
mit Sand
8
Onkoide
Mittel
+ 0,5
Organische Kreide
Mittel
Hoch
-2
Kreidiger Silt, mit Feinsand
Legende:
1–7
Murten Ryf 43
8–15 Murten Ryf 43, Moulin 1991, Thew 2016
- 2,5
Kreidiger Silt
Abb. 5 Murten/Ryf 43, Synopse zu den Bezügen von Sedimentbeschaffenheit und Wassertiefe
setzen sich aus Schwebeteilchen zusammen,
Aus diesen Aspekten heraus entstand eine
die im Wasser verteilt und abgesetzt werden.
Synopse, die die einfache Bezugnahme zwi-
Während diese in Fliessgewässern von der
schen der Art des Sedimentes und der Was-
Strömung verlagert werden, werden diese im
sertiefe, in welchem es sich ablagert, dar-
See von Wellen aufgewirbelt, sofern diese in
stellt, und mit den bei N. Thews und B. Moulin
Ufernähe tief genug in den Untergrund ein-
beschriebenen ähnlichen Situationen16 ab-
wirken können. Zuflüsse von Bächen und an-
gleicht (Abb. 5). Aus den Bezugnahmen er-
deren Fliessgewässern bewirken dasselbe,
gibt sich eine Einteilung in 15 Sedimentarten
allerdings mehr oder weniger lokal und ab-
beziehungsweise -elementen, kurz «Klasse»
hängig von der geführten Wassermenge. Alle
genannt (vgl. Abb. 5 Nrn. 1–15).
Effekte können auch kumulieren. Als Variablen haben wir hauptsächlich die Energie des
Für das Verständnis der Synopse sind fol-
bewegten Wassers und den Durchmesser der
gende aus den genannten Publikationen
potentiellen Schwebeteilchen. Je kleiner der
zusammengefasste Definitionen und Aspek-
Durchmesser, umso höher ist die Wahrschein-
te wichtig:
lichkeit, dass sie aufgewirbelt und länger
transportiert werden sowie andererseits dass
– Pure, weisse Seekreide bildet sich in ruhi-
sie längere Zeit benötigen, um wieder abzu-
gem Wasser ab 1 m unter dem mittleren
sinken. Grössere Kaliber werden eventuell
16 Thew 2016 Kap. 2, 22-24 u.
Moulin 1991, 50-51 jeweils mit
weiterer Lit.
Seetiefstand.
rollend transportiert oder bewegen sich hori-
– Gelbbeige bis bräunliche organische Krei-
zontal gar nicht mehr. Die Energie des Was-
de bildet sich wie Seekreide in ruhigem
sers ist schwieriger zu beurteilen und erfor-
Wasser. Die organischen Beimengungen
dert die Beobachtung der Ufersituation in
stammen von Schilfresten und ähnlichen
ihren durchschnittlichen Zuständen, vorzugs-
Pflanzen und sind oft mit Kohlemikrores-
weise im Winter, wenn das Wasser klar ist,
ten vergesellschaftet. Diese Schichten ak-
aber auch bei extremen Verhältnissen, etwa
kumulieren sich zwischen dem mittleren
während und nach einem Sturm.
Seetiefstand und 1 m darunter.
Murten/Ryf
73
– Um den mittleren Tiefstand ist die Kreide
– Ein Vegetationsniveau kann nach andau-
sandig, auch durchmischt mit Einschlüssen
ernder Immersion nicht mehr als solches
von grösserem Durchmesser; ab dem mittle-
erkannt werden (vgl. z. B. die Situationen
ren Tiefstand kann sich Schilftorf bis hin zum
an Stauseen).
mittleren hohen Wasserstand erhalten.
– Über der mittleren hohen Wasserlinie er-
– Sedimentunterbrüche entstehen während
andauernder Tiefphasen durch Erosion.
halten sich Silte mit vermehrt organischen
– Die Sedimente in einem See spiegeln die
Einschlüssen, die vor allem von Seggen-
Wassertiefe scheinbar unabhängig von
gräsern stammen.
der Grösse der Wasserfläche. Allerdings
– Im Wellenschlagbereich werden die Sedi-
bauen sich auf einer grossen Wasserflä-
mente sandiger und die zerstörerischen
che bei Wind grössere Wellen auf, was
Kräfte gegenüber eventuell erhaltenen
mehr Energie bedeutet. Dies kann sehr
Kulturschichten nehmen zu.
wohl einen gewissen Einfluss auf die Sedi-
– Innerhalb derselben Sedimentierungspha-
mentation haben.
se nehmen die Korngrössen im Uferverlauf
– Die Neigung des Ufers hat einen Einfluss auf
vom Spülsaum zum tieferen Wasser hin ab.
das Wellenbild und damit auf die Sedimen-
– Ein schnelles Absinken des Wasserspie-
tierung. Ist die Neigung bei unterschiedli-
gels kann die organischen Schichten aus-
chen Wasserständen unterschiedlich, kann
trocknen und volumenmässig schwinden
das abweichende Substratzusammenset-
lassen; die Oberfläche ist allgemeinen
zungen hervorrufen.
Erosionsereignissen ausgesetzt. Möglich
– Unterschiedliche Wasserstände können
sind der Abtrag durch Rinnsale, Gleitbe-
die Ausrichtung und Ausdehnung von
wegungen oder auch Teilabbrüche.
Buchten und Landzungen derart verän-
– Steine mitten in feineren Sedimenten wie
dern, dass sie ihre Schutzwirkung verstär-
Sand oder Silte sind eher Überreste einer
ken oder vermindern, was einen Einfluss
Tiefphase. Die Oberfläche wird aufgear-
auf die Sedimentierung haben kann.
beitet (erodiert), die feinen Partikel werden
– In der Nähe eines Hanges können sich im
weggeschwemmt. Steine, die in einer spä-
Ufersand herabfallende Steine einlagern.
teren Phase mit wiederum erhöhtem Was-
Während einer längeren Phase mit Erosi-
serspiegel einsedimentiert werden, blei-
on durch Wellenschlag, werden die feinen
ben übrig. Finden diese Wechsel von
Partikel weggeschwemmt und die davor
Hoch- und Tiefphase in relativ kurzen In-
in unterschiedlicher vertikaler Ausbreitung
tervallen statt, kann es sein, dass gleich-
eingelagerten Steine verbleiben in ihrer
mässig in einer ansonsten feinen Sedi-
horizontalen Verteilung. Mit der Zeit be-
mentschicht verteilte Steine übrig bleiben.
finden sich alle Steine dann auf einer Ebe-
– Steine mit einer kalkigen Kruste, so ge-
ne. Steigt nun der Seespiegel wieder an,
nannte Onkoide, bilden sich unter der Vo-
wird diese Situation konserviert und mar-
raussetzung einer Wassertiefe von bis zu
kiert den Moment unmittelbar vor einem
1 m17. Sie finden sich ab dem mittleren tie-
signifikanten (>1 m) Pegelanstieg. Dieses
fen Wasserspiegel und tiefer18.
Prinzip des Reduktionshorizontes lässt
– Muschelreste gehören zum Teilchenbestand in etwa 0,5 bis 1 m unter dem mittleren Tiefstand.
sich sinngemäss auch für andere Partikeldurchmesser anwenden.
– Steine können fast in jeder Tiefe vorkommen. Sie markieren in gewissem Sinn ei-
Darüber hinaus gilt es auch folgende Über-
nen Reduktionshorizont, dies oft auch als
legungen zu berücksichtigen:
bandförmige Steinfelder in gleicher vertikaler Ausbreitung.
– Die Erhaltung einer Sedimentoberfläche
– Steinfelder mit grossen Steinen benötigen
setzt einen steigenden Seespiegel voraus.
eher längere Erosionszeit. Was bleibt sind
Die feiner werdenden Sedimente im ruhige-
die Steine, der Rest wird weggespült.
ren Tiefenwasser decken die alten Schichten
Steinfelder finden sich sonst eher im ener-
ab und konservieren diese. Dies allerdings
giereichen Bereich mit maximaler Wellen-
nur so lange, bis der Seespiegel wieder sinkt
und die Schichten durch Wellenschlag oder
Erosion an der Oberfläche aufarbeitet.
– Strömungen und Wellenschlag schwemmen feinere Korngrössen schneller weg.
einwirkung.
– Eine gut sichtbare Trennlinie zwischen in
Ereignis, einen wie auch immer gearteten
17 Die Information verdanke
ich D. Brönnimann, IPNA Basel.
Ihm sei herzlich gedankt.
Wechsel der Bedingungen.
18 Moulin 1991; Hägele 2006.
sich homogenen Schichten bedeutet ein
FHA 22/2020 Auswertungen
74
– Kiese und Steine lagern sich als Depots
je nach Situation zu Phasen zusammenge-
eher über dem mittleren Wasserspiegel
fasst (vgl. Abb. 6 Spalte 1), denen ein Farb-
ab. So wurde etwa beim Sturm am Neuen-
code zugeordnet ist (Spalte 2). Dem Kurzbe-
burgersee vom 8.10.1987 ein Streifen mit
schrieb des Sediments in Spalte 4 folgt eine
Steinen (Dm ca. 6 cm) am neuen Strand
Interpretation beziehungsweise ein Kom-
von St. Blaise NE beobachtet. Nach dem
mentar in Spalte 5; Spalte 6 umfasst Infor-
Sturm befand sich der obere Rand des
mationen zur Datierung.
Bandes 1 bis 1,2 m über dem mittleren
Seespiegel.
Die meisten Schichten fallen von Süden ge-
– Zwar lässt sich ungefähr ableiten, in welcher
gen Norden leicht ab, was bedeutet, dass
Tiefe sich eine Schicht bildete. Offen bleibt
die absolute Höhe eines Sediments variiert.
aber, ob zu diesem Zeitpunkt ein Wasser-
Dem tragen, wo nötig, die Eintragungen der
hoch- oder -tiefstand herrschte. Hier gilt der
absoluten Höhen in die Spalten 7 und 8
Mittelwert als beste Massgabe.
Rechnung (Sediment im Süden bzw. im Nor-
– Sedimentationsunterbrüche entstehen durch
den). Die Sediment-Klassifizierung gemäss
verschiedene Ereignisse, etwa andauernd
Abbildung 5 erlaubt es nun auf einfache
tiefe Seespiegel, bei denen Vegetations-
Weise den Wassertiefenbereich (Spalten 9–10)
schichten entstehen, oder durch verschie-
zu erschliessen. Im Fall, dass ein Sediment
dene Arten der Verwitterung an der
mehreren Sedimentklassen zugewiesen wer-
Oberfläche, Regen, Frost, Wellenschlag
den kann, weichen die Werte idealerweise
oder künstlicher Abtrag für Baustoffge-
nicht zu stark voneinander ab, sondern
winnung. Auch Abtransport der Sedi-
bestätigen sich; hier gilt es dann, auf den
mente unter Wasser durch veränderte
jeweils gesamten Wassertiefenbereich zu
Strömungsverhältnisse sowie veränderte
referenzieren. Dabei kommen anhand der in
Fliess-Situationen durch neue Zu- bezie-
der Tabelle aufgenommenen und im Folgen-
hungsweise Abflüsse oder sich ändernde
den besprochenen Werte zweierlei Arten
Flussbetten.
von Seespiegelwerten zustande: Zum einen
– Strandplattenniveaus erhalten sich nur
systematisch im Bezug auf die Sedimentklas-
im Schutz sich neu bildender Sediment-
sifizierung (vgl. Abb. 5), indem zur absoluten
schichten.
Höhe der Oberflächenniveaus der Sedimen-
– Steinfelder mit grossen Steinen sind Über-
te einer bestimmten Phase (i. e. das Mittel
bleibsel längerer, auch wiederkehrender
aus den Werten in den Spalten 7 und 8) die
Erosionsphasen. Das Steinfeld selbst,
entsprechenden, oben besprochenen Was-
lässt sich nicht datieren, da die Entste-
sertiefenbereiche (Spalten 9–10) zugeschla-
hung über sehr lange Zeit geschieht. Das
gen werden. Daraus ergibt sich als Mittel
Sediment darunter, wird eher älter sein.
aus den Seespiegelbereichen ein jeweils
Ein datierter Fund zwischen den Steinen,
kategorisch angenommener Wasserspiegel
datiert eher das Ende der Entstehung. Mit
(Spalte 11). Zum anderen liegt der Bewertung
einem Datum zur Schicht darunter und ei-
eine individuelle, stärker differenzierende
nem zur Schicht dazwischen, erfasst man
beziehungsweise beschreibende Klassifizie-
allenfalls den Entstehungszeitraum in sei-
rung der Sedimente mit einer entsprechend
ner Gesamtheit.
individuelleren Ableitung des Seespiegelwertes zugrunde (Spalte 12)19. Als Endergeb-
Von der Wassertiefe
zum absoluten Seespiegel
19 Die ausführlichen Ableitungen
sind im Grabungsschlussbericht des
AAFR bzw. beim Autor einsehbar.
nis, also als endgültig veranschlagter Seespiegel wird schliesslich das Mittel aus den
Werten in Spalte 11 und 12 vorgeschlagen
(Spalte 13). Die vorletzte Spalte nimmt als
Ausgehend von der in der Synopse darge-
Kontrollwert die Differenzen des jeweiligen
stellten Parallelisierung der Zusammenset-
Mittels aus Spalte 12 zu den Individualwer-
zung bestimmter Sedimente mit einer Was-
ten von Spalte 11 auf.
sertiefe, die für ihre Genese mutmasslich
Die Tatsache, dass diese Differenz (Spal-
bestimmend war, lässt sich der absolute
te 14) mit im Durchschnitt 0,3 m bei den abso-
Seespiegel errechnen. In der tabellarischen
luten Werten und vorzeichengerecht mit nur
Gegenüberstellung (Abb. 6) sind alle dafür
0,1 m als moderat zu bezeichnen ist, zeigt,
nötigen Informationen kompakt zusammen-
dass auch mit einer stärker auf Klassifizie-
gefasst. Die dort in Spalte 3 beschriebenen
rung ausgerichteten Datenbehandlung gute
Ablagerungen und Einzelpositionen werden
Resultate zu erreichen sind. Dies spricht
Murten/Ryf
75
wiederum dafür, eine allgemeingültige, über
Messwerte aus der dokumentierten Zeit-
den lokalen Rahmen hinausgehende Klassifi-
spanne von 18 Jahren zwischen dem 1. April
zierung anzustreben. Auf diese Weise liessen
1858 bis 31. März 1876 lässt sich überprüfen,
sich Vergleiche zwischen verschiedenen
ob Mittelwerte geeignet sind, längerfristige
Fundstellen und Seen anstellen. Auf der an-
Seespiegelveränderungen zu erfassen oder
deren Seite wäre es über eine Vermehrung
ob der Informationsverlust zu gross wird oder
erhobener Daten und eine allfällige Fort-
auch, welche Vorteile sich bieten, wenn man
schreibung beziehungsweise Ausweitung der
mit Jahresmittelwerten arbeitet.
Daten in der Art von Tabelle 9 möglich, Fehler
Die Effekte des Mittelns zeigen sich gut,
und Widersprüche bei der Seespiegelermitt-
wenn die Extremwerte und die jeweils ge-
lung einzelner Seen besser zu erfassen.
mittelten Werte miteinander verglichen werden. Dabei spielt es keine Rolle, ob man mit
Der beim Abgleich mit der Sedimentbeschaf-
einem riesigen Datensatz aus Tagesmitteln
fenheit als wahrscheinlich veranschlagte
oder Tagesablesungen rechnet oder nur mit
Wassertiefenbereich (Spalte 13) kann unter
den Jahresmittelwerten, denn das Mittel
Umständen recht weit ausfallen. Darin spie-
bleibt sich immer gleich. Dagegen werden
geln sich eine gegebenenfalls geringere
die jeweiligen aus Mittelwerten berechne-
Treffgenauigkeit beziehungsweise die grös-
ten Extremwerte, also die Minima und Maxi-
sere Spannweite möglicher Tiefenbereiche.
ma, kleiner. Es werden sozusagen die Spit-
Zur einfacheren Handhabung wurde des-
zen gebrochen. Bei der Beurteilung der
halb auf gemittelte absolute Werte gesetzt.
Sedimentsituation bleibt offen, ob und wel-
Grundsätzlich ist der Seespiegel zwar be-
che kurzfristigen Schwankungsereignisse im
stimmten Schwankungszyklen unterworfen.
betreffenden Ablagerungszeitraum statt-
Dies können kurzzeitige Veränderungen infol-
fanden, oder in welchem kürzeren Schwan-
ge von Extremereignissen (Gewitter, anhalten-
kungszyklus wir uns gerade befinden. Der
de Starkregen) sein, aber auch jahrestypische
archäologische Blick betrachtet ohnehin
Schwankungen (Schmelzwasser, Trockenpha-
keine jahrgenauen, sondern längere Zeit-
sen) sowie langfristige Dispositionen, die
spannen von mehreren Jahrzehnten. Viel-
mehrere Jahrzehnte oder Jahrhunderte be-
mehr ermöglicht es der Mittelwert, kurzfristi-
treffen. Da es für unsere Fragestellungen aber
ge Abweichung auszublenden.
wichtig ist, Seespiegelschwankungen inner-
Die Auswirkungen der beiden Juragewäs-
halb einer grossen, mehrere Tausend Jahre
serkorrektionen sind in dem Diagramm Abb. 7
umfassenden Zeitspanne erkennen zu kön-
deutlich erkennbar. Ihm liegen die verfügba-
nen, spielen saisonale Schwankungen keine
ren Messreihen für den Murtensee ab April
Rolle beziehungsweise lassen sich nicht abbil-
1858 bis heute, Januar 2020, zugrunde. Bei
den. Insofern ist es zulässig, Seespiegel-
der ersten Korrektion erfolgte der Bau des
schwankungen und Wasserstände anhand
12 Kilometer langen Nidau-Büren-Kanals, der
von Mittelwerten darzustellen.
den Abfluss aus dem Bielersee vergrösserte.
Für die Jurarandseen liegen aus der Zeit
Der künstliche Abfluss führte zum schnellen
vor den Juragewässerkorrektionen, also vor
Absinken aller drei Seespiegel24. Ab Dezember
1868, Messreihen vor, die beispielsweise für
1879 fehlen neun Aufzeichnungsjahre zum
den Neuenburgersee bis ins Jahr 1817 zu-
Murtensee. Die Ganglinie lässt sich aber so in-
rückreichen20. Beinahe lückenlos sind die
terpretieren, dass mit den Seespiegeln ab
Messreihen aller drei Seen ab 1857 dokumen-
1880 der Normalfall für die Zeit zwischen den
tiert und für den Murtensee ist eine Mess-
beiden Korrektionen erfasst wird. Mit dem
reihe mit täglichen Ablesungen ab April 1858
letzten Hochwasserstand von 430,18 m ü. M.
verfügbar22. Aus den Reihen lässt sich able-
am 11. Mai 1966 werden die Auswirkungen der
sen, dass sich die erste Gewässerkorrektion
ab 1962 umgesetzten zweiten Juragewässer-
ab 1876 auszuwirken begann. Die jährlich
korrektion greifbar. Ab November 1966 pen-
wiederkehrenden Höchstwerte sind meistens
delt sich der Seespiegel in dem noch heute
21
20 Auswertung und Interpretation
der Daten in Thew 2016 Kap. 2, 23.
21 Bundesamt für Umwelt (BAFU),
Datenservice Hydrologie online
https://www.bafu.admin.ch/bafu/
de/home/themen/wasser/zustand/
daten/messwerte-zum-themawasser-beziehen/datenservicehydrologie-fuer-fliessgewaesserund-seen/datenservice-hydrologie-verfuegbare-produkte--mit-beispielen-.html#-1381436588 (Abrufdatum
25.02.2020).
22 Hier besteht vermutlich ein
Zusammenhang mit den endlich
startenden Umsetzungen des
Korrektionsprojekts durch Richard
La Nicca (1794–1883), nachdem
in den 1850ern wohl als Ergebnis
starker Lobbyarbeit durch Johann
Rudolf Schneider, Mitglied des
ersten Nationalrats, der Bund die
Juragewässerkorrektion zur
nationalen Angelegenheit erhob
und so das kostspielige Projekt
ermöglichte.
im Frühling zu verzeichnen. Das Monatsmittel
gültigen Bereich ein. Anhand dieser Daten
des März 1876 beträgt 432,69 m ü. M.23. Ab
lassen sich fünf Beobachtungszeiträume un-
diesem Zeitpunkt sinkt der Wasserspiegel bis
terscheiden. Je ein Zeitraum vor und nach den
zum Winter 1879 kontinuierlich, um den Maxi-
beiden Korrektionen, einer dazwischen sowie
malwert vom März 1876 nie mehr zu errei-
die kurzen Zeiträume während der Umsetzung
chen. Dieses Datum markiert also das Ende
der Korrektionen. Die Übersicht Abb. 8 stellt
23 Die offiziellen Höhenmessungen
in der Schweiz beziehen sich auf
den Repère Pierre du Niton im Hafen
von Genf. Ab 1902 galt als offizieller
neuer Wert der Horizont von 373,6 m.
Allerdings wurde in der eidgenössischen Hydrometrie bis einschliesslich
1915 noch mit dem alten Horizont von
376,86 m ü. M. Entsprechend sind die
Werte ggf. zu korrigieren.
der unkorrigierten Verhältnisse. Anhand der
die wichtigsten Werte gegenüber. Insgesamt
24 Nast 2006, 13.
FHA 22/2020 Auswertungen
Position
75A
74A, 75B
74,
75B-OK
72,
75C
71,
75C
70,
75C
Rot
Orange
dunkles Band mit organ. (?) Resten u. kl. Holzkohlestückchen;
läuft gegen Süden aus (St. <10mm)
vermutl. Uferbereich mit Spühlsaum; Herkunft der Steine
unklar (Erosionsereignisse oberhalb Uferzone?)
770-870 CalAD; eingegrenzt aus 670-870
CalAD (Ua52662: Holz) u. 770-990 CalAD
(Ua52665: Holz); siehe Bemerkungen
sandig; unten heller, etwas tonig, sehr wenig Holzkohle (L. <3 mm);
oben dunkler, beige-braun mit wenig Holzkohle (L. <3 mm)
68, 75D
feines, sandiges Niveau mit Steinen; an Oberfl. gräul.-beige;
viele Schneckenhäuser, Steine u. Kiesel sowie dunkle, längl.
Verfärbungen; 1 Holzstück (datiert), 2 Mörtelbrocken (römisch?)
45, 45A,
75F
sandiges, gebändertes Paket aus mind. 5 Bändern
(St. jew. 4-15 cm); an OK (nur im N) ein dunkles Band
(organ. Material?) u. vermehrt Holzkohle
ohne eigene absolute Dat.; Ableitung aus
benachbarten Phasen, also 770-880 CalAD
WT um 0,5 bis 1 m; Schichtungen zeigen schwankende
(auch saisonale?) Pegel an
allg. fein-mittelsandig, teils etwas tonig, beige-grau;
Kiesel (Dm. <15 cm)
vermutl. mehrere Ablagerungsphasen mit wechselnden
Pegeln; evtl. auch zeitweilig im Uferbereich
900-1260 AD; die Dat.-Spanne ergibt sich
aus Ableitung Dat. benachbarter Phasen
6, 6B, 6C
46, 64, 75G
75H
58, 75I,
75K, 75L
Phase mit Nutzung des Uferbereichs (Pfahlstellungen,
mit unverrollter Keramik durchmischte Ablagerungen)
Violett
zu Beginn plötzl. Seespiegelanstieg; nur so konnte sich das
tonige unterste Niveau bilden. Die mind. 7 Ablagerungsphasen
setzen hohe, wohl von kürzeren Tiefständen unterbrochene
900-1260 AD; die Dat.-Spanne ergibt sich
Pegel voraus. Am Ende der Phase vermutl. längere Periode
aus Ableitung Dat. benachbarter Phasen
mit tieferem Seespiegelniveau, die Erodieren der Oberfl. zu
flacher Strandplatte begünstigte
Petrol
siltiger Sand; an Oberfl. Steine (Dm. <30 cm) u. viele dunkle
Verfärbungen, die aussehen wie vermoderte Ästchen;
im S 3 Bänder; nach S hin auslaufend bzw. erodiert u. Oberfl.
mit deutl. geringerem Gefälle
770-880 CalAD. Dat. gemäss (55B) entspr.
Position (Ua 52661: Holz = 680-880 CalAD)
u. der Überlegung, dass Phase VIIa nicht
älter sein kann als das älteste mögl.
Datum von Phase VI
900-1030 CalAD (Ua 52657: Holzkohle)
für eine der Schicht (55C) entspr. Position
heterogen, ohne erkennbare Bänderung: im N sandig, feinsandig, willentl. eingebrachte Deponie bzw. Auffüllung
(Aufwertung des Uferbereichs oder Entsorgung
siltig, ohne Ton, Steine; gegen S grobsandig, feinkiesig bis
von Material bspw. aus einem Kelleraushub?)
steinig, im Oberflächenbereich einige verrollte Baukeramik
Hellblau
ohne eigene absolute Dat.;
mögl. ab 530 bis 870 CalAD
ohne eigene absolute Dat.; Ableitung aus
benachbarten Phasen, also 530-870 CalAD.
3 Teilschichten, von 2 dünnen reinsandigen Bändern getrennt:
unten kiesig, einige Steinen u. Knochen (Schlachtabfälle);
Mitte eher feinsandig bis siltig, dunkel gebändert;
oben grobsandig bis feinkiesig, Feinkeramikscherben
Dunkelblau
530-640 CalAD (Ua 52666: Holz)
im N zeigen tonige Schichten erhöhten Seespiegel an.
Im untieferen Bereich im S wurden die feinen Ablagerungen
z.T. weggeschwemmt u. gröbere Sande blieben.
gebändertes Sandpaket; zuunterst u. unmittelbar über (45)
umschliesst die Steine (45A) helle, beige, tonige u. nach S
(hangwärts) auslaufende Schicht (St. <3 cm); darüber
sandigere Schicht
1165-1260 CalAD (Ua 52656:
Knochenfragm. = 1150-1260 CalAD;
Ua 52658: Holzkohle = 1160-1260 CalAD;
Ua 52664: Holz = 1165-1265 CalAD)
1280-1400 CalAD
(Ua 52659: Holzkohle)
1480-1640 CalAD (Ua 52663: Holz)
Aufschüttungen; untere Hälfte heterogen, fein- bis grobkiesig
mit Steinen; obere Hälfte noch heterogener, auf den obersten
20 cm zunehmend humusartig, schon etwas durchwurzelt
Aufschüttung, die zusammen mit einer umlaufenden
Mauer (ausserhalb der Grabung) offensichtl.
Landgewinn anstrebt
Mitte 18. Jahrhundert, da die zugehörigen
Mauern im Vissaula-Plan (1734) anders als
im Bochud-Plan (1772) fehlen
Terrain erneut etwas angehoben; 2. Gartenphase
ab 1880
aktuelle Situation
1966–2015
54C
Bau von Ufermauer u. Wellenbrecher (Pfähle) für eine Art
Hafenanlage. Mauer eher als Befestigung u. baul. Abschluss
zum Wasser hin zu verstehen u. nicht als Anlandestelle
75M
im S Ufermauer in gr. Blöcken mit Hinterfüllung; im N Reste
von Pfählen
Dunkelgrau
Hellgrau
ohne eigene absolute Dat.;
mögl. ab 1880 CalBC bis 640 CalAD
55A,
75E
Wechsel von Hoch- u. Tiefständen vorauszusetzen.
Anders als im Wellenschlagbereich oben, blieben
im tieferen Wasser ältere Schichten erhalten;
Höhenunterschied zwischen tieferem u. seichterem
Bereich ca. 60 cm. Das feine organische Band (69) zeigt
evtl. Zone etwas oberhalb des Ufers an. Im Uferbereich,
der nur ab u. zu von Wellen erreicht wird, kann ein
organisches Band liegen bleiben
1880-1690 CalBC (Ua 52660: Holzkohle)
sehr tonige Schicht, dunkle organ. Einschlüsse;
an Oberfl. Steine u. sandiger
55B, 55E
Lachs
Gelb
ohne eigene absolute Dat.; älter als Phase III
u. damit vor 1690 CalBC; sofern Kurve des
Neuenburgersees stimmt evtl. um 6000 BC
61, 62,
66,
75D-OK
Hellgrün
wird als Seekreide angesprochen. Evtl. Ablagerungen im
tieferen Wasser mit anschliessenden bzw. fortlaufenden
Erosionsereignissen? Steine u. Kiese vom durch
Wellenschlag erodierenden Hang?
sandig, siltig, tonig, organ. Einschlüsse (St. <15 cm)
55, 55C,
55D,
75F
Dunkelgrün
eiszeitl. (keine Funde/Proben)
sandig, viele Steine (Dm. <10 cm), Gesamteindruck eher grob.
Holzstück (datiert)
53, 53A,
54, 54A,
54B
I
IV
V
VI
VIIa
VIIa
VIIb
VIIb
VIII
IX
X
XI
mutmassl. Moränenmaterial der letzten Vergletscherung
gelbl., stark tonige, siltige Schicht (St. 3 cm)
XIII
XIIa
Datierung
sandiges Band mit wenig Holzkohlestückchen, gegen N steiniger durch Wellenschlag aufgearbeitete Restoberfl.
werdend (Dm. < 8 cm) u. typischerw. gelbl.
(Reduktionshorizont)
sandig bis kiesig, sehr humös
Humus (Terrain im Jahr 2015)
1
2
3
XIIb
Interpretation
69,
75C
II
weissl., sandig, kiesig, steinig; kreidige, kalkhaltige Schicht
(St. im Durchschn. 40 cm), ähnl. gelöschtem Branntkalk;
durchmischt mit Steinen (Dm. <8 cm); Schicht gegen Süden
anscheinend dünner werdend
Hellbraun
grobsandig, kiesig, mit Steinen u. Geröllen, heterogen mit
sandigen Linsen; hart, kompakt; keine Schichtung erkennbar
Phase
Sediment
III
Farbcode
76
4
5
6
Abb. 6 Übersicht zur Ableitung der Seespiegel und ihrer Datierung anhand der Sedimentbeschaffenheit und weiterer Beobachtungen im Ausgrabungsfeld
Murten/Ryf 43. In Spalte 3 sind nur die wichtigsten betroffenen Positionen angegeben; zu Spalten 9-10 (Sedimentklasse) vgl. Abb. 5
Diff. Seespiegelmittel
(Spalten 11 u. 13)
Seespiegel (m ü. M.)
gemäss Individualableitung 2019
Ergebnis Seespiegel
(m ü. M.) = Mittel aus
Spalten 11 u. 12
Seespiegel (m ü. M.) =
Aus Spalten 7 bis 10
77
WT-Bereich nach
Sedimentkl. Nord
WT-Bereich (m) nach
Sedimentkl. Süd
OK Sediment Nord
(m ü. M.)
OK Sedimet Süd
(m ü. M.)
Murten/Ryf
Bemerkungen
nur auf wenigen Quadratmetern beobachtet
431,56
431,22
-1,5 – -1
(Kl. 6)
-2 – -1,5
(Kl. 7)
432,9
Sedimentniv. + 1,5 m = im Mittel 432,5/433,5
433,0
-0,1
Umgebung der Steine (mit Kruste) weiss; nicht mehr
nachprüfbar, ob evtl. Onkoide
431,64
431,26
0 – 0,5
(Kl. 3)
-1,5 – -1
(Kl. 6)
432,0
vermutl. stärker schwankend
zw. 430,5 (Wellenschlagbereich)
u. 432,5 (Sandablagerungen)
431,8
0,5
Reste einer durch Wellenschlag aufgearbeiteten Oberfl.
(Reduktionshorizont)
431,28
-1,5 – -1
(Kl. 6)
-1,5 – -0,5
(Kl. 8)
432,3
eher hoch: 432,0-433,0
432,4
-0,2
431,30
0,5 – 1,5
(Kl. 1-2)
-0,5 – 0,5
(Kl. 11)
431,3
tiefer: 431,0-432,0
431,4
-0,2
431,33
-1,5 – -1
(Kl. 6)
-2 – -1,5
(Kl. 7)
433,1
um 432,0-433,0
432,8
0,6
431,84
431,38
-1 – 0,5
(Kl. 9; 13)
431,6
431,7-432,5
431,9
-0,5
431,96
431,56
-1 –
-0,5
(Kl. 5)
-1,5 – -1
(Kl. 6)
432,8
um 433,0 (gemäss der aus Sedimentcharakter
abgeleiteten WT 1-1,5 m)
432,9
-0,2
431,96
431,56
0,5 – 1,5
(Kl. 1-2)
-1 – 0
(Kl. 10; 14)
431,6
im Bereich der Schichtoberfl. bei 431,5-432,0
431,7
-0,15
432,30
431,60
-0,5 – -1
(Kl. 15)
432,7
432,5
0,25
-1 – 0,5
(Kl. 13-14)
432,3
431,9
0,8
-1 – -0,5
(Kl. 5)
433,1
432,9
0,35
432,7
-0,15
432,40
431,53
-1 – -0,5
(Kl. 5)
432,54
432,16
432,54
431,80
432,40
432,20
432,60
432,20
433,40
432,50
7
8
WT 0,50 m über (55B) ergibt 432,0-432,7;
vermutl. am Ende der Phase als
Voraussetzung für Bildung eines organ.
Bands im Uferbereich Tiefphase bei 431,5
Phase älter als jüngstes Datum zu Phase VIIa (Ua 52661:
Holz = 680-880 CalAD); diese Bedingung ist erfüllt
bei einer erwarteten mittl. WT um 0,5 m
ergeben sich Pegel von 432,0-433,5
-1 – 0,5
(Kl. 13-14)
432,6
-0,5 – 0,5
(Kl. 13)
-1 – -0,5
(Kl. 5)
432,7
alternierende Pegel durchschnittl. im Bereich
432,0-433,5 (Wechsel Sandablagerung
u. Erosion)
432,7
0,1
-0,5 – 0,5
(Kl. 3; 13)
-1 – 0
(Kl. 4-5)
432,7
zw. seeseitigem Schichtauslauf u. OK
erodierter Uferbereich, also 432,2-433,0
432,7
0,1
Pegel eher am unteren Rand der
Aufplanierung, also um 432,0-433,0
432,5
absolute Dat. = terminus post quem; Aufschüttung könnte folgl.
auch als unmittelbare Vorbereitung auf Phase XI mit dieser
zusammenfallen
Pegel zw. UK u. OK Ufermauer,
also 433,0-434,0
433,5
Ofenkachel des 15. Jhs. aus Ufermauerkonstruktion in vermutl.
deutl. späterem Fundkontext: Baudatum im weit gefassten
Bereich um 1600 mögl.
ohne Befunde; gemäss hist. Darstellung
Pegel wohl etwas tiefer als in Phase XI
zw. 432,0-433,0
432,5
seeseitige Stütz-/Schutzmauer liegt
in Flucht von ähnl., aktuell sichtbaren Anlagen
von max. 433,0 (Mittel 431,80) auf unter
430,0 (Mittel 429,45) sinkend
429,5
Nachgang 1. Juragewässerkorrektion
seit Nov. 1966 stabil 429,0-429,6
(Mittel 429,26)
429,26
ab 2. Juragewässerkorrektion
9
10
11
12
13
14
Mächtigkeit des Schichtpakets nimmt von N nach S stark ab;
Oberfl. flacher als bei darunterliegenden Niveaus, setzt sich
nach S mit gleichbleibender Neigung fort; demnach OK
Schicht (75F)/Phase VIIb tlw. wegerodiert
C-Ergebnisse passen zur stratigraf. Postition; Kohärenz
bestätigt Dat. in erste hundert J. der Stadtgeschichte
14
15
FHA 22/2020 Auswertungen
Januar 2020
März / April 1966
Dez. / Jan. 1879/1880
April 1858
m ü.M
434
März / April 1876
78
433
432
431
430
428
427
426
1858
1868
1878
1888
1898
1908
1918
1928
1938
1948
1958
Okt. / Nov. 1966
429
1978
1988
1998
2008
2018
Abb. 7 Ganglinie des Seespiegels vom Murtensee ab dem 1. April 1858. Monatsmittel (Meterangaben nach neuem Horizont RPN 1902)
zeigt sich, dass mit der ersten Korrektion der
sunken. Der Wert für die gesamte Absenkung
mittlere Seespiegel zwar um 2,35 m abgesenkt
des Seespiegels im Murtensee beträgt nach
wurde. Die Seespiegelschwankungen waren
beiden Juragewässerkorrektionen 2,53 m.
mit 2 m vor der ersten Korrektion gross; in der
Folge waren mit 2,7 m sogar noch grössere
Weiterhin stellt sich die Frage, wie sich die in-
Seespiegelschwankungen zu verzeichnen.
dividuellen Niveaudifferenzen der drei Jura-
Neu kamen auch wegen der gewollten Ab-
randseen und insbesondere die von Murten-
senkung des mittleren Seespiegels extremere
und Neuenburgersee zueinander verhalten.
Tiefwerte hinzu (mittlerer Tiefwert -2,4 m und
Da der Murtensee in den Neunburgersee
Extremtiefwerte bis -2,6 m im Monatsmittel).
entwässert, lässt sich die Schwankungskurve
Bei den Tagesmittelwerten
steht der maxi-
des Neuenburgersees für den Vergleich der
male Unterschied zwischen Minimum und
Verhältnisse am Murtensee heranziehen. Als
Maximum bei 3,52 m. Der Tiefststand lag nach
Grundlage für einen solchen Vergleich stan-
der ersten Korrektion bei 428,28 m am 9. und
den folgende Messungen und Aufzeichnun-
10. November 1947.
gen zur Verfügung: die erstmalige Eintra-
25
25 Siehe Anm. 21.
26 Nast 2006, 19.
27 Beschrieben und auszugsweise
abgebildet in Vischer/Feldmann
2005, 17-32.
Auch das Verhältnis der Differenzen der
gung von Höhenkoten auf der Generalkarte
Hoch- und Tiefmittelwerte zum Mittelwert,
für die Entwässerung des Seelands inklusive
bleibt mit 45/55 genau gleich wie vor der Kor-
der Aarekorrektion von 183427, der Stryiensky-
rektion. Dies erklärt sich aus dem Umstand,
Karte vom Kanton Freiburg28 (ca. 1850) sowie
dass der Seespiegel schneller ansteigt, als er
einem Plan von 1854, der auf Anordnung der
sich senkt. Je tiefer nämlich der Seespiegel ist,
Baudirektion des Kantons Bern von J. R. Sten-
umso geringer ist die Abflussmenge. Ab ei-
gel ausgearbeitet wurde29, ausserdem die in
nem gewissen Tiefstand geht diese gegen
der Dufourkarte eingetragenen Seespiegel-
Null. Die Hochstände fallen deshalb stärker
niveaus (1845, 1860)30 und die aktuell durch
ins Gewicht. Der gleichbleibende Differenz-
das Bundamt für Umwelt (BAFU) zur Verfü-
wert ist ein eindeutiger Hinweis darauf, dass
gung gestellten Messreihen für den Murten-
mit der bei der Korrektion erfolgten Seespie-
see und den Neuenburgersee ab dem 26. Ap-
gelsenkung um 2,35 m das Problem der Ab-
ril 1858 und bis zum Beginn der ersten
flusshemmung nicht gelöst wurde. Erst die
Auswirkungen der Korrektion Ende März
zweite Juragewässerkorrektion steuerte hier
187631. Aufgrund der Dokumentationshistorie
radikal dagegen, und zwar mit zwei- bis
sind die Grundlagen der Höhenangaben zu
dreifach grösseren Abflussquerschnitten des
den verschiedenen Projekten und Ausführun-
Broye- und Zihlkanals, mit der Vertiefung des
gen der Juragewässerkorrektion uneinheit-
Nidau-Büren-Kanals um 5 m und mit der Ver-
lich. Sie beziehen sich auf unterschiedliche
breiterung und Vertiefung der Aare unterhalb
Nullpunkte und Horizonte, werden teils noch
von Solothurn an der Emmemündung26. Erwar-
in Berner Fuss, später in Schweizer Fuss an-
tungsgemäss liegt das Verhältnis der Diffe-
gegeben32. Die Tageswerte der Seespiegel,
renzen der Hoch- und Tiefmittelwerte zum
welche in der vom BAFU zur Verfügung ge-
Mittelwert nach der zweiten Korrektion mit
stellten Excel-Liste abrufbar sind, mussten
49/51 fast bei 1/1. Es fliesst mindestens ge-
zuvor auf die heute gültige Referenzhöhe von
nauso viel Wasser ab wie zu. Als Ergebnis der
373,6 m ü. M.33 umgerechnet werden. Dabei
32 Peter 1922.
zweiten Korrektion ist der mittlere Seespiegel
ist anscheinend immer mal wieder ein syste-
33 Siehe Anm. 23.
noch einmal um 18 cm auf 429,26 m ü. M. ge-
matischer Fehler unterlaufen, indem für die
28 Historische Karten im Geoportal
Kanton Freiburg online: https://map.
geo.fr.ch/ (Abrufdatum 12.05.2020).
29 Wie Anm. 27.
30 Zeitreise, Kartenwerke
im Geoportal Schweizerische
Eidgenossenschaft online:
https://map.geo.admin.ch
(Abrufdatum 12.05.2020).
31 BAFU Datenservice Hydrologie
online: https://www.bafu.admin.ch/
bafu/de/home/themen/wasser/
zustand/daten/messwertezum-thema-wasser-beziehen/
datenservice-hydrologie-fuerfliessgewaesser-und-seen/
datenservice-hydrologie--verfuegbare-produkte--mit-beispielen-.
html#-1381436588 (Abrufdatum
25.02.2020).
Murten/Ryf
79
Vor Korrektionen
Beobachtungszeit:
18 Jahre
(Apr. 1858 bis März 1876)
1. Korrektion
Beobachtungszeit:
3 Jahre, 9 Monate
(Apr. 1876 bis Dez. 1879 )
Zwischen den Korrektionen
Beobachtungszeit:
86 Jahre, 5 Monate
(Jan. 1880 bis Mai 1966)
2. Korrektion
Beobachtungszeit:
6 Monate
(Apr. 1966 bis Okt. 1966)
Nach 2. Korrektion
Beobachtungszeit:
53 Jahre, 2 Monate
(Nov. 1966 bis Jan. 2020)
Minimum
431,04
429,04
428,41
428,87
428,63
Maximum
433,04
432,61
431,13
429,58
429,95
2,00
3,57
2,72
0,71
1,32
Mittel
431,79
430,76
429,45
429,19
429,26
Mittel-Tief
431,37
430,08
428,94
428,87
428,98
Mittel-Hoch
432,31
431,60
430,04
429,58
429,55
Maximale Schwankung
Diff.: Mittel-Mittel
und Mittel-Tief
0,42
0,51
0,28
Diff.: Mittel-Hoch
und Mittel-Mittel
0,51
0,59
0,29
45/55
46/54
49/51
431,79 – 429,44 = 2,35
429,44 – 429,26 = 0,18
Verhältnis: Min/Max
Diff. zu vorher (Mittel)
431,79 – 429,26 = 2,53
Absenkung gesamt
Abb. 8 Übersicht zu den Mittelwerten der Seespiegelstände vom Murtensee im zeitlichen Umfeld der Juragewässerkorrektionen (Werte sind aus Monatsmittel
berechnet; Rundungsdifferenzen sind möglich)
Werte bis zum 31.12.1892 von einer falschen
1854 30 cm und Dufour-Karte 1860 10 cm. Zwi-
Ursprungshöhe ausgegangen wurde34. Auf
schen Neuenburger- und Bielersee sind es drei
den Fehler wurde der Autor vorliegender
Höhendifferenzen: Generalkarte 1834 90 cm,
Arbeit durch sprunghafte Differenzen der
Dufour-Karte 1845 100 cm, Stengel-Karte
Wertangaben zwischen Neuenburger- und
1854 57 cm. Diese Einzelwerte zeigen folgende
Murtensee jeweils genau zum Jahreswechsel
Tendenzen an: Die Differenz der Seespiegel-
aufmerksam. Aufgrund der Fliessrichtung er-
Höhe von Murten- und Neuenburgersee ist
schien es unmöglich, dass der Neuenburger-
eher kleiner als 30 cm (Durchschnittlich
see, wie es die BAFU-Werte suggerieren,
22,5 cm), die von Neuenburger- und Bielersee
einen im Durchschnitt signifikant höheren
liegt eher über 60 cm (Durchschnittlich 82 cm).
Seespiegel aufweist als der Murtensee. Aller-
Aufschlussreicher sind die Berechnungen aus
dings waren nicht alle Werte durchgehend
den Tageswerten. Im Durchschnitt liegen die
falsch, denn für den 29. März 1895 wird
betreffenden Werte des Murtensees vom
andernorts beispielsweise ein Niveauunter-
26. April 1858 bis 31. März 1876 nur 1 cm über
schied zwischen Neuenburger- und Murten-
denen des Neuenburgersees. Für die Extrem-
see mit 1,69 m angegeben35, während die BA-
werte leitet sich ab, dass der Seespiegel des
FU-Tabelle für denselben Tag eine Differenz
Murtensees im Maximum 1,39 m über dem des
von 1,73 m anzeigt. Die Resultate kamen auf
Neuenburgersees lag und 0,41 m unter die-
jeweils unterschiedlichen Wegen zustande.
sem. Das bedeutet, dass die Broye also zeit-
Dass die Stichprobenwerte ausserdem inner-
weise auch in umgekehrte Richtung floss. An-
halb einer tolerierbaren Abweichung liegen,
hand der vorhandenen Messreihen liesse sich
spricht dafür, dass die jüngere Datenreihe
viel zur Abflussdynamik zwischen den Seen
korrekt ist. Anhand solcher Vergleichsdaten
ableiten. So steigt etwa der Seespiegel des
und nach systematischer Kontrolle war es
Murtensees schneller und höher an als derje-
möglich, die fehlerhaften Daten zu identifi-
nige des Neuenburgersees. Dies dürfte damit
zieren und zu korrigieren. Der Datenvergleich
zusammenhängen, dass der Murtensee im
erbrachte folgende Ergebnisse:
Verhältnis zum Einzugsgebiet kleiner ist als der
Zwischen Murten- und Neuenburgersee er-
Neuenburgersee, aber eventuell auch mit dar-
geben sich aus den vorliegenden Daten vier
an liegt, dass die Broye einen weniger raschen
Höhendifferenzen: Generalkarte 1834 30 cm,
Abfluss ermöglicht als es bei der Zihl vom Neu-
34 Nebst der alten Höhe des
Repère de Niton (RPN) gab es noch
den Bezugswert des Noc de la
Douane d’Yverdon, welcher für den
RPN umgerechnet eine Höhe von
374,052 m ü. M. ergäbe, also
0,452 m zu hoch wäre.
Stryiensky-Karte 1850 20 cm, Stengel-Karte
enburger- in den Bielersee der Fall ist.
35 Peter 1922.
FHA 22/2020 Auswertungen
80
75H
75M
75K,L
75F
75 I
75G
75 O
75N
XI
X
IX
VIII
XIIa
XIIb
XIII
XI
433
75H1
VIIb
VIIa
VI
V
III
I
431
IV
II
75E
75D
OK
75A
75B
OK
75B
75C
75D
47
74
46
0
73
55A
68
69-72
5m
61
55C
55B
6
45
45A
Abb. 9 Murten/Ryf 43, schematische Darstellung der Schichtabfolge bzw. der Sedimentphasen im Westprofil
Chronologie der Schichten
und Seespiegelstände
Schwankungsbereichs von ± 0,5 m zugeschlagen wurde. Der Seespiegelbereich
kommt besonders in den stratigrafischen
Der Übersichtstabelle Abb. 6 liegt die Strati-
Phasen zum Tragen, für welche keine absolu-
grafie der zu Phasen zusammengefassten
ten Datierungen vorliegen. In diesen Fällen
Schichten zugrunde. Diese zeigt sich gut im
grenzen die benachbarten, absolut datier-
West-Profil (Abb. 9), das im rechten Winkel
ten Phasen den Schwankungsbereich chro-
zur Uferlinie liegt, und in der vereinfachten
nologisch ein. Unterhalb des Korrelations-
Harris-Matrix (vgl. Abb. 3). Gut ablesbar sind
feldes nimmt ein Zeitstrahl den Ablauf der
die Ableitungen beziehungsweise die Ent-
Zeitphasen beziehungsweise Schichtungs-
wicklung der Seespiegelstände in der Grafik
abfolgen auf (Rot: absolut datiert, Grün: nur
Abb. 11. Sie korreliert die mit absoluten Da-
relativ-chronologisch bestimmt).
ten fixierten, stratigrafisch ermittelten zeitlichen Abfolgen der Sedimente (horizontale
Anhand der in der Grafik zusammengefassten
Achse) mit den jeweiligen bekannten bezie-
Daten lässt sich die zeitliche Entwicklung der
hungsweise aus der Sedimentbeschaffen-
aus den Sedimentschichten abgeleiteten See-
heit heraus abgeleiteten Seespiegelhöhen
spiegelstände darstellen. Deutlich erkennbar
(vertikale Achse). Im Hintergrund verläuft als
ist der bereits besprochene langfristige An-
braune Linie die aus der Seespiegelgang-
stieg des Seespiegels seit dem 1. Jt. v. Chr. Im
linie des Neuenburgersees36 abgeleitete
Detail sind starke Schwankungen zu verzeich-
Kontroll-Linie für den Seespiegel des Mur-
nen. Gut dokumentiert sind starke Schwankun-
tensees, der als 0,5 m über dem des Neuen-
gen vom Frühmittelalter bis zur Juragewässer-
burgersees beschrieben wurde, was nach
korrektion: Von 500 bis etwa 1000 n. Chr.
neueren Erkenntnissen aber eher zu viel ist,
steigt der Seespiegel an. Danach ist bis um
um den Murtenseespiegel tatsächlich abzu-
1400 ein leichter Rückgang feststellbar, bis er
bilden37. Seespiegelableitungen (vgl. Abb. 6
im 16. Jahrhundert wieder ansteigt, und zwar
Spalte 13), für die absolute Datierungen vor-
auf das höchste hier festgestellte Niveau. Im
liegen, sind mit roten, solche mit relativer
18. Jahrhundert liegt der Seespiegel wieder in
Zeitbestimmung mit grünen Linien darge-
einem eher mittleren Bereich, nur leicht höher
stellt; visualisiert ist also jeweils das zeitlich
als zu Beginn der ersten Messungen in der
eingrenzbare Seespiegelmittel. Die hellblau-
Mitte des 19. Jahrhundert. Gemäss den aufge-
en Bänder stellen den Seespiegelbereich
führten Daten schwankt der Seespiegel des
dar, der sich aus den gemittelten Werten er-
Murtensees vom Frühmittelalter bis zur Mitte
36 Thew 2016, 15 Abb. 2-4.
gibt, denen, wie oben dargelegt, ebenfalls
des 19. Jahrhundert zwischen seinen mittleren
37 Ebd. 23.
jeweils der Wert des mittleren jährlichen
Extremwerten um 3 m.
Murten/Ryf
81
75M
54C
54B
54A
54
53
53A
XIII
XIIb
433
XIIa
6
VIII
45
45A
VIIb
VI
V
55C
55A
VIIa
IX
XI
55B
0
IV
58
Pfahl (64),
projiziert
III
6D
431
II
61
68
2m
69-72
73
74
71
Abb. 10 Murten/Ryf 43, Schematische Darstellung der Schichtabfolge bzw. der Sedimentphasen im Nordprofil
Bei den absoluten Datierungen muss man
gründet auf der Überlegung, dass ein derart
eine extrem unregelmässige Verteilung in
hoher Seespiegel, wie ihn die Kurve des Neu-
Rechnung stellen. Daten sind vor allem für die
enburgersees38 anzeigt, in prähistorischer
Seespiegelstände ab dem Frühmittelalter vor-
Zeit zuletzt während des Spätmesolithikums
handen. Abgesehen von den mittelalterlichen
beziehungsweise in der Zeit steigender Tem-
Schichten liegt für die vormodernen Seespie-
peraturen im späten Atlantikum möglich er-
gelableitungen nur noch eine absolute Datie-
scheint (im Bereich um 6000 cal BC).
rung vor, nämlich für die Frühbronzezeit. Diese
Abschnitt 2: Die nächst jüngere Phase III
ungleiche Verteilung resultiert aus dem Um-
ist absolut datiert (1880-1690 cal BC). Der
stand, dass aus dem dünnen Schichtpaket zu
abgeleitete mittlere Seespiegel kommt mit
wenig Probenmaterial geborgen werden
431,8 m ü. M. um gut einen halben Meter hö-
konnte beziehungsweise keine klare Schicht-
her zu liegen als dies aus der Neuenburger-
zuweisung möglich gewesen war. Gerade bei
kurve ablesbar ist.
Tiefphasen erodieren insbesondere während
Abschnitt 3: Auf Phase III folgt die der
des über mehrere Wochen und Monate an-
Phase IV zugeordnete Position (72). Diese ist
dauernden Absinkvorgangs die feinen Sedi-
nur wenige Zentimeter dick und granulome-
mente. Für die stratigrafischen Phasen ohne
trisch sehr fein strukturiert. Möglicherweise
absolute Daten können lediglich längere Zeit-
handelt es sich um den Rest einer bei meh-
räume angegeben werden, die wie oben dar-
reren oder länger anhaltenden Seetiefpha-
gelegt über die Begrenzungsdaten der datier-
sen abgebauten Sedimentschicht. In diese
ten Nachbarphasen fixiert werden. Zusammen
fast 2000 Jahre dauernde, nicht näher da-
mit dem Seespiegel-Schwankungsbereich er-
tierbare Sequenz fällt der gesamte Zeitraum
gibt dies Wasserstandsbereiche (blaue Flä-
von der Frühbronzezeit bis ins Frühmittelal-
chen), die sich oft auch überschneiden aber
ter. Leider sind deshalb keine genaueren
letztlich ein gut lesbares Gesamtbild abge-
Angaben zu den Seespiegelständen etwa
ben. Diese Ergebnisse zu den 17 stratigrafi-
für die römische Zeit möglich, was etwa ge-
schen Phasen und Teilphasen lassen sich am
rade auch für die vielen Fragen, die sich im
besten in fünf mehr oder weniger gut ein-
Zusammenhang mit dem unten noch näher
grenzbaren Zeitabschnitten besprechen:
zu besprechenden Kanalbauwerk von Aven-
Abschnitt 1: Er umfasst die lediglich mit ei-
ches VD (vgl. Abb. 11 Nr. 14)39 stellen, hilf-
nem terminus ante quem der nachfolgenden
reich gewesen wäre. Der abgeleitete mittle-
Phase absolut in die Zeit vor 1690 v. Chr.
re Seespiegel liegt bei 432,4 m ü. M.
datierbare Phase II. Der mittlere Seespiegel
Abschnitt 4: Mit sechs absolut datierten
liegt bei 433 m ü. M. Die Datierung ins aus-
Schichten, nämlich den Phasen IV (71), VI,
38 Ebd. 15 Abb. 2-4.
gehende Mesolithikum ist hypothetisch und
VIIa (55B), VIIb (55C) IX und X, ist das
39 Bonnet 1982.
FHA 22/2020 Auswertungen
82
40 1 Meyriez/Village u. VieuxManoir (Crivelli et al. 2012, Abb. 9),
2 Muntelier/Dorf, Strandweg
(Mauvilly/Boisaubert 2004),
3 Muntelier/Schloss (Crivelli
et al. 2012 Abb. 9), 4 Haut-Vully/
Fischilling (ebd.), 5 u. 10 Murten/
Segelboothafen (ebd.), 6 Muntelier/
Schloss (edb.), 7 Murten/Pantschau
(ebd.), 8 Muntelier/Dorfmatte I
(Wolf/Mauvilly 2004, 122),
9 Muntelier/Dorfmatte II (ebd. 124),
11 Muntelier/Steinberg (Crivelli
et al. 2012 Abb. 9), 12 Muntelier/
Dorfmatte II, Prügelweg (Wolf/
Mauvilly 2004, 125; Mauvilly/Dafflon
2004), 13 Muntelier/Römerstrasse
(Bugnon/Mauvilly 2005), 14 Avenches,
Kanal bzw. Treidelweg (Bonnet 1982).
41 Gemäss Messwertanalyse der
Daten vor den Juragewässerkorrektionen ergab sich für die Monatsmittelwerte ein maximaler Schwankungswert von 2 m. – Gebaut wird
bei Seetiefstand und zu Zeiten, zu
denen auch das Bauholz geschlagen
werden kann. Gefrorene Böden und
zu viel Schnee sind jedoch
hinderlich, weshalb vor allem der
Herbst und der frühe Frühling vor
dem Anstieg des Seespiegels in
Betracht kommen.
42 Die provisorisch wirkende
Ausführung des Kanals spricht,
dafür, dass der Kanal nur wenig
genutzt und evtl. privat gebaut
wurde: Bonnet 1982, 11-15, 21,
24-26.
Mittelalter (530-1400 cal AD) am besten
ist davon auszugehen, dass die begehbare
vertreten. Die abgeleiteten mittleren See-
Plattform der betreffenden Bauwerke, bei
spiegel schwanken zwischen 431,4 und
einem Maximalhochstand des Sees41 nur
432,9 m ü. M. Die absolut datierten Werte
kurzzeitig unter Wasser steht und beim
fügen sich insgesamt gut ins Bild der Da-
mittleren Seehochstand zirka 60 cm darü-
tenkurve des Neuenburgersees ein. Nur die
ber liegt. Das Zentrum der Punkte in Abb. 11
Phasen VIIb (45, 55C) und VIII weichen stark
markiert also das mittlere Höhenniveau
davon ab. Allerdings sind die Phasen VIIb
des jeweiligen Siedlungsbefundes stellver-
(45) und VIII nicht absolut datiert. Es zeigt
tretend für den mittleren Seespiegel und
sich zum Ende des Frühmittelalters, zwi-
den Mittelwert aus den betreffenden Nut-
schen 900 und 1030 cal AD, eine deutliche
zungszeiten. Die Datierungsspannen der
Diskrepanz zwischen der Ganglinie des
Nachweise aus dem Kontext von Verkehrs-
Neuenburgersees und dem abgeleiteten
wegen sind als schwarze Linien eingetra-
Seespiegel der Phase VIIb (55C). Diese Ab-
genen. Die Linie für den Kanal von Aven-
weichung scheint bis ins 12. Jahrhundert
ches (Nr. 14) repräsentiert den auf 431,4 m
hinein zu bestehen. Sofern die Kurve des
ü. M. abschliessenden Gehhorizont des
Neuenburger Sees stimmt, könnte dies auf
Treidelwegs und den möglichen Nutzungs-
eine Abflusshemmung des Murtensees hin-
zeitraum ab 123 n. Chr. bis zum Ende des
weisen.
2. Jh. n. Chr.42, während dessen der See-
Abschnitt 5: Der Abschnitt umfasst die
spiegel tiefer gelegen haben muss. Die
Phasen XI bis XIII, also die frühe Neuzeit bis
Sohle des Kanals liegt bei durchschnittlich
heute. Die abgeleiteten Seespiegel liegen
430,8 m ü. M., was eine Tiefe von nur 60 cm
zwischen 433,5 und dem heutigen Wert von
für den Kanal ergibt. Damit der Kanal (zu-
429,3 m ü. M. und passen gut zur Ganglinie
mindest saisonal) Wasser führte bezie-
des Neuenburgersees, wobei die letzten
hungsweise als solcher nutzbar war, muss
Phasen XIIb und XIII über historisch bezeug-
der Seespiegel über 431 m ü. M. und aus-
te Messungen berechnet wurden und folg-
serdem unter dem Gehniveau des Treidel-
lich exakt feststehen.
weges gelegen haben. Die Nutzung des
Kanals dürfte folglich auf die recht eng be-
Neben den Seespiegeldaten des Neuen-
grenzte Zeitspanne um den mittleren See-
burgersees liefern archäologischen Unter-
spiegelstand von 431,1 m ü. M. beschränkt
suchungen aus der näheren Umgebung
geblieben sein. Dabei gilt es zu beachten,
Murtens zusätzliche Informationen zur lo-
dass sich diese Höhenangaben auf die do-
kalen Seespiegelentwicklung. Dies sind
kumentierten Niveaus zur Zeit der Ausgra-
zum Einen Kulturschichten von Seeufer-
bungen beziehen. Nicht klar zu beziffern
randsiedlungen (Abb. 11 Nrn. 1-11) und zum
sind Setzungsbewegungen, die in unbe-
Anderen drei Befunde aus dem Kontext
kanntem Ausmass beim Austrocknen von
von Verkehrswegen, nämlich der römische
Torfschichten im Untergrund wirken. Solche
Kanal, der Avenches an den Murtensee
Untergrundsetzungen können nach Aus-
anschloss (Nr. 14) sowie bei Muntelier ein
weis der Verhältnisse zwischen den Jura-
römischer Strassenabschnitt (Nr. 13) bezie-
gewässerkorrektionen bis über einen Me-
hungsweise ein endneolithischer Prügel-
ter betragen. Zählt man als Korrekturfaktor
weg (Nr. 12)40. In der Grafik Abb. 11 sind
einen Durchschnittwert von 0,5 m für sol-
die Daten der Seeuferrandsiedlungen als
che Setzungsbewegungen im Kanalbereich
Kreissymbole eingetragen. In den Fällen, in
hinzu, ergeben sich die folgenden, in der
denen keine Kulturschicht erhalten war, gilt
Grafik umgesetzten Werte: Benutzungsni-
als Referenzwert die mittlere Höhe der Ein-
veau (Treidelweg) 431,9 m ü. M. und mittle-
stichhorizonte der Pfahlstellung. Die zuge-
rer Seespiegel 431,6 m ü. M. Für das römi-
hörige, nicht erhaltene Kulturschicht dürfte
sche Strassenstück von Muntelier (Nr. 13)
ursprünglich wenig oberhalb dieser Stelle
liegt eine über stratigrafische Interpolation
gelegen haben. Dieses Vorgehen ist statt-
ermittelte Datierungsspanne von 25 bis
haft, da bei zu starker Erosion die Pfähle
250 n. Chr. vor und der Prügelweg ist dend-
gelöst und weggeschwemmt worden wä-
rochronologisch datiert in die Jahre 2721
ren, folglich gar nicht erhalten geblieben
und nach 2700 v. Chr. Beim römischen Be-
wären. Ausserdem gilt die Annahme, dass
fund liegt das durchschnittliche Benüt-
sich der mittlere Seespiegel in etwa auf der
zungsniveau bei 432,8 und für den Prügel-
Höhe der Kulturschicht befand. Schliesslich
weg bei 431,2 m ü. M.
Murten/Ryf
83
2000
434 m
1000
AD
433 m
0
BC
- 1000
- 2000
- 3000
- 4000
- 5000
- 6000
- 7000
13
432 m
14
12
431 m
9
430 m
8
2
429 m
7
11
4
5
10
428 m
6
1
3
427 m
VIII
VIIb (45)
XI
XIIb
XIII XIIa
X IX
IV (69,70) / V
IV (72)
VIIa (55B)
VIIb (55C)
VI
II
III
IV (71)
Abb. 11 Grafik zur Seespiegelsituationen am Murtensee/Ryf 43. Im Zeitstrahlfeld unten die relative Abfolge der Sedimentphasen, im Diagrammfeld die
zeitliche Entwicklung der Seespiegelstände. Braune Linie: Seespiegelreferenzkurve auf Grundlage der Werte des Neuenburgersees (nach Thew 2016); blaue
Fläche: Seespiegelbereich des Murtensees; rote Balken: absolute Datierung als Grundlage; grüne Balken: relative Datierung als Grundlage; 1 Meyriez/Village
bzw. Vieux-Manoir; 2 Muntelier/Dorf, Strandweg; 3 Muntelier/Schloss; 4 Haut-Vully/Fischilling; 5 Murten/Segelboothafen; 6 Muntelier/Schloss; 7 Murten/
Pantschau; 8 Muntelier Dorfmatte I; 9 Muntelier/Dorfmatte II; 10 Murten/Segelboothafen; 11 Murten/Steinberg; 12 Muntelier/Dorfmatte II, Prügelweg;
13 Muntelier/Römerstrasse; 14 Avenches, Kanal bzw. Treidelweg (Lit. siehe Anm. 40)
Stellt man die für den Murtensee anhand der
Vegetation nicht von Pflanzen aufgenommen
Grabungsdaten im Ryf und der benachbarten
oder aufgehalten und fliessen also ober-
Fundstellen abgeleiteten Seespiegelstände
flächlich ab, kann dies einen Anstieg fluvialer
den Werten des Neuenburgersees gegen-
Aktivitäten und eine erhöhte Wasserzufuhr in
über, so zeigen sich weitgehende Überein-
die Seen zur Folge haben45. Gerade in der
stimmungen in der Seespiegelentwicklung.
fraglichen Zeit zwischen der Jahrtausend-
Anhand der Kontrollwerte des Neuenbur-
wende und dem 13. Jahrhundert ist ein star-
gersees, die gemäss der oben zitierten Lite-
ker Bevölkerungsanstieg zu verzeichnen46. Dies
ratur auf umfangreichen Daten und detail-
dürfte grossen Einfluss auf den Baumbestand
lierten Ableitungen beruhen, ergibt sich, dass
gehabt haben: Möglicherweise führte der
die aus viel lückenhafteren Grundlagen ab-
grosse Bedarf an Bauholz sowie an Brennholz
geleiteten Seespiegelstände im Ryf 43 stim-
für Haushalte und Gewerbe (Kalkbrennereien,
mig sind. Es zeigt sich, dass die betreffenden
Schmieden, Köhlereien, usw.) lokal zu verstärk-
Daten zu den Wasserständen beider Seen im
ter Abholzung im Murtner und Neuenburger
Gleichklang funktionieren. Lediglich im Früh-
Umland47.
mittelalter scheint dies anders gewesen zu
Die Zeitstellung der Vergleichsfundstel-
sein. Die Abweichung verweist auf eine Ab-
len liegen zwar grösstenteils zwischen den
flusshemmung des Murtensees. Als Grund
absolut datierten Phasen der Grabung Ryf 43.
könnten hydrologische Veränderungen im
Es ergeben sich dadurch aber leider kaum zu-
Verlandungsgürtel des Grossen Mooses,
sätzliche Interpretationsmöglichkeiten. Auch
beim Seeausfluss im Osten in Frage kommen.
hier zeigen sich nur moderate Abweichungen
Auch ein Hangrutsch am Nordosthang des
vom Verlauf der Ganglinie des Neuenburger-
Mont Vully wäre als Ursache einer Aufstau-
sees. In 9 von 14 Fällen liegt die Differenz unter
ung denkbar, zumal das betreffende Gebiet
0,5 m. Dass sie bei den Wege- und Kanalbe-
als Rutschgebiet gekennzeichnet ist43. Inwie-
funden relativ gross ausfallen, erstaunt nicht,
fern etwa Biberdämme für die eventuelle Ab-
da deren Nutzungsoberfläche bevorzugt dau-
flusshemmung des Murtensees verantwort-
erhaft über dem Wasserspiegel liegen sollte.
lich gewesen sein könnten, lässt sich nicht
Bemerkenswert erscheint aber für den Kanal
sagen. Wahrscheinlicher als letzteres Szena-
von Avanches, dass die Ganglinie des Neuen-
44 Thew 2016, 27.
rio erscheint es aber, dass eine veränderte
burgersees gegen Ende der Nutzungszeit ei-
Vegetation im Einzugsgebiet der Jurarandse-
nen kleinen Anstieg des mittleren Seespiegels
en für die eventuelle Abflusshemmung des
über das Niveau des Treidelwegs anzeigt. Zu-
45 Auch ein erhöhter Neuenburgerseespiegel bedeutet für den
Murtensee eine Abflusshemmung.
Murtensees verantwortlich war. Bekannt ist
vor liegt das betreffende angenommene See-
43 Geologie im Geoportal
Schweizerische Eidgenossenschaft
online: https://map.geo.admin.ch/
(Abrufdatum 12.05.2020).
nämlich, dass etwa ein Rückgang der Bewal-
niveau 40 cm darunter, was auffallend gut
dung Einfluss auf den Seespiegel hat44:
zu der oben abgeleiteten mittleren Seespie-
46 Historisches Lexikon der
Schweiz online: http://www.
hls-dhs-dss.ch/textes/d/D7946.php
(Abrufdatum 13.03.2020).
Werden Niederschläge aufgrund fehlender
gelhöhe des Murtensees von 431,6 m ü. M. für
47 Gerber et al. 2002, 50.
FHA 22/2020 Auswertungen
84
die Befundzusammenhänge. Die Schichtzusammenhänge sind in drei Profilen dokuN
0
mentiert (zur Positionsbestimmung siehe
Abb. 12), von denen das Nord- (vgl. Abb. 10)
40 m
und kleine Westprofil (vgl. Abb. 9) einen
guten Blick auf die Details ermöglichen. Die
schematische Darstellung des durchgehenden
Westprofils zeigt als Überblick den Schichtaufbau der wichtigsten Phasen und die jeweils
zugehörigen Seespiegel (Abb. 13). Die Darstellung erfolgt chronologisch, von den ältesten
zu den jüngsten Befunden. Am Ende jedes
Abschnitts wird der jeweilige Seespiegelstand
erörtert.
Am Ende des Frühmittelalters
Dem Frühmittelalter ist Phase VI (hellgrün)
zuzuordnen. Zu ihr gehören die Positionen
(61) und (75D-Oberfläche). Auf der leicht gegen den See hin abfallenden Oberfläche
von (75D) fanden sich als früheste Zeugnisse
menschlicher Aktivitäten zwei Mörtelfragmente und ausserdem zwei kleinere Holzstücke. Für letztere erbrachte die Radiokarbonmessung eine Datierung in die Jahre
670-870 cal AD und 770-990 cal AD48. In der
Umgebung der Mörtelstücke fanden sich
zahlreiche Steine (Dm. 4–25 cm) und Spuren
vieler vermoderter Ästchen. Beides sind Indikatoren für einen ufernahen Bereich.
In der unmittelbaren Umgebung erwartet
man in dieser Zeit eher keine Bauwerke aus
Abb. 12 Luftbild auf das Umfeld der Ausgrabungsfläche von Murten/Ryf 43 (gelbe Fläche)
mit Eintragung der Hauptprofile. Hellblau: interpoliertes W-Profil; Orange: W-Profil; Violett: N-Profil
(© Bundesamt für Landestopographie, Swisstopo)
gemörteltem Mauerwerk, von denen die besagten Mörtelstücke herrühren könnten. Römische Besiedlung ist am Murtener Seeufer
selber nicht explizit nachgewiesen, erscheint
die Zeit der Kanalnutzung passt. Hingegen
aber angesichts der Fundortdichte im Um-
bleibt für die Fundstelle Murten/Pantschau FR
land gut vorstellbar. Insofern könnten die
ungelöst zu postulieren, dass sie eine unrealis-
Mörtelstücke von einem Bauwerk römischer
tische Differenz von 1,7 m zwischen der Ober-
Zeitstellung stammen und an das Seeufer am
fläche Kulturschicht und dem angenommenen
heutigen Ryf verlagert worden sein. Aus der
Seespiegel aufweist. Zwar zeigt die Ganglinie
nahen Umgebung liegt mit dem 2013 bei einer
des Neuenburgersees einen Ausschlag in
Luftbildprospektion vor der Grengspitze ent-
Richtung eines tieferen Seespiegels, er ist aber
deckten Einbaum der Nachweis lokaler früh-
von deutlich kleinerer Dimension.
mittelalterlicher Aktivitäten am Seeufer vor. Er
liess sich dendrochronologisch in die Jahre um
Konstruktive Befunde
am Seeufer
48 Ua 52662: 1248 ± 26 BP
und Ua 52665: 1128 ± 25 BP.
963 n. Chr. datieren und führt uns die denkbare Existenz von Anlandestellen vor Augen.
Der Seespiegel lag mit um 413,7 m ü. M.
etwa auf demselben Niveau wie zur römi-
Auch im folgenden Teil, welcher der archäo-
schen Zeit und zwar nach dem Absinken der
logischen Befundsituation gewidmet ist, er-
Seelinie im zeitlichen Umfeld des Kanalbau-
leichtert die farbliche Kennzeichnung der
werks von Avenches. Er entspricht ungefähr
Schichten und Positionen beziehungsweise
demjenigen 2500 Jahre zuvor in der Früh-
der stratigrafischen Phasen den Zugriff auf
bronzezeit und ist der tiefste Seespiegel der
Murten/Ryf
85
Terrain
Rathaus
Rathausgasse
Hangseitige Häuser
437
Ryf
Neubau Ryf 43
Ufermauer,
Phase XI
Ufermauer,
Phase XIIa
Mittlerer Seespiegel
I
Gewachsener Boden, Geologie
III
1880–1690 BC (und älter)
IX
1165–1260 AD
X
Zeitnah vor Phase XI
XI
1480–1640 AD
XIII
Aktuelle Topographie
leicht unter IX
Fischerboothafen
Ufermauer,
Phase XIIb
437
Alex
Armel
427
427
XI
X
IX
XIII
I
0
III
40 m
Abb. 13 Murten/Ryf 43, Schematische Darstellung der interpolierten Schichtabfolge bzw. der Sedimentphasen im interpolierten Westprofil (See bis Rathausgasse)
fünf am Ryf dokumentierten stratigrafischen
Phasen mit konstruktiven Befunden.
Auf dem Niveau von Phase VIIb (Dunkelgrün), sind einige Pfahlnegative dokumentiert
(Abb. 14; vgl. Abb. 10 Pos. (6D) und (64)). Ihre
Nutzungshorizonte mit einer
Pfahlstellung im Mittelalter
sandigen Verfüllungen setzen sich vom umgebenden Substrat farblich und aufgrund der
gröberen Korngrösse meist gut ab (Abb. 15).
Der Stratigrafie zufolge wurden diese Pfähle
Den Zeitabschnitt Mittelalter zeigt die Pha-
nach Phase VIII (Hellblau) und vor Phase XI
se IX (Dunkelblau) an.
(Petrol) eingetieft (vgl. Abb. 10), also im
Zu ihr gehören die Positionen (46), (64) und
Zeitraum den die Phasen IX (Dunkelblau)
(75G). Das erste flächig dokumentierte Gra-
oder X (Violett) repräsentieren. Fast alle Pfäh-
bungsniveau unterscheidet sich aufgrund des
le wurden gezogen. Einzige Ausnahme ist ein
sandigen beziehungsweise kiesigen Substrats
Pfahl, dessen Spitze beim Baggerabtrag auf
klar von den jüngeren Deckschichten. Die Zu-
das Niveau von Phase VI (Hellgrün) gebor-
sammensetzung der einzelnen Teilniveaus ist
gen wurde – sie reichte knapp nicht in diese
unterschiedlich und reicht von fein- über grob-
Phase hinein. Aufgrund der geringen Zahl
sandig bis hin zu kiesig mit Steinen bis maxi-
von lediglich sieben Jahrringen war eine den-
mal 15 cm im Durchmesser. In der obersten
drochronologische Zeitbestimmung nicht mög-
kiesigen Schicht konnten einige mittelalterli-
lich; die Radiokarbondatierung des Pfahls
che feinkeramische Gefässscherben geborgen
und je einer Knochen- und Holzkohlepro-
werden. Sie sind nahezu unverrollt, was be-
be aus stratigrafisch identischem Kontext
deutet, dass sie entweder in grosser Wassertiefe oder in trockener Umgebung eingebettet
wurden. Folglich lagen sie nicht in einer dem
Wellenschlag ausgesetzten Uferzone. Betrachtet man den Kontext der Fundschicht, so
514
516
518
6D
N
227
227
152
spricht der Befund zu den unten beschriebe-
64
60
nen, weiter in Richtung See platzierten Pfahlstellungen dafür, dass hier eher ein wasserfer-
32
ner Bereich zu lokalisieren ist. Andernfalls
hatten die Pfähle weiter landeinwärts stehen
müssen. Zwei homogene feinsandige Bänder
gliedern das Schichtbündel in drei kiesigere
Sedimentstreifen auf. Als Schwemmablage-
60
225
225
rungen weisen Erstere auf temporär erhöhte
Seespiegel hin, infolge derer eine Verschiebung der Uferlinie landeinwärts um zirka 20 m
0
2m
514
516
60
ableitbar ist. Angesichts des Strandplattengefälles von 8% würde dies in der Marge eines
temporären Pegelanstiegs von bis zu 1,5 m
liegen, was gut vorstellbar ist.
518
Abb. 14 Murten/Ryf 43, Orthometrische Aufnahme der Oberfläche von Sedimentphase VIIb mit
Eintragung von Pfostenlöchern
FHA 22/2020 Auswertungen
86
6D
XI
432
0
6D
2m
6D
Abb. 15 Murten/Ryf 43, Orthometrische Aufnahme des Nordprofils nach dem Abtrag auf die Oberfläche von Sedimentphase VI (Hellgrün)
ergaben ein mögliches Datum zwischen
Pfähle in Phase IX (Dunkelblau) als gesi-
1165 und 1265 cal AD49. Die Daten passen
chert gelten. Eine nachvollziehbare Ausrich-
sehr gut zur typochronologischen Bestim-
tung der Pfahlstellungen liess sich nicht ab-
mung der Keramikscherben. Da auch die
lesen (vgl. Abb. 14), es wird sich also kaum
Phase X (Violett) absolut datiert ist, und
um einen Steg oder dergleichen gehandelt
zwar klar jünger, kann die Zugehörigkeit der
haben. Vielleicht dienten die Pfähle zum
N
e
Se
te
lat
dp
an
Str
g
We
49 Holzprobe Ua 52664: 818 ± 25 BP,
12-1260 cal AD; Knochenprobe Ua
52656: 847 ± 25 BP, 1165-1220 cal AD
und Holzkohleprobe Ua 52658:
841 ± 25 BP, 1165-1225 cal AD.
Mögliches Datum für diese Phase
1165-1260 cal AD.
0
20 m
Abb. 16 Parzellenplan im Bereich Murten/Ryf 43 mit Eintragung der Pfosten- und Pfahlstellungen zu Sedimentphase IX
(Dunkelblau) und der für diese Zeit ermittelten Uferlinie. Grau: bestehende Gebäude; schraffiert: Neubau Ryf 43
Murten/Ryf
87
Abb. 17 Murten/Ryf 43, Blick auf das Westprofil mit massiven Steinblöcken einer Mauer in situ
Festmachen von Ruderbooten, Barken oder
dass der Murtenseespiegel vom Frühmittel-
kleineren Segelbooten, nachdem man sie
alter bis zum 13. Jahrhundert im Durchschnitt
einige Meter weit ans Trockene gezogen
um einen Meter gestiegen ist.
hatte, und standen dafür nur jeweils für kürzere Zeit zur Verfügung. Die dokumentierten
Standorte passen eher zu einem temporär
tiefen Seespiegel um 432 m ü. M. oder sogar
tiefer.
Die dokumentierten und datierten Befun-
Ufermauer und Wellenbrecher
von einer frühneuzeitlichen
Anlandestelle
de der mittelalterlichen Phasen liegen im
In die Frühe Neuzeit gehört die Phase XI (Pet-
Zeitfeld der auf die 1170er beziehungsweise
rol) mit den Positionen (58), (75I), (75K) und
1180er Jahre veranschlagten Gründung der
(75 L). Nachgewiesen sind Reste einer massi-
Stadt Murten50. Mit den Befunden am Ryf er-
ven, trockengemauerten Uferverbauung, die
fassen wir also erstmals einen kleinen Teil
nach Auskunft des Baggerführers in östliche
der Ufersituation aus der Gründungszeit der
Richtung bis zirka in die Mitte des Aushubbe-
Stadt (Abb. 16).
reichs hineinreichte. Im von den Aushubrän-
Einige Details zum oben genannten Pfahl
dern vorgegebenen Ost- und Süd- profil war
liefern interessante Informationen über sei-
die Mauer nicht sichtbar. Sie ist gefügt aus
ne Erhaltungsumstände: Von der Länge sind
Moränenmaterial, nämlich grossen Geröllstei-
30 cm erhalten, davon 18 cm zugespitzt; die
nen und –blöcken, sowie Blöcken aus Haute-
Holzart ist Erle. Erle zählt neben der Eiche
rive-Kalk (Abb. 17) mit Kalibern von bis zu 1,5 m
zu den europäischen Hölzern, die sich unter
im Durchmesser. Die Mauerfugen sind verfüllt
Wasser am besten erhalten. Die Oberkante
mit Kies unterschiedlicher Korngrösse, ver-
des Pfahlrests entspricht dem Niveau des
mischt auch mit wenigen Baukeramikfragmen-
tiefsten Wasserstands. Daraus folgt, dass das
ten. Kleinere Fragmente von Ofenkeramik des
Durchnässungsniveau nach zirka 1300 n. Chr.,
15. Jahrhunderts, die zwischen den Steinen der
also die Zeit, die die Radiokarbondatierung
Verbauung gefunden wurden, liefern eine gro-
des Pfahls anzeigt, nicht mehr unter 431,7 m
be Datierung in die Zeit um 1600 n. Chr. Die
ü. M. sank. Allerdings muss dieses Niveau
Mauer setzt auf einem heterogenen, steinigen
nicht zwingend mit dem Seespiegel iden-
bis feinkiesigen Material ab, das keine Schich-
tisch sein. So sorgt die auf Kapillarwirkungen
tung aufweist. Es handelt sich um eine gezielt
zurückzuführende so genannte Bodenwas-
eingebrachte Aufschüttung, die als eine eige-
serspannung seit der künstlichen Absenkung
ne Phase X (Violett) angesprochen wird. Diese
der Seespiegel und den Aufschüttungen des
Aufschüttung erbrachte leider keine Funde;
19. Jahrhunderts für die Durchnässung des
die Radiokarbonbestimmung eines Holzkohle-
Untergrunds. Grundsätzlich zeigen die Daten,
stücks verweist in die Zeit zwischen 1290 und
50 Vgl. Schöpfer 2000,
141-151 u. 212 f.
FHA 22/2020 Auswertungen
88
514
516
518
227
N
XI
VIII
IX
IX
VIII
225
XI
XI
IX
0
2m
Abb. 18 Murten/Ryf 43, Oberfläche nach Abtrag der modernen Deckschichten mit den sich abzeichnenden Pfosten- und Pfahlstellungen am nördlichen
und östlichen Grabungsflächenrand
1390 cal AD51, was erwartungsgemäss deutlich
Lokalisierung beziehungsweise Ausdehnung
älter ist als die Mauer und die Hypothese
des Befunds gesammelt werden. Von den
stützt, dass das Aufschüttungsmaterial aus
Hölzern war kaum etwas erhalten – die noch
einem älteren Kontext stammt.
vorhandenen Resten besitzen dunkle, feine,
Die Überreste der Pfosten und Pfähle aus
faserige, torfartige Struktur –, weshalb keine
der Phase XI (Petrol) zeigen eine lineare An-
Dendrodatierung möglich war. Die aus der
ordnung (Abb. 18). Erfasst wurde die innere,
Radiokarbonmessung erschlossene Datie-
also ufernahe sowie im Ansatz die zugehöri-
rung Datum lautet 1480-1640 cal AD52. Inner-
ge äussere, dem offenen Wasser zugewand-
halb dieser Zeitspanne ordnet sich auch die
te Begrenzung einer WO-orientierten, also
Ofenkeramik aus dem Ufermauerwerk ein.
parallel zum Seeufer verlaufenden Holzkons-
Gesicherte Aussagen zu Aussehen, Aus-
truktion. Sie biegt in der Nordostecke des
dehnung und genauerer Funktion der Bau-
Grabungsausschnitts nahezu rechtwinklig
strukturen sind angesichts des recht klei-
landeinwärts ab. Das recht aufwendige
nen Grabungsausschnitts nicht möglich.
Bauwerk wird als Wellenbrecher zu interpre-
Die Stadtansicht von M. Martini aus dem
tieren sein. Für einen Steg wären weniger
Jahr 1609 zeigt im Uferbereich des Ryf eine
und regelmässiger angeordnete Pfosten und
Holzpalisade die den gesamten Hafen um-
Pfähle zu erwarten gewesen. In unmittelba-
schliesst. Landwärts besteht ein Durch-
rer Umgebung der Hölzer ist verstärkt kiesi-
gang mit abwinkelnder Palisade (Abb. 19).
ges Material dokumentiert (vgl. Abb. 15). In
Einen weiteren Hinweis liefert ein Stich von
der Nähe der Hölzer von Uferbauwerken ist
1794 mit der Ansicht Horgens vom Zürich-
das Material immer grobkörniger als das
see aus (Abb. 20). Gut erkennbar ist eine
Sediment selbst, denn beim Umspülen der
in den See hineingestellte zangenförmige
Pfosten und Pfähle entstehen Wirbel, die die
Holzkonstruktion vor der teilweise gemau-
feineren Sedimentpartikel auswaschen. Die
erten Uferlinie. Den Murtener Befund lässt
Befunde wurden in aktuell zwei Metern Tiefe
sich sehr gut mit einer Uferverbauung aus
51 Holzkohleprobe Ua 52659:
635 ± 25 BP.
erfasst und lagen damit ausserhalb der
vorgelagertem Wellenbrecher und Ufer-
Möglichkeiten von Sondierungen. Es konn-
mauer in Einklang bringen; Abb. 21 zeigt
52 Holzprobe Ua 52663: 334 ± 25 BP.
ten folglich keine Informationen zur weiteren
den hypothetischen Grundriss dazu.
Murten/Ryf
89
Abb. 19 Stadtansicht von Murten mit der den Hafen einschliessenden vorgelagerten Palisadensituation. Stich von M. Martini, 1609 (Privatsammlung
M. Rubli, Murten)
Eine frühe Ufermauer ist durchaus denk-
Zeit um 130054 und das Nachbarhaus Nr. 52
bar, denn um 1600 entstehen in der Stadt
wurde nachweislich 1555 als zweigeschossi-
auf dem Hochufer in der seeseitigen Häu-
ges Gebäude in Stein und mit einem in den
serzeile der Rathausgasse die ersten Stein-
Hang hineingesetzten Keller beziehungs-
bauten
und auch im Ryfquartier gehören
weise kühlen Lagerraum errichtet55. Gut
Steinbauten zum Siedlungsbild. So stammen
möglich, dass der Kelleraushub für ein sol-
Teile des Kernbaus von Haus Nr. 54 aus der
ches Haus in der Ryf das Material für die
53
53 Kündig 2004, 202-209.
Abb. 20 Stadtansicht von Horgen. Heinrich Brupbacher, 1794 (Zentralbibliothek Zürich, Graphische Sammlung
und Fotoarchiv, 07.03.2019, Nr. 882)
54 Ebd. 148.
55 Ebd.
FHA 22/2020 Auswertungen
90
Aufschüttungen im Bereich der Ufermauer
Ryfquartier war dieses sonst nur spärlich
lieferte (der Seespiegelstand in dieser Zeit
vorhanden. Der Plan von Johann David Vis-
war mit einem Mittelwert um 433,5 m ü. M.
saula von 1734 zeigt erste Bestrebungen
sehr hoch).
Gärten anzulegen (Abb. 22). Eine in diesem
sehr genauen Plan dargestellte, in den See
hineinreichende Mauer entspricht nicht un-
Gärten ab dem 18. Jahrhundert
serem Befund: Sie liegt deutlich weiter seewärts als die archäologisch dokumentierte
In die jüngere Stadtgeschichte gehört die
Mauer von Phase IX (vgl. Abb. 21). Die ei-
Phase XIIa (Hellgrau), die sich aus den Posi-
gentlichen Aufschüttungen mit zugehören-
tionen (53), (53A), (54), (54A), (54B) und (75N)
den Stützmauern sind allerdings erst im Plan
zusammensetzt. Wiederkehrende Hochwas-
vom Geometer Jacques Francois Bochud von
ser verhinderten, dass der Platz zwischen
1772 erkennbar (Abb. 23). In einem Kupfer-
der heute hangseitigen Häuserzeile und
stich von 1780 (Abb. 24)56 ist genau jene Um-
dem Ufer dauerhaft nutzbar war. Mit Auf-
fassung zu sehen, welche den damaligen
schüttungen, die seeseitig und bisweilen
südlichen Teil der Parzelle zum Haus Nr. 43
auch umlaufend mit Mauern gesichert und
umgibt und gegen Hochwasser schützt. Die
geschützt wurden, verstand es die Bevölke-
Mauern sind so ausgeführt, dass selbst bei
rung zusätzlich Land zu gewinnen. Im
erheblichen Seespiegelschwankungen die
A
B
C
D
E
Strandplatte
See
Wellenbrecher
Landgewinn hinter Mauer
Mauer
N
B
A
C
E
C
D
E
A
D
A
0
56 Aus B. F. Baron de Zurlauben,
Tableaux topographiques de la Suisse,
1780-1786.
20 m
Abb. 21 Hypothetische Grundrissrekonstruktion zur Uferbebauung im Umfeld von Murten/Ryf 43 anhand der Befunde
von Sedimentphase XI (Petrol). Grau: bestehende Gebäude, schraffiert: Neubau Ryf 43
Murten/Ryf
Abb. 22 Ausschnitt aus dem Murtner Stadtplan von Johann David Vissaula, 1734 (Stadtarchiv Murten)
Abb. 23 Ausschnitt aus dem Zehntenplan von Jacques Francois Bochud, 1772 (Staatsarchiv Freiburg, Stadtarchiv Murten)
91
92
FHA 22/2020 Auswertungen
Abb. 24 Stadtansicht von Murten, Stich von François Nicolas Barthélémy Dequevauvillier, 1780 (Privatsammlung Ch. Kündig, Bern)
Abb. 25 Stadtansicht von Murten, Stich von Julius Zimmermann, 1875 (Privatsammlung Ch. Kündig, Bern)
Murten/Ryf
93
Gärten trocken bleiben. Die bis heute erhal-
tionen (54C) und (75-O). Die erste Juragewäs-
tene Umfassungsmauer aus dieser Zeit ist
serkorrektion startete nach langen Vorarbei-
als Phase XIIa im Luftbild eingezeichnet
ten und zähen Verhandlungen letztlich im Jahr
(Abb. 26). Diese neue Ufersituation fällt übri-
1868 und dauerte bis 189158. Die Auswirkungen
gens zeitlich mit dem Bau der neuen Ryf-
auf den Seespiegel schlugen sich ab dem Jahr
strasse zusammen57 und illustriert, wie sich
1876 zusehends nieder. Das mittlere Seespie-
das Quartier in dieser Zeit weiterentwickelte.
gelmaximum sank innerhalb von knapp vier
Jahren von 433,0459 auf 428,41 m ü. M. und
der mittlere Seespiegel auf 429,45 m ü. M. Al-
Landgewinn mit den
Juragewässerkorrektionen
lerdings nahmen die Schwankungen zu, nämlich von 2 m auf 3,6 m (vgl. Abb. 8). In der Stadtansicht, gestochen von Julius Zimmermann
In die Zeit der ersten Juragewässerkorrektion
1875 (vgl. Abb. 25), meint man schon ein
gehört die Phase XIIb (Hellgrau) mit den Posi-
Zurückweichen des Seespiegels erkennen
N
0
40 m
Fi
h
sc
er
ha
n
fe
vo
n
19
30
e
Uf
XIIb
ra
b
18
76
e
Uf
ru
m
17
50
XIIa
57 Zur Entwicklung des Ryfquartiers
siehe Schöpfer 2000, 213-216.
58 Rubli 2004.
Abb. 26 Luftbild der Uferzone im Bereich Murten/Ryf 43 mit den Gartenbereichen der Phasen XIIa, XIIb und Eintragung
der Uferlinien um 1750 und 1876 (© Bundesamt für Landestopographie, Swisstopo)
59 Berechnet aus den
Jahreswerten der Monatsmittel
in einem Beobachtungszeitraum
von 18 Jahren vor der Korrektion.
FHA 22/2020 Auswertungen
94
Abb. 27 Stadtansicht von Murten mit Blick auf die direkt an die Uferlinie reichende Gartenmauer im Vordergrund. Foto von 1910 (Privatsammlung M. Bart, Murten)
zu können. Reste des kleinen Gebäudes, das
der zweiten Juragewässerkorrektion. Aufgrund
im Stich von 1875 landseitig in der hinteren
der ersten Korrektion veränderte sich der
linken Ecke des Gartens zu sehen ist (vgl.
Grundwasserspiegel. Die Bodenniveaus san-
Pfeil in Abb. 25), sind übrigens noch in der
ken vielerorts und wurden infolge der nun
bestehenden Gartenmauer erhalten. Der mit
grösseren Schwankungsamplitude oft über-
der ersten Juragewässerkorrektion erzielte
schwemmt. Dies Abzustellen war unter ande-
Landgewinn umfasst je nach Gefälle der
rem Auslöser der zweiten Juragewässerkor-
Uferplatte zirka 40 m ab der Uferlinie. Eine
rektion, die man 1962 in Angriff nahm und bis
Fotografie von 1910 zeigt, wie die Garten-
1973 umsetzte. Die Monatsmittelwerte des
einfriedung gegen das neue Ufer hin verlän-
Seespiegels pendeln seit 1983 zwischen
gert wurde (Abb. 27). Im Luftbild (vgl. Abb.
429,1 und 429,5 m ü. M. mit einem Maximum
26) bezeichnet Phase XIIb diese Mauersitu-
bei 430,4 und einem Minimum von 428,8 m
ation. Der im Luftbild erkennbare kleine Fi-
ü. M.60. Für den Murtensee kann der Novem-
scherboothafen wurde um 1930 angelegt
ber 1966 als Beginn der stabilen Verhältnisse
und zwar 70 m ablandig von seinem mut-
nach der zweiten Korrektion angesehen wer-
masslich ersten Vorgänger und 700 Jahre
den. Der Mittelwert beträgt seither 429,26 m
nach diesem.
ü. M. (vgl. Abb. 7). Der direkt nordöstlich des
Grabungsbereichs angelegte Fährschiffhafen
60 Siehe Anm. 21.
Phase XIII (Dunkelgrau) mit Position (75M)
entstand in der heutigen Form am Ende der
repräsentiert den Befund im zeitlichen Umfeld
1960er Jahre.
Murten/Ryf
Fazit
95
wären geologische und hydrografische
Faktoren im Einzugsgebiet beziehungswei-
Die Auswertung beziehungsweise Inter-
se im Abflussbereich abzufragen, also ins-
pretation der Ausgrabungsergebnisse im
besondere Hangrutschungen, Aufschüttun-
Ryf 43 folgte zwei Strängen, nämlich Ers-
gen durch Geschiebe von Flüssen und
tens dem Nachweis historischer und vorhis-
Bächen und den damit verbundenen Ver-
torischer Seespiegelsituationen sowie Zwei-
änderungen von Fliesseigenschaften der
tens der Deutung der Baubefunde. Für
zuführenden beziehungsweise abführen-
letztere ergibt sich das relativ klare Bild ei-
den Gewässer bis hin sogar zu sich verla-
ner seit dem Mittelalter von der Seeufersitu-
gernden Bach- und Flussläufen oder Ver-
ation geprägten stadtnahen Bebauung.
landungen mit der Bildung von Mooren und
Komplexer gestaltete sich die Bearbeitung
Hochmooren. Weiterhin ist an Veränderun-
der Seespiegelthematik, denn hier wirken
gen der klimatischen Verhältnisse zu den-
sehr viele, nicht immer klar zu benennende
ken, vor allem aber auch an lokale Eingriffe
und in ihrem Umfang einschätzbare Para-
durch Tiere (Biberdämme) und Menschen.
meter. Die hier vorgestellten Resultate zum
Zu den anthropogenen Einflüssen gehören
Murtensee liessen sich Dank einer kürzlich
etwa grossflächige Rodungen oder das An-
erschienenen umfangreichen Aufarbeitung
legen und die Pflege von Monokulturen.
zur Frage der Seespiegelschwankungen am
Grundlegend ist auch die Analyse histori-
Neuenburgersee gut einer Plausibilitäts-
scher Messdaten, die auch etwa vor jeweils
kontrolle unterziehen. Es zeigt sich, dass es
eventuell durchgeführter künstlicher Wasser-
lohnend wäre, eine einheitliche Methodik
standsregulierung ermittelt wurden. Anhand
zur Bestimmung von Seespiegelständen an-
von Messreihen, die sich aus über Jahrzehn-
hand von Sedimentsituationen zu entwi-
ten gesammelten Daten zusammensetzen,
ckeln, die für alle Fundstellen gültig wäre.
lässt sich besser verstehen, wie sich ein See
Die Vergleichbarkeit und Überprüfbarkeit
bei kurzzeitigen und jahreszeitbedingten
der Resultate ist Voraussetzung für allge-
Schwankungen verhält. Auf dieser Grundlage
meingültige das heisst über den punktuel-
können Mittel- und Extremwerte besser ein-
len Befund hinausgehende Aussagen. Eine
geordnet werden.
solche Standardisierung könnte sich an folgenden Parametern orientieren:
Bei der Vielfalt einflussnehmender Faktoren,
gilt es ausserdem zu fragen, welche dominant
– Typenbildung von Positionierungen am See
sind, welche sich gegenseitig verstärken und
anhand verschiedener Kriterien, wie Wind-
welche sich unter Umständen neutralisieren.
und Wellenexponiertheit, Entfernungen zu
So ist es beispielsweise gut vorstellbar, dass
Ab- und Zuflüssen, der Neigungsbereiche
ein klimabedingtes allgemeines Ansteigen ei-
der betreffenden Uferzonen
nes Seespiegels mit den daraus resultieren-
– Klassifizierung der Sedimente mit ermittel-
den erhöhten Abflussmengen die verstärkte
baren Bezugsdaten zur Wassertiefe. Zu
Erosion des Flussbetts im Bereich des Seeaus-
berücksichtigen wäre jeweils die Positio-
flusses zur Folge hat. Dieses wiederum kann
nierung im Uferbereich.
mehr Wasser aufnehmen, die Abflussmenge
nimmt überproportional wieder zu und der
Von grosser Bedeutung für die Interpretati-
Seespiegel sinkt unter ein Mittelmass. Bilden
on der Seespiegelstände ist die Bewertung
sich in diesem Vorgang Schwemmkegel kann
der Extremwerte mit Blick auf ihre Abhän-
sich die Abflussmenge wieder plötzlich verrin-
gigkeit von der Topografie. Zu jedem See
gern, eine Abflusshemmung entsteht. Dieses
gibt es nämlich einen maximalen und einen
Beispiel soll die Komplexität des Themas auf-
minimalen möglichen Seespiegel. Selbst bei
zeigen. Dennoch wird es möglich sein, gerade
anhaltenden Extremniederschlägen kann
auch solche Lokalereignisse besser zu erfas-
ein Maximum nicht überschritten werden
sen, sobald sich Dank einer Standardisierung
und bei grosser Trockenheit geht irgend-
der Dokumentation, der Auswertung und der
wann Wasser nur noch durch verdunsten
Weitergabe der Daten, ein schärferes Bild der
verloren, wenn das tiefste Abflussniveau er-
Seespiegelstände und –schwankungen zeich-
reicht ist. Diese Werte sind interessant, weil
nen lässt. Der vorliegende Beitrag soll einen
ein Überschreiten der Extremwerte Verän-
Beitrag dazu leisten und Anregung für eine in-
derungen der Topografie anzeigen. Als
terdisziplinäre Zusammenarbeit in dieser Sa-
mögliche Gründe solcher Veränderungen
che sein.
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Zusammenfassung / Résumé
Bei der Überwachung des Aushubs für einen Wohnhausneubau im Ryf 43 in Murten kamen auffällige Verfärbungen
im Seesediment zutage. Der Uferstreifen war bis dahin archäologisch unbekanntes Terrain. Die anschliessend an die
Bauüberwachung unternommenen archäologischen Untersuchungen erbrachten Einblicke in die lokalen Uferbebauungen seit dem Mittelalter sowie die Gelegenheit einer Einarbeitung in die Seespiegelthematik. Dabei liessen sich
mehrere Seespiegelniveaus ermitteln und mit absoluten Daten verknüpfen. Diese betreffen vor allem die nachrömische Zeit. Aber auch zur Situation in vorhergehenden Zeiten waren Aussagen möglich. Ein besonderer Fokus lag auf
der Auswertung historischer Messdaten und Karten aus der Zeit vor den Juragewässerkorrektionen und auf der
Diskussion einer möglichen allgemeingültigen, standardisierten Methode zur Ableitung von Seespiegelständen. Die
konkreten archäologischen Befunde im Ryf betreffen die Ufersituation des Murtensees ab dem Frühmittelalter bis in
die Neuzeit. Erfasst wurden Reste von Bootsanlandestellen, ein Wellenbrecher und Hinweise auf neuzeitliche Bestrebungen zum Landgewinn, welche sich gut mit historischen Abbildungen zur Deckung bringen lassen.
D’étonnantes décolorations du sédiment lacustre sont apparues lors de la surveillance de l’excavation destinée à
la construction d’une nouvelle maison d’habitation au Ryf 43 à Morat. Alors que jamais jusqu’ici la rive du lac
n’avait été repérée par les archéologues, les recherches entreprises dans la foulée ont permis de mieux comprendre l’aménagement du littoral de cette zone depuis le Moyen Âge, et nous ont donné l’occasion d’aborder la
problématique de la fluctuation du niveau du lac. Si plusieurs niveaux ont pu être repérés et corrélés à des datations absolues se rapportant surtout à la période post romaine, la situation qui prévalait avant cette époque a également pu être appréhendée. Un accent particulier a été mis sur la vérification des données historiques relatives
aux mesures et cartes antérieures aux corrections des eaux du Jura, et sur la possibilité d’élaborer une méthode
commune standardisée permettant d’évaluer les niveaux des lacs. Les découvertes réalisées au Ryf portent sur
l’état de la rive du lac de Morat entre le début du Moyen Âge et l’époque moderne. Concrètement, il s’agit de vestiges de ports, d’un brise-lames et d’indices relatifs aux velléités modernes de gagner du terrain sur le lac, qui se
laissent facilement appréhender par les sources iconographiques.
CAF 22/2020 Études
100
Aude-Line Pradervand
Le couvent d’Hauterive
à la lumière des nouvelles
découvertes
Le couvent d’Hauterive s’est
délesté, en hiver 2019, d’une partie
de son blanc manteau intérieur.
Le décrépissage des murs a amené de nouvelles connaissances
qui permettent une réflexion plus
générale sur le plan d’un site
cistercien, ainsi que sur la nature
et les fonctions des espaces situés
dans les ailes est et sud des bâtiments conventuels.
Das Kloster Hauterive hat sich im
Winter 2019 eines Teils seiner inneren Wandverkleidung entledigt.
Die Entfernung des Verputzes führte
zu neuen Erkenntnissen, die allgemeinere Überlegungen sowohl zum
Grundriss eines Zisterzienserklosters als auch zu Art und Funktionen
der Räumlichkeiten im östlichen und
südlichen Flügel der Klostergebäude
erlauben.
Posieux/Hauterive
Historique de la recherche
101
conserver la valeur et la substance intrinsèques du lieu. En 2003, une analyse des
L’étude du site d’Hauterive1 n’en est pas à ses
élévations des galeries du cloître est entre-
prémices, puisque depuis plus d’un siècle,
prise par Ph. Jaton4, tandis que G. Bourgarel
historiens de l’art, restaurateurs et archéolo-
porte son attention sur les excavations
gues se sont penchés sur ce lieu exceptionnel
ponctuelles menées dans l’angle sud-ouest
(fig. 1). Les premiers travaux d’investigation
du couvent (cuisine et cellier). En 2005-2006,
menés dès la fin du XIXe siècle sont soigneu-
M. Mauvilly dirige une fouille circonscrite
sement documentés entre 1896 et 1916,
au jardin intérieur et met au jour plusieurs
période durant laquelle on assiste à de nou-
sépultures5. Ces découvertes, quoique d’em-
velles approches concernant la restauration
prise modeste en regard de la monumenta-
des monuments. Ces dernières, plus rigou-
lité de l’édifice, fournissent des jalons signifi-
reuses et basées sur des observations, sont
catifs pour la compréhension de l’évolution
notamment encouragées par la Société
des bâtiments. À la suite de ces opérations,
suisse pour la conservation des monuments
le sol de l’aile orientale est remplacé, et le
fondée en 1881. L’abbaye devient désormais
sous-sol de quelques locaux de l’aile ouest
objet d’étude historique et conduit les inter-
est étudié. Des prélèvements dendrochrono-
venants à se prononcer sur sa mise en valeur
logiques sont également réalisés dans l’an-
pour la postérité. Cet intérêt pour la sauve-
cienne chapelle du cloître. Les décors peints
garde patrimoniale contribue alors à confé-
ornant les bâtiments conventuels et les gale-
rer au monastère son statut de monument
ries du cloître sont analysés et restaurés6.
historique . Ce site cistercien d’importance
2
semble néanmoins tomber dans l’« oubli
La patiente reconstitution de ce puzzle s’est
scientifique » jusqu’à ce que l’historienne de
poursuivie durant l’hiver 2019 par l’examen
l’art C. Waeber-Antiglio, en 1976, rassemble
des murs des locaux des ailes est et sud7.
les documents historiques et publie une syn-
Bien que le champ d’investigation se soit
thèse sur le monastère3.
limité aux décrépissages partiels nécessités
par le chantier, de nouvelles données ont pu
Dans les années 2000, des locaux doivent
être mises en évidence sur les anciennes dis-
être modernisés à la fois dans l’abbaye
positions des salles et ont conduit à revoir la
même et dans ses dépendances (fig. 2). De
chronologie des transformations. Même si
stimulantes réflexions sont engagées pour
les indices sont discrets et fragmentés, ils
1 Coordonnées :
2 575 517 / 1 179 249 / 575 m.
2 Pour plus d’informations
à ce sujet : Lauper 1999, 42-50 ;
Gerster 2007, 15-16.
3 Waeber-Antiglio 1976.
4 Jaton 2007, 21-29.
5 Bourgarel 2007, 30-35.
6 Pradervand 2007, 36-51 ; Guyot/
James 2007, 52-66.
Fig. 1 L’église et le couvent de l’abbaye d’Hauterive vus depuis le nord-ouest
7 L’emprise des travaux s’est limitée,
dans l’aile est (voir fig. 2), à la salle
capitulaire (no 3), aux passages
(no 4) et à la salle des moines (no 5),
et dans l’aile sud, au couloir du
cloître (no 9).
CAF 22/2020 Études
102
N
1
2
10
11
3
4
5
9
8
6
7
Canal
0
Ph. Jaton (observations)
G. Bourgarel (excavation)
M. Mauvilly (excavation)
G. Bourgarel, Chr. Kündig
(observations)
A.-L. Pradervand
(observations)
1. ancienne chapelle du cloître
2. sacristie
3. salle capitulaire
4. passages
5. salle des moines
6. galerie
10 m
7. réfectoire
8. cuisine
9. galerie sud du cloître
10. jardin
11. ancien réfectoire des convers
Fig. 2 Plan du couvent et du cloître avec indication des surfaces analysées ou fouillées (en hachuré) et des murs observés (en traitillé) depuis 2000
Posieux/Hauterive
103
Les matériaux
L’église primitive, probablement en bois, a
dû être accompagnée des premières pièces
d’habitation indispensables à la communauté. Ces dernières ont certainement été
élevées en matériaux périssables avant
leur remplacement progressif par de la
pierre de taille10. Les termes de « monasterium novum » utilisés dans une source
écrite, une notice du Liber donationum
Fig. 3 Mur en molasse dans la paroi ouest de l’aile sud
Altaeripae remontant aux environs de 1162,
époque durant laquelle l’abbé Pontius était
à la tête du couvent, attestent cette rénovation. À ces mots s’ajoutent des témoignages, dès le milieu du XIIe siècle, de l’existence d’autres parties de bâtiments du
monastère ainsi que de locaux (auditorium,
hospicium) destinés aux laïcs11. La différence de statuts entre les frères exige, en
effet, une séparation des espaces de vie.
Le cloître matérialise cette barrière liturgique, en limitant l’accès aux ailes est et
sud uniquement aux moines de chœur et
aux membres du clergé.
En 2019, la lecture archéologique des maçonneries du rez-de-chaussée des corps de bâtiments est et sud a montré que la nature des
pierres exploitées variait d’une extrémité à
l’autre du couvent. Ce constat, déjà formulé
en 2003 pour le nord du cloître, trouve un
écho par l’emploi successif du tuf dans
Fig. 4 Paroi est de l’aile sud, en tuf
l’aile est, puis de la molasse dans l’aile sud
révèlent des changements de plans dans
(fig. 3 et 4). Le chantier a ainsi progressé
cette partie du couvent et permettent de for-
d’est en ouest, ce qui est également assuré
muler quelques nouvelles hypothèses quant
pour l’église. Comme le souligne C. Waeber-
à la fonctionnalité des espaces. Cette étude
Antiglio, le tuf est une pierre tendre plus simple
a pour but de synthétiser les connaissances
à travailler et extraite d’une carrière proche, à
archéologiques des ailes est et sud.
Corpataux, ce qui explique son utilisation lors
du début du chantier. Ce matériau est rempla-
Création du monastère
d’Hauterive au XIIe siècle
cé plus tard par de la molasse, extraite directement des falaises environnantes12. Le programme architectural de grande envergure
comprenant la construction de la deuxième
L’abbaye d’Hauterive est fondée entre 1132
église et la création du complexe conventuel
et 1137 par G. de Glâne et est consacrée le
avec le cloître13 est situé entre 1150 et 116014.
25 février 1138, soit à la fin de la période
romane8. Il est admis qu’une première église a
précédé l’actuelle. L’emplacement du premier
Le plan de l’aile est
édifice, probablement provisoire, n’est pas
8 Tremp 2007.
9 Waeber-Antiglio 1976, 23.
connu. La tradition voudrait que le premier
Le rez-de-chaussée de cette aile est consa-
établissement religieux soit localisé au-
cré à diverses activités des moines : réunions
dessus de celui du monastère actuel, mais
du chapitre, lecture et transcription des
selon C. Waeber-Antiglio, cette croyance « n’a
textes, discussions, écriture, etc. (voir fig. 2).
aucun caractère scientifique définitif à pre-
Le rythme soutenu de la journée, avec huit
13 Voir infra, fig. 7.
mière vue, seulement légendaire » .
prières et le travail manuel, implique une
14 Jaton 2007, 21.
9
10 Tremp 2015, 120.
11 Tremp 2015, 121.
12 Waeber-Antiglio 1976, 38.
CAF 22/2020 Études
104
jusque-là, possède un arc en plein cintre,
tandis que les deux autres, de part et d’autre
(A et C), sont dotées d’un arc en plein cintre
complété d’un arc segmentaire (visible
depuis le cloître) peut-être destiné à l’aménagement d’un tympan aujourd’hui non
conservé. Les traces d’utilisation de la laie
brettelée et la nature du mortier confirment
la contemporanéité de ces structures qui
permettaient d’accéder, depuis le cloître, à
trois espaces distincts (fig. 7).
La salle capitulaire était donc moins étendue qu’aujourd’hui au sud, laissant la place
à deux passages étroits qui ont pu être restitués grâce aux trois portes présentées cidessus (voir fig. 7, nos 4.1 et 4.2). La découverte de ces accès permet désormais de
reconnaître au moins trois espaces distincts
Fig. 5 Baie géminée romane de la salle capitulaire
au sud de la salle no 3 (voir fig. 7, nos 4.1, 4.2
et 5) et non plus deux, comme cela avait
15 Des segments de fenêtres
similaires ont été découverts en
réemploi au cours des interventions.
L’un d’eux a été employé dans le mur
sud du couvent actuel, tandis que
d’autres voussoirs ont été réutilisés
à la période gothique, notamment
pour le caveau de la famille de
Villars (Waeber-Antiglio 1976, 77).
circulation constante entre les locaux et, par
toujours été supposé16. La fonction de ces
conséquent, une nécessité de fluidité dans
deux pièces exiguës ne peut être assurée,
la configuration du plan, afin que le pas-
mais la comparaison avec le plan d’autres
sage entre la demeure de Dieu et celle des
abbayes cisterciennes, dans lesquelles on
moines soit facilité. La chapelle du cloître et
retrouve ces mêmes divisions, permet de
la sacristie situées au nord de l’aile est sont
formuler une hypothèse sur leur fonction17 :
suivies de la salle capitulaire, au centre.
un vestibule d’accès à un escalier condui-
Cette dernière conserve encore une baie
sant au dortoir des moines situé à l’étage,
géminée à claveaux à double rouleau15,
suivi d’un passage menant au jardin ou à un
témoin des richesses architecturales de la
parloir, ou vice-versa. À Hauterive, l’absence
période romane (fig. 5).
de négatifs ou de traces d’arrachage sur les
Lors des travaux au sud de la salle capitu-
murs de refend entre ces deux espaces
laire, trois portes successives avec piédroits
implique peut-être la présence de simples
et arc en molasse sont apparues sous le
cloisons en matériaux légers plutôt que de
crépi (fig. 6). Celle du centre (B), inconnue
réelles maçonneries. Les murs de façade
C
16 Bourgarel 2007, fig. 50.
17 Ce plan correspond davantage
au plan-type d’autres couvents
cisterciens connus en France ou
en Italie tels que Fontenay (F),
Fossanova (I) ou Noirlac (F).
Fig. 6 Succession des trois portes romanes dans l’aile est
B
A
Posieux/Hauterive
105
N
1
2
3
A
4.1
B
4.2
C
6
D
8
5
7
Canal
0
mur dʼépoque romane
mur dʼépoque romane
supposé
1.
2.
3.
4.1.
4.2.
ancienne chapelle du cloître
sacristie
salle capitulaire
passage
passage
10 m
5.
6.
7.
8.
salle des moines
galerie
réfectoire
cuisine
Fig. 7 Plan du couvent roman (en noir), avec les murs attestés (trait plein) et supposés (traitillé) ainsi que les espaces liés aux ouvertures A, B, C et D (en rouge)
CAF 22/2020 Études
106
nous pouvons confirmer qu’un accès existait
à l’angle nord-ouest de la pièce (voir fig. 7.C).
Probable vestige d’une porte, un montant en
molasse (fig. 8 ; voir fig. 7.D) découvert en
2019 dans la paroi occidentale de la salle
no 5 confirme ce doublement des entrées
depuis le cloître. Une paroi en tuf, témoin de
la période romane, est encore conservée
entre ces deux portes. La salle des moines
devait alors s’étendre au moins jusqu’audessus d’un canal souterrain axé le long de la
limite sud du couvent (fig. 9 ; voir fig. 7)18, soit
sur une vingtaine de mètres de longueur.
Ouvrage remarquable doté de parements en
Fig. 8 Montant en molasse (souligné en jaune) dans
la paroi occidentale de la salle des moines
blocs de tuf, il déviait l’eau de la Sarine pour
approvisionner le monastère. Son tracé se
prolongeait sous la salle des moines avant
côté jardin ayant été reconstruits, le volume
d’alimenter, en dernière ligne, le moulin. Ainsi,
des salles de l’aile est ne peut être calculé.
détritus provenant de la cuisine et eaux usées
La troisième porte (voir fig. 6.C) desservait
la salle des moines (voir fig. 7, n 5).
o
des latrines étaient évacués dans cet égout
ingénieusement pensé, comme le confirme un
document daté de 131219.
La salle des moines
Le plan de l’aile sud
Selon C. Waeber-Antiglio, ce local allongé
(voir fig. 7, no 5) avait diverses affectations :
Deux salles étaient aménagées dans l’aile
salle et latrines des moines et salle de récréa-
sud. D’un côté la cuisine, à l’ouest, où les
tion. Même s’il semble évident que ces usages
repas étaient préparés selon un régime ali-
mixtes ont induit des subdivisions anciennes
mentaire strict, exigé par la règle de saint
dans cette vaste pièce, les indices archéolo-
Benoît20 ; de l’autre le réfectoire, à l’est, où les
giques manquaient à ce jour. Aujourd’hui,
moines mangeaient en silence en écoutant
18 Le tracé du canal n’a jamais
fait l’objet d’un relevé précis, mais
ses limites ont pu être dessinées,
car le canal est accessible depuis
le rez-de-chaussée.
19 Tremp 2015, 4.
20 L’emprise des travaux n’a pas
permis de faire de découvertes
supplémentaires pour l’aile sud,
contrairement aux campagnes de
2003-2004, lors desquelles les
premiers niveaux d’aménagements
(défrichement du terrain) dans la
cuisine et la pièce occidentale
voisine (le cellier) avaient été mis en
évidence (Bourgarel 2007, 32-33).
Fig. 9 Canal souterrain en tuf construit à la période romane
Posieux/Hauterive
107
un frère faire la lecture biblique. Cette salle
devait être assez grande pour accueillir en
1200, à l’apogée de l’institution, jusqu’à
40 moines21. Malheureusement, la compréhension archéologique de ces espaces est
fortement entravée par les remaniements
postérieurs. La galerie sud du cloître roman a
connu aussi pareil dommage, restreignant
ainsi les possibilités d’évaluer ses dimensions.
G. Bourgarel a suggéré en 2007, suite à
la mise au jour d’un pan de mur considéré
comme l’ancien mur roman de la façade
sud, que l’aile sud avait été construite de
façon désaxée par rapport aux deux autres
ailes, ce qui permettait aussi de supposer
un tracé transversal pour la galerie sud
du cloître. L’emplacement du montant en
molasse précédemment cité (voir fig. 7.D
et 8) semble conforter cette hypothèse22.
La période gothique
Remarques générales
sur la construction
Bien que le style gothique apparaisse à Hauterive dès 125023, dans l’église, il y trouve sa pleine
expression lors d’un grand chantier de reconstruction qui a touché l’ensemble de l’abbaye
Fig. 10 Galerie est du cloître gothique
entre 1320 et 1330. Hormis le chœur de l’église,
le changement de plan du cloître, qui est déca-
entrées. En effet, l’amorce d’une ouverture en
lé vers le nord pour former un rectangle doté de
molasse (voir fig. 11.E) a pu être observée à
galeries – 19 travées conservées – construites
proximité d’une autre, préexistante (voir fig.
en molasse et couvertes de voûtes à croisées
7.D). Ce percement, attesté uniquement par
d’ogives (fig. 10), constitue l’une des transfor-
deux blocs in situ, n’a pu être analysé que de
mations majeures de ces travaux. La nouvelle
façon lacunaire et sa datation ne peut, par-
configuration du cloître entraîne la redéfinition
tant, être assurée. Il s’avère que si ces deux
des espaces attenants (fig. 11).
éléments constituent bel et bien des vestiges
d’encadrements de portes, ils indiqueraient
L’aile est
l’existence durable de subdivisions dans la
salle des moines.
Le changement architectural affecte en pre-
L’aile est : la salle capitulaire
mier lieu la salle des moines, privée désormais
Le mur séparant la salle capitulaire (voir
d’un accès direct au cloître. De plus, les dimen-
fig. 2, no 3) de la galerie est du cloître est
sions choisies pour les croisées d’ogives ne
repris et doté d’une large porte gothique en
coïncident plus avec l’emplacement des trois
arc brisé à congés obliques (fig. 12). Le res-
portes romanes décrites précédemment (voir
saut de fondation lié à la reprise du mur a pu
fig. 6 et 7). Ces ouvertures sont donc condam-
être mis en évidence (fig. 13). Légèrement en
nées. D’ailleurs, il semble curieux qu’aucune
dessus, un horizon argileux très induré, sur
d’elles n’ait été remplacée. Les passages
lequel se trouvaient des fragments de tuile,
menant au jardin et au dortoir sont dès lors
marque sans doute le niveau de circulation
uniquement accessibles depuis les salles voi-
gothique, certainement en terre battue. Ce
sines. Malgré cela, la pièce multifonctionnelle
dernier se situait plus bas qu’à l’époque
au sud de l’aile pourrait avoir conservé deux
romane24. Contrairement à aujourd’hui, on
21 Selon E. Tremp, le nombre de
frères convers à cette période devait
être au moins équivalent à celui des
moines, si ce n’est supérieur
(Tremp 2015, 2-3).
22 Bourgarel 2007, 33.
23 Waeber-Antiglio 1976, 101.
24 Le constat est sans appel dans
la galerie du cloître, où les piédroits
des portes romanes apparaissent en
hauteur (Waeber-Antiglio 1976, 78).
CAF 22/2020 Études
108
N
1
2
3
K
F
G
J
H
I
4
L
6
M
E
8
7
Canal
0
époque romane
époque gothique
époque post-médiévale
ouverture dʼépoque
gothique
10 m
1. ancienne chapelle du cloître
2. sacristie
3. salle capitulaire
4. passages
ouverture du XVIe début XVIIIe
Fig. 11 Plan des bâtiments des périodes gothique et post-médiévale
5. salle des moines
6. galerie
7. réfectoire
8. cuisine
5
Posieux/Hauterive
109
Ressaut de fondation
Niveau d’occupation
Fig. 13 Ressaut de fondation et niveau d’occupation de la période gothique
On ignore les dispositions exactes des salles
situées dans l’aile sud27. Les vestiges gothiques
conservés se résument à un mur qui met uniquement en lumière la circulation prévue entre
la galerie sud du cloître et les bâtiments adjacents. En effet, deux portes monumentales à
arc brisé subsistent à l’extrémité des galeries
est et ouest (voir fig. 11.F et I). Leurs montants
Fig. 12 Porte à arc brisé de la salle capitulaire (no 3)
sont crépis, à l’exception des moulures qui
sont apparentes. Entre ces deux accès, une
porte au moins desservait l’aile sud depuis la
entrait donc dans la salle de plain-pied,
galerie sud (fig. 16 ; voir fig. 11.H). Construite
comme le pensait C. Waeber-Antiglio25.
avec des blocs alternés, elle conserve le
Le décor exécuté dans cette salle à la
départ d’un linteau à l’origine arqué et
période gothique nous est également parvenu
aujourd’hui piqueté. On ignore à quelle salle
sous forme de traces à proximité de la porte. Il
elle était rattachée, peut-être au réfectoire
s’agit d’un badigeon blanc crème sur lequel
des moines aujourd’hui localisé plus au sud.
était peint un faux appareil rouge (fig. 14). Ce
motif, épuré ici, fait écho aux variantes plus
Une seconde ouverture dans ce même cou-
complexes à doubles joints et représentations
loir (voir fig. 11.G) est munie d’une banquette
figuratives ou végétales mises au jour dans
et servait de fenêtre. Les modules des pierres
quelques salles de l’aile occidentale, notam-
employés pour ces deux constructions pré-
ment le cellier. La sobriété du décor de la salle
cédemment décrites et la maçonnerie du
capitulaire étonne : peut-être se complétait-il
mur semblent confirmer une seule phase de
d’autres éléments, aujourd’hui disparus26.
construction pour l’ensemble.
L’aile sud
25 Waeber-Antiglio 1976, 75-77.
La galerie sud du cloître, on l’a vu, a été dépla-
26 Pradervand 2007, 42-44.
cée en direction du nord. Bien qu’elle ait été
détruite par les aménagements baroques, il
subsiste encore les consoles et les arcs formerets du mur de l’aile sud (fig. 15). Lors des
fouilles de 2005-2006, les fondations du mur
nord de cette galerie ont également été
retrouvées. Sans surprise, la largeur de cette
dernière équivalait à celle des autres galeries.
Fig. 14 Traces de décor en faux appareil sur la paroi ouest
de la salle capitulaire (no 3)
27 Cette absence de vestiges avait
déjà été formulée au cours des
fouilles de 2003-2004, lors desquelles
seuls trois niveaux de construction
sur dix recensés concernaient des
périodes antérieures à la fin du
XVIe siècle. La pente naturelle qui
existait en direction du sud avait été
égalisée au XIVe siècle (Bourgarel 2007, 32-33).
CAF 22/2020 Études
110
Fig. 15 Mur de fond du cloître gothique et tracé au sol de la largeur de la galerie vus depuis le jardin intérieur
Du XVIe au début
du XVIIIe siècle
L’aile est
Les vestiges archéologiques du début de la
lons un encadrement de porte de belle fac-
période moderne sont rares et ponctuels dans
ture localisé dans la salle des moines et que
les secteurs analysés. Ils s’avèrent néanmoins
le travail de taille permet d’attribuer au
essentiels pour tenter de saisir l’extension sud
XVIe siècle (voir fig. 11.M). Sommé d’un linteau
du couvent, dont les limites archéologiques
rectiligne chanfreiné, il conserve des traces
demeurent incertaines. Le peu d’indices décou-
de plusieurs décors superposés attestant sa
verts invite à définir un contexte chronologique
longue durée d’utilisation (fig. 18). Sa data-
relativement large pour ces aménagements,
tion pourrait éventuellement être précisée : en
entre le XVI et le début du XVIII siècle. Grâce
effet, son bon état de conservation et l’ab-
à une peinture sur toile attribuable au père
sence de traces de feu en surface indiquent
J. Meuwly, copie de 1772 qui représente fidèle-
un aménagement postérieur à l’incendie qui a
ment l’abbaye en 1667 (fig. 17), il est possible
frappé le bâtiment en 1578. Les enduits appli-
de visualiser la configuration du couvent.
qués suggèrent aussi que cette porte n’était
e
Parmi les vestiges mis au jour en 2019, signa-
e
pas située à l’extérieur, mais qu’elle permettait la circulation intérieure entre deux salles.
La paroi sud de l’angle sud-est du bâtiment
a aussi été analysée. La maçonnerie, quoique
hétérogène avec des blocs médiévaux en
réemploi, ne contient pas d’éléments rubéfiés. La construction de ce mur, assurément
antérieur au corps de garde qui lui est adossé au XVIIIe siècle, devrait dater au plus tard
des XVIe/XVIIe siècles. Une aide supplémentaire à la compréhension de ces vestiges est
donnée par la vue de l’abbaye de 1667 : on
distingue le pan de mur analysé (voir fig. 17,
Fig. 16 Vestiges de la porte d’accès au cloître gothique
depuis l’aile sud
en rouge), à côté duquel figurent d’autres
parties de la façade sud, non rectiligne. La
Posieux/Hauterive
111
Fig. 17 Huile sur toile du père J. Meuwly représentant l’abbaye en 1667, copie de 1772 (en rouge : la salle des moines ; en vert : l’extrémité de l’aile sud)
porte chanfreinée décrite ci-dessus, bien que
non représentée, permettait probablement
d’accéder depuis l’angle sud-est du couvent
à un édifice de plus petit volume (voir fig. 17,
en vert).
Deux autres ouvertures sont percées dans
l’aile est. Bien qu’en partie bouchées aujourd’hui, elles sont référencées sur un plan du
milieu du XVIIIe siècle (fig. 19), qui atteste leur
construction avant 1722, fournissant ainsi un
terminus post quem. L’une d’elles est aménagée à l’emplacement du bouchon de la
porte B (voir fig. 7), rétablissant ainsi une sortie depuis la galerie est du cloître en direction
des couloirs (voir fig. 19.K). L’autre porte, probablement étroite, ne subsiste plus que sous
la forme d’un montant pris dans le reste de la
maçonnerie. Elle permettait de rejoindre la
partie nord de la salle des moines depuis l’aile
sud (voir fig. 19.L). Les fondations en brique
d’un fourneau dans la partie nord de la salle
des moines (fig. 20) semblent confirmer l’emplacement du chauffage, vis-à-vis de l’entrée.
Fig. 18 Percement avec chanfrein et encadrement peint
probablement aménagé à la fin du XVIe siècle
CAF 22/2020 Études
112
Les XVIIIe et XIXe siècles
Les transformations baroques du XVIIIe siècle
N
marquent en profondeur le plan de l’abbaye
d’Hauterive. La reconstruction des bâtiments
conventuels débute dès 1722, d’après le plan
général de l’architecte Fr. Beer. Compte tenu
de l’ampleur du travail et des moyens à disposition pour un tel programme, ce chantier
se prolongera sur plusieurs décennies. Les
espaces sont homogénéisés, les façades alignées de sorte à former des corps de bâtiments harmonieux et soignés, aux angles
agrémentés d’avant-corps.
Les architectes J.-P. Nader et J.-J. Ducret ont
sans doute contribué à la nouvelle concep-
K
J
L
tion de l’aile sud29, et les témoins de ces
transformations d’envergure se succèdent
dans les ailes étudiées.
L’aile est
constructions antérieures à 1722
constructions de 1722
constructions projetées
Fig. 19 Plan du rez-de-chaussée du couvent dessiné par les architectes J.-P. Nader et J.-J. Ducret
au plus tard en 1747, modifié (Archives de l’État de Fribourg) avec report de trois ouvertures de
la période moderne
De la salle capitulaire et jusqu’à l’extrémité
sud (voir fig. 11, nos 3-5), les murs de refend
sont repris, voire reconstruits, tandis que
des subdivisions sont apportées à la salle
des moines, côté jardin. Les piliers engagés
des parois sont réalisés en plâtre, à l’exception de ceux de la salle capitulaire, sculptés
dans des blocs de molasse, comme le pilier
central. De rares traces de badigeons blancs
surlignés de noir confirment qu’un décor,
L’aile sud
dont la restitution n’est pas possible en
l’état, recouvrait les parois de la salle capitulaire et du couloir. Les deux portes per-
Dans l’aile sud, seul un encadrement de la
mettant d’accéder à l’aile sud depuis la
porte qui desservait l’aile ouest (voir fig. 19.J)
salle des moines (voir fig. 11.L et M) sont
est daté de cette période. Il est signalé sur
remplacées. La première, de petites dimen-
le plan d’architecte comme antérieur à 1722.
sions, est simplement couverte de boiseries
Les matériaux employés pour sa construc-
tandis que la seconde, plus au sud, ornée
tion ne sont pas rubéfiés, contrairement à
de moulures et reconstruite dans une forme
ceux du mur qui l’englobe. L’ouverture est
monumentale, dispose de deux battants.
donc postérieure à un incendie, certainement celui de 1578, qui n’a pas épargné
l’aile sud.
L’aile sud
Au-dessus de cette porte se situe le piédroit
Le couloir qui longe le réfectoire et la cuisine
d’une ouverture (fenêtre simple ?), trop peu
de l’aile sud est aménagé à cette période.
dégagée pour permettre une proposition
Plus précisément, on assiste à la construc-
chronologique précise. Contrairement aux
tion du mur sud, alors que les murs latéraux
autres éléments précédemment décrits, cet
et le mur nord sont antérieurs. Deux ouver-
ajout n’apparaît pas sur les plans du début
tures imposantes dont la monumentalité
du XVIIIe siècle28, mais la bonne conserva-
évoque celle de l’aile est, contemporaine,
28 Schöpfer 1999, 32.
tion de ces matériaux indique une création
distribuent d’un côté, le réfectoire, de l’autre,
29 Schöpfer 1999, 41.
après l’incendie de 1578.
la cuisine. Côté cloître, l’apport de lumière
Posieux/Hauterive
113
Fig. 20 Vestiges du fourneau mis au jour dans la salle
des moines (no 5)
Fig. 21 Traces d’un ancien décor dans le couloir de l’aile sud (no 6)
est créé par des fenêtres symétriques, dispo-
cours des siècles, les espaces précisément
sées à intervalles réguliers dans les anciennes
définis au moment de la construction pour
travées gothiques. Comme à l’est, des traces
répondre à la vie monastique ont subi de
de badigeons blancs et d’enduits avec de la
fréquentes et nombreuses modifications, à
couleur noire confirment le crépissage des
la fois dans la distribution du plan et la
murs pour la pose d’un décor (fig. 21).
volumétrie des pièces.
Ces travaux ont apporté confort et modernité
Malgré une analyse restreinte à certaines
à ces bâtiments, au détriment bien souvent de
salles du rez-de-chaussée des ailes est et
la substance médiévale. La communauté cis-
sud, nombre d’aménagements internes et de
tercienne a profité de ces infrastructures
subdivisions des espaces ont pu être mis au
jusqu’en 1848 . À cette date, l’abbaye est
jour. Les principales découvertes concernent
devenue propriété de l’État. Les bâtiments
surtout des accès comblés entre la salle
conventuels accueillent alors une école d’agri-
capitulaire et la salle des moines. Pour deux
culture, avant d’abriter, jusqu’en 1940, l’École
d’entre eux, la comparaison avec d’autres
normale du canton . Ce changement d’affec-
plans d’abbayes cisterciennes a permis de
tation a occasionné des petites modifications,
formuler une hypothèse quant à la fonction
qui n’ont plus tenu compte des exigences
des pièces qu’ils distribuaient : un vestibule
monacales posées par l’Ordre de Cîteaux.
permettant probablement l’accès au dortoir
30
31
et un passage vers le jardin.
Paradoxalement, cette période séculière a
Le changement de plan du cloître à la
suscité une redécouverte du lieu surtout à la
période gothique a ensuite entraîné d’im-
suite d’un important incendie à la fin du
portantes modifications dans la disposition
XIX siècle. J. Zemp et A. Naef
des salles adjacentes.
e
32
ont dirigé
alors une campagne de restauration d’en-
L’aile sud est bien plus marquée par les
vergure du monastère, avec le soutien de la
transformations du XVIIIe siècle que l’aile est,
Confédération. Ces longs travaux ont mar-
et ne livre que de rares indices des périodes
qué le début des recherches actuelles.
antérieures. Cette partie est celle qui change
le plus fortement entre la période romane et
Conclusion
la période moderne, comme le démontrent
les recherches archéologiques et la vue
panoramique de l’abbaye de 1667. L’analyse
L’analyse des ailes est et sud, conjointement
approfondie de la cuisine et du réfectoire,
à celle du cloître, a révélé toute la complexi-
lors des projets futurs, apportera sans doute
té que l’on peut attendre d’un lieu habité
des éléments déterminants à cette étude
31 Waeber-Antiglio 2009, 10.
continuellement depuis le Moyen Âge. Au
intermédiaire déjà riche en découvertes.
32 Gerster 2007, 16.
30 Tremp 2015, 5.
CAF 22/2020 Études
114
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Le cloître de l’abbaye d’Hauterive
für Schweizerische Kirchengeschich-
(Patrimoine fribourgeois, n spécial 17),
te 82, 1988, 115-141.
o
Fribourg 2007.
Tremp 2007
Guyot/James 2007
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O. Guyot – J. James, « La conservation-
AA. VV., Dictionnaire historique de la
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Jaton 2007
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Tremp 2015
gique du cloître », in : Guex et al. 2007,
E. Tremp, Les moines blancs en Nuitho-
21-29.
nie : le rôle économique et religieux de
115
Résumé / Zusammenfassung
L’abbaye d’Hauterive intrigue les chercheurs depuis plus d’un siècle. Ce monastère cistercien, fondé à proximité de
la Sarine, abrite dès le Moyen Âge une communauté de moines qui a su s’adapter au lieu tout en prenant soin de
conserver cet édifice d’importance. Le monastère nécessite toutefois certains travaux d’assainissement réguliers
pour assurer confort et modernité. C’est dans ce contexte que les murs intérieurs des ailes est et sud ont été partiellement décrépis en hiver 2019, apportant de nouvelles connaissances à ce patrimoine religieux déjà très étudié.
Ces données invitent à réfléchir à nouveau au plan et aux fonctions de ces espaces et soulèvent de nombreux
points à examiner en regard des recherches passées.
Au fil des siècles, les accès aux différentes salles ainsi que les dimensions de ces dernières évoluent. L’étude
révèle également des changements de fonctions de ces locaux. À l’est, à la période romane, trois portes successives indiquent que la salle capitulaire est moins étendue au sud et qu’elle est flanquée de deux passages étroits,
tandis qu’une troisième porte dessert la salle des moines. La localisation de certaines baies conforte aussi l’hypothèse que la galerie sud du cloître roman est désaxée par rapport aux trois autres.
Le changement de plan du cloître à la période gothique est à l’origine des principaux réaménagements internes.
Certaines portes de l’aile est sont condamnées tandis qu’une porte monumentale donne accès à la salle capitulaire. La nouvelle galerie sud est, quant à elle, desservie au sud par trois portes et une fenêtre.
Des ouvertures sont entreprises aussi à la période moderne. Les transformations baroques du XVIIIe siècle
marquent en profondeur le plan de l’abbaye d’Hauterive. Dans l’aile est, de la salle capitulaire à la salle des moines,
les murs de refend sont repris ou reconstruits tandis que dans l’aile sud, le couloir est créé. Côté cloître, la lumière
est amenée par des fenêtres disposées dans les anciennes travées gothiques. Les moines bénéficient de ces
infrastructures jusqu’en 1848, date à laquelle ils doivent quitter l’abbaye rachetée par l’État, avant de pouvoir y
revenir en 1939.
Das Kloster Hauterive weckt seit mehr als einem Jahrhundert das Interesse der Forscher. Das in Nähe der Saane
gegründete Zisterzienserkloster beherbergt seit dem Mittelalter eine Gemeinschaft von Mönchen, die es geschafft
haben, sich an die Örtlichkeit anzupassen und gleichzeitig darauf zu achten, dieses bedeutende Bauwerk zu erhalten. Dennoch bedarf das Kloster regelmässiger Sanierungsarbeiten, um den Komfort sicherzustellen und eine
moderne Lebensweise zu ermöglichen. In diesem Zusammenhang wurde im Winter 2019 an den Innenwänden
des Ost- und Südflügels der Verputz entfernt. Dabei konnten neue Erkenntnisse zu diesem bereits eingehend
untersuchten religiösen Kulturerbe gewonnen werden, die weitergehende Überlegungen zu Grundriss und Funktion genannter Gebäudeteile erlauben und zahlreiche Punkte aufzeigen, die es mit Blick auf frühere Forschungsergebnisse zu überprüfen gilt.
Im Laufe der Jahrhunderte änderten sich nicht nur die Zugänge zu den verschiedenen Räumen, sondern auch
die Raumgrössen. Gemäss unseren Untersuchungen erfuhren die Zimmer zudem Funktionswechsel. Im Osten
weisen drei aufeinanderfolgende Türen darauf hin, dass hier der Kapitelsaal in romanischer Zeit kleiner war als im
Süden und durch zwei schmale Durchgänge flankiert wurde, während eine dritte Türe in den Saale der Mönche
führte. Die Lokalisierung mehrerer Fensteröffnungen untermauert zudem die Annahme, dass die südliche Galerie
des romanischen Kreuzgangs gegenüber den anderen drei Galerien axial verschoben war.
Die Änderung des Klostergrundrisses in der gotischen Epoche führte zu wichtigen Umgestaltungen im Innenbereich. Währen im Ostflügel einige Türen aufgegeben wurden, gewährte eine neue monumentale Pforte Zugang
zum Kapitelsaal. Die neue Südgalerie erhielt im südlichen Bereich drei Türen sowie eine Fensteröffnung.
Weitere Öffnungen wurden auch in der Neuzeit eingebaut. Die barockzeitlichen Umbauten des 18. Jahrhunderts haben den Grundriss des Klosters Hauterive tiefgreifend verändert. Im Ostflügel wurden die Zwischenwände im Bereich vom Kapitelsaal bis zum Saal der Mönche beibehalten oder neu errichtet. Im südlichen Flügel
erfolgte dagegen der Bau des Korridors. An der dem Kreuzgang zugewandten Seite dienten in die alten gotischen
Joche eingelassene Fenster als Lichtquellen. Die Mönche profitierten bis ins Jahre 1848 von dieser Infrastruktur,
danach mussten sie das vom Staat gekaufte Kloster verlassen, konnten aber 1939 wieder an ihren angestammten Standort zurückkehren.
CAF 22/2020 Études
116
Gilles Bourgarel
Fribourg, le Stalden 6 :
une maison ordinaire ?
Enserrée dans le rang sud du
Stalden qui surplombe la Sarine,
cette maison à peine remarquée
de l’extérieur offre, à l’intérieur,
un voyage temporel de plus de
750 ans et, depuis ses terrasses,
l’un des plus beaux panoramas
de la ville de Fribourg. Grâce à
une série de travaux, elle nous
a révélé un passé historique qui
mérite d’être mis en lumière.
Eingeklemmt in die südliche, oberhalb der Saane thronende Häuserzeile des Staldens liegt dieses von
aussen unscheinbare Haus. Das Innere wartet aber mit einer Zeitreise
durch mehr als 750 Jahre auf und von
seinen Terrassen eröffnet sich eines
der schönsten Panoramen der Stadt.
Bauarbeiten gewährten nun wertvolle Einblicke in seine Vergangenheit.
Fribourg/Stalden 6
117
Historique des travaux
et description
C’est suite à un premier recensement effectué en novembre 2012 que les travaux de
transformation de ce modeste immeuble se
sont échelonnés sur plus d’une année, entre
décembre 2013 et mars 2015. Un suivi archéologique systématique et une fouille partielle
du rez-de-chaussée ont été menés à cette
occasion1.
À l’intérieur, les murs mitoyens ont été
décrépis sur les deux tiers de leur surface,
permettant une analyse dont les constats
ont été reportés sur les plans de l’architecte.
Seules les façades donnant sur la Sarine ont
été relevées par le Service archéologique de
l’État de Fribourg, à l’échelle 1:202. L’avancement des travaux de démolition a été documenté au gré des éléments mis au jour et a
Fig. 1 Extrait du panorama de M. Martini de 1606 avec vue sud-ouest de la maison (en jaune)
fait l’objet d’une couverture photographique
systématique. Enfin, 41 pièces de bois ont
été carottées et datées par le Laboratoire
N
Romand de Dendrochronologie de Moudon3, pour étayer chronologiquement les
résultats de l’analyse.
4
La maison est sise dans la partie amont
du rang occidental du Stalden (fig. 1 et 2) .
De 4 à 5 m de largeur pour une profondeur
Stal
4
den
6
de 18 m dans l’œuvre, elle compte deux
étages sur rez-de-chaussée et des combles.
Seule sa partie occidentale, côté Sarine,
8
est excavée et permet d’atteindre, grâce à
un escalier, une petite terrasse surplombant la vallée.
La façade sur rue, dotée de trois axes de
Fig. 2 Plan de situation
fenêtres à encadrement de molasse, est crépie à la hauteur des étages, tandis que le
il comprend tout de même une cave parci-
rez-de-chaussée, demeuré en molasse, est
monieusement éclairée par deux petits
percé de portes encadrant une vitrine ; celle
jours ; encore plus bas, une porte s’ouvre
qui se trouve en amont donne accès à l’im-
sur une terrasse percée dans le substrat
meuble, l’autre, en aval, desservait autrefois
molassique. À l’ouest, le mur mitoyen sud
une boutique ou un ouvroir avant d’être
est dégagé sur 4,5 m de longueur, car la
transformée en fenêtre (fig. 3). Deux chaînes
maison voisine en aval est plus courte. Ce
d’angle en molasse complètent la composi-
retrait a permis la création d’ouvertures de
tion architecturale.
ce côté du bâtiment, murées dans un
Côté Sarine, la façade plus étroite n’offre
que deux axes de percements. Au rez-de-
second temps et dont ne subsistent que les
niches visibles depuis l’intérieur.
chaussée, deux ouvertures sont recensées :
une porte au nord et une fenêtre au sud. Au
À l’intérieur, la maison présente la distribu-
premier étage, une seule grande fenêtre
tion typique de la majorité des bâtisses de
marquait le couronnement d’origine, dispa-
la vieille ville, avec les pièces habitables
ru lors de la création d’une terrasse qui
donnant sur les façades – deux côté rue,
coupait une partie de la toiture primitive au
une côté Sarine –, les cuisines, les sanitaires
deuxième étage. Le bâtiment compte un
et la cage d’escalier cantonnés au centre
niveau habitable de moins de ce côté, mais
(pl. 1 et 2)5.
1 Nous tenons à remercier les
maîtres de l’ouvrage, Mme M. Krieg
et M. J.-M. Fries qui nous ont ouvert
leurs portes, ainsi que la direction
des travaux, MM. P. Clozza et
L.-H. Clément pour leur collaboration
et leur compréhension. Nos
remerciements s’adressent également
à l’entreprise de construction
Perler AG à Tavel et à la restauratrice
d’art mandatée pour les décors
peints, Mme A. Bumann, qui nous
a aimablement transmis son rapport.
2 Les relevés ont été réalisés
par W. Trillen et les fouilles par
Ph. Cogné, que nous remercions.
3 Réf. LRD15/R7006.
4 Coordonnées :
2 579 136 / 1 183 754 / 465 m.
5 Le deuxième étage n’est pas
représenté ici car il offre un plan
identique à celui du premier.
CAF 22/2020 Études
118
de plus révélé que cette maison n’avait pas
été simplement dressée sur le terrain depuis le
niveau de la chaussée, mais creusée dans le
substrat molassique qui subsiste jusqu’au
sommet du premier étage en aval, soit au sud
– une observation similaire avait été faite
dans la maison voisine, au Stalden 86. En
amont, le substrat rocheux s’interrompt à mihauteur du rez-de-chaussée sur une ligne
horizontale (voir pl. 2.e).
Les façades et une grande partie des murs
mitoyens maçonnés ne font pas de cette
construction un habitat troglodyte, mais ils
apportent néanmoins de précieux renseignements sur la configuration du site avant
la fondation de la ville en 1157.
Résultats de l’analyse
Aménagement du terrain
Les lignes horizontales rectilignes perçues
dans le substrat suggèrent que le terrain a
été aplani avant l’érection des bâtiments.
Cette intervention n’a pourtant pas suffi,
puisque préalablement à la construction de
l’édifice, le site a dû être encore aménagé
par d’importants travaux de terrassement
qui ont touché le substrat rocheux conservé
dans la maison, 5 m au-dessus du sol du rezde-chaussée en aval (au sud) et 0,8 m en
Fig. 3 Façade sur rue avec son crépi d’origine, état en 2012, avant les travaux
amont (au nord). Le fait que le niveau du
substrat molassique soit plus bas en amont
Une maison sans histoire
qu’en aval reflète peut-être la topographie
initiale, mais peut aussi signifier que les maisons du Stalden 4 et 6 ont été érigées simul-
Lorsque l’on fait des recherches dans les
tanément, impliquant l’arasement du terrain
sources écrites, on ne peut que s’étonner de
rocheux pour des raisons statiques. En effet,
l’absence totale de mentions concernant le
à moins de le conserver sur une épaisseur
bâtiment du Stalden 6, absence qui impli-
assez importante, maintenir ce banc de
querait que la maison n’a pas d’histoire. Or,
molasse entre les deux maisons aurait fragi-
les éléments conservés tels que les murs, les
lisé le mur mitoyen. Suivant cette logique, la
poutres, les décors peints ou encore les boi-
conservation du substrat au Stalden 8 indi-
series infirment le silence des textes.
querait que cette maison a été construite
ultérieurement, car la suppression du banc
6 AAS 97, 2013, 256-257 ;
CAF 16, 2014, 142-143.
L’analyse partielle des maçonneries, limitée
de molasse aurait entraîné, au Stalden 6, la
aux parties dégagées, et les datations den-
destruction du bâtiment, ou la mise sur pied
drochronologiques ont révélé au moins sept
de mesures de renforcement (étayage des
phases de construction et une importante
poutraisons et planchers, reprises en sous-
transformation réalisée en deux étapes au
œuvre). Les investigations menées au Stal-
XVIe siècle, qui n’ont pas été identifiées lors de
den 8 ont malheureusement été trop limitées
l’observation des maçonneries, mais mises en
pour permettre d’infirmer ou de confirmer
évidence par la dendrochronologie. Le déga-
cette hypothèse. En effet, seul le premier
gement des murs de la partie occidentale a
étage côté Sarine a pu être exploré.
Fribourg/Stalden 6
119
Fig. 4 Combles, mur mitoyen nord avec les différents niveaux de la toiture, après restauration ; en bas à droite,
le chevron de 1259
Première phase de construction
La première phase de construction se caractérise par des maçonneries régulièrement
parementées de moellons de molasse taillés
au taillant ou à la laye brettelée et liés par un
mortier graveleux beige, qui ne sont conservées qu’au nord (voir pl. 2.d). La présence
de niches et de placards muraux confirme
l’appartenance du mur à ce programme de
construction et non à celui de la maison voisine en amont (Stalden 4). L’une de ces niches
se situe au premier étage côté Sarine, la
Fig. 5 Combles, mur mitoyen nord, chevron de 1259
seconde au deuxième, au centre. Les moellons ont manifestement été extraits sur place,
car le substrat, une molasse verte à grain
construction de 1259, date donnée par l’ana-
assez grossier, est de même qualité. Ce
lyse dendrochronologique du chevron qui
matériau se prête bien à l’érection de murs
se trouvait encore scellé dans le mur (fig. 5 ;
mitoyens, mais moins à celle de façades, car il
voir fig. 4). Contrairement à ce qui est régu-
est trop sensible à l’eau et au gel.
lièrement observé sur les pignons des murs
Conservées jusqu’au faîte, les maçonneries
mitoyens de cette époque et à moins que la
permettent de restituer une maison dont le
partie supérieure n’ait été arasée lors de la
gabarit était quasiment identique à l’actuel.
reprise du pignon à la phase suivante, le mur
Elles s’étendaient sur une hauteur de façade
ne dépassait de toute évidence pas le niveau
sur rue de 7,5 m (8,1 m aujourd’hui), avec le
de la toiture pour former un pare-feu.
faîte de la toiture à 9,1 m contre 13,5 m actuellement (fig. 4). Côté Sarine, la façade s’éle-
Hormis les niches évoquées plus haut, il
vait un demi-mètre plus haut qu’au XVIe siècle
ne reste rien des aménagements intérieurs.
(voir pl. 2.d, phase 3). La profondeur de la
Au deuxième étage à l’ouest, des empoche-
construction était identique à celle d’au-
ments de poutres indiquent que le plafond
jourd’hui et l’édifice possédait le même
était placé un demi-mètre plus bas. Côté rue,
nombre d’étages, alors que la pente de la
les maçonneries n’ayant pas été dégagées,
toiture était deux fois plus faible (18° contre
le niveau du plafond sous combles ne peut
36°), trahissant l’existence d’une couverture
être précisé, mais il n’était pas nécessaire-
de tavillons tout à fait habituelle pour une
ment aligné sur celui de la partie ouest. Enfin,
CAF 22/2020 Études
120
Fig. 6 Combles, mur mitoyen sud, traces de la borne et fenêtre créée dans le mur pignon du XVe siècle ultérieurement
murée (tache claire à droite)
au rez-de-chaussée, un panneau rectangu-
Elles se distinguent nettement de celles qui
laire en creux signale la présence d’une cloi-
les ont précédées par un mélange de moel-
son et d’une porte, probablement celle qui
lons de molasse et de boulets associé à
fermait la descente d’escalier vers la cave et
quelques fragments de tuile, le tout lié par
la terrasse, escalier qui a dû être créé lors de
un mortier gris. La pente de la toiture a alors
cette phase de construction. La cloison,
été légèrement accentuée, passant de 18° à
située 0,7 m plus à l’ouest que l’actuelle, déli-
27°, ce qui reste faible pour une couverture
mitait probablement aussi la pièce donnant
de tuile. Le faîte a donc été surélevé de près
sur la Sarine, qui était un peu plus courte. Cet
d’un mètre alors que les façades ont conser-
indice suggère que la distribution de l’inté-
vé leur hauteur initiale, engendrant ainsi une
rieur était similaire à l’actuelle, les pièces
toiture plus haute que celle de la maison
habitables donnant sur les façades, les esca-
voisine en aval. Comme témoin de ces trans-
liers et l’âtre étant placés au centre, selon
formations, on distingue une petite fenêtre
une disposition bien attestée pour cette
ménagée dans le pignon sud, à l’ouest du
époque à Fribourg7.
conduit de cheminée (voir pl. 2.d).
Des traces de suie et de rubéfaction sug-
Encore une fois, les dispositions intérieures
gèrent un incendie de la partie côté Sarine,
n’ont pas laissé de trace clairement identi-
qui n’aurait toutefois pas atteint la partie
fiable pour cette phase, et au sud, la pré-
orientale comme en témoigne le chevron de
sence de la paroi taillée dans le substrat
1259 encore en place. S’agit-il de l’incendie
molassique jusqu’au premier étage ne per-
qui a touché le quartier en 1405 et que
met pas de rattacher les divers aménage-
signale Fr. Rudella dans sa Chronique8 ? La
ments lisibles sur sa surface à une phase
question reste ouverte, car la reconstruction
plutôt qu’à une autre. Les traces de suie qui
qui s’en est suivie n’est malheureusement pas
recouvrent toute la partie centrale de ce
datée par la dendrochronologie. En effet,
côté, alors qu’elles sont ténues au nord, per-
aucune pièce de bois liée à cette étape n’est
mettent de confirmer que l’âtre est resté à
conservée.
cet emplacement jusqu’à nos jours, que ce
soit pour le foyer ouvert ou, ultérieurement,
Reconstruction et première
surélévation du pignon
(2e phase)
pour les gazinières ou cuisinières électriques.
La présence de l’âtre plaqué au centre du
mur mitoyen sud est confirmée dans les
combles par les traces de l’ancrage du
conduit de cheminée qui devait être en bois,
Contrairement à la phase précédente, les
sur le modèle des bornes des fermes fribour-
maçonneries de la reconstruction ont été
geoises (voir fig. 6), ces vastes hottes de
7 Bourgarel 2005.
identifiées sur les deux murs mitoyens, mais
cheminée en bois dans lesquelles on plaçait
8 Zender-Jörg 2007, 101 et 114.
pas sur les façades (fig. 6 ; voir pl. 2.d-e).
– et place toujours – les salaisons à fumer.
Fribourg/Stalden 6
121
La datation de cette phase restera vague
faute d’éléments précis. La faible pente de la
toiture laisserait supposer que la couverture
était encore en tavillons. Or, la présence de
quelques fragments de tuile dans les maçonneries semble inciter à concevoir une toiture
en matériaux durs, hypothèse que les nombreux fragments de tuile visibles dans les
maçonneries de la phase suivante viennent
encore renforcer. De plus, diverses ordonnances de l’époque rappellent à la population la nécessité de remplacer au plus vite les
couvertures de tavillons par des toitures de
tuile. La première, datée de juin 1419, stipule
que le gouvernement offre la moitié des
tuiles aux propriétaires réalisant ces travaux,
et la deuxième, celle de 1433, rend l’opération obligatoire9. Ces mentions apportent
donc quelques indices qui permettent de
placer ces travaux au XVe siècle, à partir de
1419, mais en tous cas avant 1529/1534, date
des transformations suivantes.
Transformations côté rue
et surélévation du pignon
(3e phase)
Au cours de cette phase, une nouvelle surélévation du pignon sur une hauteur d’un
mètre augmente la déclivité de la toiture,
la faisant passer de 27° à près de 29° (voir
Fig. 7 Rez-de-chaussée, plafond de la boutique ou de l’ouvroir, 1529/1530
pl. 1.a-c, pl. 2.d-e et fig. 4). Côté rue, la présence de têtes de lattes encore scellées
d’un conduit en bois – ou borne –, dont la
dans le mur mitoyen nord atteste clairement
disposition sera maintenue malgré une
une couverture de tuile. Côté Sarine, cette
reconstruction à la phase 4.
modification du pignon a impliqué l’abais-
Les pièces sur rue ont été entièrement réa-
sement de 0,5 m du couronnement de la
ménagées et dotées de nouvelles poutrai-
façade, ce qui constitue apparemment le
sons qui subsistent au rez-de-chaussée. Au
seul travail ayant affecté cette partie de la
deuxième étage, les poutres ont été à nou-
maison à ce moment. Une petite fenêtre à
veau scellées au XIXe siècle, tandis que dans
encadrement de molasse aménagée dans
les combles, les lattes sont situées à leur
le pignon nord confirme que la maison était
emplacement d’origine dans le pignon nord,
plus haute que sa voisine en amont, le Stal-
tout comme la panne faîtière. La poutraison
den 4. En aval, au sud, la fenêtre de la phase
de la boutique/ouvroir du rez-de-chaussée,
précédente a été maintenue, la toiture de la
sobrement chanfreinée, prouve que le couloir
maison voisine restant plus basse.
d’accès est resté à cet emplacement au
moins depuis ce réaménagement (fig. 7).
À l’intérieur, les transformations ultérieures
Dans le couloir, le sol était constitué du sub-
ont effacé toute trace de cette phase dans
strat molassique, simplement aplani10. La
la partie centrale de la maison, mais l’em-
découverte d’une marche permet de situer
placement du couloir au rez-de-chaussée
l’accès à la pièce sur rue, resté au même
et les traces des cloisons délimitant les
emplacement jusqu’en 2013, et ce malgré la
pièces sur rue apportent la certitude que la
reconstruction de la cloison au XXe siècle.
cage d’escalier était déjà plaquée au mur
Une partie du décor du couloir a échappé au
mitoyen nord. Au premier étage, à l’opposé,
renouvellement du crépi et a été conservée
9 M.-Th. Torche, « Prévention des
incendies et lutte contre le feu »,
in : D. Buchs (dir.), L’incendie de
Bulle en 1805 : ville détruite, ville
reconstruite, Bulle 2005, 55-56 ;
de Zurich 1924, 219.
se situe l’âtre équipé d’une vaste hotte et
grâce à la mise en place d’un faux plafond de
10 Voir infra, 129-131.
CAF 22/2020 Études
122
Fig. 8 Rez-de-chaussée, restes du décor peint du couloir réalisé à partir de 1529/1530
plâtre (fig. 8) ; on distingue en hauteur, dans
les entre-poutres au-dessus du mur nord, un
bandeau gris bordé d’un filet noir, le tout
souligné d’un second filet noir sur fond blanc.
Reconstruction partielle
de la partie côté Sarine
(4e phase)
La poutraison était alors peinte en gris foncé.
Au vu de la similitude de caractères entre la
Dans la pièce voisine, boutique ou ouvroir, les
phase précédente et celle-ci ainsi que d’un
fouilles ont révélé plusieurs aménagements
décrépissage partiel ayant empêché l’ob-
successifs qui correspondent à une subdivi-
servation de tout lien chronologique entre
sion des pièces coïncidant avec la poutraison
les parties orientale et occidentale de la
de cette époque, mais qui ne peuvent lui être
maison (voir pl. 1.a-b et 2.d-f), il n’aurait
rattachés faute d’indice de datation précis.
pas été possible de différencier ces deux
Ces éléments seront donc traités dans un
phases sans les résultats de l’analyse
chapitre distinct11. Au premier étage, le main-
dendrochronologique.
tien des crépis et les transformations du
XIXe siècle n’ont rien révélé de cette période
Les observations liées à ces transformations
ancienne. Il en va de même au deuxième
s’étendent jusqu’à la toiture. Au sud, le mur
étage, où des solives moulurées en remploi
pignon a été fortement repris et abaissé côté
sont couvertes par les enduits du XIXe siècle12,
Sarine, pour correspondre au niveau de toiture
masquant les éventuelles traces d’enduits
établi lors de la phase précédente. À la hau-
plus anciens. Ces solives en remploi, profilées
teur des combles, de nouvelles maçonneries
d’un méplat sur la face inférieure, d’un tore,
ont manifestement remplacé une paroi en
d’un cavet puis d’un tore, et portant des
pans de bois. En plus du réaménagement de
motifs géométriques en intaille (fig. 9) à leurs
l’intérieur des parties ouest et centrale, la
extrémités, proviennent bien de la maison :
façade ouest a été entièrement reconstruite,
leurs congés en forme de pelle correspondent
manifestement au même emplacement que la
exactement aux dimensions de l’édifice.
précédente. En effet, elle est alignée sur la
porte d’accès à la terrasse, percée dans le
Suite au prélèvement de divers échantillons,
substrat molassique au XIIIe siècle. Au cours
ces travaux ont pu être bien datés par la
de ces transformations, un changement des
dendrochronologie. Les solives du rez-de-
niveaux de planchers a probablement été
chaussée ont été taillées dans des épicéas
effectué dans la partie donnant sur la Sarine,
abattus en automne/hiver 1529/1530, et
de sorte à les aligner sur ceux de la partie est
celles du deuxième étage ainsi que certains
donnant sur la rue. Simultanément, plusieurs
éléments de la toiture encore en place pro-
travaux ont été entrepris en façade, aux diffé-
viennent d’épicéas (panne faîtière) et de
rents étages. La cave a été dotée d’une voûte
sapins blancs (lattes à tuile) abattus durant
de brique en remplacement d’une poutraison
l’automne/hiver 1533/1534. L’écart chronolo-
prenant manifestement appui sur un ressaut
gique de quatre ans entre les bois du rez-
taillé dans la molasse. Cette structure en bois
de-chaussée et ceux du deuxième étage et
était située au même niveau que le sol actuel
des combles reflète peut-être la durée des
du rez-de-chaussée. Côté Sarine, des ouver-
transformations, ou un décalage entre le
tures soignées avec encadrements chanfreinés
11 Voir infra, 129-131.
début du chantier tel qu’il était prévu et
taillés au réparoir apportaient de la lumière
12 Voir infra, 127-128.
l’exécution des travaux.
aux pièces peu éclairées au rez et au premier
Fribourg/Stalden 6
123
a)
b)
Fig. 9 Deuxième étage, détails des deux têtes de l’une des poutres en remploi, 1533/1534
étage. Une porte, probablement flanquée
d’une fenêtre dont les transformations ultérieures ont effacé toute trace, a ainsi été percée au rez-de-chaussée, dans la façade dressée en carreaux de molasse verte et bleue
(fig. 10). Cette porte atteste l’existence d’une
galerie bien visible sur les panoramas de
G. Sickinger (1582) et de M. Martini (1606 ; voir
fig. 1). L’étage a aussi été pourvu d’une fenêtre
géminée à peu près centrée.
À l’intérieur, la distribution des pièces est
restée presque inchangée depuis, mais côté
Sarine, les pièces étaient plus longues. Les
cloisons ont été ultérieurement modifiées
ou déplacées pour laisser plus d’espace au
Fig. 10 Façade ouest, rez-de-chaussée, vestiges
de la porte d’accès à la galerie, 1557/1558
centre, offrant ainsi des pièces habitables plus
vastes, mais impliquant des volées d’escalier
plus raides, toujours plaquées au mur nord.
L’âtre, couvert d’une vaste hotte de 2 m de
profondeur pour 3 m de largeur se trouvait
au sud, au premier étage ; ses parois devaient
être en bois (borne), alors que dans la majorité des cas elles étaient en brique ou en
pierre. D’autres dispositifs de chauffage ont
été recensés ailleurs dans le bâtiment. Le
rez-de-chaussée n’était pas équipé d’un tel
foyer, mais il était desservi par un conduit de
cheminée destiné à couvrir les besoins de
la boutique/ouvroir donnant sur la rue. Le
dégagement du sol a en outre révélé les
traces d’un foyer adossé à la cloison nord de
l’espace central et la poutraison était encrassée de suie, mais il n’est pas certain que ce
foyer soit lié à cette phase de construction ;
il pourrait être plus tardif13.
Plusieurs décors intérieurs ont pu être
Fig. 11 Rez-de-chaussée ouest, pièce donnant sur la Sarine, avec sa poutraison de 1557/1558
analysés. Au rez-de-chaussée, la pièce donnant sur la Sarine a été dotée d’une poutraison sobrement chanfreinée (fig. 11), sem-
réalisé lors de ces travaux. Au premier étage,
blable à celle de la partie donnant sur la rue.
l’aménagement de la pièce donnant sur la
Côté rue, le décor peint mis au jour dans le
Sarine a été particulièrement soigné. La
couloir a été maintenu, à moins qu’il n’ait été
poutraison moulurée d’un tore et d’un cavet
13 Voir infra, 129-131.
CAF 22/2020 Études
124
Le premier est constitué de bandeaux gris
bordés de noir soulignés d’un filet de la
même couleur, et il est agrémenté de rinceaux noirs alliant feuilles et fleurs (fig. 13),
qui entouraient également le placard mural
aménagé au centre de la paroi nord. Un soubassement gris devait compléter le décor,
mais son état de conservation n’a pas permis de le rattacher avec certitude à celui-ci.
Ce premier décor a été réalisé sur un fond
blanc appliqué par-dessus un enduit blanc
crème lissé, dont la composition a révélé de
la chaux pure ou du plâtre. Ce type d’enduit
de gypse ou à la chaux caractérise les
aménagements du XVIe siècle15, et plusieurs
découvertes confirment leur emploi comme
enduit de finition en ville de Fribourg. Le
style des peintures elles-mêmes n’a en
revanche que peu d’équivalence au niveau
local, mais quelques exemples peuvent tout
Fig. 12 Premier étage ouest, détail de la poutraison de 1557/1558
de même être mentionnés. À Fribourg, les
rinceaux les plus proches se trouvent au
(fig. 12) était accompagnée d’un riche décor
deuxième étage de la maison du Petit-Saint-
peint renouvelé ou complété à deux reprises,
Jean 11, au troisième étage de celle de la rue
mais conservé uniquement sur le mur nord
d’Or 2516 et au deuxième étage côté jardin
ainsi que par quelques traces sur la façade
de la bâtisse du Court-Chemin 7. Les rin-
ouest. Au centre, la nouvelle poutraison a
ceaux des deux premiers exemples accom-
manifestement repris les dispositions anté-
pagnent des filets bordés de rangs de perles
rieures, ménageant un large chevêtre pour
et sont datés du début du XVIe siècle, tandis
supporter la hotte en bois de l’âtre domes-
que le décor du Court-Chemin, malheureuse-
tique. Les solives ont aussi été ornées des
ment non daté, ne possède pas ces rangs
mêmes moulures que la pièce ouest.
de perles. Le décor du Stalden 6 est bien
sûr plus tardif, puisque la poutraison de
La datation à considérer pour l’entreprise
1557/1558 marque un terminus post quem,
générale de ces aménagements a été révé-
mais il est stylistiquement antérieur au
lée par l’étude dendrochronologique des
XVIIe siècle, connu pour ses rinceaux densi-
solivages du rez-de-chaussée et du premier
fiés prenant la forme de mauresques, comme
étage des pièces ouest et de la partie cen-
à la Forge de Belfaux où ils sont datés de
trale, qui ont été taillés dans des arbres
160717. Les comparaisons montrent que le
abattus en 1557/1558.
premier décor du Stalden a été réalisé peu
Des décors peints inattendus
traison, si ce n’est lors du même chantier.
Au premier étage, le démontage du faux
À l’est, à proximité de la cloison délimitant
plafond a révélé la présence de décors
la cage d’escalier, un personnage masculin
peints sur le mur nord de la pièce donnant
couché, avec un chien à ses pieds et une
sur la Sarine, ainsi que dans l’actuelle salle
épée à ses côtés, donne l’image d’un soldat
de bain et sur une partie de la cage d’esca-
au repos (fig. 14). L’absence de toute trace
lier. S’agissant, entre autres, d’une frise d’ar-
picturale au-dessous de ce personnage
moiries qui couvrait deux des entre-poutres,
semble indiquer qu’un meuble occupait
à proximité de la façade et dans la partie la
l’angle nord-est de la chambre. Cette repré-
mieux éclairée de la pièce, cette découverte
sentation se distingue nettement du reste du
a immédiatement suscité un grand intérêt.
décor par la finesse de ses détails et l’emploi
Suite à cette mise au jour, une campagne
de couleurs (ocre jaune, rouge et brun). Elle a
de sondages picturaux a été rapidement
manifestement été réalisée par une autre
organisée, et des dégagements de la sur-
main que les rinceaux noirs, mais son état de
16 Villiger 1982, Kat. 8-9.
face ont été entrepris, ce qui a permis de
conservation ne permet pas d’établir un lien
17 Villiger 1982, Kat. 20.
mettre en lumière trois décors successifs .
chronologique avec les autres parties du
de temps après la mise en œuvre de la pou-
14 Les sondages ont été réalisés
par Mme A. Bumann et les
dégagements par Mme M. Krieg,
que nous remercions.
15 R. Pasche, Problématiques
de renfort d’adhésion de l’enduit
de finition en gypse du Foyer
St-Germain, Gruyères, Travail
de Master présenté à la SUPSI
(Dipartimento ambiente costruzioni
e design / Conservazione e
restauro), [Manno 2013], 13-15.
14
Fribourg/Stalden 6
125
Fig. 13 Premier étage ouest, mur nord, détail du premier décor peint (bandeaux gris ultérieurement recouverts de rouge
sang-de-bœuf, rinceaux et filets noirs) réalisé à partir de 1557/1558
décor. À moins qu’il ne s’agisse d’un ajout
décors picturaux du couvent et de l’église
postérieur, la scène a été peinte directement
des Augustins réalisés entre 1554 et 156419,
sur l’enduit, qui avait peut-être été nettoyé
attribués à H. Schäuffelin le Jeune.
au préalable. Le costume du personnage, en
particulier les chaussures en patte d’ours et
La deuxième étape décorative s’illustre par
les hauts de jambes à crevés, est typique du
l’ajout d’une frise d’armoiries (fig. 15) dans les
XVI siècle. La facture de la peinture rappelle
entre-poutres de la partie occidentale de la
en outre les décors du deuxième étage sud
pièce, qui compte deux groupes d’écus – l’un
de la rue des Forgerons 28 à Fribourg, datés
de cinq et l’autre de six – le plus souvent par-
de la seconde moitié du XVIe siècle18, aux-
tiellement conservés et dont les armes n’ont
quels elle s’apparente par la manière de
pas pu être identifiées. Les symboles héral-
traiter les détails. D’autres correspondances
diques visibles de gauche à droite sont, pour
semblent se dessiner, notamment avec les
le premier groupe, un chaudron, un croissant
e
18 G. Bourgarel – Chr. Kündig,
« Fribourg/Forgerons 28, une maison
qui justifie bien le nom de la rue »,
CAF 13, 2011, 172-189, en particulier
185-186.
Fig. 14 Premier étage ouest, mur nord, personnage couché peint à partir de 1557/1558
19 A. Lauper, « Les bâtiments
conventuels de 1250 à 1848 »,
in : SBC (éd.), L’ancien couvent des
Augustins de Fribourg. Restauration
du prieuré (Patrimoine Fribourgeois,
no spécial 3), Fribourg 1994, 15.
CAF 22/2020 Études
126
Fig. 15 Premier étage ouest, mur nord, frise d’armoiries peinte après 1557/1558, d’ouest en est
de lune, deux écus illisibles et un lion hissant
à gauche, pour le deuxième, un chien, un
personnage à côté d’un motif à flèche verticale (?), une croix sur une demi-roue, un écu
Transformations
des XVIIe et XVIIIe siècles
(5e phase)
illisible, un heaume et une cigogne dotée
Les travaux et les aménagements de ces
d’une collerette tenant un râteau dans sa
deux siècles n’ont laissé que très peu de
patte droite. Seul le blason du premier écu
traces dans la maison, et aucune solive ni
pourrait évoquer les armes d’une famille
bois de charpente autorisant une datation
de chaudronniers, mais il ne s’agit en tous
dendrochronologique.
cas pas de celles des Kessler de Fribourg .
20
Contrairement au personnage couché, ces
À l’extérieur, côté Sarine, les bases de la
écus recouvrent le premier décor. Ils n’ap-
façade ouest et du mur mitoyen sud ont
portent aucune précision chronologique,
été reprises en raison de la fissuration du
faute d’avoir pu être identifiés.
substrat molassique (voir pl. 2.f). Dans la
façade, au rez-de-chaussée, la porte d’ac-
Le troisième décor recouvre presque toute la
cès à la galerie préexistante a été dépla-
paroi de la pièce, mais il est conservé de
cée et accolée au mur mitoyen nord. Ces
façon très lacunaire (fig. 16). Les bandeaux
reprises ont manifestement été réalisées
gris du premier décor ont cédé leur place à
au XVIIIe siècle.
des bandeaux rouge sang-de-bœuf, et la
surface du mur est ornée de fins rinceaux de
À l’intérieur, les travaux n’ont eu qu’un
feuilles et de fruits polychromes. Les divers
impact léger sur le bâtiment : ils se sont
motifs ont été appliqués au-dessus d’un sou-
limités au renouvellement des peintures, à
bassement rose. Les rinceaux sont identiques
la pose de faux plafonds et au déplace-
à ceux qui accompagnent le décor historié de
ment ou à l’ajout de certaines cloisons. Au
la rue des Forgerons 28, mais on sait, grâce à
premier étage, à l’ouest, la dernière phase
de nombreux exemples découverts en vieille
de décor peint du premier étage côté
ville durant ces vingt dernières années, que
Sarine a dû être exécutée avant la première
ce type de décor est resté en vogue jusqu’au
moitié du XVIIe siècle. Elle a été recouverte
milieu du XVII siècle . Cette troisième étape
au moment de la pose d’un faux plafond,
du programme décoratif du Stalden 6 a donc
probablement au XVIIIe siècle. Au centre de
été réalisée entre la fin du XVI et la première
la maison, les cloisons délimitant la cage
moitié du XVIIe siècle, laissant probablement
d’escalier ont été dressées à cette époque
e
21
e
20 On ne peut toutefois exclure une
autre branche de la famille qui n'est
pas répertoriée dans les armoriaux
historiques (voir H. de Vevey-L’Hardy,
Armorial du canton de Fribourg III,
Genève 19782, 63-64).
21 Villiger 1982, Kat. 56-58.
visibles la frise d’armoiries et le personnage
ou du moins remplacées, avant d’être
couché, qui a été restauré et se trouve aujour-
partiellement détruites au cours des tra-
d’hui dans la cage d’escalier – le reste du
vaux du XXe siècle. Au premier étage, une
décor a en revanche été masqué, mais sa
partie des cloisons de planches verticales
conservation est assurée.
moulurées subsistait sous les doublages de
Fribourg/Stalden 6
127
brique du XXe siècle, entre la cuisine et la
cage d’escalier ainsi qu’à l’ouest, entre la
pièce et la cuisine (fig. 17). La dernière cloison se poursuivait au nord au niveau de la
cage d’escalier, mais la modification de
l’escalier vers 1900 a entraîné sa démolition. Enfin, si la cloison entre la cuisine et la
cage d’escalier n’était pas liée au solivage
de 1557/1558, celle entre la pièce ouest et
la cuisine était bien insérée dans la rainure
prévue à cet effet sur l’une des solives du
XVIe siècle. La facture des deux cloisons
étant identique, on peut présager de leur
contemporanéité.
Les travaux du XIXe siècle
(6e phase)
Fig. 16 Premier étage ouest, mur nord, vestiges du troisième décor à bandeaux rouge sang-de-bœuf
réalisé entre la fin du XVIe et la première moitié du XVIIe siècle (en dessous : traces du premier décor)
Les travaux du XIXe siècle ont conféré à la
maison l’essentiel de son aspect actuel.
La façade sur rue a été reconstruite de fond
en comble avec trois axes de percements
(voir fig. 3 et pl. 1.a-c). À l’extérieur, le rez-dechaussée en molasse apparente forme un
socle sur un soubassement de grès. Dans les
étages, seuls les encadrements de fenêtres
et les chaînes d’angle sont en molasse
apparente. Les finitions et les détails architecturaux varient en fonction des emplacements. Le mur est revêtu d’un crépi à surface
grenue probablement appliqué à la moulinette, teinté en gris dans la masse. Les
encadrements des percements du rez-dechaussée sont profilés de trois quart-deronds alors que ceux, légèrement saillants,
des fenêtres des étages ne sont moulurés
Fig. 17 Premier étage ouest, détail de la cloison est datée du XVIIIe siècle ou antérieure
CAF 22/2020 Études
128
1533/1534. Côté rue, la subdivision des
salles du XVIe siècle en deux pièces de largeurs inégales et le réaménagement complet des pièces réalisés lors de cette phase
sont parvenus quasiment intacts jusqu’à
nous. Seuls manquent les parquets et les
poêles qui se trouvaient à chaque étage, à
cheval sur la cloison séparant les deux
pièces. Au premier étage côté Sarine ne
subsistaient, entre la cuisine et la chambre,
que la porte (battant et encadrement) et la
fenêtre qui la flanquait. La création d’une
deuxième cuisine au deuxième étage, et
probablement d’une troisième au rez-dechaussée, remonte probablement à cette
période, la maison étant dès lors subdivisée
en plusieurs logements.
Fig. 18 Deuxième étage est, chambre nord après restauration de 2013
Les aménagements intérieurs liés à cette
phase, à savoir les lambris de bas de paroi
que d’une feuillure. Tous reposent sur une
et des chambranles de fenêtres, les portes
tablette saillante profilée d’un bandeau,
et leur huisserie ainsi que les plafonds de
d’un cavet et d’un bandeau ; les bandeaux,
plâtre à corniche moulurée et rosace cen-
taillés avec de larges coups de réparoir, for-
trale, ont été restaurés en 2013 (fig. 18).
ment des cannelures. Le tout est couronné
d’une corniche profilée d’un cavet et d’un
Ces travaux sont datés, côté rue, par des
quart-de-rond.
solives et des pièces de charpente prove-
Côté Sarine, les importantes reprises des
nant d’épicéas qui ont été abattus durant
maçonneries de la partie occidentale de la
l’automne/hiver 1828/1829. Cette datation
façade sud et de la façade ouest ont pro-
coïncide parfaitement avec les caractéris-
bablement été réalisées simultanément.
tiques architecturales de la façade sur rue,
Deux fenêtres ont alors été créées au sud,
pour laquelle des parallèles ont été retrouvés
au rez-de-chaussée et au premier étage,
à la rue de la Samaritaine 2822 et surtout au
deux autres ont été percées dans le mur
numéro 9, dont la façade sur rue a été en
mitoyen au deuxième étage et dans les
partie reconstruite en 1830-1831 par J. Kae-
combles. À l’ouest, la reprise des maçonne-
ser, maître-maçon à qui l’on doit de nom-
ries a entraîné la réfection de la fenêtre du
breuses constructions en ville de Fribourg
rez-de-chaussée et, peut-être, la création
comme l’école des garçons du Bourg (1817-
d’une porte au premier étage, pour desser-
1818), la maison de la rue des Chanoines 1
vir un édicule-latrines.
(date inconnue), les façades du Werkhof
Des modifications ont également touché
(1822-1824), le Pensionnat des Jésuites (1825-
la partie supérieure et la couverture de la
1826) ou encore les portiques du Grand Pont
maison. La toiture côté rue a été surélevée,
Suspendu (1832)23 pour n’en citer que les plus
alors que le pan donnant sur la Sarine
importantes. Au vu des similitudes avec la
conservait son niveau antérieur. Le déca-
façade principale de la rue de la Samari-
lage du faîte qui en a résulté a permis la
taine 9, il est très probable que celle du Stal-
création d’une paroi percée d’une grande
den 6 a été réalisée par cet entrepreneur.
fenêtre destinée à apporter de la lumière au
centre de la maison. Une autre fenêtre a été
créée au sud, dans le nouveau mur pignon
alors nettement plus haut que celui du Stalden 8 en aval (voir pl. 2.e).
Vers 1900, plusieurs aménagements ponc-
22 CAF 18, 2016, 170-171.
23 G. Bourgarel – A. Lauper,
« Rue de la Samaritaine 9, ancienne
maison de Raemy-Kaeser puis
confiserie Ems », in : SBC (éd.),
Ville de Fribourg : les fiches,
Fribourg 2002, fiche 010/2001.
Les derniers avatars de l’immeuble
(7e phase)
À l’intérieur, la poutraison des pièces sur
tuels ont été réalisés sur l’ensemble des
rue du premier étage a été complètement
étages. Au rez-de-chaussée, la volée d’esca-
renouvelée, le deuxième étage a été partiel-
lier en bois menant au premier étage a pro-
lement rénové et la charpente a été recons-
bablement été renouvelée à cette période.
truite avec d’anciennes pièces de bois de
Une terrasse a été créée au deuxième étage
Fribourg/Stalden 6
129
côté Sarine (fig. 19), et une nouvelle chambre
aménagée de ce côté. L’édicule-latrines accolé à la façade occidentale avait été supprimé
peu avant probablement, mais les fenêtres
percées dans le pignon sud ne seront obstruées que plus tard, lors de la surélévation
de la maison du Stalden 8 en aval. Durant les
années 1960 ou 1970, une nouvelle terrasse
a été construite au niveau des combles (voir
fig. 19). Sa dalle de béton a été prolongée au
centre de l’immeuble en remplacement de la
poutraison, et les escaliers des premier et
deuxième étages ont été remplacés par de la
simili-pierre. La subdivision de l’espace central pour créer des salles de bain et des toilettes s’est faite progressivement durant le
XXe siècle. Enfin, la boutique/ouvroir du rezde-chaussée a été convertie en logement, et
la porte d’accès direct à la rue transformée en
fenêtre (voir fig. 3).
Ces travaux illustrent bien deux phénomènes : la densification de la population
dans la basse ville d’une part, et l’augmentation progressive du confort d’autre part, avec
installation de toilettes, de salles de bain et
d’un chauffage central à mazout. Malheureusement, cette évolution s’est accompagnée d’un manque d’entretien particulière-
Fig. 19 Deuxième étage et combles ouest, terrasses créées durant les travaux du XXe siècle
ment sensible au niveau de la terrasse du
deuxième étage, dont l’étanchéité et les
écoulements s’étaient fortement dégradés,
entraînant d’importants dommages dans les
maçonneries et, surtout, des pertes de substance dans la pièce peinte.
Les fouilles archéologiques
du rez-de-chaussée
L’assainissement des sols du rez-de-chaussée
côté rue et au centre de la maison a permis
la fouille des niveaux antérieurs aux chapes
de ciment du XXe siècle. Comme le substrat
molassique servait de niveau de circulation
durant tout le Moyen Âge et l’époque moderne,
les couches archéologiques étaient très fines
ou inexistantes, hormis dans les structures en
Fig. 20 Rez-de-chaussée, ancien dallage du couloir
et marche de l’accès à la boutique utilisée après 1529
creux.
soit depuis 1529/1534. Afin de pallier le surDans le couloir, le substrat a été progressive-
creusement, des dalles de molasse ont été
ment usé par le passage des habitants, mais il
mises en place sur toute la longueur du couloir,
a subsisté sous la forme d’une petite ban-
y compris sous la volée d’escalier menant à
quette à l’emplacement de la cloison délimi-
l’étage. Par la suite, ce sol a encore été réparé
tant la boutique/ouvroir, cloison qui se situe à
avec des carreaux de terre cuite et des briques,
son emplacement actuel en tous cas depuis
et une marche a été ajoutée devant la porte
les premières transformations du XVI siècle,
d’accès à la boutique/ouvroir (fig. 20). Le
e
CAF 22/2020 Études
130
conservé et d’élément de datation, leur antériorité par rapport aux solives ne peut être
totalement exclue. En l’absence de battitures
ou d’autres indices probants, la seule présence de fragments de fer dans le foyer ne
permet pas de déduire l’existence d’une forge.
La boutique/ouvroir était plus profonde
d’un mètre. Elle a été raccourcie lors de la
reconstruction des cloisons au XXe siècle. Au
vu des traces de mortier conservées sur le
substrat molassique, la cloison disparue
devait être maçonnée. Au nord, une cloison
parallèle aux mitoyens coupait l’espace central en deux parties égales, pour ménager, le
long de la volée d’escalier, un couloir qui donnait accès à la pièce côté Sarine et à l’escalier
menant à la cave. Dans la boutique/ouvroir, le
substrat a été recouvert de fines couches de
terre battue qui contenaient quelques fragments de cuir très mal conservés. Encore une
fois, ces fragments ne constituent pas une
preuve suffisante pour attester la présence
Fig. 21 Rez-de-chaussée, foyer et traces de cloisons au centre de la maison, après 1529 ?
d’un atelier de cordonnier ou de savetier. En
effet, la plupart des maisons anciennes livrent
régulièrement de tels déchets, souvent mélan-
dégagement du substrat a révélé des traces
gés aux gravats déposés sur les entrevous
de cloisons auxquelles était adossé un foyer
comme isolation. De petites fosses et trous de
au centre de la maison (fig. 21), ainsi que des
poteau attestent la présence d’aménage-
petites fosses dans la boutique/ouvroir. Ces
ments dont la fonction n’a pu être définie ;
cloisons coïncidant avec la poutraison de
un petit tesson de céramique à glaçure verte
1529/1534, elles sont donc contemporaines
sur engobe tend à suggérer qu’ils ne sont pas
ou plus tardives, mais faute de lien direct
antérieurs aux XVe-XVIe siècles.
Les niveaux de sol en terre battue ont été
coupés par des rigoles creusées dans le
substrat molassique pour la mise en place
de lambourdes qui supportaient un plancher. Les quelques restes de bois n’étaient
pas assez bien conservés pour permettre
une datation dendrochronologique. Vraisemblablement à la même époque, une
fosse quadrangulaire a été creusée dans le
terrain naturel. D’une profondeur de 0,83 m
pour une longueur de 1,3 m et une largeur
de 1,03 m, elle a été alignée sur l’une des
lambourdes, et ses parois est et sud ont été
renforcées par des murets de brique liée à
un limon argileux ocre brun (fig. 22). Cette
structure, comblée par un sédiment sableux
noirâtre renfermant quelques petits fragments de terre cuite, présentait une surface
charbonneuse mais sans trace de rubéfaction ni autre indice qui pourrait révéler sa
fonction ou sa période d’utilisation. À en
juger par les parois de brique dont le liant
Fig. 22 Rez-de-chaussée, fosse et rigoles pour les lambourdes du plancher de la boutique/
ouvroir, époque moderne
argileux évoque une structure de combustion, le plancher et cette fosse remontent à
Fribourg/Stalden 6
131
l’époque moderne. L’hypothèse d’un cen-
bois de fortes sections. Il apporte aussi un
drier est séduisante, mais faute de résidus
complément précieux à la connaissance du
de cendre et de traces de rubéfaction, elle
mode de couverture des maisons en milieu
ne peut être validée.
urbain avant la généralisation des toits en
tuile, soit à partir de 1419 à Fribourg.
Une maison ordinaire ?
Le décor de frise héraldique n’est attesté
qu’une seule fois ailleurs en vieille ville de Fribourg. Il est situé à la rue de Romont 5, au
Les dimensions et les aménagements de
premier étage, dans une pièce donnant sur la
cette maison sont tout à fait usuels en vieille
rue du Criblet – sa localisation est donc simi-
ville de Fribourg. Avec sa discrète façade du
laire à celle du Stalden 6. Il s’agit ici toutefois
XIXe siècle, le Stalden 6 n’avait rien pour retenir
d’une représentation des armes des avoyers
l’attention, si ce n’est ses terrasses bien expo-
(ou avoués) de Fribourg, réalisée en 1530 et
sées côté Sarine, mais encore fallait-il pouvoir
complétée en 163926, et non d’écus fantai-
y accéder. Cet état de fait a encore été accen-
sistes, voire d’armes que se seraient attri-
tué par les divers réaménagements réalisés
buées des artisans sans aucune reconnais-
au XXe siècle, qui occultaient presque complè-
sance officielle, comme c’est certainement le
tement la substance historique – seules les
cas au Stalden 6. Ces hypothèses explique-
solives du rez-de-chaussée sont restées appa-
raient pourquoi de telles représentations ne
rentes côté Sarine.
se rencontrent nulle part ailleurs, mais aucun
Le suivi des travaux de démolition a rapidement permis de démentir cette première
texte contemporain ne permet de les étayer
ou d’y apporter un autre éclairage.
impression, avec la découverte de la frise
héraldique au premier étage, puis du substrat
Ces deux particularités mises à part, les
molassique entamé profondément, deux élé-
dimensions, la répartition entre espaces de
ments qui sortent largement de l’ordinaire.
circulation et pièces habitables, l’emplacement de l’âtre ainsi que l’évolution de la
Le procédé de construction consistant à
bâtisse entre la fin du Moyen Âge et nos
excaver le substrat molassique n’a été mis
jours sont tout à fait ordinaires pour une
en évidence que dans les deux immeubles
maison d’habitation de la ville.
mitoyens du Stalden, les numéros 6 et 824,
Les transformations récentes de l’immeuble,
ce qui accentue encore le caractère excep-
depuis le XIXe siècle, sont en revanche plus
tionnel de la maison. Il met également en
particulières aux maisons de la basse ville. La
lumière les importants travaux d’aménage-
forte densité de population qu’a connue cette
ment qu’il a fallu faire au moment de la fon-
partie de la ville jusque dans l’après-guerre a
dation de la ville en 1157 pour rendre le pas-
entraîné la conversion des maisons familiales
sage du bourg vers la Sarine praticable,
en immeubles de rapport à plusieurs loge-
puis ceux qu’il a encore fallu réaliser pour
ments. Les pièces ont alors souvent été subdi-
implanter cette partie du rang de maisons
visées pour augmenter le nombre de chambres
du Stalden. La datation de la première
et implanter des locaux sanitaires, d’abord
phase de construction du Stalden 6 en 1259
des toilettes, puis des salles de bain. La der-
montre que ce rang s’est implanté tardive-
nière transformation s’inscrit dans une ten-
ment, vers le milieu du XIIIe siècle, ce qu’avait
dance inverse depuis les années 1970 à Fri-
déjà laissé entrevoir l’analyse de la Grand-
bourg, à savoir la restitution des volumes
Rue 36 (café du Belvédère). En effet, l’exten-
d’origine pour augmenter la qualité des loge-
sion au-delà de la première porte orientale
ments. Plusieurs maisons du quartier ayant
y avait été datée de la première moitié du
retrouvé leur affectation familiale, le nombre
XIIIe siècle sans plus de précision, aucune
de logements qu’elles abritent est passé de
solive d’origine n’étant conservée . Le che-
quatre ou cinq à un seul, voire deux, mais sans
vron qui a permis la datation de la première
vraiment retrouver totalement les fonctions
phase du Stalden 6, taillé dans de l’épicéa
d’origine. En effet, les boutiques ou les ateliers
non équarri, est le plus ancien élément de
qui avaient pignon sur rue (ouvroirs), au rez-
charpente conservé dans le canton de Fri-
de-chaussée, sont le plus souvent restées
bourg. Aussi modeste soit-il – son diamètre
affectées au logement ou, pour celles qui
n’est que de 25 cm –, il atteste que les cou-
restent dans l’ensemble des quartiers de la
vertures de tavillons médiévales de la ville
vieille ville, en demande de changement de
25 Bourgarel 1998, 73-74.
ne nécessitaient pas obligatoirement des
fonction.
26 Lauper 2012, 67.
25
24 CAF 16, 2014, 142-143 ;
CAF 17, 2015, 153-154.
CAF 22/2020 Études
132
a) rez-de-chaussée
A'
fo
F
A
b) 1er étage
A'
C
A
c) combles
A'
A
N
0
Planche 1 Fribourg/Stalden 6. Plans avec indication des phases de construction.
5m
Fribourg/Stalden 6
133
d) mur mitoyen nord
A'
A
substrat molassique
1re phase : 1259
2e phase : après 1419-XVe siècle
3e phase : 1529/1530 – 1533/1534
4e phase : 1557/1558
5e phase : XVIIe-XVIIIe siècle
6e phase : 1828/1829
7e phase : fin XIXe-XXe siècle
e) mur mitoyen sud
F : foyer
fo : fosse
C : cheminée
f) façade ouest
A'
A
0
5m
Planche 2 Fribourg/Stalden 6. Élévations avec indication des phases de construction.
CAF 22/2020 Études
134
Bibliographie
Bourgarel 1998
Lauper 2012
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lereien in Wohn- und Festräumen des
XVIe siècles (Mémoires et documents
D. Bugnon – G. Graenert – Cl. Wolf, A>Z
16. und 17. Jahrhunderts, Lizenziatsar-
publiés par la Société d’histoire de la
Balade archéologique en terre fribour-
beit eingereicht bei der Universität
Suisse romande 2e série, XII), Lausanne
geoise, Catalogue d’exposition, Fri-
Freiburg (Philosophischen Fakultät),
1924.
bourg 2005, 70-77.
[Freiburg 1982].
de Zurich 1924
e
135
Résumé / Zusammenfassung
Le début de la construction de l’immeuble du Stalden 6 est daté de 1259 par un chevron. La bâtisse a été creusée
dans le substrat molassique qui subsiste au sud, jusqu’au sommet du premier étage. Seul conservé, son mur nord
a été dressé en moellons de molasse extraits sur place. La maison avait alors quasiment ses dimensions actuelles :
deux étages sur rez et cave avec cuisines et escalier au centre, pièces habitables de part et d’autre de la cage d’escalier, et toiture en bâtière alors à faible pente et couverte de tavillons. Suite à un incendie partiel, le mur mitoyen
sud a été reconstruit et le faîte du toit légèrement surélevé, pour adapter sa pente à une couverture de tuile, dont
plusieurs fragments ont été recensés dans les maçonneries. L’emploi de ce matériau fait remonter cette reconstruction au XVe siècle. En 1529/1535, les poutraisons des pièces et la charpente sur rue sont renouvelées, et la
pente du toit à nouveau accentuée. Dès lors, la maison acquiert ses dispositions actuelles. L’âtre, plaqué au mur
sud du premier étage, au centre de la maison, était desservi par une vaste hotte de cheminée en bois. La poutraison du deuxième étage était richement moulurée.
Le réaménagement de la partie centrale et des pièces occidentales intervient en 1557/1558. La façade sur
la Sarine et une partie du mitoyen sud sont reconstruites. Au premier étage, les poutres sont moulurées et la pièce
donnant sur la Sarine est ornée d’un décor peint composé de bandeaux, de rinceaux et d’une scène imagée.
Une frise d’écus y a ensuite été ajoutée, et à la fin du XVIe ou durant la première moitié du XVIIe siècle, ce premier
décor a été recouvert de rinceaux polychromes, épargnant les écus et un motif figuratif.
Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, des cloisons sont renouvelées et de faux plafonds installés à l’intérieur. À l’extérieur,
la façade ouest et le mur sud sont repris.
En 1828/1829, la façade sur rue est reconstruite et les pièces attenantes sont réaménagées, probablement par
J. Kaeser, entrepreneur connu pour d’autres constructions en ville de Fribourg.
Le XXe siècle voit la création de deux terrasses au deuxième étage côté Sarine, ainsi que l’ajout de sanitaires et
de nouvelles volées d’escalier.
Ein Dachsparren datiert den Baubeginn des Hauses am Stalden 6 ins Jahre 1259. Der Bau wurde bis auf die Höhe
des 1. Geschosses in den im Süden noch anstehenden Molasseuntergrund eingetieft. Aus dieser Zeit stammt einzig die Nordmauer, die aus vor Ort gebrochenen Molassesteinen besteht. Das Haus besass in etwa die gleiche
Ausdehnung wie heute: zwei Etagen über dem Erdgeschoss sowie Keller, Küchen und Treppen im Zentrum, beidseits davon Wohnräume, flaches, mit Schindeln bedecktes Satteldach. In Folge eines Teilbrandes wurde die südliche Brandbauer neu errichtet. Um eine Ziegelabdeckung zu ermöglichen, erfolgte eine leichte Anhebung des
Dachfirsts. Aufgrund der Verwendung von Ziegeln, von denen sich Fragmente im Mauerwerk fanden, dürften diese Arbeiten ins 15. Jh. zurückreichen.
1529/1535 wurden strassenseitig das Gebälk in den Zimmern und das Dachwerk erneuert sowie die Dachneigung ein weiteres Mal erhöht. Nun erhält das Haus seine heutige Raumanordnung. Die Feuerstelle im Zentrum
des Hauses, an der Südmauer des 1. Geschosses, war mit einem weiten, hölzernen Rauchfang ausgestattet und
das Gebälk im 2. Geschoss reich profiliert.
Eine Neugestaltung des zentralen Bereichs sowie der westlichen Räume fand 1557/1558 statt. Die flussseitige
Fassade und ein Teil der südlichen Brandmauer wurden neu errichtet. Im 1. Geschoss wurden die Balken profiliert
und das der Saane zugewandte Zimmer mit Malereien dekoriert, die aus Bändern, Ranken und einer bildlichen Darstellung besteht. Etwas später kam ein Wappenfries hinzu und Ende des 16. oder in der 1. H. des 17. Jhs. erfolgte
eine Übermalung mit polychromen Ranken; die aber die Wappen und ein figürliches Motiv des ersten Dekors
verschonte.
Im 17./18. Jh. wurden im Innern die Zwischenwände erneuert sowie Zwischendecken eingezogen; aussen die
Westfassade und die Südmauer instandgesetzt.
1828/1829 kam es vermutlich unter J. Kaeser, einem durch andere Bauten in Freiburg bekannten Unternehmer,
zur Umgestaltung der gassenseitigen Räume sowie zum Neubau der Strassenfassade.
Ins 20. Jh. fallen der Bau zweier flussseitiger Terrassen im 2. Geschoss sowie von Sanitäranlagen und neuen
Treppenläufen.
137
Abréviations
Abkürzungen
Périodiques et séries /
FA (= AF)
IPNA
Zeitschriften und Reihen
Freiburger Archäologie
Integrative Prähistorische
AAS (= JbAS)
FGb
Annuaire d’Archéologie Suisse
Freiburger Geschichtsblätter
und Naturwissenschaftliche Archäologie
(depuis 2006)
Laboratoire romand de dendrochronologie
FHA (= CAF)
AF (= FA)
Moudon
Freiburger Hefte für Archäologie
Archéologie fribourgeoise
SAEF
KDM (= MAH)
BAR
LRD
Service archéologique de l’État de Fribourg
Kunstdenkmäler der Schweiz
British Archaeological Reports (Oxford)
SBC
SPM
Service des biens culturels Fribourg
BPA
La Suisse du Paléolithique à l’aube
Bulletin de l’Association Pro Aventico
du Moyen-Age / Die Schweiz vom
SHAS (= GSK)
Paläolithikum bis zum frühen Mittelalter
Société d’histoire de l’art en Suisse
BSPF
Bulletin de la Société Préhistorique Française
SPF
Société Préhistorique Française
CAF (= FHA)
Laboratoires, musées et sociétés /
Cahiers d’Archéologie Fribourgeoise
Laboratorien, Museen und Gesellschaften
DHS (= HLS)
AAFR
Dictionnaire historique de la Suisse
Amt für Archäologie des Kantons Freiburg
SUPSI
Scuola universitaria professionale
della Svizzera italiana
139
Publications 2019
Publikationen
Articles (ou contributions dans
G. Bourgarel, « Céramique de poêle : premiers
une monographie) / Artikel
pas d’un art nouveau », in : S. Gasser (dir.),
L. Kramer – M. Mauvilly, « Blocs à cupules,
des pierres énigmatiques », CAF 21, 2019,
(oder Beiträge in Monografien)
Le siècle oublié : Fribourg, les années 1300,
20-21.
Fribourg 2019, 218-223.
B. Bär – M. Mauvilly, « Mont-Vully – Neue
W. Margot, « La faune de Gletterens/Les
archäologische Forschungen. Noch sind
L. Fedel (in Zusammenarbeit mit A.-Fr. Auber-
Grèves : ‹ allégeance › au Horgen occidental
nicht alle Rätsel gelöst », Freiburger Volks-
son), « Zwei kleine Hortfunde des 17. Jahr-
ou oriental ? », CAF 21, 2019, 32-59.
kalender 2019, 49-55.
hunderts aus dem ländlichen Freiburg »,
FHA 21, 2019, 136-177.
B. Bär – M. Mauvilly, « Un habitat de hau-
M. Mauvilly, « Jean-Marc Egger (1959-2019).
L’insatiable et infatigable prospecteur »,
teur néolithique menacé par les eaux », as.
E. Forster, « Sublimons le bois ! », CAF 21,
42.1, 2019, 30-33.
2019, 28-29.
B. Bär – M. Mauvilly, « (K)eine Trockenübung :
Cl. Hervé – J. Monnier, « Un territoire dévas-
archäologische Rettungsmassnahmen am
té », in : L. Steiner – J. Favrod (dir.), Aux sources
Schiffenengraben », FHA 21, 2019, 18-19.
du Moyen Âge. Entre Alpes et Jura de 350 à
CAF 21, 2019, 178-179.
J. Monnier, « J’irai construire sur vos tombes »,
l’an 1000, Gollion 2019, 43-53.
B. Bär – M. Ruffieux – M. Mauvilly, « Ver-
CAF 21, 2019, 22-23.
J. Monnier, « Habiter la campagne durant le
Haut Moyen Âge », in : L. Steiner – J. Favrod
(dir.), Aux sources du Moyen Âge. Entre
brannt für die Ewigkeit : aussergewöhnliche
Cl. Hervé – J. Monnier, « Des Alpes au Jura »,
Alpes et Jura de 350 à l’an 1000, Gol-
Gräber aus der Bronze- und Eisenzeit in
in : L. Steiner – J. Favrod (dir.), Aux sources
lion 2019, 59-63.
Rossens/In Riaux », FHA 21, 2019, 60-111.
du Moyen Âge. Entre Alpes et Jura de 350 à
l’an 1000, Gollion 2019, 41-42.
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5e millénaire) (Mémoires d’Archéologie du
(dir.), Le second Mésolithique, des Alpes à
Alpes et Jura de 350 à l’an 1000, Gol-
Grand-Est 3), Table ronde internationale
l’Atlantique (7e-5e millénaire) (Mémoires d’Ar-
lion 2019, 70-71.
(Strasbourg, 3-4 novembre 2015), Stras-
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bourg 2019, 11-37.
nationale (Strasbourg, 3-4 novembre 2015),
E. Mouquin – Ch. Martin Pruvot – N. Rey-
Strasbourg 2019, 235-254.
naud Savioz – R. Sylvestre, « Des reliefs de
L. Bassin – M. Cornelissen – B. Jakob – M. Mau-
et nécropole », in : L. Steiner – J. Favrod (dir.),
G. Bourgarel, «Sous l’asphalte : l’histoire de
la genèse de Fribourg », CAF 21, 2019, 24-25.
banquet
Chr. Jeunesse – H. Barrand-Emam – F. Che-
dans
la
villa
d’Estavayer-le-
Gibloux ? », CAF 21, 2019, 112-135.
nal – A. Denaire – M. Mauvilly, « La flèche
G. Bourgarel, « Lumière sur la création de
brisée. La tombe 4/2014 de la nécropole
A.-L. Pradervand, « La Grand-Rue à Romont
Fribourg », Pro Fribourg 204, 2019, 4-13.
d’Illzach-Mulhouse-Est (Haut-Rhin) et les
prend de la hauteur… », CAF 21, 2019, 26-27.
modalités du contact entre les colons rubaG. Bourgarel, « La construction de l’église
nés et chasseurs indigènes dans la Plaine
change le visage du Bourg », Pro Fri-
du Rhin supérieur durant le dernier tiers du
Annonces de découvertes /
bourg 204, 2019, 14-19.
6e millénaire av. J.-C. », in : Fr. Séara – Chr.
Fundanzeigen
Jeunesse – S. Griselin – R.-M. Arbogast (dir.),
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Le second Mésolithique, des Alpes à l’Atlan-
Chronique archéologique / Fundbericht 2018,
ments flamboyants sur de solides bases de
tique (7e-5e millénaire) (Mémoires d’Archéo-
AAS 102, 2019, passim.
pierres », in : S. Gasser (dir.), Le siècle oublié :
logie du Grand-Est 3), Table ronde interna-
Fribourg, les années 1300, Fribourg 2019,
tionale (Strasbourg, 3-4 novembre 2015),
46-61.
Strasbourg 2019, 55-108.
141
Vient de paraître / Neuerscheinung
L. Bassin
Le Second Mésolithique du Plateau suisse au Nord du Jura (6600-5000 av. J.-C.).
Traditions, innovations et mutations dans les industries lithiques des derniers
chasseurs-cueilleurs et des premiers agriculteurs-éleveurs
AF 27 (publication en ligne), Fribourg 2019
http://doc.rero.ch/record/329081?ln=fr
L’abri de pied de falaise d’Arconciel/La Souche a fait l’objet d’une dizaine de campagnes de fouille depuis 1998 et se
positionne, au fil des recherches, comme un site de référence pour le Mésolithique suisse en particulier et pour la
Préhistoire européenne en général. Cet auvent taillé dans la molasse par la Sarine qui coule aujourd’hui une centaine
de mètres en contrebas a en effet permis aux archéologues d’étudier une extraordinaire stratigraphie de plusieurs
mètres d’envergure, qui de plus est riche de centaines de milliers d’artefacts lithiques et de restes fauniques. Ces
vestiges qui se rattachent à une période comprise entre 7000 et 4900/4800 av. J.-C. couvrant la fin du Premier Mésolithique et l’entier du Second Mésolithique font l’objet d’analyses par une équipe de chercheurs pluridisciplinaire.
La publication présentée ici est la première d’une série de trois monographies qui seront consacrées à ce site
exceptionnel. Elle s’attache à l’évolution des outils qui ont été utilisés dans l’abri durant les différentes occupations, afin de mettre en exergue les traits spécifiques du Second Mésolithique sur le mobilier lithique d’Arconciel/
La Souche et, partant, d’essayer de préciser l’émergence, dans notre région, de cette période d’autant plus importante et intéressante qu’elle se trouve à la charnière entre les derniers chasseurs-cueilleurs nomades du Premier
Mésolithique et les premiers agriculteurs-éleveurs sédentaires du Néolithique. Le monde oscille alors entre traditions et innovations, et le mobilier lithique de La Souche fait état de spécificités qui montrent que la région fribourgeoise se trouve elle aussi en pleine mutation.
Der Abri am Fusse des Felsens von Arconciel/La Souche war seit 1998 Gegenstand von zehn Grabungskampagnen
und stellte sich im Verlauf der Untersuchungen als eine Referenz-Fundstelle der europäischen Vorgeschichte im Allgemeinen und des Mesolithikums in der Schweiz im Besonderen heraus. Das Felsschutzdach, das durch die heute
rund 100 m weiter hangabwärts liegende Saane aus dem Molassefelsen gewaschen wurde, hat den Archäologen
nicht nur erlaubt, eine aussergewöhnliche, mehrere Meter mächtige Stratigrafie, sondern auch ein reiches, aus mehreren Hundertausend Steinartefakten und faunistischen Resten bestehendes Fundensemble zu untersuchen. Die
Hinterlassenschaften, die aus der Zeit zwischen 7000 und 4900/4800 v. Chr. stammen und zeitlich ein Spektrum
abdecken, welches das Ende des Frühmesolithikums und das ganze Spätmesolithikum umfasst, wurde durch ein
interdisziplinäres Forscherteam begutachtet.
Die hier vorgestellte Publikation stellt den ersten von insgesamt drei Bänden einer dieser bemerkenswerten Fundstelle gewidmeten Monografienreihe dar. Sie stützt sich auf die Entwicklung der Werkzeuge, die im Abri während der
verschiedenen Belegungsphasen benutzt wurden, um die Besonderheiten des Spätmesolithikums am Steinartefaktbestand von Arconciel/La Souche herauszustellen und in einem weiteren Schritt zu versuchen, diese Periode in
unserer Region besser zu fassen, die gerade aufgrund der Tatsache, dass sie den Übergang von den letzten nomadisierenden Jäger- und Sammlergemeinschaften des Frühmesolithikums zu den ersten Bauern und Viehzüchter des
Neolithikums bildet, von grosser Bedeutung und Interesse ist. Die Welt schwankt zwischen Tradition und Innovation
und der lithische Fundstoff aus La Souche besitzt Eigenheiten, die zeigen, dass sich auch das Freiburgerland im
Umbruch befindet.
143
Adresses des auteur-e-s
Adressen der Autoren/-innen
Auteurs invités
Service archéologique de l’État de Fribourg /
Eingeladene Autoren
Amt für Archäologie des Kantons Freiburg
Planche-Supérieure 13 / Obere Matte 13
1700 Fribourg / 1700 Freiburg
Jean-Christophe Castel
Gilles Bourgarel
Muséum d’histoire naturelle
Gilles.Bourgarel@fr.ch
Département de la culture
et de la transition numérique
Léonard Kramer
Route de Malagnou 1
Leonard.Kramer@fr.ch
1208 Genève
jean-christophe.castel@ville-ge.ch
Christian Kündig
Christian.Kundig@fr.ch
Michel Franz
Könizstrasse 14
Michel Mauvilly
3008 Bern
Michel.Mauvilly@fr.ch
michel.franz@be.ch
Jacques Monnier
Jacques.Monnier@fr.ch
Romain Pilloud
Romain.Pilloud@fr.ch
Aude-Line Pradervand
Aude-Line.Pradervand@fr.ch
Louise Rubeli
Louise.Rubeli@fr.ch
Henri Vigneau
Henri.Vigneau@fr.ch
Crédit des illustrations / Bildnachweis
Gilles Bourgarel : 11 fig. bas ; 26, fig. en-tête ; 27, fig. 2-3 ; 100, fig. en-tête ; 101, fig.1 ; 106-107, fig. 9-10 ;
110, fig. 15 ; 113, fig. 20 ; 118-130, fig. 3-22 – Jean-Christophe Castel : 38-44, fig. 4-13 ; 45-50, fig. 15-24 ;
50, fig. 26 ; 52-53, fig. 28-31 ; 54-56, fig. 34-38 ; 57, fig. 41-42 ; 62-64, annexes 1-2 – Luc Dafflon : 21,
fig. 2 ; 26, fig. 1 ; 28, fig. 1 ; 35, fig. 3 ; 85-86, Abb. 14-15 ; 88, Abb. 18 – Christoph Dütschler : 83, Abb. 11 ;
85, Abb. 13 – Freiburger Nachrichten : 9, Abb. unten – Raymond Gapany : 72, Abb. 5 ; 78, Abb. 7 ; 85-86,
Abb. 14-16 ; 90, Abb. 21 ; 102, fig. 2 ; 105, fig. 7 ; 108, fig. 11 – Pascal Grand : 33-35, fig. 1-3 – Léo Hilber :
111, fig. 17 – Pierre-Alexandre Huguet : 16-17 – Philippe Jaton : 104, fig. 5 – Léonard Kramer : 16,
fig. en-tête ; 24, fig. en-tête et fig. 1 ; 25, fig. 2 – Christian Kündig : 66, Abb. oben ; 68-69, Abb. 2-3 ; 76-77,
Abb. 6 ; 79, Abb. 8 ; 87, Abb. 17 – Michel Mauvilly : 32, fig. en-tête – Fiona McCullough : 8, fig. haut –
Jacques Monnier : 11, Abb. oben ; 18, fig. 1 ; 20, fig. en-tête et fig. 1 ; 21, fig. 2 ; 30-31 – Aude-Line
Pradervand : 9, fig. haut ; 26, fig. 1 ; 103, fig. 3-4 ; 104, fig. 6 ; 106, fig. 8 ; 109, fig. 12-14 ; 110, fig. 16 ;
111, fig. 18 ; 113, fig. 21 – Romain Pilloud : 28, fig. en-tête – Louise Rubeli : 18, fig. en-tête ; 19,
fig. 2 – SAEF : 10, fig. bas ; 14-15 ; 22, Abb. oben et Abb. 1 ; 23, Abb. 3 ; 111, fig. 17 ; 117, fig. 1 ; 141 –
Ingrid Sonnenwyl : 12, fig. bas – Rocco Tettamanti : 6-7 ; 17 – Pauline Tornare : 10, fig. haut –
Wilfried Trillen : 13, Abb. oben ; 67, Abb. 1 ; 80-85, Abb. 9-14 ; 88, Abb. 18 ; 93, Abb. 26 ; 117, fig. 2 ;
132-133, pl. 1-2 – Lauriane Vieli : 12, fig. haut – Henri Vigneau : 29, fig. 2-3 – Claude Zaugg : 13, fig. bas ;
23, Abb. 2 ; 45, fig. 14 ; 50, fig. 25 ; 51, fig. 27 ; 53, fig. 32-33 ; 57, fig. 39-40 ; 58, fig. 43 ; 116, fig. en-tête –
Autre : 8, Abb. unten : DataBase Center for Life Science / http://commons.wikimedia.org/CC BY 4.0
Source des cartes et des images aériennes / Kartenauszüge und Luftbilder :
© swisstopo (17 ; 18, fig. 1 ; 33, fig. 1 ; 67, Abb. 1 ; 84, Abb. 12 ; 93, Abb. 26) et
© État de Fribourg (117, fig. 2 ; 86, Abb. 16 ; 90, Abb. 21)