Bulletin de la Société préhistorique française 2008, tome 105, no 3, p. 617-621 Luc LAPORTE, Laure SALANOVA, Jean VAQUER et Joël VITAL Des ensembles problématiques de la transition Néolithique-Bronze à la problématique de l’évolution culturelle du Néolithique au Bronze ancien en France : perspectives
La publication d’un article consacré au site de Cassagna 2 (région toulousaine) dans les colonnes du
Bulletin de la Société préhistorique française, sous la direction de Y. Tchérémissinoff, a soulevé de nouveau le problème des ensembles céramiques de transition entre le Néolithique final et l’Âge du bronze (Tchérémissinoff, ce volume). Ce thème avait déjà fait l’objet d’une séance de la Société préhistorique française en 2000 à Saintes, organisée par C. Burnez, J. Gomez de Soto et C. Mordant. Intitulée Du Néolithique au Bronze ancien, cette réunion, dont les actes sont restés inédits, était cependant davantage axée sur les ensembles spécifiques du Bronze ancien et sur les régions occidentales de la France. Le site de Cassagna 2 a soulevé un autre type de questionnement, se rapportant à ce qui précède immédiatement les débuts de l’Âge du bronze et en particulier le rôle du Campaniforme (du phénomène, de l’horizon chronologique, de la culture ou d’une partie de ses composantes ?) dans la formation des ensembles du Bronze ancien. Face aux désaccords suscités par les interprétations émises sur l’assemblage de Cassagna 2, trois d’entre nous (L. Salanova, Y. Tchérémissinoff et J. Vital) ont décidé d’organiser une rencontre pour en débattre. Cette rencontre, qui s’est tenue à Lyon en janvier 2007 et a été accueillie par la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, avait pour ambition de donner un contenu aux derniers siècles du IIIe millénaire av. J.-C. en France, afin de cerner plus précisément les termes de passage entre le Néolithique final et l’Âge du bronze. Cette période charnière est en effet associée par certains chercheurs au Bronze ancien, sinon rattachée au Néolithique final ou encore au Chalcolithique ; d’autres enfin soulignent les conséquences de possibles lacunes documentaires. Il devenait crucial de poser la question de la compatibilité de nos terminologies, exigeant sans doute un effort d’homogénéisation. Même si cet objectif n’a pas été totalement atteint, il nous semble que les participants, et nous tenons ici à les remercier, ont grandement contribué à dresser un panorama plus limpide de la fin du IIIe millénaire et à dégager plusieurs axes de réflexion que nous souhaitons résumer dans cet article final.
Les sources documentaires
Pour cette période très courte, confinée aux derniers siècles du IIIe millénaire av. J.-C., plusieurs auteurs soulignent l’indigence des données (Laporte, Noël, Brunet et al., Vital, ce volume). C’est en partie pour cette raison que les questions liées à cette transition historique sont souvent délaissées dans les recherches actuelles, en particulier dans la moitié nord de la France. Chacune des contributions présentées dans ce volume rend d’ailleurs compte de traditions dans les recherches régionales plus ou moins affirmées sur le long terme : les études effectuées sur ce sujet dans le Midi de la France ou dans le Centre-Ouest s’inscrivent dans la continuité de travaux amorcés au moins dès les années soixante-dix, notamment par J. Guilaine (1967), J. Courtin (1975), J. Gomez de Soto (1980), R. Joussaume (1981), etc. Celles portant sur la vallée du Rhône s’inscrivent dans une dynamique de la recherche somme toute plus récente, et c’est encore plus vrai pour ce qui est du Bassin parisien où cette période a été largement délaissée après les publications de G. Bailloud dans les années soixante et celles de J.-C. Blanchet dans les années quatre-vingt. À l’inverse, certains secteurs particulièrement moteurs il y a quelques dizaines d’années, comme le fut la Bretagne sous l’impulsion de J. Briard,