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Cahiers d'Archéologie Fribourgeoise - Freiburger Hefte für Archäologie

2020, CAF / FHA 22

AA. VV.

Éditeur / Herausgeber Direction / Direktion Reto Blumer Coordination / Koordination Mireille Ruffieux Révision scientifique / Wissenschaftliches Lektorat Barbara Bär Gabriele Graenert Aude-Line Pradervand Dominique Bugnon Elsa Mouquin Mireille Ruffieux Relecture / Korrektorat Richard Sylvestre Traduction / Übersetzung Barbara Bär : 5, 8-9, 11-12, 18-21 (légendes fig.), 24-29 (légendes fig.), 32 (chapeau), 65 (résumé), 100 (chapeau), 115 (résumé), 116 (chapeau), 135 (résumé), 141 Dominique Bugnon : 22-23 (légendes fig.), 66 (chapeau), 99 (résumé) Mise en page / Layout Annick Tinguely Pierre-Alexandre Huguet Commandes / Bestellungen Planche-Supérieure / Obere Matte 13 CH-1700 Fribourg / Freiburg Tél. 026 305 82 00 Fax 026 305 82 01 E-mail saef@fr.ch Tirage / Auflage 500 ex. Réalisation et impression / Ausführung und Druck Photo de couverture / Titelbild Fibule de Fétigy/La Rapettaz (alliage cuivreux, or et verre ; 2e moitié du VIIe siècle) présentée dans l’exposition « D’ombre et de lumière. Les Mérovingiens – Die Merowinger » (Photo : Claude Zaugg) Fibel von Fétigy/La Rapettaz (Buntmetall, Gold und Glas; 2. Hälfte 7. Jahrhundert), die in der Ausstellung «D’ombre et de lumière. Les Mérovingiens – Die Merowinger» gezeigt wurde (Foto Claude Zaugg) Les auteur-e-s sont seul-e-s responsables du contenu de leur-s article-s Für den Inhalt der Beiträge zeichnen die Autoren/-innen verantwortlich © 2020 l'éditeur / der Herausgeber ISSN 1423-8756 Sommaire Inhalt 4 ................................................................................... Editorial Études / Auswertungen Reto Blumer 8 ................................... Calendrier / Kalender 2020 32 .................................... La faune mésolithique de l’abri d’Arconciel/La Souche : archéozoologie des ensembles V et VI Jean-Christophe Castel Aperçus / Einblicke avec la collaboration de Michel Mauvilly 66 ............................................. Die Murtener Strandplatte 16 .......................................... Archéologie du territoire 2019 18 ......................................... 5000 ans d’histoire sur 2,5 km à Prez-vers-Noréaz Christian Kündig 100 ........................... Le couvent d’Hauterive à la lumière des nouvelles découvertes Aude-Line Pradervand Jacques Monnier, avec la collaboration de Louise Rubeli et Henri Vigneau 116 .................................................... Fribourg, le Stalden 6 : 20 ........................................ L’aqueduc de Bonne Fontaine : une maison ordinaire ? Gilles Bourgarel une nouvelle source d’informations Louise Rubeli 22 ............................................................... Neue Forschungen zum römischen Tempelareal von Estavayer-le-Gibloux Michel Franz 24 ............................................................. Un abri sous falaise en plein cœur de Fribourg Léonard Kramer et Michel Mauvilly 26 ........................................................ Le moulin d’Hauterive : un monument oublié ! Aude-Line Pradervand 28 .................................. Chauds, chauds les fours à chaux Romain Pilloud 137 ......................................... Abréviations / Abkürzungen 139 .............................. Publications / Publikationen 2019 4 Éditorial Reto Blumer Archéologue cantonal Ouverture – fermeture – ouverture – fermeture. ou polies illustrent des ouvertures à plus ou moins sont quand même mises en débat, et cette Le cycle imposé par les directives sanitaires grandes distances, tandis que des villages instal- ouverture au monde mènera aux balbutiements successives liées à la pandémie Covid-19 lés derrière des éperons barrés de fossés et de de la modernité. influence l’activité économique, la manière palissades témoignent, à l’opposé, d’une ferme- de considérer, d’appréhender, de réaliser et de ture face aux dangers. L’époque moderne s’ouvre à l’imprimerie et à la diffusion des écrits, permettant le développe- juger le travail, mais aussi la perception de L’apparition de la métallurgie, d’abord du ment des sciences historiques, avec notamment l’autre. Ainsi, chaque acteur de la société tou- cuivre, puis du bronze et finalement du fer, offre les études numismatiques et épigraphiques. Si la ché par une fermeture portera un regard assez aux populations d’innombrables nouvelles pos- discipline historique est encore intimement liée à critique sur celui qui profite d’une ouverture. sibilités de s’ouvrir ou de se fermer. Extensions l’histoire naturelle, la religion tente de brider l’ou- Des éclats de compassion, ou alors de jalousie, agricole et pastorale, accroissement démogra- verture vers les démonstrations. Au milieu du trahissent nos émotions dans cette crise sani- phique, voies de communication, importations, XIXe siècle, des vestiges matériels commencent taire qui n’en finit pas. création de richesses, spécialisations et stratifi- à être interprétés comme « antédiluviens », soit En archéologie, l’ouverture est souvent syno- cation sociale d’une part, mais aussi, a contra- antérieurs au Déluge biblique, ce qui va initier la nyme de renouveau : la saison des fouilles qui rio, appauvrissement des sols ou des forêts, démarche archéologique, discipline qui jettera de débute lorsque s’installe une météo plus clé- maladies, autarcie, tensions interculturelles ou nombreux ponts entre lettres et sciences. Il aura mente, et cette odeur d’humus qui est « dégrap- ethniques, crises, conflits armés : cela ne rap- donc fallu que les eaux de la colère divine se pé » en préambule à l’exploration du sous-sol pelle-t-il pas quelque chose de connu ? referment sur la Terre pour que nos yeux puissent terreux. La fermeture, imposée par le temps à La grande civilisation romaine est caractéri- disposition et dépendante de la dernière struc- sée par une ouverture au monde qu’elle domine, Au final, en cette période de crise pandé- ture à documenter, est synonyme de fin d’inter- l’attrait pour les ressources dont elle dépend, mique de 2020-2021, il y a fort à parier que les vention, d’ultime vérification, de rebouchage des les croyances qu’elle partage et les dieux qui la fermetures, malgré leurs violences économique, secteurs et des tranchées, et de remise en état protègent. En corollaire, la barbarie, voire la sociale et culturelle, précèdent de nouvelles du terrain. Beaucoup d’interventions archéolo- sauvagerie, est associée à tout ce qui se trouve ouvertures qui nous mèneront – espérons-le de giques indiquent que le patrimoine est mis à en dehors du cadre impérial : autres peuples, tout cœur – vers des lendemains qui chanteront rude épreuve et on espère disposer de suffisam- autres langues, autres coutumes, autres dieux, et danseront. Ou pas ? Le seul moyen de le ment de moyens pour sauvegarder de manière autres paysages. Les frontières évoluent au gré savoir, c’est d’attendre la suite de l’Histoire ! adéquate et à temps cet héritage du passé. Et à des cycles de fermeture et d’ouverture : la peur chaque fermeture de chantier, l’archéologue, de l’autre et de l’inconnu active la fermeture ter- amoureux de son métier, souhaite évidemment ritoriale, tandis que l’exploration et la connais- que ce ne soit pas la dernière. sance attisent les convoitises commerciales et La Préhistoire, la Protohistoire et l’Histoire sont parsemées d’alternances d’ouvertures et de fermetures. les velléités conquérantes. Derrière les portes fermées du bourg du Moyen Âge, on se prémunit des assauts des En des temps très anciens, les glaciers se troupes ennemies ou des vagues d’épidémies referment sur nos régions. À leur recul, ils ravageuses. On ouvre pour laisser entrer mar- laissent la place à un paysage ouvert de toun- chands et cargaisons ainsi que le fruit de l’im- dras, puis de steppes herbeuses. Les barrages pôt. On entrouvre aussi pour repousser les glaciaires fermés entraînent la montée des lacs, contagieux hors des murs mais il faut refermer tandis que leur ouverture permet ensuite le creu- sitôt qu’une menace se fait sentir, afin de proté- sement des canyons. Puis, ce sont les forêts qui ger au mieux la communauté en se postant aux ferment les paysages dégagés, pour que les rares ouvertures représentées par les meur- chasseurs-cueilleurs du Mésolithique puissent trières. Le malheur n’arrivant jamais seul, on s’ouvrir à la chasse et à la cueillette. Plus tard, ici ferme la porte aux explications naturelles pour et là, les populations agropastorales néolithiques ouvrir celles des superstitions, plus ou moins ouvrent des clairières pour faire paître du bétail et fortement entretenues par les pouvoirs spiri- pour cultiver des céréales et des légumineuses. tuels et temporels. Pourtant, les siècles lais- Des échanges de céramiques et de roches taillées sant la place aux siècles, les traditions établies s’ouvrir au passé insoupçonné ! 5 Editorial Reto Blumer Kantonsarchäologe Öffnung – Schliessung – Öffnung – Schlies- Dann kommen die Wälder, welche die offe- Steuereinnahmen einzulassen, aber auch um sung. Der Zyklus, der durch die immer nen Landschaften schließen, so dass sich die ansteckende Kranke aus ihren Häusern zu wieder angepassten Gesundheitsrichtlinien Menschen im Mesolithikum der Jagd und dem vertreiben. Um die Gemeinschaft so gut wie im Zusammenhang mit der Covid-19-Pande- Sammeln öffnen können. Später öffnen die möglich zu schützen, schliessen sie sich, mie auferlegt wurde, beeinflusst die wirt- agropastoralen Gemeinschaften des Neolithi- sobald eine Bedrohung spürbar wird. Die ein- schaftliche Tätigkeit, die Art und Weise, wie kums durch Rodungen der Waldflächen die zigen Öffnungen, die dann noch bestehen, man die Arbeit betrachtet, begreift, ausführt Landschaft wieder, um Vieh zu weiden sowie sind die Schiessscharten, an denen man und beurteilt, aber auch die Wahrnehmung Getreide und Hülsenfrüchte anzubauen. Der Position bezieht. Da ein Unglück selten allein der Anderen. So wird jedes Mitglied der Austausch von Keramik und geschlagenen oder kommt, verschliesst man sich gegenüber Gesellschaft, das von einer Schließung betrof- geschliffenen Steinwerkzeugen zeugen von der natürlichen Erklärungen und öffnet Tür und fen ist, einen ziemlich kritischen Blick auf Öffnung gegenüber der Aussenwelt, während Tor dem Aberglauben, der von geistlichen und denjenigen werfen, der von einer Öffnung hinter Palisaden und Gräben errichtete Dorfan- weltlichen Mächten mehr oder weniger stark profitiert. Ausbrüche von Mitleid oder sogar lagen für eine Abschottung gegenüber äusse- aufrechterhalten wird. Doch im Laufe der Eifersucht verraten unsere Gefühle in dieser ren Gefahren stehen. Jahrhunderte werden etablierte Traditionen Das Aufkommen der Metallurgie, zuerst von immer wieder in Frage gestellt, und diese Öff- In der Archäologie ist Offenheit oft gleichbe- Kupfer, dann von Bronze und schließlich von nung gegenüber der Welt führt zu den Anfän- deutend mit Erneuerung: die Grabungssaison, Eisen, bietet den Menschen unzählige neue gen der Moderne. die bei milderem Wetter beginnt, und der Möglichkeiten, sich zu öffnen oder zu schließen. Die Neuzeit öffnete sich dem Buchdruck Geruch von Humus, der als Auftakt zur Erkun- Landwirtschaftliche und pastorale Ausdehnung, und der Verbreitung der Schrift, was wiederum dung des erdigen Untergrunds abgetragen Bevölkerungswachstum, Kommunikationswege, die Entwicklung der Geschichtswissenschaften, wird. Dagegen ist die Schliessung, die durch die Importe, Wohlstandsbildung, Spezialisierung insbesondere der numismatischen und epigra- zur Verfügung stehende Zeit auferlegt wird und und soziale Schichtung auf der einen Seite, phischen Studien, ermöglicht. Ist die Geschichts- von der letzten zu dokumentierenden Struktur aber auch Verarmung des Bodens oder der Wäl- wissenschaft noch eng mit der Naturgeschichte abhängt, gleichbedeutend mit dem Ende des der, Krankheiten, Autarkie, interkulturelle oder verbunden, so versucht die Religion, die Öffnung Bodeneingriffs, der Endkontrolle, dem Auffüllen ethnische Spannungen, Krisen, bewaffnete Kon- hin zur Beweisführung einzuengen. Mitte des von Sektoren und Gräben und der Wiederher- flikte: Kommt uns das nicht bekannt vor? 19. Jahrhunderts begann man, materielle Über- nicht enden wollenden Gesundheitskrise. stellung des Geländes. Bei vielen archäologi- Die große römische Zivilisation zeichnet sich reste als «vorsintflutlich» zu interpretieren, schen Interventionen zeigt sich, dass das durch ihre Offenheit gegenüber der Welt aus, was den Weg öffnete für die archäologische Bodenerbe auf den Prüfstand gestellt wird, und die sie beherrscht, durch den Anreiz für die Res- Vorgehensweise, eine Disziplin, die noch viele es ist zu hoffen, dass genügend Mittel zur Ver- sourcen, von welchen sie abhängt, durch die Brücken zwischen Geistes- und Naturwissen- fügung stehen, um diese Hinterlassenschaften Glaubensvorstellungen, die sie teilt, und durch schaft schlagen sollte. Die Erde musste sich der Vergangenheit angemessen und rechtzeitig die Götter, die sie schützen. Als Folge davon zunächst vor den göttlichen Flutwassern zu sichern. Und jedes Mal, wenn eine Ausgra- wird Barbarei, ja Wildheit, mit allem assoziiert, abschliessen, ehe sich unsere Augen für die bungsstätte geschlossen wird, hofft der sei- was außerhalb der Reichsgrenzen liegt: andere ungeahnte Vergangenheit öffnen konnten! nem Beruf eng verbundene Archäologe, dass Völker, andere Sprachen, andere Sitten, andere Letztendlich besteht auch in der aktuellen es nicht die letzte sein wird. Götter, andere Landschaften. Grenzen entwi- pandemischen Krise die Chance, dass die Vorgeschichtliche, frühgeschichtliche und ckeln sich gemäss Zyklen von Schließung und Schliessungen, trotz ihrer negativen wirtschaftli- geschichtliche Epochen sind geprägt durch den Öffnung: Die Angst vor dem Anderen und dem chen, sozialen und kulturellen Folgen, neuen Öff- ständigen Wechsel zwischen Phasen der Öff- Unbekannten begünstigt die territoriale Schlies- nungen den Weg bereiten, die uns – wir hoffen nung und Phasen der Schliessung. sung, während Erkundungs- und Wissensdrang es zutiefst – in eine hoffnungsvollere Zukunft kommerzielle Begehrlichkeiten und Erobe- führen. Oder werden sie es doch nicht tun? Die rungswünsche anheizen… einzige Möglichkeit, dies herauszufinden, ist es, In frühester Zeit verschliessen Gletscher unsere Region. Nach ihrem Rückzug machen sie einer offenen Landschaft Platz, zunächst Hinter den verschlossenen Toren des mit- einer Tundra, dann einer Grassteppe. Geschlos- telalterlichen Städtchens kann man sich vor sene Barrieren aus Eis lassen Seen ansteigen, Angriffen feindlicher Truppen oder Ausbrü- während bei ihrer Öffnung durch abfliessende chen verheerender Seuchen schützen. Sie Gewässer Täler entstehen. öffnen sich, um Kaufleute und Ladegut sowie den Rest der Geschichte abzuwarten! CALENDRIER I KALENDER 2020 8 Romont de visu 31 01 2 0 2 0 La Télé VD-FR s’est invitée au Service archéologique le temps d’un reportage sur les travaux autour du site de Romont/La Maladaire dont la fouille d’urgence avait révélé un cimetière périurbain et des aménagements attenants. Cette diffusion de quelques minutes a permis à un public non averti de découvrir le Service de l’intérieur, tout en prenant connaissance d’un thème spécifique : les maladaires, institutions développées autour des villes qui accueillaient les personnes infirmes et les nécessiteux au Moyen Âge et à l’époque moderne. Archäologie in Zeiten von Covid-19 18 03 Das Jahre 2020 wird in unserer Erinnerung für immer von der Coronakrise überschattet sein. Am 18. März, um 11:50 Uhr informierte uns ein Mail der Direktion darüber, dass wir unsere Sachen packen und schnellstmöglich unseren Arbeitsplatz verlassen sollten. In den folgenden Wochen erledigten 80% des Personals des Amtes für Archäologie ihre Aufgaben im Homeoffice. Dank einiger Anpassungen sowie der Bemühungen und dem guten Willen aller Beteiligten konnte das Amt für Archäologie trotz ausserordentlicher Bedingungen seine Dienstleistungen erfüllen. 2 0 2 0 9 2 0 2 0 20 04 Au vert et contre toux ! Une mise à l’arrêt provisoire d’un chantier dans la campagne de Russy a été exigée suite aux mesures prises par le Conseil fédéral dans le cadre de la pandémie. La fouille d’un cimetière du Haut Moyen Âge a ainsi été interrompue le temps d’instaurer des normes sanitaires adéquates. Comment répondre à ces exigences ? En prenant de la distance ! Mais pas uniquement… Depuis fin avril, outils personnels, gants, masques et gel hydroalcoolique font partie de l’équipement de chacun des collaborateurs qui ont ainsi pu terminer la fouille des 78 sépultures du site. 2 0 2 0 07 05 Die Archäologie macht Schlagzeilen Zwei Freiburger Zeitungen widmeten der kantonalen Archäologie jeweils eine Artikelreihe. Während im Frühjahr die Freiburger Nachrichten mit Hilfe unseres Kollegen Michel Mauvilly das Leben unserer Vorfahren in fünf Episoden, vom Paläolithikum bis zur Älteren Eisenzeit, nachzeichneten, hat La Gruyère im Sommer in Zusammenarbeit mit mehreren Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter des Amtes für Archäologie sechs wenig bekannte archäologische Fundstellen im Süden des Kantons in den Vordergrund gerückt. 10 Covid-19 oblige ! 26 05 2 0 2 0 Certaines activités du Service archéologique sont délicates à réaliser en télétravail, comme celles du laboratoire de conservation-restauration, qui touchent principalement des objets. Pour certaines collaboratrices, ce fut l’occasion de trier des documents ou de planifier de futures procédures, tandis que d’autres ont aménagé un véritable laboratoire à domicile, et que certaines ont mis à profit leurs compétences spécifiques : à des fins didactiques, des copies de céramiques ont été réalisées pour les nouvelles visites pédagogiques du Service archéologique, bientôt disponibles ! Une tombe peut en cacher une autre 28 05 Un tumulus similaire à celui de 2019 a été exploré à Grandvillard/Fossard d’Enbas, dans le cadre de la remise en état du terrain de la gravière. La fouille de ce monument funéraire du Premier âge du Fer a permis la mise au jour de nombreuses tombes à crémation plus récentes, de l’époque romaine. Ces structures, qui ont livré un riche et abondant mobilier, témoignent ainsi de l’implantation des Romains dans l’Intyamon, mal connue jusqu’alors. 2 0 2 0 11 2 0 2 0 17 06 Gelder für den Untergrund Sondiergrabungen auf einem Teilabschnitt des zukünftigen Trassees der Umfahrungsstrasse von Prez-vers-Noréaz haben eine fundreiche Zone zutage gebracht (siehe S. 18-19), die mittels Ausgrabungen nun eingehender untersucht werden soll. Um diese Interventionen möglichst gut zu planen, fand eine Koordinationssitzung zwischen dem Amt für Archäologie, dem Tiefbauamt und dem Kantonsingenieur statt. Der Zeitplan der notwendigen, dem Strassenbau vorausgehenden Ausgrabungen wie auch ihre Finanzierung sind in Planung. 2 0 2 0 02 07 Des trésors à l’Hôtel de Ville Des travaux sont entrepris depuis plus d’une année dans l’Hôtel de Ville de Fribourg, l’un des plus anciens de Suisse, et les découvertes archéologiques se succèdent à l’intérieur de l’édifice. Des murs de maisons médiévales ont été mis au jour au rez-de-chaussée, tandis qu’au premier étage, une surprise attendait les spécialistes. Derrière les boiseries de la salle du Petit-Conseil était caché un décor peint de qualité, déployé sur deux murs. Ce chef d’œuvre du début du XVIe siècle livre peu à peu ses personnages et ses décors ornementaux aux restaurateurs. 12 La relève en terres fribourgeoises 07 09 2 0 2 0 Les étudiant-e-s en archéologie de l’Université de Neuchâtel, crise sanitaire oblige, sont resté-e-s en Suisse pour leur traditionnel voyage d’études et en ont profité pour découvrir quelques sites archéologiques majeurs de notre pays. Des « guides » de notre Service leur ont présenté l’habitat de hauteur fortifié du Premier âge du Fer de Posieux/ Châtillon-sur-Glâne ainsi que l’abri mésolithique d’Arconciel/La Souche. Les étudiant-e-s ont terminé leur visite en terres fribourgeoises par un passage obligé sur l’oppidum celtique situé sur le mont Vully. 20 ans en 2020 27 10 C’est avec une exposition originale que le musée de Vallon entame sa vingtième année d’existence : « Et s’il n’existait pas ? ». Cette exposition est une occasion de revenir sur les missions du Musée, mais aussi de se questionner sur son existence avant de se projeter vers l’avenir. Sans lui, que resterait-il de l’antique édifice de 2000 m2 au sol, de sa quarantaine de pièces rien qu’au rez-de-chaussée, de ses magnifiques mosaïques, ou encore de ses habitants que l’on apprend à connaître grâce aux milliers d’objets recueillis ? 2 0 2 0 13 2 0 2 0 30 10 Offener Weinkeller in Murten Wein wird mit zunehmendem Alter besser und das Hotel Murtenhof & Krone in Murten weiss daraus Nutzen zu ziehen. Während der Renovationen 2019 im Weinkeller des Gebäudes konnte das Amt für Archäologie spannende Erkenntnisse zu dessen Errichtung und Nutzung gewinnen. Aus dem grossen Interesse des Besitzers an der historischen Bedeutung des Baus entstand ein Dokumentarfilm, der das Publikum während einiger Minuten zu einer Reise in die Vergangenheit einlädt. Die Szenografie und die 3D-Rekonstruktionen erlauben den Besuchern, bei einem guten Glas Wein in die Atmosphäre dieses mehrere hundert Jahre alten Ortes einzutauchen. 2 0 2 0 10 12 Rencontre insolite chargée d’histoire L’obscurité règne sur Fribourg… Cette caractéristique, d’ordre saisonnière à cette date du calendrier, a souvent été transposée à une période historique, le Haut Moyen Âge. Le Musée d’art et d’histoire et le Service archéologique ont verni le 10 décembre une exposition faisant la lumière sur ces vestiges passés. Une femme de l’époque, qui conte les arts et les croyances de son temps, guide le visiteur et l’invite à découvrir son quotidien et l’héritage de ses pairs. APERÇUS I EINBLICKE 16 1546 4 6 15 Après une légère baisse en 2018, le Service dont 380 ont livré des traces d’occupations archéologique de l’État de Fribourg a enregis- antiques. La quantité de prospections est en tré une nouvelle hausse du nombre de préavis hausse, avec un total de 157 sorties. À noter émis en 2019, avec plus d’un millier de préavis également, au chapitre des autres types d’in- (1040 contre 935 en 2018). Le nombre d’inter- terventions, la mise en place de 7 mesures de ventions réalisées sur le terrain par les collabo- protection de site notamment. rateurs et collaboratrices du Service archéolo- Toutes ces opérations ont permis d’ajouter gique ainsi que des prospecteurs bénévoles a 66 nouveaux sites et 44 nouveaux périmètres par contre légèrement baissé, puisqu’il est archéologiques au recensement cantonal, et passé de 466 à 441. En 2019, ce sont 15 cam- de compléter ainsi la carte archéologique pagnes de sondages d’évaluation, 6 fouilles tenue à jour quotidiennement en fonction des de sauvetage, 4 évaluations subaquatiques et découvertes. Cette carte des périmètres et une 21 analyses de bâtiments qui ont été effec- grande partie des comptes-rendus des inter- tuées. Comme chaque année, un grand nombre ventions positives réalisées par le Service de suivis de travaux de construction et de tra- archéologique (chroniques archéologiques) vaux linéaires a occupé plusieurs membres de sont consultables sur le portail cartogra- notre personnel, avec la documentation de phique de l’État de Fribourg, dans le thème 27 km de tranchées au moyen de 1546 profils, « Patrimoine » (https://map.geo.fr.ch/). bâtiments analyses de chantiers suivis de campagnes de subaquatiques évaluations sauvetage fouilles de archéologiques 66 sondages d’évaluation 1040 nouveaux sites documentés profils émis préavis Archéologie du territoire 2019 216 21 17 sites présentés dans les Aperçus p. 18-29 interventions positives interventions négatives 18 5000 ans d’histoire sur 2,5 km à Prez-vers-Noréaz Jacques Monnier avec la collaboration de Louise Rubeli et Henri Vigneau La plaine de Seedorf et ses bordures, en contrebas de Prez-vers-Noréaz, ont livré de nombreux sites archéologiques. Le plus ancien de ceux-ci est un habitat néolithique sur une ancienne rive du lac de Seedorf, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO 3 avec d’autres sites palafittiques européens, 2 et qui n’est pas menacé par le projet. En 1 2017, à la faveur de travaux de revitalisation du ruisseau du Palon, des traces d’occupation de l’âge du Bronze au Haut Moyen Âge ont été mises au jour le long des berges. Sur une terrasse dominant la plaine, enfin, au lieu-dit Maison Rouge, un vaste établissement rural d’époque romaine (villa rustica) a 1 km été partiellement détruit au XIXe siècle. 1. Maison Rouge 2. Le Palon 3. Zones ouest La future route de contournement de Prezvers-Noréaz traverse une partie de cette plaine riche en vestiges et une telle densité signalant d’anciens marais (voir fig. 1.1). Sur de trouvailles imposait de vérifier le poten- les pentes bordant cette cuvette tourbeuse tiel archéologique sur son tracé. De fin se répartissent les traces d’une présence novembre à mi-décembre 2019, une pre- humaine dès la Protohistoire, matérialisée mière campagne de sondages mécaniques par des fosses et des fossés ; une structure a s’est concentrée sur la portion orientale du été datée par radiocarbone de l’âge du tracé (2,5 km), entre le lieu-dit Maison Rouge Bronze ancien (vers 2200-2000 av. J.-C.). à l’est, et le ruisseau du Focho, au pied de Pour l’époque romaine, aucun bâtiment lié Prez-vers-Noréaz, à l’ouest (fig. 1). Sur les à la villa repérée au XIXe siècle n’est apparu 136 sondages réalisés, 82 étaient positifs dans les sondages. On ne compte que (environ 60 % de l’ensemble). quelques fragments de céramique épars et le radier d’une possible route, qui devait C’est une Maison Rouge longer la plaine depuis la villa, peut-être jusqu’au ruisseau du Palon. D’autres sondages ont livré des fosses et Sur le coteau exposé au nord, une terrasse des fossés, qui ne sont pas datés, faute de naturelle surplombe une dépression humide mobilier. Fig. / Abb. 1 Tracé de la route de contournement (en rouge), avec sa portion sondée en 2019 (en orange) et les périmètres archéologiques actuels (en bleu) Trassee der Umfahrungsstrasse (rot) mit Einzeichnung des 2019 sondierten Abschnitts (orange) und der aktuellen archäologischen Perimeter (blau) 19 Pour approfondir N. Peissard, Carte archéologique du canton de Fribourg, Fribourg 1941. E. Sauteur – H. Vigneau, « Le Palon, un ruisseau à la source de nombreuses découvertes », CAF 20, 2018, 22-23. Fig. / Abb. 2 Empierrement daté du Haut Moyen Âge (?) en bordure du Palon Frühmittelalterliche (?) Steinschüttung im Uferbereich des Palon Et au milieu coule un ruisseau quelque distance du ruisseau. Deux fosses datées de l’époque carolingienne (fin VIIIeXe siècle) s’ajoutent aux constructions sur Les indices d’occupation les plus importants poteaux du Haut Moyen Âge découvertes se concentrent autour du Palon, environ en 2017 près du Palon, moins d’une centaine 500 m plus à l’ouest (voir fig. 1.2). Ils s’ajoutent de mètres au sud-ouest. À cette occupation aux vestiges vus en 2017, au nombre des- importante, on peut associer un vaste quels figuraient notamment un tronçon de empierrement de nature indéterminée (fon- route romaine et éventuellement un gué plus dation de bâtiment, gué ?), documenté en ancien, qui pourrait remonter à l’époque de bordure immédiate du ruisseau (fig. 2). La Tène (450-50/30 av. J.-C.). Ironie du sort, la future route de contournement doit passer quelques dizaines de mètres seulement au Cap à l’ouest nord de ce secteur. C’est dans un chenal (ancien lit du ruis- En direction de l’ouest, la concentration de seau ?) que sont apparues les plus anciennes trouvailles diminue quelque peu (voir fig. 1.3). découvertes, qui s’étendent de la fin du Trois secteurs espacés d’une centaine de Néolithique (charbon daté par radiocar- mètres livrent des traces d’occupation pro- bone vers 2900-2600 av. J.-C.) jusqu’au tohistorique, dont un tesson de céramique Bronze récent (mobilier céramique, vers du Premier âge du Fer (800-480 av. J.-C.). 1300-1100 av. J.-C.). Le chenal sera comblé D’autres vestiges fugaces trouvés sous l’hu- au Bronze final, date à laquelle est implanté mus pourraient signaler des constructions un foyer (datation radiocarbone, vers 1000- récentes, qui restent à caractériser. 850 av. J.-C.). L’époque romaine, très discrète près du ruisseau, ne livre que quelques objets isolés. Par contre, une prospection au détecteur à métaux sur une parcelle adjacente a fourni Bilan : ce n’est qu’un début de nombreuses monnaies antiques, frappées Sur la base des résultats obtenus dans les entre la fin du IIIe et la fin du IVe siècle de sondages réalisés en 2019, ce ne sont pas notre ère. Cette concentration de trouvailles moins de 39 secteurs qui ont été définis de la fin de l’Antiquité, très rare à l’échelle du pour des fouilles préventives. Une seconde canton, reste difficile à interpréter : sont-elles campagne de sondages, prévue sur le tracé liées à l’utilisation de la voie romaine qui occidental de la route, nécessitera certaine- passait non loin ou signalent-elles un site ment d’y adjoindre d’autres zones à explo- particulier à proximité du Palon ? La question rer. Ainsi, les sites archéologiques de la ne peut être résolue pour l’instant. plaine du Palon, ou du moins leur mémoire, Au Haut Moyen Âge, des fosses et des épandages de charbon apparaissent à pourront être sauvegardés avant les futurs travaux. Coordonnées : 2 568 308 / 1 182 187 / 616 m 20 L’aqueduc de Bonne Fontaine : une nouvelle source d’informations Louise Rubeli Éléments indispensables au bon fonctionnement de la capitale helvète, les aqueducs qui permettaient d’alimenter les châteaux d’eau et les citernes de la ville romaine d’Aventicum/Avenches VD sont paradoxalement assez peu connus du monde scientifique. En effet, seules quelques observations ponctuelles effectuées durant le siècle dernier ont permis de retracer le parcours de certains d’entre eux et, dans les cas où l’ouvrage était bien conservé, d’en étudier les techniques de construction. L’étude publiée par C. Grezet en 2006 constitue la synthèse la plus récente relative à ces infrastructures hydrauliques. L’auteur, en croisant une multitude de données issues de fouilles, de prospections terrestres et aériennes, d’archives, etc., a tenté non seulement de reconstituer le tracé d’au moins six canalisations souterraines desservant la ville, mais également de mettre en évidence certaines de leurs caractéristiques architecturales. Une découverte prévisible La contribution du Service archéologique de l’État de Fribourg à cette thématique En août 2019, l’implantation d’un collecteur concerne principalement l’aqueduc de Bonne d’eaux pluviales à Montagny-la-Ville, au lieu- Fontaine, dont plusieurs tronçons ont été mis dit « Au Parchy », a suscité le plus grand inté- au jour lors d’investigations de terrain dans rêt du Service archéologique à juste titre : le la commune de Montagny, où la canalisation lieu est bien connu des archéologues, notam- prend sa source. En outre, depuis la synthèse ment grâce à la réalisation d’une intervention de 2006, deux interventions du Service similaire dans le secteur dix ans auparavant. archéologique, dont l’une réalisée en 2019, Lors de cette opération en 2009, un court ont permis de recouper derechef la conduite tronçon de l’aqueduc qui reliait la source de maçonnée, livrant ainsi de nouvelles connais- Bonne Fontaine, située dans la vallée de l’Ar- sances sur cet ouvrage hydraulique. bogne, à la ville antique d’Aventicum a été Fig. / Abb. 1 Segment de l’aqueduc découvert durant l’intervention de 2019 Der während der Intervention von 2019 entdeckte Abschnitt des Aquäduktes 21 documenté. Cette découverte a confirmé le chape de béton gris très solide, recouverte tracé de la conduite proposé par les cher- d’une couche de béton au tuileau. Cette pré- cheurs, soit le long de la courbe de niveau paration à base de chaux et de tuiles broyées des 500 m, en contrebas de la « ferme des était destinée à assurer l’étanchéité de l’ou- Parchys ». Par ailleurs, sa présence avait déjà vrage. Dans le même but, les bords du conduit été relevée en 1844 par le propriétaire du sont tapissés de plusieurs fines couches de domaine agricole. Ainsi, dans le cadre des tra- mortier de tuileau. Finalement, la couverture vaux prévus perpendiculairement à la pente de la canalisation est formée d’une voûte du terrain, à seulement 150 mètres de l’inter- semi-circulaire composée de claveaux en tuf vention de 2009, il ne faisait aucun doute que liés par du mortier blanc pulvérulent. Le soin la canalisation romaine serait à nouveau mise apporté à cette construction et les multiples au jour. matériaux mis en œuvre démontrent l’impor- À propos des aqueducs d’Avenches J.-P. Aubert, « Les aqueducs d’Aventicum », BPA 20, 1969, 23-36. C. Grezet, « Nouvelles recherches sur les aqueducs d’Aventicum », BPA 48, 2006, 49-105. J. Monnier, « Montagny-la-Ville/ Au Parchy », CAF 12, 2010, 168. tance accordée à cette infrastructure hydrau- Un ouvrage de précision L’aqueduc de Bonne Fontaine mesure plus de 16 km et constitue par conséquent le plus lique, dont le fonctionnement devait être garanti pour les habitants de la capitale. Une utilisation prolongée long aqueduc alimentant l’agglomération romaine. Bien qu’aucun élément permettant Malgré le manque d’informations chronolo- de dater la construction de cet imposant giques en lien avec cette canalisation, cer- ouvrage hydraulique ne nous soit parvenu, taines données archéologiques relatives à les chercheurs s’accordent à la mettre en sa durée d’utilisation ont pu être mises en lien avec l’octroi du statut de colonie à la évidence. On observe notamment des dépôts cité par l’Empereur Vespasien, à la fin du calcaires parfois volumineux (jusqu’à 17 cm Ier siècle de notre ère. d’épaisseur !) sur les parois et le fond du Le tronçon mis au jour en 2019 mesure envi- canal, manifestation du passage continu de ron 1,2 m de long (fig. 1). Implanté dans une l’eau dans le conduit. L’accumulation de tranchée d’au moins 1,8 m de profondeur et calcaire révèle une utilisation relativement de plus de 3 m de large à l’ouverture, il est longue, qui entraîne progressivement une exceptionnellement bien conservé et offre un montée du niveau d’eau jusqu’à la voûte, aperçu très complet de ses techniques de avant que le collecteur ne soit définitivement construction (fig. 2). Il se présente comme un bouché par divers dépôts de limons. De plus, canal maçonné reposant sur un épais radier les profils documentés en 2019 révèlent une de galets pris dans du mortier de chaux. Ses seconde tranchée qui suggère que la struc- deux piédroits, composés de cinq à six assises ture a été redégagée postérieurement à son de galets liés au mortier, mesurent environ implantation, peut-être en raison de travaux 0,6 m de hauteur. Son fond est constitué d’une d’entretien. Fig. / Abb. 2 Photogrammétrie du profil sud de l’aqueduc Photogrammetrische Aufnahme des Südprofils des Aquäduktes 0 1m Coordonnées : 2 565 579 / 1 185 015 / 498 m 22 Neu Forschungen zum römischen Tempelareal von Estavayer-le-Gibloux Michel Franz Das römische Tempelareal von Estavayer-leGibloux/Au Village war Gegenstand einer vom Amt für Archäologie des Kantons Freiburg unterstützten Masterarbeit an der Universität Bern. Im Folgenden werden die wichtigsten Erkenntnisse zur Chronologie und Besonderheiten der Fundstelle vorgestellt. Eine ausführlichere Vorlage der Strukturen sowie des reichhaltigen Fundmaterials ist in Arbeit. Sie gewährt Einblicke in einen von drei bislang bekannten gallorömischen Tempeln auf Kantonsgebiet und beleuchtet die nur lückenhaft dokumentierte römische Besiedlung im Glânetal. Das Tempelareal befand sich innerhalb oder in der Nähe des Wirtschaftsbereichs (pars rustica) eines römischen Gutshofs, dessen Hauptgebäude (pars urbana) rund 200 m nordwestlich, unter dem heutigen Dorf von Estavayer-le-Gibloux vermutet wird. Vom Hauptgebäude sind bislang der Badetrakt sowie eine im Anschluss an ein drei Nutzungsperioden. Wenige Münzen be- Bankett verfüllte Grube bekannt. legen eine im Befund nicht greifbare Verwendung des Areals bis in die 2. H. des 4. Jhs. n. Chronologische Entwicklung der Fundstelle Chr. Spärliche Keramikfragmente sowie Metallobjekte, etwa merowingerzeitliche Riemenenden, überliefern eine neuerliche Nutzung im Früh- und Hochmittelalter. Die wenigen verlagerten bronzezeitlichen Scherben sind mit einer vorrömischen Besiedlung auf einer Terrasse oberhalb der Fundstelle zu verknüpfen. Die Nutzung des Areals wird am Ende des 1. Jhs./Anfang des Erster Sakralbau mit Nebengebäude 2. Jhs. n. Chr. mit der Errichtung einer römi- Zu den ältesten römischen Strukturen zählen schen Sakralanlage erstmals fassbar. Diese zwei miteinander verbundene Gräben. Es durchläuft bis in die 1. H. des 3. Jhs. n. Chr. handelt sich vielleicht um Drainagen, die das Abb. / Fig. 1 Estavayer-le-Gibloux. Blick Richtung Südosten auf den Umgangstempel (unten im Bild) und das Nebengebäude (oben) Estavayer-le-Gibloux. Vue vers le sud-ouest sur le temple à déambulatoire (en bas sur l’image) et le bâtiment annexe (en haut) 23 leicht in Richtung Osten zur Schlucht des Ausblick Glèbes abfallende Gelände entwässern und das feuchte Gelände für eine Nutzung vor- Im Tempelareal von Estavayer-le-Gibloux bie- bereiten sollten. Gegen Ende des 1. Jhs./An- tet sich die seltene Möglichkeit, neben dem fang des 2. Jhs. n. Chr. wurde ein kleiner Sak- gallorömischen Umgangstempel auch dessen ralbau errichtet. Sein zentraler Raum (cella) Umfeld mit Altar, Kapelle und Nebengebäude (4 × 4 m), in dem die Götterstatue aufgestellt zu untersuchen. Hervorzuheben ist die Kombi- wurde, war mit einer Steinrollierung ausge- nation von Tempel und Nebengebäude. Auf- kleidet und befand sich leicht erhöht auf grund ihrer Standortkontinuität, ihrer räumli- einem kleinen quadratischen Podest aus chen Nähe zueinander sowie der ähnlich Stein und Kies (6 × 7 m). Die dazugehörigen, bleibenden Ausstattung der aufeinanderfol- wohl aus vergänglichen Materialien erbau- genden Nebengebäude (Feuerstellen, grosser ten Mauern haben sich nicht erhalten. Raum und Portikus) scheinen die beiden Bau- Zu einem nicht näher bestimmbaren Zeit- ten eine funktionelle Einheit zu bilden. Gut zu wissen Manche Besucher/innen des Tempels deponierten in Gefässen aus Keramik und Glas Speiseund Trinkgaben. Ein bruchstückhaft erhaltenes Graffiti auf einer bemalten Keramikflasche teilt mit, dass eine Gottheit mit Anfangsbuchstaben «P» verehrt worden ist. Infrage kommen Pomona (Wachstum der Früchte), Persepone (Getreidewachstum) oder Pales (Schutz der Hirten und Herden), die mit ihren Attributen gut in den Kontext dieser ländlichen Siedlung passen. punkt im 2. Jh. n. Chr. wurde 6 m südöstlich des Tempels ein dreiräumiges Nebengebäude erbaut (9 × 10 m). Es besteht aus einem grossen Raum mit Feuerstelle, an den im Westen und Süden zwei Säulengänge (Portiken) anschliessen. Unterhalb der vorbereitend zum Bau des Nebengebäudes eingebrachten Planien existieren spärliche Siedlungsreste (Brandspuren auf einer Molasseplatte, Pfostenlöcher, römische Keramik). Sie gehören entweder zu einer älteren Gebäudephase oder zu einem ansonsten nicht weiter fassbaren Vorgängerbau. Ausbau der Sakralanlage Gegen Ende des 2. Jhs. n. Chr. wurde der ältere Sakralbau durch einen nach Osten ausgerichteten Umgangstempel mit peripheren Pfosten/ Säulenbasen (10 × 10 m) ersetzt. Zu einem ähnlichen Zeitpunkt erfolgte auch der Neubau des bestehenden Nebengebäudes (Abb. 1). Der grössere Nachfolgebau (12 × 14,5 m) führte Standort und Ausrichtung seines Vorgängers Die Funde, darunter umfangreiche Kera- weiter. Er bestand aus einem grossen Saal, mik-, Glas- und Münzensembles, Deponie- zwei kleineren Räumen im Osten und einem rungen ausgewählter Keramik- und Glasge- nach Norden gerichteten Portikus. Zwei Räume fässe (Abb. 3), Manipulation sowie Graffiti enthielten Feuerstellen. an Gefässen und weitere Einzelfunde zeigen Das terrassierte Tempelareal wurde von ein Repertoire, wie es in Zusammenhang mit Nordosten her durch einen Kiesweg erschlos- einem Kultort angetroffen wird. Es erlaubt sen, der an der Ostseite des Tempels endete damit interessante Einblicke in die damalige und von wo aus eine Steintreppe auf den ab- religiöse Praxis. Abb. / Fig. 2 Die in sechs Teile zerbrochene Altarbasis aus Molasseplatten Base d’autel en dalles de molasse brisée en six morceaux gehobenen Umgang führte. Vor der Ostseite des Tempels und vor der Portikus des Nebengebäudes lag ein kleiner Vorplatz. Darauf haben sich die zentral positionierte Altarbasis aus Molasseplatten (2 × 1,4 m) sowie Reste einer Platzbefestigung aus Kies erhalten (Abb. 2). Westlich des Tempels wurde die An- 0 10 cm Abb. / Fig. 3 Unmittelbar in der Nähe des Tempels deponierte Keramikgefässe Récipients en céramique déposés à proximité immédiate du temple lage mit einer kleinen Kapelle (2 × 3 m) ergänzt. Ob der Sakralbereich durch einen Zaun oder eine Mauer (temenos) abgetrennt war, lässt sich momentan nicht beurteilen. Koordinaten: 2 568 510 / 1 174 545 / 695 m ü. M. 24 Un abri sous falaise en plein cœur de Fribourg Léonard Kramer • Michel Mauvilly L’abri sous roche de la Maigrauge, niché au pied de la grande falaise de molasse qui surplombe le barrage hydroélectrique du lac de Pérolles, a livré des traces d’occupations remontant au Moyen Âge. Situé à quelques centaines de mètres de l’actuel bâtiment du Service archéologique de l’État de Fribourg, ce n’est qu’en 2013 qu’il fut découvert par L. Bender et Y. Bourqui, deux archéologues passionnés. En raison de sa taille, il s’agit indéniablement de l’un des plus beaux exemplaires du canton. L’abri dispose en effet d’une surface protégée sur plus de 150 m de longueur pour une profondeur maximale de 6 m. De plus, son exposition au sud-ouest offre un ensoleillement idéal, il est peu soumis aux vents violents et son accès depuis les rives de la Sarine est aisé. Au vu de ces caractéristiques engageantes et dans le but d’évaluer le potentiel archéologique de cette se mélanger. Il s’agit d’une part de maté- cavité, une série de carottages y a été réali- riaux désolidarisés de la paroi de molasse sée en 2015. Cette première intervention du par l’action des agents climatiques (vent, Service archéologique a mis en évidence plu- gel-dégel, pluie, ruissellement), et d’autre sieurs niveaux anthropisés au sein d’une part de sédiments meubles provenant du séquence sédimentaire de plus de 2 m de sommet de la falaise. puissance. Afin de mieux définir la nature des vestiges, un sondage de 4 m2 a été ouvert et fouillé jusqu’à sa base en mars 2019. Cette intervention a permis d’observer plusieurs couches archéologiques et de livrer un certain nombre d’informations sur la dynamique Chronique sédimentaire d’un abri occupé tout au long du Moyen Âge sédimentaire du lieu. Dans cette zone explorée de l’abri, le rem- L’une des caractéristiques des abris sous plissage est le fruit de deux apports princi- falaise de molasse est une importante sédi- paux de sédiments, qui vont s’intercaler et mentation, résultant de la grande fragilité Fig / Abb. 1 Vue du foyer appartenant au Xe s. apr. J.-C. Blick auf die Feuerstelle aus dem 10. Jahrhundert n.Chr. 25 VIIe s. apr. J.-C. Xe s. apr. J.-C. XVIe s. apr. J.-C. de la roche. Les traces d’activités humaines des travaux de déboisement de la colline de sont ainsi plus ou moins rapidement recou- la Lorette. Ce défrichage a indéniablement vertes et protégées. À la fouille, elles se dis- déstabilisé le terrain, provoqué une érosion tinguent et se différencient ainsi facilement des sols et entraîné les sédiments en contre- au sein de la stratigraphie. bas, dans l’abri. Cet épisode est certaine- S’il est probable qu’un porche semblable ment à mettre en relation avec les besoins à l’actuel existait anciennement dans l’abri en bois et en nouvelles terres résultant du de la Maigrauge, c’est le pied de la paroi, développement de la ville de Fribourg à par- en raison de sa nature très pentue et tir du XIIe siècle. humide, qui a très probablement découragé Au sommet de ce puissant dépôt, une toute tentative d’occupation du lieu avant le petite structure à vocation artisanale a été VIe s. apr. J.-C. La situation va changer avec partiellement fouillée. Les deux petits frag- l’éboulement de gros blocs de molasse à la ments de verre bleuté qui proviennent de ce base de la falaise, qui vont dès lors modifier niveau pourraient être en lien avec des acti- la dynamique de sédimentation et per- vités de verrerie. La présence d’une monnaie mettre un dépôt horizontal des couches. Cet et d’un jeton de compte remontant à la fin événement va rendre le lieu plus hospitalier du XVe ou au XVIe s. apr. J.-C. permet de caler et fréquentable pour les populations du chronologiquement ces traces à la toute fin Haut Moyen Âge. du Moyen Âge. Des vestiges plus récents, XXIe s. apr. J.-C. Fig. / Abb. 2 Evolution schématique de la dynamique sédimentaire du site de Fribourg/Abri de la Maigrauge au niveau du sondage Schematische Darstellung der Entwicklung der Sedimentdynamik an der Fundstelle Fribourg/Abri de la Maigrauge matérialisés par de grands foyers, occupent L’occupation la plus ancienne est relative- le haut de la stratigraphie. Ils sont probable- ment discrète et matérialisée uniquement par ment contemporains de la construction du quelques charbons de bois. Une datation 14C barrage au XIXe siècle. indique qu’elle remonte à la fin du VI siècle e ou à la première moitié du VIIe siècle. Elle est Si l’objectif initial de cette intervention était donc contemporaine de la nécropole méro- de mettre au jour des indices d’installations vingienne de Fribourg/Pérolles sise juste de pré- et protohistoriques, force est de consta- l’autre côté de la Sarine. ter qu’une occupation de l’endroit n’était Après une phase d’abandon de plusieurs pas possible à ces périodes anciennes. Ce siècles, l’abri est à nouveau fréquenté au n’est manifestement qu’à partir de la fin du cours du X siècle. Une grande structure VIe siècle de notre ère que cet abri offrait les e foyère contenant des ossements brûlés ren- conditions requises et satisfaisantes pour voyant à des pratiques domestiques y a été des occupations humaines (fig. 2). La fré- mise au jour (fig. 1). Ces vestiges, également quentation de cet abri apporte un éclairage datés par radiocarbone, sont scellés par une nouveau sur l’occupation de Fribourg avant couche d’une épaisseur de plus d’un mètre, la fondation de la ville (1157) et de l’abbaye constituée de colluvions provenant majori- de la Maigrauge (1255). Elle confirme qu’une tairement du sommet de la paroi. Ce dépôt, population était déjà bien implantée dans compact et massif, est probablement lié à la région dès les prémices du Moyen Âge. Coordonnées : 2 579 180 / 1 183 250 / 600 m 26 Le moulin d’Hauterive : un monument oublié ! Aude-Line Pradervand Le Service archéologique intervient régulièrement à l’abbaye d’Hauterive, lorsque des projets de restauration sont entrepris sur le site ; si les études ont apporté une meilleure compréhension des bâtiments conventuels, rares sont toutefois les chantiers qui nous ont permis d’élargir nos connaissances aux édifices annexes situés à l’intérieur de la clôture monastique. L’occasion s’y est prêtée en automne 2019, lorsque le moulin d’Hauterive a été assaini et recrépi sur les parties inférieures de ses façades (fig. 1). Témoin monumental d’une activité conventuelle passée, il constitue parallèlement au canal, mais moins avancée l’un des rares exemples de ce type encore qu’aujourd’hui. Les roues à aube, dont plu- conservés en Suisse et met en lumière à la sieurs pannes ont été mises au jour sous le fois les besoins, les ressources et les infras- plancher du rez-de-chaussée, étaient fixées tructures de l’abbaye. contre ce mur sud. Le bâtiment d’origine mesurait 21 m de longueur d’est en ouest Un bien d’exception d’après les corniches de rives conservées et était plus étroit dans sa largeur que les 16,8 m visibles aujourd’hui. Le rez-de-chaus- Cet édifice rectangulaire, le seul localisé à sée, actuellement semi-enterré, était éclairé l’est du jardin du couvent jusqu’à la fin du par des fenêtres étroites largement chanfrei- XVIIe siècle, est positionné à une cinquan- nées, qui révèlent un niveau de circulation taine de mètres de la rive ouest de la Sarine. dans le jardin plus bas qu’il ne l’est actuelle- Son emplacement a été dicté par l’aména- ment. L’édifice se développait sur un étage gement d’un canal en tuf qui divisait le cours jusqu’au milieu du XVIIe siècle au plus tard, de la rivière. Passant sous l’aile sud de l’ab- pour être ensuite rehaussé d’un deuxième baye, ce bief permettait l’évacuation des niveau. Le soin apporté au bâtiment confirme eaux usées et alimentait ensuite, à ciel son importance tout au long de la période ouvert, les roues à aube du moulin, avant moderne. Les façades et parois des étages que l’eau ne regagne son lit. sont crépies et pourvues de larges ouver- Le moulin, construit à la fin du XIIIe siècle tures ornées d’un décor en faux appareil par- probablement, avait sa façade sud placée fois souligné d’un bandeau à rinceaux. À la Fig. / Abb. 1 Orthophoto de la façade nord du moulin avec les vestiges du four extérieur au rez-de-chaussée Orthofoto der Nordfassade der Mühle mit den Resten des aussenseitigen Backofens im Untergeschoss 27 fin du XVIIIe siècle, une campagne de travaux accomplies par les frères convers, chargés de grande envergure a été menée par l’abbé principalement des travaux domestiques de Bernard-Emmanuel de Lenzbourg. À cette l’abbaye. Ils étaient en nombre presque occasion, les façades ont été uniformisées et égal avec les moines dits « de chœur » for- les armes de l’abbé peintes au nord (fig. 2) et més aux ordres sacrés. La situation apparaît au sud, où la façade a été déplacée. différente aux XIVe et XVe siècles, lorsque la communauté religieuse diminue tandis que Reflet d’une activité agricole de qualité La farine produite à Hauterive était employée les problèmes économiques augmentent. Les Cisterciens cèdent alors certaines propriétés en affermage, mais on ne sait pas si la production était toujours amenée au moulin pour être transformée. directement sur place pour la fabrication du pain, l’un des composants principaux du repas monastique selon la Règle de saint Benoît. Les restes de deux fours découverts dans la façade nord du moulin, entre le rez-de-chaus- Une catastrophe gardée en mémoire sée et le premier étage, le confirment. La cuis- Au-delà de cette histoire séculaire, l’analyse son se faisait à l’extérieur, probablement abri- du moulin a également révélé des événe- tée par une annexe dont on a seulement ments ponctuels. L’un d’entre eux, lu sur le retrouvé le mur de refend. Cette fabrication a montant gravé de l’une des portes de l’édi- ensuite été reléguée à l’intérieur de l’édifice au fice, se réfère au niveau d’eau atteint au rez- plus tard en 1768, comme le prouve la date ins- de-chaussée par une crue de la Sarine le crite sur le linteau de la bouche en molasse 9 février 1711 (fig. 3). Sans qu’il soit possible d’un four adossé à la paroi nord. de quantifier les dégâts occasionnés à cette Ces premiers constats n’ont fait que rele- date, les éventuelles pertes de céréales ont ver le potentiel archéologique de ce bâti- dû péjorer à la fois les ressources alimen- ment extrêmement intéressant, car faisant taires de la communauté et le rendement partie intégrante du système de production économique de leurs terres ainsi que de agricole de la communauté. En 1200, on leurs richesses. L’édifice est donc loin de peut supposer que ces tâches étaient plutôt nous avoir livré tous ses secrets. Pour approfondir L’idéal d’autarcie prôné par les Cisterciens a encouragé un développement de production performant au sein des abbayes ayant donné lieu à des grandes améliorations des techniques agricoles. Pour des informations complémentaires à ce sujet : E. Tremp, « Les kolkhozes des cisterciens », Pro Fribourg 155, 2007, 13-16. E. Tremp, Les moines blancs en Nuithonie : le rôle économique et religieux de l’abbaye d’Hauterive au Moyen Âge, [Grangeneuve 2015] (https://www.abbaye-hauterive.ch/ fileadmin/user_upload/Documents/ AbbayeHauterive/WWW/Editors/ fichiers-pdf/FR_Hauterive_Rôle_ Script.pdf, consulté le 14.06.2020. Fig. / Abb. 2 Détail des armes de l’abbé Bernard-Emmanuel de Lenzbourg Detail des Wappens des Abtes Bernhard Emanuel von Lenzburg Fig. / Abb. 3 Inscription en allemand, gravée sur le montant d’une porte, témoignant du niveau atteint par une crue en 1711 Eine auf einem Türpfosten eingravierte deutsche Inschrift, die das Niveau eines Hochwassers im Jahre 1711 anzeigt Coordonnées : 2 575 595 / 1 179 246 / 575 m 28 Chauds, chauds les fours à chaux Romain Pilloud La découverte successive de trois fosses de combustion de type fours à chaux ou chaufours dans le canton de Fribourg a marqué l’hiver 2019/2020. Ces aménagements ont été repérés lors de suivis de chantier et, pour ceux de Corbières et de Tentlingen, hors de périmètres archéologiques recensés. On retrouve généralement ces structures dans d’anciens lieux habités (par exemple à l’emplacement de villae gallo-romaines), ou des espaces relativement isolés, ce qui semble être le cas pour ces trois fours. Connus depuis l’époque gallo-romaine, ces fours étaient utilisés pour brûler du calcaire à une température d’environ 1000° C et obtenir des pierres à la surface pulvérulente, la chaux vive, que l’on immergeait ensuite dans l’eau pour la transformer en une pâte, la chaux éteinte ; cette pâte était rubéfiée (fig. 1). Les premières observations enfin mêlée à divers agrégats (sable, gra- ont rapidement permis de distinguer un viers, etc.) pour fabriquer des enduits et des empierrement quadrangulaire sur lequel mortiers. reposait probablement l’élévation du four, doublé d’un agencement circulaire à l’inté- Corbières, Remaufens et Tentlingen rieur. Cette forme atypique mérite d’être signalée, sachant que ce type de structure est généralement arrondie. La fosse de la chambre de chauffe, manifestement circu- La présence des restes d’un four à chaux sur laire, était chemisée d’un parement en le chantier non préavisé d’un immeuble pierres sèches hétérométriques et chauffées locatif à Corbières nous a été signalée par à cœur. La rubéfaction rouge orangé à D. Pillonel, que nous tenons à remercier cha- pourpre du sédiment argileux encaissant leureusement. À notre arrivée, l’extrémité ainsi que la vitrification à la base de la fosse orientale de la structure avait déjà été per- témoignent d’une intense chaleur dans le turbée par la pelle mécanique, laissant four. Sous la chambre foyère, un négatif apparaître le profil d’une fosse en cuvette de poteau avec pierre de calage atteste Fig. / Abb. 1 Four à chaux de Corbières avec, à sa base, un calage de poteau destiné à soutenir le cintre de la voûte Kalkofen von Corbières: An dessen Sohle ist die Steinverkeilung eines Pfostens zu sehen, der die Schalung des Gewölbes trug 29 Pour les spécialistes Deux fours ont fait l'objet de datations radiocarbones : Remaufens (Ua-66360) : 132 ± 28 BP, 1682-1936 AD cal. 1 sigma, 1676-1941 AD cal. 2 sigma Tentlingen (Ua-66359) : 231 ± 28 BP, 1647-1796 AD cal. 1 sigma, 1638-1949 AD cal. 2 sigma Fig. / Abb. 2 Partie conservée du four à chaux de Remaufens avec son niveau de charbon à la base Reste des Kalkofens von Remaufens mit Holzkohleniveau an der Sohle l’existence d’un étayage certainement des- chaleur. Les importantes dimensions de ce tiné à soutenir le cintre de la voûte. chaufour en font une construction nettement Un niveau de mortier de chaux identifié au plus imposante que les deux précédentes. fond de la structure suggère que les chaufourniers ont procédé à un nettoyage de la chambre, afin d’accomplir sur place toutes les Contexte et datation étapes de la transformation de la chaux vive en mortier ; ceci permet d’expliquer l’absence Ces trois structures, très analogues d’un de chaux pulvérulente et de paillettes de char- point de vue architectural, sont à classer bon dans le comblement de la structure. Une parmi les fours dits « périodiques à longue petite fosse contenant de nombreux nodules flamme, semi-enterrés avec appel d’air à mi- de terre cuite, localisée à proximité du four à hauteur ». Bien que cette catégorie de chau- chaux, a probablement servi à l’extraction de four fût déjà connue au Bas Moyen Âge, elle l’argile habituellement utilisée pour combler la est plus représentative de l’époque moderne, gueule en fin de cuisson. hypothèse confirmée par les datations radiocarbone des vestiges de Remaufens et de Un autre four à chaux a été mis au jour sur le Tentlingen, qui placent les découvertes entre chantier de construction d’un regroupement les XVIIe et XXe siècles. de villas à Remaufens (fig. 2). De forme circulaire et bordé par la rubéfaction du sédi- Contrairement à ce qui a pu être observé ment encaissant, il était également paré dans le Jura, où le regroupement de plu- d’un chemisage de petits blocs anguleux sieurs fours à chaux dans des zones riches brûlés ; sa chambre de chauffe, en partie en calcaire n’est pas rare, le territoire fri- arasée, contenait encore, à la base, des bourgeois n’a pour l’heure livré que des traces du foyer et des résidus de chaux sous structures qui paraissent relativement iso- forme pulvérulente, ce qui prouve que, lées. Le lieu d’implantation des chaufours contrairement à celui de Corbières, il a été de Corbières, Remaufens et Tentlingen n’est utilisé uniquement pour produire de la chaux manifestement pas lié à une volonté de pro- et non pas du mortier. duction industrielle de chaux – les bancs Fig. / Abb. 3 Niveau d’apparition de la fosse circulaire du chaufour de Tentlingen Erscheinungsniveau der runden Grube des Kalkofens von Tentlingen de calcaire les plus proches se situent à Une troisième anomalie sédimentaire circu- quelque trois kilomètres de distance –, mais laire avec rubéfaction est apparue sous le plutôt à un besoin précis en chaux dans le pavement d’une route à l’extrémité méridio- cadre de la construction ou de la restaura- nale de la commune de Tentlingen (fig. 3). tion d’un bâtiment en particulier, ce que Malheureusement, la complexité du chantier confirme l’exemplaire de Corbières, dans n’a autorisé qu’un dégagement partiel du lequel s’est déroulé tout le processus de comblement de la structure. Nos observa- fabrication du mortier. La présence d’un tions ont tout de même permis de distinguer ruisseau à proximité de chacun des fours une fosse parée d’un chemisage encroûté s’explique par la nécessité de disposer de chaux, conséquence d’une très forte d’eau pour éteindre la chaux. Coordonnées : Corbières/Route du Vanel : 2 574 459 / 1 167 584 / 720 m Remaufens/Route du Crage 10 : 2 556 970 / 1 152 860 / 770 m Tentlingen/Nesslera : 2 581 229 / 1 178 127 / 684 m ÉTUDES I AUSWERTUNGEN CAF 22/2020 Études 32 Jean-Christophe Castel avec la collaboration de Michel Mauvilly La faune mésolithique de l’abri d’Arconciel/ La Souche : archéozoologie des ensembles V et VI Avec l’étude archéozoologique des ensembles V et VI d’Arconciel/ La Souche, nous disposons désormais d’un panorama complet sur l’économie mésolithique pratiquée dans l’abri, depuis le choix du gibier jusqu’aux modalités des exploitations alimentaire et technique. Mit der archäozoologischen Auswertung der Ensemble V und VI von Arconciel/La Souche besitzen wir nun einen umfassenden Überblick über die mesolithische Wirtschaftsweise, die im Abri praktiziert wurde, von der Auswahl des Wildes bis zur Art und Weise der Verwertung. Arconciel/La Souche 33 Le programme de recherche L’abri d’Arconciel/La Souche1, localisé au pied des Préalpes et lové dans un méandre de la Sarine (fig. 1), a fait l’objet entre 2003 Berne et 2012 d’une fouille programmée de sauvetage. Ces investigations ont permis d’observer des niveaux archéologiques du Mésolithique dilatés sur près de 3 m de hauteur. Couvrant environ 2500 ans (de 7300/7200 à 4900/4800 av. J.-C.), soit la fin du Premier Mésolithique, l’intégralité du Second Mésolithique et l’aube du Néolithique, cette importante accumulation de dépôts atteste une fréquentation plutôt régulière du site 0 100 km durant toutes ces périodes2. Fig. 1 Localisation de l’abri d’Arconciel/La Souche Bien qu’elles n’aient porté que sur une partie de la surface totale de l’abri, les confrontées à celles des niveaux supérieurs dix campagnes de fouille effectuées ont déjà disponibles5, fourniront les bases d’une permis de récolter près de 67 000 artefacts réflexion globale sur l’exploitation du monde lithiques (déchets de taille compris), plus animal dans le cadre de l’ouvrage de syn- de 575 000 restes fauniques, soit près thèse qui devrait clôturer l’étude du site6. de 200 kg, un remarquable outillage en matières dures animales (harpons, biseaux, pointes) et des éléments de parure (craches Brève présentation du site de cerf et coquillages marins perforés). Ces découvertes en font l’un des assemblages L’abri de la Souche s’ouvre au pied d’une les plus importants et les plus diversifiés de importante falaise de molasse (fig. 2), sur le la culture matérielle des derniers chasseurs- versant oriental du canyon de la Sarine qui cueilleurs de la Préhistoire régionale. prend sa source dans les Alpes valaisannes Un programme d’études interdisciplinaire, pour se jeter dans l’Aar, une trentaine de mené conjointement par le Service archéolo- kilomètres en aval du site (voir fig. 1). Cet gique de l’État de Fribourg, les Universités de abri naturel, largement ouvert au sud-ouest, Strasbourg, Neuchâtel et Zurich, le Fonds a été de tout temps aisément accessible, la national suisse pour la recherche scientifique, proximité immédiate de la rivière ajoutant à le Muséum d’histoire naturelle de la ville de l’attractivité du lieu 7. Genève et l’Institut de préhistoire et des Dans sa configuration actuelle, l’auvent se sciences de l’archéologie de Bâle, a rapide- développe sur une cinquantaine de mètres ment débuté dès la fin des travaux de terrain. de longueur et offre environ 200 m2 de sur- Deux thèses de doctorat, l’une portant sur les face plus ou moins bien abritée des intem- industries lithiques3 et l’autre sur la faune des péries, mais compte tenu de sa profondeur niveaux supérieurs4, ont été soutenues récem- oscillant entre 0,5 et 6 m, l’abri procure un ment ; une troisième sur la tracéologie d’une espace de vie véritablement confortable qui partie de l’industrie lithique est en cours, tan- n’excède guère la moitié de son étendue. dis que la publication des travaux des diffé- La fouille n’a porté que sur une aire trian- rents spécialistes (carpologie, sédimentologie, gulaire d’une quarantaine de mètres carrés, outillage en matières dures d’origine animale, correspondant à l’extrémité nord-ouest de etc.) devrait prochainement voir le jour. l’abri. L’objectif des recherches était de documenter au mieux, avant leur destruction 1 Coordonnées : 2 575 200 / 1 178 950 / 582 m. 2 Mauvilly et al. 2004 ; Mauvilly et al. 2008 ; Mauvilly 2018. 3 Bassin 2018 et Bassin 2020. 4 Guidez 2018. Afin de disposer d’un panorama le plus com- prévisible à moyen terme par l’érosion, les plet possible des espèces découvertes à horizons archéologiques identifiés dans 5 Guidez 2018. Arconciel/La Souche, l’option fut prise de cette partie du site. Les données engrangées publier ici les principaux résultats de l’étude devraient permettre d’alimenter une réflexion des niveaux inférieurs, qui a porté sur un peu d’ensemble sur la fin des derniers groupes de plus de 95 % des 144 347 restes de faune chasseurs-cueilleurs et sur le processus de 6 Guidez/Castel à paraître. Nous tenons à remercier très chaleureusement M. Ruffieux pour son travail de relecture et B. Bär pour la traduction du résumé en allemand. issus des ensembles V et VI. Ces données, néolithisation du Plateau romand. 7 Mauvilly et al. 2008. CAF 22/2020 Études 34 9 8 7 6 5 4 3 Il s’agit de l’ensemble le plus ancien Q 4 actuellement reconnu dans l’abri. Relati- P vement bien calé chronologiquement entre 7200/7100 et 6600/6500 av. J.-C., il n’a O 3b 3B été exploré de manière exhaustive que sur N une dizaine de mètres carrés. Les éléments archéologiques recensés sont en fait inter- M 3A 3A calés dans des séquences d’origine princi- L palement alluviale atteignant un peu plus d’un mètre de hauteur. K Au sein de cet ensemble, dont les niveaux J ont été passablement lessivés par la Sarine, on peut distinguer : H 2 – un sous-ensemble inférieur correspondant G surtout à des horizons archéologiques forN F més de fins liserés grisâtres (couches 9B, 9C et 9D) (voir fig. 3), au pendage plus ou 1B 1B E moins marqué, enrichis en paillettes de D 0 1m 1A 1A L’ensemble archéologique VI C charbon de bois, qui ont livré un mobilier peu abondant (restes fauniques et artefacts lithiques) ainsi que deux foyers pas- B E S sablement délavés. Une série de quatre N W datations radiocarbone place ce sous- Fig. 2 Plan de la partie explorée de l’abri, les ensembles archéologiques V et VI n’ont été fouillés que dans la zone en bleu. La paroi molassique est représentée en vert ensemble entre 7100 et 6700 av. J.-C. ; – un sous-ensemble supérieur, chronologiquement calé entre 6700 et 6500 av. J.-C. et correspondant à la couche 5, dans Vers le début du V millénaire av. J.-C., laquelle des « épandages » d’artefacts une partie du plafond molassique de l’abri lithiques pris dans des matrices silteuses s’est détachée. Le gros bloc qui s’est fissuré alluviales (couches 5, 5AS) ont été obser- et partiellement disloqué a ensuite, de par vés ; ils se sont déposés sur le premier son volume de plusieurs mètres cubes, niveau d’effondrement issu du plafond de considérablement réduit l’espace habi- l’abri. Quelques structures foyères ont pu table8. Cet événement explique certaine- lui être associées. ment la désaffection progressive de l’abri Bien que l’industrie lithique de cet constatée après 5000/4850 av. J.-C., et sur- ensemble soit peu abondante et que les tout l’absence totale de témoins archéolo- marqueurs typo-chronologiques soient qua- giques datant du Néolithique et des Âges siment absents au sein de l’outillage, les des métaux. dates radiocarbone permettent de l’attri- e buer à la fin du Premier Mésolithique. En effet, alors que le débitage semble claire- Cadre chrono-culturel de l’étude de la faune des niveaux inférieurs 8 Entre les premières et les dernières fréquentations mésolithiques de l’abri, plusieurs effondrements plus ou moins importants du plafond de l’abri ont eu lieu (voir Mauvilly 2018). 9 Mauvilly et al. 2008. 10 Bassin 2018. ment orienté vers la production d’éclats et que la seule armature microlithique identifiée correspond à une pièce à dos caractéristique des assemblages du Premier Mésoli- Sur la base des données de fouille, tant sédi- thique, un certain nombre de traits distinctifs mentaires (ruptures, hiatus, niveaux d’effon- du Second Mésolithique, comme la produc- drement, etc.) qu’archéologiques (foyers tion de supports lamellaires réguliers, les structurés, dallages, chapes de cendres, trapèzes ou les lamelles à retouches laté- répartition, distribution et remontages du rales irrégulières, font défaut10. mobilier, etc.), six ensembles archéo- Les données actuellement disponibles sédimentaires numérotés de I à VI ont été (morphologie des dépôts et étude des arte- individualisés (fig. 3). Dans le cadre de la facts lithiques) suggèrent des fréquenta- présente étude, nous nous intéresserons uni- tions de l’abri brèves et probablement peu quement à la faune des niveaux V et VI, nombreuses (une demi-douzaine tout au datés entre 7200/7100 et 6200 av. J.-C. . plus ?) durant cette phase de comblement. 9 Arconciel/La Souche 35 C3S C4 C 5/AS C5S C6 C7 C8 C9 C 10 Fig. 3 Les ensembles V (couches 3S et 4) et VI (couches 5/AS à 9) au niveau de la ligne 515 La Sarine présente parfois les caractéris- provenant du plafond. Une série de cinq tiques d’un cours d’eau torrentiel qui a pu dates radiocarbone confrontée à celles des entraîner des crues destructrices, rendant la niveaux sus- et sous-jacents place cet fréquentation du site risquée durant ces épi- ensemble entre 6600/6500 et 6200 av. J.-C., sodes. Les témoins des activités anthro- soit sur une durée d’environ trois siècles. Plus piques y sont d’ailleurs relativement fugaces : précisément et d’après une modélisation quelques structures de combustion, de rares bayésienne11, il commencerait à se mettre en restes osseux mal conservés et une petite place vers 6605/6488 av. J.-C. avec une pro- série d’artefacts en roches siliceuses. Les babilité de 95 % (6577/6513 av. J.-C. à 68 %). vestiges lithiques généralement de bonnes En fait, le début de cette séquence coïn- dimensions reposant sur la partie supérieure cide manifestement avec le moment où les de cet ensemble confirment clairement un inondations de la Sarine n’ont plus affecté lessivage des couches, voire un abandon de l’abri. Les chasseurs-cueilleurs mésolithiques la cavité suite à l’un des derniers épisodes en ont alors profité pour investir le site de de crue de la rivière. La fin de cette phase, manière plus récurrente. Ce changement de sous forte influence de la dynamique fluvia- comportement se traduit, au niveau strati- tile, coïncide en outre plus ou moins avec un graphique, par une accumulation de dépôts effondrement important de la voûte. D’un interstratifiés d’une très grande complexité point de vue sédimentaire, cette première et cela sur quasiment la totalité de la hau- étape de comblement de l’abri semble teur des séquences archéologiques (voir devoir s’étendre sur un demi-millénaire, avec fig. 3). Ce « millefeuille » – ou parfois ces « mil- probablement des hiatus et des rythmes de lefeuilles » emboîtés – avec alternance qua- mise en place des couches très irréguliers. siment ininterrompue de couches à forte influence anthropique (fins horizons char- L’ensemble archéologique V bonneux, cendreux et/ou rubéfiés) et de Cet ensemble correspond principalement à la séquences sableuses correspondant à la couche 4. Se développant sur une trentaine reprise des processus naturels de sédimen- de centimètres d’épaisseur, il est scellé dans tation par ruissellement et gravitation, a livré sa partie supérieure par la couche 3S, à savoir un très riche mobilier archéologique. un sable molassique verdâtre, exempt de ves- Les restes fauniques y sont en effet très tiges archéologiques, résultat de la pulvéri- abondants et l’outillage en matières dures sation sous l’effet des agents atmosphé- d’origine animale, avec une série de pointes, riques d’un bloc d’effondrement peu épais de biseaux et de multiples déchets de 11 La modélisation a été réalisée par A. Denaire, que nous remercions chaleureusement. CAF 22/2020 Études 36 fabrication, est bien représenté. L’une des plus Nous avons créé deux bases de données : belles pièces de cette industrie est un harpon – la base principale regroupe deux catégo- façonné dans du bois de cerf, tandis que la ries de vestiges : ceux enregistrés indivi- parure réalisée avec quatre craches de cerf duellement lors de leur dégagement (qu’ils perforées et au moins huit coquillages de type soient déterminables ou non), et ceux isolés Columbella rustica n’est pas en reste. Concer- au sein des lots récoltés en vrac ou lors du nant l’industrie lithique, les témoins d’activités tamisage, qui sont déterminables, poten- de débitage sont très nombreux. L’outillage tiellement déterminables dans le cadre lithique, bien attesté, est dominé par les grat- d’une analyse très spécialisée ou remar- toirs et les armatures de traits, occurrences qui quables d’un point de vue taphonomique ; deviendront récurrentes dans les ensembles – la base secondaire correspond aux ves- supérieurs. À noter dans cet ensemble l’appa- tiges récoltés en vrac ou lors du tamisage rition des premiers trapèzes et des lamelles qui ne sont pas déterminables. à encoches. Globalement, si certains traits L’examen des lots ramassés lors du tami- évoquent encore les traditions du Premier sage a permis d’isoler un grand nombre de Mésolithique, le style de débitage plus orienté restes (NR) déterminables qui n’avaient pas vers la production de supports lamellaires et été repérés lors de la fouille. Ce sont géné- l’apparition d’une nouvelle gamme d’outils ralement de petits fragments d’os qui ne annoncent clairement le souffle des nouveaux sont identifiables que par des archéozoolo- concepts techno-culturels véhiculés au Second gues. En outre, cette étape a révélé une Mésolithique, à partir de 6500 av. J.-C. quantité significative de vestiges de micro- Contrairement à ce qui a été observé pour faune et de poissons14 ainsi qu’une centaine l’ensemble VI, les populations mésolithiques de tout petits fragments de silex. Ces der- ont régulièrement fréquenté l’abri pendant niers ont été transmis aux spécialistes en les trois siècles que dure cette séquence de charge de ces catégories. Les déterminations ont été réalisées à comblement. l’aide des collections de comparaison du Département d’archéozoologie du Muséum Matériel et méthodes d’histoire naturelle de Genève. Nous concédons posséder des compétences variables Le travail d’A. Guidez a été réalisé dans le concernant les différentes espèces pré- cadre d’une thèse de doctorat consacrée sentes. Notre longue expérience facilite aux ensembles II à IV du site d’Arconciel/La l’identification des débris infimes de cervi- Souche et à leur apport à la compréhension dés ou de carnivores. En revanche, pour des du Mésolithique ouest-européen12. La pré- espèces telles que les suinés ou le castor, sente analyse des ensembles V et VI est bien nous avons parfois recouru à l’expertise de entendu moins détaillée compte tenu du peu P. Chiquet, plus familiarisée avec ces taxons de temps à disposition pour son élaboration. lorsqu’ils sont très fragmentés. Il serait cependant illusoire de croire que ces La base de données principale permet travaux épuisent tout le potentiel d’un site de décrire anatomiquement les vestiges aussi riche. Notre recherche est donc une déterminés, d’évaluer leur degré de dégra- première étape de description qui en appel- dation post-dépositionnelle et d’enregis- lera d’autres. La synthèse entre ces deux trer la nature et la position des traces résul- études distinctes est en cours dans le cadre tant de l’activité humaine. d’une publication monographique globale . 13 L’examen taphonomique offre tout d’abord de quantifier les dégradations post-déposi- 12 Guidez 2018. 13 Guidez/Castel à paraître. 14 L’étude de la microfaune et de l’ichtyofaune a été réalisée par J. Oppliger. Tous les sédiments fouillés ont fait l’objet tionnelles, c’est-à-dire la lisibilité de chaque d’un prélèvement par quart de mètre carré os déterminé. Il permet dans un second et ont été tamisés à l’eau, de manière à temps de révéler les agents qui ont modifié récupérer toutes les fractions supérieures à l’assemblage initial et d’inférer leur ampleur 2 mm. Comme pour l’ensemble du mobilier, spatiale à l’échelle du site. Finalement, il le maximum de restes fauniques de plus autorise une analyse quantifiée des activi- d’un centimètre a été prélevé tridimension- tés humaines. Les traces anthropogéniques, nellement (X, Y, Z). telles que les stries, ont été recherchées à Tous les sachets contenant de la faune attri- l’aide d’une loupe à œil (loupe de bijoutier). buée à l’ensemble VI ont été examinés, ainsi Les principaux domaines abordés dans que la quasi-totalité de ceux de l’ensemble V. cette étude concernent la sélection du gibier, Arconciel/La Souche 37 la fréquence des éléments du squelette avec Taphonomie un focus sur celle relative des différentes parties d’un os ou d’une région squelettique. L’identification des étapes de la chaîne de traitement des carcasses est considérée selon Les classes de taille de vertébrés les principes du concept de chaîne opératoire15. Pour les ongulés, les traces de découpe Pour orienter l’étude, il faut en priorité déter- ont été interprétées selon les référentiels clas- miner les caractéristiques principales du siques tels que L. R. Binford ou M.-C. Soulier corpus. Ainsi, l’évaluation de l’abondance et S. Costamagno17 ; pour les carnivores, nous relative des vertébrés selon des classes de avons utilisé ceux de P. Chiquet18 et de taille permet de définir comment les restes J.-B. Mallye19. osseux seront examinés. Nous avons retenu 16 À la différence de l’analyse réalisée par un découpage en quatre classes : grands A. Guidez, nous n’avons pas comptabilisé le mammifères (ce qui comprend notamment poids des vestiges. Au contraire, une partie les bovinés, l’élan, le cheval ou l’ours), les de nos raisonnements est fondée sur la lon- moyens mammifères (par exemple le cerf, le gueur relative et le degré de fragmentation sanglier ou le bouquetin), les petits mammi- des os. Cette différence de méthodes cor- fères (chevreuil, chamois, loup, lynx, etc.) et respond à des démarches exploratoires dis- les très petits vertébrés ou mésofaune tinctes au sein des archéozoologues rele- (incluant renard, lièvre, castor ou la plupart vant partiellement de traditions et d’écoles. des oiseaux). Une cinquième catégorie, qui Les deux méthodes ont leurs avantages et correspond à la microfaune, n’est pas trai- leurs inconvénients. tée ici à l’exception de quelques restes de La distribution spatiale du matériel enre- taupe qui ont échappé aux tris préalables à gistré dans la base de données principale a l’issue de la fouille. Ces classes ne sont pas été réalisée par carré de 50 cm en préalable totalement étanches lorsque les vestiges à un examen global de chaque ensemble. sont très fragmentés. Ainsi, des côtes de De légères concentrations peuvent corres- grands mammifères ou de moyens mammi- pondre à des locus particuliers des activités fères peuvent être attribuées à une classe humaines, tandis que les vides peuvent s’ap- erronée, ou bien de petits fragments d’os de parenter à des blocs ou à des terriers. Une lynx et de castor, non déterminés, pour- étude plus approfondie des distributions raient être enregistrés dans d’autres classes des vestiges et de leurs attributs pourrait que celles dont ils relèvent. Il s’agit, cepen- être envisagée. Nous nous bornerons à sou- dant, d’un point marginal dans le cadre de ligner que l’ensemble V paraît être un lot l’analyse taphonomique. homogène avec une zone de forte densité Ce qui domine dans les assemblages exa- pouvant indiquer une succession d’activités minés, c’est la présence de deux ongulés de humaines de même nature. La distribution taille moyenne, le cerf et un suiné ; on verra des restes de l’ensemble VI semble se cal- plus loin que ce dernier est en fait le sanglier, quer sur celle de l’ensemble V, avec toutefois terme employé dans la suite de l’article. Les une plus grande extension vers le nord. Elle vestiges de ces espèces sont extrêmement s’avère aussi plus hétérogène avec éventuel- fragmentés et brûlés. Les grands ongulés lement deux zones de forte densité (E6S et sont rarissimes et les petits mammifères, peu G7N ; voir fig. 2), pouvant correspondre à nombreux. En revanche, la mésofaune est deux événements qui ont pu être préservés. abondante et expose deux caractéristiques Compte tenu du caractère exceptionnel similaires à celles observées dans la classe de cette collection, nous avons tenu à l’il- des ongulés de taille moyenne, la fragmen- lustrer de façon relativement détaillée, ce tation et la combustion. L’identification des que les archéozoologues approuveront espèces dans cette classe de taille, suscep- peut-être contrairement à d’autres. À titre tible de fournir beaucoup de fragments infé- personnel, nous tenons à souligner que, s’il rieurs à 2 cm, a motivé l’examen très attentif y a une collection parmi toutes celles que des refus de tamis. 15 Binford 1978 ; Binford 1981 ; Castel et al. 1998. 16 Binford 1981. nous avons étudiées qui mérite toute notre Cette répartition de la faune par classe attention, c’est bien celle-ci. Enfin il n’est de taille est tout à fait semblable à ce qui peut-être pas inutile de rappeler que cette est observé dans les sites de l’Epipaléoli- étude n’épuise pas le potentiel d’une telle thique et du Mésolithique de l’est de la 19 Mallye 2011. collection. France et de Suisse . 20 Par exemple Bridault 1993. 20 17 Soulier/Costamagno 2017. 18 Chiquet 2004. CAF 22/2020 Études 38 ENSEMBLES ARCHÉOLOGIQUES DÉTERMINATIONS TAXONOMIQUES ET ANATOMIQUES V VI DÉTERMINATIONS ANATOMIQUES ET PAR CLASSE DE TAILLE UNIQUEMENT V VI 2 Grands mammifères 5 Moyens ou grands mammifères 2596 Moyens mammifères 164 Petits ou moyens mammifères 22 5 1536 68 390 31 Petits mammifères 152 4 216 19 Très petits vertébrés 204 8 134 15 2954 176 2303 138 Total Fig. 4 Abondance des vestiges en nombre de restes (NR), en fonction des classes de taille de vertébrés Quantités et dimensions d’un décompte précis comprenant les tris suivants21 : Le matériel osseux des ensembles V et VI – longueur par intervalle centimétrique ; nous a été confié sous la forme de – type de tissu (compact/spongieux/côte/ 2868 sachets contenant une quantité très variable d’os allant de la pièce unique, dent) ; – combustion (brûlé ou non). généralement assez grande, à plusieurs Pour l’ensemble V, ce décompte a concerné centaines de tout petits fragments. Dans un une bande parallèle à la paroi et correspon- premier temps, les vestiges identifiables ont dant aux carrés E7/F7/G7/H7/I7/J7 (voir fig. 2). été extraits. Après analyse détaillée, ces Nous avons considéré a priori cet échantillon derniers correspondent à 3130 vestiges comme représentatif de la totalité. Pour l’en- déterminés taxonomiquement et anatomi- semble VI, nous avons retenu tous les sachets quement, et à 2441 fragments déterminés provenant des carrés E7/F7/E6/F6 (voir fig. 2) ; anatomiquement par classe de taille de ils peuvent contenir un nombre de vestiges mammifères, mais pas précisément par important (N > 300, voire 500). Dans les autres espèce ou genre (fig. 4). Ces deux catégo- carrés, les sachets composés de moins de cinq ries constituent la première base de don- restes fauniques non déterminables n’ont pas nées, qui sera la plus utile pour mettre en toujours été relevés, mais ils ne constituent de évidence les comportements humains. fait qu’une proportion très faible du total L’ensemble V est beaucoup plus important numériquement que le VI, qui ne représente qu’environ 6 % du total. compté. Une grande partie de ce travail (80 %) a été réalisé par M. Rillardon. Le nombre de vestiges non déterminables Afin de constituer la seconde base de décomptés s’élève à 43 218 restes, dont 29 214, données, plus orientée vers l’étude tapho- soit 68 %, qui mesurent moins de 10 mm. nomique, 1174 sachets ont fait l’objet Concernant ces vestiges infracentimétriques, 100000 ensemble V, non brûlés 10000 ensemble VI, non brûlés ensemble V, brûlés 1000 NR ensemble VI, brûlés 100 10 Fig. 5 Nombre de vestiges indéterminés par classe centimétrique 80 à 90 70 à 80 plus de 90 Longueur (mm) 60 à 70 50 à 60 40 à 50 30 à 40 20 à 30 10 à 20 21 Compte tenu qu’une partie des sachets ne contenait qu’un seul os isolé, la part des refus de tamis examinés dépasse donc largement la moitié du total collecté. < 10 1 Arconciel/La Souche 39 a) V non brûlés b) V brûlés 3075 902 322 190 6582 100% 100% 80% 80% 60% 60% 40% 40% 20% 20% 0% 10 à 20 20 à 30 30 à 40 Longueur (mm) 0% > 40 10 à 20 Sp gieux c) VI non brûlés 56 20 à 30 30 à 40 Longueur (mm) Spongieux S 127 29 607 14 100% 100% 80% 80% 60% 60% 40% 40% 20% 20% 10 à 20 152 ««C Côtes » > 40 C Compacts D Dents d) VI brûlés 463 0% 1154 20 à 30 30 à 40 Longueur (mm) 0% > 40 86 10 à 20 8 1 20 à 30 30 à 40 Longueur (mm) > 40 Fig. 6 Proportion des différents types de tissus parmi les vestiges indéterminés (% NR) des ensembles V et VI 74 % sont brûlés (fig. 5). Le nombre de restes le gisement est donc légèrement exagérée décroît très fortement lorsque la longueur par les analyses classiques présentées ci- augmente. dessous, et il faut relativiser le déficit en os L’analyse des proportions des tissus spongieux et en côtes. osseux montre, dans les deux ensembles, Dans les petites classes dimensionnelles, un accroissement sensible de la proportion les os indéterminés se différencient peu des d’os spongieux et des tissus de type côte déterminés, notamment dans la proportion de lorsque la longueur décroît, et cela que les ceux brûlés. Celle-ci diminue fortement à partir os soient brûlés ou non (fig. 6). Une partie de 40 mm de longueur. Parmi les indéterminés des os spongieux et des côtes, introduits de plus de 40 mm de longueur, 57 fragments dans l’abri, échappe donc à l’analyse clas- sur 264 ont subi l’action du feu. Sur ces 57 frag- sique réalisée à partir des os déterminés. ments, 54 sont composés de tissu compact. Cela indique une fragmentation de ces tis- Parmi les 1987 os déterminés de plus de sus supérieure à celle des os compacts. La 40 mm, 228 sont brûlés, ce qui constitue un représentation des restes compacts dans corpus important (fig. 7). La majorité d’entre 800 ensemble V, non brûlés 700 ensemble VI, non brûlés 600 ensemble V, brûlés NR 500 ensemble VI, brûlés 400 300 200 100 Longueur (mm) Fig. 7 Décompte des os déterminés par classe dimensionnelle : ensembles V et VI, brûlés ou non > 120 100 à 120 90 à 100 80 à 90 70 à 80 60 à 70 50 à 60 40 à 50 30 à 40 20 à 30 10 à 20 < 10 0 CAF 22/2020 Études 40 100% 100 % Des terriers ont été repérés lors des fouilles. Le matériel qui leur était associé a 80% 80 % été retiré de l’étude. Néanmoins, compte tenu de la complexité sédimentaire de l’abri, 60% 60 % certains mélanges ont pu rester non identifiés. À titre d’exemple, le blaireau introduit 40% 40 % B Blanc G Gris N Noir M Marron 20% 20 % > 80 (13) 70 à 80 (12) 60 à 70 (28) 50 à 60 (50) 40 à 50 (112) 30 à 40 (239) 20 à 30 (503) 10 à 20 (567) < 10 (56) 00% % Longueur (mm) Fig. 8 Couleur dominante des os brûlés déterminés des ensembles V et VI ; la couleur marron est enregistrée dès qu’elle dépasse 10 % de l’os ; la couleur a été enregistrée sur environ 95 % des os brûlés eux présente une couleur marron dominante, signe d’une combustion partielle ou marginale (fig. 8). Ce résultat considérable peut toutefois peu ou pas de proies dans ses terriers qu’il nettoie régulièrement22. Si les galeries ne sont pas réutilisées par d’autres carnivores, elles se comblent progressivement avec les vestiges de l’encaissant. Dans les sables caractéristiques d’Arconciel/La Souche, elles deviennent presque impossibles à discerner après une évolution de plusieurs siècles. Il est donc parfois délicat de statuer de l’ancienneté de certaines espèces. Dégradations post-dépositionnelles provenir de la fragmentation dans un second Les types de dégradation temps d’os plus intensément brûlés. de surfaces observés L’état de conservation a pu être examiné Patine et couleur pour 2304 vestiges de la première base de données23. Parmi ceux-ci, 1372 (environ 60 %) ont subi des altérations physico-chimiques important 13% intact 41% modéré 20% léger 26% Fig. 9 Degré de dégradation post-dépositionnelle des surfaces osseuses observé sur 2304 os des ensembles V et VI (les modifications telles que les revêtements légers ou phosphato-manganiques ne sont pas comptabilisées) 22 Castel et al. 2011. 23 Parmi ces vestiges, ceux de plus de 30 mm, les os brûlés et les dents ont été exclus. La couleur et la patine ont été examinées sur plus ou moins importantes de leurs surfaces de larges échantillons de vestiges obser- externes (fig. 9 et 10) et une proportion non vables de la première base de données. Les négligeable porte plusieurs types de traces. restes de moins de 30 mm, les dents et les os Jusqu’au stade « modéré », les surfaces brûlés, ainsi que ceux qui étaient trop frag- osseuses sont largement propices à l’obser- mentés, n’ont pas été pris en compte. Dans vation des modifications anthropogéniques. les deux ensembles, les restes des princi- Les incidences dues aux carnivores sont pales proies des chasseurs mésolithiques observées séparément. sont en général de couleur orangée plus ou Certains types de modifications superfi- moins prononcée, sans distinction notoire. cielles ne constituent pas une gêne à l’ob- Les os indubitablement récents peuvent être servation des traces anthropogéniques : ce jaune clair, gris clair, voire légèrement ver- sont les enduits superficiels dus aux oxydes dâtres. Cependant, certains os de cerfs et de manganiques ou phosphatés (notés man- sangliers (présentant les mêmes caractéris- ganèse) et les recouvrements carbonatés tiques morphologiques que la majorité) sont légers. Les principaux agents affectant parfois jaune clair. Certaines espèces néces- réellement la structure de l’os et sa lisibilité sitent donc un examen attentif. sont l’érosion mécanique des surfaces, les Parmi les restes de couleur claire, nous empreintes de racines et les concrétions. Au avons noté la présence de poule et de chat sein de l’ensemble VI, on note aussi l’exis- domestique. La distinction entre chat sau- tence d’une dizaine de fragments qui vage contemporain des ensembles V et VI semblent avoir été intensément roulés par et chat domestique actuel n’est pas tou- l’eau. jours aisée, surtout sur de petits fragments, Il est également intéressant de signaler alors que le caractère remanié de la poule que les restes ingérés sont très rares. Il en paraît évident. Un os long de petit oiseau est de même des pseudo-stries causées par indéterminé est aussi considéré comme le déplacement des os sur le sédiment élément perturbé. Le nombre de vestiges sableux, notamment par le piétinement. Ces concernés semble donc très faible, mais cer- caractéristiques indiquent que le corpus a tains os intrusifs de petites espèces, notam- été peu ou pas abîmé entre son dépôt et ment du chat, ont pu passer inaperçus. son recouvrement sédimentaire. Arconciel/La Souche Une « fantômisation » des os ? Le terme de « fantômisation » est utilisé par les karstologues pour expliquer certains vides qui ne sont pas dus à des creusements 41 TYPES DE DÉGRADATION 1 érosion exfoliation fissuration pseudo-stries 410 65 66 5 207 9 6 51 3 1 Chimique accumulatif revêtement léger concrétion manganèse 260 100 15 87 10 2 29 Chimique soustractif émoussé dissolution interne * ingestion** cupules ponctuation vermiculation 102 15 50 29 296 13 1 119 terme pourrait, par analogie, s’appliquer à qui est, selon notre expérience, tout à fait exceptionnel en matière de dégradation post-dépositionnelle. La dissolution interne de l’os est typiquement un phénomène qui affecte les os spongieux en préservant leur surface, mais en détruisant parfois complètement l’intérieur alors rempli de sable. Après lavage, certains os ne sont plus que des fantômes creux, dont ne subsiste que la corticale, parfois maintenue par des concrétions sableuses discontinues (fig. 11). Ces 3 Mécanique abrasifs par les eaux souterraines24. Ce l’ensemble faunique d’Arconciel/La Souche INTENSITÉ 2 * seul le phénomène généralisé est pris en compte ** fragments inférieurs à 30 mm Fig. 10 Principaux types de dégradations post-dépositionnelles et leur intensité (croissante de 1 à 3) observées sur un large échantillon de vestiges modifiés de l’ensemble V restes sont extrêmement fragiles, ce qui a de nombreuses conséquences. Il est clair qu’un descriptifs et interprétatifs sont utilisés en rou- grand nombre d’os affectés par ce phéno- tine pour la documentation de chaque vestige mène ont dû être détruits avant même le enregistré. En général, l’intérieur des os n’est début de la fouille, ou réduits en lambeaux. pas pris en compte. Dans le cadre de l’examen Malgré le soin remarquable de cette opéra- ou de l’étude de dizaines de séries du Paléoli- tion de terrain, il paraît également certain thique, nous n’avons rencontré ce genre d’al- que d’autres fantômes n’ont pas pu être pré- térations, et encore avec une ampleur bien levés et qu’une partie de ceux qui ont été moindre, que dans le gisement de Castanet à finalement isolés sous forme de débris n’ont Sergeac (F, Dordogne)25. Aussi, lorsque nous pas été identifiés en tant que tels. avons entrepris l’étude des ensembles V et VI L’extension de ce phénomène n’a pas été d’Arconciel/La Souche, nous n’avons pas codé totalement évaluée. En effet, les études tapho- ce phénomène. Ce n’est qu’après quelques nomiques se concentrent sur la description centaines d’os examinés qu’un enregistrement des états de surfaces et de nombreux outils systématique, avec un codage spécifique, a 0 2 cm a) b) c) Fig. 11 Exemples représentatifs des fantômes obtenus par dissolution interne de vestiges spongieux de cerf : a) patella, face caudale ; b) tibia, extrémité distale, face antérieure ; c) troisième phalange, face axiale 24 Par exemple Quinif 2010. 25 Castel 2011. 71 3 1 31 CAF 22/2020 Études 42 été effectué. Nous ne disposons donc pas restant à un animal éventuellement plus d’un panorama précis de l’étendue spatiale gros. Il s’agit en majorité d’enfoncements de ce phénomène, ni du degré avec lequel les (pits) ; les sillons (grooves) sont constatés en différents corpus sont affectés. À partir de nos moindre quantité. Ces destructions superfi- données partielles, sa distribution spatiale cielles s’observent principalement sur des semble se calquer sur celle globale des ves- restes de cerf. Le chevreuil et le castor tiges. Cette « fantômisation » touche surtout portent également de telles marques. À les ongulés de grande taille, mais elle a aussi noter que le sanglier ne présente aucune été identifiée sur des espèces plus petites trace de morsure et que d’autres espèces comme le castor et la fouine. n’en montrent pas ou peu. Cela peut être le Plusieurs conséquences doivent être résultat d’un nombre de vestiges trop faible. envisagées : – ce phénomène affecte surtout des os spon- Distribution spatiale gieux et en fait disparaître une partie diffici- Les différents types de dégradations post- lement quantifiable. Cela conduit inévitable- dépositionnelles semblent répartis de façon ment à une sous-représentation du squelette assez homogène sur l’ensemble de la sur- axial. Au sein des os longs, certaines extré- face fouillée. La « fantômisation » pourrait mités sont plus affectées, car plus spon- affecter plus particulièrement les vestiges gieuses, alors que d’autres vont être sur- de la partie nord du gisement, mais faute représentées, comme par exemple, pour les d’une étude plus poussée de l’ensemble des cervidés, le proximum du radius, le distum du vestiges, cela reste à confirmer. tibia et le proximum des métapodes ; Force est de constater que les traces lais- – puisqu’une bonne partie de ces os spon- sées par les racines se localisent principale- gieux sont désormais des fantômes creux, ment autour des carrés E7E/F7N (voir fig. 2), l’évaluation de leur importance relative à c’est-à-dire dans la partie du gisement la partir du poids des vestiges nous semble plus touchée par la « fantômisation » ; un totalement illusoire, étant donné qu’on ne lien de causalité commun doit être envisa- fait que peser une coquille vide et la gé. Les traces d’érosion sont, quant à elles, concrétion autour de celle-ci. Si la concré- situées plutôt à proximité de la paroi ou tion est limitée, le poids de l’os est large- dans la partie sud de la zone de fouille. La ment minoré, ce qui tend à faire dispa- dissolution interne serait aussi susceptible raître encore plus le squelette axial, les d’être liée à cette répartition. rotules et certaines autres parties du De telles études pourraient être appro- squelette appendiculaire (voir fig. 11). fondies, mais il faut souligner qu’elles sont Nous n’avons pas pu déterminer si ce particulièrement chronophages pour des phénomène est préférentiellement associé résultats qui demeurent toujours difficiles à au concrétionnement sableux ou si seuls les interpréter. os affectés par ce phénomène nous sont parvenus, les autres ayant fini par disparaître, faute d’être maintenus par cette Les espèces identifiées accumulation de matière. Quoi qu’il en soit, cette fantômisation La liste d’espèces des corpus des ensembles V constitue une source de destruction post- et VI ne se différencie pas de celle des dépositionnelle des os spongieux qui tend à ensembles II à IV26, en raison du contexte détruire en priorité le squelette axial et une paléo-environnemental forestier du site. En partie du squelette appendiculaire. Nous nombre d’individus, le cerf domine très large- considérons que dans ces conditions, il est ment le spectre faunique (fig. 12). Il est suivi particulièrement délicat de discuter du trans- par le sanglier et le chevreuil. Ce trio d’es- port différentiel ou de la destruction anthro- pèces est tout à fait caractéristique de la pogénique de certaines parties du squelette. plupart des sites du Mésolithique de Suisse, de l’est de la France, du sud de l’Allemagne 26 Pour plus de détails, se reporter au travail de A. Guidez (Guidez 2018). 27 Bridault 1993 ; Chaix/Bridault 1993 ; Guidez 2018 ; Séara et al. 2010. Morsures de carnivores et du nord de l’Italie27. Les animaux à fourrure Des morsures de carnivores ont été repérées sont représentés par un nombre d’espèces sur 31 os, ce qui est remarquablement faible important. Certains, comme la martre et le (28 dans l’ensemble V et 3 dans le VI). Les chat sauvage, livrent un nombre d’os assez deux tiers correspondent à un prédateur de considérable, ce qui permet d’envisager petite taille (renard ou petit chien) et le tiers l’étude de leur exploitation par l’homme, si Arconciel/La Souche 43 NR ENSEMBLES Espèces sauvages Espèces actuelles NMI V VI V VI 2333 151 16 3 Cerf Cervus elaphus Sanglier Sus scrofa 263 13 4 2 Chevreuil Capreolus capreolus 117 4 4 1 Martre Martes martes 77 1 4 1 Chat sauvage Felis silvestris 56 3 Loup Canis lupus 31 1 Castor Castor fiber 26 2 2 1 Blaireau Meles meles 11 2 2 1 Renard Vulpes vulpes 10 2 Putois/hermine Mustela putorius / erminea 8 1 Lièvre Lepus europaeus 7 Lynx Lynx lynx 4 Hérisson Erinaceus europaeus 3 Boviné Bos / Bison 2 1 Ecureuil Sciurus vulgaris 2 2 Taupe Talpa talpa 2 1 Chat domestique Felis silvestris catus 1 1 Poule Gallus sp. 1 1 Total 2954 1 2 1 2 176 1 49 Fig. 12 Inventaire des vestiges déterminés, en NR et NMI correspondants on peut confirmer que ces espèces ont bien Pour le chat, un reste doit être attribué à la été chassées. La question de l’identification forme domestique : c’est un radius complet entre les formes sauvages et domestiques de relativement court qui a une patine beaucoup certains taxons doit être posée (suiné, cani- plus claire que celle des autres vestiges. Un dé, féliné, léporidé), car cette recherche pour- autre os dont l’attribution est douteuse pos- rait témoigner de contacts avec le monde sède une patine très claire, sans que la taille néolithique ou d’une domestication locale. de l’individu n’ait pu être déterminée. Les Les autres petites espèces sont caractérisées autres vestiges sont très fragmentés, de taille par un modeste nombre de restes, ce qui plutôt grande (NR mesurés=10) ou de patine limite les possibilités d’interprétations. similaire au reste du corpus. Nous les avons donc assimilés au chat sauvage. Les vestiges de suinés qui ont été mesurés Pour le genre Martes, nous avons examiné (NR=16) appartiennent tous au sanglier ; la totalité des dents et des os mesurables. Les nous avons donc estimé que la totalité des molaires supérieures (M1) et inférieures (NR=7) vestiges se rapportait à cette espèce. ont des morphologies typiques de la martre. Le chien n’a pas été identifié. En revanche, Les os mesurés (NR=25) ont également été 26 restes appartiennent sans ambiguïté au attribués à la martre. Les autres vestiges de ce loup. À ce corpus s’ajoutent deux vestiges genre ont donc tous été assimilés à cette très fragmentés et trois vertèbres caudales espèce, qui est la plus fréquemment identifiée de grands canidés, qui présentent la même dans les contextes mésolithiques et néoli- patine et doivent correspondre au loup. thiques de l’est de la France et de Suisse28. Le castor est relativement bien représenté. Afin de parfaire notre identification spéci- Au sein du genre Mustela, seul le putois a été reconnu avec certitude. fique, une vingtaine de petits fragments Pour les léporidés, six vestiges d’adultes proches du castor ont été confiés à P. Chiquet, correspondent au lièvre ; deux restes de jeune plus experte pour cette espèce ; au final, très présentant une patine ancienne ont aussi été peu ont été retenus. assimilés à ce genre. Compte tenu de l’effectif 1 28 Bridault 1993, Chiquet 2004. 1 11 CAF 22/2020 Études 44 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 % La couleur des os brûlés, qui témoigne de l’intensité de l’exposition29, est extrêmement Cerf (2484) variable (fig. 13). Les os partiellement brûlés, Sanglier (276) de couleur marron, sont nombreux ; ils sont Chevreuil (121) souvent de grandes dimensions. Les os Martre (78) blanchis par une calcination intense, résul- Chat sauvage (56) Loup (31) Blanc tant d’une exposition à de hautes tempéra- Gris tures, sont aussi très abondants. La simili- Noir Castor (28) Marron Blaireau (13) Non brûlés Renard (10) tude entre le cerf et le sanglier d’une part, et la plupart des petits carnivores d’autre part, indique que ces derniers ont été traités de la même façon que les espèces qui com- Lièvre (8) posent l’essentiel de l’alimentation. Les ves- Autres petits carnivores (81) Très petits vertébrés indéterminés (103) tiges de ces différentes espèces étaient donc très certainement déjà mélangés lors Fig. 13 Proportions des restes brûlés pour les principaux taxons et degrés de combustion dans les ensembles V et VI (entre parenthèses : NR) du démarrage des feux. Trois groupes de taxons semblent avoir des histoires distinctes. Dans le premier groupe, réduit et de la nature des vestiges, nous l’identification de la combustion repose sur un n’avons pas tenté de déterminer s’il fallait les grand nombre de restes ; c’est le cas pour le rapporter au lièvre européen ou au lièvre cerf, le sanglier, le chevreuil et une partie des variable. carnivores. Près d’un quart des vestiges est En conclusion, si l’on écarte d’emblée un concerné. À l’opposé, les léporidés ne sont reste de poule de toute évidence remanié, pas brûlés, ce qui pourrait indiquer une ori- seul le genre Felis présente un indice de gine intrusive de l’espèce, ou postérieure à la mélange entre des populations contempo- phase principale de constitution de l’assem- raines du Mésolithique et des populations blage. Enfin, le castor et le chat sont faible- (sub-)actuelles, mélange qui semble heu- ment brûlés. Il est particulièrement difficile de reusement limité à un seul os. Les meilleurs déterminer si ces deux espèces sont en partie critères pour distinguer les vestiges fau- arrivées dans l’assemblage après le fonction- niques contemporains de ceux appartenant nement des foyers, si elles ont fait, pour tout aux occupations mésolithiques sont incon- ou certaines parties de leurs squelettes, l’ob- testablement l’extrême fragmentation des jet d’un traitement différencié, ou encore s’il os et le pourcentage de fragments brûlés. s’agit simplement d’un problème de conservation ou de détermination différentielle. Les La combustion tentatives d’explications seraient fragiles. Le contact avec le feu peut faire disparaître complètement les petits os, mais aussi Distribution taxonomique des os brûlés La combustion des os est un phénomène particulièrement intense dans les ensembles V détruire partiellement les plus volumineux (fig. 14). Répartition anatomique des os brûlés et VI et s’explique aisément par le nombre 29 Théry-Parisot et al. 2009. extrêmement important de structures de com- Compte tenu de la très grande abondance bustion, de vidanges et d’épandages de des os brûlés, et contrairement aux modali- cendres. La part de la surface fouillée concer- tés classiques d’étude de la chaîne opéra- née par ces structures correspond de 40 à toire d’exploitation, il est nécessaire d’exa- 50 % du total de l’ensemble VI et à environ miner en priorité la question de la répartition 70 % de l’ensemble V. anatomique des os concernés par la com- Les os brûlés sont présents sur toute la bustion, avant d’aborder le détail des pra- superficie que couvrent les deux ensembles. tiques de boucherie qui ont été en partie Ce phénomène affecte quasiment la totalité masquées par ce phénomène. des espèces, y compris les plus petites. Les Lorsque l’on examine les mammifères de os peuvent être complets ou préalablement taille moyenne, on observe que toutes les par- fracturés ; certains portent des stries. ties du squelette ont été brûlées, parfois dans Arconciel/La Souche 45 des proportions très importantes (fig. 15). Le corps et les arcs vertébraux sont sensiblement a) plus atteints par les flammes que les processus transverses et épineux, ce qui pourrait indiquer une fracturation des vertèbres avant que les deux parties ne soient exploitées dans des endroits différents, d’où des pourcentages brûlés divergents30. Le même type d’explication pourrait concerner les ceintures, mais les effectifs sont trop faibles pour permettre de l’affirmer. Concernant les os longs, il n’y a pas de traitements distincts entre extrémités et diaphyses (du moins pour l’ensemble V, dont les effectifs sont suffisants). Finalement, les extrémités distales des membres (os du basipode et phalanges) semblent légèrement plus brûlées. Ces données préliminaires b) orientent l’analyse des principaux taxons et seront reprises plus loin. À ce stade de la réflexion, on peut suspecter que les parties les plus fréquemment brûlées correspondent aux parties du squelette les plus facilement déterminables sous forme de petits fragments. Les différences apparentes entre les ensembles V et VI sont le résultat du faible effectif de ce dernier et ne permettent pas de proposer un schéma 0 1 cm de combustion distinct. Fig. 14 Métacarpien de cerf (ensemble VI) ; la face palmaire (a) est intensément brûlée tandis que la face dorsale (b) a à peine été léchée par les flammes Acquisition et exploitation du cerf Le cerf est de loin la principale espèce l’ensemble VI. Bien que les vestiges soient représentée dans le corpus, avec 2333 restes très fragmentés ou fracturés, une analyse déterminés dans l’ensemble V et 151 dans ostéométrique pourrait être envisagée. PARTIE ANATOMIQUE NR Crâne Vertèbres – corps ENSEMBLE V L.moy en mm NR brûlés % NR brûlés 192 31.5 42 21.9 NR ENSEMBLE VI L.moy en mm NR brûlés % NR brûlés 8 32.5 1 12.5 97 25.8 29 29.9 6 18.7 4 66.7 206 27.3 63 30.6 12 23.9 4 33.3 Vertèbres – pr. épineux et transversal 68 43.8 9 13.2 1 1 100.0 Côtes – extrémités 61 25.6 23 37.7 0 146 55.8 28 19.2 9 40.2 2 22.2 1 100.0 Vertèbres – arc Côtes – corps Ceintures – articulations 7 33.9 4 57.1 1 36.0 Ceintures – corps 47 48.1 9 19.1 2 40.5 Os longs – extrémités 65 33.7 19 29.2 4 27.5 2 Os longs – diaphyses 0.0 50.0 395 56.5 87 22.0 27 65.1 4 14.8 Basipode 29 20.2 23 79.3 2 39.5 2 100.0 Phalanges 140 19.1 98 70.0 11 21.3 7 63.6 Fig. 15 Décompte et fréquence de la combustion par partie anatomique pour les mammifères de taille moyenne et les sous-classes « moyennes à grandes » et « petites à moyennes ». Les métapodes et les diaphyses non attribuées à un os précis ne sont pas prises en compte 30 Castel 2003. CAF 22/2020 Études 46 L’étude des dents va également nous permettre de tenter de calculer le NMI et d’estimer l’âge auquel ces cerfs ont été abattus. Un enregistrement systématique a été effectué dans notre base de données pour les fragments de dents de petites dimensions, ce qui n’est pas toujours le cas dans les fouilles archéologiques (où les fragments peu déterminables ne sont pas extraits des refus de tamis). Les dents isolées sont intensément fragmentées, à l’exception des incisives et des canines inférieures (fig. 17). Si l’on exclut les dents brûlées, on constate que les incisives et les canines de notre base de données sont plus fréquemment complètes que les dents jugales. Les causes du morcellement de ces dernières, qui nous semble inhabituel, ne sont pas clairement établies. Trois phéno0 1 cm Fig. 16 Dans l’ensemble V, la partie la plus abondante du squelette de cerf est l’extrémité proximale de l’ulna La population chassée (âges, sexe, saison) mènes peuvent être envisagés : la combustion, qui doit logiquement faire éclater les couronnes en petits fragments indéterminables, tout en laissant éventuellement une partie des racines intactes (puisque prises dans les os correspondants) ; l’action du gel peut également être invoquée ; enfin, une fracturation des corps des mandibules pour Le nombre minimum d’individus (NMI) du cerf, en récupérer les tissus graisseux pourrait aus- donné par l’extrémité proximale de l’ulna si provoquer ce morcellement. Cependant, il (fig. 16), s’élève à 18 pour l’ensemble V. faut observer d’une part que les incisives et Cependant, si l’on écarte un os qui pourrait les canines semblent moins affectées, ce qui avoir un statut particulier (voir plus loin), on paraît contredire une possible gélifraction, et note la présence de 16 extrémités proximales d’autre part que la fracturation intentionnelle gauches de métatarsiens et de 15 capitato- n’explique guère le morcellement des cou- trapézoïdes droits, d’où le chiffre de 16 indivi- ronnes. L’hypothèse la plus probable serait dus retenus (voir fig. 12). Le NMI obtenu pour donc une chauffe légère de ces dents, consi- cette espèce dans l’ensemble VI est de trois. dérées à tort comme non brûlées lors de l’observation. Les dents les mieux représentées sont les 100% 100 % Fragmentées Fr 90% 90 % Presque complètes P 80% 80 % Complètes C incisives et les canines inférieures (incisiformes) ; leur NMI de fréquence est de 4,6 (4,25 pour l’ensemble V seul). En incluant les dents conservées dans les mandibules, 25 jugales inférieures d’adultes sont com- 70% 70 % plètes ou presque complètes. Ce sont les 60 % 60% troisièmes molaires inférieures qui sont les 50 % 50% mieux représentées et le plus souvent complètes (NR=8 ; trois gauches et cinq droites, 40 % 40% dont quatre droites pour l’ensemble V seul). 30 % 30% La caractérisation de l’âge des cerfs à 20 % 20% partir du degré d’éruption et d’usure repose 10 % 10% Pour établir les âges des individus de l’en- finalement sur un petit nombre de dents. semble V, nous avons utilisé les quatrièmes 00% % Incisives, canines (433) Déciduales (10) Jugales adultes (96) Fig. 17 Cerf, ensembles V et VI ; degré de préservation des dents isolées en % NR (fragments brûlés exclus ; entre parenthèses : NR) déciduales et les troisièmes molaires inférieures. Malgré l’effectif très faible et une fragmentation importante, la moitié de la population des cerfs déterminés correspond Arconciel/La Souche à des individus de moins de trois ans (fig. 18). Même après combinaison, les dents permettent d’identifier un nombre d’individus restreint (NMI=8), bien plus faible que celui obtenu pour le squelette postcrânien. Les dents ne correspondent donc qu’à une partie des individus abattus. La proportion de jeunes peut être évaluée à partir de certains éléments du squelette postcrânien. Au sein des métapodes, dont la soudure des épiphyses distales se produit vers trois ans31, la proportion des extré- 47 INDIVIDU NO SAEF DENT ÂGE 1 24709 D4 gauche fragmentée < 3 mois 2 21616 D4 gauche presque complète 12+/-3 mois 3 23246 D4 gauche presque complète 12+/-3 mois 4 7311 M 1 ou 2 gauche presque complète 15-27 mois 5 24560 M3 gauche fragmentée 3-4 ans 6 24279 M3 droite complète 5-7 ans 7 3056 M3 droite complète 8-9 ans 8 25070 M3 droite presque complète 9-12 ans mités qui ne sont pas soudées est de l’ordre de 10 % ; pour les premières et deuxièmes phalanges, ce pourcentage est d’environ Fig. 18 Ensemble V ; caractérisation des âges des cerfs abattus à partir de l’éruption et de l’usure des dents jugales inférieures 25 %. Ces données indiquent une population chassée plutôt largement dominée par les adultes. Étant donné que le squelette Pour l’ensemble VI, les effectifs sont trop postcrânien est plus représenté que les faibles pour entamer une discussion quant au dents, il fournit probablement une image choix du gibier, mais on peut souligner que des plus juste de la population. Cela témoigne- adultes et au moins un jeune sont présents. rait d’un ciblage des adultes, comme cela a été observé dans de nombreux sites du quart nord-est de la France32. Profil squelettique La détermination de la saison d’abattage est Compte tenu des effectifs réduits de l’en- encore plus délicate, puisqu’elle repose sur semble VI (NR=151), l’analyse des profils a trois des 18 individus seulement ; les données été difficile. Relevons toutefois que la distri- récoltées sur la base des trois plus jeunes bution squelettique se calque sur celle obser- indiquent des chasses au cours de l’été, voire vée dans l’ensemble V (annexe 1). Pour l’en- un peu avant, si l’usure des dents est plus semble V, l’examen de la fréquence des rapide que la moyenne. Cette information parties anatomiques permet de constater n’implique naturellement pas l’absence de des contrastes relativement importants entre 31 Habermehl 1985. chasse au cours des autres saisons. les différentes régions du squelette (fig. 19). 32 Séara et al. 2010. a) 14 et et plus 14 plus 13 99 àà 13 55 àà 88 22 àà 44 ou 11 00 ou b) à 83 25 ou 12 à 4 00 ou 1 Fig. 19 Cerf, fréquence des éléments du squelette en NMI, dans les ensembles V (a) et VI (b) (© 2004 ArcheoZoo. org / J.-G. Ferrié – modifié pour l’hyoïde) CAF 22/2020 Études 48 PARTIE ANATOMIQUE CERF SANGLIER MOYENS ONGULÉS INDÉTERMINÉS TOTAL Humérus 7 2 9 Radius 3 1 4 Fémur 5 8 13 Tibia 7 2 11 4 4 17 41 2 Os long indét. Total général 22 2 considéré comme plus utile que le coxal33. Toutefois, pour le fémur, si l’on prend en compte les vestiges qui n’ont pas pu être identifiés avec la précision taxonomique nécessaire, c’est-à-dire ceux qui sont enregistrés comme ongulés de taille moyenne, le nombre d’individus représentés est porté à sept ; le déficit est donc moins marqué (fig. 20). La rareté relative des os à fort intérêt alimentaire est généralement interprétée comme le résultat de la fouille d’une zone de traitement primaire de désarticulation et de découpe34. Fig. 20 Ensemble V ; cerf, sanglier et ongulés de taille moyenne indéterminés ; nombre de foramens identifiés pour les os longs dont l’attribution spécifique devient difficile lorsqu’ils sont très fragmentés ou brûlés On observe, dans les ensembles V et VI, de nombreux fragments de crânes attribués au cerf (NR=86 ; L. moyenne=51 mm) correspondant à toutes les parties de celui-ci. Un hui- PARTIE ANATOMIQUE NR L. MOYENNE (MM) % NR BRÛLÉES NMI tième de ces pièces portent des brûlures. L’arc zygomatique semble relativement bien repré- Atlas 4 44.0 50.0 2 Axis 4 46.5 25.0 2 Cervicales 48 38.4 27.1 3 Thoraciques 26 56.4 3.8 1 Lombaires 53 36.6 22.6 2 Sacrum 5 55.0 0.0 1 Caudales 3 27.7 0.0 1 Indéterminées 4 41.3 25.0 té que les autres parties du squelette (fig. 21). Vert. moyens ongulés indét. 304 31.1 28.0 Les vertèbres de cerf paraissent nombreuses, Côtes 121 59.0 12.4 Côtes moyens ongulés indét. 168 48.8 21.4 2 senté (NR=20/80). La mandibule est elle aussi bien attestée (NR=35 ; L. moyenne=72 mm), mais curieusement, la branche est plus abondante que le corps (19 contre 16). Cela est dû à la difficulté d’attribuer spécifiquement certains fragments du corps (au cerf ou au sanglier) : 38 fragments de mandibules, dont 22 bords inférieurs, sont déterminés comme appartenant à des ongulés de taille moyenne. Le squelette axial est moins bien représen- mais elles sont de petites dimensions, ce qui ne permet pas de proposer des NMI importants. Si on ajoute à ce corpus celles qui n’ont pas pu être distinguées entre le cerf et le san- Fig. 21 Caractéristiques des vertèbres et des côtes de cerf et des ongulés de taille moyenne indéterminés de l’ensemble V glier, au pro rata de l’abondance relative de ces deux espèces, on peut estimer que les rachis correspondent à quatre ou cinq cerfs. Le crâne est moyennement représenté, tan- La situation est similaire pour les côtes ; on dis que les vertèbres le sont peu. Les pre- observe en effet une très intense fragmenta- mières cervicales et les lombaires sont un tion de ce type d’os et une importante pro- peu plus nombreuses que les autres. Les os portion non départagée entre le cerf et le des membres sont bien présents, mais enre- sanglier. Même s’il ne semble pas y avoir de gistrent des variations importantes qui choix en ce qui concerne les parties du rachis nécessitent d’être explicitées. Les extrémités qui ont été brûlées, un examen plus appro- distales des membres du basipode à la troi- fondi, mais fort chronophage, apporterait sième phalange sont particulièrement abon- certainement quelques nuances quant aux dantes. La moitié supérieure des membres fréquences des différentes portions des ver- est plus rare, mais avec une récurrence relati- tèbres et des côtes qui ont été brûlées après vement élevée du coxal et surtout de l’ulna. le traitement de la carcasse. La disparité constatée entre l’ulna (NMI=18) et le radius (NMI=4) ou entre le coxal (NMI=9) et le fémur (NMI=3, donné par le nombre de Transport différentiel ? foramens) n’est pas issue d’une différence d’utilité alimentaire qui dépendrait de la quan- L’étude du profil squelettique permet de réflé- 33 Voir par exemple Binford 1978 ; Morin/Ready 2013. tité de chair localisée autour de ces os. Dans chir à la question du transport différentiel : le premier cas, les valeurs d’utilité sont est-ce que les cerfs abattus ont été ramenés 34 Binford 1978. identiques et, dans le second, le fémur est entiers dans l’abri ou seules certaines parties Arconciel/La Souche 49 de l’animal ont-elles été transportées ? Dans l’hypothèse de la sélection de la diaphyse ce dernier cas, le choix des parties rapportées de l’ulna comme support d’outillage peut peut nous éclairer sur leur utilisation. On a vu précédemment (voir fig. 6 et 7) que la très grande fragmentation du matériel et TYPE DE TRAITEMENT NR être envisagée. L’analyse en cours de l’in- Travail sur la ramure 2 dustrie osseuse35 apportera sans doute des Décarnisation 14 éléments de réponse. Désarticulation 8 Prélèvement de la langue 1 Prélèvement de la peau / nettoyage des os 22 Prélèvement des tendons 2 Indéterminés 6 sa combustion tendent à minimiser la visibili- La perception d’un éventuel transport dif- té des vertèbres, des côtes et des os spon- férentiel se heurte donc à des données gieux en général. Cela induit des disparités antagonistes. de fréquences entre les éléments squelettiques qui ne dépendent pas de l’intérêt alimentaire (voir fig. 19). On constate égale- Boucherie/bouchoyage ment que le coxal et le crâne sont plus représentés que les autres os du squelette axial Compte tenu de l’intense combustion systé- ou de la moitié supérieure des membres. Au matique des déchets alimentaires à la suite contraire, les os à mœlle semblent défici- des différents processus de traitement, taires, mis à part les métapodes et plus par- l’identification des pratiques alimentaires ticulièrement le métatarsien. Si les autres os s’avère complexe. Dans l’ensemble V, 55 os longs avaient été fracturés pour la mœlle de cerf seulement portent des stries, ce qui dans la zone de fouille, nous devrions aisé- constitue une proportion très faible ; trois ment identifier leur présence à travers les d’entre eux sont partiellement brûlés. Deux parties les plus caractéristiques comme les fragments de ramures sont raclés. Certaines foramens, ce qui n’est pas le cas. Comment marques sont difficilement interprétables, expliquer alors que le membre postérieur soit principalement du fait de la convergence des principalement représenté par le coxal et le stigmates d’opérations différentes (fig. 22 et métatarsien ? La récurrence de ce dernier 23)36. Dans l’ensemble VI, trois os sont striés. peut se justifier de différentes façons – peau, Même si l’on retranche les dents, les ramures, tendon ou mœlle – mais la viande est évi- les os brûlés et ceux dont les surfaces sont demment exclue. Cependant, la récupération détruites, la proportion d’os striés reste de tendons n’est guère documentée. Enfin, la faible (3,2 %). La longueur moyenne des ves- récupération de la mœlle des métapodes est tiges n’explique pas cette rareté (L=48 mm). sans doute une motivation importante, ce Cette proportion semble plus faible que ce qu’atteste la fracturation systématique de qui est observé dans les sites régionaux bien cet os, au même titre que celle des autres os conservés37. longs. Mais dans ce cas, pourquoi les autres Malgré leur rareté, ces traces docu- os longs restent-ils sous-représentés, même mentent toutefois les différentes étapes du en intégrant les vestiges attribués à la classe traitement des carcasses. Total 55 Fig. 22 Cerf, ensemble V ; traitements des carcasses documentés à partir de la localisation des stries de taille « cerf ou sanglier » ? Sont-ils présents en plus grandes quantités dans d’autres parties de l’habitat ? L’hypothèse qui nous semble la plus probable, à ce stade de l’analyse, est que ce membre a été ramené de façon plus ou moins complète et qu’une grande partie a été détruite et dispersée dans le site. L’am- Désar Désarticulation Décarnisation Décarnisation A Autres types de marques et indéterminés et indéterminés pleur de la combustion soutiendrait cette hypothèse. Le cas du membre antérieur est un peu différent. L’aspect le plus remarquable est la distinction entre la fréquence du radius et celle de l’ulna, ce dernier étant beaucoup plus représenté (voir fig. 19). Aucune justifi- 35 Etude en cours menée par Fr.-X. Chauvière. cation d’ordre alimentaire ne peut être proposée, puisque ces deux os se situent au même endroit du squelette. La récupération de la mœlle ou des tendons n’induit généralement pas de telles disparités. Bien que ces os ne portent pas de traces de façonnage, Fig. 23 Cerf, ensemble V ; répartition des stries sur le squelette (© 2004 ArcheoZoo.org / J.-G. Ferrié – modifié) 36 Les stries observées sur les métapodes sont difficilement attribuables au prélèvement de la peau ou au nettoyage des os avant fracturation. 37 Voir Guidez/Castel à paraître. CAF 22/2020 Études 50 a) Désarticulation Des stries sont visibles au niveau des régions articulaires, mais toutes ne sont pas attribuables avec certitude à la désarticulation. Bien que peu abondantes (NR=8 pour les stries attribuées sans ambiguïté à la désarticulation), ces traces sont reconnues dans des régions variées du squelette : condyle mandibulaire, hyoïde, tête de côte, acéta- b) bulum, talus, sur plusieurs extrémités proximales de métapodes et sur un sésamoïde. 0 1 cm Les tendons Deux métapodes présentent des stries longitudinales sur leur face antérieure, qui peuvent être assimilées à la récupération Fig. 24 Cerf, ensemble V ; stries sur la symphyse de la mandibule correspondant probablement au prélèvement de la peau (a : face externe) et de la langue (b : face linguale) des tendons (fig. 25). D’autres stries reconnues sur le quadrant antérieur de la diaphyse de ces os pourraient aussi s’y rapporter, mais sans certitude. La viande Les stries correspondant indiscutablement au prélèvement de la viande sont peu nom- 0 1 cm breuses (NR=14). Trois restes, partiellement brûlés, portent aussi de telles traces. Ces dernières sont présentes sur les diaphyses Fig. 25 Cerf, ensemble V ; stries le long de la gouttière antérieure d’un métatarsien correspondant possiblement au prélèvement des tendons d’os longs, mais aussi sur le corps de la mandibule ainsi que sur une côte et une La peau ? phalange intermédiaire. Parmi les onze pro- Certains os des extrémités de la carcasse, cessus épineux de vertèbres thoraciques qui portent peu de viande, sont striés ; cela identifiés, un seul est strié. peut être attribué aux opérations de prélè- Les traces de raclage constituent une part vement de la peau ou au nettoyage des os significative des stries observées ; elles cor- avant l’extraction de la mœlle. La plupart respondent au prélèvement de la peau ou des stries ont été observées sur les méta- de la viande, ou encore au nettoyage des os podes (NR=22), mais aussi sur une phalange avant fracturation lors de l’extraction de la et sur la symphyse d’une mandibule (fig. 24). mœlle. 16 16 H Humérus 14 14 Humérus FFémur Fémur TTibia 12 12 Tibia NR 10 10 88 66 44 22 Longueur (mm) Fig. 26 Cerf, ensemble V ; distribution de la longueur des fragments d’os longs non brûlés. > 150 100 à 150 90 à 100 80 à 90 70 à 80 60 à 70 50 à 60 40 à 50 30 à 40 0 à 30 00 Arconciel/La Souche 51 a) b) 0 1 cm Fig. 27 Cerf, ensemble V ; exemple de fracturation sans désarticulation : première et seconde phalanges (a) ; vertèbres lombaires (b) La mœlle entre deux os pourtant marqués par des Tous les os longs ont été fracturés. Les bords stigmates de fracturation. Cela concerne de fractures caractéristiques d’un geste des phalanges (fig. 27a) ou des vertèbres intentionnel sont très bien représentés (fig. 27b). Il est donc probable qu’une partie (bords lisses, délinéation oblique et en spi- des os n’ait pas été désarticulés y compris rale, etc.). De nombreuses encoches d’im- lors du processus d’extraction de la mœlle. pact ont également été observées, mais Dans bien des cas, le squelette n’a peut-être elles n’ont pas fait l’objet d’une quantifica- pas été désarticulé de façon classique. En tion. La longueur des fragments d’os longs effet, l’analyse de la combustion des régions non brûlés atteste de cette intense fractura- articulaires permet parfois d’observer un tion : la majorité d’entre eux mesurent moins traitement spécifique des membres, carac- d’un quart de la longueur totale des os com- térisé par une absence de désarticulation plets38 (fig. 26). entre les grands os ou par un traitement dif- La fragmentation des deux premières férencié entre le corps et les autres parties phalanges est également importante. Les des vertèbres. La combustion sélective de bords des cassures sont eux aussi majoritai- régions globalement spongieuses ou articu- rement typiques d’une percussion dyna- laires peut alors être réalisée sans désarti- mique. On peut en conclure que la plupart culation à l’aide d’outils tranchants, mais à des phalanges ont été fracturées afin d’ob- la suite d’une série de percussions autour tenir les petites quantités de mœlle qu’elles des articulations39. contenaient. À Arconciel/La Souche, les différentes portions des vertèbres (corps/arc neural/diffé- Mode de séparation des parties rents processus) sont représentées en taux du squelette : désarticulation, équivalent ; les processus épineux et trans- fracturation et combustion ciblée ? verses semblent moins fréquemment brûlés Bien que cela n’ait pas été recherché systé- que les corps et les arcs, ce qui pourrait matiquement, il a été possible d’observer indiquer une phase de fracturation des ver- 38 La longueur des os entiers est de l’ordre de 270 mm pour les humérus et supérieure à 300 mm pour les fémurs et tibias. la persistance de connexions anatomiques tèbres thoraciques et lombaires au niveau 39 Castel 2003. CAF 22/2020 Études 52 CORPS Non brûlés Cervicales 3-7 2 Thoraciques 8 Lombaires 7 Total Brûlés 17 DISQUE NON ÉPIPHYSÉ ARC APOPHYSES ARTICULAIRES 9 22 2 2 11 12 20 2 23 44 13 1 2 2 Cervicales 3-7 2 1 7 Thoraciques 1 2 7 % brûlés FRAGMENTS 2 2 1 Lombaires Total PROCESSUS ÉPINEUX/TRANSVERSE 3 4 14 1 15.0 14.8 24.1 7.1 Fig. 28 Cerf, ensemble V ; fréquence des différentes parties des vertèbres en NR de ces processus et un traitement distinct (fig. 29). Ainsi, l’extrémité distale de la sca- avant la combustion (fig. 28) ; toutefois, les pula, l’acétabulum, les os du poignet et la effectifs sont faibles et dans le cadre de cheville sont plus souvent brûlés, ce qui cette analyse, les problèmes de détermina- semble indiquer une combustion préféren- tion différentielle ne sont pas négligeables tielle de ces régions articulaires. Au contraire, (sous forme brûlée, il est plus facile d’identi- les extrémités articulaires de l’humérus et fier un fragment de corps vertébral qu’un des métapodes sont moins atteintes par le fragment de processus épineux ou trans- feu que les diaphyses (fig. 30). Enfin, la moi- verse). Une analyse similaire pour les côtes tié inférieure des membres est plus fréquem- serait intéressante, mais fastidieuse. ment brûlée que la moitié supérieure, ce qui Pour les membres, certaines régions arti- pourrait témoigner d’un traitement différen- culaires semblent plus fréquemment brûlées cié de cette partie du squelette, éventuelle- que les zones qui les jouxtent (c’est-à-dire ment en lien avec la récupération des peaux les diaphyses et le corps des os des cein- (le bas des pattes est-il directement jeté au tures), mais ce n’est pas le cas de toutes feu après dépouillement ?). Quoi qu’il en soit, ces contrastes de fréquence de combustion >> 80 80%% 50 80%% 50 àà80 25 50%% 25 àà50 15 25%% 15 àà25 55 àà 15 15%% << 55 %% non examiné non examiné demeurent difficiles à interpréter. Dans l’état actuel de l’analyse, il n’est pas possible d’identifier un éventuel processus d’exploitation de la graisse articulaire. Toutefois, une étude plus approfondie pourrait permettre de caractériser de tels processus d’exploitation des carcasses. Acquisition et exploitation du sanglier Avec 276 restes déterminés, le sanglier est la deuxième espèce représentée dans le cor> 80 % 50 à 80 % pus (voir fig. 12 ; ensemble V, NR=263 ; ensemble VI, NR=13). 25 à 50 % 15 à 25 % 5 à 15 % <5% non examiné Fig. 29 Cerf, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés, vue globale sur le squelette (© 2004 ArcheoZoo.org / J.-G. Ferrié – modifié) La population chassée Dans l’ensemble V, le NMI identifié à partir du squelette postcrânien est de quatre ; la valeur maximale est donnée par le troisième métacarpien. Jeunes et adultes sont présents. Arconciel/La Souche 53 0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % Crâne (80) Mandibule (35) Dents isolées (137) Vertèbres (147) Côtes (112) Ceintures-corps (25) Ceintures-articulations (15) Os longs supérieurs-PX (50) Os longs sup. diaphyse (178) Os longs supérieurs-DX (19) Métapodes-PX (98) Métapodes-diaphyse (359) Métapodes-DX (42) Basipodes (223) Acropodes (651) Fig. 30 Cerf, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés par région squelettique (entre parenthèses : NR ; PX : extrémité proximale ; DX extrémité distale) Malgré le nombre réduit de dents (26 dents isolées généralement fragmentées et cinq fragments de maxillaires ou de mandibules portant des dents), il est également possible d’identifier au moins quatre individus : un premier portant des dents de lait, donc âgé de moins de deux ans, un adulte de quatre ans, un adulte plus vieux et un autre très vieux. Dans l’ensemble VI, malgré le tout petit nombre de vestiges identifiés, on distingue un 4 et plus adulte et un jeune. 3 2 L’effectif étant particulièrement réduit, les 1 saisons de chasse n’ont pas été examinées. 0 44 etetplus plus 33 22 11 00 Fig. 31 Sanglier, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (© 2003 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, Inrap – modifié) Profil squelettique Les différentes parties du squelette apparaissent avec des fréquences très variables (fig. 31 ; annexe 1). Le bas des pattes et la tête sont relativement abondants. L’aspect général du profil squelettique est proche de celui qui a été décrit pour le cerf (ulna mise à part). On peut fortement suspecter un mode d’introduction similaire et une exploitation qui ne se singularise que par des détails. 0 Exploitation alimentaire 1 cm Fig. 32 Sanglier, ensemble V : naviculaire, désarticulation Sept os striés ont été repérés dans l’ensemble V et aucun dans l’ensemble VI. Six stries sont visibles sur le membre postérieur, une sur le membre antérieur et aucune sur le squelette axial. À noter la présence d’une strie de désarticulation sur un naviculaire (fig. 32) ; les autres stries sont sur les diaphyses des différents os longs. Une strie sur un métapode indique le prélèvement de la peau (fig. 33). Les os longs sont brisés en 0 1 cm Fig. 33 Sanglier, ensemble V ; métatarsien 2, prélèvement de la peau CAF 22/2020 Études 54 0% 10 % 20 % 30 % 40 % Crâne (25) Mandibule (7) Dents isolées (27) Vertèbres (10) Côtes (8) Ceintures-corps (2) Ceintures-articulations (2) Os longs PX (15) Os longs diaphyse (19) Os longs DX (12) Basipodes (31) Métapodes (75) Phalanges (139) Fig. 34 Sanglier, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés (entre parenthèses : NR ; PX : extrémité proximale ; DX extrémité distale) petits morceaux. La longueur moyenne des probable moindre identification des petits humérus, fémurs et tibias non brûlés est de fragments de vertèbres ou des coxaux brû- 70 mm. En outre, une majorité d’entre eux lés (fig. 34). Comme pour le cerf, on observe révèle des bords de fractures typiques d’une chez le sanglier de nombreux os brûlés dans fracturation (intentionnelle), ce qui suggère la moitié inférieure des membres. une intense récupération de la mœlle. Une forte proportion des os de sanglier est brûlée. Le squelette axial et les ceintures semblent moins touchés, mais il faut souligner la faiblesse des effectifs et une Acquisition et exploitation du chevreuil Le chevreuil se place au troisième rang des espèces chassées, totalisant 117 restes dans l’ensemble V et quatre dans l’ensemble VI ou 44 33 ou 22 11 00 (voir fig. 12). Dans la classe de taille des petits ongulés, le chevreuil est la seule espèce identifiée avec certitude. Toutefois, du fait de leur grande fragmentation ou de leur combustion, il n’est pas exclu que quelques vestiges de chamois soient passés inaperçus. Par conséquent, l’analyse porte à la fois sur le chevreuil au sens strict et sur la catégorie des « petits ongulés indéterminés », qui lui correspond très probablement. Dans l’ensemble V, la population chassée équivaut au moins à quatre individus, dont un jeune. Les quatre vestiges de l’en- 3 ou 4 semble VI correspondent à un seul individu. Le profil squelettique ressemble beaucoup à celui du cerf, avec une bonne représentation de l’ulna par rapport au radius, du coxal et des extrémités distales par rapport Fig. 35 Chevreuil, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (© 2005 ArcheoZoo.org / J.-G. Férié) au haut des membres (fig. 35 ; annexe 1). Compte tenu du poids moyen de ce taxon, Arconciel/La Souche 55 0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % Chevreuil Crâne (8) Mandibule (2) Dents isolées (7) Vertèbres (18) Côtes (18) Ceintures-corps (2) Ceintures-articulations (3) Os longs supérieurs-PX (7) Os longs sup. diaphyse (11) Os longs supérieurs-DX (2) Métapodes-PX (3) Métapodes-diaphyse (18) Métapodes-DX (6) Basipodes (28) Acropodes (39) Petits mammifères indéterminés Crâne (13) Vertèbres (39) Côtes (29) Fig. 36 Chevreuil et petits mammifères indéterminés, ensemble V ; pourcentages de restes brûlés (entre parenthèses : NR ; PX : extrémité proximale ; DX extrémité distale) l’hypothèse d’un transport différentiel ne de leurs dimensions extrêmement réduites40 ; semble pas devoir être retenue, ce qui incite nous ne nous y attarderons pas. Pour mieux à considérer un traitement identique à celui comprendre les profils squelettiques des du cerf. espèces détaillées ci-dessous, il faut prendre La présence de stries de découpe se limite en compte les vestiges qui n’ont pas été à un unique métatarsien qui porte une déterminés au rang du genre ou de l’espèce marque en milieu de diaphyse. À cet os (NR=151). Ces derniers sont souvent minus- s’ajoutent vraisemblablement deux frag- cules et fréquemment brûlés. Il s’agit de très ments de côtes, attribués à de petits ongu- petits carnivores et mammifères indéterminés lés, également striés. Le corpus des diaphyses (fig. 37). Ils comprennent des quantités non d’os longs est limité, mais la majorité des négligeables de vertèbres, de côtes et de bords examinés (17/25) présentent des frac- phalanges ; les os longs et les ceintures sont tures typiques d’une fracturation dynamique, aussi présents. Ces éléments sont à garder en vraisemblablement en vue de récupérer la mémoire, car ils seront nécessaires à la dis- mœlle. À noter que les phalanges sont toutes cussion sur les déficits observés dans les fragmentées, mais nous n’avons pas tenté de groupes zoologiques suivants. déterminer si cet état correspondait à un acte intentionnel. Comme pour les espèces précédemment examinées, la combustion Le castor concerne une plus grande proportion des os des extrémités distales des membres (fig. 36). Malgré un effectif très réduit (NR=28 ; NMI=3 ; voir fig. 12), toutes les régions du squelette de Les petits vertébrés et les carnivores ce très petit vertébré ont été identifiées ; côtes et os des extrémités distales des membres sont bien attestés (fig. 38 ; annexe 2). Avec une longueur moyenne de 24 mm, les os sont Cette dernière section de l’analyse des faunes de petites dimensions. Ils ne montrent pas de des ensembles V et VI regroupe deux petits stries ni de traces de modification intention- carnivores, le loup et le lynx, ainsi que les ves- nelle. Les brûlures sont peu nombreuses et ne tiges de taille inférieure à ces derniers, réunis présentent pas de cohérence logique. Spatia- sous la dénomination de très petits vertébrés. lement, le castor est concentré dans la partie Certaines espèces sont très peu représentées moyenne de la zone de fouille : E(6)7et F(6)7 (voir fig. 12), probablement en partie du fait (voir fig. 2). L’hypothèse d’une carcasse dont 40 Ainsi, nous avons identifié quelques « grands » os de taupe, mais il est probable que la plupart des vestiges de cette espèce aient été confiés à J. Oppliger, responsable de l’étude de la microfaune ; il n’est pas exclu que des carpiens et tarsiens des plus petits mustélidés aient suivi le même chemin. CAF 22/2020 Études 56 ENS. V ENS. VI TOTAL BRÛLÉS % BRÛLÉS L MOY. (MM) Petits carnivores Loup 31 31 11 35.5 26.6 Lynx 4 4 2 50.0 60.0 Renard 10 10 3 30.0 30.8 Chat sauvage 56 56 6 10.7 27.8 Blaireau 11 2 13 5 38.5 17.8 Martre 77 1 78 26 33.3 24.9 8 6 75.0 14.4 24 43.6 16.6 Très petits carnivores Putois/hermine Petits carnivores indéterminés 8 53 2 55 Lièvre 7 1 8 Castor 26 2 28 3 10.7 24.5 Très petits mammifères indéterminés 93 3 96 42 43.8 18.6 376 11 387 128 33.1 Très petits mammifères * Total 30.8 Fig. 37 Fréquence en NR et principales caractéristiques des vestiges de carnivores et de très petits mammifères les plus représentés (* hérisson, écureuil et taupe exclus) la présence est indépendante de la fréquen- Les léporidés tation humaine peut être posée. Cependant, l’extrême fragmentation des os et le fait que Les restes de léporidés sont au nombre les os déterminés se rapportent à toutes les de huit, dont sept dans l’ensemble V (voir parties du squelette et non pas à une partie fig. 37) ; six se rapportent au lièvre européen seulement ne semblent pas coïncider avec ce et deux, correspondant à de jeunes indivi- que l’on attendrait d’un charognage par le dus, n’ont pas été attribués spécifiquement renard . Bien que ces os ne portent pas de au-delà de la famille. Ces os ne sont pas traces de modifications anthropogéniques brûlés, mais très fragmentés ; ils ne sont pas (hormis les brûlures déjà discutées), l’hypo- concentrés dans une partie du gisement. thèse d’une introduction et d’un traitement Bien qu’ils présentent un aspect taphono- par l’homme demeure la plus probable. mique voisin de celui des autres petites 41 3 ou 4 ensemble V 1 ensemble VI 41 Castel et al. 2011. Fig. 38 Castor, ensemble V (en brun) et ensemble VI (en jaune) ; fréquence des éléments du squelette en NMI (présence/ absence ; distribution aléatoire de la représentation des côtes et des vertèbres ; ces dernières sont représentées entières même si elles sont conservées sous forme de fragments) (© 2003 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, Inrap – modifié) Arconciel/La Souche 0 57 1 cm Fig. 39 Stries de désarticulation sur un atlas de chat sauvage (ensemble V) 0 1 cm Fig. 40 Ulna de lynx (ensemble V) striée sur la face latérale : prélèvement de la peau ou nettoyage de cet os en vue d’une utilisation technique ? espèces, il n’est pas possible de déterminer Pour les deux taxons les plus abondants, le statut du lièvre avec certitude : proie des à savoir la martre (fig. 41) et le chat sauvage Mésolithiques, introduction dans l’assem- (fig. 42), toutes les parties du squelette sont blage entre deux fréquentations humaines, représentées. Pour ces petits gibiers, nous relief d’un repas de carnivore ? n’avons pas reconnu de profil caractéristique du prélèvement ou de l’abandon de la Les carnivores peau. Leurs os sont dispersés sur l’ensemble de la surface fouillée. La forte proportion de restes brûlés ne Les vestiges de carnivores constituent une résulte pas d’une action intentionnelle ciblant part importante des ensembles V et VI (voir ces espèces, mais témoigne d’une acquisition fig. 12 et 37 ; annexe 2). La martre est l’espèce contemporaine des herbivores, porteurs de la plus abondante de ce groupe (NR=78 ; nombreuses modifications anthropogéniques, NMI=5), suivie par le chat sauvage (NR=56 ; et des carnivores qui, en revanche, en portent NMI=3). Les autres taxons sont moins nom- extrêmement peu. breux et leur NMI ne dépasse pas deux. Les vestiges sont systématiquement très 3 ou 4 ensemble V fragmentés ou de petites dimensions. Les pièces les plus notables sont un maxillaire de loup et une moitié distale d’ulna de lynx. Tous les autres grands os du squelette des carnivores sont réduits en petits fragments. La proportion de restes brûlés est en général très forte, même si elle est sensiblement moins importante chez le chat sauvage. Des Fig. 41 Martre, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (voir légende fig. 38 pour explication du mode de représentation) (© 2015 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, Inrap – modifié) traces de morsures n’ont été identifiées que sur deux restes de loup. Seuls deux restes portent des stries : ce sont des stries de désarticulation reconnues sur un atlas de chat sauvage (fig. 39) et une 3 ou 4 ensemble V série d’incisions sur les deux faces d’une moitié distale d’ulna de lynx dont l’origine n’est pas déterminée (fig. 40). Ce faible nombre s’explique facilement par la grande quantité de restes brûlés et par la petite dimension des vestiges. Compte tenu du nombre de vestiges inventoriés pour chacun de ces carnivores, les profils squelettiques restent difficiles à interpréter. On signalera toutefois pour le loup une majorité d’os « périphériques ». Fig. 42 Chat sauvage, ensemble V ; fréquence des éléments du squelette en NMI (voir légende fig. 38 pour explication du mode de représentation) (© 1996 ArcheoZoo.org / M. Coutureau, V. Forest, Inrap – modifié) CAF 22/2020 Études 58 Autres taxons profit des parties squelettiques correspondant aux masses carnées principales qui ne 0 1 cm Fig. 43 Incisives de bovinés (aurochs ou bison) trouvées à proximité l’une de l’autre dans l’ensemble V Les grands mammifères sont extrêmement peuvent être abandonnées sur le lieu d’abat- rares. Les bovinés sont représentés par tage lors d’un traitement primaire. Pour des deux incisives (fig. 43). Bien que ces dents espèces plus petites comme le chevreuil, une ne portent pas de traces de modification telle sélection ne se justifie pas. La question technique, il est possible qu’elles ne soient se pose aussi pour le sanglier, qui a une taille pas liées à une acquisition locale à des fins intermédiaire. Pourtant, les profils squelet- alimentaires, mais qu’elles relèvent de la tiques de ces trois espèces sont extrêmement sphère symbolique (parure ?) et qu’elles similaires. Il paraît plus raisonnable de consi- aient été transportées depuis un autre lieu dérer que des causes communes ont produit d’acquisition plus éloigné. À ces vestiges cette convergence des profils. Les infléchisse- identifiés taxonomiquement s’ajoutent cinq ments des profils observés sont donc le résul- fragments de grands ongulés indéterminés, tat de modifications qui ont eu lieu dans l’abri, dont trois brûlés, qui appartiennent à de que celles-ci soient d’origine anthropogé- grands nique ou post-dépositionnelle. mammifères indéterminés (une racine d’incisive, deux corps de côtes, un os L’examen précis des refus de tamis per- spongieux et un fragment de diaphyse ; met d’observer une abondance croissante L. moyenne=41 mm). De plus, deux petits des os spongieux et des côtes parmi les fragments brûlés (L. moyenne=23 mm) sem- fragments les plus petits (< 2 cm). Ainsi, blent correspondre à un carnivore d’une une partie du squelette axial a été réduite taille supérieure au loup. en fragments indéterminables à l’intérieur Dans la famille des cervidés, il faut ajouter même du site. La combustion des os, parti- 29 restes, dont 22 petits fragments de culièrement importante, intervient princi- ramures (L. moyenne=26 mm). Il s’agit princi- palement de façon aléatoire après l’exploi- palement d’épois qui sont fréquemment tation des carcasses et de leur squelette. brûlés (NR=14 sur 22). Ces derniers s’ajoutent Elle fait donc disparaître toutes les por- aux fragments de ramures attribués avec tions de façon à peu près égale, même si certitude au cerf et au chevreuil. des irrégularités laissent imaginer que cer- Enfin, nous avons enregistré la présence taines parties du squelette, par exemple le du hérisson (NR=5), de l’écureuil (NR=2) et bas de pattes, ont pu être plus brûlées que de la taupe (NR=2, dont un reste brûlé). À d’autres. L’ensemble de ces arguments cela s’ajoutent trois os de petits oiseaux rend délicat de déterminer sous quelle non identifiés. La présence de ces espèces forme le cerf et le sanglier ont été trans- sera vraisemblablement réévaluée lors de portés, mais il est certain qu’une bonne l’étude de la microfaune. Un lien avec les partie d’entre eux l’ont été intégralement, à activités humaines est possible , mais n’est l’instar du chevreuil. Comme dans beau- pas établi dans les ensembles V et VI d’Ar- coup de sites contemporains, les os des conciel/La Souche. extrémités distales des membres sont les 42 plus abondants44. Conclusion Les os de ces trois ongulés témoignent d’une intense exploitation des denrées alimentaires, Le corpus des ensembles V et VI d’Arcon- mais aussi des produits techniques comme les ciel/La Souche livre une majorité d’herbi- peaux. Le corpus se caractérise ainsi : vores : le cerf est largement prédominant, – les carcasses ont, dans leur majorité, été accompagné par le sanglier et le chevreuil. ramenées entières ; L’acquisition est donc nettement orientée – les os sont très peu striés ; vers le trio d’espèces le plus fréquemment – les os montrent une fracturation impor- reconnu dans les sites contemporains d’une tante, y compris au niveau du squelette vaste sphère régionale43. axial ; – on observe un démantèlement du sque- 42 Bridault 1993. Le cerf est représenté par des individus plutôt lette, de préférence par fracturation à l’aide grands ; on peut considérer qu’un poids vif de d’outils lourds et parfois par désarticulation 200 kg pour les mâles est une approximation 43 Guidez 2018 ; Séara et al. 2010. raisonnable. À la suite de la chasse, il paraît 44 Bridault 1993. logique d’envisager un transport sélectif, au à l’aide d’outils tranchants en silex ; – la récupération de la viande et de la mœlle est systématique ; Arconciel/La Souche 59 – la récupération des peaux concerne Les petits gibiers, et notamment des ani- une partie au moins des individus et la maux à fourrure tels que la martre et le récupération des tendons semble très chat sauvage, ont fait l’objet d’une acquisi- marginale ; tion spécifique importante : leur présence – il semble y avoir une sélection d’une partie est en effet d’origine anthropique. Leur rôle des extrémités distales des membres et dans l’économie concerne essentiellement de certaines régions articulaires pour ali- la production de peaux, même si la preuve menter les foyers ; de la récupération des fourrures est diffi- – il y a une destruction intense de tous les cile à apporter dans la mesure où toutes restes osseux par combustion, quelles que les parties des squelettes sont représen- soient l’espèce ou les parties du squelette. tées, sans sur-représentation de ceux des extrémités distales des membres, et que les Une réflexion sur les irrégularités de la repré- os ne portent quasiment pas de stries. On sentation squelettique des espèces peu peut donc en conclure que les motivations abondantes apporte des renseignements des sur l’intégrité des corpus. Chaque individu d’ordre alimentaire, mais avec une compo- identifié n’est représenté que par un tout sante sans doute importante liée à ces petit nombre de restes. Cela est dû en prio- besoins techniques. On peut enfin relever rité à l’extension relativement limitée de la l’absence d’animaux domestiques, y com- zone de fouille par rapport à l’ensemble de pris de chiens. chasseurs étaient principalement l’abri, ainsi qu’aux intenses activités de combustion. En revanche, bien que comme dans Sur la base des seules données archéozoo- tout site stratifié, des mélanges soient pos- logiques, il est délicat de préciser si les sibles entre les principaux ensembles, ceux- 25 ongulés et les petits gibiers abattus cor- ci semblent finalement très faibles, ce qui respondent aux activités d’un groupe qui n’explique donc pas ce phénomène. s’est installé sur le site pour un nombre La sur-représentation de l’ulna constitue réduit de séjours (dans le même ordre de une originalité du corpus. Elle est assez mar- grandeur que le nombre d’abattages d’on- quée chez les deux cervidés et moins visible gulés par exemple), ou s’il s’agit de la relique pour le sanglier. L’ulna de lynx, intensément d’un nombre de proies bien supérieur (avec striée, pourrait venir s’ajouter à ce lot de ves- un facteur 10 ou 100 par exemple). En outre, tiges très particuliers. Même si les os en géné- il faut garder à l’esprit que le secteur fouillé ral ne portent quasiment aucune trace de ne représente qu’une petite partie de l’abri façonnage, une mise en relation avec une uti- et que ce qui est actuellement préservé est lisation technique de l’ulna peut être envisa- vraisemblablement inférieur à la totalité de gée. Dans ce cas, il est possible qu’une partie l’implantation humaine originale. de ces ulnas ne corresponde pas au produit de chasses locales. Le calcul du nombre d’in- Le corpus de l’ensemble VI ne présente que dividus chassés doit donc vraisemblablement des similitudes avec celui de l’ensemble V, se faire en écartant cet os. mais les effectifs sont très faibles et il serait imprudent de développer des analyses aussi Le matériel exceptionnel des ensembles V détaillées que celles effectuées pour l’en- et VI d’Arconciel/La Souche permet d’appré- semble V. Il n’y a toutefois pas lieu de penser hender certains des choix d’acquisition opé- que les modalités de sélection, d’introduc- rés et des multiples détails des exploitations tion et de traitement soient différentes. alimentaire et technique, même si une importante phase de combustion en masque sans Il est remarquable de noter que la sélection doute une grande partie. Ainsi, les indica- de la faune, et donc des productions alimen- tions de saisons d’occupations demeurent taire et technique mises en place lors des pre- trop imprécises dans l’état actuel de l’étude. mières phases d’occupations de l’abri reste- Les chasses ont été conduites dans un milieu ront, sur les points principaux, les mêmes tout de forêts de basse altitude et de berges de au long de la séquence du Mésolithique rivières. Les grands ongulés de milieu plus récent d’Arconciel/La Souche45. Les spécifici- ouvert n’ont pas été exploités. De même, les tés de cette séquence pourront ainsi être espèces de montagnes sont absentes. Cela replacées dans une perspective diachronique concourt à indiquer une exploitation volon- sur l’évolution du Mésolithique face à la pro- tairement très locale. gression du front de néolithisation. 45 Guidez 2018 ; Guidez/Castel à paraître. CAF 22/2020 Études 60 Bibliographie Bassin 2018 et du technique : la consommation du Thèse de Doctorat (Université de Stras- L. Bassin, Le Second Mésolithique du renne dans le Solutréen de la grotte bourg, École doctorale 519, UMR 7044 – Plateau suisse au Nord du Jura (6600- de Combe Saunière », in : J.-Ph. Brugal Archimède), [Strasbourg 2018]. 5000 av. J.-C.). Traditions, innovations et – L. Meignen – M. Patou-Mathis (éds.), mutations dans les industries lithiques Économie préhistorique : les compor- Guidez/Castel à paraître des derniers chasseurs-cueilleurs et des tements de subsistance au Paléoli- A. Guidez – J.-Chr. Castel, in : AA. VV., premiers agriculteurs-éleveurs, Thèse thique, Actes des XVIIIe rencontres L’Abri d’Arconciel/La Souche, Vestiges de doctorat (Université de Neuchâtel), internationales d’Archéologie et d’His- d’occupations mésolithiques au bord [Neuchâtel 2018]. toire d’Antibes (23-25 octobre 1997), de la Sarine (AF), à paraître. Sophia-Antipolis 1998, 433-450. 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CAF 22/2020 Études 62 Annexes Annexe 1 : Ensembles VI et V – Inventaire des vestiges des principaux ongulés ; NME : nombre minimum d’éléments ; les NMI sont des NMI de fréquence excepté lorsque précisé ; pour le cerf de l’ensemble VI, les valeurs sont systématiquement indiquées lorsque le NMI dépasse 1. CERF NR Bois ou chevilles 88 Crâne 80 Mandibule 35 Condyle 6 Dents isolées Hyoïde Vertèbres Ensemble V NME NMI Ensemble VI NR NMI CHEVREUIL ET PETIT ONGULÉ INDÉT., ENS. V Chevreuil Petit ongulé indét. NR NME NR NMI global 5 ≥6 137 5 6 23 5 3 22 2 1 6 6 1j 1ad 13 147 7 Atlas 4 2 2 Axis 4 3 3 Cervicales 48 4 1 2 Thoraciques 26 8 1 1 Lombaires 53 8 1 3 Sacrum 5 1 Caudales 3 1 Côtes 112 Tête 53 SANGLIER Ens. V Ens. VI NR NMI NR 6659 mm 2 1 1 1 2 1 1 11 1 1 3 8 3 2 25 4 9 1 1 1 1 1 1 2 1 2 1 1 1 9 18 7 5 4 1 2 1 1 1 1 1 Cartilage costal ossifié Sternèbres Scapula Extrémité distale Humérus Extrémité proximale Diaphyse Extrémité distale Radius Extrémité proximale Diaphyse Extrémité distale Ulna 10 3 2g 2 50 1 47 7 foramens 4, 2d 22 3 foramens 4 4d 6 5 1 26 (18g 8d) 2 2 2 1 2 2d 1 1 18 7 2 4 3 3 3d 3 2 1 2 2 1 6 3 4 54 17 1 1 6 Diaphyse 2 1 1 32 34 1 1 1 2 Extrémité proximale 1 2 3 2 9 6 2 1 Extrémité distale 2 Scaphoïde 20 14g 6d 14 2 2g 2 Lunatum 20 10g 8d 10 2 2g Pyramidal 24 12g 12d 12 6 3g3d 2 Pisiforme 18 5g 6d 6 3 2 1 2d 1d1g 2 2 1 2 1 3 3 3 2 Arconciel/La Souche 63 CERF Capitato-trapézoïde NR Ensemble V NME NMI 29 11g 15d 15 Ensemble VI NR NMI 1 CHEVREUIL ET PETIT ONGULÉ INDÉT., ENS. V Chevreuil Petit ongulé indét. NR NME NR NMI global 1 Unciforme 19 5g 4d 5 1 Métacarpe vestigiel 34 31 8 5 123 Métacarpe 9 Extrémité proximale 27 9g 8d 9 3 Diaphyse 88 3619 mm / 2 x 212 = 8.5 9 5 8 4g 2d 4 1 Extrémité distale 30 Os coxal 12 Acetabulum 9g 3d 9 56 Fémur Extrémité proximale Diaphyse Extrémité distale Patella Extrémité proximale Diaphyse Extrémité distale 2 5 2 2 2d 3 ; 183 mm 1 4 1 3 3 1g 2d 2 44 5 foramens 9 2g 1d 2 5 5 3 3d 48 7 foramens 4 2 2 Trapézoïde 1 1 1 Unciforme 1 1 2 Métacarpien 2 4 2 Métacarpien 3 5 4 1 Métacarpien 4 1 1 1 Métacarpien 5 2 1 1 2 1 3 2d 3 2 1 1 2 1 1 3 2 1 1 1 2 6 Capitatum 1 5 58 Tibia 1 SANGLIER Ens. V Ens. VI NR NMI NR 3 3 1 1 10 1 1 2 1 6 1 2 1g1d 3 Malléole 16 7g 5d 7 Talus 15 4g 7d 7 4 3d1g 3 1 1 Calcanéum 22 6g 4d 6 8 4d3g 3 6 2 Cubo-naviculaire 18 8g 5d 8 2 2d Cuboïde 1 1 Naviculaire 3 2 Cunéiforme latéral 1 1 Cunéiforme médial 1 1 1 Métatarsien 2 2 1 1 Métatarsien 3 2 1 1 1 1 2 24 3 1 1 24 3 1 1 19 3 2 3 1 Grand cunéiforme 15 6g 4d Fibula 2 2 1g1d 3 6 1 2g 2 2 4 Cunéiforme interm. Petit cunéiforme 7 Extrémité proximale 1 19 10 1 54 16g 11d 16 4 2 145 4547 mm / 2 x 235 = 9.7 10 14 580 mm 10 ; 319 mm 12 3g 5d 5 2 1 1 1 139 69 9 14 2 14 2 117 64 8 6 1 3 3 91 81 11 2 1 2 1 15 4 2 49 13 1 6 1 7 2 3 52 13 1 1 1 6 2 1 8 Diaphyse Extrémité distale Phalanges vestigiales 4 211 Métatarsien Phalanges 7 Sésamoïdes 188 Métapode indéterminés 165 9 Extrémité proximale 17 1 Extrémité distale 22 2 2 2 Métatarsien 4 Métatarsien 5 2 3 4 5 1 3 4 21 2 3 2 1 15 2 CAF 22/2020 Études 64 Annexe 2 : Ensembles VI et V – Inventaire des vestiges des principaux carnivores ; NR : nombre de restes ; NMI : nombre minimum d’individus de fréquence ; les valeurs sont systématiquement indiquées lorsque le NMI dépasse 1 ; PX : extrémité proximale ; DX : extrémité distale. LOUP (V) Crâne CHAT SAUVAGE (V) NMI NR NMI NR NMI 4 1 5 2 5 3 8 3 15 4 Mandibule Dents isolées MARTRE (V ; VI*) NR 4 1 8 10 3 1 PETIT CARNIVORE INDÉ. NR (V) CASTOR (VI) NR NR 2 18 1 Hyoïde Vertèbres 5 3 1 Atlas Axis Cervicales 3-7 1 2 Thoraciques 1 1 Lombaires Sacrum Caudales 5 1 7 1 Côtes 6 Tête 3 Sternèbres 1 Scapula Humérus 1 2 1 1 Radius 2 Ulna 1 7 3 7 DX: 5d 6 PX : 5d 2 1 Os du Carpe Métacarpien 1 Os coxal 1 10 1 2 3 2 4 Os pénien 1 Fémur 2 3 1 2 Patella 1 Tibia 4 2 4 2 1 3 3 1 Fibula Tarse Talus 2 Calcanéum 1 1 5 autres os Métatarsien 2 Phalange 1 6 1 Phalange 2 4 1 Phalange 3 1 Sésamoïdes 2 Métapode indéterminé Basipode indéterminé 3 4 2 8 3* 1 1 3 1 3 1 1 3 3 1 3 2 65 Résumé / Zusammenfassung Localisé sur les berges de la Sarine à quelques kilomètres en amont de Fribourg, dans un environnement de collines typique du Plateau suisse, le gisement d’Arconciel/La Souche est un vaste abri au pied d’une falaise de molasse, dont seule l’extrémité nord a été fouillée. La séquence archéologique fouillée de 2003 à 2012, sur environ 30 m2 pour les niveaux supérieurs et 18 m2 pour les niveaux les plus profonds, se développe sur près de 3 m d’épaisseur. Elle a pu être divisée en six ensembles principaux s’étendant de la fin du Premier Mésolithique à celle du Second Mésolithique. Les vestiges fauniques sont très abondants et généralement très bien conservés. Compte tenu de la taille du corpus, l’analyse archéozoologique a été confiée à deux spécialistes. Nous présentons ici les résultats obtenus pour les niveaux inférieurs (ensembles V et VI). Cette analyse permet de détailler de nombreux aspects de l’économie mésolithique, depuis le choix du gibier jusqu’aux modalités des exploitations alimentaire et technique. Si le matériel est souvent remarquablement conservé, l’existence de très nombreuses structures de combustion et d’épandages de cendres, dont les ossements font partie, masque en partie les modalités d’exploitation. L’acquisition concerne essentiellement des ongulés et des petits gibiers : le cerf est très largement majoritaire, suivi par le sanglier et le chevreuil. Pour les petites espèces, il faut souligner l’abondance de la martre et du chat sauvage ; elles sont accompagnées par une dizaine d’espèces peu représentées, notamment le loup, le castor, le lièvre et le lynx. Les motivations des chasseurs étaient d’ordre alimentaire (principalement viande et mœlle), mais l’exploitation des peaux constitue aussi une composante importante de l’économie. L’absence d’animaux domestiques, y compris de chiens, est à noter, ainsi que celle des animaux de milieu de montagne. Les ressources sont donc surtout locales. La sélection de la faune et les modalités de son traitement sont très similaires à celles observées dans le reste de la séquence et permettent de suspecter une permanence des modalités d’implantation dans un territoire écologiquement stable. Die Fundstelle von Arconciel/La Souche liegt am Ufer der Saane, einige Kilometer flussaufwärts von Freiburg entfernt, in einer für das Schweizer Mittelland typischen Hügellandschaft. Nur das Nordende des weiten, am Fusse eines Molassefelsens gelegenen Abris war Ziel von Ausgrabungen. Die oberen Niveaus der zwischen 2003 und 2012 untersuchten und rund 3 m mächtigen Schichtsequenz erstrecken sich über 30 m2, die tiefsten Niveaus über 18 m2. Die stratigraphische Abfolge konnte in sechs grosse Ensembles untergliedert werden, die am Ende des Frühmesolithikums einsetzen und das ganze Spätmesolithikum abdecken. Die grosse Menge faunistischer Reste zeichnet sich in der Regel durch einen sehr guten Erhaltungszustand aus. Angesichts der Grösse des Korpus wurden zwei Spezialisten mit dessen archäozoologischer Auswertung betraut. In vorliegendem Artikel werden die Resultate für die unteren Niveaus (Ensembles V und VI) vorgestellt. Die Untersuchung erlaubt, zahlreiche Aspekte der mesolithischen Wirtschaftsweise – von der Auswahl des Wildes bis zur Art und Weise der Verwertung – ausführlich zu beleuchten. Die Überreste sind zwar häufig bemerkenswert gut erhalten, doch das Vorhandensein zahlreicher Feuerstellen und Aschestreuungen, die Knochenreste enthalten, erschwert zum Teil klare Aussagen zur Nutzungsweise. Es wurde hauptsächlich Jagd auf Huftiere und Kleinwild gemacht : Der Hirsch macht den grössten Anteil aus, gefolgt von Wildschwein und Reh. Bei den kleinen Tierarten ist ein häufiges Vorkommen von Marder und Wildkatze zu verzeichnen. Hinzu kommt rund ein Dutzend weiterer, seltenere Tierarten wie Wolf, Bieber, Hase und Luchs. Die Jagd diente in erster Linie der Nahrungsversorgung (hauptsächlich Fleisch und Mark), doch war auch die Gewinnung von Fellen ein wichtiger Bestandteil der Wirtschaft. Haustiere, einschliesslich Hunde, fehlen genauso wie typische Gebirgsarten. Die Jagd beschränkte sich auf lokale Ebene. Die Resultate betreffend Auswahl der Tiere sowie deren Nutzung decken sich weitgehend mit jenen der Untersuchung der restlichen Schichtsequenz. Es ist folglich von gleichbleibenden Siedlungsbedingungen in einem ökologisch stabilen Territorium auszugehen. FHA 22/2020 Auswertungen 66 Christian Kündig Die Murtener Strandplatte Dank der ungeplanten Notgrabung im Ryfquartier öffnete sich ein Archiv für 4000 Jahre Geschichte. Die Ergebnisse ermöglichen es, die Ufersituation mit Bootsanlandestellen ab dem frühen Mittelalter nachzuzeichnen und Erkenntnisse zu früheren Seespiegeln zu gewinnen. La fouille d’urgence menée dans le quartier du Ryf nous a ouvert des archives fortes de 4000 ans d’histoire, dont l’étude a permis de retracer l’état des rives et de ses ports depuis le début du Moyen Âge, et de compléter nos connaissances sur les anciens niveaux du lac. Murten/Ryf 67 Einführung Grabung «Ryf 43», 2015 Die Altstadt von Murten breitet sich entlang der parallel zum Seeufer verlaufenden Hang- Grabung «Segelboothafen», 2009 kante aus, welche sich ungefähr 25 Meter Verbindungsweg zur Stadt über dem Seespiegel befindet. Der Hang fällt steil ab und lässt danach einen flacheren Streifen bis gegen das Seeufer hin frei, die Ryf 1 beziehungsweise das Ryfquartier. Durch die N 0 100 m teils starken Schwankungen des Seespiegels in der Vergangenheit war dieser nutzbare Streifen unterschiedlich breit. Heute beträgt die Distanz von der Hangkante bis zum Ufer um die 90 Meter. Inmitten des Streifens war seeseitig auf dem bislang unbebauten Grundstück an der Uferstrasse Ryf 43, gegenüber des steilen Verbindungsweges, der das Seequartier für Fussgänger mit der eigentlichen Altstadt auf dem Hügel verbindet, für die zweite Hälfte 2015 der Neubau eines Wohn- Ry gebäudes geplant (Abb. 1)2. Bis dahin gab es f keine archäologischen Grabungen in diesem Quartier. Die Bodeneingriffe wurden deshalb vom AAFR begleitet, um erstmals grössere Einblicke in den betreffenden Bereich der Uferzone des Murtensees zu gewinnen. Schon beim Ausheben eines vor dem eigentlichen Baubeginn gezogenen Leitungsgrabens kamen im sandigen Untergrund in 1,6 m Tiefe dunkle Sedimentverfärbungen von Pfostenstellungen zum Vorschein. Aufgrund dessen plante das AAFR eine enge Baubegleitung ein. Die 3,5 m tiefe und knapp 170 m2 umfassende Baugrube wurde in zwei Etappen ausgeschachtet; begonnen wurde mit der seeseitigen Hälfte, in der Abb. 1 Übersichtsplan von Murten mit Eintragung der Fundstellen Ryf 43 und Segelboothafen (© Bundesamt für Landestopographie, Swisstopo) nach Ausweis des Befunds im Leitungsgraben am ehesten archäologische Strukturen randsiedlungen am Murtensee5. Aber auch zu erwarten waren. Diese Erwartung sah mit Blick auf die mittelalterliche Stadt Mur- sich mit der Freilegung von deutlich linear ten ist der Uferbereich interessant. So fehlen ausgerichteten Pfahlstellungen bestätigt. bislang Kenntnisse zur Position und zum Im August/September 2015 folgte während Aussehen des seeseitigen Zugangs zu einer eines Zeitraums von vier Wochen die Unter- Zwingeranlage des Schlosses6. Hier gerät suchung und Dokumentation des gesamten der oben erwähnte Verbindungsweg in den Baugrunds (Abb. 2) . 3 Blick, der vom Rathaus der Stadt die Hangkante hinunter zum Ryf führt. Er gabelt sich Die Ergebnisse der Intervention im Ryf 43 be- auf halber Höhe; seine östliche Wegführung rühren zwei wichtige Themenkomplexe der endet ziemlich genau gegenüber der Gra- Archäologie am Murtensee: die Frage der bungsstelle (vgl. Abb. 1). Zwar fehlen Nach- Seespiegel in der Vergangenheit und Beob- weise von Befunden aus dem Themenkom- achtungen zu anthropogenen Befunden an plex Seeuferrandsiedlungen, die tieferen der Uferlinie. Bisher fehlen Flächengrabun- Schichten lieferten aber dennoch wichtige gen im seeseitigen Bereich der Murtner Ufer- Informationen zur Seesituation. Die Untersu- strasse – lediglich 2010 konnte in einem Lei- chung befasst sich also mit den Fragen, wie tungsgraben ein isolierter Pfahl dokumentiert der Uferbereich im Mittelalter aussah und werden4. Wichtig sind Beobachtungen im wie die Seespiegel in der Vergangenheit zu 5 Crivelli et al. 2012, 4-87. Ryf etwa für die Forschungen zu den Seeufer- veranschlagen sind. 6 Schöpfer 2000, 75. 1 Der Name Ryf leitet sich von «rive» (frz. Ufer) ab. 2 Koordinaten 2 575 482 / 1 197 640 / 433 m. 3 Ausgrabungsteam vor Ort: Chr. Kündig (technische Leitung), L. M’Boub, E. Garcia, Ph. Cogné. 4 Intervention MUS-RY41_2010. FHA 22/2020 Auswertungen 68 Die diesbezüglichen Beobachtungen und Bezug gesetzt zur Seespiegelhöhe. Dabei Resultate der Ausgrabung werden im Fol- mussten die in der Grabungsdokumentation genden getrennt betrachtet. Dabei be- niedergelegten, für eine zusammenfassen- schreitet der Beitrag zu den Seespiegeln de Betrachtung aber viel zu detailreichen formal einen unkonventionellen Weg, indem Schichtbeschriebe bis zu einem gewissen versucht wird, möglichst objektive Schicht- Grad standardisiert werden. Anschliessend beschriebe als Ergebnis von Seestands- widmet sich der zweite Teil den augenfällig Situationen zu sehen und zu erklären. Nach anthropogenen Befunden. Die betreffenden der Darlegung des Beobachtungs-Ansatzes Ergebnisse lassen sich direkt mit den vor- werden transparent in einer Liste erfasste gängig abgeleiteten Seespiegelsituationen Definitionen von Sedimentausprägungen in verknüpfen. Es muss betont werden, dass an Abb. 2 Der Ausgrabungsbereich Ryf 43 in der Unterstadt von Murten mit Blick in die schwer zu bearbeitenden, stark kiesig-sandigen Substrate der Uferzone Murten/Ryf 69 dieser Stelle keine Synthese zum Ryfquartier Positionen Phasen insgesamt vorgelegt wird, sondern die Gültigkeit der Aussagen nur für den Grabungsausschnitt im Ryf 43 beansprucht werden kann. 54C 75M XIII 75O XIIb 75N XIIa 54B Sofern eine differenzierte Ansprache der Schichten und Strukturen nötig ist, werden 54A im Folgenden die in Klammern gesetzten 54 Positionsnummern der Grabungsdokumentation übernommen, also zum Beispiel (61) 53A oder (75A), (75B), (75C). Grundsätzlich er- 53 folgt aber die Ansprache nach archäolo- 75K, L gisch fassbaren Befunden beziehungsweise 58 XII 58 75 I Befundkomplexen, im Folgenden «Phasen» genannt. Die Phasen sind mit römischen 47 Zahlen bezeichnet; eine allfällige Binnen- 75H XI 75H1 gliederung wird analog zur Positionsbenen- X nung alphanumerisch angezeigt (z. B. Pha- 6D se VIII, XIIa bzw. XIIb, usw.). Aus Gründen der 6 Lesbarkeit stehen in den Abbildungen die 6 Positionsnummern in einem Kreis und Pha- 64 46 75G 6 VIII 45, 45A 75F sennummern in einem Quadrat. Letztere VIIb 55C sind zudem farblich differenziert. 55B VIIa Relativchronologie und Datierung Zusammen mit den beiden Hauptprofilen (Nord bzw. West)7 gibt die vereinfachte Har- 55A 75E 61 75D, OK VI 68 75D V 75C IV 73 75B, OK III 74 75B II 75A I 69 ris-Matrix der lokalen Schicht- und Befundbe- 70 züge (Abb. 3) die chronologischen Verhältnisse am besten wieder. Für die absolute 71 Datierung wurden insgesamt 18 Materialpro- 72 ben entnommen, wovon eine zur dendrochronologischen Analyse vorgesehene Pfahlprobe aufgrund der zu geringen Jahrringzahl leider kein Ergebnis erbrachte. Die Auswahl der Proben für die Radiokarbondatierung erfolgte so, dass mit ihnen möglichst viele Phasen absolut datiert werden konnten (Abb. 4). Selbstverständlich spielte bei der Wahl auch die Quali- Bereich Süd Profile West und Ost tät der Probe eine Rolle, etwa indem bevor- Bereich Nord Profil West zugt Knochenfragmente statt Holzkohlestücke berücksichtigt wurden. Die Daten von elf erfolgreich analysierten Proben decken abgesehen von einer Ausnahme aus der Frühbron- Legende: 14 14 C-Daten K Keramikfunde Abb. 3 Murten/Ryf 43, Darstellung der stratigrafischen Bezüge in einer Harris-Matrix zezeit das gesamte Mittelalter ab und reichen bis in die Neuzeit beziehungsweise in die Zeit des Barocks. Die im Text angegebenen C- der Keramikfunde. Zwei der im Folgenden be- Daten berücksichtigen den 2-Sigma-Bereich schriebenen Phasen sind über zwei bezie- (95,4%), dies im Bewusstsein, dass es sich im- hungsweise drei Radiokarbondaten erfasst, mer um einen terminus post quem handelt. was hilft, die mögliche Zeitspanne zu bestäti- Alle Daten passen zur relativchronologischen gen oder sogar enger einzugrenzen. Bei zwei Lage der Probe und da, wo ein Vergleich mög- oder mehr Datierungen erscheint der Über- lich ist, auch zur chronologischen Bestimmung lappungsbereich der Zeitspannen als Datum 14 7 Die Jurarandseen sind von SW nach NE ausgerichtet. Der Einfachheit halber werden im Text die Himmelsrichtungen angepasst. Norden in Richtung See, bzw. Süden in Richtung Stadt. Bei den Abbildungen ist nur in den Übersichten der Kartennord angegeben. FHA 22/2020 Auswertungen 70 Uferstreifen waren über Jahrtausende geschätzter Siedlungsplatz und wurden später in Wehrdispositive von Burgen oder Städten integriert. Der Wasserstand der meisten Seen ist heute über verstellbare Wehre reguliert. Die jährlichen Spiegelschwankungen bewegen sich nur noch im Dezimeterbereich – ganz anders als bei einem unregulierten See. Der Wasserstand des Bodensees beispielsweise schwankte im Jahr 2019 im Minimum und Maximum um zwei Meter8. Über längere Zeiträume können sich Seespiegel um das Vielfache des Bereichs jährlicher Schwankungen bewegen. Mit solchen Bedingungen mussten Seeanstösser in vormodernen Zeiten umgehen. Dabei stellen sich aus heutiger Sicht viele Fragen, etwa welche Massnahmen ergriffen wurden, um ein gewisses Mass Abb. 4 Murten/Ryf 43, Übersicht zu den Radiokarbondaten (Tandem Laboratory, Uppsala S) an Spiegelschwankungen tolerieren zu können, wie wird mit Extremereignissen umgegangen und wie sehen die dazu entwickelten möglich. Präzisierungen erfolgen ausserdem baulichen und technischen Massnahmen über die stratigrafische Position, indem Daten aus? Seespiegel, Abflussmengen, die Lage aus relativchronologisch jüngeren Phasen von Flussbetten – all dies hat einen Einfluss auch die vorangehende/n Phase/n zeitlich fi- auf die Menschen, die unmittelbar an den xieren. Für Phasen ohne eigene absolute Da- Ufern leben und sich, egal ob auf dem Was- tierung bleibt nur die Eingrenzung zwischen ser- oder Landweg (Brücken), von einem Ort dem ältesten möglichen Datum der Vorgän- zum anderen bewegen wollen. Die Klärung gerphase und dem jüngsten der folgenden solcher Fragen, erfordert eine Auseinander- Phase. setzung mit den geologischen, hydrologi- Weitere chronologische Anhaltspunkte lie- schen und klimatischen Voraussetzungen. fert das keramische Fundmaterial (Baukera- 8 Vgl. https://www.hydrodaten. admin.ch/lhg/sdi/jahrestabellen/ 2032P_19.pdf (Abrufdatum 27.01.2020). 9 Hier und für das Folgende Historisches Lexikon der Schweiz Online: https://hls-dhs-dss.ch/de/ articles/007771/2010-04-01 (Abrufdatum 09.03.2020). 10 Hier und für das Folgende Ledermann 1991. 11 Portmann 1974; Wohlfarth-Meyer 1990. mik, Ofenkeramik, Gefässkeramik). Da aus Die Murtenseeregion erlebte in der Vergan- Zeitgründen ein relativ umfangreicher Abtrag genheit mehrere Eiszeiten, zuletzt vor 115 000 mit dem Bagger und lediglich die Feinreini- bis 10 000 Jahren die Würmeiszeit, deren gung von Hand erfolgten, sind viele dieser Ke- maximale Eisüberdeckung des Rhoneglet- ramikfunde ungenau stratifiziert und lassen schers (29 000–18 900 v. h.) bis zum heutigen sich nur Phasengruppen zuordnen. Dennoch Wangen a. d. A. SO reichte9. Die Gletscher- erlaubt es der Fundbestand, grobe Wider- oberfläche erreichte an der Jurasüdflanke sprüche in der Chronologie auszuschliessen. beim Mont Tendre eine Höhe von ungefähr Den beiden wichtigen Phasen IX (Mittelalter) 1200 m ü. M. Die Gletscherschmelze begann und XI (Neuzeit) sind aber zumindest grob da- vor zirka 18 000 Jahren; 3000 Jahre später tierbare Keramikfragmente zugeordnet. Sie war der Jurafuss eisfrei10. Während des Ab- bestätigen die Resultate der 14C-Datierung. schmelzens dieses östlichen Arms des Rho- Die Situation der jüngsten Sedimentaufschüt- negletschers staute sich das Wasser an den tungen ist historisch gut überliefert, weshalb Endmoränen unterhalb von Wangen a. d. A. dazu keine Funde mehr geborgen wurden. und es bildete sich vor zirka 15 000 Jahren der so genannte Solothurnersee. Die Exis- Seespiegel durch die Zeit tenz dieses Sees wird allerdings in der Literatur immer noch kontrovers diskutiert. Sofern es ihn gab, wird mit einer Ausdehnung Vorbemerkungen von 100 km Länge (Wangen a. d. A. bis in die Gegend von Orbe VD) und 15 km Breite sowie einer Wasserstandshöhe zwischen Am Ufer eines Sees zu leben, hat offensichtli- 445 und 480 m gerechnet11. Als Überbleibsel che Vorteile: Der See liefert Nahrung und bie- nach dem schon in die Zeit vor 13 000 Jah- tet Transportmöglichkeiten; unbewachsene ren angesetzten Abfluss des Solothurnersees Murten/Ryf 71 entstehen der Neuenburger-, Bieler- und Platze liefern. Dabei zeigte sich, dass im tiefe- Murtensee. In dieser nacheiszeitlichen Peri- ren Untergrund verschiedene, gut voneinan- ode zu Beginn des Holozäns bildete das der abgrenzbare Schichten vorhanden wa- Geschiebe der Aare in der Gegend von Aar- ren. Einige dieser Schichten wiesen auffällige berg BE, Kappelen BE und Bühl BE einen Oberflächenstrukturen auf, etwa viele Steine Damm und je nach Ausrichtung der Schüt- ähnlicher Grösse oder viele dunkle Verfärbun- tungen und Mäandrierungen veränderte gen und auch Holzkohlestückchen. Schnell sich der Verlauf der Aare derart, dass sie wurde klar, dass hier vermutlich mehrere Ufer- zeitweise nach Westen in den Neuenbur- situationen mit wechselnden Seespiegeln gersee beziehungsweise nach Osten gegen fassbar waren, für die dank der eingeschlos- Büren floss. Zum letzten Mal entwässerte senen organischen Bestandteile sogar eine die Aare bis etwa 3550 v. Chr. direkt in den Datierungsmöglichkeit bestand. Damit fiel Neuenburgersee . Die Schwankungen der angesichts eines gewissen Zeitdrucks der Seespiegelkurven für den Murtensee im Entschluss zumindest im abgekürzten Verfah- Zeitraum von 14 500 bis 10 000 v. h. liegen ren, weitere Schichtbereiche auch ohne den laut M. Magny und I. Ichoz, ohne dass sie konkreten Nachweis archäologischer Be- dies genauer ausführen, zwischen 427, 5 bis fundsituationen zu dokumentieren. Dank der 432 m ü. M.13. Es wird im Folgenden gezeigt, Unterstützung durch den Bauherrn und der dass diese Angaben nicht weit entfernt sind ausführenden Baufirma Gugger AG, Murten, von dem, was als Schwankungsbereich der wurde jeweils im Nachgang vorbereitender folgenden Jahrtausende bis heute nach- und gegen die vorhandenen Begrenzungs- vollziehbar ist. Auch in einer nachfolgen- profile geführter Sondierungen per Bagger den Studie von Magny zum Einfluss des abgetragen. Zumindest temporär blieb dabei Klimas im Holozän auf die mittleren See- auch in der Mitte des Grabungsfeldes und spiegel der Jurarandseen ist der Murten- senkrecht zur Uferlinie ein Profilsteg stehen. see explizit mit einem guten Dutzend Da- Im Ergebnis liessen sich daraus die Haupt- tensätzen aus der Zeit von 12 000 bis profile generieren. Wichtig für die im folgen- 1330 v. h. vertreten14. Zugleich publizierte den dargelegten Beobachtungen ist, dass C. Wolf im Zusammenhang mit der Auswer- sie aus Sicht und mit der Expertise des Gra- tung der archäologischen Ausgrabungen bungstechnikers mit einer Spezialisierung für der Seeufersiedlungen bei Muntelier FR eine Mittelalterbefunde zusammengestellt wur- Seespiegelkurve, die die absoluten Höhen den. Ziel ist es nicht, eine spezifisch geologi- der Siedlungsschichten einbezieht . Dabei sche Abhandlung zu verfassen, sondern zeigte sich, dass die Amplituden wohl kür- anhand einer Dokumentation, die mit ar- zere Perioden spiegeln, als bisher vorge- chäologischen Mitteln zustande gekommen schlagen. Mit der kleinen Ausgrabung im ist, einen Beitrag zur Problematik der Seespie- Vorfeld des Neubaus im Ryf 43 liegt nun ein gelschwankungen zu leisten. Konkret lautet weiterer Mosaikstein vor, der ein weiteres die Frage, wie man von einer spezifischen Zeitfenster öffnet zum Nachweis der See- Schichtzusammensetzung auf den jeweiligen spiegelstände am Murtensee. Seespiegel schliessen kann. Folgende Beob- 12 15 achtungen und Grundgedanken stehen da- Grundlagen und Vorgehen zur Ableitung der Seespiegel bei im Vordergrund: Bestimmend für die Sedimentausbildung sind vorangehende erosive Vorgänge, die sich Zu Beginn der Ausgrabung in den oberen je nach Wassertiefe unterschiedlich intensiv Schichten stellte sich die Frage nach den See- auswirken (Wellenschlag, Strömung). Der spiegelschwankungen noch nicht. Zwar hoff- Uferausschnitt im Ryf 43 befindet sich te man auf eventuell vorhandene Reste jung- in der moderat geschützten Ufersituation von neolithischer Seeufersiedlungen – in nur zirka Murten ungefähr in der Mitte zwischen 200 m westlicher Richtung (vgl. Abb. 1) befin- Grengspitze und dem östlichen Seerand mit den sich die östlichen Ausläufer der Station den häufigsten Winden aus Nordost und Murten/Segelboothafen FR, gleichwohl rich- Südwest. Die Exponiertheit ist weniger direkt tete sich der Fokus zunächst auf die Doku- als beispielsweise in Salavaux VD am westli- mentation der offensichtlich mittelalterlichen chen Ende des Sees bei starkem Nordostwind Strukturen. Eine Sondierung sollte hier mehr (Bise). Die Wassertiefe spiegelt sich in der 14 Magny 2004, 65-79, bes. 70. Informationen zu den tieferen Schichten am Zusammensetzung der Sedimente. Sedimente 15 Wolf/Mauvilly 2004, 105. 12 Thew 2016, Kapitel 2, 27. 13 Magny/Richoz 2000, 129-144. FHA 22/2020 Auswertungen 72 Wasserstand Nach Moulin 1991, Thew 2016 Murten, Ryf 43 Andere Marker (Moulin 1991, Thew 2016, Murten Ryf 43) +2 + 1,5 Fein-bis Mittelkies 1 Fein- bis Grobkies 2 Sandiger Kies 3 Sandiger Fein- bis Grobkies, mit organischen Resten Feinkiesiger Sand 4 Feinkiesiger Sand, mit organischen Resten Sand 5 Siltiger Sand Sandiger Silt, tonig 6 Sandiger, kiesiger Silt Siltig, tonig, kreidig, weisslich 7 Fein- bis Mittelkies +1 12 -1 - 1,5 Schilftorf - 0,5 Hölzchen 0 13 14 15 Mikrokohle 11 Organische Beimengungen 10 Gräser, Spühlsaum 9 Schneckenhäuser, Muscheln Mittel Tief Fein- bis Grobkies, mit Sand 8 Onkoide Mittel + 0,5 Organische Kreide Mittel Hoch -2 Kreidiger Silt, mit Feinsand Legende: 1–7 Murten Ryf 43 8–15 Murten Ryf 43, Moulin 1991, Thew 2016 - 2,5 Kreidiger Silt Abb. 5 Murten/Ryf 43, Synopse zu den Bezügen von Sedimentbeschaffenheit und Wassertiefe setzen sich aus Schwebeteilchen zusammen, Aus diesen Aspekten heraus entstand eine die im Wasser verteilt und abgesetzt werden. Synopse, die die einfache Bezugnahme zwi- Während diese in Fliessgewässern von der schen der Art des Sedimentes und der Was- Strömung verlagert werden, werden diese im sertiefe, in welchem es sich ablagert, dar- See von Wellen aufgewirbelt, sofern diese in stellt, und mit den bei N. Thews und B. Moulin Ufernähe tief genug in den Untergrund ein- beschriebenen ähnlichen Situationen16 ab- wirken können. Zuflüsse von Bächen und an- gleicht (Abb. 5). Aus den Bezugnahmen er- deren Fliessgewässern bewirken dasselbe, gibt sich eine Einteilung in 15 Sedimentarten allerdings mehr oder weniger lokal und ab- beziehungsweise -elementen, kurz «Klasse» hängig von der geführten Wassermenge. Alle genannt (vgl. Abb. 5 Nrn. 1–15). Effekte können auch kumulieren. Als Variablen haben wir hauptsächlich die Energie des Für das Verständnis der Synopse sind fol- bewegten Wassers und den Durchmesser der gende aus den genannten Publikationen potentiellen Schwebeteilchen. Je kleiner der zusammengefasste Definitionen und Aspek- Durchmesser, umso höher ist die Wahrschein- te wichtig: lichkeit, dass sie aufgewirbelt und länger transportiert werden sowie andererseits dass – Pure, weisse Seekreide bildet sich in ruhi- sie längere Zeit benötigen, um wieder abzu- gem Wasser ab 1 m unter dem mittleren sinken. Grössere Kaliber werden eventuell 16 Thew 2016 Kap. 2, 22-24 u. Moulin 1991, 50-51 jeweils mit weiterer Lit. Seetiefstand. rollend transportiert oder bewegen sich hori- – Gelbbeige bis bräunliche organische Krei- zontal gar nicht mehr. Die Energie des Was- de bildet sich wie Seekreide in ruhigem sers ist schwieriger zu beurteilen und erfor- Wasser. Die organischen Beimengungen dert die Beobachtung der Ufersituation in stammen von Schilfresten und ähnlichen ihren durchschnittlichen Zuständen, vorzugs- Pflanzen und sind oft mit Kohlemikrores- weise im Winter, wenn das Wasser klar ist, ten vergesellschaftet. Diese Schichten ak- aber auch bei extremen Verhältnissen, etwa kumulieren sich zwischen dem mittleren während und nach einem Sturm. Seetiefstand und 1 m darunter. Murten/Ryf 73 – Um den mittleren Tiefstand ist die Kreide – Ein Vegetationsniveau kann nach andau- sandig, auch durchmischt mit Einschlüssen ernder Immersion nicht mehr als solches von grösserem Durchmesser; ab dem mittle- erkannt werden (vgl. z. B. die Situationen ren Tiefstand kann sich Schilftorf bis hin zum an Stauseen). mittleren hohen Wasserstand erhalten. – Über der mittleren hohen Wasserlinie er- – Sedimentunterbrüche entstehen während andauernder Tiefphasen durch Erosion. halten sich Silte mit vermehrt organischen – Die Sedimente in einem See spiegeln die Einschlüssen, die vor allem von Seggen- Wassertiefe scheinbar unabhängig von gräsern stammen. der Grösse der Wasserfläche. Allerdings – Im Wellenschlagbereich werden die Sedi- bauen sich auf einer grossen Wasserflä- mente sandiger und die zerstörerischen che bei Wind grössere Wellen auf, was Kräfte gegenüber eventuell erhaltenen mehr Energie bedeutet. Dies kann sehr Kulturschichten nehmen zu. wohl einen gewissen Einfluss auf die Sedi- – Innerhalb derselben Sedimentierungspha- mentation haben. se nehmen die Korngrössen im Uferverlauf – Die Neigung des Ufers hat einen Einfluss auf vom Spülsaum zum tieferen Wasser hin ab. das Wellenbild und damit auf die Sedimen- – Ein schnelles Absinken des Wasserspie- tierung. Ist die Neigung bei unterschiedli- gels kann die organischen Schichten aus- chen Wasserständen unterschiedlich, kann trocknen und volumenmässig schwinden das abweichende Substratzusammenset- lassen; die Oberfläche ist allgemeinen zungen hervorrufen. Erosionsereignissen ausgesetzt. Möglich – Unterschiedliche Wasserstände können sind der Abtrag durch Rinnsale, Gleitbe- die Ausrichtung und Ausdehnung von wegungen oder auch Teilabbrüche. Buchten und Landzungen derart verän- – Steine mitten in feineren Sedimenten wie dern, dass sie ihre Schutzwirkung verstär- Sand oder Silte sind eher Überreste einer ken oder vermindern, was einen Einfluss Tiefphase. Die Oberfläche wird aufgear- auf die Sedimentierung haben kann. beitet (erodiert), die feinen Partikel werden – In der Nähe eines Hanges können sich im weggeschwemmt. Steine, die in einer spä- Ufersand herabfallende Steine einlagern. teren Phase mit wiederum erhöhtem Was- Während einer längeren Phase mit Erosi- serspiegel einsedimentiert werden, blei- on durch Wellenschlag, werden die feinen ben übrig. Finden diese Wechsel von Partikel weggeschwemmt und die davor Hoch- und Tiefphase in relativ kurzen In- in unterschiedlicher vertikaler Ausbreitung tervallen statt, kann es sein, dass gleich- eingelagerten Steine verbleiben in ihrer mässig in einer ansonsten feinen Sedi- horizontalen Verteilung. Mit der Zeit be- mentschicht verteilte Steine übrig bleiben. finden sich alle Steine dann auf einer Ebe- – Steine mit einer kalkigen Kruste, so ge- ne. Steigt nun der Seespiegel wieder an, nannte Onkoide, bilden sich unter der Vo- wird diese Situation konserviert und mar- raussetzung einer Wassertiefe von bis zu kiert den Moment unmittelbar vor einem 1 m17. Sie finden sich ab dem mittleren tie- signifikanten (>1 m) Pegelanstieg. Dieses fen Wasserspiegel und tiefer18. Prinzip des Reduktionshorizontes lässt – Muschelreste gehören zum Teilchenbestand in etwa 0,5 bis 1 m unter dem mittleren Tiefstand. sich sinngemäss auch für andere Partikeldurchmesser anwenden. – Steine können fast in jeder Tiefe vorkommen. Sie markieren in gewissem Sinn ei- Darüber hinaus gilt es auch folgende Über- nen Reduktionshorizont, dies oft auch als legungen zu berücksichtigen: bandförmige Steinfelder in gleicher vertikaler Ausbreitung. – Die Erhaltung einer Sedimentoberfläche – Steinfelder mit grossen Steinen benötigen setzt einen steigenden Seespiegel voraus. eher längere Erosionszeit. Was bleibt sind Die feiner werdenden Sedimente im ruhige- die Steine, der Rest wird weggespült. ren Tiefenwasser decken die alten Schichten Steinfelder finden sich sonst eher im ener- ab und konservieren diese. Dies allerdings giereichen Bereich mit maximaler Wellen- nur so lange, bis der Seespiegel wieder sinkt und die Schichten durch Wellenschlag oder Erosion an der Oberfläche aufarbeitet. – Strömungen und Wellenschlag schwemmen feinere Korngrössen schneller weg. einwirkung. – Eine gut sichtbare Trennlinie zwischen in Ereignis, einen wie auch immer gearteten 17 Die Information verdanke ich D. Brönnimann, IPNA Basel. Ihm sei herzlich gedankt. Wechsel der Bedingungen. 18 Moulin 1991; Hägele 2006. sich homogenen Schichten bedeutet ein FHA 22/2020 Auswertungen 74 – Kiese und Steine lagern sich als Depots je nach Situation zu Phasen zusammenge- eher über dem mittleren Wasserspiegel fasst (vgl. Abb. 6 Spalte 1), denen ein Farb- ab. So wurde etwa beim Sturm am Neuen- code zugeordnet ist (Spalte 2). Dem Kurzbe- burgersee vom 8.10.1987 ein Streifen mit schrieb des Sediments in Spalte 4 folgt eine Steinen (Dm ca. 6 cm) am neuen Strand Interpretation beziehungsweise ein Kom- von St. Blaise NE beobachtet. Nach dem mentar in Spalte 5; Spalte 6 umfasst Infor- Sturm befand sich der obere Rand des mationen zur Datierung. Bandes 1 bis 1,2 m über dem mittleren Seespiegel. Die meisten Schichten fallen von Süden ge- – Zwar lässt sich ungefähr ableiten, in welcher gen Norden leicht ab, was bedeutet, dass Tiefe sich eine Schicht bildete. Offen bleibt die absolute Höhe eines Sediments variiert. aber, ob zu diesem Zeitpunkt ein Wasser- Dem tragen, wo nötig, die Eintragungen der hoch- oder -tiefstand herrschte. Hier gilt der absoluten Höhen in die Spalten 7 und 8 Mittelwert als beste Massgabe. Rechnung (Sediment im Süden bzw. im Nor- – Sedimentationsunterbrüche entstehen durch den). Die Sediment-Klassifizierung gemäss verschiedene Ereignisse, etwa andauernd Abbildung 5 erlaubt es nun auf einfache tiefe Seespiegel, bei denen Vegetations- Weise den Wassertiefenbereich (Spalten 9–10) schichten entstehen, oder durch verschie- zu erschliessen. Im Fall, dass ein Sediment dene Arten der Verwitterung an der mehreren Sedimentklassen zugewiesen wer- Oberfläche, Regen, Frost, Wellenschlag den kann, weichen die Werte idealerweise oder künstlicher Abtrag für Baustoffge- nicht zu stark voneinander ab, sondern winnung. Auch Abtransport der Sedi- bestätigen sich; hier gilt es dann, auf den mente unter Wasser durch veränderte jeweils gesamten Wassertiefenbereich zu Strömungsverhältnisse sowie veränderte referenzieren. Dabei kommen anhand der in Fliess-Situationen durch neue Zu- bezie- der Tabelle aufgenommenen und im Folgen- hungsweise Abflüsse oder sich ändernde den besprochenen Werte zweierlei Arten Flussbetten. von Seespiegelwerten zustande: Zum einen – Strandplattenniveaus erhalten sich nur systematisch im Bezug auf die Sedimentklas- im Schutz sich neu bildender Sediment- sifizierung (vgl. Abb. 5), indem zur absoluten schichten. Höhe der Oberflächenniveaus der Sedimen- – Steinfelder mit grossen Steinen sind Über- te einer bestimmten Phase (i. e. das Mittel bleibsel längerer, auch wiederkehrender aus den Werten in den Spalten 7 und 8) die Erosionsphasen. Das Steinfeld selbst, entsprechenden, oben besprochenen Was- lässt sich nicht datieren, da die Entste- sertiefenbereiche (Spalten 9–10) zugeschla- hung über sehr lange Zeit geschieht. Das gen werden. Daraus ergibt sich als Mittel Sediment darunter, wird eher älter sein. aus den Seespiegelbereichen ein jeweils Ein datierter Fund zwischen den Steinen, kategorisch angenommener Wasserspiegel datiert eher das Ende der Entstehung. Mit (Spalte 11). Zum anderen liegt der Bewertung einem Datum zur Schicht darunter und ei- eine individuelle, stärker differenzierende nem zur Schicht dazwischen, erfasst man beziehungsweise beschreibende Klassifizie- allenfalls den Entstehungszeitraum in sei- rung der Sedimente mit einer entsprechend ner Gesamtheit. individuelleren Ableitung des Seespiegelwertes zugrunde (Spalte 12)19. Als Endergeb- Von der Wassertiefe zum absoluten Seespiegel 19 Die ausführlichen Ableitungen sind im Grabungsschlussbericht des AAFR bzw. beim Autor einsehbar. nis, also als endgültig veranschlagter Seespiegel wird schliesslich das Mittel aus den Werten in Spalte 11 und 12 vorgeschlagen (Spalte 13). Die vorletzte Spalte nimmt als Ausgehend von der in der Synopse darge- Kontrollwert die Differenzen des jeweiligen stellten Parallelisierung der Zusammenset- Mittels aus Spalte 12 zu den Individualwer- zung bestimmter Sedimente mit einer Was- ten von Spalte 11 auf. sertiefe, die für ihre Genese mutmasslich Die Tatsache, dass diese Differenz (Spal- bestimmend war, lässt sich der absolute te 14) mit im Durchschnitt 0,3 m bei den abso- Seespiegel errechnen. In der tabellarischen luten Werten und vorzeichengerecht mit nur Gegenüberstellung (Abb. 6) sind alle dafür 0,1 m als moderat zu bezeichnen ist, zeigt, nötigen Informationen kompakt zusammen- dass auch mit einer stärker auf Klassifizie- gefasst. Die dort in Spalte 3 beschriebenen rung ausgerichteten Datenbehandlung gute Ablagerungen und Einzelpositionen werden Resultate zu erreichen sind. Dies spricht Murten/Ryf 75 wiederum dafür, eine allgemeingültige, über Messwerte aus der dokumentierten Zeit- den lokalen Rahmen hinausgehende Klassifi- spanne von 18 Jahren zwischen dem 1. April zierung anzustreben. Auf diese Weise liessen 1858 bis 31. März 1876 lässt sich überprüfen, sich Vergleiche zwischen verschiedenen ob Mittelwerte geeignet sind, längerfristige Fundstellen und Seen anstellen. Auf der an- Seespiegelveränderungen zu erfassen oder deren Seite wäre es über eine Vermehrung ob der Informationsverlust zu gross wird oder erhobener Daten und eine allfällige Fort- auch, welche Vorteile sich bieten, wenn man schreibung beziehungsweise Ausweitung der mit Jahresmittelwerten arbeitet. Daten in der Art von Tabelle 9 möglich, Fehler Die Effekte des Mittelns zeigen sich gut, und Widersprüche bei der Seespiegelermitt- wenn die Extremwerte und die jeweils ge- lung einzelner Seen besser zu erfassen. mittelten Werte miteinander verglichen werden. Dabei spielt es keine Rolle, ob man mit Der beim Abgleich mit der Sedimentbeschaf- einem riesigen Datensatz aus Tagesmitteln fenheit als wahrscheinlich veranschlagte oder Tagesablesungen rechnet oder nur mit Wassertiefenbereich (Spalte 13) kann unter den Jahresmittelwerten, denn das Mittel Umständen recht weit ausfallen. Darin spie- bleibt sich immer gleich. Dagegen werden geln sich eine gegebenenfalls geringere die jeweiligen aus Mittelwerten berechne- Treffgenauigkeit beziehungsweise die grös- ten Extremwerte, also die Minima und Maxi- sere Spannweite möglicher Tiefenbereiche. ma, kleiner. Es werden sozusagen die Spit- Zur einfacheren Handhabung wurde des- zen gebrochen. Bei der Beurteilung der halb auf gemittelte absolute Werte gesetzt. Sedimentsituation bleibt offen, ob und wel- Grundsätzlich ist der Seespiegel zwar be- che kurzfristigen Schwankungsereignisse im stimmten Schwankungszyklen unterworfen. betreffenden Ablagerungszeitraum statt- Dies können kurzzeitige Veränderungen infol- fanden, oder in welchem kürzeren Schwan- ge von Extremereignissen (Gewitter, anhalten- kungszyklus wir uns gerade befinden. Der de Starkregen) sein, aber auch jahrestypische archäologische Blick betrachtet ohnehin Schwankungen (Schmelzwasser, Trockenpha- keine jahrgenauen, sondern längere Zeit- sen) sowie langfristige Dispositionen, die spannen von mehreren Jahrzehnten. Viel- mehrere Jahrzehnte oder Jahrhunderte be- mehr ermöglicht es der Mittelwert, kurzfristi- treffen. Da es für unsere Fragestellungen aber ge Abweichung auszublenden. wichtig ist, Seespiegelschwankungen inner- Die Auswirkungen der beiden Juragewäs- halb einer grossen, mehrere Tausend Jahre serkorrektionen sind in dem Diagramm Abb. 7 umfassenden Zeitspanne erkennen zu kön- deutlich erkennbar. Ihm liegen die verfügba- nen, spielen saisonale Schwankungen keine ren Messreihen für den Murtensee ab April Rolle beziehungsweise lassen sich nicht abbil- 1858 bis heute, Januar 2020, zugrunde. Bei den. Insofern ist es zulässig, Seespiegel- der ersten Korrektion erfolgte der Bau des schwankungen und Wasserstände anhand 12 Kilometer langen Nidau-Büren-Kanals, der von Mittelwerten darzustellen. den Abfluss aus dem Bielersee vergrösserte. Für die Jurarandseen liegen aus der Zeit Der künstliche Abfluss führte zum schnellen vor den Juragewässerkorrektionen, also vor Absinken aller drei Seespiegel24. Ab Dezember 1868, Messreihen vor, die beispielsweise für 1879 fehlen neun Aufzeichnungsjahre zum den Neuenburgersee bis ins Jahr 1817 zu- Murtensee. Die Ganglinie lässt sich aber so in- rückreichen20. Beinahe lückenlos sind die terpretieren, dass mit den Seespiegeln ab Messreihen aller drei Seen ab 1857 dokumen- 1880 der Normalfall für die Zeit zwischen den tiert und für den Murtensee ist eine Mess- beiden Korrektionen erfasst wird. Mit dem reihe mit täglichen Ablesungen ab April 1858 letzten Hochwasserstand von 430,18 m ü. M. verfügbar22. Aus den Reihen lässt sich able- am 11. Mai 1966 werden die Auswirkungen der sen, dass sich die erste Gewässerkorrektion ab 1962 umgesetzten zweiten Juragewässer- ab 1876 auszuwirken begann. Die jährlich korrektion greifbar. Ab November 1966 pen- wiederkehrenden Höchstwerte sind meistens delt sich der Seespiegel in dem noch heute 21 20 Auswertung und Interpretation der Daten in Thew 2016 Kap. 2, 23. 21 Bundesamt für Umwelt (BAFU), Datenservice Hydrologie online https://www.bafu.admin.ch/bafu/ de/home/themen/wasser/zustand/ daten/messwerte-zum-themawasser-beziehen/datenservicehydrologie-fuer-fliessgewaesserund-seen/datenservice-hydrologie-verfuegbare-produkte--mit-beispielen-.html#-1381436588 (Abrufdatum 25.02.2020). 22 Hier besteht vermutlich ein Zusammenhang mit den endlich startenden Umsetzungen des Korrektionsprojekts durch Richard La Nicca (1794–1883), nachdem in den 1850ern wohl als Ergebnis starker Lobbyarbeit durch Johann Rudolf Schneider, Mitglied des ersten Nationalrats, der Bund die Juragewässerkorrektion zur nationalen Angelegenheit erhob und so das kostspielige Projekt ermöglichte. im Frühling zu verzeichnen. Das Monatsmittel gültigen Bereich ein. Anhand dieser Daten des März 1876 beträgt 432,69 m ü. M.23. Ab lassen sich fünf Beobachtungszeiträume un- diesem Zeitpunkt sinkt der Wasserspiegel bis terscheiden. Je ein Zeitraum vor und nach den zum Winter 1879 kontinuierlich, um den Maxi- beiden Korrektionen, einer dazwischen sowie malwert vom März 1876 nie mehr zu errei- die kurzen Zeiträume während der Umsetzung chen. Dieses Datum markiert also das Ende der Korrektionen. Die Übersicht Abb. 8 stellt 23 Die offiziellen Höhenmessungen in der Schweiz beziehen sich auf den Repère Pierre du Niton im Hafen von Genf. Ab 1902 galt als offizieller neuer Wert der Horizont von 373,6 m. Allerdings wurde in der eidgenössischen Hydrometrie bis einschliesslich 1915 noch mit dem alten Horizont von 376,86 m ü. M. Entsprechend sind die Werte ggf. zu korrigieren. der unkorrigierten Verhältnisse. Anhand der die wichtigsten Werte gegenüber. Insgesamt 24 Nast 2006, 13. FHA 22/2020 Auswertungen Position 75A 74A, 75B 74, 75B-OK 72, 75C 71, 75C 70, 75C Rot Orange dunkles Band mit organ. (?) Resten u. kl. Holzkohlestückchen; läuft gegen Süden aus (St. <10mm) vermutl. Uferbereich mit Spühlsaum; Herkunft der Steine unklar (Erosionsereignisse oberhalb Uferzone?) 770-870 CalAD; eingegrenzt aus 670-870 CalAD (Ua52662: Holz) u. 770-990 CalAD (Ua52665: Holz); siehe Bemerkungen sandig; unten heller, etwas tonig, sehr wenig Holzkohle (L. <3 mm); oben dunkler, beige-braun mit wenig Holzkohle (L. <3 mm) 68, 75D feines, sandiges Niveau mit Steinen; an Oberfl. gräul.-beige; viele Schneckenhäuser, Steine u. Kiesel sowie dunkle, längl. Verfärbungen; 1 Holzstück (datiert), 2 Mörtelbrocken (römisch?) 45, 45A, 75F sandiges, gebändertes Paket aus mind. 5 Bändern (St. jew. 4-15 cm); an OK (nur im N) ein dunkles Band (organ. Material?) u. vermehrt Holzkohle ohne eigene absolute Dat.; Ableitung aus benachbarten Phasen, also 770-880 CalAD WT um 0,5 bis 1 m; Schichtungen zeigen schwankende (auch saisonale?) Pegel an allg. fein-mittelsandig, teils etwas tonig, beige-grau; Kiesel (Dm. <15 cm) vermutl. mehrere Ablagerungsphasen mit wechselnden Pegeln; evtl. auch zeitweilig im Uferbereich 900-1260 AD; die Dat.-Spanne ergibt sich aus Ableitung Dat. benachbarter Phasen 6, 6B, 6C 46, 64, 75G 75H 58, 75I, 75K, 75L Phase mit Nutzung des Uferbereichs (Pfahlstellungen, mit unverrollter Keramik durchmischte Ablagerungen) Violett zu Beginn plötzl. Seespiegelanstieg; nur so konnte sich das tonige unterste Niveau bilden. Die mind. 7 Ablagerungsphasen setzen hohe, wohl von kürzeren Tiefständen unterbrochene 900-1260 AD; die Dat.-Spanne ergibt sich Pegel voraus. Am Ende der Phase vermutl. längere Periode aus Ableitung Dat. benachbarter Phasen mit tieferem Seespiegelniveau, die Erodieren der Oberfl. zu flacher Strandplatte begünstigte Petrol siltiger Sand; an Oberfl. Steine (Dm. <30 cm) u. viele dunkle Verfärbungen, die aussehen wie vermoderte Ästchen; im S 3 Bänder; nach S hin auslaufend bzw. erodiert u. Oberfl. mit deutl. geringerem Gefälle 770-880 CalAD. Dat. gemäss (55B) entspr. Position (Ua 52661: Holz = 680-880 CalAD) u. der Überlegung, dass Phase VIIa nicht älter sein kann als das älteste mögl. Datum von Phase VI 900-1030 CalAD (Ua 52657: Holzkohle) für eine der Schicht (55C) entspr. Position heterogen, ohne erkennbare Bänderung: im N sandig, feinsandig, willentl. eingebrachte Deponie bzw. Auffüllung (Aufwertung des Uferbereichs oder Entsorgung siltig, ohne Ton, Steine; gegen S grobsandig, feinkiesig bis von Material bspw. aus einem Kelleraushub?) steinig, im Oberflächenbereich einige verrollte Baukeramik Hellblau ohne eigene absolute Dat.; mögl. ab 530 bis 870 CalAD ohne eigene absolute Dat.; Ableitung aus benachbarten Phasen, also 530-870 CalAD. 3 Teilschichten, von 2 dünnen reinsandigen Bändern getrennt: unten kiesig, einige Steinen u. Knochen (Schlachtabfälle); Mitte eher feinsandig bis siltig, dunkel gebändert; oben grobsandig bis feinkiesig, Feinkeramikscherben Dunkelblau 530-640 CalAD (Ua 52666: Holz) im N zeigen tonige Schichten erhöhten Seespiegel an. Im untieferen Bereich im S wurden die feinen Ablagerungen z.T. weggeschwemmt u. gröbere Sande blieben. gebändertes Sandpaket; zuunterst u. unmittelbar über (45) umschliesst die Steine (45A) helle, beige, tonige u. nach S (hangwärts) auslaufende Schicht (St. <3 cm); darüber sandigere Schicht 1165-1260 CalAD (Ua 52656: Knochenfragm. = 1150-1260 CalAD; Ua 52658: Holzkohle = 1160-1260 CalAD; Ua 52664: Holz = 1165-1265 CalAD) 1280-1400 CalAD (Ua 52659: Holzkohle) 1480-1640 CalAD (Ua 52663: Holz) Aufschüttungen; untere Hälfte heterogen, fein- bis grobkiesig mit Steinen; obere Hälfte noch heterogener, auf den obersten 20 cm zunehmend humusartig, schon etwas durchwurzelt Aufschüttung, die zusammen mit einer umlaufenden Mauer (ausserhalb der Grabung) offensichtl. Landgewinn anstrebt Mitte 18. Jahrhundert, da die zugehörigen Mauern im Vissaula-Plan (1734) anders als im Bochud-Plan (1772) fehlen Terrain erneut etwas angehoben; 2. Gartenphase ab 1880 aktuelle Situation 1966–2015 54C Bau von Ufermauer u. Wellenbrecher (Pfähle) für eine Art Hafenanlage. Mauer eher als Befestigung u. baul. Abschluss zum Wasser hin zu verstehen u. nicht als Anlandestelle 75M im S Ufermauer in gr. Blöcken mit Hinterfüllung; im N Reste von Pfählen Dunkelgrau Hellgrau ohne eigene absolute Dat.; mögl. ab 1880 CalBC bis 640 CalAD 55A, 75E Wechsel von Hoch- u. Tiefständen vorauszusetzen. Anders als im Wellenschlagbereich oben, blieben im tieferen Wasser ältere Schichten erhalten; Höhenunterschied zwischen tieferem u. seichterem Bereich ca. 60 cm. Das feine organische Band (69) zeigt evtl. Zone etwas oberhalb des Ufers an. Im Uferbereich, der nur ab u. zu von Wellen erreicht wird, kann ein organisches Band liegen bleiben 1880-1690 CalBC (Ua 52660: Holzkohle) sehr tonige Schicht, dunkle organ. Einschlüsse; an Oberfl. Steine u. sandiger 55B, 55E Lachs Gelb ohne eigene absolute Dat.; älter als Phase III u. damit vor 1690 CalBC; sofern Kurve des Neuenburgersees stimmt evtl. um 6000 BC 61, 62, 66, 75D-OK Hellgrün wird als Seekreide angesprochen. Evtl. Ablagerungen im tieferen Wasser mit anschliessenden bzw. fortlaufenden Erosionsereignissen? Steine u. Kiese vom durch Wellenschlag erodierenden Hang? sandig, siltig, tonig, organ. Einschlüsse (St. <15 cm) 55, 55C, 55D, 75F Dunkelgrün eiszeitl. (keine Funde/Proben) sandig, viele Steine (Dm. <10 cm), Gesamteindruck eher grob. Holzstück (datiert) 53, 53A, 54, 54A, 54B I IV V VI VIIa VIIa VIIb VIIb VIII IX X XI mutmassl. Moränenmaterial der letzten Vergletscherung gelbl., stark tonige, siltige Schicht (St. 3 cm) XIII XIIa Datierung sandiges Band mit wenig Holzkohlestückchen, gegen N steiniger durch Wellenschlag aufgearbeitete Restoberfl. werdend (Dm. < 8 cm) u. typischerw. gelbl. (Reduktionshorizont) sandig bis kiesig, sehr humös Humus (Terrain im Jahr 2015) 1 2 3 XIIb Interpretation 69, 75C II weissl., sandig, kiesig, steinig; kreidige, kalkhaltige Schicht (St. im Durchschn. 40 cm), ähnl. gelöschtem Branntkalk; durchmischt mit Steinen (Dm. <8 cm); Schicht gegen Süden anscheinend dünner werdend Hellbraun grobsandig, kiesig, mit Steinen u. Geröllen, heterogen mit sandigen Linsen; hart, kompakt; keine Schichtung erkennbar Phase Sediment III Farbcode 76 4 5 6 Abb. 6 Übersicht zur Ableitung der Seespiegel und ihrer Datierung anhand der Sedimentbeschaffenheit und weiterer Beobachtungen im Ausgrabungsfeld Murten/Ryf 43. In Spalte 3 sind nur die wichtigsten betroffenen Positionen angegeben; zu Spalten 9-10 (Sedimentklasse) vgl. Abb. 5 Diff. Seespiegelmittel (Spalten 11 u. 13) Seespiegel (m ü. M.) gemäss Individualableitung 2019 Ergebnis Seespiegel (m ü. M.) = Mittel aus Spalten 11 u. 12 Seespiegel (m ü. M.) = Aus Spalten 7 bis 10 77 WT-Bereich nach Sedimentkl. Nord WT-Bereich (m) nach Sedimentkl. Süd OK Sediment Nord (m ü. M.) OK Sedimet Süd (m ü. M.) Murten/Ryf Bemerkungen nur auf wenigen Quadratmetern beobachtet 431,56 431,22 -1,5 – -1 (Kl. 6) -2 – -1,5 (Kl. 7) 432,9 Sedimentniv. + 1,5 m = im Mittel 432,5/433,5 433,0 -0,1 Umgebung der Steine (mit Kruste) weiss; nicht mehr nachprüfbar, ob evtl. Onkoide 431,64 431,26 0 – 0,5 (Kl. 3) -1,5 – -1 (Kl. 6) 432,0 vermutl. stärker schwankend zw. 430,5 (Wellenschlagbereich) u. 432,5 (Sandablagerungen) 431,8 0,5 Reste einer durch Wellenschlag aufgearbeiteten Oberfl. (Reduktionshorizont) 431,28 -1,5 – -1 (Kl. 6) -1,5 – -0,5 (Kl. 8) 432,3 eher hoch: 432,0-433,0 432,4 -0,2 431,30 0,5 – 1,5 (Kl. 1-2) -0,5 – 0,5 (Kl. 11) 431,3 tiefer: 431,0-432,0 431,4 -0,2 431,33 -1,5 – -1 (Kl. 6) -2 – -1,5 (Kl. 7) 433,1 um 432,0-433,0 432,8 0,6 431,84 431,38 -1 – 0,5 (Kl. 9; 13) 431,6 431,7-432,5 431,9 -0,5 431,96 431,56 -1 – -0,5 (Kl. 5) -1,5 – -1 (Kl. 6) 432,8 um 433,0 (gemäss der aus Sedimentcharakter abgeleiteten WT 1-1,5 m) 432,9 -0,2 431,96 431,56 0,5 – 1,5 (Kl. 1-2) -1 – 0 (Kl. 10; 14) 431,6 im Bereich der Schichtoberfl. bei 431,5-432,0 431,7 -0,15 432,30 431,60 -0,5 – -1 (Kl. 15) 432,7 432,5 0,25 -1 – 0,5 (Kl. 13-14) 432,3 431,9 0,8 -1 – -0,5 (Kl. 5) 433,1 432,9 0,35 432,7 -0,15 432,40 431,53 -1 – -0,5 (Kl. 5) 432,54 432,16 432,54 431,80 432,40 432,20 432,60 432,20 433,40 432,50 7 8 WT 0,50 m über (55B) ergibt 432,0-432,7; vermutl. am Ende der Phase als Voraussetzung für Bildung eines organ. Bands im Uferbereich Tiefphase bei 431,5 Phase älter als jüngstes Datum zu Phase VIIa (Ua 52661: Holz = 680-880 CalAD); diese Bedingung ist erfüllt bei einer erwarteten mittl. WT um 0,5 m ergeben sich Pegel von 432,0-433,5 -1 – 0,5 (Kl. 13-14) 432,6 -0,5 – 0,5 (Kl. 13) -1 – -0,5 (Kl. 5) 432,7 alternierende Pegel durchschnittl. im Bereich 432,0-433,5 (Wechsel Sandablagerung u. Erosion) 432,7 0,1 -0,5 – 0,5 (Kl. 3; 13) -1 – 0 (Kl. 4-5) 432,7 zw. seeseitigem Schichtauslauf u. OK erodierter Uferbereich, also 432,2-433,0 432,7 0,1 Pegel eher am unteren Rand der Aufplanierung, also um 432,0-433,0 432,5 absolute Dat. = terminus post quem; Aufschüttung könnte folgl. auch als unmittelbare Vorbereitung auf Phase XI mit dieser zusammenfallen Pegel zw. UK u. OK Ufermauer, also 433,0-434,0 433,5 Ofenkachel des 15. Jhs. aus Ufermauerkonstruktion in vermutl. deutl. späterem Fundkontext: Baudatum im weit gefassten Bereich um 1600 mögl. ohne Befunde; gemäss hist. Darstellung Pegel wohl etwas tiefer als in Phase XI zw. 432,0-433,0 432,5 seeseitige Stütz-/Schutzmauer liegt in Flucht von ähnl., aktuell sichtbaren Anlagen von max. 433,0 (Mittel 431,80) auf unter 430,0 (Mittel 429,45) sinkend 429,5 Nachgang 1. Juragewässerkorrektion seit Nov. 1966 stabil 429,0-429,6 (Mittel 429,26) 429,26 ab 2. Juragewässerkorrektion 9 10 11 12 13 14 Mächtigkeit des Schichtpakets nimmt von N nach S stark ab; Oberfl. flacher als bei darunterliegenden Niveaus, setzt sich nach S mit gleichbleibender Neigung fort; demnach OK Schicht (75F)/Phase VIIb tlw. wegerodiert C-Ergebnisse passen zur stratigraf. Postition; Kohärenz bestätigt Dat. in erste hundert J. der Stadtgeschichte 14 15 FHA 22/2020 Auswertungen Januar 2020 März / April 1966 Dez. / Jan. 1879/1880 April 1858 m ü.M 434 März / April 1876 78 433 432 431 430 428 427 426 1858 1868 1878 1888 1898 1908 1918 1928 1938 1948 1958 Okt. / Nov. 1966 429 1978 1988 1998 2008 2018 Abb. 7 Ganglinie des Seespiegels vom Murtensee ab dem 1. April 1858. Monatsmittel (Meterangaben nach neuem Horizont RPN 1902) zeigt sich, dass mit der ersten Korrektion der sunken. Der Wert für die gesamte Absenkung mittlere Seespiegel zwar um 2,35 m abgesenkt des Seespiegels im Murtensee beträgt nach wurde. Die Seespiegelschwankungen waren beiden Juragewässerkorrektionen 2,53 m. mit 2 m vor der ersten Korrektion gross; in der Folge waren mit 2,7 m sogar noch grössere Weiterhin stellt sich die Frage, wie sich die in- Seespiegelschwankungen zu verzeichnen. dividuellen Niveaudifferenzen der drei Jura- Neu kamen auch wegen der gewollten Ab- randseen und insbesondere die von Murten- senkung des mittleren Seespiegels extremere und Neuenburgersee zueinander verhalten. Tiefwerte hinzu (mittlerer Tiefwert -2,4 m und Da der Murtensee in den Neunburgersee Extremtiefwerte bis -2,6 m im Monatsmittel). entwässert, lässt sich die Schwankungskurve Bei den Tagesmittelwerten steht der maxi- des Neuenburgersees für den Vergleich der male Unterschied zwischen Minimum und Verhältnisse am Murtensee heranziehen. Als Maximum bei 3,52 m. Der Tiefststand lag nach Grundlage für einen solchen Vergleich stan- der ersten Korrektion bei 428,28 m am 9. und den folgende Messungen und Aufzeichnun- 10. November 1947. gen zur Verfügung: die erstmalige Eintra- 25 25 Siehe Anm. 21. 26 Nast 2006, 19. 27 Beschrieben und auszugsweise abgebildet in Vischer/Feldmann 2005, 17-32. Auch das Verhältnis der Differenzen der gung von Höhenkoten auf der Generalkarte Hoch- und Tiefmittelwerte zum Mittelwert, für die Entwässerung des Seelands inklusive bleibt mit 45/55 genau gleich wie vor der Kor- der Aarekorrektion von 183427, der Stryiensky- rektion. Dies erklärt sich aus dem Umstand, Karte vom Kanton Freiburg28 (ca. 1850) sowie dass der Seespiegel schneller ansteigt, als er einem Plan von 1854, der auf Anordnung der sich senkt. Je tiefer nämlich der Seespiegel ist, Baudirektion des Kantons Bern von J. R. Sten- umso geringer ist die Abflussmenge. Ab ei- gel ausgearbeitet wurde29, ausserdem die in nem gewissen Tiefstand geht diese gegen der Dufourkarte eingetragenen Seespiegel- Null. Die Hochstände fallen deshalb stärker niveaus (1845, 1860)30 und die aktuell durch ins Gewicht. Der gleichbleibende Differenz- das Bundamt für Umwelt (BAFU) zur Verfü- wert ist ein eindeutiger Hinweis darauf, dass gung gestellten Messreihen für den Murten- mit der bei der Korrektion erfolgten Seespie- see und den Neuenburgersee ab dem 26. Ap- gelsenkung um 2,35 m das Problem der Ab- ril 1858 und bis zum Beginn der ersten flusshemmung nicht gelöst wurde. Erst die Auswirkungen der Korrektion Ende März zweite Juragewässerkorrektion steuerte hier 187631. Aufgrund der Dokumentationshistorie radikal dagegen, und zwar mit zwei- bis sind die Grundlagen der Höhenangaben zu dreifach grösseren Abflussquerschnitten des den verschiedenen Projekten und Ausführun- Broye- und Zihlkanals, mit der Vertiefung des gen der Juragewässerkorrektion uneinheit- Nidau-Büren-Kanals um 5 m und mit der Ver- lich. Sie beziehen sich auf unterschiedliche breiterung und Vertiefung der Aare unterhalb Nullpunkte und Horizonte, werden teils noch von Solothurn an der Emmemündung26. Erwar- in Berner Fuss, später in Schweizer Fuss an- tungsgemäss liegt das Verhältnis der Diffe- gegeben32. Die Tageswerte der Seespiegel, renzen der Hoch- und Tiefmittelwerte zum welche in der vom BAFU zur Verfügung ge- Mittelwert nach der zweiten Korrektion mit stellten Excel-Liste abrufbar sind, mussten 49/51 fast bei 1/1. Es fliesst mindestens ge- zuvor auf die heute gültige Referenzhöhe von nauso viel Wasser ab wie zu. Als Ergebnis der 373,6 m ü. M.33 umgerechnet werden. Dabei 32 Peter 1922. zweiten Korrektion ist der mittlere Seespiegel ist anscheinend immer mal wieder ein syste- 33 Siehe Anm. 23. noch einmal um 18 cm auf 429,26 m ü. M. ge- matischer Fehler unterlaufen, indem für die 28 Historische Karten im Geoportal Kanton Freiburg online: https://map. geo.fr.ch/ (Abrufdatum 12.05.2020). 29 Wie Anm. 27. 30 Zeitreise, Kartenwerke im Geoportal Schweizerische Eidgenossenschaft online: https://map.geo.admin.ch (Abrufdatum 12.05.2020). 31 BAFU Datenservice Hydrologie online: https://www.bafu.admin.ch/ bafu/de/home/themen/wasser/ zustand/daten/messwertezum-thema-wasser-beziehen/ datenservice-hydrologie-fuerfliessgewaesser-und-seen/ datenservice-hydrologie--verfuegbare-produkte--mit-beispielen-. html#-1381436588 (Abrufdatum 25.02.2020). Murten/Ryf 79 Vor Korrektionen Beobachtungszeit: 18 Jahre (Apr. 1858 bis März 1876) 1. Korrektion Beobachtungszeit: 3 Jahre, 9 Monate (Apr. 1876 bis Dez. 1879 ) Zwischen den Korrektionen Beobachtungszeit: 86 Jahre, 5 Monate (Jan. 1880 bis Mai 1966) 2. Korrektion Beobachtungszeit: 6 Monate (Apr. 1966 bis Okt. 1966) Nach 2. Korrektion Beobachtungszeit: 53 Jahre, 2 Monate (Nov. 1966 bis Jan. 2020) Minimum 431,04 429,04 428,41 428,87 428,63 Maximum 433,04 432,61 431,13 429,58 429,95 2,00 3,57 2,72 0,71 1,32 Mittel 431,79 430,76 429,45 429,19 429,26 Mittel-Tief 431,37 430,08 428,94 428,87 428,98 Mittel-Hoch 432,31 431,60 430,04 429,58 429,55 Maximale Schwankung Diff.: Mittel-Mittel und Mittel-Tief 0,42 0,51 0,28 Diff.: Mittel-Hoch und Mittel-Mittel 0,51 0,59 0,29 45/55 46/54 49/51 431,79 – 429,44 = 2,35 429,44 – 429,26 = 0,18 Verhältnis: Min/Max Diff. zu vorher (Mittel) 431,79 – 429,26 = 2,53 Absenkung gesamt Abb. 8 Übersicht zu den Mittelwerten der Seespiegelstände vom Murtensee im zeitlichen Umfeld der Juragewässerkorrektionen (Werte sind aus Monatsmittel berechnet; Rundungsdifferenzen sind möglich) Werte bis zum 31.12.1892 von einer falschen 1854 30 cm und Dufour-Karte 1860 10 cm. Zwi- Ursprungshöhe ausgegangen wurde34. Auf schen Neuenburger- und Bielersee sind es drei den Fehler wurde der Autor vorliegender Höhendifferenzen: Generalkarte 1834 90 cm, Arbeit durch sprunghafte Differenzen der Dufour-Karte 1845 100 cm, Stengel-Karte Wertangaben zwischen Neuenburger- und 1854 57 cm. Diese Einzelwerte zeigen folgende Murtensee jeweils genau zum Jahreswechsel Tendenzen an: Die Differenz der Seespiegel- aufmerksam. Aufgrund der Fliessrichtung er- Höhe von Murten- und Neuenburgersee ist schien es unmöglich, dass der Neuenburger- eher kleiner als 30 cm (Durchschnittlich see, wie es die BAFU-Werte suggerieren, 22,5 cm), die von Neuenburger- und Bielersee einen im Durchschnitt signifikant höheren liegt eher über 60 cm (Durchschnittlich 82 cm). Seespiegel aufweist als der Murtensee. Aller- Aufschlussreicher sind die Berechnungen aus dings waren nicht alle Werte durchgehend den Tageswerten. Im Durchschnitt liegen die falsch, denn für den 29. März 1895 wird betreffenden Werte des Murtensees vom andernorts beispielsweise ein Niveauunter- 26. April 1858 bis 31. März 1876 nur 1 cm über schied zwischen Neuenburger- und Murten- denen des Neuenburgersees. Für die Extrem- see mit 1,69 m angegeben35, während die BA- werte leitet sich ab, dass der Seespiegel des FU-Tabelle für denselben Tag eine Differenz Murtensees im Maximum 1,39 m über dem des von 1,73 m anzeigt. Die Resultate kamen auf Neuenburgersees lag und 0,41 m unter die- jeweils unterschiedlichen Wegen zustande. sem. Das bedeutet, dass die Broye also zeit- Dass die Stichprobenwerte ausserdem inner- weise auch in umgekehrte Richtung floss. An- halb einer tolerierbaren Abweichung liegen, hand der vorhandenen Messreihen liesse sich spricht dafür, dass die jüngere Datenreihe viel zur Abflussdynamik zwischen den Seen korrekt ist. Anhand solcher Vergleichsdaten ableiten. So steigt etwa der Seespiegel des und nach systematischer Kontrolle war es Murtensees schneller und höher an als derje- möglich, die fehlerhaften Daten zu identifi- nige des Neuenburgersees. Dies dürfte damit zieren und zu korrigieren. Der Datenvergleich zusammenhängen, dass der Murtensee im erbrachte folgende Ergebnisse: Verhältnis zum Einzugsgebiet kleiner ist als der Zwischen Murten- und Neuenburgersee er- Neuenburgersee, aber eventuell auch mit dar- geben sich aus den vorliegenden Daten vier an liegt, dass die Broye einen weniger raschen Höhendifferenzen: Generalkarte 1834 30 cm, Abfluss ermöglicht als es bei der Zihl vom Neu- 34 Nebst der alten Höhe des Repère de Niton (RPN) gab es noch den Bezugswert des Noc de la Douane d’Yverdon, welcher für den RPN umgerechnet eine Höhe von 374,052 m ü. M. ergäbe, also 0,452 m zu hoch wäre. Stryiensky-Karte 1850 20 cm, Stengel-Karte enburger- in den Bielersee der Fall ist. 35 Peter 1922. FHA 22/2020 Auswertungen 80 75H 75M 75K,L 75F 75 I 75G 75 O 75N XI X IX VIII XIIa XIIb XIII XI 433 75H1 VIIb VIIa VI V III I 431 IV II 75E 75D OK 75A 75B OK 75B 75C 75D 47 74 46 0 73 55A 68 69-72 5m 61 55C 55B 6 45 45A Abb. 9 Murten/Ryf 43, schematische Darstellung der Schichtabfolge bzw. der Sedimentphasen im Westprofil Chronologie der Schichten und Seespiegelstände Schwankungsbereichs von ± 0,5 m zugeschlagen wurde. Der Seespiegelbereich kommt besonders in den stratigrafischen Der Übersichtstabelle Abb. 6 liegt die Strati- Phasen zum Tragen, für welche keine absolu- grafie der zu Phasen zusammengefassten ten Datierungen vorliegen. In diesen Fällen Schichten zugrunde. Diese zeigt sich gut im grenzen die benachbarten, absolut datier- West-Profil (Abb. 9), das im rechten Winkel ten Phasen den Schwankungsbereich chro- zur Uferlinie liegt, und in der vereinfachten nologisch ein. Unterhalb des Korrelations- Harris-Matrix (vgl. Abb. 3). Gut ablesbar sind feldes nimmt ein Zeitstrahl den Ablauf der die Ableitungen beziehungsweise die Ent- Zeitphasen beziehungsweise Schichtungs- wicklung der Seespiegelstände in der Grafik abfolgen auf (Rot: absolut datiert, Grün: nur Abb. 11. Sie korreliert die mit absoluten Da- relativ-chronologisch bestimmt). ten fixierten, stratigrafisch ermittelten zeitlichen Abfolgen der Sedimente (horizontale Anhand der in der Grafik zusammengefassten Achse) mit den jeweiligen bekannten bezie- Daten lässt sich die zeitliche Entwicklung der hungsweise aus der Sedimentbeschaffen- aus den Sedimentschichten abgeleiteten See- heit heraus abgeleiteten Seespiegelhöhen spiegelstände darstellen. Deutlich erkennbar (vertikale Achse). Im Hintergrund verläuft als ist der bereits besprochene langfristige An- braune Linie die aus der Seespiegelgang- stieg des Seespiegels seit dem 1. Jt. v. Chr. Im linie des Neuenburgersees36 abgeleitete Detail sind starke Schwankungen zu verzeich- Kontroll-Linie für den Seespiegel des Mur- nen. Gut dokumentiert sind starke Schwankun- tensees, der als 0,5 m über dem des Neuen- gen vom Frühmittelalter bis zur Juragewässer- burgersees beschrieben wurde, was nach korrektion: Von 500 bis etwa 1000 n. Chr. neueren Erkenntnissen aber eher zu viel ist, steigt der Seespiegel an. Danach ist bis um um den Murtenseespiegel tatsächlich abzu- 1400 ein leichter Rückgang feststellbar, bis er bilden37. Seespiegelableitungen (vgl. Abb. 6 im 16. Jahrhundert wieder ansteigt, und zwar Spalte 13), für die absolute Datierungen vor- auf das höchste hier festgestellte Niveau. Im liegen, sind mit roten, solche mit relativer 18. Jahrhundert liegt der Seespiegel wieder in Zeitbestimmung mit grünen Linien darge- einem eher mittleren Bereich, nur leicht höher stellt; visualisiert ist also jeweils das zeitlich als zu Beginn der ersten Messungen in der eingrenzbare Seespiegelmittel. Die hellblau- Mitte des 19. Jahrhundert. Gemäss den aufge- en Bänder stellen den Seespiegelbereich führten Daten schwankt der Seespiegel des dar, der sich aus den gemittelten Werten er- Murtensees vom Frühmittelalter bis zur Mitte 36 Thew 2016, 15 Abb. 2-4. gibt, denen, wie oben dargelegt, ebenfalls des 19. Jahrhundert zwischen seinen mittleren 37 Ebd. 23. jeweils der Wert des mittleren jährlichen Extremwerten um 3 m. Murten/Ryf 81 75M 54C 54B 54A 54 53 53A XIII XIIb 433 XIIa 6 VIII 45 45A VIIb VI V 55C 55A VIIa IX XI 55B 0 IV 58 Pfahl (64), projiziert III 6D 431 II 61 68 2m 69-72 73 74 71 Abb. 10 Murten/Ryf 43, Schematische Darstellung der Schichtabfolge bzw. der Sedimentphasen im Nordprofil Bei den absoluten Datierungen muss man gründet auf der Überlegung, dass ein derart eine extrem unregelmässige Verteilung in hoher Seespiegel, wie ihn die Kurve des Neu- Rechnung stellen. Daten sind vor allem für die enburgersees38 anzeigt, in prähistorischer Seespiegelstände ab dem Frühmittelalter vor- Zeit zuletzt während des Spätmesolithikums handen. Abgesehen von den mittelalterlichen beziehungsweise in der Zeit steigender Tem- Schichten liegt für die vormodernen Seespie- peraturen im späten Atlantikum möglich er- gelableitungen nur noch eine absolute Datie- scheint (im Bereich um 6000 cal BC). rung vor, nämlich für die Frühbronzezeit. Diese Abschnitt 2: Die nächst jüngere Phase III ungleiche Verteilung resultiert aus dem Um- ist absolut datiert (1880-1690 cal BC). Der stand, dass aus dem dünnen Schichtpaket zu abgeleitete mittlere Seespiegel kommt mit wenig Probenmaterial geborgen werden 431,8 m ü. M. um gut einen halben Meter hö- konnte beziehungsweise keine klare Schicht- her zu liegen als dies aus der Neuenburger- zuweisung möglich gewesen war. Gerade bei kurve ablesbar ist. Tiefphasen erodieren insbesondere während Abschnitt 3: Auf Phase III folgt die der des über mehrere Wochen und Monate an- Phase IV zugeordnete Position (72). Diese ist dauernden Absinkvorgangs die feinen Sedi- nur wenige Zentimeter dick und granulome- mente. Für die stratigrafischen Phasen ohne trisch sehr fein strukturiert. Möglicherweise absolute Daten können lediglich längere Zeit- handelt es sich um den Rest einer bei meh- räume angegeben werden, die wie oben dar- reren oder länger anhaltenden Seetiefpha- gelegt über die Begrenzungsdaten der datier- sen abgebauten Sedimentschicht. In diese ten Nachbarphasen fixiert werden. Zusammen fast 2000 Jahre dauernde, nicht näher da- mit dem Seespiegel-Schwankungsbereich er- tierbare Sequenz fällt der gesamte Zeitraum gibt dies Wasserstandsbereiche (blaue Flä- von der Frühbronzezeit bis ins Frühmittelal- chen), die sich oft auch überschneiden aber ter. Leider sind deshalb keine genaueren letztlich ein gut lesbares Gesamtbild abge- Angaben zu den Seespiegelständen etwa ben. Diese Ergebnisse zu den 17 stratigrafi- für die römische Zeit möglich, was etwa ge- schen Phasen und Teilphasen lassen sich am rade auch für die vielen Fragen, die sich im besten in fünf mehr oder weniger gut ein- Zusammenhang mit dem unten noch näher grenzbaren Zeitabschnitten besprechen: zu besprechenden Kanalbauwerk von Aven- Abschnitt 1: Er umfasst die lediglich mit ei- ches VD (vgl. Abb. 11 Nr. 14)39 stellen, hilf- nem terminus ante quem der nachfolgenden reich gewesen wäre. Der abgeleitete mittle- Phase absolut in die Zeit vor 1690 v. Chr. re Seespiegel liegt bei 432,4 m ü. M. datierbare Phase II. Der mittlere Seespiegel Abschnitt 4: Mit sechs absolut datierten liegt bei 433 m ü. M. Die Datierung ins aus- Schichten, nämlich den Phasen IV (71), VI, 38 Ebd. 15 Abb. 2-4. gehende Mesolithikum ist hypothetisch und VIIa (55B), VIIb (55C) IX und X, ist das 39 Bonnet 1982. FHA 22/2020 Auswertungen 82 40 1 Meyriez/Village u. VieuxManoir (Crivelli et al. 2012, Abb. 9), 2 Muntelier/Dorf, Strandweg (Mauvilly/Boisaubert 2004), 3 Muntelier/Schloss (Crivelli et al. 2012 Abb. 9), 4 Haut-Vully/ Fischilling (ebd.), 5 u. 10 Murten/ Segelboothafen (ebd.), 6 Muntelier/ Schloss (edb.), 7 Murten/Pantschau (ebd.), 8 Muntelier/Dorfmatte I (Wolf/Mauvilly 2004, 122), 9 Muntelier/Dorfmatte II (ebd. 124), 11 Muntelier/Steinberg (Crivelli et al. 2012 Abb. 9), 12 Muntelier/ Dorfmatte II, Prügelweg (Wolf/ Mauvilly 2004, 125; Mauvilly/Dafflon 2004), 13 Muntelier/Römerstrasse (Bugnon/Mauvilly 2005), 14 Avenches, Kanal bzw. Treidelweg (Bonnet 1982). 41 Gemäss Messwertanalyse der Daten vor den Juragewässerkorrektionen ergab sich für die Monatsmittelwerte ein maximaler Schwankungswert von 2 m. – Gebaut wird bei Seetiefstand und zu Zeiten, zu denen auch das Bauholz geschlagen werden kann. Gefrorene Böden und zu viel Schnee sind jedoch hinderlich, weshalb vor allem der Herbst und der frühe Frühling vor dem Anstieg des Seespiegels in Betracht kommen. 42 Die provisorisch wirkende Ausführung des Kanals spricht, dafür, dass der Kanal nur wenig genutzt und evtl. privat gebaut wurde: Bonnet 1982, 11-15, 21, 24-26. Mittelalter (530-1400 cal AD) am besten ist davon auszugehen, dass die begehbare vertreten. Die abgeleiteten mittleren See- Plattform der betreffenden Bauwerke, bei spiegel schwanken zwischen 431,4 und einem Maximalhochstand des Sees41 nur 432,9 m ü. M. Die absolut datierten Werte kurzzeitig unter Wasser steht und beim fügen sich insgesamt gut ins Bild der Da- mittleren Seehochstand zirka 60 cm darü- tenkurve des Neuenburgersees ein. Nur die ber liegt. Das Zentrum der Punkte in Abb. 11 Phasen VIIb (45, 55C) und VIII weichen stark markiert also das mittlere Höhenniveau davon ab. Allerdings sind die Phasen VIIb des jeweiligen Siedlungsbefundes stellver- (45) und VIII nicht absolut datiert. Es zeigt tretend für den mittleren Seespiegel und sich zum Ende des Frühmittelalters, zwi- den Mittelwert aus den betreffenden Nut- schen 900 und 1030 cal AD, eine deutliche zungszeiten. Die Datierungsspannen der Diskrepanz zwischen der Ganglinie des Nachweise aus dem Kontext von Verkehrs- Neuenburgersees und dem abgeleiteten wegen sind als schwarze Linien eingetra- Seespiegel der Phase VIIb (55C). Diese Ab- genen. Die Linie für den Kanal von Aven- weichung scheint bis ins 12. Jahrhundert ches (Nr. 14) repräsentiert den auf 431,4 m hinein zu bestehen. Sofern die Kurve des ü. M. abschliessenden Gehhorizont des Neuenburger Sees stimmt, könnte dies auf Treidelwegs und den möglichen Nutzungs- eine Abflusshemmung des Murtensees hin- zeitraum ab 123 n. Chr. bis zum Ende des weisen. 2. Jh. n. Chr.42, während dessen der See- Abschnitt 5: Der Abschnitt umfasst die spiegel tiefer gelegen haben muss. Die Phasen XI bis XIII, also die frühe Neuzeit bis Sohle des Kanals liegt bei durchschnittlich heute. Die abgeleiteten Seespiegel liegen 430,8 m ü. M., was eine Tiefe von nur 60 cm zwischen 433,5 und dem heutigen Wert von für den Kanal ergibt. Damit der Kanal (zu- 429,3 m ü. M. und passen gut zur Ganglinie mindest saisonal) Wasser führte bezie- des Neuenburgersees, wobei die letzten hungsweise als solcher nutzbar war, muss Phasen XIIb und XIII über historisch bezeug- der Seespiegel über 431 m ü. M. und aus- te Messungen berechnet wurden und folg- serdem unter dem Gehniveau des Treidel- lich exakt feststehen. weges gelegen haben. Die Nutzung des Kanals dürfte folglich auf die recht eng be- Neben den Seespiegeldaten des Neuen- grenzte Zeitspanne um den mittleren See- burgersees liefern archäologischen Unter- spiegelstand von 431,1 m ü. M. beschränkt suchungen aus der näheren Umgebung geblieben sein. Dabei gilt es zu beachten, Murtens zusätzliche Informationen zur lo- dass sich diese Höhenangaben auf die do- kalen Seespiegelentwicklung. Dies sind kumentierten Niveaus zur Zeit der Ausgra- zum Einen Kulturschichten von Seeufer- bungen beziehen. Nicht klar zu beziffern randsiedlungen (Abb. 11 Nrn. 1-11) und zum sind Setzungsbewegungen, die in unbe- Anderen drei Befunde aus dem Kontext kanntem Ausmass beim Austrocknen von von Verkehrswegen, nämlich der römische Torfschichten im Untergrund wirken. Solche Kanal, der Avenches an den Murtensee Untergrundsetzungen können nach Aus- anschloss (Nr. 14) sowie bei Muntelier ein weis der Verhältnisse zwischen den Jura- römischer Strassenabschnitt (Nr. 13) bezie- gewässerkorrektionen bis über einen Me- hungsweise ein endneolithischer Prügel- ter betragen. Zählt man als Korrekturfaktor weg (Nr. 12)40. In der Grafik Abb. 11 sind einen Durchschnittwert von 0,5 m für sol- die Daten der Seeuferrandsiedlungen als che Setzungsbewegungen im Kanalbereich Kreissymbole eingetragen. In den Fällen, in hinzu, ergeben sich die folgenden, in der denen keine Kulturschicht erhalten war, gilt Grafik umgesetzten Werte: Benutzungsni- als Referenzwert die mittlere Höhe der Ein- veau (Treidelweg) 431,9 m ü. M. und mittle- stichhorizonte der Pfahlstellung. Die zuge- rer Seespiegel 431,6 m ü. M. Für das römi- hörige, nicht erhaltene Kulturschicht dürfte sche Strassenstück von Muntelier (Nr. 13) ursprünglich wenig oberhalb dieser Stelle liegt eine über stratigrafische Interpolation gelegen haben. Dieses Vorgehen ist statt- ermittelte Datierungsspanne von 25 bis haft, da bei zu starker Erosion die Pfähle 250 n. Chr. vor und der Prügelweg ist dend- gelöst und weggeschwemmt worden wä- rochronologisch datiert in die Jahre 2721 ren, folglich gar nicht erhalten geblieben und nach 2700 v. Chr. Beim römischen Be- wären. Ausserdem gilt die Annahme, dass fund liegt das durchschnittliche Benüt- sich der mittlere Seespiegel in etwa auf der zungsniveau bei 432,8 und für den Prügel- Höhe der Kulturschicht befand. Schliesslich weg bei 431,2 m ü. M. Murten/Ryf 83 2000 434 m 1000 AD 433 m 0 BC - 1000 - 2000 - 3000 - 4000 - 5000 - 6000 - 7000 13 432 m 14 12 431 m 9 430 m 8 2 429 m 7 11 4 5 10 428 m 6 1 3 427 m VIII VIIb (45) XI XIIb XIII XIIa X IX IV (69,70) / V IV (72) VIIa (55B) VIIb (55C) VI II III IV (71) Abb. 11 Grafik zur Seespiegelsituationen am Murtensee/Ryf 43. Im Zeitstrahlfeld unten die relative Abfolge der Sedimentphasen, im Diagrammfeld die zeitliche Entwicklung der Seespiegelstände. Braune Linie: Seespiegelreferenzkurve auf Grundlage der Werte des Neuenburgersees (nach Thew 2016); blaue Fläche: Seespiegelbereich des Murtensees; rote Balken: absolute Datierung als Grundlage; grüne Balken: relative Datierung als Grundlage; 1 Meyriez/Village bzw. Vieux-Manoir; 2 Muntelier/Dorf, Strandweg; 3 Muntelier/Schloss; 4 Haut-Vully/Fischilling; 5 Murten/Segelboothafen; 6 Muntelier/Schloss; 7 Murten/ Pantschau; 8 Muntelier Dorfmatte I; 9 Muntelier/Dorfmatte II; 10 Murten/Segelboothafen; 11 Murten/Steinberg; 12 Muntelier/Dorfmatte II, Prügelweg; 13 Muntelier/Römerstrasse; 14 Avenches, Kanal bzw. Treidelweg (Lit. siehe Anm. 40) Stellt man die für den Murtensee anhand der Vegetation nicht von Pflanzen aufgenommen Grabungsdaten im Ryf und der benachbarten oder aufgehalten und fliessen also ober- Fundstellen abgeleiteten Seespiegelstände flächlich ab, kann dies einen Anstieg fluvialer den Werten des Neuenburgersees gegen- Aktivitäten und eine erhöhte Wasserzufuhr in über, so zeigen sich weitgehende Überein- die Seen zur Folge haben45. Gerade in der stimmungen in der Seespiegelentwicklung. fraglichen Zeit zwischen der Jahrtausend- Anhand der Kontrollwerte des Neuenbur- wende und dem 13. Jahrhundert ist ein star- gersees, die gemäss der oben zitierten Lite- ker Bevölkerungsanstieg zu verzeichnen46. Dies ratur auf umfangreichen Daten und detail- dürfte grossen Einfluss auf den Baumbestand lierten Ableitungen beruhen, ergibt sich, dass gehabt haben: Möglicherweise führte der die aus viel lückenhafteren Grundlagen ab- grosse Bedarf an Bauholz sowie an Brennholz geleiteten Seespiegelstände im Ryf 43 stim- für Haushalte und Gewerbe (Kalkbrennereien, mig sind. Es zeigt sich, dass die betreffenden Schmieden, Köhlereien, usw.) lokal zu verstärk- Daten zu den Wasserständen beider Seen im ter Abholzung im Murtner und Neuenburger Gleichklang funktionieren. Lediglich im Früh- Umland47. mittelalter scheint dies anders gewesen zu Die Zeitstellung der Vergleichsfundstel- sein. Die Abweichung verweist auf eine Ab- len liegen zwar grösstenteils zwischen den flusshemmung des Murtensees. Als Grund absolut datierten Phasen der Grabung Ryf 43. könnten hydrologische Veränderungen im Es ergeben sich dadurch aber leider kaum zu- Verlandungsgürtel des Grossen Mooses, sätzliche Interpretationsmöglichkeiten. Auch beim Seeausfluss im Osten in Frage kommen. hier zeigen sich nur moderate Abweichungen Auch ein Hangrutsch am Nordosthang des vom Verlauf der Ganglinie des Neuenburger- Mont Vully wäre als Ursache einer Aufstau- sees. In 9 von 14 Fällen liegt die Differenz unter ung denkbar, zumal das betreffende Gebiet 0,5 m. Dass sie bei den Wege- und Kanalbe- als Rutschgebiet gekennzeichnet ist43. Inwie- funden relativ gross ausfallen, erstaunt nicht, fern etwa Biberdämme für die eventuelle Ab- da deren Nutzungsoberfläche bevorzugt dau- flusshemmung des Murtensees verantwort- erhaft über dem Wasserspiegel liegen sollte. lich gewesen sein könnten, lässt sich nicht Bemerkenswert erscheint aber für den Kanal sagen. Wahrscheinlicher als letzteres Szena- von Avanches, dass die Ganglinie des Neuen- 44 Thew 2016, 27. rio erscheint es aber, dass eine veränderte burgersees gegen Ende der Nutzungszeit ei- Vegetation im Einzugsgebiet der Jurarandse- nen kleinen Anstieg des mittleren Seespiegels en für die eventuelle Abflusshemmung des über das Niveau des Treidelwegs anzeigt. Zu- 45 Auch ein erhöhter Neuenburgerseespiegel bedeutet für den Murtensee eine Abflusshemmung. Murtensees verantwortlich war. Bekannt ist vor liegt das betreffende angenommene See- 43 Geologie im Geoportal Schweizerische Eidgenossenschaft online: https://map.geo.admin.ch/ (Abrufdatum 12.05.2020). nämlich, dass etwa ein Rückgang der Bewal- niveau 40 cm darunter, was auffallend gut dung Einfluss auf den Seespiegel hat44: zu der oben abgeleiteten mittleren Seespie- 46 Historisches Lexikon der Schweiz online: http://www. hls-dhs-dss.ch/textes/d/D7946.php (Abrufdatum 13.03.2020). Werden Niederschläge aufgrund fehlender gelhöhe des Murtensees von 431,6 m ü. M. für 47 Gerber et al. 2002, 50. FHA 22/2020 Auswertungen 84 die Befundzusammenhänge. Die Schichtzusammenhänge sind in drei Profilen dokuN 0 mentiert (zur Positionsbestimmung siehe Abb. 12), von denen das Nord- (vgl. Abb. 10) 40 m und kleine Westprofil (vgl. Abb. 9) einen guten Blick auf die Details ermöglichen. Die schematische Darstellung des durchgehenden Westprofils zeigt als Überblick den Schichtaufbau der wichtigsten Phasen und die jeweils zugehörigen Seespiegel (Abb. 13). Die Darstellung erfolgt chronologisch, von den ältesten zu den jüngsten Befunden. Am Ende jedes Abschnitts wird der jeweilige Seespiegelstand erörtert. Am Ende des Frühmittelalters Dem Frühmittelalter ist Phase VI (hellgrün) zuzuordnen. Zu ihr gehören die Positionen (61) und (75D-Oberfläche). Auf der leicht gegen den See hin abfallenden Oberfläche von (75D) fanden sich als früheste Zeugnisse menschlicher Aktivitäten zwei Mörtelfragmente und ausserdem zwei kleinere Holzstücke. Für letztere erbrachte die Radiokarbonmessung eine Datierung in die Jahre 670-870 cal AD und 770-990 cal AD48. In der Umgebung der Mörtelstücke fanden sich zahlreiche Steine (Dm. 4–25 cm) und Spuren vieler vermoderter Ästchen. Beides sind Indikatoren für einen ufernahen Bereich. In der unmittelbaren Umgebung erwartet man in dieser Zeit eher keine Bauwerke aus Abb. 12 Luftbild auf das Umfeld der Ausgrabungsfläche von Murten/Ryf 43 (gelbe Fläche) mit Eintragung der Hauptprofile. Hellblau: interpoliertes W-Profil; Orange: W-Profil; Violett: N-Profil (© Bundesamt für Landestopographie, Swisstopo) gemörteltem Mauerwerk, von denen die besagten Mörtelstücke herrühren könnten. Römische Besiedlung ist am Murtener Seeufer selber nicht explizit nachgewiesen, erscheint die Zeit der Kanalnutzung passt. Hingegen aber angesichts der Fundortdichte im Um- bleibt für die Fundstelle Murten/Pantschau FR land gut vorstellbar. Insofern könnten die ungelöst zu postulieren, dass sie eine unrealis- Mörtelstücke von einem Bauwerk römischer tische Differenz von 1,7 m zwischen der Ober- Zeitstellung stammen und an das Seeufer am fläche Kulturschicht und dem angenommenen heutigen Ryf verlagert worden sein. Aus der Seespiegel aufweist. Zwar zeigt die Ganglinie nahen Umgebung liegt mit dem 2013 bei einer des Neuenburgersees einen Ausschlag in Luftbildprospektion vor der Grengspitze ent- Richtung eines tieferen Seespiegels, er ist aber deckten Einbaum der Nachweis lokaler früh- von deutlich kleinerer Dimension. mittelalterlicher Aktivitäten am Seeufer vor. Er liess sich dendrochronologisch in die Jahre um Konstruktive Befunde am Seeufer 48 Ua 52662: 1248 ± 26 BP und Ua 52665: 1128 ± 25 BP. 963 n. Chr. datieren und führt uns die denkbare Existenz von Anlandestellen vor Augen. Der Seespiegel lag mit um 413,7 m ü. M. etwa auf demselben Niveau wie zur römi- Auch im folgenden Teil, welcher der archäo- schen Zeit und zwar nach dem Absinken der logischen Befundsituation gewidmet ist, er- Seelinie im zeitlichen Umfeld des Kanalbau- leichtert die farbliche Kennzeichnung der werks von Avenches. Er entspricht ungefähr Schichten und Positionen beziehungsweise demjenigen 2500 Jahre zuvor in der Früh- der stratigrafischen Phasen den Zugriff auf bronzezeit und ist der tiefste Seespiegel der Murten/Ryf 85 Terrain Rathaus Rathausgasse Hangseitige Häuser 437 Ryf Neubau Ryf 43 Ufermauer, Phase XI Ufermauer, Phase XIIa Mittlerer Seespiegel I Gewachsener Boden, Geologie III 1880–1690 BC (und älter) IX 1165–1260 AD X Zeitnah vor Phase XI XI 1480–1640 AD XIII Aktuelle Topographie leicht unter IX Fischerboothafen Ufermauer, Phase XIIb 437 Alex Armel 427 427 XI X IX XIII I 0 III 40 m Abb. 13 Murten/Ryf 43, Schematische Darstellung der interpolierten Schichtabfolge bzw. der Sedimentphasen im interpolierten Westprofil (See bis Rathausgasse) fünf am Ryf dokumentierten stratigrafischen Phasen mit konstruktiven Befunden. Auf dem Niveau von Phase VIIb (Dunkelgrün), sind einige Pfahlnegative dokumentiert (Abb. 14; vgl. Abb. 10 Pos. (6D) und (64)). Ihre Nutzungshorizonte mit einer Pfahlstellung im Mittelalter sandigen Verfüllungen setzen sich vom umgebenden Substrat farblich und aufgrund der gröberen Korngrösse meist gut ab (Abb. 15). Der Stratigrafie zufolge wurden diese Pfähle Den Zeitabschnitt Mittelalter zeigt die Pha- nach Phase VIII (Hellblau) und vor Phase XI se IX (Dunkelblau) an. (Petrol) eingetieft (vgl. Abb. 10), also im Zu ihr gehören die Positionen (46), (64) und Zeitraum den die Phasen IX (Dunkelblau) (75G). Das erste flächig dokumentierte Gra- oder X (Violett) repräsentieren. Fast alle Pfäh- bungsniveau unterscheidet sich aufgrund des le wurden gezogen. Einzige Ausnahme ist ein sandigen beziehungsweise kiesigen Substrats Pfahl, dessen Spitze beim Baggerabtrag auf klar von den jüngeren Deckschichten. Die Zu- das Niveau von Phase VI (Hellgrün) gebor- sammensetzung der einzelnen Teilniveaus ist gen wurde – sie reichte knapp nicht in diese unterschiedlich und reicht von fein- über grob- Phase hinein. Aufgrund der geringen Zahl sandig bis hin zu kiesig mit Steinen bis maxi- von lediglich sieben Jahrringen war eine den- mal 15 cm im Durchmesser. In der obersten drochronologische Zeitbestimmung nicht mög- kiesigen Schicht konnten einige mittelalterli- lich; die Radiokarbondatierung des Pfahls che feinkeramische Gefässscherben geborgen und je einer Knochen- und Holzkohlepro- werden. Sie sind nahezu unverrollt, was be- be aus stratigrafisch identischem Kontext deutet, dass sie entweder in grosser Wassertiefe oder in trockener Umgebung eingebettet wurden. Folglich lagen sie nicht in einer dem Wellenschlag ausgesetzten Uferzone. Betrachtet man den Kontext der Fundschicht, so 514 516 518 6D N 227 227 152 spricht der Befund zu den unten beschriebe- 64 60 nen, weiter in Richtung See platzierten Pfahlstellungen dafür, dass hier eher ein wasserfer- 32 ner Bereich zu lokalisieren ist. Andernfalls hatten die Pfähle weiter landeinwärts stehen müssen. Zwei homogene feinsandige Bänder gliedern das Schichtbündel in drei kiesigere Sedimentstreifen auf. Als Schwemmablage- 60 225 225 rungen weisen Erstere auf temporär erhöhte Seespiegel hin, infolge derer eine Verschiebung der Uferlinie landeinwärts um zirka 20 m 0 2m 514 516 60 ableitbar ist. Angesichts des Strandplattengefälles von 8% würde dies in der Marge eines temporären Pegelanstiegs von bis zu 1,5 m liegen, was gut vorstellbar ist. 518 Abb. 14 Murten/Ryf 43, Orthometrische Aufnahme der Oberfläche von Sedimentphase VIIb mit Eintragung von Pfostenlöchern FHA 22/2020 Auswertungen 86 6D XI 432 0 6D 2m 6D Abb. 15 Murten/Ryf 43, Orthometrische Aufnahme des Nordprofils nach dem Abtrag auf die Oberfläche von Sedimentphase VI (Hellgrün) ergaben ein mögliches Datum zwischen Pfähle in Phase IX (Dunkelblau) als gesi- 1165 und 1265 cal AD49. Die Daten passen chert gelten. Eine nachvollziehbare Ausrich- sehr gut zur typochronologischen Bestim- tung der Pfahlstellungen liess sich nicht ab- mung der Keramikscherben. Da auch die lesen (vgl. Abb. 14), es wird sich also kaum Phase X (Violett) absolut datiert ist, und um einen Steg oder dergleichen gehandelt zwar klar jünger, kann die Zugehörigkeit der haben. Vielleicht dienten die Pfähle zum N e Se te lat dp an Str g We 49 Holzprobe Ua 52664: 818 ± 25 BP, 12-1260 cal AD; Knochenprobe Ua 52656: 847 ± 25 BP, 1165-1220 cal AD und Holzkohleprobe Ua 52658: 841 ± 25 BP, 1165-1225 cal AD. Mögliches Datum für diese Phase 1165-1260 cal AD. 0 20 m Abb. 16 Parzellenplan im Bereich Murten/Ryf 43 mit Eintragung der Pfosten- und Pfahlstellungen zu Sedimentphase IX (Dunkelblau) und der für diese Zeit ermittelten Uferlinie. Grau: bestehende Gebäude; schraffiert: Neubau Ryf 43 Murten/Ryf 87 Abb. 17 Murten/Ryf 43, Blick auf das Westprofil mit massiven Steinblöcken einer Mauer in situ Festmachen von Ruderbooten, Barken oder dass der Murtenseespiegel vom Frühmittel- kleineren Segelbooten, nachdem man sie alter bis zum 13. Jahrhundert im Durchschnitt einige Meter weit ans Trockene gezogen um einen Meter gestiegen ist. hatte, und standen dafür nur jeweils für kürzere Zeit zur Verfügung. Die dokumentierten Standorte passen eher zu einem temporär tiefen Seespiegel um 432 m ü. M. oder sogar tiefer. Die dokumentierten und datierten Befun- Ufermauer und Wellenbrecher von einer frühneuzeitlichen Anlandestelle de der mittelalterlichen Phasen liegen im In die Frühe Neuzeit gehört die Phase XI (Pet- Zeitfeld der auf die 1170er beziehungsweise rol) mit den Positionen (58), (75I), (75K) und 1180er Jahre veranschlagten Gründung der (75 L). Nachgewiesen sind Reste einer massi- Stadt Murten50. Mit den Befunden am Ryf er- ven, trockengemauerten Uferverbauung, die fassen wir also erstmals einen kleinen Teil nach Auskunft des Baggerführers in östliche der Ufersituation aus der Gründungszeit der Richtung bis zirka in die Mitte des Aushubbe- Stadt (Abb. 16). reichs hineinreichte. Im von den Aushubrän- Einige Details zum oben genannten Pfahl dern vorgegebenen Ost- und Süd- profil war liefern interessante Informationen über sei- die Mauer nicht sichtbar. Sie ist gefügt aus ne Erhaltungsumstände: Von der Länge sind Moränenmaterial, nämlich grossen Geröllstei- 30 cm erhalten, davon 18 cm zugespitzt; die nen und –blöcken, sowie Blöcken aus Haute- Holzart ist Erle. Erle zählt neben der Eiche rive-Kalk (Abb. 17) mit Kalibern von bis zu 1,5 m zu den europäischen Hölzern, die sich unter im Durchmesser. Die Mauerfugen sind verfüllt Wasser am besten erhalten. Die Oberkante mit Kies unterschiedlicher Korngrösse, ver- des Pfahlrests entspricht dem Niveau des mischt auch mit wenigen Baukeramikfragmen- tiefsten Wasserstands. Daraus folgt, dass das ten. Kleinere Fragmente von Ofenkeramik des Durchnässungsniveau nach zirka 1300 n. Chr., 15. Jahrhunderts, die zwischen den Steinen der also die Zeit, die die Radiokarbondatierung Verbauung gefunden wurden, liefern eine gro- des Pfahls anzeigt, nicht mehr unter 431,7 m be Datierung in die Zeit um 1600 n. Chr. Die ü. M. sank. Allerdings muss dieses Niveau Mauer setzt auf einem heterogenen, steinigen nicht zwingend mit dem Seespiegel iden- bis feinkiesigen Material ab, das keine Schich- tisch sein. So sorgt die auf Kapillarwirkungen tung aufweist. Es handelt sich um eine gezielt zurückzuführende so genannte Bodenwas- eingebrachte Aufschüttung, die als eine eige- serspannung seit der künstlichen Absenkung ne Phase X (Violett) angesprochen wird. Diese der Seespiegel und den Aufschüttungen des Aufschüttung erbrachte leider keine Funde; 19. Jahrhunderts für die Durchnässung des die Radiokarbonbestimmung eines Holzkohle- Untergrunds. Grundsätzlich zeigen die Daten, stücks verweist in die Zeit zwischen 1290 und 50 Vgl. Schöpfer 2000, 141-151 u. 212 f. FHA 22/2020 Auswertungen 88 514 516 518 227 N XI VIII IX IX VIII 225 XI XI IX 0 2m Abb. 18 Murten/Ryf 43, Oberfläche nach Abtrag der modernen Deckschichten mit den sich abzeichnenden Pfosten- und Pfahlstellungen am nördlichen und östlichen Grabungsflächenrand 1390 cal AD51, was erwartungsgemäss deutlich Lokalisierung beziehungsweise Ausdehnung älter ist als die Mauer und die Hypothese des Befunds gesammelt werden. Von den stützt, dass das Aufschüttungsmaterial aus Hölzern war kaum etwas erhalten – die noch einem älteren Kontext stammt. vorhandenen Resten besitzen dunkle, feine, Die Überreste der Pfosten und Pfähle aus faserige, torfartige Struktur –, weshalb keine der Phase XI (Petrol) zeigen eine lineare An- Dendrodatierung möglich war. Die aus der ordnung (Abb. 18). Erfasst wurde die innere, Radiokarbonmessung erschlossene Datie- also ufernahe sowie im Ansatz die zugehöri- rung Datum lautet 1480-1640 cal AD52. Inner- ge äussere, dem offenen Wasser zugewand- halb dieser Zeitspanne ordnet sich auch die te Begrenzung einer WO-orientierten, also Ofenkeramik aus dem Ufermauerwerk ein. parallel zum Seeufer verlaufenden Holzkons- Gesicherte Aussagen zu Aussehen, Aus- truktion. Sie biegt in der Nordostecke des dehnung und genauerer Funktion der Bau- Grabungsausschnitts nahezu rechtwinklig strukturen sind angesichts des recht klei- landeinwärts ab. Das recht aufwendige nen Grabungsausschnitts nicht möglich. Bauwerk wird als Wellenbrecher zu interpre- Die Stadtansicht von M. Martini aus dem tieren sein. Für einen Steg wären weniger Jahr 1609 zeigt im Uferbereich des Ryf eine und regelmässiger angeordnete Pfosten und Holzpalisade die den gesamten Hafen um- Pfähle zu erwarten gewesen. In unmittelba- schliesst. Landwärts besteht ein Durch- rer Umgebung der Hölzer ist verstärkt kiesi- gang mit abwinkelnder Palisade (Abb. 19). ges Material dokumentiert (vgl. Abb. 15). In Einen weiteren Hinweis liefert ein Stich von der Nähe der Hölzer von Uferbauwerken ist 1794 mit der Ansicht Horgens vom Zürich- das Material immer grobkörniger als das see aus (Abb. 20). Gut erkennbar ist eine Sediment selbst, denn beim Umspülen der in den See hineingestellte zangenförmige Pfosten und Pfähle entstehen Wirbel, die die Holzkonstruktion vor der teilweise gemau- feineren Sedimentpartikel auswaschen. Die erten Uferlinie. Den Murtener Befund lässt Befunde wurden in aktuell zwei Metern Tiefe sich sehr gut mit einer Uferverbauung aus 51 Holzkohleprobe Ua 52659: 635 ± 25 BP. erfasst und lagen damit ausserhalb der vorgelagertem Wellenbrecher und Ufer- Möglichkeiten von Sondierungen. Es konn- mauer in Einklang bringen; Abb. 21 zeigt 52 Holzprobe Ua 52663: 334 ± 25 BP. ten folglich keine Informationen zur weiteren den hypothetischen Grundriss dazu. Murten/Ryf 89 Abb. 19 Stadtansicht von Murten mit der den Hafen einschliessenden vorgelagerten Palisadensituation. Stich von M. Martini, 1609 (Privatsammlung M. Rubli, Murten) Eine frühe Ufermauer ist durchaus denk- Zeit um 130054 und das Nachbarhaus Nr. 52 bar, denn um 1600 entstehen in der Stadt wurde nachweislich 1555 als zweigeschossi- auf dem Hochufer in der seeseitigen Häu- ges Gebäude in Stein und mit einem in den serzeile der Rathausgasse die ersten Stein- Hang hineingesetzten Keller beziehungs- bauten und auch im Ryfquartier gehören weise kühlen Lagerraum errichtet55. Gut Steinbauten zum Siedlungsbild. So stammen möglich, dass der Kelleraushub für ein sol- Teile des Kernbaus von Haus Nr. 54 aus der ches Haus in der Ryf das Material für die 53 53 Kündig 2004, 202-209. Abb. 20 Stadtansicht von Horgen. Heinrich Brupbacher, 1794 (Zentralbibliothek Zürich, Graphische Sammlung und Fotoarchiv, 07.03.2019, Nr. 882) 54 Ebd. 148. 55 Ebd. FHA 22/2020 Auswertungen 90 Aufschüttungen im Bereich der Ufermauer Ryfquartier war dieses sonst nur spärlich lieferte (der Seespiegelstand in dieser Zeit vorhanden. Der Plan von Johann David Vis- war mit einem Mittelwert um 433,5 m ü. M. saula von 1734 zeigt erste Bestrebungen sehr hoch). Gärten anzulegen (Abb. 22). Eine in diesem sehr genauen Plan dargestellte, in den See hineinreichende Mauer entspricht nicht un- Gärten ab dem 18. Jahrhundert serem Befund: Sie liegt deutlich weiter seewärts als die archäologisch dokumentierte In die jüngere Stadtgeschichte gehört die Mauer von Phase IX (vgl. Abb. 21). Die ei- Phase XIIa (Hellgrau), die sich aus den Posi- gentlichen Aufschüttungen mit zugehören- tionen (53), (53A), (54), (54A), (54B) und (75N) den Stützmauern sind allerdings erst im Plan zusammensetzt. Wiederkehrende Hochwas- vom Geometer Jacques Francois Bochud von ser verhinderten, dass der Platz zwischen 1772 erkennbar (Abb. 23). In einem Kupfer- der heute hangseitigen Häuserzeile und stich von 1780 (Abb. 24)56 ist genau jene Um- dem Ufer dauerhaft nutzbar war. Mit Auf- fassung zu sehen, welche den damaligen schüttungen, die seeseitig und bisweilen südlichen Teil der Parzelle zum Haus Nr. 43 auch umlaufend mit Mauern gesichert und umgibt und gegen Hochwasser schützt. Die geschützt wurden, verstand es die Bevölke- Mauern sind so ausgeführt, dass selbst bei rung zusätzlich Land zu gewinnen. Im erheblichen Seespiegelschwankungen die A B C D E Strandplatte See Wellenbrecher Landgewinn hinter Mauer Mauer N B A C E C D E A D A 0 56 Aus B. F. Baron de Zurlauben, Tableaux topographiques de la Suisse, 1780-1786. 20 m Abb. 21 Hypothetische Grundrissrekonstruktion zur Uferbebauung im Umfeld von Murten/Ryf 43 anhand der Befunde von Sedimentphase XI (Petrol). Grau: bestehende Gebäude, schraffiert: Neubau Ryf 43 Murten/Ryf Abb. 22 Ausschnitt aus dem Murtner Stadtplan von Johann David Vissaula, 1734 (Stadtarchiv Murten) Abb. 23 Ausschnitt aus dem Zehntenplan von Jacques Francois Bochud, 1772 (Staatsarchiv Freiburg, Stadtarchiv Murten) 91 92 FHA 22/2020 Auswertungen Abb. 24 Stadtansicht von Murten, Stich von François Nicolas Barthélémy Dequevauvillier, 1780 (Privatsammlung Ch. Kündig, Bern) Abb. 25 Stadtansicht von Murten, Stich von Julius Zimmermann, 1875 (Privatsammlung Ch. Kündig, Bern) Murten/Ryf 93 Gärten trocken bleiben. Die bis heute erhal- tionen (54C) und (75-O). Die erste Juragewäs- tene Umfassungsmauer aus dieser Zeit ist serkorrektion startete nach langen Vorarbei- als Phase XIIa im Luftbild eingezeichnet ten und zähen Verhandlungen letztlich im Jahr (Abb. 26). Diese neue Ufersituation fällt übri- 1868 und dauerte bis 189158. Die Auswirkungen gens zeitlich mit dem Bau der neuen Ryf- auf den Seespiegel schlugen sich ab dem Jahr strasse zusammen57 und illustriert, wie sich 1876 zusehends nieder. Das mittlere Seespie- das Quartier in dieser Zeit weiterentwickelte. gelmaximum sank innerhalb von knapp vier Jahren von 433,0459 auf 428,41 m ü. M. und der mittlere Seespiegel auf 429,45 m ü. M. Al- Landgewinn mit den Juragewässerkorrektionen lerdings nahmen die Schwankungen zu, nämlich von 2 m auf 3,6 m (vgl. Abb. 8). In der Stadtansicht, gestochen von Julius Zimmermann In die Zeit der ersten Juragewässerkorrektion 1875 (vgl. Abb. 25), meint man schon ein gehört die Phase XIIb (Hellgrau) mit den Posi- Zurückweichen des Seespiegels erkennen N 0 40 m Fi h sc er ha n fe vo n 19 30 e Uf XIIb ra b 18 76 e Uf ru m 17 50 XIIa 57 Zur Entwicklung des Ryfquartiers siehe Schöpfer 2000, 213-216. 58 Rubli 2004. Abb. 26 Luftbild der Uferzone im Bereich Murten/Ryf 43 mit den Gartenbereichen der Phasen XIIa, XIIb und Eintragung der Uferlinien um 1750 und 1876 (© Bundesamt für Landestopographie, Swisstopo) 59 Berechnet aus den Jahreswerten der Monatsmittel in einem Beobachtungszeitraum von 18 Jahren vor der Korrektion. FHA 22/2020 Auswertungen 94 Abb. 27 Stadtansicht von Murten mit Blick auf die direkt an die Uferlinie reichende Gartenmauer im Vordergrund. Foto von 1910 (Privatsammlung M. Bart, Murten) zu können. Reste des kleinen Gebäudes, das der zweiten Juragewässerkorrektion. Aufgrund im Stich von 1875 landseitig in der hinteren der ersten Korrektion veränderte sich der linken Ecke des Gartens zu sehen ist (vgl. Grundwasserspiegel. Die Bodenniveaus san- Pfeil in Abb. 25), sind übrigens noch in der ken vielerorts und wurden infolge der nun bestehenden Gartenmauer erhalten. Der mit grösseren Schwankungsamplitude oft über- der ersten Juragewässerkorrektion erzielte schwemmt. Dies Abzustellen war unter ande- Landgewinn umfasst je nach Gefälle der rem Auslöser der zweiten Juragewässerkor- Uferplatte zirka 40 m ab der Uferlinie. Eine rektion, die man 1962 in Angriff nahm und bis Fotografie von 1910 zeigt, wie die Garten- 1973 umsetzte. Die Monatsmittelwerte des einfriedung gegen das neue Ufer hin verlän- Seespiegels pendeln seit 1983 zwischen gert wurde (Abb. 27). Im Luftbild (vgl. Abb. 429,1 und 429,5 m ü. M. mit einem Maximum 26) bezeichnet Phase XIIb diese Mauersitu- bei 430,4 und einem Minimum von 428,8 m ation. Der im Luftbild erkennbare kleine Fi- ü. M.60. Für den Murtensee kann der Novem- scherboothafen wurde um 1930 angelegt ber 1966 als Beginn der stabilen Verhältnisse und zwar 70 m ablandig von seinem mut- nach der zweiten Korrektion angesehen wer- masslich ersten Vorgänger und 700 Jahre den. Der Mittelwert beträgt seither 429,26 m nach diesem. ü. M. (vgl. Abb. 7). Der direkt nordöstlich des Grabungsbereichs angelegte Fährschiffhafen 60 Siehe Anm. 21. Phase XIII (Dunkelgrau) mit Position (75M) entstand in der heutigen Form am Ende der repräsentiert den Befund im zeitlichen Umfeld 1960er Jahre. Murten/Ryf Fazit 95 wären geologische und hydrografische Faktoren im Einzugsgebiet beziehungswei- Die Auswertung beziehungsweise Inter- se im Abflussbereich abzufragen, also ins- pretation der Ausgrabungsergebnisse im besondere Hangrutschungen, Aufschüttun- Ryf 43 folgte zwei Strängen, nämlich Ers- gen durch Geschiebe von Flüssen und tens dem Nachweis historischer und vorhis- Bächen und den damit verbundenen Ver- torischer Seespiegelsituationen sowie Zwei- änderungen von Fliesseigenschaften der tens der Deutung der Baubefunde. Für zuführenden beziehungsweise abführen- letztere ergibt sich das relativ klare Bild ei- den Gewässer bis hin sogar zu sich verla- ner seit dem Mittelalter von der Seeufersitu- gernden Bach- und Flussläufen oder Ver- ation geprägten stadtnahen Bebauung. landungen mit der Bildung von Mooren und Komplexer gestaltete sich die Bearbeitung Hochmooren. Weiterhin ist an Veränderun- der Seespiegelthematik, denn hier wirken gen der klimatischen Verhältnisse zu den- sehr viele, nicht immer klar zu benennende ken, vor allem aber auch an lokale Eingriffe und in ihrem Umfang einschätzbare Para- durch Tiere (Biberdämme) und Menschen. meter. Die hier vorgestellten Resultate zum Zu den anthropogenen Einflüssen gehören Murtensee liessen sich Dank einer kürzlich etwa grossflächige Rodungen oder das An- erschienenen umfangreichen Aufarbeitung legen und die Pflege von Monokulturen. zur Frage der Seespiegelschwankungen am Grundlegend ist auch die Analyse histori- Neuenburgersee gut einer Plausibilitäts- scher Messdaten, die auch etwa vor jeweils kontrolle unterziehen. Es zeigt sich, dass es eventuell durchgeführter künstlicher Wasser- lohnend wäre, eine einheitliche Methodik standsregulierung ermittelt wurden. Anhand zur Bestimmung von Seespiegelständen an- von Messreihen, die sich aus über Jahrzehn- hand von Sedimentsituationen zu entwi- ten gesammelten Daten zusammensetzen, ckeln, die für alle Fundstellen gültig wäre. lässt sich besser verstehen, wie sich ein See Die Vergleichbarkeit und Überprüfbarkeit bei kurzzeitigen und jahreszeitbedingten der Resultate ist Voraussetzung für allge- Schwankungen verhält. Auf dieser Grundlage meingültige das heisst über den punktuel- können Mittel- und Extremwerte besser ein- len Befund hinausgehende Aussagen. Eine geordnet werden. solche Standardisierung könnte sich an folgenden Parametern orientieren: Bei der Vielfalt einflussnehmender Faktoren, gilt es ausserdem zu fragen, welche dominant – Typenbildung von Positionierungen am See sind, welche sich gegenseitig verstärken und anhand verschiedener Kriterien, wie Wind- welche sich unter Umständen neutralisieren. und Wellenexponiertheit, Entfernungen zu So ist es beispielsweise gut vorstellbar, dass Ab- und Zuflüssen, der Neigungsbereiche ein klimabedingtes allgemeines Ansteigen ei- der betreffenden Uferzonen nes Seespiegels mit den daraus resultieren- – Klassifizierung der Sedimente mit ermittel- den erhöhten Abflussmengen die verstärkte baren Bezugsdaten zur Wassertiefe. Zu Erosion des Flussbetts im Bereich des Seeaus- berücksichtigen wäre jeweils die Positio- flusses zur Folge hat. Dieses wiederum kann nierung im Uferbereich. mehr Wasser aufnehmen, die Abflussmenge nimmt überproportional wieder zu und der Von grosser Bedeutung für die Interpretati- Seespiegel sinkt unter ein Mittelmass. Bilden on der Seespiegelstände ist die Bewertung sich in diesem Vorgang Schwemmkegel kann der Extremwerte mit Blick auf ihre Abhän- sich die Abflussmenge wieder plötzlich verrin- gigkeit von der Topografie. Zu jedem See gern, eine Abflusshemmung entsteht. Dieses gibt es nämlich einen maximalen und einen Beispiel soll die Komplexität des Themas auf- minimalen möglichen Seespiegel. Selbst bei zeigen. Dennoch wird es möglich sein, gerade anhaltenden Extremniederschlägen kann auch solche Lokalereignisse besser zu erfas- ein Maximum nicht überschritten werden sen, sobald sich Dank einer Standardisierung und bei grosser Trockenheit geht irgend- der Dokumentation, der Auswertung und der wann Wasser nur noch durch verdunsten Weitergabe der Daten, ein schärferes Bild der verloren, wenn das tiefste Abflussniveau er- Seespiegelstände und –schwankungen zeich- reicht ist. Diese Werte sind interessant, weil nen lässt. Der vorliegende Beitrag soll einen ein Überschreiten der Extremwerte Verän- Beitrag dazu leisten und Anregung für eine in- derungen der Topografie anzeigen. Als terdisziplinäre Zusammenarbeit in dieser Sa- mögliche Gründe solcher Veränderungen che sein. FHA 22/2020 Auswertungen 96 Literatur Ammann 1982 Egloff/Arnold 1991 und graphische Aufbereitung (Auf- B. Ammann, «Säkulare Seespiegel- M. Egloff – B. 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Die anschliessend an die Bauüberwachung unternommenen archäologischen Untersuchungen erbrachten Einblicke in die lokalen Uferbebauungen seit dem Mittelalter sowie die Gelegenheit einer Einarbeitung in die Seespiegelthematik. Dabei liessen sich mehrere Seespiegelniveaus ermitteln und mit absoluten Daten verknüpfen. Diese betreffen vor allem die nachrömische Zeit. Aber auch zur Situation in vorhergehenden Zeiten waren Aussagen möglich. Ein besonderer Fokus lag auf der Auswertung historischer Messdaten und Karten aus der Zeit vor den Juragewässerkorrektionen und auf der Diskussion einer möglichen allgemeingültigen, standardisierten Methode zur Ableitung von Seespiegelständen. Die konkreten archäologischen Befunde im Ryf betreffen die Ufersituation des Murtensees ab dem Frühmittelalter bis in die Neuzeit. Erfasst wurden Reste von Bootsanlandestellen, ein Wellenbrecher und Hinweise auf neuzeitliche Bestrebungen zum Landgewinn, welche sich gut mit historischen Abbildungen zur Deckung bringen lassen. D’étonnantes décolorations du sédiment lacustre sont apparues lors de la surveillance de l’excavation destinée à la construction d’une nouvelle maison d’habitation au Ryf 43 à Morat. Alors que jamais jusqu’ici la rive du lac n’avait été repérée par les archéologues, les recherches entreprises dans la foulée ont permis de mieux comprendre l’aménagement du littoral de cette zone depuis le Moyen Âge, et nous ont donné l’occasion d’aborder la problématique de la fluctuation du niveau du lac. Si plusieurs niveaux ont pu être repérés et corrélés à des datations absolues se rapportant surtout à la période post romaine, la situation qui prévalait avant cette époque a également pu être appréhendée. Un accent particulier a été mis sur la vérification des données historiques relatives aux mesures et cartes antérieures aux corrections des eaux du Jura, et sur la possibilité d’élaborer une méthode commune standardisée permettant d’évaluer les niveaux des lacs. Les découvertes réalisées au Ryf portent sur l’état de la rive du lac de Morat entre le début du Moyen Âge et l’époque moderne. Concrètement, il s’agit de vestiges de ports, d’un brise-lames et d’indices relatifs aux velléités modernes de gagner du terrain sur le lac, qui se laissent facilement appréhender par les sources iconographiques. CAF 22/2020 Études 100 Aude-Line Pradervand Le couvent d’Hauterive à la lumière des nouvelles découvertes Le couvent d’Hauterive s’est délesté, en hiver 2019, d’une partie de son blanc manteau intérieur. Le décrépissage des murs a amené de nouvelles connaissances qui permettent une réflexion plus générale sur le plan d’un site cistercien, ainsi que sur la nature et les fonctions des espaces situés dans les ailes est et sud des bâtiments conventuels. Das Kloster Hauterive hat sich im Winter 2019 eines Teils seiner inneren Wandverkleidung entledigt. Die Entfernung des Verputzes führte zu neuen Erkenntnissen, die allgemeinere Überlegungen sowohl zum Grundriss eines Zisterzienserklosters als auch zu Art und Funktionen der Räumlichkeiten im östlichen und südlichen Flügel der Klostergebäude erlauben. Posieux/Hauterive Historique de la recherche 101 conserver la valeur et la substance intrinsèques du lieu. En 2003, une analyse des L’étude du site d’Hauterive1 n’en est pas à ses élévations des galeries du cloître est entre- prémices, puisque depuis plus d’un siècle, prise par Ph. Jaton4, tandis que G. Bourgarel historiens de l’art, restaurateurs et archéolo- porte son attention sur les excavations gues se sont penchés sur ce lieu exceptionnel ponctuelles menées dans l’angle sud-ouest (fig. 1). Les premiers travaux d’investigation du couvent (cuisine et cellier). En 2005-2006, menés dès la fin du XIXe siècle sont soigneu- M. Mauvilly dirige une fouille circonscrite sement documentés entre 1896 et 1916, au jardin intérieur et met au jour plusieurs période durant laquelle on assiste à de nou- sépultures5. Ces découvertes, quoique d’em- velles approches concernant la restauration prise modeste en regard de la monumenta- des monuments. Ces dernières, plus rigou- lité de l’édifice, fournissent des jalons signifi- reuses et basées sur des observations, sont catifs pour la compréhension de l’évolution notamment encouragées par la Société des bâtiments. À la suite de ces opérations, suisse pour la conservation des monuments le sol de l’aile orientale est remplacé, et le fondée en 1881. L’abbaye devient désormais sous-sol de quelques locaux de l’aile ouest objet d’étude historique et conduit les inter- est étudié. Des prélèvements dendrochrono- venants à se prononcer sur sa mise en valeur logiques sont également réalisés dans l’an- pour la postérité. Cet intérêt pour la sauve- cienne chapelle du cloître. Les décors peints garde patrimoniale contribue alors à confé- ornant les bâtiments conventuels et les gale- rer au monastère son statut de monument ries du cloître sont analysés et restaurés6. historique . Ce site cistercien d’importance 2 semble néanmoins tomber dans l’« oubli La patiente reconstitution de ce puzzle s’est scientifique » jusqu’à ce que l’historienne de poursuivie durant l’hiver 2019 par l’examen l’art C. Waeber-Antiglio, en 1976, rassemble des murs des locaux des ailes est et sud7. les documents historiques et publie une syn- Bien que le champ d’investigation se soit thèse sur le monastère3. limité aux décrépissages partiels nécessités par le chantier, de nouvelles données ont pu Dans les années 2000, des locaux doivent être mises en évidence sur les anciennes dis- être modernisés à la fois dans l’abbaye positions des salles et ont conduit à revoir la même et dans ses dépendances (fig. 2). De chronologie des transformations. Même si stimulantes réflexions sont engagées pour les indices sont discrets et fragmentés, ils 1 Coordonnées : 2 575 517 / 1 179 249 / 575 m. 2 Pour plus d’informations à ce sujet : Lauper 1999, 42-50 ; Gerster 2007, 15-16. 3 Waeber-Antiglio 1976. 4 Jaton 2007, 21-29. 5 Bourgarel 2007, 30-35. 6 Pradervand 2007, 36-51 ; Guyot/ James 2007, 52-66. Fig. 1 L’église et le couvent de l’abbaye d’Hauterive vus depuis le nord-ouest 7 L’emprise des travaux s’est limitée, dans l’aile est (voir fig. 2), à la salle capitulaire (no 3), aux passages (no 4) et à la salle des moines (no 5), et dans l’aile sud, au couloir du cloître (no 9). CAF 22/2020 Études 102 N 1 2 10 11 3 4 5 9 8 6 7 Canal 0 Ph. Jaton (observations) G. Bourgarel (excavation) M. Mauvilly (excavation) G. Bourgarel, Chr. Kündig (observations) A.-L. Pradervand (observations) 1. ancienne chapelle du cloître 2. sacristie 3. salle capitulaire 4. passages 5. salle des moines 6. galerie 10 m 7. réfectoire 8. cuisine 9. galerie sud du cloître 10. jardin 11. ancien réfectoire des convers Fig. 2 Plan du couvent et du cloître avec indication des surfaces analysées ou fouillées (en hachuré) et des murs observés (en traitillé) depuis 2000 Posieux/Hauterive 103 Les matériaux L’église primitive, probablement en bois, a dû être accompagnée des premières pièces d’habitation indispensables à la communauté. Ces dernières ont certainement été élevées en matériaux périssables avant leur remplacement progressif par de la pierre de taille10. Les termes de « monasterium novum » utilisés dans une source écrite, une notice du Liber donationum Fig. 3 Mur en molasse dans la paroi ouest de l’aile sud Altaeripae remontant aux environs de 1162, époque durant laquelle l’abbé Pontius était à la tête du couvent, attestent cette rénovation. À ces mots s’ajoutent des témoignages, dès le milieu du XIIe siècle, de l’existence d’autres parties de bâtiments du monastère ainsi que de locaux (auditorium, hospicium) destinés aux laïcs11. La différence de statuts entre les frères exige, en effet, une séparation des espaces de vie. Le cloître matérialise cette barrière liturgique, en limitant l’accès aux ailes est et sud uniquement aux moines de chœur et aux membres du clergé. En 2019, la lecture archéologique des maçonneries du rez-de-chaussée des corps de bâtiments est et sud a montré que la nature des pierres exploitées variait d’une extrémité à l’autre du couvent. Ce constat, déjà formulé en 2003 pour le nord du cloître, trouve un écho par l’emploi successif du tuf dans Fig. 4 Paroi est de l’aile sud, en tuf l’aile est, puis de la molasse dans l’aile sud révèlent des changements de plans dans (fig. 3 et 4). Le chantier a ainsi progressé cette partie du couvent et permettent de for- d’est en ouest, ce qui est également assuré muler quelques nouvelles hypothèses quant pour l’église. Comme le souligne C. Waeber- à la fonctionnalité des espaces. Cette étude Antiglio, le tuf est une pierre tendre plus simple a pour but de synthétiser les connaissances à travailler et extraite d’une carrière proche, à archéologiques des ailes est et sud. Corpataux, ce qui explique son utilisation lors du début du chantier. Ce matériau est rempla- Création du monastère d’Hauterive au XIIe siècle cé plus tard par de la molasse, extraite directement des falaises environnantes12. Le programme architectural de grande envergure comprenant la construction de la deuxième L’abbaye d’Hauterive est fondée entre 1132 église et la création du complexe conventuel et 1137 par G. de Glâne et est consacrée le avec le cloître13 est situé entre 1150 et 116014. 25 février 1138, soit à la fin de la période romane8. Il est admis qu’une première église a précédé l’actuelle. L’emplacement du premier Le plan de l’aile est édifice, probablement provisoire, n’est pas 8 Tremp 2007. 9 Waeber-Antiglio 1976, 23. connu. La tradition voudrait que le premier Le rez-de-chaussée de cette aile est consa- établissement religieux soit localisé au- cré à diverses activités des moines : réunions dessus de celui du monastère actuel, mais du chapitre, lecture et transcription des selon C. Waeber-Antiglio, cette croyance « n’a textes, discussions, écriture, etc. (voir fig. 2). aucun caractère scientifique définitif à pre- Le rythme soutenu de la journée, avec huit 13 Voir infra, fig. 7. mière vue, seulement légendaire » . prières et le travail manuel, implique une 14 Jaton 2007, 21. 9 10 Tremp 2015, 120. 11 Tremp 2015, 121. 12 Waeber-Antiglio 1976, 38. CAF 22/2020 Études 104 jusque-là, possède un arc en plein cintre, tandis que les deux autres, de part et d’autre (A et C), sont dotées d’un arc en plein cintre complété d’un arc segmentaire (visible depuis le cloître) peut-être destiné à l’aménagement d’un tympan aujourd’hui non conservé. Les traces d’utilisation de la laie brettelée et la nature du mortier confirment la contemporanéité de ces structures qui permettaient d’accéder, depuis le cloître, à trois espaces distincts (fig. 7). La salle capitulaire était donc moins étendue qu’aujourd’hui au sud, laissant la place à deux passages étroits qui ont pu être restitués grâce aux trois portes présentées cidessus (voir fig. 7, nos 4.1 et 4.2). La découverte de ces accès permet désormais de reconnaître au moins trois espaces distincts Fig. 5 Baie géminée romane de la salle capitulaire au sud de la salle no 3 (voir fig. 7, nos 4.1, 4.2 et 5) et non plus deux, comme cela avait 15 Des segments de fenêtres similaires ont été découverts en réemploi au cours des interventions. L’un d’eux a été employé dans le mur sud du couvent actuel, tandis que d’autres voussoirs ont été réutilisés à la période gothique, notamment pour le caveau de la famille de Villars (Waeber-Antiglio 1976, 77). circulation constante entre les locaux et, par toujours été supposé16. La fonction de ces conséquent, une nécessité de fluidité dans deux pièces exiguës ne peut être assurée, la configuration du plan, afin que le pas- mais la comparaison avec le plan d’autres sage entre la demeure de Dieu et celle des abbayes cisterciennes, dans lesquelles on moines soit facilité. La chapelle du cloître et retrouve ces mêmes divisions, permet de la sacristie situées au nord de l’aile est sont formuler une hypothèse sur leur fonction17 : suivies de la salle capitulaire, au centre. un vestibule d’accès à un escalier condui- Cette dernière conserve encore une baie sant au dortoir des moines situé à l’étage, géminée à claveaux à double rouleau15, suivi d’un passage menant au jardin ou à un témoin des richesses architecturales de la parloir, ou vice-versa. À Hauterive, l’absence période romane (fig. 5). de négatifs ou de traces d’arrachage sur les Lors des travaux au sud de la salle capitu- murs de refend entre ces deux espaces laire, trois portes successives avec piédroits implique peut-être la présence de simples et arc en molasse sont apparues sous le cloisons en matériaux légers plutôt que de crépi (fig. 6). Celle du centre (B), inconnue réelles maçonneries. Les murs de façade C 16 Bourgarel 2007, fig. 50. 17 Ce plan correspond davantage au plan-type d’autres couvents cisterciens connus en France ou en Italie tels que Fontenay (F), Fossanova (I) ou Noirlac (F). Fig. 6 Succession des trois portes romanes dans l’aile est B A Posieux/Hauterive 105 N 1 2 3 A 4.1 B 4.2 C 6 D 8 5 7 Canal 0 mur dʼépoque romane mur dʼépoque romane supposé 1. 2. 3. 4.1. 4.2. ancienne chapelle du cloître sacristie salle capitulaire passage passage 10 m 5. 6. 7. 8. salle des moines galerie réfectoire cuisine Fig. 7 Plan du couvent roman (en noir), avec les murs attestés (trait plein) et supposés (traitillé) ainsi que les espaces liés aux ouvertures A, B, C et D (en rouge) CAF 22/2020 Études 106 nous pouvons confirmer qu’un accès existait à l’angle nord-ouest de la pièce (voir fig. 7.C). Probable vestige d’une porte, un montant en molasse (fig. 8 ; voir fig. 7.D) découvert en 2019 dans la paroi occidentale de la salle no 5 confirme ce doublement des entrées depuis le cloître. Une paroi en tuf, témoin de la période romane, est encore conservée entre ces deux portes. La salle des moines devait alors s’étendre au moins jusqu’audessus d’un canal souterrain axé le long de la limite sud du couvent (fig. 9 ; voir fig. 7)18, soit sur une vingtaine de mètres de longueur. Ouvrage remarquable doté de parements en Fig. 8 Montant en molasse (souligné en jaune) dans la paroi occidentale de la salle des moines blocs de tuf, il déviait l’eau de la Sarine pour approvisionner le monastère. Son tracé se prolongeait sous la salle des moines avant côté jardin ayant été reconstruits, le volume d’alimenter, en dernière ligne, le moulin. Ainsi, des salles de l’aile est ne peut être calculé. détritus provenant de la cuisine et eaux usées La troisième porte (voir fig. 6.C) desservait la salle des moines (voir fig. 7, n 5). o des latrines étaient évacués dans cet égout ingénieusement pensé, comme le confirme un document daté de 131219. La salle des moines Le plan de l’aile sud Selon C. Waeber-Antiglio, ce local allongé (voir fig. 7, no 5) avait diverses affectations : Deux salles étaient aménagées dans l’aile salle et latrines des moines et salle de récréa- sud. D’un côté la cuisine, à l’ouest, où les tion. Même s’il semble évident que ces usages repas étaient préparés selon un régime ali- mixtes ont induit des subdivisions anciennes mentaire strict, exigé par la règle de saint dans cette vaste pièce, les indices archéolo- Benoît20 ; de l’autre le réfectoire, à l’est, où les giques manquaient à ce jour. Aujourd’hui, moines mangeaient en silence en écoutant 18 Le tracé du canal n’a jamais fait l’objet d’un relevé précis, mais ses limites ont pu être dessinées, car le canal est accessible depuis le rez-de-chaussée. 19 Tremp 2015, 4. 20 L’emprise des travaux n’a pas permis de faire de découvertes supplémentaires pour l’aile sud, contrairement aux campagnes de 2003-2004, lors desquelles les premiers niveaux d’aménagements (défrichement du terrain) dans la cuisine et la pièce occidentale voisine (le cellier) avaient été mis en évidence (Bourgarel 2007, 32-33). Fig. 9 Canal souterrain en tuf construit à la période romane Posieux/Hauterive 107 un frère faire la lecture biblique. Cette salle devait être assez grande pour accueillir en 1200, à l’apogée de l’institution, jusqu’à 40 moines21. Malheureusement, la compréhension archéologique de ces espaces est fortement entravée par les remaniements postérieurs. La galerie sud du cloître roman a connu aussi pareil dommage, restreignant ainsi les possibilités d’évaluer ses dimensions. G. Bourgarel a suggéré en 2007, suite à la mise au jour d’un pan de mur considéré comme l’ancien mur roman de la façade sud, que l’aile sud avait été construite de façon désaxée par rapport aux deux autres ailes, ce qui permettait aussi de supposer un tracé transversal pour la galerie sud du cloître. L’emplacement du montant en molasse précédemment cité (voir fig. 7.D et 8) semble conforter cette hypothèse22. La période gothique Remarques générales sur la construction Bien que le style gothique apparaisse à Hauterive dès 125023, dans l’église, il y trouve sa pleine expression lors d’un grand chantier de reconstruction qui a touché l’ensemble de l’abbaye Fig. 10 Galerie est du cloître gothique entre 1320 et 1330. Hormis le chœur de l’église, le changement de plan du cloître, qui est déca- entrées. En effet, l’amorce d’une ouverture en lé vers le nord pour former un rectangle doté de molasse (voir fig. 11.E) a pu être observée à galeries – 19 travées conservées – construites proximité d’une autre, préexistante (voir fig. en molasse et couvertes de voûtes à croisées 7.D). Ce percement, attesté uniquement par d’ogives (fig. 10), constitue l’une des transfor- deux blocs in situ, n’a pu être analysé que de mations majeures de ces travaux. La nouvelle façon lacunaire et sa datation ne peut, par- configuration du cloître entraîne la redéfinition tant, être assurée. Il s’avère que si ces deux des espaces attenants (fig. 11). éléments constituent bel et bien des vestiges d’encadrements de portes, ils indiqueraient L’aile est l’existence durable de subdivisions dans la salle des moines. Le changement architectural affecte en pre- L’aile est : la salle capitulaire mier lieu la salle des moines, privée désormais Le mur séparant la salle capitulaire (voir d’un accès direct au cloître. De plus, les dimen- fig. 2, no 3) de la galerie est du cloître est sions choisies pour les croisées d’ogives ne repris et doté d’une large porte gothique en coïncident plus avec l’emplacement des trois arc brisé à congés obliques (fig. 12). Le res- portes romanes décrites précédemment (voir saut de fondation lié à la reprise du mur a pu fig. 6 et 7). Ces ouvertures sont donc condam- être mis en évidence (fig. 13). Légèrement en nées. D’ailleurs, il semble curieux qu’aucune dessus, un horizon argileux très induré, sur d’elles n’ait été remplacée. Les passages lequel se trouvaient des fragments de tuile, menant au jardin et au dortoir sont dès lors marque sans doute le niveau de circulation uniquement accessibles depuis les salles voi- gothique, certainement en terre battue. Ce sines. Malgré cela, la pièce multifonctionnelle dernier se situait plus bas qu’à l’époque au sud de l’aile pourrait avoir conservé deux romane24. Contrairement à aujourd’hui, on 21 Selon E. Tremp, le nombre de frères convers à cette période devait être au moins équivalent à celui des moines, si ce n’est supérieur (Tremp 2015, 2-3). 22 Bourgarel 2007, 33. 23 Waeber-Antiglio 1976, 101. 24 Le constat est sans appel dans la galerie du cloître, où les piédroits des portes romanes apparaissent en hauteur (Waeber-Antiglio 1976, 78). CAF 22/2020 Études 108 N 1 2 3 K F G J H I 4 L 6 M E 8 7 Canal 0 époque romane époque gothique époque post-médiévale ouverture dʼépoque gothique 10 m 1. ancienne chapelle du cloître 2. sacristie 3. salle capitulaire 4. passages ouverture du XVIe début XVIIIe Fig. 11 Plan des bâtiments des périodes gothique et post-médiévale 5. salle des moines 6. galerie 7. réfectoire 8. cuisine 5 Posieux/Hauterive 109 Ressaut de fondation Niveau d’occupation Fig. 13 Ressaut de fondation et niveau d’occupation de la période gothique On ignore les dispositions exactes des salles situées dans l’aile sud27. Les vestiges gothiques conservés se résument à un mur qui met uniquement en lumière la circulation prévue entre la galerie sud du cloître et les bâtiments adjacents. En effet, deux portes monumentales à arc brisé subsistent à l’extrémité des galeries est et ouest (voir fig. 11.F et I). Leurs montants Fig. 12 Porte à arc brisé de la salle capitulaire (no 3) sont crépis, à l’exception des moulures qui sont apparentes. Entre ces deux accès, une porte au moins desservait l’aile sud depuis la entrait donc dans la salle de plain-pied, galerie sud (fig. 16 ; voir fig. 11.H). Construite comme le pensait C. Waeber-Antiglio25. avec des blocs alternés, elle conserve le Le décor exécuté dans cette salle à la départ d’un linteau à l’origine arqué et période gothique nous est également parvenu aujourd’hui piqueté. On ignore à quelle salle sous forme de traces à proximité de la porte. Il elle était rattachée, peut-être au réfectoire s’agit d’un badigeon blanc crème sur lequel des moines aujourd’hui localisé plus au sud. était peint un faux appareil rouge (fig. 14). Ce motif, épuré ici, fait écho aux variantes plus Une seconde ouverture dans ce même cou- complexes à doubles joints et représentations loir (voir fig. 11.G) est munie d’une banquette figuratives ou végétales mises au jour dans et servait de fenêtre. Les modules des pierres quelques salles de l’aile occidentale, notam- employés pour ces deux constructions pré- ment le cellier. La sobriété du décor de la salle cédemment décrites et la maçonnerie du capitulaire étonne : peut-être se complétait-il mur semblent confirmer une seule phase de d’autres éléments, aujourd’hui disparus26. construction pour l’ensemble. L’aile sud 25 Waeber-Antiglio 1976, 75-77. La galerie sud du cloître, on l’a vu, a été dépla- 26 Pradervand 2007, 42-44. cée en direction du nord. Bien qu’elle ait été détruite par les aménagements baroques, il subsiste encore les consoles et les arcs formerets du mur de l’aile sud (fig. 15). Lors des fouilles de 2005-2006, les fondations du mur nord de cette galerie ont également été retrouvées. Sans surprise, la largeur de cette dernière équivalait à celle des autres galeries. Fig. 14 Traces de décor en faux appareil sur la paroi ouest de la salle capitulaire (no 3) 27 Cette absence de vestiges avait déjà été formulée au cours des fouilles de 2003-2004, lors desquelles seuls trois niveaux de construction sur dix recensés concernaient des périodes antérieures à la fin du XVIe siècle. La pente naturelle qui existait en direction du sud avait été égalisée au XIVe siècle (Bourgarel 2007, 32-33). CAF 22/2020 Études 110 Fig. 15 Mur de fond du cloître gothique et tracé au sol de la largeur de la galerie vus depuis le jardin intérieur Du XVIe au début du XVIIIe siècle L’aile est Les vestiges archéologiques du début de la lons un encadrement de porte de belle fac- période moderne sont rares et ponctuels dans ture localisé dans la salle des moines et que les secteurs analysés. Ils s’avèrent néanmoins le travail de taille permet d’attribuer au essentiels pour tenter de saisir l’extension sud XVIe siècle (voir fig. 11.M). Sommé d’un linteau du couvent, dont les limites archéologiques rectiligne chanfreiné, il conserve des traces demeurent incertaines. Le peu d’indices décou- de plusieurs décors superposés attestant sa verts invite à définir un contexte chronologique longue durée d’utilisation (fig. 18). Sa data- relativement large pour ces aménagements, tion pourrait éventuellement être précisée : en entre le XVI et le début du XVIII siècle. Grâce effet, son bon état de conservation et l’ab- à une peinture sur toile attribuable au père sence de traces de feu en surface indiquent J. Meuwly, copie de 1772 qui représente fidèle- un aménagement postérieur à l’incendie qui a ment l’abbaye en 1667 (fig. 17), il est possible frappé le bâtiment en 1578. Les enduits appli- de visualiser la configuration du couvent. qués suggèrent aussi que cette porte n’était e Parmi les vestiges mis au jour en 2019, signa- e pas située à l’extérieur, mais qu’elle permettait la circulation intérieure entre deux salles. La paroi sud de l’angle sud-est du bâtiment a aussi été analysée. La maçonnerie, quoique hétérogène avec des blocs médiévaux en réemploi, ne contient pas d’éléments rubéfiés. La construction de ce mur, assurément antérieur au corps de garde qui lui est adossé au XVIIIe siècle, devrait dater au plus tard des XVIe/XVIIe siècles. Une aide supplémentaire à la compréhension de ces vestiges est donnée par la vue de l’abbaye de 1667 : on distingue le pan de mur analysé (voir fig. 17, Fig. 16 Vestiges de la porte d’accès au cloître gothique depuis l’aile sud en rouge), à côté duquel figurent d’autres parties de la façade sud, non rectiligne. La Posieux/Hauterive 111 Fig. 17 Huile sur toile du père J. Meuwly représentant l’abbaye en 1667, copie de 1772 (en rouge : la salle des moines ; en vert : l’extrémité de l’aile sud) porte chanfreinée décrite ci-dessus, bien que non représentée, permettait probablement d’accéder depuis l’angle sud-est du couvent à un édifice de plus petit volume (voir fig. 17, en vert). Deux autres ouvertures sont percées dans l’aile est. Bien qu’en partie bouchées aujourd’hui, elles sont référencées sur un plan du milieu du XVIIIe siècle (fig. 19), qui atteste leur construction avant 1722, fournissant ainsi un terminus post quem. L’une d’elles est aménagée à l’emplacement du bouchon de la porte B (voir fig. 7), rétablissant ainsi une sortie depuis la galerie est du cloître en direction des couloirs (voir fig. 19.K). L’autre porte, probablement étroite, ne subsiste plus que sous la forme d’un montant pris dans le reste de la maçonnerie. Elle permettait de rejoindre la partie nord de la salle des moines depuis l’aile sud (voir fig. 19.L). Les fondations en brique d’un fourneau dans la partie nord de la salle des moines (fig. 20) semblent confirmer l’emplacement du chauffage, vis-à-vis de l’entrée. Fig. 18 Percement avec chanfrein et encadrement peint probablement aménagé à la fin du XVIe siècle CAF 22/2020 Études 112 Les XVIIIe et XIXe siècles Les transformations baroques du XVIIIe siècle N marquent en profondeur le plan de l’abbaye d’Hauterive. La reconstruction des bâtiments conventuels débute dès 1722, d’après le plan général de l’architecte Fr. Beer. Compte tenu de l’ampleur du travail et des moyens à disposition pour un tel programme, ce chantier se prolongera sur plusieurs décennies. Les espaces sont homogénéisés, les façades alignées de sorte à former des corps de bâtiments harmonieux et soignés, aux angles agrémentés d’avant-corps. Les architectes J.-P. Nader et J.-J. Ducret ont sans doute contribué à la nouvelle concep- K J L tion de l’aile sud29, et les témoins de ces transformations d’envergure se succèdent dans les ailes étudiées. L’aile est constructions antérieures à 1722 constructions de 1722 constructions projetées Fig. 19 Plan du rez-de-chaussée du couvent dessiné par les architectes J.-P. Nader et J.-J. Ducret au plus tard en 1747, modifié (Archives de l’État de Fribourg) avec report de trois ouvertures de la période moderne De la salle capitulaire et jusqu’à l’extrémité sud (voir fig. 11, nos 3-5), les murs de refend sont repris, voire reconstruits, tandis que des subdivisions sont apportées à la salle des moines, côté jardin. Les piliers engagés des parois sont réalisés en plâtre, à l’exception de ceux de la salle capitulaire, sculptés dans des blocs de molasse, comme le pilier central. De rares traces de badigeons blancs surlignés de noir confirment qu’un décor, L’aile sud dont la restitution n’est pas possible en l’état, recouvrait les parois de la salle capitulaire et du couloir. Les deux portes per- Dans l’aile sud, seul un encadrement de la mettant d’accéder à l’aile sud depuis la porte qui desservait l’aile ouest (voir fig. 19.J) salle des moines (voir fig. 11.L et M) sont est daté de cette période. Il est signalé sur remplacées. La première, de petites dimen- le plan d’architecte comme antérieur à 1722. sions, est simplement couverte de boiseries Les matériaux employés pour sa construc- tandis que la seconde, plus au sud, ornée tion ne sont pas rubéfiés, contrairement à de moulures et reconstruite dans une forme ceux du mur qui l’englobe. L’ouverture est monumentale, dispose de deux battants. donc postérieure à un incendie, certainement celui de 1578, qui n’a pas épargné l’aile sud. L’aile sud Au-dessus de cette porte se situe le piédroit Le couloir qui longe le réfectoire et la cuisine d’une ouverture (fenêtre simple ?), trop peu de l’aile sud est aménagé à cette période. dégagée pour permettre une proposition Plus précisément, on assiste à la construc- chronologique précise. Contrairement aux tion du mur sud, alors que les murs latéraux autres éléments précédemment décrits, cet et le mur nord sont antérieurs. Deux ouver- ajout n’apparaît pas sur les plans du début tures imposantes dont la monumentalité du XVIIIe siècle28, mais la bonne conserva- évoque celle de l’aile est, contemporaine, 28 Schöpfer 1999, 32. tion de ces matériaux indique une création distribuent d’un côté, le réfectoire, de l’autre, 29 Schöpfer 1999, 41. après l’incendie de 1578. la cuisine. Côté cloître, l’apport de lumière Posieux/Hauterive 113 Fig. 20 Vestiges du fourneau mis au jour dans la salle des moines (no 5) Fig. 21 Traces d’un ancien décor dans le couloir de l’aile sud (no 6) est créé par des fenêtres symétriques, dispo- cours des siècles, les espaces précisément sées à intervalles réguliers dans les anciennes définis au moment de la construction pour travées gothiques. Comme à l’est, des traces répondre à la vie monastique ont subi de de badigeons blancs et d’enduits avec de la fréquentes et nombreuses modifications, à couleur noire confirment le crépissage des la fois dans la distribution du plan et la murs pour la pose d’un décor (fig. 21). volumétrie des pièces. Ces travaux ont apporté confort et modernité Malgré une analyse restreinte à certaines à ces bâtiments, au détriment bien souvent de salles du rez-de-chaussée des ailes est et la substance médiévale. La communauté cis- sud, nombre d’aménagements internes et de tercienne a profité de ces infrastructures subdivisions des espaces ont pu être mis au jusqu’en 1848 . À cette date, l’abbaye est jour. Les principales découvertes concernent devenue propriété de l’État. Les bâtiments surtout des accès comblés entre la salle conventuels accueillent alors une école d’agri- capitulaire et la salle des moines. Pour deux culture, avant d’abriter, jusqu’en 1940, l’École d’entre eux, la comparaison avec d’autres normale du canton . Ce changement d’affec- plans d’abbayes cisterciennes a permis de tation a occasionné des petites modifications, formuler une hypothèse quant à la fonction qui n’ont plus tenu compte des exigences des pièces qu’ils distribuaient : un vestibule monacales posées par l’Ordre de Cîteaux. permettant probablement l’accès au dortoir 30 31 et un passage vers le jardin. Paradoxalement, cette période séculière a Le changement de plan du cloître à la suscité une redécouverte du lieu surtout à la période gothique a ensuite entraîné d’im- suite d’un important incendie à la fin du portantes modifications dans la disposition XIX siècle. J. Zemp et A. Naef des salles adjacentes. e 32 ont dirigé alors une campagne de restauration d’en- L’aile sud est bien plus marquée par les vergure du monastère, avec le soutien de la transformations du XVIIIe siècle que l’aile est, Confédération. Ces longs travaux ont mar- et ne livre que de rares indices des périodes qué le début des recherches actuelles. antérieures. Cette partie est celle qui change le plus fortement entre la période romane et Conclusion la période moderne, comme le démontrent les recherches archéologiques et la vue panoramique de l’abbaye de 1667. L’analyse L’analyse des ailes est et sud, conjointement approfondie de la cuisine et du réfectoire, à celle du cloître, a révélé toute la complexi- lors des projets futurs, apportera sans doute té que l’on peut attendre d’un lieu habité des éléments déterminants à cette étude 31 Waeber-Antiglio 2009, 10. continuellement depuis le Moyen Âge. Au intermédiaire déjà riche en découvertes. 32 Gerster 2007, 16. 30 Tremp 2015, 5. CAF 22/2020 Études 114 Bibliographie Andrey et al. 1999 Lauper 1999 l’abbaye d’Hauterive au Moyen Âge, I. Andrey – H. Schöpfer – C. Waeber- A. Lauper, « De l’église blanche au Grangeneuve 2015, consulté en ligne Antiglio, L’abbaye cistercienne d’Hau- palimpseste polychrome », in : Andrey le 14.06.2020 : https://www.abbaye- terive (Patrimoine fribourgeois, no spé- et al. 1999, 42-50. hauterive.ch/fileadmin/user_upload/ Documents/AbbayeHauterive/WWW/ cial 11), Fribourg 1999. Pradervand 2007 Editors/fichiers-pdf/FR_Hauterive_ Bourgarel 2007 B. Pradervand, « Les décors peints du Rôle_Script.pdf. G. Bourgarel, « Recherches archéolo- cloître et de l’aile occidentale de l’ab- giques dans le préau du cloître et les baye d’Hauterive », in : Guex et al. 2007, Waeber-Antiglio 1976 ailes ouest et sud du couvent », in : 36-51. C. Guex et al. 2007, 30-35. Waeber-Antiglio, Hauterive, la construction d’une abbaye cisterSchöpfer 1999 cienne au Moyen Âge (Scrinium Fri- Gerster 2007 H. Schöpfer, « Die Barocken Konvent- burgense 5), Fribourg 1976. G. Gerster « Donner un sens à l’éphé- bauten », in : Andrey et al. 1999, 32. mère : la nécessité d’une restauration », in : Guex et al. 2007, 14-20. Waeber-Antiglio 2009 Tremp 1988 C. Waeber-Antiglio, L’abbaye cister- E. Tremp, « Wie gründet man ein Zister- cienne d’Hauterive (Guides de monu- Guex et al. 2007 zienserkloster ? Die Anfänge der Abtei- ments suisses 469/470), Berne 2009. F. Guex – M.-G. Lepori – J.-L. Baeriswyl, en Hauterive und Haucrêt », Zeitschirft Le cloître de l’abbaye d’Hauterive für Schweizerische Kirchengeschich- (Patrimoine fribourgeois, n spécial 17), te 82, 1988, 115-141. o Fribourg 2007. Tremp 2007 Guyot/James 2007 E. Tremp, « Hauterive (abbaye) », in : O. Guyot – J. James, « La conservation- AA. VV., Dictionnaire historique de la restauration de la pierre et des décors Suisse (DHS), version du 29.11.2007, tra- peints du cloître 2002-2004 », in : Guex duit de l’allemand, consulté en ligne et al. 2007, 52-66. le 30.11.2020 : https://hls-dhs-dss.ch/fr/ articles/012142/2007-11-29/. Jaton 2007 Ph. Jaton, « Une approche archéolo- Tremp 2015 gique du cloître », in : Guex et al. 2007, E. Tremp, Les moines blancs en Nuitho- 21-29. nie : le rôle économique et religieux de 115 Résumé / Zusammenfassung L’abbaye d’Hauterive intrigue les chercheurs depuis plus d’un siècle. Ce monastère cistercien, fondé à proximité de la Sarine, abrite dès le Moyen Âge une communauté de moines qui a su s’adapter au lieu tout en prenant soin de conserver cet édifice d’importance. Le monastère nécessite toutefois certains travaux d’assainissement réguliers pour assurer confort et modernité. C’est dans ce contexte que les murs intérieurs des ailes est et sud ont été partiellement décrépis en hiver 2019, apportant de nouvelles connaissances à ce patrimoine religieux déjà très étudié. Ces données invitent à réfléchir à nouveau au plan et aux fonctions de ces espaces et soulèvent de nombreux points à examiner en regard des recherches passées. Au fil des siècles, les accès aux différentes salles ainsi que les dimensions de ces dernières évoluent. L’étude révèle également des changements de fonctions de ces locaux. À l’est, à la période romane, trois portes successives indiquent que la salle capitulaire est moins étendue au sud et qu’elle est flanquée de deux passages étroits, tandis qu’une troisième porte dessert la salle des moines. La localisation de certaines baies conforte aussi l’hypothèse que la galerie sud du cloître roman est désaxée par rapport aux trois autres. Le changement de plan du cloître à la période gothique est à l’origine des principaux réaménagements internes. Certaines portes de l’aile est sont condamnées tandis qu’une porte monumentale donne accès à la salle capitulaire. La nouvelle galerie sud est, quant à elle, desservie au sud par trois portes et une fenêtre. Des ouvertures sont entreprises aussi à la période moderne. Les transformations baroques du XVIIIe siècle marquent en profondeur le plan de l’abbaye d’Hauterive. Dans l’aile est, de la salle capitulaire à la salle des moines, les murs de refend sont repris ou reconstruits tandis que dans l’aile sud, le couloir est créé. Côté cloître, la lumière est amenée par des fenêtres disposées dans les anciennes travées gothiques. Les moines bénéficient de ces infrastructures jusqu’en 1848, date à laquelle ils doivent quitter l’abbaye rachetée par l’État, avant de pouvoir y revenir en 1939. Das Kloster Hauterive weckt seit mehr als einem Jahrhundert das Interesse der Forscher. Das in Nähe der Saane gegründete Zisterzienserkloster beherbergt seit dem Mittelalter eine Gemeinschaft von Mönchen, die es geschafft haben, sich an die Örtlichkeit anzupassen und gleichzeitig darauf zu achten, dieses bedeutende Bauwerk zu erhalten. Dennoch bedarf das Kloster regelmässiger Sanierungsarbeiten, um den Komfort sicherzustellen und eine moderne Lebensweise zu ermöglichen. In diesem Zusammenhang wurde im Winter 2019 an den Innenwänden des Ost- und Südflügels der Verputz entfernt. Dabei konnten neue Erkenntnisse zu diesem bereits eingehend untersuchten religiösen Kulturerbe gewonnen werden, die weitergehende Überlegungen zu Grundriss und Funktion genannter Gebäudeteile erlauben und zahlreiche Punkte aufzeigen, die es mit Blick auf frühere Forschungsergebnisse zu überprüfen gilt. Im Laufe der Jahrhunderte änderten sich nicht nur die Zugänge zu den verschiedenen Räumen, sondern auch die Raumgrössen. Gemäss unseren Untersuchungen erfuhren die Zimmer zudem Funktionswechsel. Im Osten weisen drei aufeinanderfolgende Türen darauf hin, dass hier der Kapitelsaal in romanischer Zeit kleiner war als im Süden und durch zwei schmale Durchgänge flankiert wurde, während eine dritte Türe in den Saale der Mönche führte. Die Lokalisierung mehrerer Fensteröffnungen untermauert zudem die Annahme, dass die südliche Galerie des romanischen Kreuzgangs gegenüber den anderen drei Galerien axial verschoben war. Die Änderung des Klostergrundrisses in der gotischen Epoche führte zu wichtigen Umgestaltungen im Innenbereich. Währen im Ostflügel einige Türen aufgegeben wurden, gewährte eine neue monumentale Pforte Zugang zum Kapitelsaal. Die neue Südgalerie erhielt im südlichen Bereich drei Türen sowie eine Fensteröffnung. Weitere Öffnungen wurden auch in der Neuzeit eingebaut. Die barockzeitlichen Umbauten des 18. Jahrhunderts haben den Grundriss des Klosters Hauterive tiefgreifend verändert. Im Ostflügel wurden die Zwischenwände im Bereich vom Kapitelsaal bis zum Saal der Mönche beibehalten oder neu errichtet. Im südlichen Flügel erfolgte dagegen der Bau des Korridors. An der dem Kreuzgang zugewandten Seite dienten in die alten gotischen Joche eingelassene Fenster als Lichtquellen. Die Mönche profitierten bis ins Jahre 1848 von dieser Infrastruktur, danach mussten sie das vom Staat gekaufte Kloster verlassen, konnten aber 1939 wieder an ihren angestammten Standort zurückkehren. CAF 22/2020 Études 116 Gilles Bourgarel Fribourg, le Stalden 6 : une maison ordinaire ? Enserrée dans le rang sud du Stalden qui surplombe la Sarine, cette maison à peine remarquée de l’extérieur offre, à l’intérieur, un voyage temporel de plus de 750 ans et, depuis ses terrasses, l’un des plus beaux panoramas de la ville de Fribourg. Grâce à une série de travaux, elle nous a révélé un passé historique qui mérite d’être mis en lumière. Eingeklemmt in die südliche, oberhalb der Saane thronende Häuserzeile des Staldens liegt dieses von aussen unscheinbare Haus. Das Innere wartet aber mit einer Zeitreise durch mehr als 750 Jahre auf und von seinen Terrassen eröffnet sich eines der schönsten Panoramen der Stadt. Bauarbeiten gewährten nun wertvolle Einblicke in seine Vergangenheit. Fribourg/Stalden 6 117 Historique des travaux et description C’est suite à un premier recensement effectué en novembre 2012 que les travaux de transformation de ce modeste immeuble se sont échelonnés sur plus d’une année, entre décembre 2013 et mars 2015. Un suivi archéologique systématique et une fouille partielle du rez-de-chaussée ont été menés à cette occasion1. À l’intérieur, les murs mitoyens ont été décrépis sur les deux tiers de leur surface, permettant une analyse dont les constats ont été reportés sur les plans de l’architecte. Seules les façades donnant sur la Sarine ont été relevées par le Service archéologique de l’État de Fribourg, à l’échelle 1:202. L’avancement des travaux de démolition a été documenté au gré des éléments mis au jour et a Fig. 1 Extrait du panorama de M. Martini de 1606 avec vue sud-ouest de la maison (en jaune) fait l’objet d’une couverture photographique systématique. Enfin, 41 pièces de bois ont été carottées et datées par le Laboratoire N Romand de Dendrochronologie de Moudon3, pour étayer chronologiquement les résultats de l’analyse. 4 La maison est sise dans la partie amont du rang occidental du Stalden (fig. 1 et 2) . De 4 à 5 m de largeur pour une profondeur Stal 4 den 6 de 18 m dans l’œuvre, elle compte deux étages sur rez-de-chaussée et des combles. Seule sa partie occidentale, côté Sarine, 8 est excavée et permet d’atteindre, grâce à un escalier, une petite terrasse surplombant la vallée. La façade sur rue, dotée de trois axes de Fig. 2 Plan de situation fenêtres à encadrement de molasse, est crépie à la hauteur des étages, tandis que le il comprend tout de même une cave parci- rez-de-chaussée, demeuré en molasse, est monieusement éclairée par deux petits percé de portes encadrant une vitrine ; celle jours ; encore plus bas, une porte s’ouvre qui se trouve en amont donne accès à l’im- sur une terrasse percée dans le substrat meuble, l’autre, en aval, desservait autrefois molassique. À l’ouest, le mur mitoyen sud une boutique ou un ouvroir avant d’être est dégagé sur 4,5 m de longueur, car la transformée en fenêtre (fig. 3). Deux chaînes maison voisine en aval est plus courte. Ce d’angle en molasse complètent la composi- retrait a permis la création d’ouvertures de tion architecturale. ce côté du bâtiment, murées dans un Côté Sarine, la façade plus étroite n’offre que deux axes de percements. Au rez-de- second temps et dont ne subsistent que les niches visibles depuis l’intérieur. chaussée, deux ouvertures sont recensées : une porte au nord et une fenêtre au sud. Au À l’intérieur, la maison présente la distribu- premier étage, une seule grande fenêtre tion typique de la majorité des bâtisses de marquait le couronnement d’origine, dispa- la vieille ville, avec les pièces habitables ru lors de la création d’une terrasse qui donnant sur les façades – deux côté rue, coupait une partie de la toiture primitive au une côté Sarine –, les cuisines, les sanitaires deuxième étage. Le bâtiment compte un et la cage d’escalier cantonnés au centre niveau habitable de moins de ce côté, mais (pl. 1 et 2)5. 1 Nous tenons à remercier les maîtres de l’ouvrage, Mme M. Krieg et M. J.-M. Fries qui nous ont ouvert leurs portes, ainsi que la direction des travaux, MM. P. Clozza et L.-H. Clément pour leur collaboration et leur compréhension. Nos remerciements s’adressent également à l’entreprise de construction Perler AG à Tavel et à la restauratrice d’art mandatée pour les décors peints, Mme A. Bumann, qui nous a aimablement transmis son rapport. 2 Les relevés ont été réalisés par W. Trillen et les fouilles par Ph. Cogné, que nous remercions. 3 Réf. LRD15/R7006. 4 Coordonnées : 2 579 136 / 1 183 754 / 465 m. 5 Le deuxième étage n’est pas représenté ici car il offre un plan identique à celui du premier. CAF 22/2020 Études 118 de plus révélé que cette maison n’avait pas été simplement dressée sur le terrain depuis le niveau de la chaussée, mais creusée dans le substrat molassique qui subsiste jusqu’au sommet du premier étage en aval, soit au sud – une observation similaire avait été faite dans la maison voisine, au Stalden 86. En amont, le substrat rocheux s’interrompt à mihauteur du rez-de-chaussée sur une ligne horizontale (voir pl. 2.e). Les façades et une grande partie des murs mitoyens maçonnés ne font pas de cette construction un habitat troglodyte, mais ils apportent néanmoins de précieux renseignements sur la configuration du site avant la fondation de la ville en 1157. Résultats de l’analyse Aménagement du terrain Les lignes horizontales rectilignes perçues dans le substrat suggèrent que le terrain a été aplani avant l’érection des bâtiments. Cette intervention n’a pourtant pas suffi, puisque préalablement à la construction de l’édifice, le site a dû être encore aménagé par d’importants travaux de terrassement qui ont touché le substrat rocheux conservé dans la maison, 5 m au-dessus du sol du rezde-chaussée en aval (au sud) et 0,8 m en Fig. 3 Façade sur rue avec son crépi d’origine, état en 2012, avant les travaux amont (au nord). Le fait que le niveau du substrat molassique soit plus bas en amont Une maison sans histoire qu’en aval reflète peut-être la topographie initiale, mais peut aussi signifier que les maisons du Stalden 4 et 6 ont été érigées simul- Lorsque l’on fait des recherches dans les tanément, impliquant l’arasement du terrain sources écrites, on ne peut que s’étonner de rocheux pour des raisons statiques. En effet, l’absence totale de mentions concernant le à moins de le conserver sur une épaisseur bâtiment du Stalden 6, absence qui impli- assez importante, maintenir ce banc de querait que la maison n’a pas d’histoire. Or, molasse entre les deux maisons aurait fragi- les éléments conservés tels que les murs, les lisé le mur mitoyen. Suivant cette logique, la poutres, les décors peints ou encore les boi- conservation du substrat au Stalden 8 indi- series infirment le silence des textes. querait que cette maison a été construite ultérieurement, car la suppression du banc 6 AAS 97, 2013, 256-257 ; CAF 16, 2014, 142-143. L’analyse partielle des maçonneries, limitée de molasse aurait entraîné, au Stalden 6, la aux parties dégagées, et les datations den- destruction du bâtiment, ou la mise sur pied drochronologiques ont révélé au moins sept de mesures de renforcement (étayage des phases de construction et une importante poutraisons et planchers, reprises en sous- transformation réalisée en deux étapes au œuvre). Les investigations menées au Stal- XVIe siècle, qui n’ont pas été identifiées lors de den 8 ont malheureusement été trop limitées l’observation des maçonneries, mais mises en pour permettre d’infirmer ou de confirmer évidence par la dendrochronologie. Le déga- cette hypothèse. En effet, seul le premier gement des murs de la partie occidentale a étage côté Sarine a pu être exploré. Fribourg/Stalden 6 119 Fig. 4 Combles, mur mitoyen nord avec les différents niveaux de la toiture, après restauration ; en bas à droite, le chevron de 1259 Première phase de construction La première phase de construction se caractérise par des maçonneries régulièrement parementées de moellons de molasse taillés au taillant ou à la laye brettelée et liés par un mortier graveleux beige, qui ne sont conservées qu’au nord (voir pl. 2.d). La présence de niches et de placards muraux confirme l’appartenance du mur à ce programme de construction et non à celui de la maison voisine en amont (Stalden 4). L’une de ces niches se situe au premier étage côté Sarine, la Fig. 5 Combles, mur mitoyen nord, chevron de 1259 seconde au deuxième, au centre. Les moellons ont manifestement été extraits sur place, car le substrat, une molasse verte à grain construction de 1259, date donnée par l’ana- assez grossier, est de même qualité. Ce lyse dendrochronologique du chevron qui matériau se prête bien à l’érection de murs se trouvait encore scellé dans le mur (fig. 5 ; mitoyens, mais moins à celle de façades, car il voir fig. 4). Contrairement à ce qui est régu- est trop sensible à l’eau et au gel. lièrement observé sur les pignons des murs Conservées jusqu’au faîte, les maçonneries mitoyens de cette époque et à moins que la permettent de restituer une maison dont le partie supérieure n’ait été arasée lors de la gabarit était quasiment identique à l’actuel. reprise du pignon à la phase suivante, le mur Elles s’étendaient sur une hauteur de façade ne dépassait de toute évidence pas le niveau sur rue de 7,5 m (8,1 m aujourd’hui), avec le de la toiture pour former un pare-feu. faîte de la toiture à 9,1 m contre 13,5 m actuellement (fig. 4). Côté Sarine, la façade s’éle- Hormis les niches évoquées plus haut, il vait un demi-mètre plus haut qu’au XVIe siècle ne reste rien des aménagements intérieurs. (voir pl. 2.d, phase 3). La profondeur de la Au deuxième étage à l’ouest, des empoche- construction était identique à celle d’au- ments de poutres indiquent que le plafond jourd’hui et l’édifice possédait le même était placé un demi-mètre plus bas. Côté rue, nombre d’étages, alors que la pente de la les maçonneries n’ayant pas été dégagées, toiture était deux fois plus faible (18° contre le niveau du plafond sous combles ne peut 36°), trahissant l’existence d’une couverture être précisé, mais il n’était pas nécessaire- de tavillons tout à fait habituelle pour une ment aligné sur celui de la partie ouest. Enfin, CAF 22/2020 Études 120 Fig. 6 Combles, mur mitoyen sud, traces de la borne et fenêtre créée dans le mur pignon du XVe siècle ultérieurement murée (tache claire à droite) au rez-de-chaussée, un panneau rectangu- Elles se distinguent nettement de celles qui laire en creux signale la présence d’une cloi- les ont précédées par un mélange de moel- son et d’une porte, probablement celle qui lons de molasse et de boulets associé à fermait la descente d’escalier vers la cave et quelques fragments de tuile, le tout lié par la terrasse, escalier qui a dû être créé lors de un mortier gris. La pente de la toiture a alors cette phase de construction. La cloison, été légèrement accentuée, passant de 18° à située 0,7 m plus à l’ouest que l’actuelle, déli- 27°, ce qui reste faible pour une couverture mitait probablement aussi la pièce donnant de tuile. Le faîte a donc été surélevé de près sur la Sarine, qui était un peu plus courte. Cet d’un mètre alors que les façades ont conser- indice suggère que la distribution de l’inté- vé leur hauteur initiale, engendrant ainsi une rieur était similaire à l’actuelle, les pièces toiture plus haute que celle de la maison habitables donnant sur les façades, les esca- voisine en aval. Comme témoin de ces trans- liers et l’âtre étant placés au centre, selon formations, on distingue une petite fenêtre une disposition bien attestée pour cette ménagée dans le pignon sud, à l’ouest du époque à Fribourg7. conduit de cheminée (voir pl. 2.d). Des traces de suie et de rubéfaction sug- Encore une fois, les dispositions intérieures gèrent un incendie de la partie côté Sarine, n’ont pas laissé de trace clairement identi- qui n’aurait toutefois pas atteint la partie fiable pour cette phase, et au sud, la pré- orientale comme en témoigne le chevron de sence de la paroi taillée dans le substrat 1259 encore en place. S’agit-il de l’incendie molassique jusqu’au premier étage ne per- qui a touché le quartier en 1405 et que met pas de rattacher les divers aménage- signale Fr. Rudella dans sa Chronique8 ? La ments lisibles sur sa surface à une phase question reste ouverte, car la reconstruction plutôt qu’à une autre. Les traces de suie qui qui s’en est suivie n’est malheureusement pas recouvrent toute la partie centrale de ce datée par la dendrochronologie. En effet, côté, alors qu’elles sont ténues au nord, per- aucune pièce de bois liée à cette étape n’est mettent de confirmer que l’âtre est resté à conservée. cet emplacement jusqu’à nos jours, que ce soit pour le foyer ouvert ou, ultérieurement, Reconstruction et première surélévation du pignon (2e phase) pour les gazinières ou cuisinières électriques. La présence de l’âtre plaqué au centre du mur mitoyen sud est confirmée dans les combles par les traces de l’ancrage du conduit de cheminée qui devait être en bois, Contrairement à la phase précédente, les sur le modèle des bornes des fermes fribour- maçonneries de la reconstruction ont été geoises (voir fig. 6), ces vastes hottes de 7 Bourgarel 2005. identifiées sur les deux murs mitoyens, mais cheminée en bois dans lesquelles on plaçait 8 Zender-Jörg 2007, 101 et 114. pas sur les façades (fig. 6 ; voir pl. 2.d-e). – et place toujours – les salaisons à fumer. Fribourg/Stalden 6 121 La datation de cette phase restera vague faute d’éléments précis. La faible pente de la toiture laisserait supposer que la couverture était encore en tavillons. Or, la présence de quelques fragments de tuile dans les maçonneries semble inciter à concevoir une toiture en matériaux durs, hypothèse que les nombreux fragments de tuile visibles dans les maçonneries de la phase suivante viennent encore renforcer. De plus, diverses ordonnances de l’époque rappellent à la population la nécessité de remplacer au plus vite les couvertures de tavillons par des toitures de tuile. La première, datée de juin 1419, stipule que le gouvernement offre la moitié des tuiles aux propriétaires réalisant ces travaux, et la deuxième, celle de 1433, rend l’opération obligatoire9. Ces mentions apportent donc quelques indices qui permettent de placer ces travaux au XVe siècle, à partir de 1419, mais en tous cas avant 1529/1534, date des transformations suivantes. Transformations côté rue et surélévation du pignon (3e phase) Au cours de cette phase, une nouvelle surélévation du pignon sur une hauteur d’un mètre augmente la déclivité de la toiture, la faisant passer de 27° à près de 29° (voir Fig. 7 Rez-de-chaussée, plafond de la boutique ou de l’ouvroir, 1529/1530 pl. 1.a-c, pl. 2.d-e et fig. 4). Côté rue, la présence de têtes de lattes encore scellées d’un conduit en bois – ou borne –, dont la dans le mur mitoyen nord atteste clairement disposition sera maintenue malgré une une couverture de tuile. Côté Sarine, cette reconstruction à la phase 4. modification du pignon a impliqué l’abais- Les pièces sur rue ont été entièrement réa- sement de 0,5 m du couronnement de la ménagées et dotées de nouvelles poutrai- façade, ce qui constitue apparemment le sons qui subsistent au rez-de-chaussée. Au seul travail ayant affecté cette partie de la deuxième étage, les poutres ont été à nou- maison à ce moment. Une petite fenêtre à veau scellées au XIXe siècle, tandis que dans encadrement de molasse aménagée dans les combles, les lattes sont situées à leur le pignon nord confirme que la maison était emplacement d’origine dans le pignon nord, plus haute que sa voisine en amont, le Stal- tout comme la panne faîtière. La poutraison den 4. En aval, au sud, la fenêtre de la phase de la boutique/ouvroir du rez-de-chaussée, précédente a été maintenue, la toiture de la sobrement chanfreinée, prouve que le couloir maison voisine restant plus basse. d’accès est resté à cet emplacement au moins depuis ce réaménagement (fig. 7). À l’intérieur, les transformations ultérieures Dans le couloir, le sol était constitué du sub- ont effacé toute trace de cette phase dans strat molassique, simplement aplani10. La la partie centrale de la maison, mais l’em- découverte d’une marche permet de situer placement du couloir au rez-de-chaussée l’accès à la pièce sur rue, resté au même et les traces des cloisons délimitant les emplacement jusqu’en 2013, et ce malgré la pièces sur rue apportent la certitude que la reconstruction de la cloison au XXe siècle. cage d’escalier était déjà plaquée au mur Une partie du décor du couloir a échappé au mitoyen nord. Au premier étage, à l’opposé, renouvellement du crépi et a été conservée 9 M.-Th. Torche, « Prévention des incendies et lutte contre le feu », in : D. Buchs (dir.), L’incendie de Bulle en 1805 : ville détruite, ville reconstruite, Bulle 2005, 55-56 ; de Zurich 1924, 219. se situe l’âtre équipé d’une vaste hotte et grâce à la mise en place d’un faux plafond de 10 Voir infra, 129-131. CAF 22/2020 Études 122 Fig. 8 Rez-de-chaussée, restes du décor peint du couloir réalisé à partir de 1529/1530 plâtre (fig. 8) ; on distingue en hauteur, dans les entre-poutres au-dessus du mur nord, un bandeau gris bordé d’un filet noir, le tout souligné d’un second filet noir sur fond blanc. Reconstruction partielle de la partie côté Sarine (4e phase) La poutraison était alors peinte en gris foncé. Au vu de la similitude de caractères entre la Dans la pièce voisine, boutique ou ouvroir, les phase précédente et celle-ci ainsi que d’un fouilles ont révélé plusieurs aménagements décrépissage partiel ayant empêché l’ob- successifs qui correspondent à une subdivi- servation de tout lien chronologique entre sion des pièces coïncidant avec la poutraison les parties orientale et occidentale de la de cette époque, mais qui ne peuvent lui être maison (voir pl. 1.a-b et 2.d-f), il n’aurait rattachés faute d’indice de datation précis. pas été possible de différencier ces deux Ces éléments seront donc traités dans un phases sans les résultats de l’analyse chapitre distinct11. Au premier étage, le main- dendrochronologique. tien des crépis et les transformations du XIXe siècle n’ont rien révélé de cette période Les observations liées à ces transformations ancienne. Il en va de même au deuxième s’étendent jusqu’à la toiture. Au sud, le mur étage, où des solives moulurées en remploi pignon a été fortement repris et abaissé côté sont couvertes par les enduits du XIXe siècle12, Sarine, pour correspondre au niveau de toiture masquant les éventuelles traces d’enduits établi lors de la phase précédente. À la hau- plus anciens. Ces solives en remploi, profilées teur des combles, de nouvelles maçonneries d’un méplat sur la face inférieure, d’un tore, ont manifestement remplacé une paroi en d’un cavet puis d’un tore, et portant des pans de bois. En plus du réaménagement de motifs géométriques en intaille (fig. 9) à leurs l’intérieur des parties ouest et centrale, la extrémités, proviennent bien de la maison : façade ouest a été entièrement reconstruite, leurs congés en forme de pelle correspondent manifestement au même emplacement que la exactement aux dimensions de l’édifice. précédente. En effet, elle est alignée sur la porte d’accès à la terrasse, percée dans le Suite au prélèvement de divers échantillons, substrat molassique au XIIIe siècle. Au cours ces travaux ont pu être bien datés par la de ces transformations, un changement des dendrochronologie. Les solives du rez-de- niveaux de planchers a probablement été chaussée ont été taillées dans des épicéas effectué dans la partie donnant sur la Sarine, abattus en automne/hiver 1529/1530, et de sorte à les aligner sur ceux de la partie est celles du deuxième étage ainsi que certains donnant sur la rue. Simultanément, plusieurs éléments de la toiture encore en place pro- travaux ont été entrepris en façade, aux diffé- viennent d’épicéas (panne faîtière) et de rents étages. La cave a été dotée d’une voûte sapins blancs (lattes à tuile) abattus durant de brique en remplacement d’une poutraison l’automne/hiver 1533/1534. L’écart chronolo- prenant manifestement appui sur un ressaut gique de quatre ans entre les bois du rez- taillé dans la molasse. Cette structure en bois de-chaussée et ceux du deuxième étage et était située au même niveau que le sol actuel des combles reflète peut-être la durée des du rez-de-chaussée. Côté Sarine, des ouver- transformations, ou un décalage entre le tures soignées avec encadrements chanfreinés 11 Voir infra, 129-131. début du chantier tel qu’il était prévu et taillés au réparoir apportaient de la lumière 12 Voir infra, 127-128. l’exécution des travaux. aux pièces peu éclairées au rez et au premier Fribourg/Stalden 6 123 a) b) Fig. 9 Deuxième étage, détails des deux têtes de l’une des poutres en remploi, 1533/1534 étage. Une porte, probablement flanquée d’une fenêtre dont les transformations ultérieures ont effacé toute trace, a ainsi été percée au rez-de-chaussée, dans la façade dressée en carreaux de molasse verte et bleue (fig. 10). Cette porte atteste l’existence d’une galerie bien visible sur les panoramas de G. Sickinger (1582) et de M. Martini (1606 ; voir fig. 1). L’étage a aussi été pourvu d’une fenêtre géminée à peu près centrée. À l’intérieur, la distribution des pièces est restée presque inchangée depuis, mais côté Sarine, les pièces étaient plus longues. Les cloisons ont été ultérieurement modifiées ou déplacées pour laisser plus d’espace au Fig. 10 Façade ouest, rez-de-chaussée, vestiges de la porte d’accès à la galerie, 1557/1558 centre, offrant ainsi des pièces habitables plus vastes, mais impliquant des volées d’escalier plus raides, toujours plaquées au mur nord. L’âtre, couvert d’une vaste hotte de 2 m de profondeur pour 3 m de largeur se trouvait au sud, au premier étage ; ses parois devaient être en bois (borne), alors que dans la majorité des cas elles étaient en brique ou en pierre. D’autres dispositifs de chauffage ont été recensés ailleurs dans le bâtiment. Le rez-de-chaussée n’était pas équipé d’un tel foyer, mais il était desservi par un conduit de cheminée destiné à couvrir les besoins de la boutique/ouvroir donnant sur la rue. Le dégagement du sol a en outre révélé les traces d’un foyer adossé à la cloison nord de l’espace central et la poutraison était encrassée de suie, mais il n’est pas certain que ce foyer soit lié à cette phase de construction ; il pourrait être plus tardif13. Plusieurs décors intérieurs ont pu être Fig. 11 Rez-de-chaussée ouest, pièce donnant sur la Sarine, avec sa poutraison de 1557/1558 analysés. Au rez-de-chaussée, la pièce donnant sur la Sarine a été dotée d’une poutraison sobrement chanfreinée (fig. 11), sem- réalisé lors de ces travaux. Au premier étage, blable à celle de la partie donnant sur la rue. l’aménagement de la pièce donnant sur la Côté rue, le décor peint mis au jour dans le Sarine a été particulièrement soigné. La couloir a été maintenu, à moins qu’il n’ait été poutraison moulurée d’un tore et d’un cavet 13 Voir infra, 129-131. CAF 22/2020 Études 124 Le premier est constitué de bandeaux gris bordés de noir soulignés d’un filet de la même couleur, et il est agrémenté de rinceaux noirs alliant feuilles et fleurs (fig. 13), qui entouraient également le placard mural aménagé au centre de la paroi nord. Un soubassement gris devait compléter le décor, mais son état de conservation n’a pas permis de le rattacher avec certitude à celui-ci. Ce premier décor a été réalisé sur un fond blanc appliqué par-dessus un enduit blanc crème lissé, dont la composition a révélé de la chaux pure ou du plâtre. Ce type d’enduit de gypse ou à la chaux caractérise les aménagements du XVIe siècle15, et plusieurs découvertes confirment leur emploi comme enduit de finition en ville de Fribourg. Le style des peintures elles-mêmes n’a en revanche que peu d’équivalence au niveau local, mais quelques exemples peuvent tout Fig. 12 Premier étage ouest, détail de la poutraison de 1557/1558 de même être mentionnés. À Fribourg, les rinceaux les plus proches se trouvent au (fig. 12) était accompagnée d’un riche décor deuxième étage de la maison du Petit-Saint- peint renouvelé ou complété à deux reprises, Jean 11, au troisième étage de celle de la rue mais conservé uniquement sur le mur nord d’Or 2516 et au deuxième étage côté jardin ainsi que par quelques traces sur la façade de la bâtisse du Court-Chemin 7. Les rin- ouest. Au centre, la nouvelle poutraison a ceaux des deux premiers exemples accom- manifestement repris les dispositions anté- pagnent des filets bordés de rangs de perles rieures, ménageant un large chevêtre pour et sont datés du début du XVIe siècle, tandis supporter la hotte en bois de l’âtre domes- que le décor du Court-Chemin, malheureuse- tique. Les solives ont aussi été ornées des ment non daté, ne possède pas ces rangs mêmes moulures que la pièce ouest. de perles. Le décor du Stalden 6 est bien sûr plus tardif, puisque la poutraison de La datation à considérer pour l’entreprise 1557/1558 marque un terminus post quem, générale de ces aménagements a été révé- mais il est stylistiquement antérieur au lée par l’étude dendrochronologique des XVIIe siècle, connu pour ses rinceaux densi- solivages du rez-de-chaussée et du premier fiés prenant la forme de mauresques, comme étage des pièces ouest et de la partie cen- à la Forge de Belfaux où ils sont datés de trale, qui ont été taillés dans des arbres 160717. Les comparaisons montrent que le abattus en 1557/1558. premier décor du Stalden a été réalisé peu Des décors peints inattendus traison, si ce n’est lors du même chantier. Au premier étage, le démontage du faux À l’est, à proximité de la cloison délimitant plafond a révélé la présence de décors la cage d’escalier, un personnage masculin peints sur le mur nord de la pièce donnant couché, avec un chien à ses pieds et une sur la Sarine, ainsi que dans l’actuelle salle épée à ses côtés, donne l’image d’un soldat de bain et sur une partie de la cage d’esca- au repos (fig. 14). L’absence de toute trace lier. S’agissant, entre autres, d’une frise d’ar- picturale au-dessous de ce personnage moiries qui couvrait deux des entre-poutres, semble indiquer qu’un meuble occupait à proximité de la façade et dans la partie la l’angle nord-est de la chambre. Cette repré- mieux éclairée de la pièce, cette découverte sentation se distingue nettement du reste du a immédiatement suscité un grand intérêt. décor par la finesse de ses détails et l’emploi Suite à cette mise au jour, une campagne de couleurs (ocre jaune, rouge et brun). Elle a de sondages picturaux a été rapidement manifestement été réalisée par une autre organisée, et des dégagements de la sur- main que les rinceaux noirs, mais son état de 16 Villiger 1982, Kat. 8-9. face ont été entrepris, ce qui a permis de conservation ne permet pas d’établir un lien 17 Villiger 1982, Kat. 20. mettre en lumière trois décors successifs . chronologique avec les autres parties du de temps après la mise en œuvre de la pou- 14 Les sondages ont été réalisés par Mme A. Bumann et les dégagements par Mme M. Krieg, que nous remercions. 15 R. Pasche, Problématiques de renfort d’adhésion de l’enduit de finition en gypse du Foyer St-Germain, Gruyères, Travail de Master présenté à la SUPSI (Dipartimento ambiente costruzioni e design / Conservazione e restauro), [Manno 2013], 13-15. 14 Fribourg/Stalden 6 125 Fig. 13 Premier étage ouest, mur nord, détail du premier décor peint (bandeaux gris ultérieurement recouverts de rouge sang-de-bœuf, rinceaux et filets noirs) réalisé à partir de 1557/1558 décor. À moins qu’il ne s’agisse d’un ajout décors picturaux du couvent et de l’église postérieur, la scène a été peinte directement des Augustins réalisés entre 1554 et 156419, sur l’enduit, qui avait peut-être été nettoyé attribués à H. Schäuffelin le Jeune. au préalable. Le costume du personnage, en particulier les chaussures en patte d’ours et La deuxième étape décorative s’illustre par les hauts de jambes à crevés, est typique du l’ajout d’une frise d’armoiries (fig. 15) dans les XVI siècle. La facture de la peinture rappelle entre-poutres de la partie occidentale de la en outre les décors du deuxième étage sud pièce, qui compte deux groupes d’écus – l’un de la rue des Forgerons 28 à Fribourg, datés de cinq et l’autre de six – le plus souvent par- de la seconde moitié du XVIe siècle18, aux- tiellement conservés et dont les armes n’ont quels elle s’apparente par la manière de pas pu être identifiées. Les symboles héral- traiter les détails. D’autres correspondances diques visibles de gauche à droite sont, pour semblent se dessiner, notamment avec les le premier groupe, un chaudron, un croissant e 18 G. Bourgarel – Chr. Kündig, « Fribourg/Forgerons 28, une maison qui justifie bien le nom de la rue », CAF 13, 2011, 172-189, en particulier 185-186. Fig. 14 Premier étage ouest, mur nord, personnage couché peint à partir de 1557/1558 19 A. Lauper, « Les bâtiments conventuels de 1250 à 1848 », in : SBC (éd.), L’ancien couvent des Augustins de Fribourg. Restauration du prieuré (Patrimoine Fribourgeois, no spécial 3), Fribourg 1994, 15. CAF 22/2020 Études 126 Fig. 15 Premier étage ouest, mur nord, frise d’armoiries peinte après 1557/1558, d’ouest en est de lune, deux écus illisibles et un lion hissant à gauche, pour le deuxième, un chien, un personnage à côté d’un motif à flèche verticale (?), une croix sur une demi-roue, un écu Transformations des XVIIe et XVIIIe siècles (5e phase) illisible, un heaume et une cigogne dotée Les travaux et les aménagements de ces d’une collerette tenant un râteau dans sa deux siècles n’ont laissé que très peu de patte droite. Seul le blason du premier écu traces dans la maison, et aucune solive ni pourrait évoquer les armes d’une famille bois de charpente autorisant une datation de chaudronniers, mais il ne s’agit en tous dendrochronologique. cas pas de celles des Kessler de Fribourg . 20 Contrairement au personnage couché, ces À l’extérieur, côté Sarine, les bases de la écus recouvrent le premier décor. Ils n’ap- façade ouest et du mur mitoyen sud ont portent aucune précision chronologique, été reprises en raison de la fissuration du faute d’avoir pu être identifiés. substrat molassique (voir pl. 2.f). Dans la façade, au rez-de-chaussée, la porte d’ac- Le troisième décor recouvre presque toute la cès à la galerie préexistante a été dépla- paroi de la pièce, mais il est conservé de cée et accolée au mur mitoyen nord. Ces façon très lacunaire (fig. 16). Les bandeaux reprises ont manifestement été réalisées gris du premier décor ont cédé leur place à au XVIIIe siècle. des bandeaux rouge sang-de-bœuf, et la surface du mur est ornée de fins rinceaux de À l’intérieur, les travaux n’ont eu qu’un feuilles et de fruits polychromes. Les divers impact léger sur le bâtiment : ils se sont motifs ont été appliqués au-dessus d’un sou- limités au renouvellement des peintures, à bassement rose. Les rinceaux sont identiques la pose de faux plafonds et au déplace- à ceux qui accompagnent le décor historié de ment ou à l’ajout de certaines cloisons. Au la rue des Forgerons 28, mais on sait, grâce à premier étage, à l’ouest, la dernière phase de nombreux exemples découverts en vieille de décor peint du premier étage côté ville durant ces vingt dernières années, que Sarine a dû être exécutée avant la première ce type de décor est resté en vogue jusqu’au moitié du XVIIe siècle. Elle a été recouverte milieu du XVII siècle . Cette troisième étape au moment de la pose d’un faux plafond, du programme décoratif du Stalden 6 a donc probablement au XVIIIe siècle. Au centre de été réalisée entre la fin du XVI et la première la maison, les cloisons délimitant la cage moitié du XVIIe siècle, laissant probablement d’escalier ont été dressées à cette époque e 21 e 20 On ne peut toutefois exclure une autre branche de la famille qui n'est pas répertoriée dans les armoriaux historiques (voir H. de Vevey-L’Hardy, Armorial du canton de Fribourg III, Genève 19782, 63-64). 21 Villiger 1982, Kat. 56-58. visibles la frise d’armoiries et le personnage ou du moins remplacées, avant d’être couché, qui a été restauré et se trouve aujour- partiellement détruites au cours des tra- d’hui dans la cage d’escalier – le reste du vaux du XXe siècle. Au premier étage, une décor a en revanche été masqué, mais sa partie des cloisons de planches verticales conservation est assurée. moulurées subsistait sous les doublages de Fribourg/Stalden 6 127 brique du XXe siècle, entre la cuisine et la cage d’escalier ainsi qu’à l’ouest, entre la pièce et la cuisine (fig. 17). La dernière cloison se poursuivait au nord au niveau de la cage d’escalier, mais la modification de l’escalier vers 1900 a entraîné sa démolition. Enfin, si la cloison entre la cuisine et la cage d’escalier n’était pas liée au solivage de 1557/1558, celle entre la pièce ouest et la cuisine était bien insérée dans la rainure prévue à cet effet sur l’une des solives du XVIe siècle. La facture des deux cloisons étant identique, on peut présager de leur contemporanéité. Les travaux du XIXe siècle (6e phase) Fig. 16 Premier étage ouest, mur nord, vestiges du troisième décor à bandeaux rouge sang-de-bœuf réalisé entre la fin du XVIe et la première moitié du XVIIe siècle (en dessous : traces du premier décor) Les travaux du XIXe siècle ont conféré à la maison l’essentiel de son aspect actuel. La façade sur rue a été reconstruite de fond en comble avec trois axes de percements (voir fig. 3 et pl. 1.a-c). À l’extérieur, le rez-dechaussée en molasse apparente forme un socle sur un soubassement de grès. Dans les étages, seuls les encadrements de fenêtres et les chaînes d’angle sont en molasse apparente. Les finitions et les détails architecturaux varient en fonction des emplacements. Le mur est revêtu d’un crépi à surface grenue probablement appliqué à la moulinette, teinté en gris dans la masse. Les encadrements des percements du rez-dechaussée sont profilés de trois quart-deronds alors que ceux, légèrement saillants, des fenêtres des étages ne sont moulurés Fig. 17 Premier étage ouest, détail de la cloison est datée du XVIIIe siècle ou antérieure CAF 22/2020 Études 128 1533/1534. Côté rue, la subdivision des salles du XVIe siècle en deux pièces de largeurs inégales et le réaménagement complet des pièces réalisés lors de cette phase sont parvenus quasiment intacts jusqu’à nous. Seuls manquent les parquets et les poêles qui se trouvaient à chaque étage, à cheval sur la cloison séparant les deux pièces. Au premier étage côté Sarine ne subsistaient, entre la cuisine et la chambre, que la porte (battant et encadrement) et la fenêtre qui la flanquait. La création d’une deuxième cuisine au deuxième étage, et probablement d’une troisième au rez-dechaussée, remonte probablement à cette période, la maison étant dès lors subdivisée en plusieurs logements. Fig. 18 Deuxième étage est, chambre nord après restauration de 2013 Les aménagements intérieurs liés à cette phase, à savoir les lambris de bas de paroi que d’une feuillure. Tous reposent sur une et des chambranles de fenêtres, les portes tablette saillante profilée d’un bandeau, et leur huisserie ainsi que les plafonds de d’un cavet et d’un bandeau ; les bandeaux, plâtre à corniche moulurée et rosace cen- taillés avec de larges coups de réparoir, for- trale, ont été restaurés en 2013 (fig. 18). ment des cannelures. Le tout est couronné d’une corniche profilée d’un cavet et d’un Ces travaux sont datés, côté rue, par des quart-de-rond. solives et des pièces de charpente prove- Côté Sarine, les importantes reprises des nant d’épicéas qui ont été abattus durant maçonneries de la partie occidentale de la l’automne/hiver 1828/1829. Cette datation façade sud et de la façade ouest ont pro- coïncide parfaitement avec les caractéris- bablement été réalisées simultanément. tiques architecturales de la façade sur rue, Deux fenêtres ont alors été créées au sud, pour laquelle des parallèles ont été retrouvés au rez-de-chaussée et au premier étage, à la rue de la Samaritaine 2822 et surtout au deux autres ont été percées dans le mur numéro 9, dont la façade sur rue a été en mitoyen au deuxième étage et dans les partie reconstruite en 1830-1831 par J. Kae- combles. À l’ouest, la reprise des maçonne- ser, maître-maçon à qui l’on doit de nom- ries a entraîné la réfection de la fenêtre du breuses constructions en ville de Fribourg rez-de-chaussée et, peut-être, la création comme l’école des garçons du Bourg (1817- d’une porte au premier étage, pour desser- 1818), la maison de la rue des Chanoines 1 vir un édicule-latrines. (date inconnue), les façades du Werkhof Des modifications ont également touché (1822-1824), le Pensionnat des Jésuites (1825- la partie supérieure et la couverture de la 1826) ou encore les portiques du Grand Pont maison. La toiture côté rue a été surélevée, Suspendu (1832)23 pour n’en citer que les plus alors que le pan donnant sur la Sarine importantes. Au vu des similitudes avec la conservait son niveau antérieur. Le déca- façade principale de la rue de la Samari- lage du faîte qui en a résulté a permis la taine 9, il est très probable que celle du Stal- création d’une paroi percée d’une grande den 6 a été réalisée par cet entrepreneur. fenêtre destinée à apporter de la lumière au centre de la maison. Une autre fenêtre a été créée au sud, dans le nouveau mur pignon alors nettement plus haut que celui du Stalden 8 en aval (voir pl. 2.e). Vers 1900, plusieurs aménagements ponc- 22 CAF 18, 2016, 170-171. 23 G. Bourgarel – A. Lauper, « Rue de la Samaritaine 9, ancienne maison de Raemy-Kaeser puis confiserie Ems », in : SBC (éd.), Ville de Fribourg : les fiches, Fribourg 2002, fiche 010/2001. Les derniers avatars de l’immeuble (7e phase) À l’intérieur, la poutraison des pièces sur tuels ont été réalisés sur l’ensemble des rue du premier étage a été complètement étages. Au rez-de-chaussée, la volée d’esca- renouvelée, le deuxième étage a été partiel- lier en bois menant au premier étage a pro- lement rénové et la charpente a été recons- bablement été renouvelée à cette période. truite avec d’anciennes pièces de bois de Une terrasse a été créée au deuxième étage Fribourg/Stalden 6 129 côté Sarine (fig. 19), et une nouvelle chambre aménagée de ce côté. L’édicule-latrines accolé à la façade occidentale avait été supprimé peu avant probablement, mais les fenêtres percées dans le pignon sud ne seront obstruées que plus tard, lors de la surélévation de la maison du Stalden 8 en aval. Durant les années 1960 ou 1970, une nouvelle terrasse a été construite au niveau des combles (voir fig. 19). Sa dalle de béton a été prolongée au centre de l’immeuble en remplacement de la poutraison, et les escaliers des premier et deuxième étages ont été remplacés par de la simili-pierre. La subdivision de l’espace central pour créer des salles de bain et des toilettes s’est faite progressivement durant le XXe siècle. Enfin, la boutique/ouvroir du rezde-chaussée a été convertie en logement, et la porte d’accès direct à la rue transformée en fenêtre (voir fig. 3). Ces travaux illustrent bien deux phénomènes : la densification de la population dans la basse ville d’une part, et l’augmentation progressive du confort d’autre part, avec installation de toilettes, de salles de bain et d’un chauffage central à mazout. Malheureusement, cette évolution s’est accompagnée d’un manque d’entretien particulière- Fig. 19 Deuxième étage et combles ouest, terrasses créées durant les travaux du XXe siècle ment sensible au niveau de la terrasse du deuxième étage, dont l’étanchéité et les écoulements s’étaient fortement dégradés, entraînant d’importants dommages dans les maçonneries et, surtout, des pertes de substance dans la pièce peinte. Les fouilles archéologiques du rez-de-chaussée L’assainissement des sols du rez-de-chaussée côté rue et au centre de la maison a permis la fouille des niveaux antérieurs aux chapes de ciment du XXe siècle. Comme le substrat molassique servait de niveau de circulation durant tout le Moyen Âge et l’époque moderne, les couches archéologiques étaient très fines ou inexistantes, hormis dans les structures en Fig. 20 Rez-de-chaussée, ancien dallage du couloir et marche de l’accès à la boutique utilisée après 1529 creux. soit depuis 1529/1534. Afin de pallier le surDans le couloir, le substrat a été progressive- creusement, des dalles de molasse ont été ment usé par le passage des habitants, mais il mises en place sur toute la longueur du couloir, a subsisté sous la forme d’une petite ban- y compris sous la volée d’escalier menant à quette à l’emplacement de la cloison délimi- l’étage. Par la suite, ce sol a encore été réparé tant la boutique/ouvroir, cloison qui se situe à avec des carreaux de terre cuite et des briques, son emplacement actuel en tous cas depuis et une marche a été ajoutée devant la porte les premières transformations du XVI siècle, d’accès à la boutique/ouvroir (fig. 20). Le e CAF 22/2020 Études 130 conservé et d’élément de datation, leur antériorité par rapport aux solives ne peut être totalement exclue. En l’absence de battitures ou d’autres indices probants, la seule présence de fragments de fer dans le foyer ne permet pas de déduire l’existence d’une forge. La boutique/ouvroir était plus profonde d’un mètre. Elle a été raccourcie lors de la reconstruction des cloisons au XXe siècle. Au vu des traces de mortier conservées sur le substrat molassique, la cloison disparue devait être maçonnée. Au nord, une cloison parallèle aux mitoyens coupait l’espace central en deux parties égales, pour ménager, le long de la volée d’escalier, un couloir qui donnait accès à la pièce côté Sarine et à l’escalier menant à la cave. Dans la boutique/ouvroir, le substrat a été recouvert de fines couches de terre battue qui contenaient quelques fragments de cuir très mal conservés. Encore une fois, ces fragments ne constituent pas une preuve suffisante pour attester la présence Fig. 21 Rez-de-chaussée, foyer et traces de cloisons au centre de la maison, après 1529 ? d’un atelier de cordonnier ou de savetier. En effet, la plupart des maisons anciennes livrent régulièrement de tels déchets, souvent mélan- dégagement du substrat a révélé des traces gés aux gravats déposés sur les entrevous de cloisons auxquelles était adossé un foyer comme isolation. De petites fosses et trous de au centre de la maison (fig. 21), ainsi que des poteau attestent la présence d’aménage- petites fosses dans la boutique/ouvroir. Ces ments dont la fonction n’a pu être définie ; cloisons coïncidant avec la poutraison de un petit tesson de céramique à glaçure verte 1529/1534, elles sont donc contemporaines sur engobe tend à suggérer qu’ils ne sont pas ou plus tardives, mais faute de lien direct antérieurs aux XVe-XVIe siècles. Les niveaux de sol en terre battue ont été coupés par des rigoles creusées dans le substrat molassique pour la mise en place de lambourdes qui supportaient un plancher. Les quelques restes de bois n’étaient pas assez bien conservés pour permettre une datation dendrochronologique. Vraisemblablement à la même époque, une fosse quadrangulaire a été creusée dans le terrain naturel. D’une profondeur de 0,83 m pour une longueur de 1,3 m et une largeur de 1,03 m, elle a été alignée sur l’une des lambourdes, et ses parois est et sud ont été renforcées par des murets de brique liée à un limon argileux ocre brun (fig. 22). Cette structure, comblée par un sédiment sableux noirâtre renfermant quelques petits fragments de terre cuite, présentait une surface charbonneuse mais sans trace de rubéfaction ni autre indice qui pourrait révéler sa fonction ou sa période d’utilisation. À en juger par les parois de brique dont le liant Fig. 22 Rez-de-chaussée, fosse et rigoles pour les lambourdes du plancher de la boutique/ ouvroir, époque moderne argileux évoque une structure de combustion, le plancher et cette fosse remontent à Fribourg/Stalden 6 131 l’époque moderne. L’hypothèse d’un cen- bois de fortes sections. Il apporte aussi un drier est séduisante, mais faute de résidus complément précieux à la connaissance du de cendre et de traces de rubéfaction, elle mode de couverture des maisons en milieu ne peut être validée. urbain avant la généralisation des toits en tuile, soit à partir de 1419 à Fribourg. Une maison ordinaire ? Le décor de frise héraldique n’est attesté qu’une seule fois ailleurs en vieille ville de Fribourg. Il est situé à la rue de Romont 5, au Les dimensions et les aménagements de premier étage, dans une pièce donnant sur la cette maison sont tout à fait usuels en vieille rue du Criblet – sa localisation est donc simi- ville de Fribourg. Avec sa discrète façade du laire à celle du Stalden 6. Il s’agit ici toutefois XIXe siècle, le Stalden 6 n’avait rien pour retenir d’une représentation des armes des avoyers l’attention, si ce n’est ses terrasses bien expo- (ou avoués) de Fribourg, réalisée en 1530 et sées côté Sarine, mais encore fallait-il pouvoir complétée en 163926, et non d’écus fantai- y accéder. Cet état de fait a encore été accen- sistes, voire d’armes que se seraient attri- tué par les divers réaménagements réalisés buées des artisans sans aucune reconnais- au XXe siècle, qui occultaient presque complè- sance officielle, comme c’est certainement le tement la substance historique – seules les cas au Stalden 6. Ces hypothèses explique- solives du rez-de-chaussée sont restées appa- raient pourquoi de telles représentations ne rentes côté Sarine. se rencontrent nulle part ailleurs, mais aucun Le suivi des travaux de démolition a rapidement permis de démentir cette première texte contemporain ne permet de les étayer ou d’y apporter un autre éclairage. impression, avec la découverte de la frise héraldique au premier étage, puis du substrat Ces deux particularités mises à part, les molassique entamé profondément, deux élé- dimensions, la répartition entre espaces de ments qui sortent largement de l’ordinaire. circulation et pièces habitables, l’emplacement de l’âtre ainsi que l’évolution de la Le procédé de construction consistant à bâtisse entre la fin du Moyen Âge et nos excaver le substrat molassique n’a été mis jours sont tout à fait ordinaires pour une en évidence que dans les deux immeubles maison d’habitation de la ville. mitoyens du Stalden, les numéros 6 et 824, Les transformations récentes de l’immeuble, ce qui accentue encore le caractère excep- depuis le XIXe siècle, sont en revanche plus tionnel de la maison. Il met également en particulières aux maisons de la basse ville. La lumière les importants travaux d’aménage- forte densité de population qu’a connue cette ment qu’il a fallu faire au moment de la fon- partie de la ville jusque dans l’après-guerre a dation de la ville en 1157 pour rendre le pas- entraîné la conversion des maisons familiales sage du bourg vers la Sarine praticable, en immeubles de rapport à plusieurs loge- puis ceux qu’il a encore fallu réaliser pour ments. Les pièces ont alors souvent été subdi- implanter cette partie du rang de maisons visées pour augmenter le nombre de chambres du Stalden. La datation de la première et implanter des locaux sanitaires, d’abord phase de construction du Stalden 6 en 1259 des toilettes, puis des salles de bain. La der- montre que ce rang s’est implanté tardive- nière transformation s’inscrit dans une ten- ment, vers le milieu du XIIIe siècle, ce qu’avait dance inverse depuis les années 1970 à Fri- déjà laissé entrevoir l’analyse de la Grand- bourg, à savoir la restitution des volumes Rue 36 (café du Belvédère). En effet, l’exten- d’origine pour augmenter la qualité des loge- sion au-delà de la première porte orientale ments. Plusieurs maisons du quartier ayant y avait été datée de la première moitié du retrouvé leur affectation familiale, le nombre XIIIe siècle sans plus de précision, aucune de logements qu’elles abritent est passé de solive d’origine n’étant conservée . Le che- quatre ou cinq à un seul, voire deux, mais sans vron qui a permis la datation de la première vraiment retrouver totalement les fonctions phase du Stalden 6, taillé dans de l’épicéa d’origine. En effet, les boutiques ou les ateliers non équarri, est le plus ancien élément de qui avaient pignon sur rue (ouvroirs), au rez- charpente conservé dans le canton de Fri- de-chaussée, sont le plus souvent restées bourg. Aussi modeste soit-il – son diamètre affectées au logement ou, pour celles qui n’est que de 25 cm –, il atteste que les cou- restent dans l’ensemble des quartiers de la vertures de tavillons médiévales de la ville vieille ville, en demande de changement de 25 Bourgarel 1998, 73-74. ne nécessitaient pas obligatoirement des fonction. 26 Lauper 2012, 67. 25 24 CAF 16, 2014, 142-143 ; CAF 17, 2015, 153-154. CAF 22/2020 Études 132 a) rez-de-chaussée A' fo F A b) 1er étage A' C A c) combles A' A N 0 Planche 1 Fribourg/Stalden 6. Plans avec indication des phases de construction. 5m Fribourg/Stalden 6 133 d) mur mitoyen nord A' A substrat molassique 1re phase : 1259 2e phase : après 1419-XVe siècle 3e phase : 1529/1530 – 1533/1534 4e phase : 1557/1558 5e phase : XVIIe-XVIIIe siècle 6e phase : 1828/1829 7e phase : fin XIXe-XXe siècle e) mur mitoyen sud F : foyer fo : fosse C : cheminée f) façade ouest A' A 0 5m Planche 2 Fribourg/Stalden 6. Élévations avec indication des phases de construction. CAF 22/2020 Études 134 Bibliographie Bourgarel 1998 Lauper 2012 Zender-Jörg 2007 G. Bourgarel, Fribourg-Freiburg. Le Bourg A. Lauper, « La ville de Fribourg en S. Zender-Jörg, Die Grosse Freiburger de fondation sous la loupe des archéo- Nuithonie », in : SHAS (éd.), Fribourg- Chronik des Franz Rudella (FGb, no spé- logues (Archéologie Fribourgeoise 13), Valais (Guide artistique de la Suisse cial 84.1), Fribourg 2007. Fribourg 1998. 4b), Berne 2012, 17-90. Bourgarel 2005 Villiger 1982 P. de Zurich, Les origines de Fribourg G. Bourgarel, « La maison à Fribourg V. Villiger, Freiburger Dekorationsma- et le quartier du Bourg aux XVe et au XIII siècle », in : A.-Fr. Auberson – lereien in Wohn- und Festräumen des XVIe siècles (Mémoires et documents D. Bugnon – G. Graenert – Cl. Wolf, A>Z 16. und 17. Jahrhunderts, Lizenziatsar- publiés par la Société d’histoire de la Balade archéologique en terre fribour- beit eingereicht bei der Universität Suisse romande 2e série, XII), Lausanne geoise, Catalogue d’exposition, Fri- Freiburg (Philosophischen Fakultät), 1924. bourg 2005, 70-77. [Freiburg 1982]. de Zurich 1924 e 135 Résumé / Zusammenfassung Le début de la construction de l’immeuble du Stalden 6 est daté de 1259 par un chevron. La bâtisse a été creusée dans le substrat molassique qui subsiste au sud, jusqu’au sommet du premier étage. Seul conservé, son mur nord a été dressé en moellons de molasse extraits sur place. La maison avait alors quasiment ses dimensions actuelles : deux étages sur rez et cave avec cuisines et escalier au centre, pièces habitables de part et d’autre de la cage d’escalier, et toiture en bâtière alors à faible pente et couverte de tavillons. Suite à un incendie partiel, le mur mitoyen sud a été reconstruit et le faîte du toit légèrement surélevé, pour adapter sa pente à une couverture de tuile, dont plusieurs fragments ont été recensés dans les maçonneries. L’emploi de ce matériau fait remonter cette reconstruction au XVe siècle. En 1529/1535, les poutraisons des pièces et la charpente sur rue sont renouvelées, et la pente du toit à nouveau accentuée. Dès lors, la maison acquiert ses dispositions actuelles. L’âtre, plaqué au mur sud du premier étage, au centre de la maison, était desservi par une vaste hotte de cheminée en bois. La poutraison du deuxième étage était richement moulurée. Le réaménagement de la partie centrale et des pièces occidentales intervient en 1557/1558. La façade sur la Sarine et une partie du mitoyen sud sont reconstruites. Au premier étage, les poutres sont moulurées et la pièce donnant sur la Sarine est ornée d’un décor peint composé de bandeaux, de rinceaux et d’une scène imagée. Une frise d’écus y a ensuite été ajoutée, et à la fin du XVIe ou durant la première moitié du XVIIe siècle, ce premier décor a été recouvert de rinceaux polychromes, épargnant les écus et un motif figuratif. Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, des cloisons sont renouvelées et de faux plafonds installés à l’intérieur. À l’extérieur, la façade ouest et le mur sud sont repris. En 1828/1829, la façade sur rue est reconstruite et les pièces attenantes sont réaménagées, probablement par J. Kaeser, entrepreneur connu pour d’autres constructions en ville de Fribourg. Le XXe siècle voit la création de deux terrasses au deuxième étage côté Sarine, ainsi que l’ajout de sanitaires et de nouvelles volées d’escalier. Ein Dachsparren datiert den Baubeginn des Hauses am Stalden 6 ins Jahre 1259. Der Bau wurde bis auf die Höhe des 1. Geschosses in den im Süden noch anstehenden Molasseuntergrund eingetieft. Aus dieser Zeit stammt einzig die Nordmauer, die aus vor Ort gebrochenen Molassesteinen besteht. Das Haus besass in etwa die gleiche Ausdehnung wie heute: zwei Etagen über dem Erdgeschoss sowie Keller, Küchen und Treppen im Zentrum, beidseits davon Wohnräume, flaches, mit Schindeln bedecktes Satteldach. In Folge eines Teilbrandes wurde die südliche Brandbauer neu errichtet. Um eine Ziegelabdeckung zu ermöglichen, erfolgte eine leichte Anhebung des Dachfirsts. Aufgrund der Verwendung von Ziegeln, von denen sich Fragmente im Mauerwerk fanden, dürften diese Arbeiten ins 15. Jh. zurückreichen. 1529/1535 wurden strassenseitig das Gebälk in den Zimmern und das Dachwerk erneuert sowie die Dachneigung ein weiteres Mal erhöht. Nun erhält das Haus seine heutige Raumanordnung. Die Feuerstelle im Zentrum des Hauses, an der Südmauer des 1. Geschosses, war mit einem weiten, hölzernen Rauchfang ausgestattet und das Gebälk im 2. Geschoss reich profiliert. Eine Neugestaltung des zentralen Bereichs sowie der westlichen Räume fand 1557/1558 statt. Die flussseitige Fassade und ein Teil der südlichen Brandmauer wurden neu errichtet. Im 1. Geschoss wurden die Balken profiliert und das der Saane zugewandte Zimmer mit Malereien dekoriert, die aus Bändern, Ranken und einer bildlichen Darstellung besteht. Etwas später kam ein Wappenfries hinzu und Ende des 16. oder in der 1. H. des 17. Jhs. erfolgte eine Übermalung mit polychromen Ranken; die aber die Wappen und ein figürliches Motiv des ersten Dekors verschonte. Im 17./18. Jh. wurden im Innern die Zwischenwände erneuert sowie Zwischendecken eingezogen; aussen die Westfassade und die Südmauer instandgesetzt. 1828/1829 kam es vermutlich unter J. Kaeser, einem durch andere Bauten in Freiburg bekannten Unternehmer, zur Umgestaltung der gassenseitigen Räume sowie zum Neubau der Strassenfassade. Ins 20. Jh. fallen der Bau zweier flussseitiger Terrassen im 2. Geschoss sowie von Sanitäranlagen und neuen Treppenläufen. 137 Abréviations Abkürzungen Périodiques et séries / FA (= AF) IPNA Zeitschriften und Reihen Freiburger Archäologie Integrative Prähistorische AAS (= JbAS) FGb Annuaire d’Archéologie Suisse Freiburger Geschichtsblätter und Naturwissenschaftliche Archäologie (depuis 2006) Laboratoire romand de dendrochronologie FHA (= CAF) AF (= FA) Moudon Freiburger Hefte für Archäologie Archéologie fribourgeoise SAEF KDM (= MAH) BAR LRD Service archéologique de l’État de Fribourg Kunstdenkmäler der Schweiz British Archaeological Reports (Oxford) SBC SPM Service des biens culturels Fribourg BPA La Suisse du Paléolithique à l’aube Bulletin de l’Association Pro Aventico du Moyen-Age / Die Schweiz vom SHAS (= GSK) Paläolithikum bis zum frühen Mittelalter Société d’histoire de l’art en Suisse BSPF Bulletin de la Société Préhistorique Française SPF Société Préhistorique Française CAF (= FHA) Laboratoires, musées et sociétés / Cahiers d’Archéologie Fribourgeoise Laboratorien, Museen und Gesellschaften DHS (= HLS) AAFR Dictionnaire historique de la Suisse Amt für Archäologie des Kantons Freiburg SUPSI Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana 139 Publications 2019 Publikationen Articles (ou contributions dans G. Bourgarel, « Céramique de poêle : premiers une monographie) / Artikel pas d’un art nouveau », in : S. Gasser (dir.), L. Kramer – M. Mauvilly, « Blocs à cupules, des pierres énigmatiques », CAF 21, 2019, (oder Beiträge in Monografien) Le siècle oublié : Fribourg, les années 1300, 20-21. Fribourg 2019, 218-223. B. Bär – M. Mauvilly, « Mont-Vully – Neue W. Margot, « La faune de Gletterens/Les archäologische Forschungen. Noch sind L. Fedel (in Zusammenarbeit mit A.-Fr. Auber- Grèves : ‹ allégeance › au Horgen occidental nicht alle Rätsel gelöst », Freiburger Volks- son), « Zwei kleine Hortfunde des 17. Jahr- ou oriental ? », CAF 21, 2019, 32-59. kalender 2019, 49-55. hunderts aus dem ländlichen Freiburg », FHA 21, 2019, 136-177. B. Bär – M. Mauvilly, « Un habitat de hau- M. Mauvilly, « Jean-Marc Egger (1959-2019). L’insatiable et infatigable prospecteur », teur néolithique menacé par les eaux », as. E. Forster, « Sublimons le bois ! », CAF 21, 42.1, 2019, 30-33. 2019, 28-29. B. Bär – M. Mauvilly, « (K)eine Trockenübung : Cl. Hervé – J. Monnier, « Un territoire dévas- archäologische Rettungsmassnahmen am té », in : L. Steiner – J. Favrod (dir.), Aux sources Schiffenengraben », FHA 21, 2019, 18-19. du Moyen Âge. Entre Alpes et Jura de 350 à CAF 21, 2019, 178-179. J. Monnier, « J’irai construire sur vos tombes », l’an 1000, Gollion 2019, 43-53. B. Bär – M. Ruffieux – M. Mauvilly, « Ver- CAF 21, 2019, 22-23. J. Monnier, « Habiter la campagne durant le Haut Moyen Âge », in : L. Steiner – J. Favrod (dir.), Aux sources du Moyen Âge. Entre brannt für die Ewigkeit : aussergewöhnliche Cl. Hervé – J. Monnier, « Des Alpes au Jura », Alpes et Jura de 350 à l’an 1000, Gol- Gräber aus der Bronze- und Eisenzeit in in : L. Steiner – J. Favrod (dir.), Aux sources lion 2019, 59-63. Rossens/In Riaux », FHA 21, 2019, 60-111. du Moyen Âge. Entre Alpes et Jura de 350 à l’an 1000, Gollion 2019, 41-42. J. Monnier, « Saint-Prex : villa romaine, église villy, « Trapèzes, fléchettes et autres pointes : Chr. Jeunesse – R.-M. Arbogast – M. Mauvilly Aux sources du Moyen Âge. Entre Alpes et évolution des armatures du Second Mésoli- – A. Denaire, « La couche 5 de Lutter. Le Jura de 350 à l’an 1000, Gollion 2019, 78-79. thique au Néolithique ancien entre Jura et second Mésolithique et la transition avec le Préalpes suisses », in : Fr. Séara – Chr. Jeunesse Néolithique dans la zone Jura-Plateau J. Monnier – E. Mouquin, « L’habitat de – S. Griselin – R.-M. Arbogast (dir.), Le second suisse (6300-4300 av. J.-C.) », in : Fr. Séara – Morat-Combette », in : L. Steiner – J. Favrod Mésolithique, des Alpes à l’Atlantique (7e- Chr. Jeunesse – S. Griselin – R.-M. Arbogast (dir.), Aux sources du Moyen Âge. Entre 5e millénaire) (Mémoires d’Archéologie du (dir.), Le second Mésolithique, des Alpes à Alpes et Jura de 350 à l’an 1000, Gol- Grand-Est 3), Table ronde internationale l’Atlantique (7e-5e millénaire) (Mémoires d’Ar- lion 2019, 70-71. (Strasbourg, 3-4 novembre 2015), Stras- chéologie du Grand-Est 3), Table ronde inter- bourg 2019, 11-37. nationale (Strasbourg, 3-4 novembre 2015), E. Mouquin – Ch. Martin Pruvot – N. Rey- Strasbourg 2019, 235-254. naud Savioz – R. Sylvestre, « Des reliefs de L. Bassin – M. Cornelissen – B. Jakob – M. Mau- et nécropole », in : L. Steiner – J. Favrod (dir.), G. Bourgarel, «Sous l’asphalte : l’histoire de la genèse de Fribourg », CAF 21, 2019, 24-25. banquet Chr. Jeunesse – H. Barrand-Emam – F. Che- dans la villa d’Estavayer-le- Gibloux ? », CAF 21, 2019, 112-135. nal – A. Denaire – M. Mauvilly, « La flèche G. Bourgarel, « Lumière sur la création de brisée. La tombe 4/2014 de la nécropole A.-L. Pradervand, « La Grand-Rue à Romont Fribourg », Pro Fribourg 204, 2019, 4-13. d’Illzach-Mulhouse-Est (Haut-Rhin) et les prend de la hauteur… », CAF 21, 2019, 26-27. modalités du contact entre les colons rubaG. Bourgarel, « La construction de l’église nés et chasseurs indigènes dans la Plaine change le visage du Bourg », Pro Fri- du Rhin supérieur durant le dernier tiers du Annonces de découvertes / bourg 204, 2019, 14-19. 6e millénaire av. J.-C. », in : Fr. Séara – Chr. Fundanzeigen Jeunesse – S. Griselin – R.-M. Arbogast (dir.), G. Bourgarel, « Architecture civile : des bâti- Le second Mésolithique, des Alpes à l’Atlan- Chronique archéologique / Fundbericht 2018, ments flamboyants sur de solides bases de tique (7e-5e millénaire) (Mémoires d’Archéo- AAS 102, 2019, passim. pierres », in : S. Gasser (dir.), Le siècle oublié : logie du Grand-Est 3), Table ronde interna- Fribourg, les années 1300, Fribourg 2019, tionale (Strasbourg, 3-4 novembre 2015), 46-61. Strasbourg 2019, 55-108. 141 Vient de paraître / Neuerscheinung L. Bassin Le Second Mésolithique du Plateau suisse au Nord du Jura (6600-5000 av. J.-C.). Traditions, innovations et mutations dans les industries lithiques des derniers chasseurs-cueilleurs et des premiers agriculteurs-éleveurs AF 27 (publication en ligne), Fribourg 2019 http://doc.rero.ch/record/329081?ln=fr L’abri de pied de falaise d’Arconciel/La Souche a fait l’objet d’une dizaine de campagnes de fouille depuis 1998 et se positionne, au fil des recherches, comme un site de référence pour le Mésolithique suisse en particulier et pour la Préhistoire européenne en général. Cet auvent taillé dans la molasse par la Sarine qui coule aujourd’hui une centaine de mètres en contrebas a en effet permis aux archéologues d’étudier une extraordinaire stratigraphie de plusieurs mètres d’envergure, qui de plus est riche de centaines de milliers d’artefacts lithiques et de restes fauniques. Ces vestiges qui se rattachent à une période comprise entre 7000 et 4900/4800 av. J.-C. couvrant la fin du Premier Mésolithique et l’entier du Second Mésolithique font l’objet d’analyses par une équipe de chercheurs pluridisciplinaire. La publication présentée ici est la première d’une série de trois monographies qui seront consacrées à ce site exceptionnel. Elle s’attache à l’évolution des outils qui ont été utilisés dans l’abri durant les différentes occupations, afin de mettre en exergue les traits spécifiques du Second Mésolithique sur le mobilier lithique d’Arconciel/ La Souche et, partant, d’essayer de préciser l’émergence, dans notre région, de cette période d’autant plus importante et intéressante qu’elle se trouve à la charnière entre les derniers chasseurs-cueilleurs nomades du Premier Mésolithique et les premiers agriculteurs-éleveurs sédentaires du Néolithique. Le monde oscille alors entre traditions et innovations, et le mobilier lithique de La Souche fait état de spécificités qui montrent que la région fribourgeoise se trouve elle aussi en pleine mutation. Der Abri am Fusse des Felsens von Arconciel/La Souche war seit 1998 Gegenstand von zehn Grabungskampagnen und stellte sich im Verlauf der Untersuchungen als eine Referenz-Fundstelle der europäischen Vorgeschichte im Allgemeinen und des Mesolithikums in der Schweiz im Besonderen heraus. Das Felsschutzdach, das durch die heute rund 100 m weiter hangabwärts liegende Saane aus dem Molassefelsen gewaschen wurde, hat den Archäologen nicht nur erlaubt, eine aussergewöhnliche, mehrere Meter mächtige Stratigrafie, sondern auch ein reiches, aus mehreren Hundertausend Steinartefakten und faunistischen Resten bestehendes Fundensemble zu untersuchen. Die Hinterlassenschaften, die aus der Zeit zwischen 7000 und 4900/4800 v. Chr. stammen und zeitlich ein Spektrum abdecken, welches das Ende des Frühmesolithikums und das ganze Spätmesolithikum umfasst, wurde durch ein interdisziplinäres Forscherteam begutachtet. Die hier vorgestellte Publikation stellt den ersten von insgesamt drei Bänden einer dieser bemerkenswerten Fundstelle gewidmeten Monografienreihe dar. Sie stützt sich auf die Entwicklung der Werkzeuge, die im Abri während der verschiedenen Belegungsphasen benutzt wurden, um die Besonderheiten des Spätmesolithikums am Steinartefaktbestand von Arconciel/La Souche herauszustellen und in einem weiteren Schritt zu versuchen, diese Periode in unserer Region besser zu fassen, die gerade aufgrund der Tatsache, dass sie den Übergang von den letzten nomadisierenden Jäger- und Sammlergemeinschaften des Frühmesolithikums zu den ersten Bauern und Viehzüchter des Neolithikums bildet, von grosser Bedeutung und Interesse ist. Die Welt schwankt zwischen Tradition und Innovation und der lithische Fundstoff aus La Souche besitzt Eigenheiten, die zeigen, dass sich auch das Freiburgerland im Umbruch befindet. 143 Adresses des auteur-e-s Adressen der Autoren/-innen Auteurs invités Service archéologique de l’État de Fribourg / Eingeladene Autoren Amt für Archäologie des Kantons Freiburg Planche-Supérieure 13 / Obere Matte 13 1700 Fribourg / 1700 Freiburg Jean-Christophe Castel Gilles Bourgarel Muséum d’histoire naturelle Gilles.Bourgarel@fr.ch Département de la culture et de la transition numérique Léonard Kramer Route de Malagnou 1 Leonard.Kramer@fr.ch 1208 Genève jean-christophe.castel@ville-ge.ch Christian Kündig Christian.Kundig@fr.ch Michel Franz Könizstrasse 14 Michel Mauvilly 3008 Bern Michel.Mauvilly@fr.ch michel.franz@be.ch Jacques Monnier Jacques.Monnier@fr.ch Romain Pilloud Romain.Pilloud@fr.ch Aude-Line Pradervand Aude-Line.Pradervand@fr.ch Louise Rubeli Louise.Rubeli@fr.ch Henri Vigneau Henri.Vigneau@fr.ch Crédit des illustrations / Bildnachweis Gilles Bourgarel : 11 fig. bas ; 26, fig. en-tête ; 27, fig. 2-3 ; 100, fig. en-tête ; 101, fig.1 ; 106-107, fig. 9-10 ; 110, fig. 15 ; 113, fig. 20 ; 118-130, fig. 3-22 – Jean-Christophe Castel : 38-44, fig. 4-13 ; 45-50, fig. 15-24 ; 50, fig. 26 ; 52-53, fig. 28-31 ; 54-56, fig. 34-38 ; 57, fig. 41-42 ; 62-64, annexes 1-2 – Luc Dafflon : 21, fig. 2 ; 26, fig. 1 ; 28, fig. 1 ; 35, fig. 3 ; 85-86, Abb. 14-15 ; 88, Abb. 18 – Christoph Dütschler : 83, Abb. 11 ; 85, Abb. 13 – Freiburger Nachrichten : 9, Abb. unten – Raymond Gapany : 72, Abb. 5 ; 78, Abb. 7 ; 85-86, Abb. 14-16 ; 90, Abb. 21 ; 102, fig. 2 ; 105, fig. 7 ; 108, fig. 11 – Pascal Grand : 33-35, fig. 1-3 – Léo Hilber : 111, fig. 17 – Pierre-Alexandre Huguet : 16-17 – Philippe Jaton : 104, fig. 5 – Léonard Kramer : 16, fig. en-tête ; 24, fig. en-tête et fig. 1 ; 25, fig. 2 – Christian Kündig : 66, Abb. oben ; 68-69, Abb. 2-3 ; 76-77, Abb. 6 ; 79, Abb. 8 ; 87, Abb. 17 – Michel Mauvilly : 32, fig. en-tête – Fiona McCullough : 8, fig. haut – Jacques Monnier : 11, Abb. oben ; 18, fig. 1 ; 20, fig. en-tête et fig. 1 ; 21, fig. 2 ; 30-31 – Aude-Line Pradervand : 9, fig. haut ; 26, fig. 1 ; 103, fig. 3-4 ; 104, fig. 6 ; 106, fig. 8 ; 109, fig. 12-14 ; 110, fig. 16 ; 111, fig. 18 ; 113, fig. 21 – Romain Pilloud : 28, fig. en-tête – Louise Rubeli : 18, fig. en-tête ; 19, fig. 2 – SAEF : 10, fig. bas ; 14-15 ; 22, Abb. oben et Abb. 1 ; 23, Abb. 3 ; 111, fig. 17 ; 117, fig. 1 ; 141 – Ingrid Sonnenwyl : 12, fig. bas – Rocco Tettamanti : 6-7 ; 17 – Pauline Tornare : 10, fig. haut – Wilfried Trillen : 13, Abb. oben ; 67, Abb. 1 ; 80-85, Abb. 9-14 ; 88, Abb. 18 ; 93, Abb. 26 ; 117, fig. 2 ; 132-133, pl. 1-2 – Lauriane Vieli : 12, fig. haut – Henri Vigneau : 29, fig. 2-3 – Claude Zaugg : 13, fig. bas ; 23, Abb. 2 ; 45, fig. 14 ; 50, fig. 25 ; 51, fig. 27 ; 53, fig. 32-33 ; 57, fig. 39-40 ; 58, fig. 43 ; 116, fig. en-tête – Autre : 8, Abb. unten : DataBase Center for Life Science / http://commons.wikimedia.org/CC BY 4.0 Source des cartes et des images aériennes / Kartenauszüge und Luftbilder : © swisstopo (17 ; 18, fig. 1 ; 33, fig. 1 ; 67, Abb. 1 ; 84, Abb. 12 ; 93, Abb. 26) et © État de Fribourg (117, fig. 2 ; 86, Abb. 16 ; 90, Abb. 21)