Postdoc Project by Virginie Palette
Postdoc Projekt (Philosophie der Medizin)
Ab 2016
Organization of academic events by Virginie Palette
Seminaire de recherche des Archives Husserl de Paris, financé par le laboratoire d'excellence Tra... more Seminaire de recherche des Archives Husserl de Paris, financé par le laboratoire d'excellence Transferts de l'Ecole Normale Supérieure.
Co-ordonné avec Elise Marrou
À l’heure où les notions de contenu phénoménal et représentationnel jouent un rôle de premier plan dans la plupart des débats en philosophie de la perception, une enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné nous semble à la fois prometteuse et urgente. En effet, le prisme du donné (das Gegebene, the Given) s’avère crucial pour confronter ce que la phénoménologie et la philosophie analytique nomment expérience, d’autant plus que ces deux traditions se sont développées dans une ignorance réciproque quasi-totale sur cette question. Ce séminaire se propose tout d’abord d’explorer les modalités par lesquelles le lexique du "donné" a été introduit face aux lexiques des "sensations" et des "impressions". Car, contrairement à ce que nous invite à penser une certaine illusion rétrospective qui veut qu’on attribue ce lexique aux empiristes classiques, sa paternité revient à la première Critique. Sa provenance kantienne a de lourdes conséquences : elle inscrit d’emblée la notion dans un cadre transcendantal au sein duquel le donné est donné à un sujet et pensé sur le modèle de l’objet, conformément à la téléologie de la connaissance. Après avoir éclairé la distance qui se creuse entre la compréhension empiriste des sensations et le lexique kantien de phénomène (Erscheinung), nous proposons d’explorer la spécificité de la notion d’élément dans le monisme neutre d’Ernst Mach. C’est de Mach que la phénoménologie (Husserl) et le positivisme logique (Schlick, Carnap) héritent leurs lexiques du donné tout en se démarquant d’emblée d’un usage sensualiste de cette notion au nom de l’intentionnalité d’un côté et d’un structuralisme logique de l’autre. Parallèlement à la scène austro-allemande, on assiste à un enrichissement des lexiques du donné lorsque le concept de sense data est introduit sur la scène anglo-saxonne. Le renouveau du réalisme en Grande Bretagne (Moore, Russell, Austin) et aux États-Unis (C. I. Lewis) peut difficilement être distingué des réappropriations de cette terminologie (par Price et Russell) et des critiques dont elle est l’objet (Austin). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion absurde ou contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent profondément le concept de donné. C’est à l’ensemble des étapes de cette histoire du donné que Sellars, s’inscrivant dans une lignée néokantienne classique (Cohen, Natorp, Cassirer, Rickert, Bauch), fait référence, lorsqu’il dénonce le "Myth of the Given", mythe qui connaît aujourd’hui une nouvelle jeunesse en philosophie de la perception. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.
Séminaire de recherche des Archives Husserl de Paris, financé par le laboratoire d'excellence Tra... more Séminaire de recherche des Archives Husserl de Paris, financé par le laboratoire d'excellence Transferts de l'Ecole Normale Supérieure.
Co-organisé avec Elise Marrou
Nous poursuivrons en 2014/2015 l’enquête sur le concept de donné que nous avons entamée dans le séminaire « Lexiques du donné (I) » en 2013/2014 et prolongée durant la journée d’études « L’appel au donné » en mai 2014
Les critiques du donné ont été et sont encore légion. Ce n’est pourtant pas dans une perspective critique que nous abordons ici le donné. Pour échapper à l’alternative de son mythe et de sa défense, nous tentons de dégager une troisième voie qui consiste en une exploration de ses lexiques en amont et en aval du tournant transcendantal et qui repose sur la volonté de faire dialoguer sur ce point précis les deux traditions, phénoménologique et analytique. En effet, s’il n’est pas douteux que la méthode phénoménologique repose sur les notions de donné (Gegebenes) et de donation (Gegebenheit) et que la diversité des phénoménologies peut se lire au prisme de ce qui est donné et des modalités de son être-donné, l’unification des données (data) sous un seul et même concept de given n’a connu à ce jour qu’une réception relativement marginale en philosophie analytique. Pourtant, les pistes explorées par les philosophes de la perception britanniques de la première génération et les philosophes américains de la seconde génération sont particulièrement riches sur cette question. Elles ne se contentent pas de croiser, sur de nombreux points, les critiques que les phénoménologues ont adressées à l’empirisme classique auquel, rappelons-le, le lexique du donné est étranger.
La première étape de cette enquête nous a conduit, en amont du lexique kantien du donné, vers les lexiques des impressions et des idées dans l’empirisme britannique (Hume, Locke, Reid), et en aval, vers une riche variété de lexiques dans le postkantisme au sens large (Herbart, Mach, Ecole de Brentano, Lask, Cassirer, Russell, Schlick). Ainsi, certains axes de questionnement se sont révélés être des carrefours autour desquels s’articule notre exploration généalogique du concept de donné : c’est notamment le cas de la question du caractère neutre, subjectif ou objectif du donné, qui oppose les lexiques phénoménologiques et psychologiques aux lexiques positivistes et néokantiens, et de la question de la composition (atomiste/simple ou complexe) de l’expérience, qui fait apparaître sous un jour nouveau des filiations opératoires entre les lexiques du donné chez Herbart, dans l’école de Brentano et la phénoménologie.
Nous nous proposons cette année d’approfondir les pistes que nous avons déjà ébauchées en mettant à l’épreuve une distinction proposée par Jacob Joshua Ross entre trois sens du donné : le donné comme sense datum, le donné comme totalité sensorielle continue, et le donné comme objet physique. Si le premier a été abondamment exploré, le second découle du refus d’une compréhension discrète et élémentaire de ce qui nous est donné, refus commun à la Gestaltpsychologie, à F. H. Bradley et à William James. Le troisième sens nous entraînera enfin sur le terrain des réalismes directs (ainsi, le concept de donné intervient-il au premier plan de la controverse sur les sense data et les objets physiques qui oppose Russell aux Edwardians (Stout, Alexander, Nunn). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent en profondeur le concept de donné. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.
Teaching Documents by Virginie Palette
Graduate Seminar (for Master and PhD students)
November 2015
Instituto De Humanidades
Un... more Graduate Seminar (for Master and PhD students)
November 2015
Instituto De Humanidades
Universitad Diego Portales
Santiago de Chile
El objetivo general del seminario es llamar la atención y despertar el interés del mundo de la ps... more El objetivo general del seminario es llamar la atención y despertar el interés del mundo de la psicología por la relevancia de los métodos fenomenológico y hermenéutico en el ámbito de la psicología clínica.
Primero, se hará una presentación histórica y filosófica de los
paradigmas fenomenológico (modelo descriptivo de Brentano y
Husserl) y hermenéutico (modelo comprehensivo de Dilthey y
Heidegger) como complementos a los paradigmas naturalista y psicoanalítico dominantes en el ámbito de la psicología teórica contemporánea.
Segundo, se introducirá, de manera dinámica y con apoyo en ejemplos clínicos concretos, los conceptos fundamentales de la fenomenología y de la hermenéutica (tales como: fenómeno, intencionalidad, reducción transcendental y reducción eidética, experiencia del tiempo y espacio, intersubjetividad, cuerpo vivido, mundo de la vida, situación y contexto, significación, etc.).
Husserl a souligné à plusieurs reprises l'importance de l'expérience "normale" dans la constituti... more Husserl a souligné à plusieurs reprises l'importance de l'expérience "normale" dans la constitution du monde de la vie et de la communauté inter-subjective. Une expérience "anormale", par exemple la perception de la couleur par un daltonien ou les hallucinations d'un fou, risque en effet de compromettre la constitution inter-subjective de l'objectivité. Ce qui est en jeu, c'est la possibilité pour ce genre d'expériences de s'intégrer dans la subjectivité transcendantale qui s'objective dans le monde comme humanité. "Mais alors de nouvelles questions surgissent qui concernent cette humanité : les fous sont-ils eux aussi des objectivations des sujets opérant dans la constitution du monde? Et les enfants? (…) Et qu'en est-il des animaux?". Cela ne signifie pas que de telles expériences doivent être exclues a priori de la démarche phénoménologique, mais seulement qu'elles ne peuvent valoir que comme des phénomènes-limites, constitués par modification intentionnelle à partir de la vie normale de l'ego. Ce qui fait dire à Husserl que les animaux sont "des modifications éloignées de l'humanité… C'est cette introduction dans la méthode phénoménologique d'un critère normatif, voire normalisant, qu'il s'agit d'interroger. Ne fait-elle pas violence aux phénomènes-limites de la folie, de l'enfance, de l'animalité, à tout ce qui se laisse comprendre sous la catégorie de l'étrangèreté (Fremdheit)? En privilégiant certaines formes typiques d'expérience désignées (mais de quel droit?) comme "normales", parvient-on à accéder à un Allwelt, un monde unique où le telos universel de la raison pourrait se déployer, où toute vie étrangère pourrait trouver sa place? En affirmant au contraire la finitude et la pluralité des formes-de-vie, ne risque-t-on pas de verser dans le relativisme et l'historicisme? "Devons-nous nous contenter de dire : le monde dont nous parlons ici, c'est le monde pour nous Allemands, pour nous Européens? Que les Indiens, les primitifs, etc. ont chacun leur monde et que chaque espèce animale a chacun le sien ? À la différence d'autres expériences-limites, comme celle de la naissance et de la mort, l'épreuve de l'étrangèreté se laisse cependant décrire sous réduction et, sous certaines conditions, intégrer dans une expérience commune. Notre rencontre bouleversante avec de tels phénomènes n'opère-t-elle pas, dans certains cas, comme une "épokhè sauvage" comparable à celle que le phénoménologue effectue délibérément pour accéder au champ transcendantal? Une réflexion sur ces phénomènes-limites s'avère donc nécessaire si l'on veut élargir le domaine de la phénoménologie et peut-être explorer de nouvelles voies vers la réduction transcendantale.
Le séminaire s'achèvera par trois journées d'études à Bâle et à Strasbourg où les étudiants pourront présenter des exposés. Ce séminaire "transfrontalier" veut être un laboratoire de réflexion pour analyser certains phénomènes-limites et leur signification pour la phénoménologie, sans se limiter à l'oeuvre de Husserl, mais en abordant aussi celles de ses successeurs, de Heidegger, Sartre et Merleau-Ponty jusqu'à Levinas, Ricoeur et Derrida. Il s'agira de réfléchir à l’actualité de la méthode phénoménologique, en la confrontant aux débats contemporains qui traversent la philosophie et les sciences humaines (histoire, psychiatrie et psychanalyse, anthropologie…), Les langues de travail seront le français, l'allemand et l'anglais.
Dans ce séminaire, il s'agira de réfléchir à l’actualité de la méthode phénoménologique, en la co... more Dans ce séminaire, il s'agira de réfléchir à l’actualité de la méthode phénoménologique, en la confrontant aux débats qui traversent la philosophie et les sciences humaines (histoire, psychanalyse, anthropologie…).
Husserl aimait à se présenter comme un "éternel commençant". C’est dans des termes similaires qu’il désignait aussi la phénoménologie : comme une "science du commencement". La question du commencement s’est d’abord posée à lui d’un point de vue méthodologique : le point de départ de la recherche phénoménologique est la méthode de réduction - ou épokhè- qui consiste à mettre hors-jeu les données de l'"attitude naturelle" afin de découvrir des "évidences ultimes", des vérités absolues.
Il a défini trois voies vers la réduction : la voie cartésienne qui, en mettant hors-jeu l'existence du monde, se fonde sur l’évidence absolue de l’ego cogito; la voie psychologique qui prend pour point de départ ce qui se donne de façon évidente dans l’introspection subjective; et enfin la voie du monde de la vie (Lebenswelt) qui opère l'épokhè des sciences objectives afin de décrire une expérience du monde pré-donné avant toute constitution de sens et toute "idéalisation", ce qui soulève la question de la transmission historique et intersubjective des idéalités. Husserl a également tenté d'élaborer une phénoménologie génétique où la question du commencement réapparaît sous une autre forme : elle ne désigne plus un simple point de départ méthodologique, mais un commencement concret qu'il s'agit de reconstruire à travers des "questions-en-retour". Il maintient toutefois une certaine tension entre deux concepts de commencement génétique. Celui-ci peut être pensé comme un phénomène originel qui aurait été vécu dans le passé, ce qui le conduit, dans certains inédits, à s'intéresser aux "premiers commencements" de l'existence humaine lors de la petite enfance. Mais le commencement peut aussi désigner un événement originaire qui n’a pas lieu dans le temps et constitue l’origine non-phénoménale de la phénoménalité, archi-événement qui s’atteste dans l’actualité charnelle du présent vivant. Ce sont ces différentes dimensions de la question du commencement en phénoménologie que nous voulons aborder cette année, à partir d'une lecture des Méditations cartésiennes, de la Krisis et de certains inédits de Husserl, notamment L'origine de la géométrie. Nous nous appuierons en particulier sur les interprétations de ce dernier texte proposées par Merleau-Ponty et par Derrida.
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Papers by Virginie Palette
Phenomenological Self-Givenness: Only a Metaphor? An Essay Starting From Benoist's Éléments d... more Phenomenological Self-Givenness: Only a Metaphor? An Essay Starting From Benoist's Éléments de philosophie réaliste The sole aim of this paper is to approach Benoists conception of realism in his latest work Éléments de philosophie réaliste (2011) by analysing his sharp criticism of the phenomenological concept of (self)-givenness. If it is true that we 'have' reality-i.e. if reality is always already present to us-why should we have to ask how it is (self-)given to us? (Self-) givenness is nothing more than a vestige of representationalism, i.e. a mere epistemological form of access to reality that is not relevant from the point of view of Benoist's contextual realism. According to this view, givenness is a mere metaphor. Unter den mannigfaltigen Herausforderungen, die sich die Philosophie Benoists stellt, gibt es eine, die sich durch ihre Prägnanz und ihre Konstanz auszeichnet, nämlich die der Definition eines realistischen Verhältnisses zu den Dingen, das von ihm ...
Phänomenologische Forschungen, 2022
The objective of this paper is to reconstruct Husserl’s two-pronged approach of sensory givenness... more The objective of this paper is to reconstruct Husserl’s two-pronged approach of sensory givenness. On the one hand, the phenomenological focus on intentional consciousness implies a virulent criticismof the positivistic myth of the sensory given. On the other hand, there is also a positive appeal to sensory givenness in phenomenology, without which phenomenology would not be worthy of its name and would, ultimately, be nothing other than a form of neo-Kantianism. In the context of transcendental genetic phenomenology, Husserl manages to rehabilitate sensory givenness in a reduced, viz. demythologized form. This reconstruction of Husserl’s ambivalent reference to the given can help phenomenology defend itself against some actual trends, which tend to reduce it to phenomenalismor to conceptualism.
Normativity in Perception
In every perception there is a tacit normative pretense: when I perceive a dog, I believe that it... more In every perception there is a tacit normative pretense: when I perceive a dog, I believe that it is the case; say, that it is a dog for real. Thus, I spontaneously presuppose my perception to provide a true access to reality. This implicit normative claim not only guides the daily belief that reality is as I perceive it, but also every kind of judgment about reality in empirical sciences.
Psychopathology, Jan 9, 2017
This paper proposes a phenomenological approach to the diagnosis of depression, with the aim of o... more This paper proposes a phenomenological approach to the diagnosis of depression, with the aim of overcoming the broadness and nonspecificity of the concept of major depressive disorder (MDD) in current systems of diagnostic classification of mental disorders. Firstly, we outline the methodological limitations of the current classification systems for the diagnosis of MDD. Secondly, we offer a conceptual differentiation between a "symptomatological" versus a "phenomenological" diagnosis of depression. Thirdly, we propose characteristic "disturbances of embodiment" as the fundamental phenomena of "core depression", which manifest themselves in 3 dimensions: embodied self, embodied intentionality, and embodied time. A more useful diagnosis of depression may be achieved by describing the phenomena that constitute a core depression, in order to avoid the overdiagnosis of MDD and its negative consequences in clinical practice.
Dans ce chapitre, nous entreprenons de reconstruire la critique que le neokantien Paul Natorp adr... more Dans ce chapitre, nous entreprenons de reconstruire la critique que le neokantien Paul Natorp adresse au “pseudo-donne” (falsches Gegebene) positiviste dans ses premiers ecrits logiques, notamment dans un article intitule « Fondation objective et fondation subjective de la connaissance », datant de 1887. De facon interessante, cette critique du pseudo-donne ne se conclut pas par l’abandon pur et simple de toute idee de donation, mais s’accompagne d’emblee d’une exigence de reconfiguration de la notion : une fois denonce le mythe « positiviste » du donne, il s’agit en effet pour le jeune Natorp de definir le “vrai sens de l’etre-donne” (echter Sinn der Gegebenheit). Or, ce qui est vraiment donne, ce n’est precisement pas quelque chose comme un datum singulier et ultime, qui pourrait servir de fondement a la connaissance, mais une tâche (Aufgabe) pour la pensee.
Natorp ne se contente pas de critiquer le concept positiviste de donne, mais il emet egalement de... more Natorp ne se contente pas de critiquer le concept positiviste de donne, mais il emet egalement des objections puissantes contre l’idee d’un acces immediat au donne dans la description telle qu’elle est defendue dans la psychologie empirique des Brentaniens et dans toute theorie phenomenologique de la perception. Au mythe d’un donne logiquement nu qui pourrait servir de point de depart pour une theorie de la perception, Natorp oppose l’hypothese d’une ὕλη pensee comme origine subjective accessible seulement au terme d’une reconstruction genetique. Dans ce chapitre, nous proposons une reconstruction de cette premiere definition de l’etre-donne a partir des deux premiers ecrits psychologiques de Natorp, l’Introduction a la Psychologie de 1888 et la Psychologie generale sous la forme de principes directeurs pour l’enseignement universitaire de 1904.
L’objectif de cette etude, conformement a son titre, « Le donne en question », etait double. Il s... more L’objectif de cette etude, conformement a son titre, « Le donne en question », etait double. Il s’agissait a la fois de reconstruire les questions du donne et de definir la nature du donne en question : quel est le sens du “donne” qui est en question et en quoi consistent ses remises en question dans le neokantisme et la phenomenologie ? Nous sommes a present en mesure de repondre a ces interrogations, et c’est ce que nous ferons dans un premier temps. Nous indiquerons ensuite quelques correspondances entre cette controverse “continentale” sur le donne dans le neokantisme et la phenomenologie au tournant du XX e siecle et le debat outre-Atlantique autour du « mythe du donne » (Myth of the Given), initie par Wilfrid Sellars en 1956. Cela nous permettra de signaler en dernier lieu l’actualite et la portee des questions et des solutions neokantiennes et phenomenologiques pour les debats contemporains sur le contenu de la perception en philosophie de l’esprit.
Ce chapitre systematise la critique que Husserl adresse au concept machien de donne dans le conte... more Ce chapitre systematise la critique que Husserl adresse au concept machien de donne dans le contexte de l’elaboration de sa phenomenologie realiste de la perception (1898–1905). Husserl conteste a la fois la neutralite, le caractere phenomeniste et l’atomisme que Ernst Mach confere au donne. Cette triple critique le conduit a reformer radicalement la notion de donne pour lui attribuer un sens proprement phenomenologique : ce qui est donne, ce n’est pas un contenu sensoriel, mais l’objet percu, a savoir l’objet tel qu’il est vise par la conscience intentionnelle par l’intermediaire de la sensation. Cela dit, malgre cette reforme intentionnelle de la notion de donne, nous montrerons que la sensation continue a jouer un role fondamental dans la theorie de la perception. Une fois fonctionnalisee au sein du schema intentionnel acte-contenu-objet et dotee d’un caractere figural proto-gestaltiste, elle est capable de faire signe vers l’objet percu sans l’intermediaire du concept – ce qui n...
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Co-ordonné avec Elise Marrou
À l’heure où les notions de contenu phénoménal et représentationnel jouent un rôle de premier plan dans la plupart des débats en philosophie de la perception, une enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné nous semble à la fois prometteuse et urgente. En effet, le prisme du donné (das Gegebene, the Given) s’avère crucial pour confronter ce que la phénoménologie et la philosophie analytique nomment expérience, d’autant plus que ces deux traditions se sont développées dans une ignorance réciproque quasi-totale sur cette question. Ce séminaire se propose tout d’abord d’explorer les modalités par lesquelles le lexique du "donné" a été introduit face aux lexiques des "sensations" et des "impressions". Car, contrairement à ce que nous invite à penser une certaine illusion rétrospective qui veut qu’on attribue ce lexique aux empiristes classiques, sa paternité revient à la première Critique. Sa provenance kantienne a de lourdes conséquences : elle inscrit d’emblée la notion dans un cadre transcendantal au sein duquel le donné est donné à un sujet et pensé sur le modèle de l’objet, conformément à la téléologie de la connaissance. Après avoir éclairé la distance qui se creuse entre la compréhension empiriste des sensations et le lexique kantien de phénomène (Erscheinung), nous proposons d’explorer la spécificité de la notion d’élément dans le monisme neutre d’Ernst Mach. C’est de Mach que la phénoménologie (Husserl) et le positivisme logique (Schlick, Carnap) héritent leurs lexiques du donné tout en se démarquant d’emblée d’un usage sensualiste de cette notion au nom de l’intentionnalité d’un côté et d’un structuralisme logique de l’autre. Parallèlement à la scène austro-allemande, on assiste à un enrichissement des lexiques du donné lorsque le concept de sense data est introduit sur la scène anglo-saxonne. Le renouveau du réalisme en Grande Bretagne (Moore, Russell, Austin) et aux États-Unis (C. I. Lewis) peut difficilement être distingué des réappropriations de cette terminologie (par Price et Russell) et des critiques dont elle est l’objet (Austin). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion absurde ou contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent profondément le concept de donné. C’est à l’ensemble des étapes de cette histoire du donné que Sellars, s’inscrivant dans une lignée néokantienne classique (Cohen, Natorp, Cassirer, Rickert, Bauch), fait référence, lorsqu’il dénonce le "Myth of the Given", mythe qui connaît aujourd’hui une nouvelle jeunesse en philosophie de la perception. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.
Co-organisé avec Elise Marrou
Nous poursuivrons en 2014/2015 l’enquête sur le concept de donné que nous avons entamée dans le séminaire « Lexiques du donné (I) » en 2013/2014 et prolongée durant la journée d’études « L’appel au donné » en mai 2014
Les critiques du donné ont été et sont encore légion. Ce n’est pourtant pas dans une perspective critique que nous abordons ici le donné. Pour échapper à l’alternative de son mythe et de sa défense, nous tentons de dégager une troisième voie qui consiste en une exploration de ses lexiques en amont et en aval du tournant transcendantal et qui repose sur la volonté de faire dialoguer sur ce point précis les deux traditions, phénoménologique et analytique. En effet, s’il n’est pas douteux que la méthode phénoménologique repose sur les notions de donné (Gegebenes) et de donation (Gegebenheit) et que la diversité des phénoménologies peut se lire au prisme de ce qui est donné et des modalités de son être-donné, l’unification des données (data) sous un seul et même concept de given n’a connu à ce jour qu’une réception relativement marginale en philosophie analytique. Pourtant, les pistes explorées par les philosophes de la perception britanniques de la première génération et les philosophes américains de la seconde génération sont particulièrement riches sur cette question. Elles ne se contentent pas de croiser, sur de nombreux points, les critiques que les phénoménologues ont adressées à l’empirisme classique auquel, rappelons-le, le lexique du donné est étranger.
La première étape de cette enquête nous a conduit, en amont du lexique kantien du donné, vers les lexiques des impressions et des idées dans l’empirisme britannique (Hume, Locke, Reid), et en aval, vers une riche variété de lexiques dans le postkantisme au sens large (Herbart, Mach, Ecole de Brentano, Lask, Cassirer, Russell, Schlick). Ainsi, certains axes de questionnement se sont révélés être des carrefours autour desquels s’articule notre exploration généalogique du concept de donné : c’est notamment le cas de la question du caractère neutre, subjectif ou objectif du donné, qui oppose les lexiques phénoménologiques et psychologiques aux lexiques positivistes et néokantiens, et de la question de la composition (atomiste/simple ou complexe) de l’expérience, qui fait apparaître sous un jour nouveau des filiations opératoires entre les lexiques du donné chez Herbart, dans l’école de Brentano et la phénoménologie.
Nous nous proposons cette année d’approfondir les pistes que nous avons déjà ébauchées en mettant à l’épreuve une distinction proposée par Jacob Joshua Ross entre trois sens du donné : le donné comme sense datum, le donné comme totalité sensorielle continue, et le donné comme objet physique. Si le premier a été abondamment exploré, le second découle du refus d’une compréhension discrète et élémentaire de ce qui nous est donné, refus commun à la Gestaltpsychologie, à F. H. Bradley et à William James. Le troisième sens nous entraînera enfin sur le terrain des réalismes directs (ainsi, le concept de donné intervient-il au premier plan de la controverse sur les sense data et les objets physiques qui oppose Russell aux Edwardians (Stout, Alexander, Nunn). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent en profondeur le concept de donné. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.
Teaching Documents by Virginie Palette
November 2015
Instituto De Humanidades
Universitad Diego Portales
Santiago de Chile
Primero, se hará una presentación histórica y filosófica de los
paradigmas fenomenológico (modelo descriptivo de Brentano y
Husserl) y hermenéutico (modelo comprehensivo de Dilthey y
Heidegger) como complementos a los paradigmas naturalista y psicoanalítico dominantes en el ámbito de la psicología teórica contemporánea.
Segundo, se introducirá, de manera dinámica y con apoyo en ejemplos clínicos concretos, los conceptos fundamentales de la fenomenología y de la hermenéutica (tales como: fenómeno, intencionalidad, reducción transcendental y reducción eidética, experiencia del tiempo y espacio, intersubjetividad, cuerpo vivido, mundo de la vida, situación y contexto, significación, etc.).
Le séminaire s'achèvera par trois journées d'études à Bâle et à Strasbourg où les étudiants pourront présenter des exposés. Ce séminaire "transfrontalier" veut être un laboratoire de réflexion pour analyser certains phénomènes-limites et leur signification pour la phénoménologie, sans se limiter à l'oeuvre de Husserl, mais en abordant aussi celles de ses successeurs, de Heidegger, Sartre et Merleau-Ponty jusqu'à Levinas, Ricoeur et Derrida. Il s'agira de réfléchir à l’actualité de la méthode phénoménologique, en la confrontant aux débats contemporains qui traversent la philosophie et les sciences humaines (histoire, psychiatrie et psychanalyse, anthropologie…), Les langues de travail seront le français, l'allemand et l'anglais.
Husserl aimait à se présenter comme un "éternel commençant". C’est dans des termes similaires qu’il désignait aussi la phénoménologie : comme une "science du commencement". La question du commencement s’est d’abord posée à lui d’un point de vue méthodologique : le point de départ de la recherche phénoménologique est la méthode de réduction - ou épokhè- qui consiste à mettre hors-jeu les données de l'"attitude naturelle" afin de découvrir des "évidences ultimes", des vérités absolues.
Il a défini trois voies vers la réduction : la voie cartésienne qui, en mettant hors-jeu l'existence du monde, se fonde sur l’évidence absolue de l’ego cogito; la voie psychologique qui prend pour point de départ ce qui se donne de façon évidente dans l’introspection subjective; et enfin la voie du monde de la vie (Lebenswelt) qui opère l'épokhè des sciences objectives afin de décrire une expérience du monde pré-donné avant toute constitution de sens et toute "idéalisation", ce qui soulève la question de la transmission historique et intersubjective des idéalités. Husserl a également tenté d'élaborer une phénoménologie génétique où la question du commencement réapparaît sous une autre forme : elle ne désigne plus un simple point de départ méthodologique, mais un commencement concret qu'il s'agit de reconstruire à travers des "questions-en-retour". Il maintient toutefois une certaine tension entre deux concepts de commencement génétique. Celui-ci peut être pensé comme un phénomène originel qui aurait été vécu dans le passé, ce qui le conduit, dans certains inédits, à s'intéresser aux "premiers commencements" de l'existence humaine lors de la petite enfance. Mais le commencement peut aussi désigner un événement originaire qui n’a pas lieu dans le temps et constitue l’origine non-phénoménale de la phénoménalité, archi-événement qui s’atteste dans l’actualité charnelle du présent vivant. Ce sont ces différentes dimensions de la question du commencement en phénoménologie que nous voulons aborder cette année, à partir d'une lecture des Méditations cartésiennes, de la Krisis et de certains inédits de Husserl, notamment L'origine de la géométrie. Nous nous appuierons en particulier sur les interprétations de ce dernier texte proposées par Merleau-Ponty et par Derrida.
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Papers by Virginie Palette
Co-ordonné avec Elise Marrou
À l’heure où les notions de contenu phénoménal et représentationnel jouent un rôle de premier plan dans la plupart des débats en philosophie de la perception, une enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné nous semble à la fois prometteuse et urgente. En effet, le prisme du donné (das Gegebene, the Given) s’avère crucial pour confronter ce que la phénoménologie et la philosophie analytique nomment expérience, d’autant plus que ces deux traditions se sont développées dans une ignorance réciproque quasi-totale sur cette question. Ce séminaire se propose tout d’abord d’explorer les modalités par lesquelles le lexique du "donné" a été introduit face aux lexiques des "sensations" et des "impressions". Car, contrairement à ce que nous invite à penser une certaine illusion rétrospective qui veut qu’on attribue ce lexique aux empiristes classiques, sa paternité revient à la première Critique. Sa provenance kantienne a de lourdes conséquences : elle inscrit d’emblée la notion dans un cadre transcendantal au sein duquel le donné est donné à un sujet et pensé sur le modèle de l’objet, conformément à la téléologie de la connaissance. Après avoir éclairé la distance qui se creuse entre la compréhension empiriste des sensations et le lexique kantien de phénomène (Erscheinung), nous proposons d’explorer la spécificité de la notion d’élément dans le monisme neutre d’Ernst Mach. C’est de Mach que la phénoménologie (Husserl) et le positivisme logique (Schlick, Carnap) héritent leurs lexiques du donné tout en se démarquant d’emblée d’un usage sensualiste de cette notion au nom de l’intentionnalité d’un côté et d’un structuralisme logique de l’autre. Parallèlement à la scène austro-allemande, on assiste à un enrichissement des lexiques du donné lorsque le concept de sense data est introduit sur la scène anglo-saxonne. Le renouveau du réalisme en Grande Bretagne (Moore, Russell, Austin) et aux États-Unis (C. I. Lewis) peut difficilement être distingué des réappropriations de cette terminologie (par Price et Russell) et des critiques dont elle est l’objet (Austin). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion absurde ou contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent profondément le concept de donné. C’est à l’ensemble des étapes de cette histoire du donné que Sellars, s’inscrivant dans une lignée néokantienne classique (Cohen, Natorp, Cassirer, Rickert, Bauch), fait référence, lorsqu’il dénonce le "Myth of the Given", mythe qui connaît aujourd’hui une nouvelle jeunesse en philosophie de la perception. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.
Co-organisé avec Elise Marrou
Nous poursuivrons en 2014/2015 l’enquête sur le concept de donné que nous avons entamée dans le séminaire « Lexiques du donné (I) » en 2013/2014 et prolongée durant la journée d’études « L’appel au donné » en mai 2014
Les critiques du donné ont été et sont encore légion. Ce n’est pourtant pas dans une perspective critique que nous abordons ici le donné. Pour échapper à l’alternative de son mythe et de sa défense, nous tentons de dégager une troisième voie qui consiste en une exploration de ses lexiques en amont et en aval du tournant transcendantal et qui repose sur la volonté de faire dialoguer sur ce point précis les deux traditions, phénoménologique et analytique. En effet, s’il n’est pas douteux que la méthode phénoménologique repose sur les notions de donné (Gegebenes) et de donation (Gegebenheit) et que la diversité des phénoménologies peut se lire au prisme de ce qui est donné et des modalités de son être-donné, l’unification des données (data) sous un seul et même concept de given n’a connu à ce jour qu’une réception relativement marginale en philosophie analytique. Pourtant, les pistes explorées par les philosophes de la perception britanniques de la première génération et les philosophes américains de la seconde génération sont particulièrement riches sur cette question. Elles ne se contentent pas de croiser, sur de nombreux points, les critiques que les phénoménologues ont adressées à l’empirisme classique auquel, rappelons-le, le lexique du donné est étranger.
La première étape de cette enquête nous a conduit, en amont du lexique kantien du donné, vers les lexiques des impressions et des idées dans l’empirisme britannique (Hume, Locke, Reid), et en aval, vers une riche variété de lexiques dans le postkantisme au sens large (Herbart, Mach, Ecole de Brentano, Lask, Cassirer, Russell, Schlick). Ainsi, certains axes de questionnement se sont révélés être des carrefours autour desquels s’articule notre exploration généalogique du concept de donné : c’est notamment le cas de la question du caractère neutre, subjectif ou objectif du donné, qui oppose les lexiques phénoménologiques et psychologiques aux lexiques positivistes et néokantiens, et de la question de la composition (atomiste/simple ou complexe) de l’expérience, qui fait apparaître sous un jour nouveau des filiations opératoires entre les lexiques du donné chez Herbart, dans l’école de Brentano et la phénoménologie.
Nous nous proposons cette année d’approfondir les pistes que nous avons déjà ébauchées en mettant à l’épreuve une distinction proposée par Jacob Joshua Ross entre trois sens du donné : le donné comme sense datum, le donné comme totalité sensorielle continue, et le donné comme objet physique. Si le premier a été abondamment exploré, le second découle du refus d’une compréhension discrète et élémentaire de ce qui nous est donné, refus commun à la Gestaltpsychologie, à F. H. Bradley et à William James. Le troisième sens nous entraînera enfin sur le terrain des réalismes directs (ainsi, le concept de donné intervient-il au premier plan de la controverse sur les sense data et les objets physiques qui oppose Russell aux Edwardians (Stout, Alexander, Nunn). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent en profondeur le concept de donné. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.
November 2015
Instituto De Humanidades
Universitad Diego Portales
Santiago de Chile
Primero, se hará una presentación histórica y filosófica de los
paradigmas fenomenológico (modelo descriptivo de Brentano y
Husserl) y hermenéutico (modelo comprehensivo de Dilthey y
Heidegger) como complementos a los paradigmas naturalista y psicoanalítico dominantes en el ámbito de la psicología teórica contemporánea.
Segundo, se introducirá, de manera dinámica y con apoyo en ejemplos clínicos concretos, los conceptos fundamentales de la fenomenología y de la hermenéutica (tales como: fenómeno, intencionalidad, reducción transcendental y reducción eidética, experiencia del tiempo y espacio, intersubjetividad, cuerpo vivido, mundo de la vida, situación y contexto, significación, etc.).
Le séminaire s'achèvera par trois journées d'études à Bâle et à Strasbourg où les étudiants pourront présenter des exposés. Ce séminaire "transfrontalier" veut être un laboratoire de réflexion pour analyser certains phénomènes-limites et leur signification pour la phénoménologie, sans se limiter à l'oeuvre de Husserl, mais en abordant aussi celles de ses successeurs, de Heidegger, Sartre et Merleau-Ponty jusqu'à Levinas, Ricoeur et Derrida. Il s'agira de réfléchir à l’actualité de la méthode phénoménologique, en la confrontant aux débats contemporains qui traversent la philosophie et les sciences humaines (histoire, psychiatrie et psychanalyse, anthropologie…), Les langues de travail seront le français, l'allemand et l'anglais.
Husserl aimait à se présenter comme un "éternel commençant". C’est dans des termes similaires qu’il désignait aussi la phénoménologie : comme une "science du commencement". La question du commencement s’est d’abord posée à lui d’un point de vue méthodologique : le point de départ de la recherche phénoménologique est la méthode de réduction - ou épokhè- qui consiste à mettre hors-jeu les données de l'"attitude naturelle" afin de découvrir des "évidences ultimes", des vérités absolues.
Il a défini trois voies vers la réduction : la voie cartésienne qui, en mettant hors-jeu l'existence du monde, se fonde sur l’évidence absolue de l’ego cogito; la voie psychologique qui prend pour point de départ ce qui se donne de façon évidente dans l’introspection subjective; et enfin la voie du monde de la vie (Lebenswelt) qui opère l'épokhè des sciences objectives afin de décrire une expérience du monde pré-donné avant toute constitution de sens et toute "idéalisation", ce qui soulève la question de la transmission historique et intersubjective des idéalités. Husserl a également tenté d'élaborer une phénoménologie génétique où la question du commencement réapparaît sous une autre forme : elle ne désigne plus un simple point de départ méthodologique, mais un commencement concret qu'il s'agit de reconstruire à travers des "questions-en-retour". Il maintient toutefois une certaine tension entre deux concepts de commencement génétique. Celui-ci peut être pensé comme un phénomène originel qui aurait été vécu dans le passé, ce qui le conduit, dans certains inédits, à s'intéresser aux "premiers commencements" de l'existence humaine lors de la petite enfance. Mais le commencement peut aussi désigner un événement originaire qui n’a pas lieu dans le temps et constitue l’origine non-phénoménale de la phénoménalité, archi-événement qui s’atteste dans l’actualité charnelle du présent vivant. Ce sont ces différentes dimensions de la question du commencement en phénoménologie que nous voulons aborder cette année, à partir d'une lecture des Méditations cartésiennes, de la Krisis et de certains inédits de Husserl, notamment L'origine de la géométrie. Nous nous appuierons en particulier sur les interprétations de ce dernier texte proposées par Merleau-Ponty et par Derrida.
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diagnosis of depression, with the aim of overcoming the
broadness and nonspecificity of the concept of major depressive
disorder (MDD) in current systems of diagnostic
classification of mental disorders. Firstly, we outline the
methodological limitations of the current classification systems
for the diagnosis of MDD. Secondly, we offer a conceptual
differentiation between a “symptomatological” versus a
“phenomenological” diagnosis of depression. Thirdly, we
propose characteristic “disturbances of embodiment” as the
fundamental phenomena of “core depression”, which manifest
themselves in 3 dimensions: embodied self, embodied
intentionality, and embodied time. A more useful diagnosis
of depression may be achieved by describing the phenomena
that constitute a core depression, in order to avoid the
overdiagnosis of MDD and its negative consequences in clinical
practice.
- This book provides an original third way between the cult of the Given and its neglect, which is probably a desideratum of the most recent researches in Philosophy of Perception.
- It takes a new approach of both Natorp’s Psychology and Husserl’s Phenomenology.
Summary : (cf. below for the french version).
This book sheds light on the historical background of the Sellarsian criticisms of the Given. It systematizes the fundamental problems of German philosophy at the turn of the twentieth century, since the question of the Given was at the very heart of the genesis and program of Neokantianism and Phenomenology, the most influential philosophical movements at this time. The book explains how the criticisms of the Given in continental philosophy make available arguments that may be very useful in philosophy of science and epistemology in order to limit the growing empire of the neo-positivist paradigm at the beginning of this new century.
The Given is a recurrent theme in contemporary debate on perception in philosophy of mind. Remarkably, this notion always occurs in reference to the controversy around the so-called Myth of the Given, such as it has been introduced by Wilfrid Sellars in Empiricism and the Philosophy of Mind in 1956. Yet, Sellars’s criticisms have been prefigured – at least partially- by the strong objections to the Given in Neokantianism and Phenomenology at the turn of the twentieth century. This book fills a gap in classical historiography, which has so far paid too little attention to the consistency of the criticism of the Given in all philosophies marked by Kant’s legacy.
French version :
Cet ouvrage explore les critiques du donné dans le néokantisme et la phénoménologie allemands. Il révèle la portée considérable de ces critiques, qui impliquent en même temps une controverse avec le positivisme de la fin du XIXème siècle et un dialogue substantiel avec l’Esthétique transcendantale de Kant. En posant les questions de la sensation et de la perception, la présente monographie permet de ménager un accès privilégié aux enjeux fondamentaux de la philosophie austro-allemande au tournant du XXème siècle.
Lorsqu’il est question du donné ou des critiques du donné dans le discours philosophique contemporain, et cela arrive souvent dans les débats sur la perception en philosophie de l’esprit, c’est toujours à la controverse analytique autour du « mythe du donné » que l’on fait référence – controverse, qui a vu le jour en 1956, lorsque le philosophe américain Wilfrid Sellars publie Empirisme et philosophie de l’esprit. Or, il est intéressant d’observer que la critique sellarsienne du « mythe du donné » a été préfigurée, en un sens partiel mais important, par les objections que les néokantiens et les phénoménologues ont adressées à la notion de donné au tournant du XXesiècle. La présente monographie comble cette lacune béante de l’historiographie classique, qui a jusqu’ici accordé peu d’attention à la constance de cette critique dans toutes les philosophies marquées par l’héritage de Kant.