Résumé en français: Selon la loi, au Cambodge, la vente de médicaments doit se faire sous le contrôle strict de professionnels de santé et seulement les médicaments Over-The-Counter peuvent être vendus sans ordonnance dans les pharmacies...
moreRésumé en français:
Selon la loi, au Cambodge, la vente de médicaments doit se faire sous le contrôle strict de professionnels de santé et seulement les médicaments Over-The-Counter peuvent être vendus sans ordonnance dans les pharmacies et les dépots pharmaceutiques. Depuis le régime Khmers rouges (1975-1979) et la République Populaire du Kampuchea (1979-1989), un système pharmaceutique anarchique s’est mis en place. Dans la pratique, le client peut se procurer n’importe quel médicament sans prescription dans les différents lieux autorisés mais également dans les cabinets privés ou auprès de vendeurs informels. Cette période de reconstruction post-Khmers rouges, au contact des organisations internationales, correspond à une phase de libéralisation de l’économie, à l’essor du secteur privé et à une augmentation du volume de médicaments en circulation dont la provenance se diversifie de plus en plus.
Dans ce contexte, si nous considérons l’automédication comme un processus d’autonomisation du patient par rapport aux prescripteurs (médecins, infirmiers, sage-femmes, dentistes,..), l’automédication est forte. En effet, aucune consultation médicale formelle précède l’achat de médicament. La plupart des gens vont acheter des médicaments dans le secteur privé, recourent à la médecine traditionnelle ou populaire ou encore puisent dans le petit stock de leur pharmacie domestique. Cependant, cette approche de l’automédication ne permet pas d’analyser le phénomène de façon précise en tenant en compte des spécificités du contexte. Nous proposons d’appréhender l’automédication dans un sens plus large comme le processus d’autonomisation du patient non seulement par rapport aux prescripteurs mais également par rapport à la prise de médicament en général. Cette étude montre que plus de la moitié des personnes ne décident pas leurs traitements : elles décrivent leurs problèmes de santé et les vendeurs proposent un traitement. Finalement, ces derniers maintiennent un fort contrôle sur la distribution des médicaments. Les patients/clients ont une influence sur d’autres aspects de la prise de médicament : ils décident la plupart du temps la durée du traitement, parfois le mode d’administration (comprimés, poudre, « cocktail », sirop, suppositoire), la provenance ou la « force » des médicaments.
Cette étude de cas permet d’illustrer l’importance, pour comprendre l’automédication, de considérer l’organisation locale des soins et le processus d’autonomisation du patient par rapport à la prise de médicaments en général.
Elle s’appuie sur une étude ethnographique réalisée au Cambodge entre Janvier 2015 et Juin 2016 et s’inscrit dans le cadre du projet GLOBALMED (Bénin, Ghana, Cambodge). Des entretiens semi-directifs auprès de 25 familles et un suivi de leur consommation durant 3 mois et demi ont été réalisés. Des entretiens semi-directifs et des observations ont de plus été réalisés auprès d’une trentaine de vendeurs.
Abstract
According to the Cambodian law, the sell of medicine should be under the strict control of health practicians and only Over-The-Counter drugs can be sold without prescription in pharmacies and depots. Since the Khmers rouges regime (1975-1979) and the People’s Republic of Kampuchea (1979-1989), an anarchic pharmaceutical system has been set up. The buyer can finally access to any medicine without prescription in autorized outlets but also in private « cabinet » or through unformal sellers. This post-Khmers rouges phase of reconstruction, with the presence of hundreds international organisations, corresponds to a period of economic liberalization, to the development of the private sector and the growth of the volume of pharmaceuticals in circulation whose provenance are more and more diversified.
In this context, if we consider self-medication as a process of patient autonomization toward prescribers (doctors, nurses, mid-wife, dentists…), self-medication is high. Indeed, no formal medical consultation precede the purchase of prescription medicine. Most of the people first go to a private outlet to buy medicine, use traditional/popular medicine or draw on the small stock of their domestic pharmacy. However, this approach of self-medication don’t allow a precise analysis of the phenomenom of self-medication in Cambodia taking into consideration the context’specificities. Therefore we propose to consider self-medication in a broader way, not only as the patient process of autonomization regarding prescribers but regarding the process of taking treatment in general. This research shows that over half of the patients/clients who purchase pharmaceuticals do not decide their treatment : they describe their health problems and sellers propose a treatment. Finally, sellers keep a strong control of medicine distribution. However, patients/clients have an influence on several aspects of the treatment : most of the time they decide the duration of the treatment, and sometimes they decide the administration mode (pills, powder, « cocktail », sirup, suppositories), the provenance or the « strength » of the medicine.
This study case illustrates how it is important, to understand self-medication, to consider the local organization of the healthcare system and the process of autonomization of the patient regarding the treatment in general.
This study is based on an ethnographic research conducted between january 2015 and june 2016. It is part of the GLOBALMED program implemented in Benin, Ghana and Cambodia. Semi-structured interviews were conducted with 25 mothers and a 3,5 months follow-up of the consumption of medicines of these families has been done. Semi-structured interviews and observations have been conducted also with 30 sellers of pharmaceuticals.