Thesis by Maria Gyemant

Un sujet peu exploré dans la phénoménologie husserlienne est encore à ce jour le champ des émotio... more Un sujet peu exploré dans la phénoménologie husserlienne est encore à ce jour le champ des émotions, longtemps minoré. Or la publication du volume des Husserliana « Sentiment et valeur » montre que les émotions sont un thème qui préoccupa Husserl durant toute sa vie. La raison de cette invisibilité est moins son manque d'importance aux yeux du phénoménologue que la difficulté de lui trouver une place cohérente. Si les actes cognitifs (perceptifs, judicatifs, mémoriels, imaginatifs) représentent souvent le cas d'étude privilégié eu égard à la visée de connaissance qui y apparaît en majeur, les affects (émotions, volitions, valeurs) obéissent à une autre logique ou, du moins, à une logique plus complexe : non seulement descriptive, mais aussi génétique-dynamique. Ce qui se joue avec les émotions est moins la connaissance d'un objet que les tensions, les satisfactions et les déceptions propres aux processus vécus des forces psychiques et de leurs valeurs pour le sujet. Un tel défi est ici relevé. On identifie les lieux où les émotions entrent en scène en esthétique, dans la pragmatique de l'action et en philosophie de l'esprit, en lien avec sciences cognitives et phénoménologie. Dès lors se profile une ligne directrice nouvelle autour de la complexité de la dynamique émotionnelle et de l'obsolescence conséquente du clivage cognition-émotion.

Un sujet peu exploré dans la phénoménologie husserlienne est encore à ce jour le champ des émotio... more Un sujet peu exploré dans la phénoménologie husserlienne est encore à ce jour le champ des émotions, longtemps minoré. Or la publication du volume des Husserliana « Sentiment et valeur » montre que les émotions sont un thème qui préoccupa Husserl durant toute sa vie. La raison de cette invisibilité est moins son manque d'importance aux yeux du phénoménologue que la difficulté de lui trouver une place cohérente. Si les actes cognitifs (perceptifs, judicatifs, mémoriels, imaginatifs) représentent souvent le cas d'étude privilégié eu égard à la visée de connaissance qui y apparaît en majeur, les affects (émotions, volitions, valeurs) obéissent à une autre logique ou, du moins, à une logique plus complexe : non seulement descriptive, mais aussi génétique-dynamique. Ce qui se joue avec les émotions est moins la connaissance d'un objet que les tensions, les satisfactions et les déceptions propres aux processus vécus des forces psychiques et de leurs valeurs pour le sujet. Un tel défi est ici relevé. On identifie les lieux où les émotions entrent en scène en esthétique, dans la pragmatique de l'action et en philosophie de l'esprit, en lien avec sciences cognitives et phénoménologie. Dès lors se profile une ligne directrice nouvelle autour de la complexité de la dynamique émotionnelle et de l'obsolescence conséquente du clivage cognition-émotion.

L’enjeu de ce travail est de montrer la portée et les limites du concept husserlien d’intentionna... more L’enjeu de ce travail est de montrer la portée et les limites du concept husserlien d’intentionnalité tel qu’il prend naissance dans les Recherches logiques et dans les textes contemporains. Une fois ces limites exposées, nous proposons que la théorie husserlienne de l’intentionnalité soit articulée à une théorie de l’inconscient inspirée des textes de Sigmund Freud. A partir de ces textes nous proposons une cartographie plus complète de l’esprit humain, qui rend compte non seulement de la conscience, mais aussi des phénomènes psychiques qui échappent à une telle description. Une première partie est dédiée au concept d’intentionnalité, que Husserl forge à partir de celui de Franz Brentano, et au problème que ce concept doit résoudre : celui du rapport de l’esprit aux objets qu’il connaît. Nous montrons que le fait de poser la questions en ces termes nous fait passer à côté de la dimension dynamique inhérente aux actes intentionnels. Notre deuxième partie est dédiée à l’étude de cette dimension dynamique à partir des manuscrits husserliens de 1913-1914 sur la tendance, qui témoignent, contrairement à ce que l'on pense traditionnellement, d’une préoccupation constante de Husserl pour le caractère dynamique de l’intentionnalité, une préoccupation déjà présente à cette époque de la phénoménologie dite "statique", donc bien avant les Leçons sur les synthèses passives de 1920 et les textes des années '30 sur l'intentionnalité pulsionnelle. Puisque la dynamique intentionnelle ne peut pas s’expliquer elle-même en termes d’intentionnalité sans s’exposer à une régression à l’infini, en d'autres termes puisque les tendances qui relient les actes intentionnels entre eux, et à l'intérieur d'un même acte relient ses diverses phases, ne peuvent pas elles-mêmes être intentionnelles, nous avons essayé une nouvelle approche du problème par le biais de la théorie freudienne de l’inconscient. C'est ainsi que le concept freudien d’inconscient pulsionnel a pu être articulé à la l’intentionnalité husserlienne, de sorte que la dimension dynamique de celle-ci soit mieux déterminée et expliquée, et que nous ayons une image complète du fonctionnement psychique.
Mots clé : intentionnalité, inconscient, tendance, signification, Wortlaut, pulsion, dynamique, Husserl, Freud.
Books by Maria Gyemant

Freud, une philosophie de l'inconscient, 2023
Parmi les penseurs révolutionnaires du XXe siècle, Sigmund Freud occupe une place particulière en... more Parmi les penseurs révolutionnaires du XXe siècle, Sigmund Freud occupe une place particulière en tant que l’inventeur d’un nouveau courant de pensée, à l’intersection de la psychiatrie, de la psychologie et de la philosophie : la psychanalyse. Conçue au départ comme une nouvelle technique thérapeutique, la psychanalyse freudienne prend au cours des années une dimension théorique de plus en plus complexe et sa portée s’étend, bien au-delà du domaine restreint de la psychopathologie, au psychique humain pris dans sa généralité.
Il est donc non seulement légitime, mais aussi nécessaire de lire Freud dans une perspective philosophique à partir du moment où l’on s’intéresse à la philosophie du sujet en interrogeant ses facultés et son activité psychique. Traditionnellement centrée sur le concept de conscience, une telle philosophie s’ouvre des nouvelles voies de réflexion particulièrement stimulantes à partir du moment où elle prend au sérieux le concept psychanalytique d’inconscient avec tout ce qu’il implique de radicalement nouveau. Voici pourquoi, dans cet ouvrage, je propose une généalogie du concept d’inconscient en montrant comment, en suivant cette voie, Freud s’éloigne progressivement de la médecine pour rejoindre fermement, grâce à sa métapsychologie, les rangs des philosophes importants du XXe siècle.

Husserl et Freud, un héritage commun, 2021
À l’aube du XXe siècle paraissent deux livres qui marquent la pensée européenne : les Recherches ... more À l’aube du XXe siècle paraissent deux livres qui marquent la pensée européenne : les Recherches logiques d’Edmund Husserl, qui ouvrent la tradition phénoménologique, et L’Interprétation des rêves de Sigmund Freud, œuvre inaugurale de la psychanalyse. Ces deux pensées nouvelles de la subjectivité évoluent en parallèle sans jamais se croiser. À leur racine on trouve cependant une même tradition philosophique, dominante au XIXe siècle, puis oubliée : la psychologie philosophique. C'est en cette tradition philosophique, ensevelie par l’histoire, que nous retrouvons le lien véritable entre la phénoménologie husserlienne et la psychanalyse freudienne ainsi que le terrain sur lequel leur confrontation devient pertinente.
Two theories of subjectivity are born with the 20th century : Husserlian phenomenology and Freudian psychoanalysis. Though sharing the same object, their paths never cross. In order to understand their relation, we have to uncover their common source : 19th century philosophical psychology.

Le terme « psychologisme » désigne la prétention de fonder la logique dans la psychologie, la vér... more Le terme « psychologisme » désigne la prétention de fonder la logique dans la psychologie, la vérité dans les lois psychologiques de la pensée en tant qu’activité d’un sujet psychologique. La conséquence souvent déplorée est que la connaissance - et donc vérité – deviennent dépendantes de ce sujet. À la base de ce débat se trouve un paradoxe : d’une part la logique est une des dimensions de la pensée, régie elle-même par des lois psychologiques ; d’autre part, la psychologie prétend être une science et doit donc se soumettre aux lois de la logique. Si les arguments antipsychologistes formulés à la fin du XIXe siècle par Bolzano, Frege et Husserl sont justes nous proposons ici une réflexion sur les effets de cette critique contre le psychologisme sur la psychologie en tant que domaine de recherche philosophique. La psychologie, cette « science des phénomènes psychiques » selon Brentano, se réduit-elle à une prétention psychologiste sur la connaissance ? Ni a-t-il des questions que la psychologie soulève et se donne les moyens de résoudre, qui font de la psychologie un domaine légitime et fécond de la philosophie ? Faut-il, en somme, être psychologiste pour être psychologue ?
Peer reviewed papers by Maria Gyemant

Revue Le Cercle herméneutique « Psychopathologie herméneutique. Dépassement et ouverture », 2019
Microphénoménologie du trauma : sur le caractère indescriptible du trauma et la méthode qui pourr... more Microphénoménologie du trauma : sur le caractère indescriptible du trauma et la méthode qui pourrait nous permettre de le décrire
On entend par trauma, à la suite des recherches de Ferenczi et Freud, non pas un événement objectif qui vient heurter violemment le sujet, mais au contraire, le fait que, pour des raisons variées, un événement ne parvient pas à être enregistré et intégré par le sujet dans son histoire personnelle. Le sujet semble ainsi condamné à rester bloqué dans une posture censée le protéger contre un choc futur, qui est paradoxalement précisément le choc qui finalement n’a pas pu être évité. Le paradoxe du trauma tient donc au fait que les symptômes traumatiques n’apparaissent que dans l’absence d’une expérience effective et consciente du choc traumatisant et que, inversement, si une telle expérience effective a lieu, les symptômes ne se produisent pas.
Si nous acceptons cette explication psychanalytique du trauma, il semble en revanche qu’une phénoménologie du trauma devient problématique. Il sera certes possible de faire une description détaillée des symptômes liés au stress post-traumatique, et il n’est bien sûr pas exclu d’en faire une phénoménologie, c'est-à-dire de prélever une description de ces symptômes tels qu’ils sont vécus en première personne. Mais une telle description du trauma lui-même semble interdite par définition. Car ce qui crée l’effet traumatique est précisément le fait que le trauma n’est pas enregistré comme faisant partie de l’expérience du sujet. Donc une phénoménologie du trauma est-elle possible ?
Je voudrais présenter ici une méthode qui pourrait nous permettre de sortir de cette impasse : celle que Pierre Vermerch appelle la méthode psychophénoménologique et qui aujourd’hui est reprise par Natalie Depraz sous le nom de microphénoménologie. Elle permet, par des entretiens d’explicitation, de rendre explicite ce qui, dans l’expérience vécue, restait implicite et irréfléchi, et pourrait ainsi permettre au sujet de se réapproprier ce qui, au moment du traumatisme, a été vécu sans être réellement enregistré.

Abstract
In the Fifth Logical Investigation, after a series of objections to Brentano’s thesis t... more Abstract
In the Fifth Logical Investigation, after a series of objections to Brentano’s thesis that presentations constitute the most basic type of mental acts, Husserl offers the alternative of a fundamental distinction between objectifying and non-objectifying mental acts. Objectifying acts include the first two Brentanian classes: presentations and judgments. Thus the class of feelings is singled out as the typical model for non-objectifying acts.
However, Husserl changes his mind on this issue in 1913 in his Ideas I. In the § 117 for instance, Husserl states clearly that all acts, feelings included, are objectifying because they all constitute objects. The only difference between feelings and cognitions is that feelings constitute values as their objects. Since all acts are objectifying, the difference is now between kinds of objects rather than kinds of acts.
But according to certain unpublished manuscripts from 1908-1011 the role values play in Husserl’s theory of feelings is still subject to debate. Not only are they dependent objects constructed from objects of simple presentations or judgments, but they are also the sorts of objects that can motivate other acts. So, while feelings are in Husserl always dependent on cognitions, certain feelings can also play a foundational role for cognitions.
Hence the question addressed in this paper: what is the specificity of feelings as mental acts in respect to cognitions, since the relation founding act-founded act can go both ways?
Key words:
feeling-acts, sensory feelings, intentionality, objectifying acts, values, moods, Husserl

Peu nombreuses sont les références philosophiques que l’on peut trouver dans l’œuvre de Freud. Ce... more Peu nombreuses sont les références philosophiques que l’on peut trouver dans l’œuvre de Freud. Celle à Theodor Lipps en est une essentielle, puisqu’elle apparait déjà dans le premier grand ouvrage de Freud, l’Interprétation des rêves, et revient jusque dans ses tout derniers écrits. Si Freud laisse entendre parfois que Lipps défend une conception du fonctionnement du psychique humain similaire à la sienne, mais certainement moins originale, je montrerai dans ce travail que, en un certain sens, Lipps peut être considéré comme un véritable précurseur de la psychanalyse freudienne. En effet, la psychologie de Lipps prend appui sur un concept dynamique d’inconscient que nous retrouvons aussi au centre de la métapsychologie freudienne. Il s’agira dans cet article de montrer d’une part comment Lipps défend une telle psychologie dynamique de l’inconscient face aux deux positions psychologiques dominantes de l’époque : la psychologie descriptive de l’école de Brentano et la psychophysique des élèves de Wundt. Il s’agira ensuite de montrer en quoi la théorie freudienne de l’inconscient repousse encore plus loin que celle de Lipps les limites de la connaissance du psychisme humain.
Few are the philosophical references that we can find in Freud’s works. The reference to Theodor Lipps is one of the most important, as it is already present in Freud’s first important book, The Interpretation of Dreams, and can be found up until his last works. If Freud acknowledges that Lipps promotes a theory of the way in which the human mind works similar to his own, but certainly less original, I will show in this paper that, in a certain sense, Lipps can be considered a true forerunner of the Freudian psycho-analysis. His psychology uses a dynamic concept of the unconscious that can be also found in Freud’s metapsychology. I will show here the way in which Lipps supports his dynamic psychology of the unconscious against the two dominant positions in psychology at that time: Brentano’s descriptive psychology and Wundt’s psychophysics. I will then show how Freud’s theory of the unconscious pushes the limits of our knowledge of the human psyche even further Lipps’s psychology.
Mots Clé: Freud, Lipps, inconscient, moi, representations inconscientes

Brentano’s views on psychology influenced the way philosophy was made at the beginning of the 20t... more Brentano’s views on psychology influenced the way philosophy was made at the beginning of the 20th century. But did this influence spread as far as to give place to Freud’s revolutionary discovery of the psychoanalytical unconscious?
There are reasons to believe that Brentano had a profound influence on Freud. An attentive analysis of Freud’s vocabulary as well as his arguments against “philosophical” objections supports this point rather convincingly. However, Freud was not a philosopher and Brentano’s historical influence does not suffice to transform the Freudian unconscious in a philosophical concept. It is the purpose of this paper to sketch a way to make a philosophical use of Freud’s unconscious by reconstructing the dialogue between Brentano and Freud on a conceptual level. Despite the explicit critique of the unconscious that we find in Brentano’s Psychology from an Empirical Standpoint, I show that Freud never truly opposed Brentano. He rather took Brentano’s descriptive psychology a step further: he introduced a dynamic component to the analysis of the psyche that is complementary to Brentano’s descriptive psychology and could be considered a type of genetic psychology.

C'est dans trois contextes très différents que le nom du philosophe allemand Theodor Lipps est in... more C'est dans trois contextes très différents que le nom du philosophe allemand Theodor Lipps est invoqué comme référence : le débat autour du psychologisme qui a animé la scène philosophique à la fin du XIXe et début du XXe siècle, l’histoire de la psychanalyse, qui note le nom de Lipps comme un des rares noms de philosophes mentionnés par Freud et reconnus explicitement par celui-ci comme l’ayant influencé, et enfin l’esthétique qui fait du concept lippsien d’Einfühlung un de ses instruments les plus importants. Je voudrais donc ici esquisser les lignes principales de la théorie de l’affectivité défendue par Lipps, qui se remarque par la finesse des distinctions conceptuelles qu’elle avance. La thèse principale que Lipps avance concernant l’affectivité est qu’il est nécessaire de maintenir à tous les niveaux une distinction entre sentiments (Gefühle) et sensations (Empfindungen). C'est sur ce point que j’insisterai dans un premier temps. Je discuterai ensuite les cas problématiques pour cette distinction : celui d’abord des sensations subjectives (subjektive Empfindungen) - comme la faim ou la douleur - qui se réfèrent non pas à des objets qui se trouvent en face de nous, mais à notre corps propre, et donc n’obéissent pas au même type de causalité que les sensations ; et ensuite celui des sentiments sensibles (sinnliche Gefühle) - tel le plaisir pris non pas, encore une fois, à des objets extérieurs, mais à des sensations (par exemple le déplaisir qui accompagne une douleur). En suivant le raisonnement de Lipps dans un texte extrêmement clair intitulé Le moi et les sentiments (Das Ich und die Gefühle) , où Lipps discute la position de Stumpf sur la question des sentiments, nous verrons que pour lui les sentiments s’opposent non seulement aux sensations, mais aussi à ce qu’on pourrait appeler d’une manière générale « mouvements de l’âme » (Gemütsbewegungen). Enfin, je reviendrai au concept d’Einfühlung, qui se présente chez Lipps comme un type bien particulier de sentiment (Gefühl).

The use of first person microphenomenological explicitation interviews and their productive cross... more The use of first person microphenomenological explicitation interviews and their productive crossing with third person physiological data is a challenging und urging issue in order to offer an effective and fruitful putting to work of F. Varela’s neurophenomenological hypothesis. In this regard, the present contribution is a first pioneering study as far as the exposition of such a crossed generative methodology is concerned. It is also a new issue insofar as it deals with a case study, surprise in depression, that has not been thoroughly dealt with so far, either in philosophy or in psychopathology.
More specifically, we aim here at offering a generative method of analysis of first person microphenomenological interviews using third person physiological data. So in this study, our challenge is rather to describe this generative first person analysis with the third person physiological framework rather than generatively put to work Varela’s hypothesis, as we did it already in “Cardiophenomenology: an extension of neurophenomenology” (Depraz, Desmidt, under revision).
The approach used in the paper is thus methodological and aims at showing the validity of a generative analysis of first person data based on preliminary first and third person crossed results.
The topic of the paper will be of interest for researchers familiar with neurophenomenology and looking for its effective putting to work and for researchers in quest of a method of analysis of first person data. The present limitations are due to the still preliminary data-results we need to complete. The paper is direclty linked to F. Varela’s neurophenomenological program and aims at extending and reforming it with a cardiophenomenological approach.
Keywords : first person microphenomenological interviews, surprise, generative analysis of first person data, depression, cardiophenomenology, generative categories.
Abstract
The question addressed by this paper is whether, in Freud’s theory of the unconscious, d... more Abstract
The question addressed by this paper is whether, in Freud’s theory of the unconscious, drives and their correlative, repression, are to be qualified as causes or rather reasons for conscious mental phenomena. As causes they would become simple physical phenomena, like neurophysiological connections, as reasons they would lose their unconscious character. I claim that drives function as both causes and reasons, depending on the point of view adopted. This is however precisely the point that has been criticized, with different arguments, by both Brentano and Wittgenstein. This work aims to show that Freud’s theory of the unconscious is immune to this critique because the latter only applies to a descriptive point of view, while drive and repression are dynamic phenomena.
Keywords
Unconscious, drive, repression, cause, reason.

Dans sa Psychologie du point de vue empirique Brentano fonde le caractère scientifique de la psyc... more Dans sa Psychologie du point de vue empirique Brentano fonde le caractère scientifique de la psychologie sur le geste qui délimite le domaine particulier de cette science aux seuls phénomènes psychiques, en excluant les phénomènes physiques. La distinction entre ces deux types de phénomènes devient ainsi essentielle pour le projet brentanien d’une psychologie scientifique.
L’objectif de ce travail est de montrer d’une part que la critique que Husserl fait à la fin de ses Recherches logiques de la distinction brentanienne entre phénomènes psychiques et phénomènes physiques ne tient pas compte entièrement de la finesse de la théorie brentanienne des phénomènes physiques. Il s’agira cependant, par la suite de montrer les difficultés qui découlent précisément de cette conception brentanienne complexe des phénomènes physiques, en particulier ceux qui se présentent sous la forme des sensations. Nous montrerons que la théorie brentanienne des sensations à l’époque de sa Psychologie donne à ces phénomènes un caractère double, à la fois physique et psychique, et met ainsi en danger le projet même de délimiter définitivement le domaine de la psychologie aux seuls phénomènes psychiques.

Philosophie, N° 120 (Editions de Minuit), p. 45-66, 2013
Le titre du § 67 de la Wissenschaftslehre de Bernard Bolzano, « Il y a aussi des représentations ... more Le titre du § 67 de la Wissenschaftslehre de Bernard Bolzano, « Il y a aussi des représentations sans objet », constitue l’intitulé même d’un problème qui a pris l’avant-scène des débats philosophique au tournant du XXe siècle. Cet énoncé se présente en effet comme la négation d’un des principes fondamentaux de la psychologie, telle qu’elle se développe dans l’école de Franz Brentano : pour Brentano et ses élèves, le fait d’avoir un objet fait partie de l’essence même de la représentation.
Mon objectif, dans ce texte, sera de montrer que le débat autour des représentations sans objet est en réalité fondé sur une mécompréhension. Les adeptes de la psychologie brentanienne (en l’occurrence Franz Exner et Kasimir Twardowski, dont je traiterai ici) utilisent le concept de représentation en un sens qui n’est pas celui de Bolzano : ils entendent par représentation essentiellement l’acte psychologique de représenter, alors que ce que Bolzano nomme « représentation en soi » est de l’ordre de la signification idéale.

Investigaciones fenomenologicas, Sep 2013
Dans le § 8 de la 1ère recherche logique Husserl explique qu'est-ce que c'est l'expression (Ausdr... more Dans le § 8 de la 1ère recherche logique Husserl explique qu'est-ce que c'est l'expression (Ausdruck), par opposition à un autre type de signe: l'indice (Anzeichen). Ce qu'est en jeu, c'est la spécificité de l'expression, entendue par Husserl comme une sorte de signe qui présente un caractère clair. Mais afin de determiner l'expression Husserl effectue une opération interpretée par Derrida comme un premier type de réduction: réduction du langage a une forme du soliloque. En d'autres termes, au moment où Husserl doit expliquer ce qu'est un signe linguistique, met entre parenthèses précisément la fonction symbolique des ex-pressions.
Je tiens à souligner dans cet article les raisons qui conduisent Husserl à ce surprenant geste de mettre entre paren-thèses l'une des fonctions les plus essentielles des actes significatifs, la fonction comunicative de contenus intentionnels au moyen de signes dans un contexte intersubjectif. Je montrerai après ce que conduit Husserl à examiner à nouveau cette décision et à la critiquer dans les textes de 1913-1914 lors de la préparation de la deuxième édition des Recherches logiques et publiés aujourd'hui dans le volume XX/2 de Husserliana.
Ce travail porte sur la question du remplissement des visées d'objets idéaux. Dans la VI e Recher... more Ce travail porte sur la question du remplissement des visées d'objets idéaux. Dans la VI e Recherche logique Husserl soulève cette question en introduisant un nouveau concept : le concept d'intuition catégoriale. La connaissance des objets idéaux passe selon Husserl par un remplissement qui se réalise au moyen d'une intuition particulière, dans laquelle l'objet idéal se donne en personne, et qui s'oppose à l'intuition sensible. Dans quelle mesure une telle intuition est-elle possible ? Qu'est-ce qui est à proprement parler intuitionné en elle et comment cette intuition se rapporte-t-elle aux intuitions sensibles ? Telles sont les principales questions que je soulèverai dans cette étude. Ce travail me permettra ensuite de formuler un diagnostic sur les tensions qui persistent dans les Recherches logiques, et qui ne seront résolues que par la réduction transcendantale.
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Thesis by Maria Gyemant
Mots clé : intentionnalité, inconscient, tendance, signification, Wortlaut, pulsion, dynamique, Husserl, Freud.
Books by Maria Gyemant
Il est donc non seulement légitime, mais aussi nécessaire de lire Freud dans une perspective philosophique à partir du moment où l’on s’intéresse à la philosophie du sujet en interrogeant ses facultés et son activité psychique. Traditionnellement centrée sur le concept de conscience, une telle philosophie s’ouvre des nouvelles voies de réflexion particulièrement stimulantes à partir du moment où elle prend au sérieux le concept psychanalytique d’inconscient avec tout ce qu’il implique de radicalement nouveau. Voici pourquoi, dans cet ouvrage, je propose une généalogie du concept d’inconscient en montrant comment, en suivant cette voie, Freud s’éloigne progressivement de la médecine pour rejoindre fermement, grâce à sa métapsychologie, les rangs des philosophes importants du XXe siècle.
Two theories of subjectivity are born with the 20th century : Husserlian phenomenology and Freudian psychoanalysis. Though sharing the same object, their paths never cross. In order to understand their relation, we have to uncover their common source : 19th century philosophical psychology.
Peer reviewed papers by Maria Gyemant
On entend par trauma, à la suite des recherches de Ferenczi et Freud, non pas un événement objectif qui vient heurter violemment le sujet, mais au contraire, le fait que, pour des raisons variées, un événement ne parvient pas à être enregistré et intégré par le sujet dans son histoire personnelle. Le sujet semble ainsi condamné à rester bloqué dans une posture censée le protéger contre un choc futur, qui est paradoxalement précisément le choc qui finalement n’a pas pu être évité. Le paradoxe du trauma tient donc au fait que les symptômes traumatiques n’apparaissent que dans l’absence d’une expérience effective et consciente du choc traumatisant et que, inversement, si une telle expérience effective a lieu, les symptômes ne se produisent pas.
Si nous acceptons cette explication psychanalytique du trauma, il semble en revanche qu’une phénoménologie du trauma devient problématique. Il sera certes possible de faire une description détaillée des symptômes liés au stress post-traumatique, et il n’est bien sûr pas exclu d’en faire une phénoménologie, c'est-à-dire de prélever une description de ces symptômes tels qu’ils sont vécus en première personne. Mais une telle description du trauma lui-même semble interdite par définition. Car ce qui crée l’effet traumatique est précisément le fait que le trauma n’est pas enregistré comme faisant partie de l’expérience du sujet. Donc une phénoménologie du trauma est-elle possible ?
Je voudrais présenter ici une méthode qui pourrait nous permettre de sortir de cette impasse : celle que Pierre Vermerch appelle la méthode psychophénoménologique et qui aujourd’hui est reprise par Natalie Depraz sous le nom de microphénoménologie. Elle permet, par des entretiens d’explicitation, de rendre explicite ce qui, dans l’expérience vécue, restait implicite et irréfléchi, et pourrait ainsi permettre au sujet de se réapproprier ce qui, au moment du traumatisme, a été vécu sans être réellement enregistré.
In the Fifth Logical Investigation, after a series of objections to Brentano’s thesis that presentations constitute the most basic type of mental acts, Husserl offers the alternative of a fundamental distinction between objectifying and non-objectifying mental acts. Objectifying acts include the first two Brentanian classes: presentations and judgments. Thus the class of feelings is singled out as the typical model for non-objectifying acts.
However, Husserl changes his mind on this issue in 1913 in his Ideas I. In the § 117 for instance, Husserl states clearly that all acts, feelings included, are objectifying because they all constitute objects. The only difference between feelings and cognitions is that feelings constitute values as their objects. Since all acts are objectifying, the difference is now between kinds of objects rather than kinds of acts.
But according to certain unpublished manuscripts from 1908-1011 the role values play in Husserl’s theory of feelings is still subject to debate. Not only are they dependent objects constructed from objects of simple presentations or judgments, but they are also the sorts of objects that can motivate other acts. So, while feelings are in Husserl always dependent on cognitions, certain feelings can also play a foundational role for cognitions.
Hence the question addressed in this paper: what is the specificity of feelings as mental acts in respect to cognitions, since the relation founding act-founded act can go both ways?
Key words:
feeling-acts, sensory feelings, intentionality, objectifying acts, values, moods, Husserl
Few are the philosophical references that we can find in Freud’s works. The reference to Theodor Lipps is one of the most important, as it is already present in Freud’s first important book, The Interpretation of Dreams, and can be found up until his last works. If Freud acknowledges that Lipps promotes a theory of the way in which the human mind works similar to his own, but certainly less original, I will show in this paper that, in a certain sense, Lipps can be considered a true forerunner of the Freudian psycho-analysis. His psychology uses a dynamic concept of the unconscious that can be also found in Freud’s metapsychology. I will show here the way in which Lipps supports his dynamic psychology of the unconscious against the two dominant positions in psychology at that time: Brentano’s descriptive psychology and Wundt’s psychophysics. I will then show how Freud’s theory of the unconscious pushes the limits of our knowledge of the human psyche even further Lipps’s psychology.
Mots Clé: Freud, Lipps, inconscient, moi, representations inconscientes
There are reasons to believe that Brentano had a profound influence on Freud. An attentive analysis of Freud’s vocabulary as well as his arguments against “philosophical” objections supports this point rather convincingly. However, Freud was not a philosopher and Brentano’s historical influence does not suffice to transform the Freudian unconscious in a philosophical concept. It is the purpose of this paper to sketch a way to make a philosophical use of Freud’s unconscious by reconstructing the dialogue between Brentano and Freud on a conceptual level. Despite the explicit critique of the unconscious that we find in Brentano’s Psychology from an Empirical Standpoint, I show that Freud never truly opposed Brentano. He rather took Brentano’s descriptive psychology a step further: he introduced a dynamic component to the analysis of the psyche that is complementary to Brentano’s descriptive psychology and could be considered a type of genetic psychology.
More specifically, we aim here at offering a generative method of analysis of first person microphenomenological interviews using third person physiological data. So in this study, our challenge is rather to describe this generative first person analysis with the third person physiological framework rather than generatively put to work Varela’s hypothesis, as we did it already in “Cardiophenomenology: an extension of neurophenomenology” (Depraz, Desmidt, under revision).
The approach used in the paper is thus methodological and aims at showing the validity of a generative analysis of first person data based on preliminary first and third person crossed results.
The topic of the paper will be of interest for researchers familiar with neurophenomenology and looking for its effective putting to work and for researchers in quest of a method of analysis of first person data. The present limitations are due to the still preliminary data-results we need to complete. The paper is direclty linked to F. Varela’s neurophenomenological program and aims at extending and reforming it with a cardiophenomenological approach.
Keywords : first person microphenomenological interviews, surprise, generative analysis of first person data, depression, cardiophenomenology, generative categories.
The question addressed by this paper is whether, in Freud’s theory of the unconscious, drives and their correlative, repression, are to be qualified as causes or rather reasons for conscious mental phenomena. As causes they would become simple physical phenomena, like neurophysiological connections, as reasons they would lose their unconscious character. I claim that drives function as both causes and reasons, depending on the point of view adopted. This is however precisely the point that has been criticized, with different arguments, by both Brentano and Wittgenstein. This work aims to show that Freud’s theory of the unconscious is immune to this critique because the latter only applies to a descriptive point of view, while drive and repression are dynamic phenomena.
Keywords
Unconscious, drive, repression, cause, reason.
L’objectif de ce travail est de montrer d’une part que la critique que Husserl fait à la fin de ses Recherches logiques de la distinction brentanienne entre phénomènes psychiques et phénomènes physiques ne tient pas compte entièrement de la finesse de la théorie brentanienne des phénomènes physiques. Il s’agira cependant, par la suite de montrer les difficultés qui découlent précisément de cette conception brentanienne complexe des phénomènes physiques, en particulier ceux qui se présentent sous la forme des sensations. Nous montrerons que la théorie brentanienne des sensations à l’époque de sa Psychologie donne à ces phénomènes un caractère double, à la fois physique et psychique, et met ainsi en danger le projet même de délimiter définitivement le domaine de la psychologie aux seuls phénomènes psychiques.
Mon objectif, dans ce texte, sera de montrer que le débat autour des représentations sans objet est en réalité fondé sur une mécompréhension. Les adeptes de la psychologie brentanienne (en l’occurrence Franz Exner et Kasimir Twardowski, dont je traiterai ici) utilisent le concept de représentation en un sens qui n’est pas celui de Bolzano : ils entendent par représentation essentiellement l’acte psychologique de représenter, alors que ce que Bolzano nomme « représentation en soi » est de l’ordre de la signification idéale.
Je tiens à souligner dans cet article les raisons qui conduisent Husserl à ce surprenant geste de mettre entre paren-thèses l'une des fonctions les plus essentielles des actes significatifs, la fonction comunicative de contenus intentionnels au moyen de signes dans un contexte intersubjectif. Je montrerai après ce que conduit Husserl à examiner à nouveau cette décision et à la critiquer dans les textes de 1913-1914 lors de la préparation de la deuxième édition des Recherches logiques et publiés aujourd'hui dans le volume XX/2 de Husserliana.
Mots clé : intentionnalité, inconscient, tendance, signification, Wortlaut, pulsion, dynamique, Husserl, Freud.
Il est donc non seulement légitime, mais aussi nécessaire de lire Freud dans une perspective philosophique à partir du moment où l’on s’intéresse à la philosophie du sujet en interrogeant ses facultés et son activité psychique. Traditionnellement centrée sur le concept de conscience, une telle philosophie s’ouvre des nouvelles voies de réflexion particulièrement stimulantes à partir du moment où elle prend au sérieux le concept psychanalytique d’inconscient avec tout ce qu’il implique de radicalement nouveau. Voici pourquoi, dans cet ouvrage, je propose une généalogie du concept d’inconscient en montrant comment, en suivant cette voie, Freud s’éloigne progressivement de la médecine pour rejoindre fermement, grâce à sa métapsychologie, les rangs des philosophes importants du XXe siècle.
Two theories of subjectivity are born with the 20th century : Husserlian phenomenology and Freudian psychoanalysis. Though sharing the same object, their paths never cross. In order to understand their relation, we have to uncover their common source : 19th century philosophical psychology.
On entend par trauma, à la suite des recherches de Ferenczi et Freud, non pas un événement objectif qui vient heurter violemment le sujet, mais au contraire, le fait que, pour des raisons variées, un événement ne parvient pas à être enregistré et intégré par le sujet dans son histoire personnelle. Le sujet semble ainsi condamné à rester bloqué dans une posture censée le protéger contre un choc futur, qui est paradoxalement précisément le choc qui finalement n’a pas pu être évité. Le paradoxe du trauma tient donc au fait que les symptômes traumatiques n’apparaissent que dans l’absence d’une expérience effective et consciente du choc traumatisant et que, inversement, si une telle expérience effective a lieu, les symptômes ne se produisent pas.
Si nous acceptons cette explication psychanalytique du trauma, il semble en revanche qu’une phénoménologie du trauma devient problématique. Il sera certes possible de faire une description détaillée des symptômes liés au stress post-traumatique, et il n’est bien sûr pas exclu d’en faire une phénoménologie, c'est-à-dire de prélever une description de ces symptômes tels qu’ils sont vécus en première personne. Mais une telle description du trauma lui-même semble interdite par définition. Car ce qui crée l’effet traumatique est précisément le fait que le trauma n’est pas enregistré comme faisant partie de l’expérience du sujet. Donc une phénoménologie du trauma est-elle possible ?
Je voudrais présenter ici une méthode qui pourrait nous permettre de sortir de cette impasse : celle que Pierre Vermerch appelle la méthode psychophénoménologique et qui aujourd’hui est reprise par Natalie Depraz sous le nom de microphénoménologie. Elle permet, par des entretiens d’explicitation, de rendre explicite ce qui, dans l’expérience vécue, restait implicite et irréfléchi, et pourrait ainsi permettre au sujet de se réapproprier ce qui, au moment du traumatisme, a été vécu sans être réellement enregistré.
In the Fifth Logical Investigation, after a series of objections to Brentano’s thesis that presentations constitute the most basic type of mental acts, Husserl offers the alternative of a fundamental distinction between objectifying and non-objectifying mental acts. Objectifying acts include the first two Brentanian classes: presentations and judgments. Thus the class of feelings is singled out as the typical model for non-objectifying acts.
However, Husserl changes his mind on this issue in 1913 in his Ideas I. In the § 117 for instance, Husserl states clearly that all acts, feelings included, are objectifying because they all constitute objects. The only difference between feelings and cognitions is that feelings constitute values as their objects. Since all acts are objectifying, the difference is now between kinds of objects rather than kinds of acts.
But according to certain unpublished manuscripts from 1908-1011 the role values play in Husserl’s theory of feelings is still subject to debate. Not only are they dependent objects constructed from objects of simple presentations or judgments, but they are also the sorts of objects that can motivate other acts. So, while feelings are in Husserl always dependent on cognitions, certain feelings can also play a foundational role for cognitions.
Hence the question addressed in this paper: what is the specificity of feelings as mental acts in respect to cognitions, since the relation founding act-founded act can go both ways?
Key words:
feeling-acts, sensory feelings, intentionality, objectifying acts, values, moods, Husserl
Few are the philosophical references that we can find in Freud’s works. The reference to Theodor Lipps is one of the most important, as it is already present in Freud’s first important book, The Interpretation of Dreams, and can be found up until his last works. If Freud acknowledges that Lipps promotes a theory of the way in which the human mind works similar to his own, but certainly less original, I will show in this paper that, in a certain sense, Lipps can be considered a true forerunner of the Freudian psycho-analysis. His psychology uses a dynamic concept of the unconscious that can be also found in Freud’s metapsychology. I will show here the way in which Lipps supports his dynamic psychology of the unconscious against the two dominant positions in psychology at that time: Brentano’s descriptive psychology and Wundt’s psychophysics. I will then show how Freud’s theory of the unconscious pushes the limits of our knowledge of the human psyche even further Lipps’s psychology.
Mots Clé: Freud, Lipps, inconscient, moi, representations inconscientes
There are reasons to believe that Brentano had a profound influence on Freud. An attentive analysis of Freud’s vocabulary as well as his arguments against “philosophical” objections supports this point rather convincingly. However, Freud was not a philosopher and Brentano’s historical influence does not suffice to transform the Freudian unconscious in a philosophical concept. It is the purpose of this paper to sketch a way to make a philosophical use of Freud’s unconscious by reconstructing the dialogue between Brentano and Freud on a conceptual level. Despite the explicit critique of the unconscious that we find in Brentano’s Psychology from an Empirical Standpoint, I show that Freud never truly opposed Brentano. He rather took Brentano’s descriptive psychology a step further: he introduced a dynamic component to the analysis of the psyche that is complementary to Brentano’s descriptive psychology and could be considered a type of genetic psychology.
More specifically, we aim here at offering a generative method of analysis of first person microphenomenological interviews using third person physiological data. So in this study, our challenge is rather to describe this generative first person analysis with the third person physiological framework rather than generatively put to work Varela’s hypothesis, as we did it already in “Cardiophenomenology: an extension of neurophenomenology” (Depraz, Desmidt, under revision).
The approach used in the paper is thus methodological and aims at showing the validity of a generative analysis of first person data based on preliminary first and third person crossed results.
The topic of the paper will be of interest for researchers familiar with neurophenomenology and looking for its effective putting to work and for researchers in quest of a method of analysis of first person data. The present limitations are due to the still preliminary data-results we need to complete. The paper is direclty linked to F. Varela’s neurophenomenological program and aims at extending and reforming it with a cardiophenomenological approach.
Keywords : first person microphenomenological interviews, surprise, generative analysis of first person data, depression, cardiophenomenology, generative categories.
The question addressed by this paper is whether, in Freud’s theory of the unconscious, drives and their correlative, repression, are to be qualified as causes or rather reasons for conscious mental phenomena. As causes they would become simple physical phenomena, like neurophysiological connections, as reasons they would lose their unconscious character. I claim that drives function as both causes and reasons, depending on the point of view adopted. This is however precisely the point that has been criticized, with different arguments, by both Brentano and Wittgenstein. This work aims to show that Freud’s theory of the unconscious is immune to this critique because the latter only applies to a descriptive point of view, while drive and repression are dynamic phenomena.
Keywords
Unconscious, drive, repression, cause, reason.
L’objectif de ce travail est de montrer d’une part que la critique que Husserl fait à la fin de ses Recherches logiques de la distinction brentanienne entre phénomènes psychiques et phénomènes physiques ne tient pas compte entièrement de la finesse de la théorie brentanienne des phénomènes physiques. Il s’agira cependant, par la suite de montrer les difficultés qui découlent précisément de cette conception brentanienne complexe des phénomènes physiques, en particulier ceux qui se présentent sous la forme des sensations. Nous montrerons que la théorie brentanienne des sensations à l’époque de sa Psychologie donne à ces phénomènes un caractère double, à la fois physique et psychique, et met ainsi en danger le projet même de délimiter définitivement le domaine de la psychologie aux seuls phénomènes psychiques.
Mon objectif, dans ce texte, sera de montrer que le débat autour des représentations sans objet est en réalité fondé sur une mécompréhension. Les adeptes de la psychologie brentanienne (en l’occurrence Franz Exner et Kasimir Twardowski, dont je traiterai ici) utilisent le concept de représentation en un sens qui n’est pas celui de Bolzano : ils entendent par représentation essentiellement l’acte psychologique de représenter, alors que ce que Bolzano nomme « représentation en soi » est de l’ordre de la signification idéale.
Je tiens à souligner dans cet article les raisons qui conduisent Husserl à ce surprenant geste de mettre entre paren-thèses l'une des fonctions les plus essentielles des actes significatifs, la fonction comunicative de contenus intentionnels au moyen de signes dans un contexte intersubjectif. Je montrerai après ce que conduit Husserl à examiner à nouveau cette décision et à la critiquer dans les textes de 1913-1914 lors de la préparation de la deuxième édition des Recherches logiques et publiés aujourd'hui dans le volume XX/2 de Husserliana.
Cependant, on ne saurait ignorer l’originalité de l’approche freudienne, ancrée dans la pratique psychanalytique, clinique et thérapeutique. Freud est le premier à montrer que l’inconscient n’est pas une boîte noire qui sert à stocker des contenus similaires à ceux de la conscience, une seconde conscience obscure et inaccessible au sujet. L’inconscient doit, selon, lui, au contraire, se comprendre à partir des concepts dynamiques de pulsion et de refoulement.
Or, cette nouvelle perspective, dynamique, sur l’inconscient psychique change de manière décisive la façon de concevoir philosophiquement non seulement l’inconscient mais aussi la conscience. Les thèses freudiennes appuyées par la clinique ont requalifié ce que l’on entendait traditionnellement par « psychique », ainsi que la distinction entre conscience et inconscient, thématisée – et souvent âprement critiquée – dans le champ de la philosophie. Alors que l’inconscient était jusqu’alors conçu comme une négation ponctuelle de la conscience, Freud opère un renversement radical en soutenant que le psychique est en réalité de part en part inconscient. Corrélativement, le fait d’être « conscient » n’est plus qu’une qualité ponctuelle et intermittente de l’inconscient. Dès lors, une philosophie centrée sur la vie de la conscience, loin de pouvoir faire abstraction de cette révolution freudienne, doit, au contraire, en prendre pleinement la mesure.
C'est ainsi que Freud établit deux choses. La première est que la psychanalyse est une science au sens le plus fort du terme. Elle n’est ni une spéculation philosophique, ni une pratique voisine du mysticisme, mais une science empirique du même ordre que l’astronomie ou la biologie, et dont les découvertes ont eu un effet comparable. La seconde est que l’objet d’étude privilégié de la psychanalyse, l’inconscient, est bien accessible à cette science empirique : nous pouvons en faire l’expérience. Ainsi, cette étude psychanalytique de l’inconscient nous oblige à revenir sur l’un des principes que la psychologie et la philosophie du sujet considéraient comme une évidence : le psychisme humain n’est pas de part en part conscient, la conscience n’est pas le propre du sujet, bien au contraire, elle n’est qu’une qualité ponctuelle qui apparaît à la surface d’un psychisme dans sa plus grande partie inconscient. Le moi n’est pas maître dans sa propre maison : le psychisme est en réalité inconscient.
Cette difficulté trouve un écho dans une autre : les traumatismes physiques subis par des personnes différentes sont comparables en intensité. Dans des circonstances similaires, nos corps seront affectés d’une manière comparable que l’on peut anticiper. Aucun corps humain, aussi fort soit-il, ne peut résister au passage d’une balle, par exemple. Ce n’est pas le cas pour les traumas psychiques : des événements perçus comme anodins par certains peuvent se montrer traumatiques pour d’autres. Si donc la capacité de nos corps à résister à un même choc est comparable, ce n’est pas le cas pour notre résistance psychique. Ainsi, force est de constater que, contrairement aux traumatismes physiques, un trauma psychique est un événement purement subjectif : ce ne sont pas les circonstances objectives, mais la façon dont celles-ci sont vécues par chaque sujet, qui décide si l’événement produira des symptômes traumatiques ou non. Les composantes objectives (l’événement qui produit le choc, l’explosion, l’humiliation, la violence en question) ne constituent qu’une occasion pour la production du trauma, et non pas une cause qui produirait sans faute son effet.
Il semble donc que l’installation d’un trauma psychique est un processus complexe, qui ne peut pas se réduire au moment où le choc s’est produit. Il est même assez probable que le trauma, dans sa dimension descriptible et analysable inclut souvent tout sauf le moment objectif qui produit le choc, moment pendant lequel la personne est inconsciente ou dans un état second. La description du trauma inclut notamment d’une part l’histoire personnelle du sujet, qui seule peut expliquer pourquoi tel événement est traumatique pour cette personne, alors qu’une autre pourrait en sortir indemne, et d’autre part elle inclut également tout ce qui suit le trauma, notamment la souffrance et les divers symptômes qui seuls témoignent du fait que l’événement a réellement été traumatisant.
Or, si tout ce qui précède et tout ce qui suit le trauma, l’« avant » et l’« après », peuvent faire l’objet d’une description, et même de ce type de description très longue et détaillée que l’on appelle une thérapie, qu’en est-il du moment précis où le trauma s’est installé et qu’on pourrait considérer le point aveugle de ce processus, le moment de tournure où tout ce qu’il y avait avant perd son sens et une nouvelle façon d’être s’impose au sujet ? Peut-on décrire ce nexus du trauma, ce moment du traumatisme, de la blessure, de la rupture, qui relie ensemble un passé et un futur incompatibles ? Ou bien ce point est-il censé rester à jamais aveugle et doit échapper par principe à toute description en première personne, et donc à toute phénoménologie ?
Si, en suivant le cheminement de Rudolf Bernet, nous nous apercevons que la passivité pure, de même que l’activité pure, ne sont pas de ce monde, il nous reste à déceler les rapports intimes que ces deux opposés entretiennent. Rudolf Bernet l’a fait dans son analyse des forces passives qui se retrouvent à tous les niveaux, en allant de la matière inanimée jusqu’à la vie humaine confrontée à ses négations, la maladie et la mort.
De mon côté, je résumerai mon propos à la vie humaine, en essayant de construire un modèle plus général à l’intérieur duquel on retrouvera la maladie comme cas particulier. Je parlerai ainsi en un premier temps de trois concepts voisins qui ne se confondent pas : les concepts de passivité, de force passive et de pulsion. Je poursuivrai ensuite en montrant en quel sens nous pouvons comprendre les pulsions de vie freudiennes comme des hypostases de la force passive. Enfin, dans une troisième partie, j’aborderai le concept de pulsion de mort pour déceler ses rapports avec les pulsions de vie et décider si, dans son cas aussi, il s’agit d’une force passive, si donc on peut constituer des couples de forces passives contraires. Ainsi, l’opposition activité-passivité apparaîtra plus clairement comme une simplification réductrice du problème de la passivité.
La pièce n’est donc pas l’histoire de la lutte entre le bien et le mal, elle est l’histoire de la défaite, du détricotage des nœuds qui maintiennent en vie un homme, sous le coup d’un traumatisme qui touche à ce qui a fait de lui l’homme qu’il est en premier lieu, son désir dans le rapport à ses parents, son complexe d’Œdipe. C'est peut-être pourquoi Hamlet exerce sur nous cette fascination inquiétante : c'est la mise en scène, visage découvert, de la pulsion de mort. Elle est incompréhensible pour nous et pourtant on se sent concernés dans notre intimité, dans ce qui, au plus profond de nous, est étrange et inquiétant, et qui normalement reste caché tant qu’on est vivant.