Laure SALANOVA

Le rôle de la façade atlantique

dans la genèse

du Campaniforme en Europe

Depuis plus d'un siècle, le Campaniforme est défini par des vases en forme de cloche richement décorés, parmi lesquels deux ensembles se distinguent (le standard et les styles régionaux), et un assemblage d'objets hétéroclites : des poignards en cuivre, des plaquettes en roches perforées à leurs extrémités auxquelles on attribue la fonction de brassards d'archer, des pointes de flèches en silex et des parures. Cet assemblage est un épiphénomène car il est rarement complet (Sala- nova, 1998); il ne représente que quelques objets par région, dérisoires par rapport à la quantité de vases connus ; leur répartition régionale ne correspond pas aux concentrations de céramiques ; enfin les matières premières employées pour leur fabrication ne sont généralement pas attestées dans les régions où les vases campaniformes sont abondants (Salanova, 2002). Quiconque veut aborder les problèmes de genèse du Campaniforme doit donc prendre en considération la diversité de ses composantes.

Cette diversité reflète naturellement la pluralité des influences ayant conduit à l'apparition du Campaniforme dans toute l'Europe : il n'y a donc pas une genèse mais des genèses et il est vain de rechercher une théorie explicative unique. Mon hypothèse n'est

pas nouvelle, elle privilégie le Sud-Ouest de l'Europe et plus particulièrement le Portugal (Palliardi, 1919; Sangmeister, 1961 ; Harrison, 1977). Contrairement aux modèles proposés, la démonstration n'inclura cependant qu'une partie du Campaniforme : le standard. C'est en effet en décomposant l'assemblage et en étudiant séparément chacune de ses composantes que nous cernerons ses genèses et les itinéraires des différentes influences qui finissent par s'agréger pour former l'assemblage classique.

Le standard : l'âme du campaniforme

Le standard, que nous avons décrit à maintes reprises (cf. Salanova, 2000), matérialise réellement l'événement campaniforme et ses conséquences sur le plan européen. C'est avant tout un vase très particulier, dont les normes de fabrication sont très strictes et identiques d'un bout à l'autre de l'Europe, alors que nous sommes dans un contexte de céramiques artisanales produites dans un cadre domestique. Plusieurs critères permettent de le reconnaître : couleur rouge brique caractéristique, forme régulière en cloche, décor géométrique simple sans doute garant de son succès (lignes horizontales

Bulletin de la Société préhistorique française

2004, tome 101, n° 2, p. 223-226