Books by Clara Pacquet
Sur l'ornement, traduction par Clara Pacquet des "Concepts préliminaires à une théorie des ornements'" de Karl Philipp Moritz (1793), préface de Danièle Cohn, postface, annexes et notes de Clara Pacquet, 2024
La dispute de l’ornement que nous ont rendue familière les travaux de l’historien de l’art Aloïs ... more La dispute de l’ornement que nous ont rendue familière les travaux de l’historien de l’art Aloïs Riegl et le célèbre pamphlet d’Adolf Loos (Ornement et crime, 1908), tout comme les prises de positions des artistes du modernisme et du minimal art, s’inscrit dans une histoire longue. Les Concepts préliminaires à une théorie des ornements de Karl Philip Moritz, publiés en 1793, en constituent une étape décisive.
Moritz choisit l’enquête empirique et la description pour construire une théorie des ornements grâce à l’étude des motifs et la connaissance des productions qu’un long voyage en Italie et l’observation des demeures berlinoises lui ont procurées. Il fait des ornements une pièce indispensable de l’esthétique telle qu’elle se conçoit à l’époque des Lumières. À l’opposé de l’allégorie, les ornements sont des formes libres qui n’imitent rien, qui n’ont pas de signification. Ils renvoient, dans le cadre d’une définition du beau, à la dimension anthropologique du besoin d’art et contribuent à la promotion de l’imagination.
Conçu dans le contexte de l’Académie des arts de Berlin, ce texte a un rôle éducatif ; il remplit aussi une fonction politique, à l’heure d’une industrialisation croissante des arts appliqués autour de 1800.
Signature et achevé en soi. Esthétique, psychologie et anthropologie dans l'œuvre de Karl Philipp Moritz, 2017
[Published in French - May 2017 - Presses du réel: http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id... more [Published in French - May 2017 - Presses du réel: http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=5513&menu=]
This book is an essay conceived as an intellectual portrait of the German writer, psychologist and art theorist Karl Philipp Moritz (1756-1793), whose purpose is to investigate the relationships between aesthetics, psychology and anthropology in the second half of the 18th century, and the importance of their simultaneous development for the debates about art after 1800.
Summary
Moritz remains rather unknown outside of Germany, where he is considered as an essential author for understanding the formation of aesthetics as a philosophical discipline, but also as experimental research, literary field and art critic in the 18th century. By foreshadowing an educational vision of the art experience, Moritz anchored the aesthetic debate in a psychological and anthropological dimension, which went beyond the narrow field of art.
Moritz was first known in his lifetime as a psychologist and a writer. He funded the first journal of experimental psychology where the writings of specialists – doctors or philosophers – were collected together with police reports, real or imaginary autobiographies, anonymous accounts of dreams, literary extracts or texts of mystics. Moritz also won recognition for his writings on art; the most famous was written in Rome in 1786 alongside Goethe who would, some years later, use many of his ideas. After his stay in Italy, Moritz taught art theory at the Academy of Fine Arts in Berlin. His eclecticism influenced a generation of artists and theorists such as Jean Paul, Friedrich Schlegel and Schiller.
The merit of Moritz is that of having been able to combine, thanks to a dynamic definition of the work of art, a theory of creation with a theory of reception. In the artist, he saw a spectator in front of nature, while the spectator became the architect of the relationship he built with the artwork. Indeed, with Moritz, the artwork acquired for the first time in the history of art theory the status of a radically autonomous object whose body nevertheless remains fragmentary, because its assimilation to the remaining traces of a creative movement can be completed only in the present act. Moritz thus laid the foundations for a debate on the part of history and the part of direct experience in art that continues today.
Éditions Rue d'Ulm (coll. Æsthetica), 2008
Traduction et introduction par Clara Pacquet
Postfac... more Éditions Rue d'Ulm (coll. Æsthetica), 2008
Traduction et introduction par Clara Pacquet
Postface de Danièle Cohn
*
La dispute de l'ornement — que nous ont rendue familière les travaux de l'historien de l'art Aloïs Riegl et le célèbre pamphlet d'Adolf Loos, tout comme les prises de positions des artistes du modernisme et du minimal art — a une longue histoire. Les Concepts préliminaires en vue d'une théorie des ornements de Karl Philip Moritz, rédigés en 1793, constituent une étape décisive. Écrit par l'un des tenants de la Klassik, héritier de Winckelmann et de Herder, dont l'influence sur Goethe est notoire, l'ouvrage étonne par son enquête empirique et sa pratique de la description. Une théorie des ornements et non de l'ornement se construit dans l'étude des motifs, la connaissance des productions qu'un long voyage en Italie et l'observation des demeures berlinoises ont procurées à l'auteur.
Moritz montre que la pensée de l'ornement est une pièce maîtresse de la réflexion esthétique sur la beauté. À l'opposé de l'allégorie, les ornements sont des formes libres qui n'imitent rien, qui n'ont pas de signification. Ils dévoilent la dimension anthropologique du besoin d'art et contribuent à la promotion de l'imagination.
Online Publication by Clara Pacquet
Arts & Sociétés, La Lettre du séminaire - Sciences Po Paris, 2019
Jean Rouch a découvert les rituels de possession des populations songhay du Niger quand il était ... more Jean Rouch a découvert les rituels de possession des populations songhay du Niger quand il était ingénieur des Travaux publics des colonies avant de renoncer à ce métier pour se consacrer à la recherche. Il commence à filmer pour documenter les cérémonies où les choses sont des « activateurs d’affects » à but curatif. Clara Pacquet relève des correspondances entre son cinéma, où les humains deviennent choses et les choses créatures, et la littérature en Europe (Perec, Robbe-Grillet, Foucault, Barthes ou Baudrillard) confrontée au déferlement des objets produits en série par les machines. Laurence Bertrand Dorléac
Texte publié en ligne, accessible en cliquant sur le lien mentionné.
Arts & Sociétés, La Lettre du séminaire - Sciences Po Paris, 2019
Jean Rouch discovered the rituals of possession among the Songhai populations of Niger when he wa... more Jean Rouch discovered the rituals of possession among the Songhai populations of Niger when he was a colonial public-works engineer before quitting that job to devote his life to research. He began filming in order to document ceremonies during which things are “activators of affects” for purposes of healing. Clara Pacquet notes the correspondences between his cinematic efforts, wherein humans become things and things become creatures, and European literature (Georges Perec, Alain Robbe-Grillet, Michel Foucault, and Jean Baudrillard), which was confronted with the spread of mass-produced, machine-made objects. Laurence Bertrand Dorléac
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Photography and Orality. Dialogues in Bamako, Dakar and Elsewhere / Photographie et Oralité. Dialogues à Bamako, Dakar et ailleurs, Jun 16, 2017
Stuttgart/Berlin, 2017
The online publication "Photography and Orality" presents dialogues in En... more Stuttgart/Berlin, 2017
The online publication "Photography and Orality" presents dialogues in English and French with seventeen photographers from Mali and Senegal who reflect on their artistic practice, production conditions and the concept of communication through their work.
Comments from curators, fellow-artists, art historians and theorists expand the perspective. Videos and transcripts of the interviews are displayed in parallel with images of the artists' work.
Visual, oral and written knowledge is thus woven into an ongoing narrating process, a story of telling and re-telling that can be defined as orality.
Photographers who participated in the project and whose works are visible on the "Photography and orality" platform: Alioune Bâ, Mohamed Camara, Ousmane Dago, Emmanuel Bakary Daou, Fatoumata Diabaté, Malika Diagana, Harandane Dicko, Omar Victor Diop, Elise Fitte-Duval, Mamadou Gomis, Angelina Nwachukwu, Fatou Kandé Senghor, Malick Sidibé, Amadou Sow, Djibril Sy, Adama Sylla, Ibrahima Thiam.
Contributions by Eva Barois De Caevel, Julien Bondaz, Joshua I. Cohen, Dagara Dakin, Aïcha Diallo, Babacar Mbaye Diop, Elizabeth Edwards, Lukas Einsele, Emmanuel Iduma, Darren Newbury, Érika Nimis, Ken Aïcha Sy, Malte Wandel, Deborah Willis.
Project funded by the programm "TURN" (Kulturstiftung des Bundes), the Staatliche Akademie der bildenden Künste Stuttgart and the Technische Universität Berlin.
Papers by Clara Pacquet
Cahiers Philosophiques, 2020
À la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, alors que les domaines du textile et de la porcelaine con... more À la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, alors que les domaines du textile et de la porcelaine connaissent une industrialisation croissante, une dispute éclate entre théoriciens et praticiens concernant la valeur des ornements : ces derniers sont-ils nécessaires ou superflus, initiateurs d’ordre ou de désordre, au service de la raison ou de l’imagination ? Faut-il les enseigner ou les bannir des académies ? Cette crise normative sera l’occasion de réévaluer la frontière, qu’elle soit considérée comme étanche ou dynamique, entre beaux-arts et arts appliqués, et d’inaugurer ainsi une pensée pionnière de l’art dont le noyau sera l’autonomie et où les enjeux esthétiques et politiques paraîtront comme indissociables.
https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2020-3.htm
Visual History. Rivista internazionale di storia e critica dell’immagine, N° 2, 2016.
Visual a... more Visual History. Rivista internazionale di storia e critica dell’immagine, N° 2, 2016.
Visual anthropology is based on the idea that the camera and the sound recording produce a non-discursive knowledge accounting for complex phenomena from reality that no textual analysis can render. In this article the works and the working methods of the French filmmaker and anthropologist Jean Rouch (1917-2004) exemplify a redefinition of anthropology in the colonial context thanks to the tool of the camera. The consequences of which go beyond the realm of the social sciences to influence the art world.
Andreas Beyer et Danièle Cohn (dir.), Die Kunst denken. Zu Ästhetik und Kunstgeschichte, Berlin/Munich, Deutscher Kunstverlag, 2012
Audrey Rieber (dir.), Penser l’art, penser l’histoire, éditions de L’Harmattan, Paris, 2014
Pourquoi, à Rome, Johann Wolfgang Goethe délaisse-t-il un temps l'écriture pour la carte et le de... more Pourquoi, à Rome, Johann Wolfgang Goethe délaisse-t-il un temps l'écriture pour la carte et le dessin lorsqu'il lui faut comprendre l'espace de l'histoire ? Partant de son journal de Voyage en Italie et de la difficulté qu'il y éprouve à décrire en mots ce qui le fascine tant dans "le sol classique", cet article se propose de regarder comment certains de ses amis artistes plasticiens ont abordé la terre historique romaine dans leurs tableaux ou dessins, avant de revenir aux considérations sur l'histoire de Goethe et de son compagnon de voyage Karl Philipp Moritz. Une connaissance du passé n'est-elle possible qu'à travers l'expérience présente que nous en faisons ? Cette connaissance est-elle à même de susciter un sentiment historique moteur pour créer du nouveau à partir de l'ancien ?
Élisabeth Décultot et Gerhard Lauer (dir.), Kunst und Empfindung. Zur Genealogie einer kunsttheoretischen Fragestellung in Deutschland und Frankreich im 18. Jahrhundert, Heidelberg, Universitätsverlag Winter, 2012
Cela peut faire l’effet d’un contresens que de parler de « sentiment de l’achèvement chez Karl Ph... more Cela peut faire l’effet d’un contresens que de parler de « sentiment de l’achèvement chez Karl Philipp Moritz », lui qui est notamment connu pour son texte de 1785 intitulé Versuch einer Vereinigung aller schönen Künste und Wissenschaften unter dem Begriff des In sich selbst Vollendeten. Dans ce texte, l’achevé en soi est clairement présenté par Moritz comme un concept ; or, la manière dont il poursuit sa réflexion sur l’art trois années plus tard dans son essai de 1788, écrit à Rome aux côtés de Goethe, Über die bildende Nachahmung des Schönen, tend à intégrer davantage ce qui relève de l’ordre du sentiment dans notre rapport aux œuvres d’art. En effet, si elles sont achevées en soi, c’est-à-dire animées d’une finalité intrinsèque qui conditionne leur autonomie vis-à-vis du dehors, les produits d’art apparaissent aussi sous la forme de signatures, d’empreintes ou de traces, des formes donc qui se meuvent, voire flottent, entre un achèvement et un inachèvement, un plein et un vide, une fixité et un mouvement, une histoire et son expérience. Les œuvres d’art sont prises dans une histoire, un passé dont il nous faut déchiffrer les traces présentes et savoir aussi les réanimer, les interpréter de manière vivante, les éprouver. L’art est en ce sens producteur de traces douées d’un fort potentiel de réanimation ; et les traces artistiques se démarquent de l’ensemble des traces historiques, car elles sont chargées d’une finalité qui, en dépit d’un corps de l’œuvre qui peut être parfois abîmé, garde sa cohérence et sa force. C’est la finalité qui donne son squelette à l’histoire et une structure à la réception que nous pouvons faire encore aujourd’hui d’œuvres très anciennes, dont il nous reste très peu d’éléments pour orienter de manière « objective » notre interprétation. Faire l’expérience de l’histoire, gagner un sentiment historique sur le sol classique qu’est Rome, c’est-à-dire un sol où le particulier et l’universel jouissent d’une union dynamique exemplaire, un sol où l’on peut user d’un jugement qui sache déterminer et réfléchir en même temps, une ville-idée, un en kai pan : voilà ce qui semble être décisif dans cet écrit de 1788, essai dans lequel Moritz revoit les rapports qu’entretiennent sentiment et concept dans l’œuvre d’art, qu’il s’agisse d’une œuvre d’art pour l’artiste qui crée ou bien d’une œuvre d’art à consommer pour un hypothétique spectateur, parce que penser les rapports entre art, nature et histoire l’implique nécessairement.
La question que nous aimerions donc ici poser est la suivante : y a-t-il une objectivité du tout, une objectivité de l’achèvement et donc aussi de l’œuvre d’art, ou bien cela n’existe-t-il qu’au sein d’un sujet ? Quelle est la part de sentiment dans l’idée même d’achèvement ? Si la totalité relève d’une impression, au sens d’un état subjectif, cela vient-il annuler, fragiliser ou plutôt renforcer sa part d’objectivité ? L’impression exclut-elle l’idée ? Où situer le sentiment, lui qui n’est ni pure sensation ni pur concept? Quelle serait cette zone difficile à localiser entre sensibilité et idée ? Pareille question est déterminante en cette seconde moitié du 18ème siècle, période au cours de laquelle nous tentons d’élaborer à la fois un discours historique sur les œuvres d’art et une philosophie de la connaissance sensible à même de théoriser l’expérience que nous faisons de l’art et du beau.
Vera Beyer et Christian Spies (dir.), Ornament. Motiv – Modus – Bild, München, Wilhelm Fink, 2012
Thesis by Clara Pacquet
EHESS, 2010
Karl Philipp Moritz reste encore plutôt confidentiel en France, alors qu’il est un auteur essent... more Karl Philipp Moritz reste encore plutôt confidentiel en France, alors qu’il est un auteur essentiel pour comprendre ce qui se joue au XVIIIe s. autour de la formation de l’esthétique comme discipline philosophique, mais aussi comme recherche expérimentale, terrain littéraire et lieu d’expression d’une critique d’art. Précurseur d’une vision pédagogique de l’expérience de l’art, il ancre le débat esthétique d’emblée dans une dimension qui dépasse le strict champ de l’art pour aller vers la psychologie et l’anthropologie. Moritz était d’abord connu de son vivant en tant que psychologue et écrivain. Il crée la première revue de psychologie expérimentale où des écrits de spécialistes – médecins ou philosophes – côtoient des rapports de police, des autobiographies réelles ou imaginaires, des récits de rêves par des anonymes et des extraits littéraires. Moritz se fait connaître également par ses écrits sur l’art dont le plus connu fut rédigé à Rome en 1786 aux côtés de Goethe qui reprendra à son compte plusieurs de ses idées. Moritz devient par la suite professeur à l’Académie des Beaux-arts de Berlin où il enseignera la théorie de l’art. Son éclectisme marquera ainsi toute une génération d’artistes et de théoriciens comme Jean Paul, Friedrich Schlegel ou Schiller.
Le mérite de Moritz est d’avoir su marier, grâce à une définition dynamique de l’œuvre d’art, une théorie de la création avec une théorie de la réception faisant de l’artiste un spectateur face à la nature et du spectateur l’artisan de la relation qu’il construit avec l’œuvre d’art.
En effet, chez Moritz, l’œuvre acquiert pour la première fois dans l’histoire de la théorie de l’art le statut d’un objet radicalement autonome dont le corps reste pourtant fragmentaire, incomplet, car assimilé à la trace restant d’un mouvement créateur qui ne saurait être plein que dans l’acte présent. Moritz pose ainsi les jalons d’un débat sur la part d’histoire et la part d’expérience immédiate dans l’art qui se poursuit encore aujourd’hui.
Other Texts (Exhibitions, Artists) by Clara Pacquet
Arts of the Working Class, Berlin, 2019
« La plupart des ethnographes, surtout ceux qui ont travaillé sur le terrain, sont, dans une mesu... more « La plupart des ethnographes, surtout ceux qui ont travaillé sur le terrain, sont, dans une mesure ou une autre, des rebelles, des anxieux, des gens qui se sentent mal à l’aise dans leur propre civilisation. »
Fernande Bing, Entretien avec Alfred Métraux, 1961
Hans Hartung. La fabrique du geste, 2019
Texte publié dans le catalogue de l’exposition "Hans Hartung. La fabrique du geste" (11 octobre 2... more Texte publié dans le catalogue de l’exposition "Hans Hartung. La fabrique du geste" (11 octobre 2019-1 mars 2020), Musée d’art moderne de la ville de Paris. Ce texte revient sur le contexte de l’abstraction dans le Paris des années 1940-1950 et présente les principales problématiques liées à ladite abstraction lyrique.
Galerie im Turm, Berlin, 2015
The exhibition IN BETWEEN IMAGES by Nina Torp at the Galerie im Turm (Berlin) ties the architectu... more The exhibition IN BETWEEN IMAGES by Nina Torp at the Galerie im Turm (Berlin) ties the architectural history of Karl-Marx-Allee to her on-going interest in investigating rituals of visual perception and heritage.
http://www.mottodistribution.com/shop/in-between-images.html
Book Reviews by Clara Pacquet
Arts of the Working Class, Berlin, 2021
For years I was attracted to the last book published by the psychotherapist and philosopher Felix... more For years I was attracted to the last book published by the psychotherapist and philosopher Felix Guattari because of its title, Chaosmosis, but I never managed to read it. Then a few years ago I met Rachida Triki, a Tunisian philosopher, at a symposium somewhere in Germany. She told me that she had just re-read it and that she had been astonished by its relevance to today’s world. She said “re-read” because she was about 70 years old at the time and was therefore part of that generation that had felt it necessary to read all of Deleuze and Guattari’s books. Her comment was: “Guattari had already understood everything!”.
21: Inquiries into Art, History, and the Visual, 2023
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Books by Clara Pacquet
Moritz choisit l’enquête empirique et la description pour construire une théorie des ornements grâce à l’étude des motifs et la connaissance des productions qu’un long voyage en Italie et l’observation des demeures berlinoises lui ont procurées. Il fait des ornements une pièce indispensable de l’esthétique telle qu’elle se conçoit à l’époque des Lumières. À l’opposé de l’allégorie, les ornements sont des formes libres qui n’imitent rien, qui n’ont pas de signification. Ils renvoient, dans le cadre d’une définition du beau, à la dimension anthropologique du besoin d’art et contribuent à la promotion de l’imagination.
Conçu dans le contexte de l’Académie des arts de Berlin, ce texte a un rôle éducatif ; il remplit aussi une fonction politique, à l’heure d’une industrialisation croissante des arts appliqués autour de 1800.
This book is an essay conceived as an intellectual portrait of the German writer, psychologist and art theorist Karl Philipp Moritz (1756-1793), whose purpose is to investigate the relationships between aesthetics, psychology and anthropology in the second half of the 18th century, and the importance of their simultaneous development for the debates about art after 1800.
Summary
Moritz remains rather unknown outside of Germany, where he is considered as an essential author for understanding the formation of aesthetics as a philosophical discipline, but also as experimental research, literary field and art critic in the 18th century. By foreshadowing an educational vision of the art experience, Moritz anchored the aesthetic debate in a psychological and anthropological dimension, which went beyond the narrow field of art.
Moritz was first known in his lifetime as a psychologist and a writer. He funded the first journal of experimental psychology where the writings of specialists – doctors or philosophers – were collected together with police reports, real or imaginary autobiographies, anonymous accounts of dreams, literary extracts or texts of mystics. Moritz also won recognition for his writings on art; the most famous was written in Rome in 1786 alongside Goethe who would, some years later, use many of his ideas. After his stay in Italy, Moritz taught art theory at the Academy of Fine Arts in Berlin. His eclecticism influenced a generation of artists and theorists such as Jean Paul, Friedrich Schlegel and Schiller.
The merit of Moritz is that of having been able to combine, thanks to a dynamic definition of the work of art, a theory of creation with a theory of reception. In the artist, he saw a spectator in front of nature, while the spectator became the architect of the relationship he built with the artwork. Indeed, with Moritz, the artwork acquired for the first time in the history of art theory the status of a radically autonomous object whose body nevertheless remains fragmentary, because its assimilation to the remaining traces of a creative movement can be completed only in the present act. Moritz thus laid the foundations for a debate on the part of history and the part of direct experience in art that continues today.
Traduction et introduction par Clara Pacquet
Postface de Danièle Cohn
*
La dispute de l'ornement — que nous ont rendue familière les travaux de l'historien de l'art Aloïs Riegl et le célèbre pamphlet d'Adolf Loos, tout comme les prises de positions des artistes du modernisme et du minimal art — a une longue histoire. Les Concepts préliminaires en vue d'une théorie des ornements de Karl Philip Moritz, rédigés en 1793, constituent une étape décisive. Écrit par l'un des tenants de la Klassik, héritier de Winckelmann et de Herder, dont l'influence sur Goethe est notoire, l'ouvrage étonne par son enquête empirique et sa pratique de la description. Une théorie des ornements et non de l'ornement se construit dans l'étude des motifs, la connaissance des productions qu'un long voyage en Italie et l'observation des demeures berlinoises ont procurées à l'auteur.
Moritz montre que la pensée de l'ornement est une pièce maîtresse de la réflexion esthétique sur la beauté. À l'opposé de l'allégorie, les ornements sont des formes libres qui n'imitent rien, qui n'ont pas de signification. Ils dévoilent la dimension anthropologique du besoin d'art et contribuent à la promotion de l'imagination.
Online Publication by Clara Pacquet
Texte publié en ligne, accessible en cliquant sur le lien mentionné.
Text published online. Click on the given link.
The online publication "Photography and Orality" presents dialogues in English and French with seventeen photographers from Mali and Senegal who reflect on their artistic practice, production conditions and the concept of communication through their work.
Comments from curators, fellow-artists, art historians and theorists expand the perspective. Videos and transcripts of the interviews are displayed in parallel with images of the artists' work.
Visual, oral and written knowledge is thus woven into an ongoing narrating process, a story of telling and re-telling that can be defined as orality.
Photographers who participated in the project and whose works are visible on the "Photography and orality" platform: Alioune Bâ, Mohamed Camara, Ousmane Dago, Emmanuel Bakary Daou, Fatoumata Diabaté, Malika Diagana, Harandane Dicko, Omar Victor Diop, Elise Fitte-Duval, Mamadou Gomis, Angelina Nwachukwu, Fatou Kandé Senghor, Malick Sidibé, Amadou Sow, Djibril Sy, Adama Sylla, Ibrahima Thiam.
Contributions by Eva Barois De Caevel, Julien Bondaz, Joshua I. Cohen, Dagara Dakin, Aïcha Diallo, Babacar Mbaye Diop, Elizabeth Edwards, Lukas Einsele, Emmanuel Iduma, Darren Newbury, Érika Nimis, Ken Aïcha Sy, Malte Wandel, Deborah Willis.
Project funded by the programm "TURN" (Kulturstiftung des Bundes), the Staatliche Akademie der bildenden Künste Stuttgart and the Technische Universität Berlin.
Papers by Clara Pacquet
https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2020-3.htm
Visual anthropology is based on the idea that the camera and the sound recording produce a non-discursive knowledge accounting for complex phenomena from reality that no textual analysis can render. In this article the works and the working methods of the French filmmaker and anthropologist Jean Rouch (1917-2004) exemplify a redefinition of anthropology in the colonial context thanks to the tool of the camera. The consequences of which go beyond the realm of the social sciences to influence the art world.
La question que nous aimerions donc ici poser est la suivante : y a-t-il une objectivité du tout, une objectivité de l’achèvement et donc aussi de l’œuvre d’art, ou bien cela n’existe-t-il qu’au sein d’un sujet ? Quelle est la part de sentiment dans l’idée même d’achèvement ? Si la totalité relève d’une impression, au sens d’un état subjectif, cela vient-il annuler, fragiliser ou plutôt renforcer sa part d’objectivité ? L’impression exclut-elle l’idée ? Où situer le sentiment, lui qui n’est ni pure sensation ni pur concept? Quelle serait cette zone difficile à localiser entre sensibilité et idée ? Pareille question est déterminante en cette seconde moitié du 18ème siècle, période au cours de laquelle nous tentons d’élaborer à la fois un discours historique sur les œuvres d’art et une philosophie de la connaissance sensible à même de théoriser l’expérience que nous faisons de l’art et du beau.
Thesis by Clara Pacquet
Le mérite de Moritz est d’avoir su marier, grâce à une définition dynamique de l’œuvre d’art, une théorie de la création avec une théorie de la réception faisant de l’artiste un spectateur face à la nature et du spectateur l’artisan de la relation qu’il construit avec l’œuvre d’art.
En effet, chez Moritz, l’œuvre acquiert pour la première fois dans l’histoire de la théorie de l’art le statut d’un objet radicalement autonome dont le corps reste pourtant fragmentaire, incomplet, car assimilé à la trace restant d’un mouvement créateur qui ne saurait être plein que dans l’acte présent. Moritz pose ainsi les jalons d’un débat sur la part d’histoire et la part d’expérience immédiate dans l’art qui se poursuit encore aujourd’hui.
Other Texts (Exhibitions, Artists) by Clara Pacquet
Fernande Bing, Entretien avec Alfred Métraux, 1961
http://www.mottodistribution.com/shop/in-between-images.html
Book Reviews by Clara Pacquet
Moritz choisit l’enquête empirique et la description pour construire une théorie des ornements grâce à l’étude des motifs et la connaissance des productions qu’un long voyage en Italie et l’observation des demeures berlinoises lui ont procurées. Il fait des ornements une pièce indispensable de l’esthétique telle qu’elle se conçoit à l’époque des Lumières. À l’opposé de l’allégorie, les ornements sont des formes libres qui n’imitent rien, qui n’ont pas de signification. Ils renvoient, dans le cadre d’une définition du beau, à la dimension anthropologique du besoin d’art et contribuent à la promotion de l’imagination.
Conçu dans le contexte de l’Académie des arts de Berlin, ce texte a un rôle éducatif ; il remplit aussi une fonction politique, à l’heure d’une industrialisation croissante des arts appliqués autour de 1800.
This book is an essay conceived as an intellectual portrait of the German writer, psychologist and art theorist Karl Philipp Moritz (1756-1793), whose purpose is to investigate the relationships between aesthetics, psychology and anthropology in the second half of the 18th century, and the importance of their simultaneous development for the debates about art after 1800.
Summary
Moritz remains rather unknown outside of Germany, where he is considered as an essential author for understanding the formation of aesthetics as a philosophical discipline, but also as experimental research, literary field and art critic in the 18th century. By foreshadowing an educational vision of the art experience, Moritz anchored the aesthetic debate in a psychological and anthropological dimension, which went beyond the narrow field of art.
Moritz was first known in his lifetime as a psychologist and a writer. He funded the first journal of experimental psychology where the writings of specialists – doctors or philosophers – were collected together with police reports, real or imaginary autobiographies, anonymous accounts of dreams, literary extracts or texts of mystics. Moritz also won recognition for his writings on art; the most famous was written in Rome in 1786 alongside Goethe who would, some years later, use many of his ideas. After his stay in Italy, Moritz taught art theory at the Academy of Fine Arts in Berlin. His eclecticism influenced a generation of artists and theorists such as Jean Paul, Friedrich Schlegel and Schiller.
The merit of Moritz is that of having been able to combine, thanks to a dynamic definition of the work of art, a theory of creation with a theory of reception. In the artist, he saw a spectator in front of nature, while the spectator became the architect of the relationship he built with the artwork. Indeed, with Moritz, the artwork acquired for the first time in the history of art theory the status of a radically autonomous object whose body nevertheless remains fragmentary, because its assimilation to the remaining traces of a creative movement can be completed only in the present act. Moritz thus laid the foundations for a debate on the part of history and the part of direct experience in art that continues today.
Traduction et introduction par Clara Pacquet
Postface de Danièle Cohn
*
La dispute de l'ornement — que nous ont rendue familière les travaux de l'historien de l'art Aloïs Riegl et le célèbre pamphlet d'Adolf Loos, tout comme les prises de positions des artistes du modernisme et du minimal art — a une longue histoire. Les Concepts préliminaires en vue d'une théorie des ornements de Karl Philip Moritz, rédigés en 1793, constituent une étape décisive. Écrit par l'un des tenants de la Klassik, héritier de Winckelmann et de Herder, dont l'influence sur Goethe est notoire, l'ouvrage étonne par son enquête empirique et sa pratique de la description. Une théorie des ornements et non de l'ornement se construit dans l'étude des motifs, la connaissance des productions qu'un long voyage en Italie et l'observation des demeures berlinoises ont procurées à l'auteur.
Moritz montre que la pensée de l'ornement est une pièce maîtresse de la réflexion esthétique sur la beauté. À l'opposé de l'allégorie, les ornements sont des formes libres qui n'imitent rien, qui n'ont pas de signification. Ils dévoilent la dimension anthropologique du besoin d'art et contribuent à la promotion de l'imagination.
Texte publié en ligne, accessible en cliquant sur le lien mentionné.
Text published online. Click on the given link.
The online publication "Photography and Orality" presents dialogues in English and French with seventeen photographers from Mali and Senegal who reflect on their artistic practice, production conditions and the concept of communication through their work.
Comments from curators, fellow-artists, art historians and theorists expand the perspective. Videos and transcripts of the interviews are displayed in parallel with images of the artists' work.
Visual, oral and written knowledge is thus woven into an ongoing narrating process, a story of telling and re-telling that can be defined as orality.
Photographers who participated in the project and whose works are visible on the "Photography and orality" platform: Alioune Bâ, Mohamed Camara, Ousmane Dago, Emmanuel Bakary Daou, Fatoumata Diabaté, Malika Diagana, Harandane Dicko, Omar Victor Diop, Elise Fitte-Duval, Mamadou Gomis, Angelina Nwachukwu, Fatou Kandé Senghor, Malick Sidibé, Amadou Sow, Djibril Sy, Adama Sylla, Ibrahima Thiam.
Contributions by Eva Barois De Caevel, Julien Bondaz, Joshua I. Cohen, Dagara Dakin, Aïcha Diallo, Babacar Mbaye Diop, Elizabeth Edwards, Lukas Einsele, Emmanuel Iduma, Darren Newbury, Érika Nimis, Ken Aïcha Sy, Malte Wandel, Deborah Willis.
Project funded by the programm "TURN" (Kulturstiftung des Bundes), the Staatliche Akademie der bildenden Künste Stuttgart and the Technische Universität Berlin.
https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2020-3.htm
Visual anthropology is based on the idea that the camera and the sound recording produce a non-discursive knowledge accounting for complex phenomena from reality that no textual analysis can render. In this article the works and the working methods of the French filmmaker and anthropologist Jean Rouch (1917-2004) exemplify a redefinition of anthropology in the colonial context thanks to the tool of the camera. The consequences of which go beyond the realm of the social sciences to influence the art world.
La question que nous aimerions donc ici poser est la suivante : y a-t-il une objectivité du tout, une objectivité de l’achèvement et donc aussi de l’œuvre d’art, ou bien cela n’existe-t-il qu’au sein d’un sujet ? Quelle est la part de sentiment dans l’idée même d’achèvement ? Si la totalité relève d’une impression, au sens d’un état subjectif, cela vient-il annuler, fragiliser ou plutôt renforcer sa part d’objectivité ? L’impression exclut-elle l’idée ? Où situer le sentiment, lui qui n’est ni pure sensation ni pur concept? Quelle serait cette zone difficile à localiser entre sensibilité et idée ? Pareille question est déterminante en cette seconde moitié du 18ème siècle, période au cours de laquelle nous tentons d’élaborer à la fois un discours historique sur les œuvres d’art et une philosophie de la connaissance sensible à même de théoriser l’expérience que nous faisons de l’art et du beau.
Le mérite de Moritz est d’avoir su marier, grâce à une définition dynamique de l’œuvre d’art, une théorie de la création avec une théorie de la réception faisant de l’artiste un spectateur face à la nature et du spectateur l’artisan de la relation qu’il construit avec l’œuvre d’art.
En effet, chez Moritz, l’œuvre acquiert pour la première fois dans l’histoire de la théorie de l’art le statut d’un objet radicalement autonome dont le corps reste pourtant fragmentaire, incomplet, car assimilé à la trace restant d’un mouvement créateur qui ne saurait être plein que dans l’acte présent. Moritz pose ainsi les jalons d’un débat sur la part d’histoire et la part d’expérience immédiate dans l’art qui se poursuit encore aujourd’hui.
Fernande Bing, Entretien avec Alfred Métraux, 1961
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