Baby #1



La série Yan de Chang Sheng avait pour elle une certaine originalité et un dessin puissant, dans le genre action-réaliste. Mais était-ce alors nécessaire de publier ce Baby-là, première oeuvre de l’auteur taïwanais ? La couverture d’une vulgarité rare semble déjà donner un élément de réponse…
Qu’on se rassure, « Baby » n’est quand même pas le nom de la bimbo en cuir de la jaquette : c’est la dénomination d’un parasite mystérieux, qui transforme ses victimes humaines en monstres mécaniques. Et ce, à toute vitesse : en un an, Taïwan est dévastée et il ne semble plus rester aucun humain dans les décombres. Sauf Elisa, qui survit avec, enfoncé dans la main, ce fameux parasite : elle n’a pas muté, mais semble développer de nouvelles capacités. En arpentant les ruines avec son assistant robotique, elle va rencontrer d’autres survivants…
Tout est bancal dans ce premier tome. D’abord l’invasion généralisée, jamais expliquée ni simplement esquissée. Ensuite, les conditions de survie dans une mégalopole dévastée : d’où vient l’électricité, où trouve-t-on de la nourriture, etc. ? Enfin, les motivations de l’héroïne : elle cherche à comprendre comment fonctionne le parasite de sa main, plutôt qu’à se trouver un refuge. Rien ne va, donc, dans cette histoire, et on ne parlera pas du robot rigolo d’Elisa (qui a envie de rire dans cet album?), ni du moment où les survivants marchent dans un tunnel de plusieurs kilomètres, éclairé et en parfait état, qui sort de nulle part mais dont les militaires présents (par la grâce d’un deus ex machina de plus) sont persuadés qu’il les mènera à la sortie… On pourrait alors se contenter d’admirer l’aisance graphique de Chang Sheng : mais même là, la déception est réelle car on sent que l’auteur cherche encore le bon dosage entre réalisme et style shônen. Ses scènes de combat sont parfois illisibles, certaines cases sont incompréhensibles, et les poses vulgaires qu’il impose à ses héroïnes finissent par être franchement gênantes. On a le droit de ne pas être parfait au premier projet, mais les éditeurs français auraient pu nous épargner cette erreur de jeunesse…
Copyright : BABY. Vol.1 © 2008, 2023 by Chang Sheng © 2025, éditions Glénat
Publiez un commentaire