LA MÉTHODE,
LES DONNÉES, LES OUTILS
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MARTINE DROULERS, HERVÉ THÉRY,
PHILIPPE WANIEZ
Ce travail représente la première série de résultats de l’exploitation de la
chaîne statistique et cartographique Samba/CabraZ. I1 s’agit dans notre esprit de
. montrer quelques unes de ses possibilités d’utilisation, tant pour les géographes
que pour les autres chercheurs en sciences humaines. Divers phénomènes sont
observés, à plusieurs échelles, mais le fil conducteur des documents qui vont
suivre est d’analyser les changements dans l’usage du territoire, la dynamique
des activités et de leur localisation.
Cet outil, fruit d’un travail de collaboration entre géographes fiançais et
brésiliens, vise à faciliter les analyses spatiales et à foumir les moyens d’une
étude de la dynamique des territoires, à partir de 1’évolution des données socioéconomiques de ces vingt demières années, et à vérifier les permanences ou les
ruptures des grandes identités régionales du pays.
Cet ensemble de textes est donc le résultat d’une histoire, déjà longue:
celle de la conception et de la mise au point d’un outil adapté aux besoins de la
recherche. Pour y parvenir, une fois l’objectif défini, il a fallu en passer par le
rassemblement et la mise en ceuvre - sous une forme utilisable - de données
. pertinentes, par le développement d’un logiciel convivial, le tout dans la perspective d’une approche intuitive des problèmes, celle de l’analyse exploratoire
des données.
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Au départ, le projet Fronteiras...
Intitulé (&‘ronteiras, des frontières agricoles brésiliennes aux marchés
mondiaux>>,ce projet de recherche avait été mis sur pied en 1990, lors du
renouvellement du GIP Reclus, par des économistes et des géographes de
-_
l’INRA, du CNRS et de 1’ORSTOM. Le point de départ de la réflexion commu-
:nSilllL1
O10006092
C A H I E R S DES
AMBRIQUES
L A T I N E S , 11’ 20
Fonds Docwr il3 entaire 8RS7’0 ri%B
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DOSSIER
ne avait été une approche mettant en rapport les marchés mondiaux et les fiontières agricoles brésiliennes.
Le Brésil est, en effet, un des pays du Monde oh l’on peut observer sur
une période relativement courte (une quinzaine d’années), l’émergence de nouvelles formes d’occupation du territoire, d’exploitation des ressources naturelles
et de mise en valeur agricole. Plus précisément, dans les zones dites de <&ontière agricole)), aux marges de l’œkoumène, comme l’Amazonie ou les cerrados
(savanes arborées du plateau central), l’accélération de l’expansion économique
brésilienne s’est manifestée par d’importants impacts sur l’espace comme, par
exemple, l’appropriation de vastes territoires par des intérêts privés (grands propriétaires terriens, firmes agro-alimentaires, industries minières, souvent multinationales), l’afflux de populations en-provenance des espaces en crise du
Nordeste ou du trop plein des métropoles du Sud, l’émergence de nouveaux
centres urbains créés de toutes pièces, etc.
Or, pour comprendre cette nouvelle forme d’occupation de l’espace, il
apparaissait nécessaire d’observer également les transformations en cours dans
les autres régions du Brésil, en crise ou en voie de consolidation économique.
Dans ce pays plus qu’ailleurs, et peut-être en raison de ses dimensions exceptionnelles, l’articulation des échelles géographiques semblait nécessaire pour
aboutir à une véritable compréhension des changements en cours.
L’accent fut d’abord mis sur les échanges Japon-Brésil et leurs effets sur
la mise en valeur des cerrados. En 1973, en pleine crise sur les marchés internationaux du blé et du soja, le Brésil et le Japon avaient décidé de coopérer et le
programme de mise en valeur du Alto Parnaiba (Minas Gerais) avait été lancé
par une société à capital partagé (BrésillJapon), la CAMPO, dépendant de la
COTIA, coopérative agricole dont le siège est à São Paulo. Au début des années
1980, les difficultés rencontrées par le Brésil dans la poursuite de sa modemisation agricole n’avaient pas remis en cause cette coopération. Bien au contraire:
un nouveau programme fut lancé dans les cerrados, le PRODECER, élargi à
l’Ouest de Bahia et au Mato Grosso do Sul. Sur 150 O00 hectares, il s’agissait
de produire des grains (soja, maïs), mais aussi d’autres denrées qui variaient
selon les régions. Le programme de recherche voulait donc évaluer l’impact de
cette coopération japonaise et expliciter les objectifs du Japon en matière de
coopération agricole.
L’innovation consistait à considérer la totalité des cerrados, adoptant
ainsi un niveau d’analyse qui faisait gravement défaut dans les études existantes, pour la plupart de type monographique. En se donnant les moyens de
préciser les contrastes du peuplement et l’ampleur des phénomènes migratoires,
d’apprécier le dynamisme de l’agriculture au regard de l’explosion urbaine,
d’examiner le degré de corrélation entre le développement régional et le milieu
naturel ou l’infrastructure de communication, on visait à établir une connaissance de base de la géographie des cerrados.
I1 manquait alors en France, mais aussi au Brésil, un outil d’analyse spaI
.-
32
CAHIERS DES AMÉRIQUES LATINES,
n020
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LA M É T H O D E ,
LES D O N N É E S , LES O U T I L S
tialisée des changements de grande ampleur qui affectent les activités et leur
répartition sur le territoire, telle que la profonde réorganisation de la production
caféière depuis quinze ans: déclin dans le Paraná (au profit du soja) et progression rapide dans le Minas Gerais.
Pour faire converger ces -projets de recherche évidemment apparentés,
des activités communes aux membres de l’équipe avaient été définies, dont la
création et l’utilisation commune de la base de données statistiques Fronteiras.
La réalisation par Ph. Waniez de la base de données SISECSO (relative aux
seuls cerrados) en coopération entre 1’ORSTOM et 1’EMBRAPA-CPAC de
Brasilia avait permis d’acquérir une bonne connaissance des sources statistiques
brésiliennes et des fichier disponibles. I1 s’agissait donc ensuite d’étendre la
méthodologie adoptée pour les cenados à l’ensemble du Brésil, en constituant
progressivement une base nationale.
Un principe avait d’emblée été retenu: adopter le niveau géographique le
plus fin, celui des municipios. La numérisation du fond de carte a évidemment
été une opération assez longue, mais une contribution importante au système
futur, puisque aucun fichier de ce type n’existait alors au Brésil. Le savoir-faire
de la Maison de la Géographie en matière de traitement des données et de cartographie statistique a permis de créer une bonne base d’échanges avec l’IBGE, le
.principal producteur de cartes géographiques et de données statistiques du
Brésil, avec qui la suite du travail a été entreprise et se poursuit grâce à la présence, pour quelques années, de Ph. Waniez auprès du Département de
Géographie de 1’IBGE 9 Rio de Janeiro.
.
Le système SAMBA 2000
Le nom ((Système d’Analyse des Municllpios Brésiliens pour l’An 2000) )
désigne à la fois la plus grande base de données accessible sur l’ensemble des
municllpios brésiliens (en dehors de celles de 1’IBGE) et le système de gestion
de base de données qui organise et rend accessible cet ensemble d’informations.
Le logiciel, initialement construit en langage SAS sur un gros système
IBM 3090 sous M V S / X A , a été entièrement réécrit en 1993 pour fonctionner
sur micro-ordinateur Macintosh. Cette évolution a été guidée à la fois par
l’accroissement des capacités de traitement offertes par le Macintosh permettant
de s’affranchir d’un équipement informatique lourd et coûteux, sans qu’il soit
nécessaire de mettre en œuvre un système de gestion des données complexes,
très surdimensionné par rapport aux fonctions assignées à SAMBA.
Les données gérées par SAMBA se composent d’environ 4 O00 variables
disponibles pour l’ensemble des 4 500 municllpios brésiliens. La majeure partie
de ces données provient de 1’IBGE. Le reste est issu de ministères comme celui
de I’Éducation, ou d’organisations non-gouvernementales de portée nationale,
c o m e par exemple la Conférence Épiscopale.
C A H I E R S ’DES
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AMÉRIOUESLATINES, n ”2 0
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DOSSIER ’
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Quatre types d’archives donnent accès aux ensembles de données:
Agri comprend les données relatives à l’agriculture. Elles se composent de
deux sources différentes: d’une part les recensements agricoles de 1970 et
1980, et la totalité du recensement de 1985, le demier en date, et d’autre part
les enquêtes annuelles de production de 1977 à 1992.
Dénzo rassemble les données relatives 9 la population, c’est-à-dire, les
recensements de 1970, 1980 et 1991. Pour les deux premiers, il s’agit
d’extraits alors que pour le dernier, il s’agit de l’intégralité des données disponibles fin 1995.
ÉCO
regroupe les recensements économiques de l’industrie, du commerce
et des services de 1980 et 1985, les derniers en date. À cela s’ajoutent des
données sur l’extraction végétale (PEV) en 1985.
Soc liste des données relatives à la société qui, pour l’essentiel n’ont pas
été produites par I’IBGE. On y trouve des informations sur les élections et
l’électorat, sur les assassinats en milieu rural, sur l’éducation et la santé.
Le fonctionnement du logiciel de déroule en plusieurs étapes:
Étape nol: on choisit en cliquant les variables que l’on désire exploiter.
Étape n02: SAMBA demande ensuite de sélectionner l’espace géographique pour lequel les variables précédemment retenues seront extraites de
la base de données.
Étape n03: SAMBA propose l’option d’agrégation géographique des données. L‘agrégation au niveau des micro-régions ou des États peut être retenue.
Étape n04: l’extraction proprement dite a lieu, ce qui peut demander
quelques minutes. Les résultats du traitement peuvent être lus dans le dossier
nommé Samba-sélection.
Ce qui fait la richesse de SAMBA n’est pas tel ou tel tableau de données,
mais bien la possibilité d’extraire les variables désirées, de les joindre afin de
former un nouveau tableau correspondant au problème à analyser, et l’option
d’agrégation de ces données à un niveau géographique supérieur. Peut-on dire
que Samba est un SIG? Dans le sens large où un SIG désigne tout système
informatique destiné à analyser des données relatives à l’espace géographique
... ouil. Et bien entendu la possibilité d’exploiter immédiatement ces données
dans un logiciel de cartographie adapté.
Cartographie des donnges avec le logiciel CABRAL 1500
On trouve dans Cabral 1500 le nécessaire pour réaliser des cartes en
plages colorées, dites cartes choroplèthes, en cercles proportionnels, ou bien
encore des cartes combinant les deux représentations, cercles sur plages colorées ou cercles colorés, et, enfin des cartes représentant des flux sur un réseau.
Ces fonctions, rudimentaires par rapport à certains logiciels existant sur
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LES DONNÉES, LES OUTILS
le marché, répondent pourtant à la majorité des besoins de ceux qui ont à réaliser des cartogrammes. Par ailleurs, Cabral 1500 a été conçu pour être utilisé
conjointement avec d’autres logiciels, cette compatibilité est basée sur les formats de fichiers, textes tabulés pour les statistiques, PICT ou Postscript pour les
cartes. Cabral 1500 accepte en entrée les données de Samba, mais aussi des
tableaux de données provenant d’autres logiciels (comme Excel ou Data Desk)
et produit en sortie des images directement utilisables par des logiciels de dessin (comme Adobe Illustrator), pour l’enrichissement graphique des cartes &
leur insertion dans des publications du meilleur niveau professionnel.
Au total, cette chaîne donne aux chercheurs intéressés par les aspects territoriaux des mutations économiques et sociales les moyens de tester leurs
hypothèses et d’explorer, de façon souple et intuitive, les données rassemblées
dans Samba et d’autres sources.
(.
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Les outils de l’analyse exploratoire des données
Les méthodes statistiques que mettent en œuvre bien des géographes sont
en effet souvent inadaptées aux données dont ils disposent. Par exemple, les
unités spatiales utilisent le plus souvent des agrégats d’observations faites à des
niveaux inférieurs, mais on ne dispose en général pas d’indications sur la
variance de ces agrégats. Les distributions des variables apparaissent parfois
inadéquates face aux hypothèses sous-tendant des méthodes pourtant usuelles
comme la régression linéaire. À cela s’ajoute auto corrélation spatiale, difficile
à prendre en compte alors même que la plupart des méthodes exigent l’indépendance des observations pour produire des résultats valables. Les géographes
font fiéquemment l’impasse sur ces problèmes dont l’ignorance (ou l’absence
volontaire de prise en compte...) ne peut conduire qu’à des résultats douteux. Si
ces défauts demeurent encore très fréquents, c’est que les géographes n’ont pas
encore bien perçu qu’à côté de l’Analyse Confirmatoire, celle qu’ils pratiquent
sans le savoir, et qui suppose que l’on lui puisse faire des hypothèses mathématiques contraignantes permettant l’inférence statistique, il existe une autre
approche, plus intuitive.
L‘Analyse Exploratoire des Données (EDA) imaginée par le statisticien
J.W. Tukey est une approche moins normative qui conduit à ((radiographier les
données)), autrement dit à chercher ce qui se passe dans les chiffres, sans a priori, au lieu de rechercher à tout prix l’adéquation à un test statistique et de
prendre, de manière quasi rituelle, une décision à caractère probabiliste. De
plus, elle cherche àprendre en compte les anomalies ou les cas extrêmes, souvent considérés comme aberrants car s’ajustant mal aux <(lois>)statistiques. Le
géographe, fréquemment confronté à ces cas particuliers, expressions de contingences physiques ou historiques, ne doit bien entendu pas les ignorer sous prétexte qu’ils ((entrentmal dans le modèle)). L’Analyse Exploratoire des Données
établit une véritable intimité de l’analyste avec ses données et permet d’éviter
C A H I E R S D E S A M É R I O U E S LATINES.
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DOSSIER
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les conclusions prises la hâte, de manière trop mécanique, conduisant parfois
à nier l’évidence, ou pire, à imposer des conclusions absurdes sous la foi d’un
test mal adapté aux questions auxquelles il est censé apporter une réponse. On
peut résumer comme suit les principaux caractères des deux approches:
Analyse Exploratoire
Approche descAptive
Statistiquesrésistantes
Plan de recherche souple
Expression graphique
Vision intuitive
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Analyse Confirmatoire
Approche inférentielle
Statistiques sensibles
Plan de recherche rigoureux
Expression numérique
Vision précise
Source: BERTRAND, VALIQUETTE, 1986
I
En recourant toujours aux représentations graphiques, en associant souvent plusieurs modes de représentation des mêmes données, en effectuant un
retour constant aux données d’origine, le chercheur regarde les données selon
des perspectives variées pour mieux saisir la portée des relations qu’il détecte et
la pertinence des groupes qu’il identifie.
En résumé, l’approche exploratoire demande au chercheur de mener une
enquête en tentant, indice après indice, de construire un raisonnement. En
revanche, l’approche confirmatoire serait plutôt celle d’un juge au cours d’un
procès cherchant à administrer une preuve en soupesant le poids de chaque
pièce à conviction. L‘Analyse Exploratoire des données ne doit donc pas être
comprise comme une alternative à l’Analyse Confirmatoire; chacune d’elles est
une étape dans la construction d’un véritable raisonnement.
Quelques logiciels d’analyse statistique ont exploité de manière innovante les possibilités d’interaction homme-machine de manière à faciliter l’exploration des données. L’un d’entre eux, DataDesk représente un modèle du genre.
L’exploration des données y commence en général par la construction de
quelques figures simples, comme des diagrammes en boîtes et moustaches, qui
visualisent, sur la même figure, l’intervalle inter quartile (la boîte), la médiane,
les valeurs fortes et faibles (les moustaches) et les cas extrêmes. La juxtaposition des diagrammes permet d’apprécier en un seul coup d’œil leur différence et
l’utilisation d’une matrice de graphiques bivariés permet d’obtenir une vue
synoptique de l’ensemble des relations entre deux variables prises deux à deux.
Cabral ayant été conçu de façon à pouvoir utiliser directement les données issues de DataDesk, on dispose au total d’une chaîne complète d’analyse
qui permet d’aborder dans les meilleures conditions l’exploration des données
brésiliennes, à plusieurs échelles.
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L ~ régions,
S
les États,
les municipes
Un des objectifs de cette première présentation des données est de tester
la pertinence et l’opérationalité des grandes divisions régionales du Brésil.
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C A H I E R S DES
AMBRIQUES
LATINES, n”20
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LA M É T H O D E ,
LES DONNÉES, L E S OUTILS
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Celles-ci ont été élaborées lors d’une période de gouvernement autoritaire et
centralisateur accompagnée d’une forte croissance économique et suivie d’une
période de récession et de libéralisme, évolution qui n’a pas été sans affecter les
identités régionales.
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Source : IBGE annuaire 1992
CAHIERS DES
AMBRIQUES
LATINES, n”20
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CARTEI
BRÉSIL 1991
MAILLE DES MICRO-REGIONS HOMOGENES
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ETATS
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AL -ALAGOAS
AM AMAZONAS
MA - MARANHA0
R J - RIO DE JANEIRO
MG - MINAS GERAIS
RN - RIO GRANDE DO NORTE
MS - MATO GROSSO DO SUL RO RONDONlA
AP-AMAPA
BA - BAHIA
CE - CEARA
DF - DISTRITO FEDERAL
ES - ESPIRITO SANTO
MT
MATO GROSSO
PA -PARA
PB PARAIBA
PE PERNAMBUCO
PI - PIAUI
-
-
-
PR - PARANA
GO GOIAS
-
Source : IBGWSAMBA CABRALKREDAL, 1995.
-
RR RORAIMA
RS - RIO GRANDE DO SUL
SC - SANTA CATARINA
S E - SERGIPE
S P - SA0 PAULO
TO - " T I N S
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LA M E T H O D E ,
L E S D O N N É E S , L E S OUTILS
Les cinq grandes région’sbrésiliennes actuelles proviennent de la division
que I’IBGE avait adoptée dès sa création en 1939. Cette division régionale procédait d’un regroupement d’unités politiques, fondé sur les points cardinaux
(nord, nord-est, est, sud, centre) qui n’effaçait pas complètement les régions
naturelles: le nord correspondait à l’Amazonie; le Nordeste avec sa zone de
forêt (zona da mata) et celle du sertão semi-aride; le centre correspondant au
Plateau Central. La distinction macrorégionale essentielle opposait toujours la
frange littorale et l’intérieur tandis que la division en bassins hydrographiques
restait encore perceptible, les bassin de l’Amazonie (Nord), du São Francisco
(Nordeste), du Paraná et du Paraguay (Pantanal-Centre-Ouest) polarisant les
hommes et les activités.
I1 subsista une hésitation sur la délimitation entre Est, Sud et Centre, ce
qui souligne combien l’entité Sudeste, retenue en définitive, rassemble des
régions aux identités très diverses: São Paulo exerce une domination démographique et économique impressionnante sur l’ensemble du pays en concentrant
l’essentiel des activités industrielles et financières du pays; Rio de Janeiro
décline et le Minas Gerais, plus vaste que la France, est un ensemble régional
complexe qui inclut des fragments du cerrado (Plateau Central), du Nordeste
semi-aride (Vallée du São Francisco) et une zone de montagnes au Sud.
La division retenue en cinq régions : Nord, Nordeste, Sudeste, Sud,
Centre-Ouest, est donc à la fois physique et socio-économique. Reste-t-elle toujours aussi pertinente cinquante après qu’elle a été conçue, d’autant que la
population brésilienne est passée de 40 à 150 millions d’habitants?
Le Nordeste et l’Amazonie restent les plus intangibles, avec des villes oÙ
prédominent les activités tertiaires et des campagnes très pauvres, où les conditions de vie sont particulièrement mâuvaises, tandis que les régions Sud,
Sudeste et Centre-Ouest subissent plus directement l’impact de l’extension du
modèle urbano-industriel pauliste qui, sous l’effet d’un processus de modernisation accélérée, redessine les flux, recompose les réseaux et homogénéise les
conditions de vie.
Les unités politiques regroupées dans les grandes régions sont les actuels
26 États de la Fédération (auxquels s’ajoute le District Fédéral de Brasilia) très
différents en taille (de plus de 1 million de km2 à quelques dizaines de milliers
de km2) en population (de 31 millions d’habitants à quelques centaines de milliers), mais qui constituent encore une intéressante échelle de représentation des
caractères géographiques.
Toutefois, pour les États les plus vastes et pour étudier les phénomènes
de transition, il s’avère nécessaire de travailler avec des unités plus réduites
comme celles des regroupements dits mésorégions (18 1) ou encore microrég i m homogènes (587) opérés par 1’IBGE (voir la carte). Celles-ci sont enfin
composées d’un certain nombre d’unités administratives de base, les
municipios, dont le nombre s’élevait à 3 974 en 1980’9 4 491 en 1991 et à plus
de 5 O00 en 1995. Le maillage de ces municipes est fort différent selon les
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AHIERs DES
AMÉRIQUESLATINES, n020
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DOSSIER
CARTE2
BRÉSIL 1990
MAILLE MUNICIPALE
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ETATS
-
AC ACRE
AL ALAGOAS
AM AMAZONAS
AP-AMAPA
BA - BAHIA
CE - CEARA
DF DISTRITO FEDERAL
ES ESPIRITO SANTO
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-
-
MA-MARANHA0
MG - MINAS GERAIS
MS - MATO GROSSO DO SUL
MT - MATO GROSSO
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PI PIAU1
PR PARANA
-
Source : IBGnSAMBA C A B W C R E D A L , 1995.
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R J - RIO DE JANEIRO
RN - RIO GRANDE DO NORTE
RO RONDONIA
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RS RIO GRANDE DO SUL
SC SANTA CATAFUNA
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LA M É T H O D E , LES
D O N N É E S , L E S OUTILS
États. Ceux de l’ouest et du nord sont immenses - en Amazonas la taille
moyenne des municipes s’établit à 25 145 km2, avec des extrêmes à plus de
100 O00 km2, dans le Mato Grosso la taille moyenne des municipes s’établit à
9 488 km2. En revanche, dans les États du sud ou du Nordeste, les tailles
moyennes sont inférieures 9 1 O00 k m 2 (434 dans 1’État de São Paulo, 3 15 dans
celui de la Paraiba), avec des”municipes dont la population dépasse le million
d’habitants (São Paulo, 9 574 000, Rio de Janeiro, 5 100 000). Les municipes
sont donc l’unité la plus fine d’analyse en attendant les données par quartiers
que nous espérons obtenir et organiser prochainement pour les grandes métropoles.
À chaque échelle de données correspond un niveau d’analyse, l’étude des
phénomènes sera donc menée à partir des plus grandes unités (Fédération et
États) vers les plus petites (municipes) en passant par les intermédiaires (microrégions). C’est, bien entendu, au niveau le plus fin que les valeurs extrêmes
apparaissent et on module la discrétisation des variables étudiées en fonction de
l’unité spatiale retenue et de la finesse du maillage que cela induit. C’est à travers la succession de zooms, différents selon les problématiques, qu’apparaîtront de nouveaux ensembles territoriaux: ces nouvelles configurations spatiales
pourront conduire à remettre en cause certains découpages communément
admis.
Cette première livraison correspond à un simple échantillon de quelques
travaux réalisés au cours de l’année 1995. Elle n’a aucune prétention à
l’exhaustivité et a seulement valeur de démonstration, destinée à donner un
aperçu des capacités du programme et des voies scientifiques qui s’ouvrent
grâce à cette nouvelle gamme d’outils informatiques, de leurs possibilités dans
les domaines du traitement, de la vérification et de la mise en cohérence statistique. Les prochaines livraisons aborderont d’autres aspects; elles traiteront en
particulier de la population active et des niveaux d’activité, dimensions
absentes ici, et compléteront l’approche du monde agricole et du monde politique. Des collaborations avec des chercheurs et des fournisseurs de données
d’autres disciplines sont en cours. Des indices composites sont également en
voie de constitution et permettront de tester quelques hypothèses sur la diffision des changements socio-spatiaux et l’irruption des phénomènes de modernisation tant à la ville qu’à la campagne.
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CAHIERSDES A M B R I Q U E S LATINES, n020
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DOSSIER
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CARTE 3
BRÉSIL 1991
RÉPARTITION DE LA POPULATION
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Source : IBGEISAMBA - CABRAL/CREDAL, 1995.
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C A H I E R S .DES
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AMÉRIQUES
LATINES, n020
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Carlos MILANI - Les rapports cornrnerce-environnement et les
dangers del'écoprotectionnisme.
DOSS I ER
B R ~ S I LO. B S E R I ~ T I O N S
DES DYNAMIQUES TERRI TORIALES
Martine DROULERS, Mervé TMÉRY, Philippe WANIEZ
La méthode, l es données, les outils.
!
!
Bernard BRET, Martine DROULERS. Enali DE DIAGGI La Dynamique du peuplement et du développement.
!
Hervé TH6RY - Des "frontières" agricoles
II
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en
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marchc.
Martine DROULERS, Tatiana ENGEL GERHARDT, Hervé
THkRY - Des situations régionales et locales. Le sertfio nord, le
Parani, l'Amazonie.
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Mona HUERTA - La mise en place du dispositif français d'information scientifique et technique sur I'hmérique latine.
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