Atelier d'écriture
Quelques productions que j'oserai à peine qualifier de littéraires,souvent inspirées d'Oulipo...
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RechercherDerniers commentairesbeaucoup d'erreurs techniques dans ce dizain ; des vers à 13 et 11 syllabes,
des césures à revoir, manque
Par Anonyme, le 22.10.2021
nous avons référencé cet article sur le site des "secrets de jeanne".
merc i.
Par Anonyme, le 07.07.2021
po
Par Anonyme, le 10.10.2020
bof vraiment , pas terrible
Par Anonyme, le 13.09.2020
j ai trouver: d
Par Anonyme, le 27.04.2020
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Date de création : 30.06.2014
Dernière mise à jour :
01.02.2021
96 articles
Champeaux le 29 janvier 2021
center;">Ma chère petite Jeanne,
Je me permets cette familiarité en m'adressant à toi, car compte tenu de ton jeune âge, tu pourrais être ma petite-fille. Je t'écris pour te faire part de mes doutes concernant ta biographie officielle. On a écrit de nombreux livres sur ta vie ; des historiens sérieux se sont attaqués aux rares documents qui nous sont parvenus et ont publié leurs résultats. Mais j'ai le regret de te dire que de nombreux détails sont pour moi invraisemblables, et s'apparentent davantage à la légende qu'à l'histoire.
J'ai commencé par douter de tes prétendues apparitions de Saint Michel, le même qui avait commandé à l'évêque Aubert d'édifier un sanctuaire sur le mont Tombe, dont on s'accorde aujourd'hui pour reconnaître la marque de la légende. Non ! Je ne peux croire à une telle affabulation ! D'abord parce que je doute de l'existence de l'Archange Saint Michel. Pour moi, cette prétendue apparition est une hallucination, imaginée pour accréditer le reste de la légende. Qu'il t'ai donné pour mission de bouter les anglais hors de France, c'est admettre que Dieu lui-même, s'il existe, a pris parti pour les français contre les envahisseurs, parmi lesquels se trouvent pourtant de bons catholiques ! Je doute également de ton origine et de ta naissance. J'ai pourtant visité ta maison natale à Domrémy, une demeure assez modeste mais rien ne prouve que tu y sois effectivement née. Certains ont même prétendu que tu serais de sang royal ?
Puis , à propos de ton éducation, on n'y mentionne jamais une initiation au maniement des armes ni à la stratégie militaire qui justifieraient par la suite que l'on te confie une armée. Une simple bergère, comme on te présente presque toujours, ne peut s'improviser chef de guerre !
Et ta rencontre à Chinon avec le dauphin Charles ! Tu ne l'avais jamais rencontré auparavant, et pourtant tu l'as reconnu sans hésiter parmi tous les nobles de la cour auxquels il était venu se joindre. Etrange, non ? Les faits d'armes qu'on t'attribue par la suite, à la tête de l'armée, ne me semblent pas davantage crédibles ! Comment peut-on imaginer qu'une frêle jeune fille de dix-huit ans dirige une armée de soudards. C'est méconnaître la mentalité des soldats de l'époque, plus enclins à te culbuter que de se battre sous tes ordres. Et on a pourtant continué de t'appeler « la pucelle » ! Si j'en crois l'histoire , tu aurais eu, entre autres pour compagnon d'armes, le célèbre Gilles de Rais, appelé Barbe-Bleue ,de triste mémoire !
Tu aurais aussi participé au sacre du roi Charles VII à Reims, mais il serait montré bien ingrat par la suite, quand tu as été capturée, emprisonnée et jugée. Pourtant, c'est à ton courage qu'il devait sa couronne.
J'en arrive à la fin, à Rouen, où tu as été condamnée à mort ! Qu'une femme ait été effectivement brûlée vive comme sorcière sur la place du Vieux Marché, c'est sans doute vrai, car à l'époque, d'autres hérétiques avaient subi le même sort ! Mais qui prouve que c'était effectivement toi ? Une substitution aurait pu avoir lieu et tu te serais échappée. Mais il fallait cette mort brutale pour que ta légende se construise. Et ainsi, tu rejoignais la cohorte des victimes célèbres, cruellement assassinées, comme auparavant Socrate et Jésus Christ, et d'autres par la suite. Peut-être as-tu survécu après 1431, peut-être te serais-tu mariée, avec Robert des Armoises, et aurait fondé une famille dont il existe peut-être encore aujourd'hui des descendants ? Pourquoi pas ?
Il faut cependant admettre que l'Eglise officielle, toujours prudente, a mis plusieurs siècles pour reconnaître ta sainteté et te canoniser, puisque tu n'es devenue Sainte Jeanne d'Arc qu'en 1920 ! Ta prétendue virginité a probablement plaidé en ta faveur ? Tu es aujourd'hui un emblème national, à la fois laïc et religieux : Ainsi, j'ai travaillé au lycée public Jeanne d'Arc, à Rouen, établissement laïc, mais de nombreuses écoles privée confessionnelles portent ton nom. Tu as été récupérée politiquement par l'extrême droite française en tant que sainte patronne de la France, et qui chaque année, te célèbre au premier mai. Voila donc ce que je voulais te dire, ma chère Jeanne. Je suis dans le doute, et rien ne pourra maintenant le lever. Mais, ta légende est jolie ; elle me plaît et je la respecte. Finalement, c'est bien qu'il en soit ainsi ! Je t'embrasse avec toute mon affection.
Henri Cabisti
Pour ceux qui voudraient en savoir plus : voir le site « jeannedomremy.fr » qui propose une histoire alternative de Jeanne d'Arc
Audengière de Champeaux
Au village de Champeaux vivait certain poète.
Sortant souvent la nuit, on l'appelait « la chouette ».
Toujours vêtu de noir, coiffé d'une casquette,
Il arpentait les rues, étant toujours en quête,
D'un coup de vin à boire ou bien d'une anisette,
Ou installé au bar, poussant la chansonnette.
Allongé sur la plage, il écoutait les mouettes,
Et composait des vers ou bien des historiettes,
Et aussi des comptines pour garçons et fillettes.
Pour lui, chaque journée, c'était toujours la fête :
« Aimer, boire et chanter », qu'il clamait à tue-tête
En marquant la mesure à l'aide d'une baguette.
Henri Cabisti
Ce poème d'Henri Cabisti fait partie du recueil "Trente-six vues du Mont saint Michel", réalisé en 2017 par l'atelier d'écriture de VVV..
Pour parodier le Chantre d'Apollinaire dont on reprend le même rythme, et les mêmes rimes, voici un texte que vous découvrirez sans peine. La lettrine n'a pas encore été coloriée...
Texte d'Henri Cabisti
Nouvelle tentative de conciliation entre l'écriture et la calligraphie, voici le logostiche1. Il réalise la synthèse entre le monostiche et le logogramme, le premier vulgarisé par Guillaume Apollinaire, le second inventé par Christian Dotremont.
Il s'agit d'un poème monostiche, donc formé d'une seul vers, éventuellement accompagné d'un titre, comme le fameux "Chantre : Et l'unique cordeau des trompettes marines", annexé au recueil "Alcools" d'Apollinaire, que l'on écrit d'une manière énigmatique, en couvrant au maximum le support, comme l'a fait Dotremont dans certains logogrammes.
J'impose au poème la forme d'alexandrin, donc de douze pieds.
Quant à l'écriture, différentes polices pourront être employées pour servir de base au texte : onciale, gothique, ronde, chancelière, … et pourquoi pas gestuelle contemporaine ? De plus, on fera largement appel à la couleur afin de d'harmoniser l'ensemble, et pourquoi pas rajouter une enluminure.
Ce logostiche a été réalisé au cours du stage à Juaye Mondaye en février 2020.
1- Forme et mot inventé par Henri Cabisti (janvier 2020)
La télévision
Quand j’étais enfant, je ne connaissais que des plaisirs minuscules. La société de consommation n’avait pas encore œuvré, et nous n’avions pas de télévision. On se contentait de la radio en écoutant la famille Duraton, ou Zappy Max dans le jeu « Quitte ou double », mais exceptionnellement, on se rendait chez des voisins ou amis qui en étaient équipés.
La première dont j’ai le souvenir est le couronnement de la reine Elisabeth II d’Angleterre, vue chez des voisins de palier. On en avait oublié de manger, pour ne rien perdre du déroulement de la cérémonie. J’étais alors en sixième, et c’était donc en 1953. Pour rien au monde, il ne fallait manquer un tel événement !
Par la suite, en 1958, à l’occasion de la coupe du Monde de foot-ball en Suède, je me souviens avoir suivi plusieurs matches, notamment la demi-finale France-Brésil avec son avalanche de buts avec Just Fontaine et le célèbre Pelé.
Par la suite, je ne manquais jamais un épisode de la série policière « Les cinq dernières minutes », avec le fameux commissaire Bourrel, interprété par Raymond Souplex, qui, juste avant la fin, se frappait dans la main en disant, « Bon Dieu, mais c’est bien sûr … », car lui, il avait trouvé le coupable. J’ai encore en tête la musique de générique de l’émission !
Quand j’étais en vacances à Dieppe, nous allions chez un cousin, à une centaine de mètres, pour voir « Cinq colonnes à la une », émission très populaire de reportages sur des sujets variés présentée par Pierre Desgraupes et ses acolytes.
Dans les années 50, la télévision, c’était une seule chaîne, en noir et blanc, mais c’était si nouveau ! ça représentait vraiment le progrès, et on ne pouvait passer à côté. Un plaisir minuscule.
Marcher dans la neige fraîche
En ce mois de janvier, il a neigé pendant une bonne partie de la nuit. Avant même que je me lève, je le sais, je l’ai deviné : Bien qu’il fasse encore nuit, une lueur inhabituelle filtre à travers les persiennes, et les bruits lointains sont étouffés. En ouvrant les volets, je découvre que le sol est recouvert d’une épaisse couche blanche, formant un tapis qui a arasé toutes les arêtes vives et les a remplacées par des arrondis et des congés. Seules les branches des arbres ont gardé leur forme rectiligne. Aucun être vivant n’est encore venu imprimer sa trace dans cette étendue vierge, pas même un oiseau. Alors, je décide de sortir. Je m’habille chaudement, je chausse mes bottes de caoutchouc, et j’ouvre la porte : Je pose le pied dehors. A chaque pas, j’entends le crissement de la neige qui se tasse dans les crampons de mes bottes. Je m’arrête, et je regarde derrière moi. Je suis le premier à fouler cette surface immaculée et à y laisser mon empreinte, un peu comme si j’avais débarqué sur une île déserte. Un sentiment de solitude m’envahit. Oui ! je suis seul au monde. Encore un plaisir minuscule !
La pêche aux étrilles
Seulement quelques jours par an, la mer se retire assez loin pour découvrir des zones qui restent habituellement immergées. C’est en ces endroits que je pratique la pêche aux étrilles. Ce sont de petits crabes de couleur grisâtre, très agiles et très combatifs, qui se déplacent très vite dans l’eau. Quand le temps le permet : à savoir pas de pluie, température assez douce, et surtout pas de vent, je m’équipe de bottes en caoutchouc bien étanches, je m’arme d’un crochet pour soulever les pierres, j’emporte un seau destiné à recevoir la pêche, et environ deux heures avant la basse mer, je pars en voiture pour Jullouville. Je stationne assez loin du centre, et je descends sur la plage, tout équipé. Il faut marcher environ vingt minutes sur le sable de l’estran avant d’atteindre les rochers. Puis, escalader cette zone hérissée, couverte de balanes, pour parvenir enfin sur les lieux de pêche, découverts seulement en grande marée. La mer en se retirant a laissé de larges flaques d’eau, peu profondes, au fond sableux, parsemés de pierres, plus ou moins grosses. C’est dessous que se cachent les étrilles. Quand les conditions sont favorables, il suffit avec le crochet d’en soulever une, et aussitôt surgissent deux voire trois étrilles, qui se sauvent en courant dans l’eau pour rechercher un nouvel abri. Dans d’autres cas, il faut soulever des dizaines de cailloux, des centaines même parfois, avant de voir une seule étrille s’en écarter en courant ! dans ce cas, la pêche sera maigre ! Quand le crabe est donc à découvert, sur le fond sableux, il suffit de le poursuivre. Mais il est très rapide, et le moindre trouble de l’eau le cache à votre vue. Quand il se voit en difficulté, il se retourne pour vous faire face en écartant les pinces. Si vous approchez votre main pour le saisir, il referme brutalement ses pinces, et vous le relâchez ! Si vous approchez l’extrémité de votre crochet, il peut la saisir et ne la lâche pas. Vous pouvez ainsi le sortir de l’eau et le laisser tomber dans votre seau. Mais le plus sûr, est de le prendre à la main par derrière, là où ses pinces ne peuvent vous atteindre, et ainsi, vous le sortez de l’eau et le déposez dans votre seau… Avant de le conserver, je m’assure que ce n’est pas une femelle avec des œufs, ou encore un exemplaire à la carapace molle en train de muer. Parfois, on les trouve immobiles, enfouies dans le sable et bien cachées ; seuls des yeux experts peuvent les détecter. Alors, il est très facile de s’en emparer en les attrapant sur les côtés de la carapace.
Si les conditions sont favorables, en une heure de pêche, vous pouvez remplir votre seau, soit une trentaine d’étrilles, de quoi faire un bon repas, avec une bouteille de vin blanc. Encore un plaisir minuscule !
Le figuier
Pendant longtemps, j’ai cru que les figuiers étaient des arbres méditerranéens, et qu’ils poussaient seulement dans le sud de la France, jusqu’au jour où, arrivé à Champeaux, je découvre des figuiers dans cette région. Quelle surprise ! Alors je décidai d’en planter un dans le champ situé au Hamel. L’automne suivant, j’en choisis un exemplaire robuste dans une jardinerie, et le vendeur m’affirma que je récolterai des fruits dès l’année prochaine. Aussi, je creusai un trou assez large et profond pour y accueillir les racines, et je le plantai. Quand arriva le printemps suivant, les premiers bourgeons éclatèrent, et un peu plus tard de jolies grandes feuilles se formèrent sur les rameaux. Mais pas de fruits ! Je fus très déçu ; j’étais tellement persuadé que j’en récolterai dès la première année, compte tenu de ce que m’avait affirmé le vendeur. L’été passa, puis l’automne, puis l’hiver, et dès le printemps suivant, je surveillai la ramure…Et comme l’année précédente, des boutons se formèrent … Puis, je vis apparaître de petites boules attachées aux branches. Quand les grandes feuilles vertes s’épanouirent, les boules vertes liées aux branches se mirent à grossir…C’étaient le fruits ! je les comptais : trois sur une branche, deux sur une autre, zéro sur celle-ci, … au total, j’en dénombrai une douzaine. Au fur et à mesure de l’avancement de la saison, ils grossissaient mais restaient verts et durs. Puis, au mois d’août, en l’espace de quelques jours, les mieux exposées tournèrent au brun, et puis au violet. En les prenant entre deux doigts, je remarquai qu’elle étaient devenues tendres, donc prêtes à être consommées. Je choisis la plus grosse, celle qui semblait la plus mûre, je la tournai pour la détacher de l’arbre, et enfin, je la tenais en main…Quel plaisir de la porter à la bouche, de planter les dents dans la chair tendre et juteuse, et de la savourer.
Une figue de mon figuier que j’attendais depuis si longtemps ! … Un autre plaisir minuscule !
Le silence
Le matin, juste à l’aube, à la fin de l’hiver, quand le jour commence à poindre, j’aime sortir pour écouter le silence. Alors, je m’assois sur la terrasse, en robe de chambre, et je tends l’oreille : Tout est calme, pas un bruit ! Si ! un loin, venant de l’ouest, je perçois une sorte de grésillement sourd créant un fond sonore qui meuble le silence. Qu’est-ce que cela peut bien être à une heure si matinale ? Il n’y pas de circulation sur la rue ; ce ne sont pas des animaux, … Et pourtant, au loin, on s’amuse à rompre le silence…
C’est la mer ; ce sont les vagues qui inlassablement se brisent sur le sable ou les rochers…Et en se cassant, les rouleaux émettent ce bruit sourd, que l’air transmet jusqu’à mes oreilles, comme pour me rappeler qu’ici, pourtant en retrait de la falaise, nous ne sommes pas si loin de la mer.
Henri Cabisti
Sonnet du pèlerinage
Nous voici arrivés enfin au pied du Mont,
Tous un peu fatigués, les pieds noirs de tangue,
Qu'il nous faut nettoyer, en enlever la gangue,
Et puis se rechausser pour la procession.
Du bas de la grand'rue, lentement, nous montons,
Parmi tous les touristes, parlant toutes les langues,
Les rabatteurs bruyants qui toujours nous haranguent,
Négligeant le respect dû à la religion.
Arrivés au sommet, debout sur l'esplanade,
On attend pour entrer, tournés vers la façade.
Du grand orgue qui ronfle, on entend le graduel.
Puis soudain on se glisse, au fond de la grand nef
Derrière les colonnes, et sous les bas-reliefs
Pour suivre cet office dédié à Saint Michel.
Henri Cabisti
Première promenade
Sur le sentier côtier
Le sentier côtier serpentait au flanc de la falaise ; il descendait, puis montait et plongeait vers la mer avant de remonter à travers les ajoncs, les genets et les prunelliers sauvages. Parfois, entre les feuilles, une trouée laissait entrevoir le paysage de la baie, avec le rocher de Tombelaine et plus loin, à sa droite, la silhouette élancée du Mont Saint Michel. Puis la végétation arbustive faisait place à un tapis de bruyère duquel émergeait un gros rocher couvert de lichens. J'aimais m'asseoir à cet endroit pour contempler le panorama de la baie. Mais cette fois, la place était occupée… Une femme était assise dans le creux du rocher. Bien que je ne la visse que par trois-quarts arrière, je la reconnus aussitôt. Etait-ce possible ? Elle ici, en ce moment ?
Pourtant, il n'y avait aucun doute ; elle avait certes un peu vieilli et de fines rides marquaient la peau de son cou ; ses cheveux noirs, toujours coupés très courts, s'étaient teintés de nuances grisonnantes. Elle se tourna vers moi, me fit un signe de la main, pour m'inviter à m'asseoir près d'elle. Je m'approchais et soudain, elle s'évanouit… La place était vide. Alors, je m'asseyais sur le rocher, le regard perdu dans le vague, et je repassais le film des événements que nous avions vécus ensembles : notre rencontre à Tréboul, les promenades dans les vignes de Chahaignes, la fête de la musique, la dégustation d'huîtres accompagnées de vin de Janières, le tour de l'île de Groix, l'excursion à Ainsa, … et bien d'autres encore aux images plus fugaces ; puis notre dernière entrevue un peu amère dont je n'imaginais pas qu'il s'agissait d'un adieu définitif.
Cette apparition avait été le fruit de mon imagination. Comment pouvait-il en être autrement ? Elle était morte tragiquement depuis plusieurs années déjà, et reposait dans le cimetière de sa ville natale. Quand j'ai appris son décès, un peu par hasard sur Internet, j'ai aussitôt pensé à une grave maladie, ou à un accident de voiture. Pour en savoir davantage, j'ai appelé son père dont je connaissais les coordonnées. La première fois, c'est une employée de maison qui m'a répondu que "Monsieur n'était chez lui... et qu'il rentrerai cet après-midi." J'ai donc rappelé un peu plus tard, et je me suis présenté afin d'obtenir des informations sur la cause du décès de sa fille. C'est ainsi qu'il m'apprit qu'elle avait mis fin à ses jours, qu'elle s'était pendue dans son appartement, et qu'elle n'avait laissé aucun mot d'explication. Bien que le drame ait eu lieu quelques années auparavant, je percevais dans sa voix au téléphone une émotion encore très forte, comme si tout s'était passé quelques jours plus tôt. Ni ses parents, ni ses frères et sœurs n'avaient compris son geste. Tous savaient qu'elle souffrait de dépressions chroniques, et qu'elle avait même séjourné en hôpital psychiatrique, mais de là à imaginer qu'elle irait jusqu'à se suicider ? C'était fin juillet 2012, quelques jours avant de partir en vacances, quelques jours avant de prendre 56 ans !
Quelles en ont été les causes ? Peut-être le stress dans le travail chez Axa ? Peut-être la peur de l'avenir, de vieillir seule ? Peut-être venait-elle d'apprendre une mauvaise nouvelle sur sa santé ? On ne peut que conjecturer ! On compte en France, environ 10 000 suicides par an, ce qui en fait une cause de décès très importante, beaucoup plus importante que les accidents de la route, une cause dont on ne parle que rarement, sauf dans le cas par exemple des employés de France Télécom, harcelés dans leur travail, ou encore des policiers qui disposent d'une arme de service, et dont ils se servent pour mettre fin à leurs jours. Il faut du courage pour se suicider, beaucoup de courage quand on est lucide, et qu'on pense que d'ici quelques minutes, tout sera fini et qu'on aura quitté ce monde pour l'au-delà. Qu'y a-t'il d'ailleurs au-delà ? La félicité ? Quelqu'un qui vous y appelle ? Ou peut-être rien, le vide, le néant, le chaos... J'opinerai plutôt pour cette dernière occurrence. Après la mort, il n'y a rien, ni paradis, ni enfer ; on ne vit qu'une fois, et je ne crois pas en Dieu, tel que les chrétiens, les juifs ou les musulmans nous le présentent. Si un Être supérieur existe et qui aurait créé et organisé l'Univers où nous baignons, nous ne sommes pas à son image, et il ne nous ressemble pas. Il est absurde de lui prêter des sentiments humains, tels que la bonté, la générosité, ... Je ne crois pas à la résurrection des corps à la fin des temps comme nous le promet la religion chrétienne . Y aura-t'il une fin des temps, donc de l'Univers ? Rien n'est moins sûr ! Car s'il existe une question à laquelle on est très loin de pouvoir répondre avec certitude, c'est bien celle-là : L'origine de l'Univers, son hypothétique début ? Sa possible fin ? Ainsi, je ne conçois pas que les musulmans terroristes gagnent leur paradis en agissant comme leur impose le Coran. Mais pas davantage que les chrétiens ont pu massacrer leurs semblables quand ils refusaient leur religion !Alors, essayons de vivre du mieux que nous pouvons, en nuisant le moins possible aux autres et n'attendons rien pour après la mort, car il n'y a rien espérer.
61 – Je me souviens du putsch des généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller qui tentèrent de prendre le pouvoir en France en 61. Ce jour-là, tout le monde regardait en l’air, dans le ciel, redoutant l’apparition des parachutistes.
62 – Je me souviens de la distribution des prix à l’école communale, cérémonie qui clôturait l’année scolaire : Tout le conseil municipal était assis en demi-cercle sur la scène. Les élèves et leurs parents étaient assis dans la salle des fêtes. Le directeur de l’école appelait le maître de chaque classe qui venait se joindre à lui, puis chaque élève, par ordre d’excellence, était invité à monter sur la scène pour recevoir son ou ses prix qui lui étaient remis par le maire, un adjoint ou membre du conseil. Il recevait toujours un livre, et parfois une petite somme d’argent sous la forme d’un livret de la caisse d’épargne, avec bien sûr les félicitations de l’ensemble du conseil et des enseignants.
63 – Je me souviens des Halles avant le trou ! Les bouchers, tabliers maculés de sang, traversaient l’église Saint Eustache, avec les poches pleines de billets, pour aller les déposer dans une petite banque située de l’autre côté, dont le directeur était le père de mon copain Jean Paul.
64 – Je me souviens des bagarres sanglantes dans la cour du collège. Cela commençait par des menaces entre deux élèves, puis très vite, ils s’empoignaient… Alors les autres de la classe, se mettaient en rond autour d’eux et criaient « Du sang ! du sang !… ». Le combat s’arrêtait en général assez vite par l’arrivée d’un pion qui dispersait les spectateurs, séparait les belligérants et leur infligeait deux heures de retenue pour le jeudi suivant.
65 – Je me souviens des leçons de catéchisme. Elles avaient lieu le jeudi après-midi dans des salles situées derrière la chapelle. Les garçons et les filles étaient pour une fois rassemblés dans la même classe, les filles devant, les garçons derrière. Après avoir fait réciter individuellement la leçon, avec l’aide des dames patronnesses, le prêtre prenait la parole et développait le thème du jour. Puis, tout le monde était invité à se lever et à réciter les prières usuelles, que tous devaient connaître par cœur. Et on se séparait.
66 – Je me souviens de certaines techniques employées pour former les équipes de jeu à l’école. On « piétait » : Les deux capitaines se plaçaient face à face sur une même ligne à quelques mètres de distance. Puis à chacun son tour, il avançait son pied pour le placer juste devant le précédent. Le gagnant était celui qui plaçait son pied au-dessus de l’autre. Alors, il avait la priorité pour le choix de ses partenaires.
67 – Je me souviens de l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle en 58. Comme chez moi, on était plutôt de gauche, cette prise de pouvoir ne fut pas accueillie avec joie.
68 – Je me souviens de la visite médicale à l’école. Périodiquement, chaque enfant était envoyé à l’infirmerie pour subir une visite médicale. Un médecin et une infirmière assuraient cette mission : on vérifiait la vue, les dents, le poids, etc. et le médecin avec son stéthoscope écoutait les poumons, car la tuberculose, maladie mortelle sévissait encore. Eventuellement on était même vacciné. C’est à ce prix que les maladies très graves comme la diphtérie, la variole, et la tuberculose ont été éradiquées après la guerre.
69 – Je me souviens à peine de ma première visite au parc zoologique de Vincennes. Le grand rocher était impressionnant.
70 – Je me souviens de ma tante Madeleine. Elle avait perdu une jambe suite aux bombardements de la Grande Ceinture en 1944.
71 – Je me souviens de l’arrivée de la télévision. Le voisin d’en face, revendeur de postes de radio avait installé durant l’été dans sa cour, un poste de télévision sur le toit de sa voiture et des bancs. Ainsi, les passants pouvaient s’arrêter, s’asseoir, et regarder la télévision.
72 – Je me souviens de l’hiver 56, particulièrement froid. Le thermomètre était descendu à
–20 °C au mois de février, et cette température très basse avait duré plusieurs semaines. A cette période, j’étais en quatrième et j’allais au collège en bicyclette, mais jamais je n’ai renoncé.
73 – Je me souviens de l’enterrement de l’année au collège d’Arsonval à Saint Maur des Fossés. . Cette cérémonie était organisée par la classe de terminale MT. Un groupe d’élèves grimés transportait une civière portant le calendrier de l’année qui s’achevait à travers les allées du parc. D’autres poursuivaient les curieux avec des chaussettes pleines de farine. Puis à la fin, le groupe se rassemblait sur le perron de l’établissement et commençait un discours critique sur l’établissement, certains professeurs, des pions étaient pris pour cible avec humour. La dernière cérémonie eut lieu en 1959 ; l’année suivant, elle a été interdite par le proviseur, prétextant que le discours avait été trop virulent.
74 – Je me souviens des matches de catch qui opposaient l’Ange Blanc, masqué et tout en blanc, au bourreau de Béthune, masqué et tout en rouge.
75 – Je me souviens des premiers pas sur la Lune en juillet 1969. J’étais alors consigné à la caserne du 74ème RI au Havre.