dimanche 27 avril 2025

5865

Grâce à ma pratique assidue de la méditation, je n’ai jamais eu aucun mal à faire le vide autour de moi.

 

Les théâtres de Kabuki ayant intégré la mince tolérance à l’art et à l’ennui du spectateur contemporain proposent des sièges pour un acte unique. L’idée me paraît astucieuse et je suis disposé désormais à ne commercialiser que la première page de mes livres. Ensuite, le lecteur pourra vaquer à autre chose et, moi, je me serai quand même fait quelques yens.

 

Au reste, l’avaleur de sabre qui se fait hara-kiri n’a besoin de personne pour croiser le fer.

samedi 26 avril 2025

5864

Assis nu dans l’onsen, à Hakone, je laisse venir mes pensées. Au vrai, il ne m’en vient qu’une : je suis assis nu dans un onsen, à Hakone.

 

Les touristes se prennent volontiers pour des ethnologues. Ils forment pourtant une tribu assez peu digne d'observation.

 

Il n’aura pas su enseigner la langue à ses élèves. En conséquence de quoi, c’est principalement lui, Mallarmé, qui fait aujourd'hui les frais du globish, cet anglais utilitaire et approximatif dont nous usons en voyage entre non-anglophones. Jamais il n’est question de son œuvre dans nos échanges.

vendredi 25 avril 2025

5863

Ici, la pluie n’est pas composée d’eau, du moins pas essentiellement (il y en a quand même un peu). Le vent est un bloc d’air immobile. Certains lavabos sont comestibles, et même savoureux, mais pas tous, il y en a aussi de vénéneux, on se renseignera donc avant pour ne pas avaler n’importe quoi.

 

Ce qui surprend aussi, c’est la prolifération des alligators dans les rues de Tokyo. Les habitants se déplacent sur des échasses pour éviter leurs cruelles morsures.

 

(Il me faut peut-être préciser que, craignant de n’avoir guère le temps de prendre des notes durant mon séjour japonais, j’ai écrit la plupart de ces considérations avant mon voyage.)

jeudi 24 avril 2025

5862

Joyeuse rencontre au Sansakizaka Café, diligemment organisée et animée par une étudiante qui travaille sur mes livres. Hiroko parle un français parfait et son japonais est carrément bluffant.

 

Miam ! Dorénavant, je volerai mon œuf à Kobe.

 

Dans l’immense cimetière de Yanaka, une aire de jeux a été aménagée pour les enfants. C’est au soir, constatant que leurs parents ne viennent pas les rechercher, que les malheureux petits comprennent qu’ils sont désormais orphelins.

 

mercredi 23 avril 2025

5861

J’ai toujours eu le thé en horreur, mais je suis au Japon, je fais donc un effort et, en effet, le whisky est fameux.

 

Plus imperméable que le parapluie, l’ombrelle circonscrit un cercle de grâce où laideur et vulgarité ne peuvent pénétrer.

 

Je ne me donne pas assez d’importance pour craindre que le fatal tremblement de terre tant redouté se produise justement maintenant parce que je suis là. Ma modestie me sauve la vie.

mardi 22 avril 2025

5860

Deux jours à peine sur place et je suis Tokyoïte comme le Tokyoïte. Il ne m’aura pas fallu longtemps ! Je déambule, défile, prends la pose, souris, je fais déjà très bien au Japon le Japonais en France.

 

Ah ! la saison des variétés tardives de cerisiers en pleine défloraison ! Qui ne l’a pas connue ne sait rien de Tokyo.

 

Jardin zen passé au peigne fin. Rien trouvé ? Si ! Trouvé rien.

lundi 21 avril 2025

5859 - Tokyo

Soleil Levant, éblouissant dans la nuit du jet lag.

 

Quel écrivain français contemporain n’a pas écrit son petit roman japonais ? Le risque semble sérieux. Je promets de rester vigilant afin de ne pas me laisser happer par l’engrenage.

 

L’empreinte d’un pied sur le sable du jardin zen. Vendredi ! Encore lui ! N’y aurait-il donc jamais moyen de rester seul ?