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Les approches cognitives

2015

Stefano ARDUINI Les aPPROChes COgNITIVes La grammaire générative a déplacé le centre de gravité des études linguistiques des éléments constitutifs du système de la langue – phonèmes, morphèmes lexèmes et signifiés lexicaux – vers la structure unitaire de la phrase. Dans la tradition générative, la phrase est considérée en premier lieu comme une unité formelle autonome des contenus conceptuels organisés. Mais une fois que la phrase a été placée au-devant de la scène, il était inévitable que l’intérêt pour sa forme grammaticale se double d’un intérêt aussi profond pour ses dimensions fonctionnelles : d’une part, pour son attitude à entrer dans des combinaisons textuelles et dans des contextes d’emploi ; d’autre part, pour les structures conceptuelles et cognitives complexes associées aux phrases et aux textes. Le premier élargissement a donné naissance à la linguistique du texte ; le second aux approches fonctionnelles et cognitives. La linguistique cognitive est un style de recherche qui inclut le travail de plusieurs linguistes provenant de différents cadres théoriques. Elle est le résultat de recherches différentes qui présentent des traits communs. Pour cette raison, le sens à donner au terme cognitif n’est pas uniforme : ce qui unifie la linguistique cognitive, c’est l’idée de la langue comme réservoir de la connaissance du monde (Geererts et Cuyckens 2007 : 5), l’ensemble des catégories significatives qui nous aident à développer notre expérience et à stocker l’information 1. À partir de cette prémisse, les faits de langue ne sont 1 Les débuts de la linguistique cognitive remontent à 1975 (cf. Peeter 2001, Nerlich et Clarke 2007) lorsque Lakoff renonce à la tentative de développer une sémantique générative et utilise cette expression pour la première fois. C’est à peu près dans les mêmes années que Charles Fillmore commence à travailler à la Frame Semantics alors que Ronald Langacker jette les bases de la Space Grammar (cf. Gaeta et Luraghi 2003 : 18-19) qui ensuite prendra le nom de Cognitive Grammar. Le travail de Langacker rejoint celui de Talmy (2000a et 2000b), lequel avait essayé d’introduire les principes de la psychologie de la Gestalt dans l’analyse linguistique à partir de sa thèse de doctorat. En utilisant Cah. Lexicol. 107, 2015-2, p. 83-93 84 CAHIERS DE LEXICOLOGIE NO 107 pas décrits comme autant de structures autonomes mais comme des instruments au service de la conceptualisation et de l’interaction communicative. Si du macrocosme de la situation mondiale nous passons au microcosme de la réalité italienne, nous retrouvons cette même multiplicité d’approches unifiées par un certain nombre de présupposés généraux. C’est la raison pour laquelle il nous a semblé utile de présenter la constellation des études cognitives en Italie à partir des contributions des chercheurs les plus significatifs. 1. Travaux d’introduction En Italie, dans les dernières années, ont été publiés trois ouvrages d’introduction à la linguistique cognitive : Che cos’è la linguistica cognitiva de Stefano Arduini et Roberta Fabbri (Rome, Carocci, 2008) ; Introduzione alla linguistica cognitiva de Livio Gaeta et Silvia Luraghi (Rome, Carocci, 2003) ; Linguistica cognitiva. Un’introduzione de Carla Bazzanella (Rome, Laterza, 2014). Stefano Arduini et Roberta Fabbri exposent en détail les sujets suivants : la catégorisation et ses manifestations dans la langue ; la métaphore et la métonymie ; la sémantique dans ses rapports avec la conceptualisation ; les principaux mécanismes cognitifs à la base de la construction et de l’emploi des expressions linguistiques signifiantes ; l’idée de linguistique cognitive comme modèle alternatif à la grammaire générative. Livio Gaeta et Silvia Luraghi exposent les contributions des chercheurs qui considèrent le langage non pas comme un objet autonome, mais comme un instrument étroitement lié à d’autres facultés cognitives humaines, soulignant le rôle de la sémantique comme fil conducteur et trait d’union entre la faculté cognitive de l’individu et ses capacités linguistiques. Le volume présente notamment la conception du signifié comme concept, la théorie de la métaphore vue comme un processus cognitif qui se réalise dans la pensée, et des notions clés comme l’embodiment – l’idée que l’esprit se trouve dans un corps, ancré dans les perceptions sensorielles. Carla Bazzanella présente d’abord le cadre théorique général des courants cognitifs et leur interaction avec les théories linguistiques contiguës comme la grammaire générative et les approches fonctionnelles. Ensuite, elle présente de manière analytique les principaux concepts et perspectives de recherche, tels que embodiment, catégorisation, métaphore, grammaires les notions de Figure et Ground (Figure-fond), reprises de la Psychologie de la Gestalt par Talmy, Langacker développera l’idée centrale de la prolifération conceptuelle (cf. Nerlich et Clarke 2007 : 591). LES APPROCHES COGNITIVES 85 spatiales, grammaires constructionnelles et modèles basés sur l’emploi. Enfin, elle explore les connexions avec les neurosciences sur des thèmes comme la synesthésie perceptive et linguistique, l’attention, la saillance et la mémoire. 2. Contributions individuelles Federica Casadei, qui a suivi l’enseignement de Georges Lakoff lors de ses études doctorales, est l’auteur d’un ouvrage pionnier pour les études cognitives en Italie : Metafore e espressioni idiomatiche (1996). Inspirée par les théories de Lakoff et Johnson sur la métaphore, l’auteur vise à démontrer qu’entre le signifié idiomatique codé des expressions figées et le signifié compositionnel des expressions libres correspondantes il y a une relation motivée : 85 % des signifiés idiomatiques, notamment, sont motivés par des relations métaphoriques ou métonymiques transparentes. Le signifié idiomatique de avoir le vent en poupe, ‘se trouver dans une situation favorable’, par exemple, entretient avec le signifié primitif une relation transparente, d’ordre métaphorique. Le signifié idiomatique de passer le Rubicon, ‘prendre une décision aux conséquences irréversibles’, également, se base sur un glissement métonymique : le geste de César portait ce message, qui ensuite a été associé à l’expression qui en fait un signifié codé (voir aussi Casadei 1993, 1994, 1997, 1999a-b, 2000, 2003). Plus récemment, elle s’est intéressée aux aspects lexicologiques dans une perspective plus large, en travaillant en particulier sur le langage sectoriel (Casadei 2015) et sur les phénomènes de polysémie et d’homonymie dans le lexique italien (Casadei 2014). Les travaux de Silvia Luraghi font passer des études lexicales à la typologie linguistique et la linguistique historique. Elle a surtout travaillé sur la conceptualisation des rôles sémantiques et notamment sur ses motivations métonymiques et métaphoriques, dans une perspective typologique (Luraghi 2014, sous presse), et sur le signifié de leurs moyens d’expression privilégiés, cas et prépositions. Elle a d’abord travaillé sur le grec classique (Luraghi 2003, 2010a, 2012) puis sur le système des adpositions en latin (Luraghi 2010b) et en italien (Luraghi 2009). Les mécanismes d’extension sémantique et de polysémie portant sur les prépositions motivés par des concepts métaphoriques largement documentés dans les langues du monde ont retenu toute son attention. Dans son ouvrage le plus significatif (Luraghi 2003), l’auteure applique une analyse usage-based à des données provenant d’un vaste corpus diachronique de grec ancien dans le but d’explorer un réseau de parcours d’extension du signifié d’un grand nombre de prépositions. En définitive, la recherche de Silvia Luraghi valorise dans l’étude empirique des évolutions diachroniques une idée de fond de la linguistique cognitive, à savoir la primauté de l’expérience spatiale dans la cognition humaine, qui à son tour renvoie au concept d’embodiment et à la relation primordiale entre 86 CAHIERS DE LEXICOLOGIE NO 107 le corps, la perception et le milieu. Ses études ont permis de comprendre différents phénomènes relatifs aux emplois, aux fonctions des cas et des prépositions dans de nombreuses langues anciennes et à leurs changements dans l’histoire. L’épaisseur théorique de ses recherches se manifeste aussi dans un travail remarquable de comparaison entre l’approche fonctionnelle et l’approche cognitive dans l’étude du système des cas en latin et en grec ancien (Luraghi 2011b, et Luraghi 2008 pour une vue d’ensemble sur les approches cognitives des cas). Ses études basées sur des grands corpus et enrichies aussi bien par les comparaisons typologiques que par les explications fonctionnelles ont beaucoup contribué à enrichir la tradition de la grammaire historique. Toujours dans le domaine de la linguistique historique, Luisa Brucale et Egle Mocciano ont développé en Italie l’idée d’une cognitive classical linguistics. Parmi leurs travaux, citons l’article de 2011 portant sur le réseau sémantique du syntagme prépositionnel per + accusatif en latin, qui s’étend des signifiés de base aux signifiés plus abstraits avec des parcours conceptuels différenciés mais strictement liés. Le projet de Livio Gaeta vise à une intégration originale des approches cognitives et de la morphologie naturelle tant en synchronie (Gaeta 2003, 2005) qu’en diachronie (Gaeta 2010). Une des idées centrales est que l’emploi des suffixes et les stratégies de formation des mots sont profondément influencés par leur sémantique, qui se laisse analyser en termes de image schemas. Dans son article de 2005, par exemple, Gaeta décrit de cette façon les processus de nominalisation à la base de la formation des noms d’action en italien, examinant des cas de suffixation (credere > credenza) et conversion (revocare > revoca), ainsi que des noms dérivés de participes passés (mangiare > mangiata) et la nominalisation de l’infini. L’auteur identifie trois image schemas différents qui expliquent à son avis ces différentes stratégies de nominalisation, discutant des cas de compétition fonctionnelle entre suffixes. Dans une étude de 2010 portant sur l’auxiliaire passif ginn en luxembourgeois et les développements des suffixes instrumentaux/agentifs dans les langues romanes, l’auteur souligne la nécessité d’intégrer la dimension diachronique dans les analyses cognitives : une approche limitée à la seule synchronie et concentrée sur les procès métaphoriques et métonymiques risque d’aplatir la description, ignorant la complexité du changement. Dans le domaine de la linguistique anglaise, Cristiano Broccias s’est consacré d’abord à l’étude des constructions de changement (2003, 2008b), qui forment, à son avis, un réseau basé sur deux schémas principaux, nommés Force Change Schema et Event Change Schema. La vision systémique de la grammaire est ensuite appliquée à l’étude des constructions exprimant la simultanéité, notamment celle des phrases temporelles introduites par as et while (2006a, 2006c, 2010). À son avis, les phrases introduites par as activent, à la différence de celles introduites par while, un « path schema ». LES APPROCHES COGNITIVES 87 Les conséquences de cette analyse s’étendent à des phénomènes tels que la complémentation (2015) et la sélection de l’aspect verbal (2008a, 2011). Broccias a aussi étudié (2006a, 2013) les bases théoriques de certaines approches cognitives telles que la grammaire cognitive, la Blending Theory et la Radical Construction Grammar, sur lesquelles il a émis certaines critiques. Dans ce cadre, signalons l’analyse des concepts de summary scanning et de sequential scanning dans la grammaire cognitive (2006a). Toujours en linguistique anglaise, Annalisa Baicchi travaille, tant du point de vue théorique que de celui de l’application, à des thèmes portant sur la sémantique, la pragmatique et leur corrélation avec la syntaxe, afin de retrouver l’étroite corrélation entre les structures linguistiques et textuelles et les systèmes conceptuels. Étudiant les schémas de lexicalisation dans la classe des verbes de mouvement, Baicchi a utilisé la catégorie sémantique de Force Dynamics de Talmy pour identifier la motivation qui permet à la langue italienne, contrairement aux autres langues romanes, d’utiliser la conflation propre aux langues germaniques dans la mise en œuvre de formes de mouvement où le verbe contient des traits sémantiques d’intensité, de rapidité ou d’immédiateté de l’action. Quant au domaine de l’interface syntaxique-sémantique, on renvoie à ses essais sur la contribution du lexique à la complexité syntaxique de la signification : en particulier, elle a analysé les exécutions de mouvements abstraits introduits par la cooccurrence, au niveau de la phrase, de verbes de mouvement et substantifs relevant de l’activité mentale. Elle a en outre élaboré la notion de « métafictivité », qui se situe à l’intersection entre la métaphore conceptuelle de Lakoff et la fictivité de Talmy. Pour ce qui est de la pragmatique cognitive, Baicchi s’est concentrée sur l’étude de la réalisation linguistique et de la motivation conceptuelle des actes de langage ; avec Francisco Ruiz de Mendoza, elle a élaboré le modèle théorique appelé Cost-Benefit Cognitive Model, qui constitue le premier exemple de recherche sur les actes linguistiques menée dans le cadre théorique de la grammaire constructionnelle. La linguistique cognitive offre ainsi à Baicchi le cadre théorique pour les études sur la traduction. Une attention particulière est portée à la traduction du langage figuré grâce à l’élaboration des théories des espaces mentaux et de l’intégration conceptuelle appelée Translational Projection Hypothesis. Ces travaux s’intéressent à la complexité du parcours cognitif que les traducteurs réalisent pendant la transposition des signifiés du texte de départ et leur recréation dans le texte cible. Le projet de grammaire philosophique de Michele Prandi (1987, 2004, 2007) partage avec le paradigme cognitif l’idée d’un rôle essentiel des structures conceptuelles dans la recherche linguistique. Il s’en différencie par deux aspects. Tout d’abord, l’intérêt pour les structures conceptuelles cohérentes se double d’une focalisation des conditions de cohérence sous-jacentes, connues en linguistique comme restrictions de sélection. Les conditions de cohérence 88 CAHIERS DE LEXICOLOGIE NO 107 forment une ontologie naturelle, une véritable grammaire des concepts qui, en même temps qu’elle trace la constitution conceptuelle de notre forme de vie, pour ainsi dire, joue un rôle fondamental aussi bien dans l’étude des significations conflictuelles qui les transgressent que dans l’étude de l’inférence qui s’en nourrit pour interagir avec les stratégies linguistiques de codage. Ensuite, la reconnaissance du rôle actif des concepts dans la signification n’exclut pas l’autonomie des structures syntaxiques formelles de la langue. C’est précisément grâce à leur autonomie réciproque que la grammaire des formes et la grammaire des concepts peuvent interagir dans la mise en œuvre des expressions complexes signifiantes avec des issues variables, vérifiables empiriquement, qui vont de la coopération au conflit. Le conflit ouvre la voie à une étude linguistique des figures vives, conçues comme des interprétations textuelles de signifiés complexes conflictuels (Prandi 1992, 2010, 2012). L’énoncé conflictuel Dorment les sommets des montagnes (Alcmane), par exemple, admet tant une interprétation métonymique – dorment les animaux qui peuplent les montagnes – qu’une interprétation métaphorique : le sommeil d’un être vivant est projeté sur les montagnes. La coopération se manifeste dans l’interaction entre le sous-codage et l’inférence dans la construction des couches périphériques des signifiés des phrases et dans la connexion transphrastique (2004a, 2004b, 2013). En définitive, le modèle de la grammaire philosophique permet d’unifier l’étude de la grammaire et du signifié des expressions complexes et l’étude des figures à partir de la même prémisse : deux ordres autonomes de structures – une grammaire des formes et une grammaire des concepts – peuvent interagir de façon aussi bien coopérative que conflictuelle. 3. Un précurseur dans le domaine de la sémiotique : le cas d’Umberto eco Grâce à son intérêt pour le rôle du savoir encyclopédique dans la négociation sociale du sens et à ses contributions à l’étude des processus de catégorisation, la sémiotique d’Umberto Eco rentre de plein droit dans un style d’analyse cognitif au sens large. Dans le cadre d’une élaboration originale du concept d’interprétation hérité de Peirce, Eco lance un pont entre les processus de perception et de saisie du contenu des signes. Eco distingue tout d’abord deux types d’objets : l’« objet dynamique », qui est l’objet en soi, et les « objets immédiats » (Eco 2008 : 46), qui s’offrent à la perception. L’objet en soi, nous ne pouvons pas le saisir entièrement, puisque nous ne possédons que des visions partielles de la réalité. Tout en étant insaisissable, cependant, l’objet en soi ouvre l’horizon dans lequel s’inscrivent les visions partielles, ancrées chacune dans un point de vue limité, pouvant être unifiées dans la catégorisation. Cette dynamique LES APPROCHES COGNITIVES 89 de la perception et de la catégorisation dévoile sa parenté essentielle avec l’interprétation des signes. Lorsque nous sommes devant un signe, toujours d’après Eco, le contenu ne se donne pas non plus comme immédiat, mais comme l’issue d’un processus d’interprétation basé sur un travail d’inférence. Interpréter les signes n’est pas autre chose que les traduire en d’autres signes, à la poursuite du contenu que nous cherchons. Ce processus prend le nom de sémiose illimitée. Pour saisir son objet, la perception doit également élaborer ses contenus partiels par inférence, et entamer un parcours vers l’élaboration de « types cognitifs » soutenu par la catégorisation primaire mentale de l’objet. Selon Eco, face à un nouveau phénomène, l’homme crée des types cognitifs d’abord personnels ou individuels par le biais d’un mécanisme d’inférence. Le type cognitif permet la reconnaissance d’un objet (un chien, une chaise, une fleur…) : il se base sur les traits sémiotiques qu’au niveau de la perception nous considérons comme saillants et fondamentaux pour un type d’objet ou pour une classe d’objets. La reconnaissance se fait par le biais des prototypes et des schémas cognitifs. Les sujets de Montezuma, qui n’avaient jamais vu un cheval, élaborèrent leur catégorie de référence suite à leur interaction avec les conquistadores espagnols, ou plutôt avec leurs chevaux. Le type cognitif est à la base de l’application du langage au monde : au type cognitif on associe un mot qui désigne les objets qu’il permet de reconnaître – pour les Aztèques, maçatl. Dire que maçatl désigne les chevaux équivaut à dire que le mot est associé à une structure cognitive qui reconnaît les chevaux. À partir de ces prémisses, Eco critique l’idée d’une sémantique sous forme de dictionnaire et développe le modèle alternatif d’une sémantique basée sur une encyclopédie. Selon Eco, une sémantique « en forme de dictionnaire » n’est pas une représentation de la façon dont nous comprenons et interprétons le monde. La métaphore de l’encyclopédie sert à Eco pour souligner que les processus cognitifs mis en acte pour l’identification du signifié sont liés à l’activation de parcelles du savoir culturel global en raison des exigences contextuelles. Le signifié est en fait déterminé par des concepts liés à notre expérience ou notre connaissance du monde, à des structures ou stéréotypes souvent transmis culturellement. La notion d’encyclopédie est donc un postulat sémiotique ou une hypothèse réglementaire qui ne peut pas être décrite dans sa totalité, mais dont l’accessibilité de principe est requise si l’on veut justifier les mécanismes de construction et de négociation du sens dans les différents contextes communicatifs (Eco 2008 : 109). Les études de Patrizia Violi (2001) sur les racines du signifié dans l’expérience nous rapprochent à nouveau du thème de l’embodiment, ou « cognition incarnée », typique de la sémantique cognitive. L’idée sous-jacente de ce véritable pilier de l’édifice cognitif est que la pensée abstraite se forme à partir des expériences primordiales qui permettent au 90 CAHIERS DE LEXICOLOGIE NO 107 corps d’interagir avec l’environnement. Le lien essentiel entre expérience corporelle, cognition et action est d’ailleurs le noyau théorique qui unifie la constellation variée des approches cognitives (Gaeta et Luraghi 2004 : 58). Stefano ARDUINI Università degli Studi di Urbino Carlo Bo BIBLIOGRAPHIE ARDUINI Stefano et FABBRI Roberta (2008) : Che cos’è la linguistica cognitiva, Rome, Carocci. BAICCHI Annalisa (2012) : On Acting and Thinking. Studies Bridging between Speech Acts and Cognition, Pise, ETS. BAZZANELLA Carla (2014) : Linguistica cognitiva. Un’introduzione, Rome, Editori Laterza. BROCCIAS Cristiano (2003) : The English Change Network, Berlin, New York, Mouton de Gruyter. — (2006a) : « Cognitive approaches to grammar », in G. Kristiansen, M. Achard, R. Dirven et F. J. 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