Ce que sont les écologistes et l’écologie qu’il nous faut
Par Salomon Couderc
Que les « écolos » n’aient rien à voir avec l’écologie qui est une science au carrefour de nombreuses
autres (agronomie, physique, géologie, science des systèmes…) est une évidence qui, à leurs premières
mesures, apparaît même aux aveugles : massacre par éoliennes, multiplication des centrales au charbon,
mesures parcellaires et idéologiques incapables d’appréhender un système d’ensemble, volonté de
détruire et de punir. Un scientifique de l’écologie est un écologue et non un « écologiste ». Les « écolos
» sont des urbains demi- instruits de centre-ville qui ne connaissent rien de la nature. Ils sont obsédés
par des sujets sociétaux : le migrant sans patrie ni frontières, la négation de la différence sexuée, les
conflits de races, un relativisme pathologique, l’apologie de la racaille, ils sont en fait des nihilistes. Ils
haïssent l’histoire de France, tout ce qui fait son identité et sa puissance. Ils se sont jurés d’accélérer la
désindustrialisation du pays. Ils veulent le Rien. S’ils étaient instruits on pourrait leur prêter cette formule
de Hegel « la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit » et l’idée qu’il faut
l’effondrement pour faire renaître un monde parfait. Mais, instruits, ils ne le sont pas et, nous, qui les
combattons, le sommes, et pouvons considérer que, du tréfonds du néant où nous plongent ces
nihilistes, il est temps que la chouette de Minerve1 vienne nous éclairer pour en sortir.
Comprendre le nihilisme
Dans une conférence faite aux États-Unis en 19412, le philosophe Leo Strauss analysait le nihilisme
comme le rejet des principes de la civilisation, ce qui suppose que les nihilistes les connaissent. Et les
écolos demi-instruits les connaissent suffisamment pour les détester. Le nihilisme est un luxe de riche.
Le pauvre aspire à la civilisation, pas à la détruire. Le civilisé - nous – se retrouve dans une position
inconfortable : celle de conservateur. Il demande à voir, avant d’adopter toute proposition nouvelle, si
c’est mieux qu’avant ou pas. Il demande à voir si c’est un progrès de pouvoir louer le ventre des femmes
et de sélectionner les embryons pour faire des bébés parfaits et sur-mesure et de tuer ceux qui ne
conviennent pas. Les nihilistes considèrent que tout changement qui détruit le passé est un progrès. Le
nihiliste se proclame progressiste et prétend refouler le civilisé dans la caverne du conservatisme. Or, la
civilisation est le processus qui vise à faire de l’homme un citoyen de la cité et non un esclave, un être
policé et non une racaille. C’est un processus graduel fait de délibérations et de choix.
Il faut bien sûr nous interroger pourquoi cet idéal de civilisation ne séduit plus. Leo Strauss y apportait
une réponse en 1941, apogée de la déferlante nihiliste qui accoucha du nazisme et du fascisme : « je me
demande si le fait que l’homme occidental a perdu beaucoup de sa fierté antérieure, la fierté tranquille et
appropriée d’être civilisé n’est pas au fondement du manque actuel de résistance au nihilisme ». Le
nihilisme est le désir d’anéantir le monde actuel et ses potentialités, un désir qui ne s’accompagne
d’aucune idée claire de ce qu’il veut mettre à la place, au-delà des vélos et des trottinettes.
Il faut convenir que le monde actuel ne nous donne pas satisfaction et nous avons des raisons d’être
tentés par le « c’était mieux avant », du temps où il y avait une école qui enseignait, des universités qui
étaient le temple de la culture, une recherche qui pouvait rechercher, la langue française – à laquelle
les écolos nihilistes ont déclaré la guerre – qui était un outil de rayonnement et d’émancipation culturelle
universel. L’Occident s’effondre sous son culte du profit, de l’utilitarisme et de l’individualisme, la France
désindustrialisée devient l’ombre d’elle-même n’offrant plus que ses paysages – en cours de destruction
par les éoliennes – à la contemplation de touristes étrangers. Au fond de nous, nous nous disons que
l’Occident, son arrogance, ses leçons de droits de l’homme assaisonnées des « bombardements
1
Symbole de la connaissance, de la sagesse, de la perspicacité et de l'érudition dans la mythologie grecque
2 « Nihilisme et Politique », Leo Strauss, Rivages, 2001
humanitaires », ne l’aura pas volé. Le problème est que si la maison s’effondre nous sommes dedans et
que nous ne sommes pas obligés d’attendre un nouveau juin 40 civilisationnel pour entreprendre la
reconquête.
Un Front antipopulaire
Avant de se lancer dans la reconquête, commençons par comprendre la menace. Dans son verbiage, le
gauchisme n’a cessé de parler de « convergence des luttes ». Reconnaissons au gouvernement qu’il a
réussi un coup de maître : il a réussi la convergence des écolos, des islamistes, de la racaille, du féminisme
hystérique qui condamne sur présomption, des commandos des auto-dénommés « antifas », de la
nébuleuse des organisations pro-migrants, du P « S », des restes du P C F, de la FI et des députés LREM,
dans un vaste Front Antipopulaire. Son programme : PMA, GPA, LGBTQI+++, immigration et migrants
pour une main d’œuvre peu chère et sans droits sociaux, haine de la police, fascination pour la
criminalité.
Cette dernière a toujours fasciné la bourgeoisie. "Dandy du crime", Pierre-François Lacenaire, fils de
grand bourgeois devenu truand, fascina la bourgeoisie et des générations d’intellectuels par son talent
littéraire qu’il exprima dans son œuvre ouvertement nihiliste jusqu’à son exécution en 1836. Dans les
périodes critiques où leur autorité est mise en cause, les possédants n’ont jamais hésité à s’allier avec la
pire racaille. Marx y a très tôt vu leurs meilleurs alliés Des roués désargentés aux moyens d’existence
douteux, et à l’origine tout aussi douteuse, des rejetons dépravés et aventureux de la bourgeoisie, des
vagabonds, des soldats limogés, des détenus libérés, des forçats évadés des galères, des escrocs, des
saltimbanques, des lazzaroni, des pickpockets, des joueurs de bonneteau, des joueurs, des maquereaux,
des tenanciers de bordels, des portefaix, des littérateurs, des tourneurs d’orgue, des chiffonniers, des
rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, bref, toute la masse indéterminée, dissolue, ballottée et
flottante, que les Français appellent la « bohème »3. De la famille Traoré aux « sans-papiers » qui
manifestent impunément en période d’interdiction, à la criminalité des bandes rebaptisée « incivilité »,
nous avons le nouveau visage de cette racaille qui a formé les troupes de chocs du fascisme italien et
des SA nazis.
Le Front Antipopulaire, dont les écolos-nihilistes sont le ciment, est multifacette : une facette cool avec
des écolos branchés en trottinettes, et d’autres, radicales, prétendant interdire toute contestation,
comme madame Claire Nouvian, lors de la campagne des élections européennes, demandant d’interdire
d’antenne les climatosceptiques et de faire condamner l’expression de ce scepticisme tout comme le
négationnisme des crimes du nazisme. Interdire est leur obsession : la patrouille de France à Lyon, le Tour
de France à Rennes, la cigarette à Bordeaux. Cette pulsion totalitaire et liberticide est, quand il faut,
renforcée en actes par les actions violentes des antifas et des racialistes.
Ecologisme et fascisme
L’emploi désordonné du terme « facho » par les écolos-nihilistes pour disqualifier quiconque contredit
leurs caprices, veut faire croire à un danger de retour du fascisme, vieille stratégie montée par le
Président Mitterrand qui a fonctionné à merveille, mais se dégonfle aujourd’hui comme une baudruche.
Le mépris manifesté par les élus écolos des grandes villes - par la perversion d’élections qui n’en furent
pas - envers les victimes assassinées par les racailles atteste de cette fascination pour la violence et le
crime. Aucune compassion, même hypocrite, pour les victimes. Ils sont allés jusqu’à assimiler la marche
blanche de Bayonne à un défilé du Klu Klux Klan ! Le vote en catimini un samedi d’août à 4 heures du
matin par 60 députés d’une loi autorisant l’euthanasie de l’enfant à naître jusqu’au 9° mois, sous le
prétexte fourre-tout de « détresse psycho-sociale », est l’illustration de leur mépris de toute légitimité
démocratique et de la vie humaine.
La crise actuelle n’est-elle qu’une crise de gosse de riche mal élevé ou est-elle annonciatrice d’une
fascisation d’un monde en crise ? Les demi-instruits seraient bien en peine de donner une définition du
fascisme et de l’extrême droite, sans parler du régime de Vichy dont Edwy Plenel voit la résurrection
3
Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852), Karl Marx
dans chaque réaction populaire à leur domination, ignorants qu’ils sont que ce régime a été mis en place
par la Chambre d’un Front Populaire et le Parti socialiste dont le groupe parlementaire a voté à 71% les
pleins pouvoirs à Pétain et l’abolition de la République.
Du fascisme, le Front Antipopulaire a beaucoup de caractéristiques : fanatisme, violence envers tout
opposant, exclusion professionnelle et sociale, idéologie totalitaire, soutien des grandes entreprises et
affairistes de toutes sortes. S’il est tentant de leur renvoyer le qualificatif, il faut éviter de tomber dans
un syllogisme à la Desproges « L’ennemi croit que l’ennemi c’est nous alors que l’ennemi c’est lui ».
Le fascisme, historiquement, est né du nihilisme, courant qui prit sa source à la fin du XIX° siècle dans le
rejet romantique, principalement en Allemagne, de la destruction de la nature et des cadres de vie
traditionnels par la civilisation industrielle. Tout a commencé par des groupes de jeunes gens, les Oiseaux
migrateurs (WanderVogel), parcourant les campagnes et campant autour du feu de camp pour retrouver
l’âme du peuple allemand. Rien de blâmable là-dedans, mais sous l’influence des courants néoromantiques attachés aux thématiques du "sang et du sol", du retour à la terre des ancêtres nordiques
pour retrouver une vie saine, purgée des vicissitudes du monde contemporain qui affaibliraient la "race
germanique", le mouvement évolua vers le pangermanisme, l’antisémitisme et le militarisme pour
devenir la source d’inspiration des Hitlerjugend.
Le nazisme, précisément, vota la première loi écologiste de l’histoire contemporaine, la loi du 24
novembre 1933 sur la protection des animaux qui fut suivie de nombreuses autres. L’idée sous-jacente
? La nature est bonne, l’homme est mauvais et seule une minorité éclairée a droit de cité, les « surhommes ». Ce que soutiennent les courants de la deep ecology et de l’écofascisme du Finlandais Pentti
Linkola4: l’homme n’est qu’un élément d’un tout, un élément surabondant qui doit être réduit pour
sauvegarder une pureté originelle. La démocratie ne pourra y parvenir et seule la dictature pourra
imposer la sauvegarde de la planète en réduisant la population par un eugénisme strict. Les opposants,
le journaliste indigéniste Taha Bouhafs le dit clairement à propos d Eric Zemmour, sont des « soushommes » qui doivent être privés de leurs droits.
La continuité avec le nazisme est aussi celle des hommes : August Haußleiter fut un des compagnons de
Hitler lors de sa tentative de putsch de 1922 et journaliste sous le III° Reich. Continuant à militer à
l’extrême droite après 1945, il reprit la tradition du romantisme allemand qui remettait en cause la
civilisation et la modernité industrielle, dans la double continuité des cercles intellectuels de droite de la
République de Weimar et du mouvement de protection de la nature du tournant du siècle. Par ce retour
aux sources, Haußleiter fut l’une des forces de la droite qui participèrent à l’initiation du parti vert ouestallemand, Die Grünen.
Cette idée de pureté est au fondement de la loi bioéthique autorisant l’euthanasie prénatale des êtres
non désirables, se retrouve dans la revendication de Madame Taubira de n’autoriser les transfusions
sanguines aux Guyanais qu’avec du sang guyanais, réminiscence de l’Ahnenerbe, l’institut pour la
sauvegarde de l’héritage ancestrale, créé par H. Himmler. A quand l’euthanasie des indésirables par une
nouvelle Aktion T45, une nouvelle « mort miséricordieuse » qu’on nous présenterait sans nul doute
comme un « progrès de civilisation » ?
La filiation entre idéologie écologiste et nazisme est claire, mais faut-il pour autant en inférer que les
écologistes sont des nazis ? Ce serait faire preuve d’une mauvaise foi digne d‘un Laurent Joffrin déclarant
Extraits de sin intervention à la réunion des Verts à Turku (Finlande) en juin 1985 : « nous devrons […] apprendre de l’histoire
des mouvements révolutionnaires – les nationaux-socialistes, les staliniens finlandais, les nombreuses étapes de la révolution
russe, les méthodes des Brigades Rouges – et oublier nos égos narcissiques … nous devrons former une organisation très stricte
et disciplinée avec une politique clairement définie et astreignante, et de préférence avec des signes extérieurs uniformes. [Le
membre] doit apprendre à endurcir son cœur si nécessaire. Nous devrons apprendre à ignorer les intérêts mineurs au profit
des intérêts supérieurs. Nous devrons apprendre à être craints et haïs. […] Le mot “ doux ” doit être effacé du vocabulaire des
Verts une fois pour toutes. […] [Nous avons besoin] d’une élite stricte avec une forte figure de leader »
4
5 L'aktion T4 est un véritable protocole d'élimination des handicapés physiques et mentaux mis en œuvre dès 1939. Pour
qualifier cette entreprise, on employa le mot de «gnadentod» soit par «mort infligée par pitié» ou «mort miséricordieuse» .
que le vrai titre de la revue Front Populaire est « L’Observateur populaire »6.
Il manque de sérieux ingrédients pour que nous ayons à faire à un véritable mouvement fasciste :
Tout d’abord l’ancrage dans un courant intellectuel puissant. Contrairement à des contre-vérités
répandues, le nazisme avait le soutien de courants importants de l‘intelligentsia allemande, les nazis
n’étaient pas des crétins incultes, bien au contraire, mais puisaient leurs sources dans des grands noms
de la philosophie, de l’histoire et de la science allemande. Même chose en Italie, avec entre autres, le
futurisme de Marinetti.
Ensuite, il manque un leader charismatique. Emmanuel Macron a bien tenté de créer un parti sans autre
programme que le mouvement perpétuel vers « le progrès » - ce qui est le principe même d’un parti
fasciste - mais il n’a réussi qu’à rameuter un conglomérat d’arrivistes médiocres, déjà en décomposition
trois ans après sa création. Anne Hidalgo ? Yannick Jadot ? Ils en rêvent peut-être, mais restons sérieux.
Enfin il lui manque un mouvement de masse. Dans l’Allemagne de 1932 et 1933, le militant libertaire
Daniel Guérin a parcouru le pays a vélo, rencontrant la jeunesse dans les Auberges de jeunesse. Il y a
noté que le national-socialisme avait de vraies causes – l’humiliation nationale, la misère, le chômage, la
ruine des classes moyennes par le grand capital, la mort de la paysannerie – et que jeunes marxistes et
jeunes nationaux-socialistes partageaient souvent le même idéal en n’y voyant pas la même issue. Le
nazisme faisait rêver et entraînait l’adhésion du peuple. L’écologisme ne fait pas rêver. Il est cantonné à
une petite bourgeoisie décadente des villes, sans souci de fin de mois et complètement coupé du peuple
profond de la France périphérique qu’elle méprise copieusement, et qui se voit accablé de procès en
racisme dès qu’il proteste contre les violences qu’il subit. L’écologisme ne vit que par son
instrumentation par l’idéologie dominante promue par les oligarques et des politiciens à la recherche
d’ersatz de pensée pour justifier de leur inutilité.
Construire un avenir face au nihilisme
Un écologue sérieux s’attaquerait aux réels problèmes d’une économie qui n’a plus de direction. Les
mesures prises par les écolos-nihilistes sont inspirées uniquement par leur idéologie de
désindustrialisation, de destruction et de punition du peuple. Ils ne proposent que des mesures
parcellaires sans aucune vision d’ensemble des dérèglements de l’économie. Trottinettes et vélos ne
procèdent d’aucune analyse des systèmes de transport, comme au Danemark par exemple. Paris se dote
d’un « adjoint au quart d’heure », mais avoir accès à tous les services en moins d’un quart d’heure
suppose une conception d’ensemble du système de vie urbain comme à Singapour qui a fixé comme
contrainte à la conception de la ville pas plus de 45 minutes par jour de déplacement domicile lieu de
travail. La science des systèmes nous apprend que la sur-optimisation d’un sous-ensemble aboutit à une
sous- optimisation du tout.
Les écolos-nihilistes ne proposent que des mesures qui ne s’attaquent qu’aux symptômes : ce n’est pas
toujours absurde comme l’interdiction des sacs en plastique, mais cela ne s’attaque pas aux causes et au
système économique qui les produit. La « lutte contre le changement climatique » est une absurdité
promue de concert avec les vendeurs de gadgets : le changement climatique est une réalité de tout
temps. On ne lutte pas contre une éruption volcanique : on anticipe ses causes, on innove pour les gérer
afin de transformer une menace en avantage. La Chine, pays le plus pollué du monde, est un passe de
devenir un leader en industries de dépollution. Les atteintes à l’environnement par une industrie sont à
combattre mais sont des opportunités d’innovation tant sociale que technologique.
L’absurdité des théories écologistes
Mais surtout tout ce que disent les écolos et les propos alarmistes qu’ils tiennent sont faux. Michael
Shellenberger a été pendant vingt ans un militant en vue de la cause écologiste et engagé à gauche
pendant trente ans, mais il est avant tout un scientifique ce qui lui a permis de résister à l’emballement
idéologique des mouvements écologistes qui annonçaient la fin de l’humanité avec le changement
6 Traduction de Volkisher Beobachter, titre du quotidien du parti nazi.
climatique. Il vient de publier Apocalypse Never7 où il présente ses excuses pour les propos alarmistes
qu’il a contribué à propager. « Au nom des écologistes du monde entier, je voudrais m’excuser
formellement pour la peur climatique que nous avons créée au cours des 30 dernières années. Le
changement climatique se produit. Ce n’est pas la fin du monde. Ce n’est même pas notre problème
environnemental le plus grave. » Il conclut que « l’anxiété, la dépression, et l’hostilité à la civilisation
moderne sont largement à l’origine de l’alarmisme» et rétablit nombre de faits que lui permettent de
fonder ses recherches et qui vont contre la propagande alarmiste des ONG écologistes8.
Le but des écolos est de ramener l'humanité au "meilleur des mondes" d’un état de nature fantasmé qui
tournerait le dos à deux siècles de développement technologique. Tout cela s’appuie sur un nombre
impressionnant de stupidités proférées avec l’appui des médias:
_Il faut sauver la planète même si pour cela, en suivant les préceptes de Pentti Likola, il faut sacrifier
l'humanité ! Or, il y a plusieurs centaines de milliards de systèmes solaires dans notre galaxie contenant
des planètes comme la nôtre ... et plusieurs centaines de milliards de galaxies dans l'univers visible ... et
combien d'autres univers ? Sauver notre terre (si elle a besoin de nous pour cela) n'a de sens que parce
qu'elle abrite l'humanité. Le vrai enjeu écologique est l'inverse : rendre la nature plus accueillante, de
manière durable, pour l'homme.
_La dimension de notre monde est finie, nos ressources ne sont donc pas illimitées. Non, dans une
économie circulaire aux principes de fonctionnement symbiotiques tout étant recyclé, un monde limité
peut fournir des ressources illimitées, à condition de ne rien jeter ! L'exception à cette absence de limites
est l'énergie qui ne peut pas être recyclée selon le 2ème principe de la thermodynamique : c'est la seule
vraie limite. Heureusement, nous avons le nucléaire qui nous ouvre la porte à une énergie peu chère
quasiment infinie. On comprend mieux pourquoi les adeptes de la décroissance s'attaquent à cette filière
énergétique.
_Contre le nucléaire, industrie inépuisable et non polluante, ils soulèvent l’objection de déchets
radioactifs à haute activité et à vie longue (les HAVL) pour lesquels aucune solution de stockage n’a été
arrêtée. Or, avec le laser, "On peut réduire la radioactivité d'un million d'années à 30 minutes" déclare
Gérard Mourou, prix Nobel de physique, qui peut développer cette solution. Mais pour cela, il faut faire
les bons choix stratégiques, soit le contraire de ce que veulent les adeptes de la décroissance : le
gouvernement va consacrer 50 milliards d'€ pour installer des moulins à vents partout en France qui
défigureront nos paysages tandis que le budget du CNRS est de 3,3 milliards d'€. Si nous faisions les choix
financiers inverses, en moins de 10 ans, nous aurions une réponse à ces problèmes. La sécurité des
centrales peut aujourd’hui être quasi-absolue (autant que cela soit possible) avec les centrales de 4-ème
génération à neutrons rapides avec comme combustible le thorium, qui ont besoin d'un faisceau de
particules pour provoquer les réactions en chaîne. Quand le faisceau s'arrête, les réactions en chaîne
s'arrêtent.
A la recherche de la cause des causes
Les désordres de notre monde viennent des théories de « la mondialisation heureuse » qui ont créé un
système mondial où tout est connecté avec tout, qui nie ces éléments d’auto- régulation que sont les
cultures, les traditions, les nations, les frontières, jusqu’aux différences entre les sexes, qui sont autant
de cadres naturels d’auto-régulation. Ces multiples connexions ont accru la complexité du monde et de
nos sociétés au point qu’elle ne soit plus pilotable. Sans souci du bien commun, la complexité sans but
s’accroît rendant le système turbulent. L’archéologue et anthropologue Joseph Tainter9 montre que les
sociétés n’ont eu alors d’autres solutions que de réduire leur taille pour les ramener à un niveau de
7
Harper Collins 30 juin 2020
8 Voir son texte en anglais sur The Global Warming Policy Forum https://www.thegwpf.com/forbes-censored- michaelshellenberger-here-is-his-full-apology/
9
Joseph Tainter, L’effondrement des sociétés complexes, Paris, Le retour aux sources, 2013
complexité gérable. C’est ainsi que les grands empires ont disparu.
Il ne faut pas conclure de la croissance de cette complexité qu'il faille réduire le monde à son village et
refuser toute évolution. Tainter souligne qu’il y a une bonne complexité qui permet des rendements
croissants en intégrant les technologies nouvelles dans la dynamique des systèmes qui deviennent des
éco-systèmes capables de s’auto-réguler. En somme, les oligarques et leur mondialisation ont détruit la
bonne complexité et ont créé de la mauvaise, dont la forme achevée est la mondialisation financière.
Cet effondrement n’a rien d’inéluctable, contrairement à ce que croient les écolos millénaristes qui ne
comprennent rien à la dynamique des écosystèmes. Dans tous les cas étudiés par Jared Diamond dans
Effondrement10, il s’agit d’enchaînements d’erreurs humaines, de mauvaises décisions face à des
phénomènes nouveaux et des chocs qui ont rendu les systèmes non résilients, incapables de faire face
à un évènement qui aurait pu être banal. Jared Diamond montre que ces sociétés se sont effondrées
parce qu’elles ont pris des décisions catastrophiques que rien ne les obligeait à prendre, si ce n’est
l’incompréhension des phénomènes qu’elles ont elles-mêmes créés, comme la destruction des
écosystèmes naturels par l’introduction de nouvelles espèces lors des colonisations.
Une réforme intellectuelle et morale pour former de nouvelles élites
Les tâches auxquelles nous devons nous attaquer sont les conséquences de cette situation en profitant
de l’effondrement du système mondial en commençant par notre système national : la gestion des
déchets, le gaspillage énergétique, la reconstruction d’une cohérence des territoires sacrifiés à la
mégalomanie des métropoles, la qualité de vie dans les villes, le soutien au développement de la France
rurale. Tout cela a une cause : une gestion exclusivement comptable à court terme qui ne prend pas en
compte les conséquences à moyen long terme, dont les coûts sont considérables. On peut aujourd’hui
prendre en compte ces coûts différés grâce aux outils numériques, qui n’ont pas en eux-mêmes des
vertus thaumaturges mais qui, comme outils, peuvent permettre de concevoir de nouvelles
organisations et de nouveaux procédés de production. Notre administration n’est pas dotée d’un
système de comptabilité et de mesure de la performance d’une politique qui prenne en compte les coûts
complets des décisions, pour comprendre que par exemple, la rentabilité du véhicule électrique doit
intégrer les pollutions générées par sa fabrication, la production d’électricité par des centrales au
charbon- après les décisions catastrophiques de fermeture de nos centrales nucléaires - et les coûts de
recyclage des batteries. La crise sanitaire a montré l’absurdité quasi criminelle des politiques de réduction
des coûts à l’hôpital. On ferme une maternité qui ne fait plus que 300 accouchements par an mais on ne
mesure pas l’impact négatif de cette économie sur un territoire qui n’a plus de maternité et y trouve un
nouveau facteur de désertification.
Nous avons besoin de cadres formés à une approche symbiotique du développement économique, telle
que développée par l’écologue et scientifique Lynn Margulis11 Ce n’est pas de l’idéologie, du gadget de
communication, c’est de la science12. Il s’agit de sortir d’une conception par éléments à une conception
d’ensembles cohérents : une ville n’est pas une somme d’immeubles, même fussent-ils « intelligents »
comme le prône le gourou américain Jeremy Rifkin. C’est un système de relations et d’interactions entre
activités. Vivre en bonne santé ce n’est pas (seulement) manger du quinoa – dont la monoculture détruit
l’agriculture traditionnelle des pays andins – mais concevoir des villes et aménager des territoires où l’on
peut mener une vie saine par des conditions de travail, d’alimentation et d’activités physiques et avoir
Jared Diamond, 2006, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard,
Collection « NRF Essais »
10
Microbiologiste, elle découvrit que l’évolution provenait de la coopération entre espèces et non d’une compétition
destructive. Pour elle, les partisans de la théorie standard « vautrés dans leur interprétation de Darwin du point de vue de la
zoologie, du capitalisme, de la compétition, des coûts-bénéfices - ont complètement faussé sa pensée. Le néo-darwinisme, qui
insiste sur l'accumulation lente de mutations par la sélection naturelle au niveau du gène, est une théorie de trouillards. »
11
12
Dans l’économie symbiotique, toute sortie d’une écosystème (industriel, humain et naturel) est une ressources pour un autre,
de sorte que le gaspillage est quasiment éliminé et que la croissance de la consommation d’une ressource augmente la
disponibilité totale des ressources.
accès aux soins médicaux, quand la France voit s’étendre les déserts médicaux.
La cause est à en rechercher dans la formation de nos « élites » qui n’en sont plus. En 1993, l’écrivain
canadien John Saul publiait « Les bâtards de Voltaire, la dictature de la raison en Occident », ouvrage
essentiel qui lessivait nos technocrates qui croient tout savoir et ne savent rien! Ils sortent de l’ENA, des
grandes universités américaines, même des universités jésuites au Canada. Ils sont imprégnés de
scientisme13, ils ont LA méthode, ils produisent des théories et la réalité doit s’y plier. Ils savent tout et
n’ont aucun compte à tenir de la connaissance profane.
La crise de la COVID19 a montré la totale incompétence, non seulement du gouvernement mais de
l’ensemble de l’Administration, à appréhender la complexité de la situation. Le professeur Christian
Perronne dans son livre pose la question : « Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ?” Réponse :
aucune ! Cette crise a été l’apogée du scientisme où l’on a vu les experts en expertise s’acharner sur le
professeur Raoult qui a eu l’audace de rappeler que la médecine est une science essentiellement
empirique qui avance, comme la vraie science, par tâtonnements en soignant avec un médicament
découvert au XVII° siècle qui ne coûte rien face aux lobbys des labos pharmaceutiques qui promeuvent
des expérimentations longues et coûteuses.
La décision publique a été paralysée par une administration pléthorique de la santé avec ses quinze
14
centres de décisions auxquels il a fallu rajouter un « monsieur déconfinement » pour la coordonner,
dont on a finalement fait un Premier ministre qui prépare un reconfinement. Cette administration n’a
servi qu’à paralyser les initiatives locales sous une pluie de normes. Cette incompétence, ce scientisme
poussé à son dogmatisme le plus extrême qui a prétendu qu’il ne fallait pas soigner les malades tant
qu’un médicament n’avait pas été soumis à de lourds et coûteux essais cliniques où ce scientisme sert
de paravent aux intérêts financiers des grandes industries pharmaceutiques. Erreurs cumulées et refus
de soins auront coûté 25 000 morts selon le professeur Perronne.
Toutes les réformes administratives, les bricolages institutionnels que les politiciens adorent, ne
serviront à rien tant que l’on ne sera pas attaqué à la reconstruction d’une intelligence française digne
de son histoire.
La renaissance par les territoires
Pour les écolos et le Front anti-populaire, les territoires sont condamnés à tolérer la survie de « ceux qui
fument des clopes et roulent en diesel » et à être sacrifiés à une économie du tourisme qui fournira une
rente de survie à notre société désindustrialisée. Or, la recherche en économie de territoires –
13 Le scientisme croit que "l'esprit et les méthodes scientifiques doivent être étendues à tous les domaines de la vie intellectuelle
et morale." Il procède d’une logique uniquement déductive : il pense parvenir à concevoir une théorie parfaite qu’il va ensuite
appliquer à la réalité qui va devoir s’y plier. C’est l’inverse de la méthode scientifique développée par Francis Bacon, Blaise
Pascal et Giambattista Vico qui a fait le succès de l’Europe : partir d’une hypothèse et la soumettre au banc d’essai de la réalité
pour la tester, l’invalider ou l’améliorer.
14 Le ministre de la Santé
Le Directeur Général de la Santé
La Direction de Santé Publique France
Le Directeur de la Haute Autorité de santé (HAS)
Les Directeurs des Agences Régionales de la Santé (ARS)
Le Directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES)
La Direction de l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé (AVIESAN) L’agence Nationale de sécurité du
médicament de la Santé (ANSM)
Un Haut-Commissariat de lutte contre les épidémies Le Haut Conseil de Veille Sanitaire
L’Agence Nationale de Sécurité de Logistique Médical
Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) (instance française chargée d’apporter une aide à la décision au ministre de la Santé
en réalisant des rapports sur la santé et en formulant des recommandations.)
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale Les Centres Nationaux de référence, les fameux CNR
L’EPRUS : Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires
développée en Suisse par Philippe Aydalot15 - montre que c’est le territoire qui offre à ses agents
économiques la capacité de sécréter de l’innovation. On innove dans les villes moyennes, pas à La
Défense qui n’abrite que des sièges sociaux. Le territoire peut, par l’établissement de relations
collaboratives entre ses agents locaux, contribuer à la diminution de leurs coûts de transaction, à
l’établissement d’un climat de confiance et à l’abaissement des risques et des coûts d’information,
et, par les apports
Immatériels, cognitifs, éthiques ou organisationnels qu’il met à leur disposition, accroître leur
compétitivité. Bref, leur apporter des gains irrécouvrables et donc justifier leur ancrage. Pour Philippe
Aydalot « l’entreprise innovante ne préexiste pas aux milieux locaux, elle est secrétée par eux ». Le
territoire est un capital immatériel qui se caractérise par une histoire et la capacité à générer un projet
commun, la capacité à générer des consensus est corrélée à la dynamique de l’innovation, des actifs
immatériels territoriaux comme l’accès à la connaissance technologique, la composition du marché du
travail et un savoir-faire technologique qui sont les trois composantes d’un milieu innovateur qui, par
ses caractéristiques, génère de l’innovation, de quelque type que ce soit. Et ce capital n’est pas
transférable, ne peut nous être volé ni copié.
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Le Front antipopulaire et son avant-garde écolo-nihiliste ont mis la main sur les grandes villes et y
imposent leur obscurantisme. A nous, le Front populaire, d’investir les villes moyennes et les territoires
pour entamer la reconquête par la promotion de l’instruction, de la formation et de la science. Cela se fera
sans doute par le biais d’initiatives privées, l’école et l’université étant corsetées par la technostructure
de la Rue de Varenne. Le Front populaire a perdu une bataille mais il est inenvisageable qu’il ne gagne
pas la guerre. « Ce n'est qu'au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son vol » écrivait
Hegel au début du XIX° siècle. Chouette qui est symbole de la connaissance, de la sagesse, de la
perspicacité et de l'érudition. Nous sommes au crépuscule, nous sommes au fond du trou, c’est le bon
moment pour prendre notre envol.
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Aydalot P., Économie Régionale et Urbaine, Economica, Paris, 1985