forge
forge
n.f. [ lat. fabrica, métier d'artisan ]forge
(fɔʀʒ)nom féminin
FORGE
(for-j') s. f.SYNONYME
- FORGE, HAUT FOURNEAU. Le haut fourneau est l'usine où le minerai est réduit en fonte ; la forge est l'usine où la fonte est transformée en fer. Si dans une même usine on réduit le minerai en fonte, et celle-ci en métal, cette usine prend le nom de forge, quoique sa partie appelée forge soit exclusivement réservée à forger la fonte, c'est-à-dire à la battre avec un marteau pour la transformer en métal [LEGOARANT, ]
HISTORIQUE
- XIIIe s. Nus orfevres ne puet ouvrir sa forge au jour d'apostele [, Liv. des mét. 39]Nature, qui pensoit des choses Qui sont dessous le ciel encloses, Dedens sa forge entrée estoit, Où toute s'entente metoit à forgier singulieres pieces Por continuer les espieces [, la Rose, 16097]Car Vulcanus si lais estoit, Et si charbonnés de sa forge [, ib. 14069]Nous voulons que la forge de deiz [des dés] soit deffendue par tout nostre royaume [JOINV., 295]
- XVe s. Je, Jean Froissart.... me suis de nouveau reveillé et entré dedans ma forge pour ouvrer et forger en la haute et noble matiere de laquelle du temps passé je me suis ensoigné [FROISS., III, IV, 1]Robes de nouvelle forge [façon] [EUST. DESCH., Poésies mss. f° 497]Bailler ses faiz, ou les escripre Sans forge [sans controuver].... [EUST. DESCH., ib. f° 414]
- XVIe s. Le souphre est grandement ennemy de la forge d'argent [PALISSY, 54]Gens de bonne forge [COTGRAVE, ]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, fôge ; provenç. et catal. farga ; espagn. forja, fraga ; portug. forja ; piémontais, forgia ; du latin fábrica, avec l'accent sur fá (voy. FABRIQUE). L'a s'est conservé dans quelques formes romanes, et, chez nous, dans le nom propre, la Farge, qui équivaut à la Forge. Ce qui achève de démontrer cette étymologie, c'est que Forges, nom d'une localité en Normandie, est dit en latin Fabriciae ; que dans une charte de 1286 (Bibl. des chartes, 4e série, t. IV, p. 158) le carrefore des forges est en latin bivium fabricarum ; et que, dans un texte de 790, Forges, hameau de l'arrondissement de Loches, est dit fabricae. Quelque différents que soient les deux mots, il ne reste pas de doute sur l'étymologie. Forge est la forme presque régulière pour fabrica ; il n'y a d'irrégulier que la chute du b ; mais, ica se rendant par ge (pedica, piége), le b est devenu incompatible ; il ne pouvait y avoir fabrge, et le b est tombé.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- FORGE. Ajoutez :
forge
Il se dit aussi du Fourneau où l'on chauffe un métal et de l'Enclume où on le bat. Soufflet de forge.
Il se dit particulièrement de l'Atelier d'un maréchal ferrant. Mener un cheval à la forge. Forge de campagne, La forge portative et les outils des maréchaux ferrants qui accompagnent un corps de cavalerie en marche.
Il s'emploie souvent au pluriel pour désigner les Établissements industriels, les usines où l'on transforme la fonte en fer. Par extension, il se dit d'un Haut fourneau où le minerai est réduit en fonte. Un maître de forges. Le Comité des Forges de France.
forge
Forge à fer, Fabrica ferrea, Ferraria officina.
forge
FORGE, s. f. FORGER, v. a. FORGERON, s. m. FORGEUR, s. m. [2e e muet au 1er et au 3e, é fer. au 2d.] Forge se dit du lieu où l'on forge le fer, et de la boutique d'un Maréchal, d'un Serrurier, d'un Armurier. Forgeron, qui travaille aux forges et bat le fer sur l'enclume. Forgeur, qui forge. "Forgeur d' épées, de couteaux, de ciseaux, de lancettes, etc. Il ne se dit pas de toute sorte d'ouvrages. Au fig. Qui invente. "Forgeur de contes, de nouvelles, de calomnies.
FORGER, au propre, c'est doner la forme au fer, ou autre métal, par le moyen du feu et du marteau. "Forger un fer de cheval, une cuirasse, des assiètes d'argent, des cuillers, des fourchettes, etc. = Au fig. Inventer, suposer, controuver. "Forger un mensonge, un calomnie, une histoire. Forger des mots,des expressions. Forger des nouvelles. = Se forger des chimères, être visionaire. — Se forger des dificultés, ou des monstres, pour les combatre, soit à dessein, soit par crainte. = M. Le Franc dit de Dieu, dans un sens figuré, qui tient du sens propre.
Touché du remords sincère,
Il rompt les fers redoutés,
Qu'il forgea dans sa colère
Pour ses enfans révoltés.
Le Proverbe dit: à force de forger, on devient forgeron: à force de faire un métier, on l'aprend. Fabricando fabri fimus.