Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
La dynamique économique régionale en Tunisie
Analyse structurelle-résiduelle
Regional economic dynamics inTunisia
Shift-Share-Analysis
Amor BELHEDI
Professeur, Département de Géographie
Faculté des Sciences Humaines & Sociales
Université de Tunis (Tunisie)
Résumé :
La dynamique régionale s'exprime à travers l'évolution quantitative et la modification
structurelle des agrégats économiques, de l'emploi ou de la population occupée régionale.
Dans un premier temps, on mesure la dynamique spatiale des différentes activités
économiques entre 1984 et 1994 pour aborder ensuite l’analyse structurelle-résiduelle (ShiftShare Analysis) de la population active occupée entre les deux derniers recensements 1984 et
1994 de manière à décomposer l’évolution globale d'une région donnée, en trois
composantes : celle due à la structure économique initiale de la région considérée, celle qui
relève plutôt de l'évolution économique générale du pays et celle qui est propre plutôt à la
région même et reviendrait à des facteurs qui lui sont spécifiques.
L’analyse montre, à des nuances près, l’important clivage structurel, appelé d’ailleurs
à s’accentuer encore davantage dans le cadre de la mondialisation, entre une Tunisie littorale
dynamique et qui dispose d’une structure propice et un intérieur qui l’est moins avec une
structure moins favorable aussi.
Mots-clefs : Tunisie, dynamique économique régionale, analyse structurelle-résiduelle, shift
and share, Régression. emploi, population occupée
Summary :
Regional dynamics is expressed through the quantitative evolution and the structural
modification of the economic aggregates (indicators), employment or regional occupied
population. This paper measures the spatial dynamics of the various economic activities
between 1984 and 1994 Shift-Share-Analysis of the working population between the last two
censuses 1984 and 1994 breaks up the total evolution of a given area, in three components:
one due to the initial economic structure of the considered area, one concerns rather the
general economic evolution of the country and one which is more specific to the given area
and would return to specific factors.
Besides the analysis shows, except for some cases, significant structural contents that
are expected to increase within the context of globalization, between a dynamic littoral
Tunisia which has a favourable structure and an interior having one less favourable structure
too.
Keywords: Tunisia, regional economic dynamics, shift and share analysis, regression,
employment, labour force
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Introduction
La dynamique régionale s'exprime, entre autres, par le développement quantitatif des
activités, l’évolution qualitative de leur contenu et la modification de la structure économique
interne des régions en fonction de plusieurs facteurs, à la fois, endogènes et exogènes. Elle
peut être mesurée par l'évolution quantitative et sectorielle de l'emploi régional, de la
population occupée régionale et/ou des autres paramètres socio-économiques comme la
production, la valeur ajoutée, l’exportation ou le revenu…
Plusieurs méthodes peuvent être mobilisées pour analyser la dynamique économique
régionale mais on se limitera dans ce travail à l’analyse structurelle-résiduelle (Shift-Share
Analysis) de Creamer et Bernstein, outil devenu classique maintenant pour les géographes
(Aydalot Ph, 1985, p 273 ; Fisher A, 1973 ; De Brabander G et al 1992; Merenne-Schoumaker
B, 2002). Cette méthode permet de dégager, au niveau de chaque branche d’activité, la
croissance relative de chaque région par rapport à la croissance nationale et de déterminer la
part due à la structure régionale originelle favorable et celle due aux avantages de localisation
(Mérenne-Schoumaker B, 2002, p 28).
Deux problèmes sont à signaler pour pouvoir mener une analyse fine et approfondie .
D’abord, les données relatives à l’emploi sont plutôt rares et partielles en Tunisie, elles se
limitent à certaines activités, se trouvent relevées par des enquêtes partielles (le cas des
enquêtes Population-Emploi menées par l’INS) ou se limitent aux entreprises de plus de dix
salariés (le cas du Fichier des Entreprises Non Agricoles). Pour cette raison, on s’appuiera ici
sur les données relatives à la population occupée, relevées par les deux derniers
recensements de 1984 et 1994 qui sont considérés comme les sources les plus fiables tant au
niveau global que spatial. Le dernier recensement de 2004 n’est pas encore exploité et seules
les données générales ont été publiées. Le second problème concernele découpage spatial
utilisé. Il serait très intéressant d’adopter un découpage très fin au niveau des délégations pour
pouvoir mener une analyse plus nuancée et mieux voir les effets d’agrégation. Seulement, les
données relatives à la population occupée (encore plus pour l’emploi) ne sont
malheureusement pas disponibles à l’échelle des délégations qui représente le niveau local.
Pour cette raison, on adoptera tout au long de cette analyse, le découpage du pays en
gouvernorats qui constituent le niveau régional.
On examinera rapidement la méthode de l’analyse structurelle-résiduelle avant de
l’appliquer au cas tunisien et procéder à son examen critique dans un troisième point.
1
La méthode Structurelle-Résiduelle : Principe et formulation
1.1– Le principe
La méthode MSR repose sur le principe que l’évolution régionale est une combinaison
d’une double structure (régionale et sectorielle) et d’un résidu, obtenu par différence, lié aux
facteurs propres de chaque région. La dynamique économique d’une région donnée i peut être
décomposée en trois composantes différentes :
a - La composante régionale (CR) qui représente la part théorique enregistrée dans
une région i au cours d’une période (t - t’) si l’activité régionale (emploi ou population
occupée) avait évolué au rythme national. Une région donnée i se trouve, d’une manière ou
d’une autre, influencée par la dynamique économique globale du pays. La CS exprime la
force d'inertie qui fait que l'emploi additionnel national entre t et t’ se répartit
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proportionnellement au poids initial de chaque région. L'écart observé entre la croissance
réelle et théorique d’une région est l’effet des deux autres composantes: la composante
structurelle et la composante locale, elles forment réunies la Part Nette d’Emploi (PNE),
c’est le Net Employment Shift ( NES) :
b - La composante structurelle (CS) qui exprime l’effet d’une structure initiale
efficiente en un lieu donné i et au temps t, (Proportionality Shift). La dynamique régionale
globale est souvent fonction de la structure économique initiale, une région qui dispose d’une
structure initiale favorable, avec une forte proportion d'activités dynamiques, verrait sa
croissance globale augmenter par rapport à d’autres autres régions dotées de structures moins
favorables.
c – La composante locale (CL) qui exprime l’effet des facteurs locaux propres à
chaque région. Ces facteurs sont liés à la localisation et à la topologie, à l’histoire et aux
traditions, aux ressources matérielles, techniques et logistiques, aux potentialités humaines,
culturelles ou économiques. La CL est déterminée par soustraction, elle est égale à la
différence entre la CR et la CS, (Differential Shif).
1.2– La formulation
a- Composante régionale et part nette d’emploi
La croissance régionale réelle (Er’ - Er) est la somme de la composante régionale (CR)
et la Part Nette d'Emploi, PNE (Net Employment Shift, NES) :
Er' – Er = CR + PNE avec Er' et Er : Emploi régional en t et t'. La Composante Régionale
(CR) s’écrit: CR = Er ((E' - E)/E) avec Er : Emploi régional en t, E et E' : Emploi national en t
et t'.
La Part Nette d'Emploi (PNE) exprime la différence entre la croissance enregistrée
entre t et t’ et la croissance théorique dans une région donnée. Une PNE positive exprime une
dynamique régionale plus rapide que le rythme national tandis qu'une valeur négative reflète
plutôt un rythme régional moins soutenu. Elle s’écrit :
PNE = C.R. R
- C.R.T
avec CRR et CRT : Croissance régionale réelle et théorique
PNE = (Er’ – Er) CR
PNE = (Er' - Er) - Er((E' - E)/E).
En développant la formule, on obtient la relation suivante PNE = Er' - Er (E'/E) avec Er, Er' :
Emploi total régional en t et t'. E, E' : Emploi total en t et t'.
b- Composantes structurelle et composante locale
La PNE se subdivise, à son tour, en deux : une composante structurelle (CS) et une
composante locale (CL) : PNE = CS + CS.
- La composante structurelle s’écrit CS = [Σi ((Ej’/Ej)/Ei) – (E’/E)]Eij
avec Ej, Ej': Emploi national de l'activité j en t et t'. E, E': Emploi national en t et t. Erj :
Emploi régional dans l'activité j en t. Σi : Somme des régions i.
- La composante locale s'écrit: CL = Σi( Erj' - Eri (Ej'/Ej))
avec Erj, Erj' : Emploi régional dans l'activité j en t et t'. Ej', Ej: Emploi dans l'activité j en t et t'.
Σi = Somme des régions i.
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Application de la MSR à la Tunisie
Les données ne sont pas ventilées par branche en 1994 contrairement à 1984 ce qui
nous a obligé à nous limiter aux principaux secteurs d'activité économique (INS, 1984, 1994):
l'agriculture, la forêt et la pêche (AFP), l'industrie manufacturière (IMA), les mines et
l'énergie (ME), le BTP, les services (Commerce, banques, transports, conseils et réparation),
l'administration et les services socio-collectifs comme l’éducation, la santé ou la culture…
(ASSC).
L'analyse de la population occupée entre 1984 et 1994 montre qu’elle s'est accrue de
29,9% grâce aux services en particulier, l'administration et les services socio-collectifs (santé,
éducation, culture...) en général dont les taux ont été de 80% et 41% alors que les activités
secondaires et primaires n'ont progressé qu'à un rythme de 28,6% et 5,6% respectivement
(annexe 1).
L’analyse de la population occupée additionnelle (POA) entre 1984 et 1994 reflète la
consolidation du littoral et de la Capitale Tunis. La dimension régionale se trouve résumée par
le partage du pays en deux : une Tunisie où la population occupée s’est accrue plus vite que le
taux national formée par les gouvernorats de Ariana, Ben Arous, Nabeul, Sidi Bouzid, le
Sahel (Gouvernorat de Sousse et Monastir) et Sfax, Kebili, Gabes et Medenine. Le reste du
pays a enregistré une dynamique plus faible que la moyenne nationale. C'est dans la couronne
tunisoise qu'on a enregistré à la fois les taux les plus élevés (les gouvernorats de Ariana et Ben
Arous) et les plus faibles (le gouvernorat de Zaghouan).
2.1- La consolidation du littoral et le recul de l'intérieur
L’analyse de l’évolution de la part régionale dans la population occupée additionnelle
(POA) entre (1984-1994) d’un côté et de l’écart entre la part théorique et réelle de chaque
gouvernorat de l’autre permet de constater le renforcement de la Capitale Tunis et de l’espace
littoral en général, la dynamique divergente des espaces littoraux et intérieurs et l’évolution
nuancée à l’intérieur de chacun de ces deux ensembles.
a – Le renforcement de Tunis
L’essentiel de la dynamique de la population occupée se trouve accaparée par la
Capitale dont le poids se renforce avec plus de 28,2% de la population occupée additionnelle
(POA) entre 1984-1994 alors qu’elle ne représentait que 22,9% de la population occupée (PO)
en 1984, Tunis a enregistré une POA plus élevée que ne lui permettait son poids en 1984. Le
centre de la Capitale, représenté par le gouvernorat de Tunis, a perdu de son poids au profit
des gouvernorats périphériques de Ben Arous, Ariana et Manouba (annexe 2).
b – La consolidation de la façade littorale
Le littoral a recueilli 81% de cette population occupée additionnelle alors qu’il ne
représentait en 1984 que 67,4% de la population occupée tandis que l’intérieur a vu sa
dynamique se réduire avec 19% de la population occupée additionnelle contre un poids de
32.6% en 1984. La tendance constatée depuis le début des années 1970 se renforce et est
appelée à se consolider durant les années à venir compte tenu de la nouvelle conjoncture
socio-économique de l’ajustement structurel adopté depuis 1986, de la libéralisation, de la
mondialisation et des accords de l’union douanière avec l’Europe, mais aussi des mécanismes
d’inertie et d’accumulation spatiale qui jouent en faveur des espaces littoraux et dynamiques
(Belhedi A, 1992 ). Le Centre-Est constitue le second espace dynamique après la capitale en
attirant 28,1% de la population occupée additionnelle (POA) contre un poids de 21.5% en
1984. Le Nord-Est et le Sud-Est occupent respectivement le 3 et 4 rangs.
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c - Un recul des espaces intérieurs
La plupart des régions de l’intérieur ont enregistré une baisse de leur poids relatif dans
la mesure où ils ont une population occupée additionnelle plus faible que ne leur permettait
leur poids en 1984 et ont vu ainsi leur part reculer entre 1984-1994 (carte1, tableau 1, annexe
2).
Carte 1 : Dynamique de la population occupée régionale 1984-1994
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Régions dont le poids a été consolidé
Régions dont le poids a reculé
Région
%POA
% PO 1984
% PO 1994
Région
%POA
% PO 1984
% PO 1994
Tunis
28.21
22.9
24.1
CO
10.27
13.2
12.52
CE
28.06
21.54
23.04
NO
5.02
14.77
12.52
NE
15.61
15.11
15.22
SO
3.74
4.65
4.44
SE
9.10
7.85
8.14
POA: Population occupée additionnelle. PO: Population occupée.
Source: INS 1984, 1994, traitement personnel
Tableau 1 : Dynamique différentielle régionale de la population occupée additionnelle (POA)
1984 - 1994
d – Une évolution différentielle des régions
Cette dynamique est loin d’être homogène au niveau du littoral qui présente des
maillons faibles. A Tunis, le centre perd au profit de la périphérie, dans le Centre Est, c’est le
Sahel Nord et Central qui gagne des points contrairement au Sahel méridional et Sfax qui
n’améliorent que très faiblement leur position. Dans le Nord Est, le Cap Bon gagne des points
tandis que le Zaghouanais en perd et le Sahel de Bizerte en perd un peu. Toute la façade
littorale orientale renforce sa place exception faite des gouvernorats de Tataouine, Bizerte,
Zaghouan et Tunis-ville. A l’intérieur, deux exceptions à la tendance générale au recul sont à
relever pour les gouvernorats de Kebili et Sidi Bouzid qui ont vu leur place s’améliorer du fait
du développement de l’appareil productif et administratif et de la dynamique agricole pour le
dernier gouvernorat. L’analyse de l’évolution de la population occupée régionale (Er’/Er),
rapportée à la moyenne nationale (E’/E) exprime en détail les résultats (carte 1, annexe 2).
L’analyse de l’évolution du contingent de chômeurs entre 1984 et 1994 montre que les
taux de croissance les plus bas ont été enregistrés par le gouvernorat de Tunis-ville, Bizerte,
Nord Ouest, Monastir et Gabes alors que tous les autres gouvernorats ont eu un taux plus
élevé que la moyenne nationale (annexe 3). Des facteurs opposés se combinent pour expliquer
une telle situation, notamment la dynamique économique (industrielle, services et tourisme)
pour le littoral, l’exode rural et urbain pour les régions intérieures notamment pour le Nord
Ouest.
2.2 – La structure interne des espaces
L’annexe 4 résume les tendances régionales de la Part Nette d’Emploi (PNE) par
activité et gouvernorat. L’analyse menée à l’échelle des grandes régions du pays montre que
la Capitale, le NE, le CE et le SE ont une dynamique nette positive contrairement à l’Ouest
dans sa totalité (NE, CO et SO) qui recule relativement (Cf. annexe 7).
a - Une dynamique spatiale liée à la dynamique sectorielle
La dynamique spatiale s’appuie, en fait, sur les activités motrices à forte croissance
comme l’industrie et les services, voire parfois l’agriculture intensive pour certains espaces
comme Sidi Bouzid et Ariana-Manouba. Le tableau 5 résume la situation en indiquant les
activités qui se trouvent derrière la dynamique régionale de chaque gouvernorat ainsi que les
activités qui ont connu une évolution inverse à la tendance générale de l’espace concerné.
L’activité motrice qui se trouve derrière la dynamique régionale constitue une
véritable «activité-fondatrice». Elle varie selon les régions, c’est l’industrie qui fonde cette
dynamique spatiale dans les gouvernorats de Sfax, Monastir, Sousse et Nabeul, elle s’associe
avec les services et l’administration à l’Ariana et Ben Arous, le BTP et les services à Sidi
Bouzid (tableau 2).
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L’administration vient en premier lieu dans les gouvernorats de Kebili, elle s’associe
avec l’agriculture à Gabes et aux services à Medenine. L’agriculture dynamise Gabes et
Mahdia, elle s’associe à l’industrie au Cap Bon et Monastir. Les services caractérisent plutôt
Ariana et Medenine. Le trinôme industrie-services-administration se trouve derrière la forte
dynamique des gouvernorats périphériques de la Capitale alors que le gouvernorat-centre
observe l’évolution opposée. Pour le gouvernorat de Tunis-ville, le recul est général et touche
toutes les activités à part l’agriculture, suite probablement aux mécanismes de modernisation
et d’intensification d’une agriculture périurbaine de plus en plus orientée vers le marché, les
activités les plus caractéristiques de ce recul sont l’administration et les services suivis par
l’industrie suite aux processus du desserrement et de la décentralisation en oeuvre depuis la
fin des années 1970. Le même schéma, à des nuances près et pour des raisons différentes, se
retrouve à Beja où l’industrie, le BTP et l’administration ont fortement reculé (tableau 2).
L’administration et les services collectifs se trouvent à contresens dans les
gouvernorats de Zaghouan, Kasserine et Tataouine, comme l’industrie et les services à
Kairouan, les services et le BTP au Kef, le BTP et les services à Gafsa. L’industrie se trouve
responsable du recul régional dans les gouvernorats de Bizerte, Beja et Tozeur probablement
suite à la faiblesse des segments industriels dans ces régions. Le recul de l’agriculture marque
certains espaces du Nord Ouest et du Centre Ouest (gouvernorats du Kef, Siliana, Kairouan,
Kasserine) et Tataouine tandis que la crise minière a marqué négativement le gouvernorat de
Gafsa (tableau 2, annexe)
Gouvernorat
Tunis
Zaghouan
Bizerte
Beja
Jendouba
Kef
Siliana
Kairouan
Kasserine
Gafsa
Tozeur
Tataouine
Espaces en recul
Activités en
Activités
amélioration
caractéristiques
AFP
S-ASSC-I
ASSC
I-BTP-AFP
I-ME-ASSC
BTP-S
AFP
I-BTP-ASSC
AFP-BTP
S-I
S-BTP
AFP-I
BTP-S
AFP-I
I-S
AFP-BTP- ASSC
ASSC- -BTP
AFP-I
BT -S
ME-ASSC-I
S-AFP-BTP
I
ASSC
AFP-I-S
Gouvernorat
Ariana
Ben Arous
Nabeul
Sidi Bouzid
Sousse
Monastir
Mahdia
Sfax
Kebili
Gabes
Medenine
Espaces dynamiques
Activités en
Activités
recul
caractéristiques
AFP
S-I-ASSC
I-S-ASSC
ASSC
I-AFP-S
AFP
BTP-S-I-ASSC
AFP-ASSC
I-S
ASSC-BTP
I-AFP-S
BTP-ASSC
AFP-S
S-ASSC
I-ME-BTP
I-BTP
ASSC-S-AFP
AFP-ASSC-S
BTP-AFP
S-ASSC
Les activités sont citées dans l’ordre décroissant de leur importance, I-S-BTP indique que le premier secteur est celui de l’industrie suivi par
les services privés et le BTP. S : Services, A : Agriculture-Forêt-Pêche, ASSC : Administration, Services Socio-Collectifs (Education, Santé,
Culture…), I : Industrie, BTP : Bâtiment & Travaux Publics, ME : Mines & Energie.
Tableau 2 : Dynamisme, activités caractéristiques et types d’évolution des espaces 1984 - 1994
b - Deux ensembles à dynamique divergente : les deux Tunisie(s)
L’examen du tableau 2 montre deux ensembles spatiaux divergents: un ensemble
littoral (avec les gouvernorats de Sidi Bouzid et Kebili) qui se caractérise par une dynamique
structurelle car la structure initiale le prédispose à une forte croissance de la POA. Un second
ensemble intérieur (auquel il faut adjoindre les gouvernorats de Tunis, Bizerte, Zaghouan et
Tataouine) qui est en recul suite à une structure économique handicapante ou à un processus
d’affinage au profit des espaces périphériques comme c’est le cas à Tunis. L’analyse du
rapport PNE/POA permet de confirmer le résultat obtenu, la dynamique nette positive (PNE >
0) se concentre sur le littoral à l’exception des deux gouvernorats de Sidi Bouzid et de Kebili
dont les valeurs, faibles d’ailleurs, s’expliquent surtout par la dynamique agricole, notamment
pour le premier, et administrative essentiellement pour les deux gouvernorats.
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2.3 - La composante structurelle : importance des services
On relève une dichotomie significative au sein des activités économiques opposant les
services aux activités de production en général. Ce sont principalement les activités tertiaires
qui se trouvent derrière la dynamique structurelle régionale dans la mesure où elles ont
enregistré des taux de croissance plus élevés que la population occupée nationale. De l’autre
côté, les activités productives (activités agricoles, industrielles, minières, énergétiques et le
BTP) ont enregistré, toutes, des taux plus bas que la moyenne nationale. Selon la composition
sectorielle initiale, chaque région va être impulsée ou ralentie dans sa croissance1. La structure
économique initiale marque fortement la dynamique régionale, soit vers la hausse lorsque les
activités dynamiques sont prépondérantes, soit vers la baisse lorsque la région se trouve le
réceptacle d’activités peu dynamiques.
Les gouvernorats les plus dynamiques ont enregistré une composante structurelle
positive et sont dans l’ordre décroissant (Cf. annexe 5) : Sousse, Monastir, Ben Arous, Sfax,
Medenine et Ariana. Leur structure économique sectorielle initiale leur donne une population
occupée largement plus élevée que ce qu’ils ont enregistré réellement entre 1984 et 1994. Les
autres gouvernorats ont une composante structurelle (CS) négative. Les valeurs les plus basses
sont enregistrées dans le Centre Ouest suivi par le Nord Ouest, voire même le Cap Bon et le
gouvernorat de Bizerte. Le Sud a observé globalement des valeurs plus faibles, notamment
dans le Sud Est, et se trouve dans une situation intermédiaire2.
La composante structurelle montre quatre foyers moteurs s’appuyant sur les services et
l’industrie et dont l’intensité diminue du Nord au Sud: la capitale dans son ensemble avec les
processus de desserrement et de métropolisation, Sousse et Monastir, Sfax et Medenine.
L’intérieur dispose d’une structure défavorable en particulier le Nord Ouest et le Centre Ouest
tandis que le Sud a une structure qui, sans être favorable, n’est pas trop handicapante.
L’analyse menée à l’échelle des grandes régions du pays3 montre que la capitale, le
NE, le CE et le SE ont une dynamique nette positive contrairement à l’Ouest dans sa totalité
(NO, CO et SO) qui recule relativement (Cf. annexe 7).
La matrice de corrélation entre la composition structurelle initiale des régions en 1984
(part sectorielle) et les taux de croissance 1984-94 montre que les coefficients sont dans la
plupart des cas significatifs, ce qui permet de dire que la composition structurelle est
déterminante dans la dynamique propre de chaque région pendant la période suivante.
La composition structurelle favorise deux espaces : d’abord la Capitale où le
gouvernorat centre de Tunis dispose de tous les atouts structurels mais les espaces
périphériques (Ariana et Ben Arous) arrivent aussi à avoir des valeurs positives; ensuite le
Centre Est notamment les gouvernorats de Sousse et Monastir, exception faite du gouvernorat
de Mahdia qui dispose d’une structure défavorable. Au Sud Est, le gouvernorat de Medenine a
une structure favorable et se trouve entraîné par les structures défavorables de Tataouine et de
Gabes en particulier qui présente probablement les signes d’essoufflement après une phase de
forte croissance industrielle et de services.
1
Evidemment, il faut nuancer la conclusion dans la mesure où la population occupée ne recouvre pas toute la
dynamique économique. D’autres paramètres sont plus significatifs certes comme la production, la valeur ajoutée
ou même l’emploi mais, faute de ces données, la population occupée peut nous servir d’indicateur de dynamisme
économique moyennant quelques hypothèses simplificatrices, que l’emploi est fonction de la population occupée
(PO) et que le rapport entre la population occupée et l’économie (production, valeur ajoutée) est directe et
linéaire.
2
Il est intéressant de noter que la position de chaque espace se retrouve, à des nuances près, un peu partout dans
différentes analyses qui partent d’indicateurs totalement différents comme le niveau d’équipement en
infrastructures (eau potable, électricité, égouts…) ou en termes de niveau de vie (Dépense par Personne /an DPA,
% population pauvre, % logements rudimentaires, équipement du ménage). Cf. A Belhedi, 1992, 1996, 1998.
3
Il s’agit de la Capitale Tunis (avec ses 4 gouvernorats), le NE, le NO, le CE, le CO, le SE et le SO.
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2.4 - La composante locale : deux espaces différenciés
La composante locale (résiduelle, aléatoire ou locale) exprime la part due à la
dynamique propre de chaque région, elle est obtenue par différence entre l’évolution réelle
des différentes activités et l’évolution théorique si chacune d’elles avait évolué au rythme
national. Cette composante exprime plutôt l’attractivité de chaque espace et reflète l’effet de
facteurs spécifiques ou aléatoires qui n’ont rien à voir avec l’évolution générale de
l’économie ou la composition structurelle régionale (Cf. annexe 6).
La composante locale se distribue selon un modèle spatial en écharpe où le littoral, le
Sud Ouest et les gouvernorats de Kairouan et Sidi Bouzid présentent des valeurs positives
tandis que le reste des gouvernorats enregistrent des valeurs négatives exprimant ainsi la
faible attractivité de cet espace. Au niveau des grandes régions, la composante locale joue en
faveur de la façade littorale (NE, CE et SE) exception faite de la Capitale (Cf. annexe 7).
On retrouve globalement le schéma exposé lors de l’analyse de la PNE (Cf. annexe 6).
Les gouvernorats les plus attractifs sont par ordre décroissant la périphérie de Tunis
notamment le gouvernorat de l’Ariana le Cap Bon, tout le Centre Est notamment Monastir,
Sidi Bouzid et Kairouan au Centre Ouest, la majeure partie du Sud (Kebili, Tozeur, Medenine
et Gabes). Les autres gouvernorats font figure d’espaces non attractifs pour diverses raisons
comme le gouvernorat de Tunis-ville, le Nord Ouest, Zaghouan, Kasserine, Gafsa et
Tataouine Paradoxalement, les espaces les moins attractifs sont les gouvernorats de Jendouba
et Tunis, deux espaces symboliques de la structure spatiale de la Tunisie qui présentent le
même effet local pour des raisons totalement opposées.
2.5 - Une typologie spatiale
Si on compare les deux composantes structurelle et locale, on peut distinguer quatre
ensembles spatiaux selon leur attractivité structurelle et locale (tableau 3, carte2, annexe 8):
Gouvernorat
Tunis
Ariana
Ben Arous
Nabeul
Bizerte
Beja
Jendouba
-Kef
Siliana
Kairouan
Kasserine
Sidi Bou Zid
Sousse
Monastir
Mahdia
Sfax
Gafsa
Tozeur
Kebili
Gabes
Medenine
Tataouine
Pays
Variation PO
46823
62308
41528
54348
28530
11651
11664
1761
1735
24680
6300
23882
39005
37522
22788
50557
9765
4018
6176
21007
25048
2583
534190
CR
69933,7
31090
21219
40664,9
30396,2
21739,3
24317
17242
15588,3
31565,4
19717,9
19200,6
25605,8
22406,2
21440,3
45628,7
14066,3
4850,2
5941,7
16036,9
19395
6494,9
534190
PNE
-23110,7
31218
20309
13683,1
-1866,2
-10088,4
-12653
-15481
-13853,3
-6885,4
-13417,9
4681,4
13399,2
15115,8
1347,7
4928,3
-4301,3
-832,2
234,3
4970,1
5653
-3911,9
0
CS
25257,4
1172,6
2591
-5206,5
-454,5
-5756,7
-4576,6
-7603,5
-6744
-7726,3
-7072,8
-8174,2
4653,8
2840,1
-5000,4
2086,6
-3417,8
-2823,5
-2196,2
-2151,2
1302,5
-924,8
-39231
CL
-48368,1
30046,5
17743,9
18889,6
2679,3
-4331,6
-24132,3
-7890,5
-7109,4
840,9
-6345,1
12855,6
8745,4
12275,7
6348,1
2841,7
-9755,9
1991,9
7121,3
7121,3
4350,6
-5150,1
0
Tableau 3 : Résultats de l’analyse structurelle-résiduelle
9
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
- Des espaces à structure initiale favorable et à forte attractivité régionale (CL > 0,
CS > 0): on y trouve la périphérie de Tunis avec les gouvernorats de Ariana et Ben Arous, les
gouvernorats de Sousse, Monastir et Sfax au Centre Est; enfin celui de Mednine au Sud. A
l’échelle des grandes régions, on retrouve le Centre Est qui appartient à ce groupe. Ce sont des
espaces dont la structure sectorielle initiale est très favorable où les activités dynamiques sont
très représentées (services, industrie, agriculture intensive..) et dont la situation se trouve aussi
attrayante.
Carte 2 : Typologie des espaces selon l'analyse structurelle - résiduelle
- Des espaces à structure initiale favorable mais peu attractifs (CS > 0, CL < 0): il
s'agit du gouvernorat de Tunis dont la structure est une des plus favorables mais la congestion
et les déséconomies font qu’il est de moins en moins attrayant. A l’échelle des grandes
régions, on trouve l’ensemble de la Capitale dans cette catégorie.
- Des espaces attractifs à structure défavorable (CS < 0, CL > 0) : on a le gouvernorat
de Nabeul, Bizerte, Kairouan, Sidi Bouzid, Mahdia, Tozeur, Kebili et Gabes. A l ‘échelle des
grandes régions, on a le Nord-Est, le Sud Ouest et le Centre Ouest dans ce cas.
10
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
- Des espaces à structure initiale défavorable et peu attractifs (CS < 0, CL < 0) qui
sont composés par les gouvernorats de Zaghouan, Kasserine, Gafsa et Tataouine ainsi que
tout le Nord Ouest. A l’échelle des grandes régions, on trouve le Nord Ouest et le Sud Ouest
qui ont connu ce type d’évolution. Le tableau 9 et la carte 2 résument la typologie des espaces
selon la CS, la CL et la PNE.
Au terme de cette analyse, la méthode structurelle-résiduelle nous a permis d’identifier
les différentes composantes de la dynamique économique régionale en Tunisie entre 1984 et
1994, en nous appuyant sur la population occupée, d’analyser l’évolution des différentes
régions et de procéder à une typologie spatiale très intéressante et significative du
fonctionnement actuel de l’espace tunisien. Seulement l’analyse structurelle-résiduelle bute
devant certains problèmes qu’il convient de traiter dans le point suivant.
3
Critique de la méthode structurelle-résiduelle
Jusqu’ici la méthode structurelle-résiduelle nous a permis de décomposer la
dynamique économique régionale, mesurée par la population occupée, en trois composantes
identifiées successivement par soustraction en s’appuyant sur des hypothèses implicites
parfois problématiques. C’est ainsi que la composante régionale est identifiée sur la base
d’une croissance régionale théorique conforme au rythme enregistré au niveau national, la part
nette d’emploi est déterminée par soustraction de cette composante régionale de la croissance
réellement observée. De la même manière, la seconde composante (structurelle) se trouve à
son tour calculée sur une base théorique tandis que la dernière composante (locale) se trouve
représentée par la valeur résiduelle.
La méthode structurelle-résiduelle mérite d’être confortée dans ses présupposés et ses
résultats. En effet, elle procède par addition des composantes dont la détermination s’effectue
pas soustraction au niveau de la PNE et de la CL. La composante régionale est d’emblée
acquise et la PNE est obtenue par simple soustraction entre la croissance réelle (Er’ – Er) et
théorique (CR) tandis que la CL est calculée à son tour par soustraction entre la PNE et la CS.
Ainsi deux composantes fondamentales (CS et CR) se présentent en termes théorique selon
des taux homogènes de croissance calés sur le niveau national que ce soit pour les régions ou
pour les différentes activités économiques. Les deux autres composantes (PNE et CL) se
trouvent fixées par simple soustraction.
On peut penser aisément que la dynamique d’une activité économique régionale
donnée est en fait, la combinaison de la dynamique régionale globale qu’on peut mesurer par
le taux de croissance régionale (TCR) et de la dynamique sectorielle des différentes activités
au niveau national exprimée par les différents taux de croissance sectorielle (TCS) durant une
période donnée. On peut facilement utiliser ici la corrélation multiple pour valider ou infirmer
les résultats obtenus par l’analyse structurelle-résiduelle.
On peut utiliser le modèle linéaire lorsqu’on travaille sur les taux annuels de
croissance. L’analyse montre que le résultat est très satisfaisant puisque la corrélation est très
significative au seuil de 99% (0,86) et la variance expliquée est de 74,5 %.
La relation obtenue est : TCAa = 0,85 TCRa + 1,145 TCSa – 0,021 où TCAa, TCRa
et TCSa sont les taux annuels (a) de croissance de l’activité j dans la région i, de la région i et
de l’activité j au niveau national. En outre, la composante structurelle apparaît plus
déterminante dans la dynamique régionale, la corrélation partielle est de 0,86 avec le TCS
contre 0,34 pour le TCR tandis que la pente dans la régression y est plus importante aussi
(1,145 contre 0,085 pour la composante régionale). Les résidus de la régression peuvent être
interprétés comme l’effet des facteurs locaux spécifiques ou aléatoires.
11
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
On peut aussi penser à un modèle multiplicatif dans la mesure où les deux
composantes peuvent avoir un rapport fort complexe de synergie. A ce niveau, le modèle le
plus simple est celui de la puissance mais on se trouve confronté à un problème de données.
Pour déterminer les paramètres de l’équation de régression, on est amené à utiliser les
logarithmes, ce qui ne nous permet pas d’utiliser les taux annuels de croissance qui sont
souvent négatifs (Cf. annexe 3). Pour cette raison, on a utilisé les taux globaux (g) sur
l’ensemble de la période (1984-1994).
L’analyse conforte largement les résultats obtenus ci-dessus avec une corrélation
multiple très significative au seuil de 99% (0,86) et une variance expliquée de 74,3%. La
relation obtenue est de la forme : TCAg = 1,26 TCRg 0,89 TCSg1,17 avec TCAg, TCRg et
TCSg sont les taux de croissance globale (1984-1994) de l’activité considérée j dans la région
i, de la région i et du secteur j au niveau national. La corrélation partielle entre le TCAg et le
TCSg est aussi élevée (0,83).
Les valeurs de la corrélation multiple, celles des pentes et de la corrélation partielle
avec la composante structurelle sont très proches dans les deux modèles utilisés, ce qui
exprime probablement une stabilité structurelle des composantes considérées. L’analyse de
régression nous permet ainsi de dépasser certaines lacunes de l’analyse structurelle-résiduelle
et de fonder les résultats sur des hypothèses plus solides : la dynamique économique régionale
n’est, en définitive, que la combinaison des différentes composantes. L’analyse de régression
montre aussi que le composante structurelle est, du moins dans le cas tunisien, plus
déterminante dans la dynamique économique que la composante régionale.
Conclusion
L’analyse a montré l’important clivage entre une Tunisie littorale plus dynamique et
une Tunisie intérieure qui l’est moins avec une structure économique souvent handicapante.
On peut relever que l’évolution récente observée entre 1984 et1 1994 est susceptible de
renforcer davantage certains déséquilibres déjà existants comme la littoralisation croissante de
l’économie et la tendance à la concentration des activités motrices et dynamiques.
Des actions de restructuration et de modulation sont de plus en plus incontournables
pour pouvoir corriger certaines tendances fâcheuses et déséquilibrantes appelées à s’accuser
davantage avec la mondialisation croissante, la privatisation et le désengagement de l’Etat à
l’approche de la mise en œuvre terminale de l’accord avec l’Union Européenne en 2008. Les
espaces les mieux nantis se trouveront encore une fois de plus, mieux placés pour l’avenir
pour faire jouer leurs avantages comparatifs.
L’analyse montre aussi que la dynamique spatiale ne saurait être analysée qu’en
termes de différenciation des activités et des espaces: la croissance différentielle des activités
et la transformation structurelle des économies régionales. L’évolution enregistrée entre 1984
et 1994 se trouve très marquée par la structure économique initiale (observée en 1984) qui
détermine dans une grande mesure l’évolution postérieure (entre 1984 et 1994).
Sur un autre plan, l’analyse révèle que la population occupée constitue, en l’absence
de données complètes ou sérieuses sur l’emploi ou d’autres agrégats économiques plus précis
comme la valeur ajoutée, un indicateur significatif et pertinent de l’évolution économique
régionale à condition de tenir compte du chômage et de son évolution. En effet, les données
du chômage permettent de compléter celles relatives à la population occupée et de tenir
compte de l’évolution globale de l’économie régionale et nationale.
En outre, l’analyse de la régression multiple montre que la dynamique économique
régionale est plus liée à la dynamique sectorielle et à la structure initiale de la région
considérée beaucoup plus qu’à la dynamique régionale dans son ensemble ce qui pourrait
12
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
nous permettre de revisiter la méthode structurelle-résiduelle dans sa formulation initiale. En
effet, le schéma classique procède par soustraction successive, d’abord de la CR, ensuite de la
CS pour retrouver enfin de parcours la CL ce qui donne la priorité implicitement à la
dimension régionale alors que l’analyse de régression a montré clairement que c’est plutôt la
composante structurelle qui est la plus déterminante.
La régression multiple nous a permis surtout de mettre les deux composantes
(régionale et structurelle) sur un pied d’égalité sans aucune hypothèse préalable. Il reste
cependant, à multiplier ce type d’analyse dans différents espaces et sur de longues périodes
pour pouvoir nuancer entre les modèles utilisés, valider ou infirmer les résultats obtenus dans
notre cas.
Références bibliographiques
Aydalot Ph - 1985 : Economie régionale et urbaine. Economica.
Beguin H – 1979 : Méthodes d’analyse géographique quantitative. Litec, Droit. Paris,
Belhedi A – 1992 : Société, espace et développement en Tunisie. 262 p. PUT, Tunis.
Belhedi A – 1998 : Repères pour l’analyse de l’espace. Cahiers du Ceres, Série Géographique.
Belhedi A – 2000 : Littoralisation et mondialisation: état des lieux et enjeux. RTG 30.
De Brabander G, Verbist G – 1992: Housing and employment in the Antwerp region. Antwerpen, UFSIA cite
par Servais et al.
Derycke P-H – 1998 : One some methodological and theoretical aspects of regional growth modelling in the
work of Jean Paelinck. Cybergeo, 44, 05/02/98.
Derycke P-H (Edit) – 1992: Espaces et dynamiques territoriales. Edit Economica.
Fisher A - 1973 : Recherches sur la croissance industrielle régionale, la Shift and Share Analysis: étude critique.
in « Analyse de l'Espace », 1973, 3, pp: 18-30.
Haggett P – 1973 : L’analyse quantitative en géographie humaine. A Colin.
INS : Recensement de la population et de l'habitat 1984, 1994.
Merenne-Schoumaker B – 1991 : La localisation des industries. Nathan Université, coll. Géographie
d'Aujourd'hui. 192 p, Cf. pp: 40-42. Cf. aussi édition 2002.
Sanders L, Durand-Dastes F – 1985 : L’effet régional : les composantes explicatives dans l’analyse spatiale. 48
p, 10 tab, 22 fig, Reclus, Modes d’Emploi, n° 4.
Servais M, Thomas I, Van Dyck H, Verhetsel A – 2004 : Polycentrisme urbain : une réalité spatialement
mesurable ? Cybergeo, 268, 07/04/2004 21 p.
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Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
Annexes
Population occupée
Agriculture, forêt & pêche (AFP)
Activités secondaires
Industrie manufacturière (IMA)
Mines & énergie (ME)
BTP
Activités tertiaires
Services (Ser)
Administration & Services Socio-Collectifs (ASSC)
Non Déclarés
Chômage
1984
1786400
475370
620600
365320
38030
237490
595300
333950
271380
95100
245200
1994
Evolution en %
2320610
29.9
501989
5.6
798200
28.6
455716
24.7
36764
- 3.3
305761
28.8
985900
65.6
600515
79.8
385344
42.0
35520
-62.7
378406
54.3
Source : INS, 1984, 1994, traitement personnel
1 : Evolution de la population occupée par branche d’activité 1984 – 1994
Espaces
attractifs
Ariana
Ben Arous
Nabeul
Sidi Bouzid
Sousse
Monastir
Mahdia
Sfax
Kebili
Gabes
Medenine
Croissance régionale
> moyenne nationale
30.0
28.6
10.1
7.3
15.6
20.2
1.9
3.2
1.2
9.3
8.7
Espace
répulsif
Tunis
Zaghoua
Bizerte
Beja
Jendouba
Kef
Siliana
Kairouan
Kasserine
Gafsa
Tozeur
Tataouine
Croissance régional
<moyenne national
-9.9
-28.3
-1.8
-13.9
-15.6
-26.8
-26.6
-6.5
-20.3
-9.1
-5.1
-18.0
Source: INS 1984, 1994. Traitement Personnel
2 : Rythmes de croissance de la population occupée régionale 1984-94.
(taux régional–taux national)x100,
(Er’/Er–E’/E)x 100
14
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
Gouvernorat
AFP
IMA
ME
BTP
SERV
ASSC
ND
POC
CHOM
Tunis
9,7
8,1
-6,9
2,1
52,4
19,4
60,5
20
35,1
Ariana
1,6
66,5
39,1
45,6
126,6
70,9
-20,6
59,9
81,8
Ben Arous
25,6
60
39,7
45,1
104,8
65,9
-60,2
58,5
57
Nabeul
18
63,8
21,1
32,8
93,8
26
-40,8
40
82,3
Zaghouan
-6,7
-25,5
-26,2
-13,7
74,8
50,5
-54,6
1,6
179,2
Bizerte
4,1
40,8
5,7
10,9
67,1
56,8
-31,7
28,1
39
Beja
24,1
-7,7
-18,5
4,7
64,2
22,9
-75,9
16
33,1
Jendouba
19,8
-41,1
-36,8
46
-19,1
42
-67,8
14,3
-11,4
Kef
-20,7
-33,7
-32,8
50
109,2
46,2
-78,2
3,1
34,4
Siliana
-14
-14,9
-30
44,3
98,2
21,2
-87,1
3,3
48,8
Kairouan
-8,6
62,9
25,4
24,5
1016
33,6
-9,1
23,4
117,3
Kasserine
-25,5
-1,4
25,2
33,8
104,6
90,1
-79,3
9,6
76,1
Sidi Bouzid
-2,3
103
75,5
97,4
153,5
82,2
-73,8
37,2
65,5
Sousse
-9
54,3
51,1
28
106,8
28,1
-50,6
45,6
64,1
Monastir
35,6
70
3,1
14,6
91,8
24,9
-63
50,1
27,5
Mahdia
33,2
25,4
46
5,4
94,2
33,5
-66,5
31,8
114,7
Sfax
7,9
41,9
58,9
38
62
36,4
-74,6
33,1
61,3
Gafsa
8,7
-0,4
-36,1
52,8
94,4
-6,4
-78,6
20,8
62,8
Tozeur
37,7
-41,7
100,7
76,6
171,8
69
-93
24,8
91,5
Kebili
19,7
-29,5
80
9,5
151,1
118,2
-89,7
31,1
95,4
Gabes
36,9
28,2
101,1
35,9
92,7
63,8
-83,5
39,2
39,5
Medenine
1
25,1
14,4
12,4
120,1
53
-52,9
38,6
93,4
Tataouine
-29
11,1
30,9
22
53,6
99,4
-84,9
11,9
77,6
Pays
5,4
24,7
-3,3
28,7
79,8
42
-62,6
29,9
54,3
AFP : Agriculture, Forêt, Pastoralisme. IMA : Industrie Manufacturière. ME : Mines & Energie. BTP : Bâtiment et Travaux
Publics. SER : Services.
ASSC: Administration, Services Socio-Collectifs. ND : Non déclarés. POC : Population Occupée. CHOM : Chômage.
Source : INS 1984, 1994, traitement personnel
3 - Taux de croissance globale (1984 – 1994) par activité et gouvernorat en %
Gouvernorat
Tunis
Ariana
Ben Arous
Nabeul
Zaghouan
Bizerte
Beja
Jendouba
Kef
Siliana
Kairouan
Kasserine
Sidi Bouzid
Sousse
Monastir
Mahdia
Sfax
Gafsa
Tozeur
Kebili
Gabes
Medenine
Tataouine
Pays
AFP
138
-710
1156
6235
-1399
-401
5350
3918
-5494
-4160
-6309
-8612
-2883
-1723
2786
8196
983
288
1238
1146
3470
-750
-2462
0
IMA
-8860
9035
6881
9924
-3495
3574
-3201
-8138
-4584
-2416
5034
-2317
3568
6584
11358
83
6488
-1321
-1761
-1449
440
37
-2442
0
ME
-190
840
672
276
-121
151
-118
-462
-640
-184
170
131
244
511
54
197
1431
-4212
156
167
668
150
110
0
BTP
-5146
2522
1037
587
-2205
-2296
-2510
2205
1644
1238
-911
675
5822
-92
-1461
-2362
1420
1212
837
-533
558
-2017
-224
0
SERV
-20932
10498
4651
3306
-166
-1824
-1412
-21186
1717
888
2415
1479
3861
5261
1730
1223
-5820
993
1756
1532
1183
5822
-1219
0
ASSC
-13719
5263
3208
-2617
325
2183
-1924
2
316
-1397
-965
2884
2475
-2106
-2183
-677
-1141
-6428
738
1974
1710
922
1458
0
ND
341
2597
140
1178
73
1292
-517
-470
-850
-1078
1407
-585
-233
311
-7
-313
-519
-289
-972
-406
-908
186
-371
0
POC
-23111
31218
20309
13683
-9139
-1866
-10088
-12653
-15481
-13853
-6885
-13418
4681
13399
15116
1348
4928
-4301
-832
234
4970
5653
-3912
0
CHOM
-6223
3099
249
2962
4746
-2721
-2505
-15016
-2433
-506
7121
2595
1016
967
-2365
4349
1057
842
706
946
-1393
1993
464
0
4 - Part Nette d’Emploi (PNE) par activité et gouvernorat
15
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
Gouvernorat
Tunis
Ariana
Ben Arous
Nabeul
Zaghouan
Bizerte
Beja
Jendouba
Kef
Siliana
Kairouan
Kasserine
Sidi Bouzid
Sousse
Monastir
Mahdia
Sfax
Gafsa
Tozeur
Kebili
Gabes
Medenine
Tataouine
Pays
AFP
-777
-4567
-1402
-12122
-2829
-7759
-7008
-6687
-5158
-5251
-11092
-6825
-9163
-2927
-2258
-7214
-9754
-2155
-939
-1959
-2696
-42131
-1758
-116530
IMA
-2451
-1116
-1008
-1311
-359
-1147
-509
-638
-405
-314
-680
-458
-235
-1149
-1294
-671
-1950
-271
-137
-138
-660
-499
-105
-18845
ME
-1755
-658
-518
-376
-176
-558
-259
-459
-721
-229
-196
-153
-103
-312
-276
-133
-764
-4274
-50
-66
-213
-282
-106
-12638
BTP
-224
-173
-73
-169
-60
-148
-121
-147
-90
-92
-247
-154
-98
-153
-120
-117
-178
-58
-20
-32
-90
-142
-38
-2745
SERV
38068
11197
9280
11776
1652
7138
4523
10693
2411
2411
5541
2975
2616
9749
7238
4253
16299
3409
953
1073
4588
7208
2321
166705
ASSC
73356
2199
1625
1983
463
1787
1218
1129
813
813
1382
725
744
1833
1548
964
2459
1606
330
313
947
1017
307
32814
SND
-14640
-5710
-5312
-4988
-842
-3859
-3600
-8468
-4081
-4081
-2434
-3184
-1934
-2388
-1999
-2082
-4026
-1675
-2961
-1388
-4026
-1768
-1545
-87991
CHOM
7889
2760
2296
2589
928
4323
2882
5666
2247
2247
2760
2906
2222
2418
2149
1758
3688
2442
464
562
222
1246
488
59884
Total
25257
1173
2591
-5206
-2150
-4546
-5757
-4577
-6744
-6744
-7726
-7073
-8174
4654
2840
-5000
2087
-3418
-2824
-2197
-2151
1302
-925
-39231
5 - Composante structurelle (CS) par activité et gouvernorat
Gouvernorat
Tunis
Ariana
Ben Arous
Nabeul
Zaghouan
Bizerte
Beja
Jendouba
Kef
Siliana
Kairouan
Kasserine
Sidi Bouzid
Sousse
Monastir
Mahdia
Sfax
Gafsa
Tozeur
Kebili
Gabes
Medenine
Tataouine
Pays
AFP
138
-710
1156
6235
-1399
-400
5350
3918
-5494
-4160
-6309
-8612
-2883
-1723
2786
8196
983
288
1238
1146
3470
-750
-2462
0
IMA
-8860
9035
6881
9924
-3495
3574
-3201
-8138
-4584
-2416
5034
-2317
3568
6584
11358
83
6488
-1321
-1761
-1449
440
37
-2442
0
ME
-190
840
672
276
-121
151
-118
-462
-640
-184
170
131
244
511
54
197
1431
-4212
156
167
668
150
110
0
BTP
-5146
2511
1037
587
2205
-2296
-2510
2205
1644
1238
-911
675
5822
-92
-1461
-2362
1420
1212
837
-533
558
-2017
-224
0
SERV
-20932
10498
4651
3306
-166
-1824
-1412
-21186
1717
888
2415
1749
3861
5261
1730
1223
-5820
993
1756
1532
1183
5822
-1219
0
ASSC
-13719
5263
3208
-2617
325
2183
-1924
2
316
-1397
-965
2884
2475
-2106
-2183
-677
-1141
-6428
738
1974
1710
922
1458
0
ND
341
2597
140
1178
73
1292
-517
-470
-850
-1078
1407
-585
-233
311
-7
-313
-519
-289
-972
-406
-908
186
-371
0
POC
-23111
31218
20309
13683
-9139
-1866
-10088
-12653
-15481
-13853
-6885
-13418
4681
13399
15116
1348
4928
-4301
-832
234
4970
5653
-3912
0
CHOM
-6223
3099
249
2962
4746
-2721
-2505
-15016
-2433
-506
7121
2595
1016
967
-2365
4349
1057
842
706
946
-1345
1993
464
0
Total
-48368
30045
17744
18890
-6988
2679
-4332
-24132
-7890
-7109
841
-6345
12856
8745
12276
6348
2842
-9756
1991
2431
7121
4351
-5150
0
6 - Composante locale (CL) par activité et gouvernorat
16
Cybergeo : Revue européenne de géographie, N° 310, 9 mai 2005
Grande
Région
Tunis
NE
NO
CE
CO
SE
SO
Pays
Evolution de
la PO
Er’- Er
150659
83389
26811
149872
54862
48638
20559
534190
Composante
régionale
CR
122243
80711
78887
115981
70782
41927
24858
534190
Part Nette
d’Emploi
PNE
28416
2678
-52076
34791
-15622
6711
-4899
0
Composante
structurelle
CL
29021
-11902
-24681
4580.1
-22973
-1774
-8438
-39231
Composante
locale
CL
-579
14580
-43464
30211
7351
6322
-5334
0
Source : INS 1984, 1994, traitement personnel
7 - Evolution de la POA, Part nette d’emploi. Composantes régionale, structurelle et locale par
Grande Région
CS
CS>0
CL
CL>0
CS>0
CS<0
CL<0
CL>0
CS<0
CL<0
PNE > 0
CE, Ariana, Ben Arous, Sousse, Monastir,
Sfax, Mednine
TUNIS
NE, SE, Nabeul, Sidi Bouzid, Mahdia,
Kébili, Gabes
-
PNE < 0
Tunis
CO, Bizerte, Kairouan, Tozeur
NO, SO, Zaghouan, Kasserine, Gafsa,
Tataouine, Beja, Kef, Siliana, Jendouba
Les noms en majuscule représentent les grandes régions, ceux en minuscule les gouvernorats. NO : Grande région, Tunis: gouvernorat de
Tunis. TUNIS : la capitale avec 3 gouvernorats (Tunis, Ariana, Ben Arous, actuellement quatre avec celui de Manouba).
8 - Typologie régionale selon la Part Nette d’Emploi, la composante structurelle et la
composante locale
© CYBERGEO 2005
BELHEDI A., Cybergeo, No. 310, 09 mai 2005
17