Andreï Makine L’AMI ARMÉNIEN
En Sibérie centrale, deux adolescents réunis par les aléas de l’Histoire se lient d’amitié dans un Empire soviétique déclinant. Orphelin, le narrateur découvre en Vardan le frère qu’il n’a pas eu, et dans la communauté arménienne dont Vardan est issu, la famille qu’il aurait aimé avoir. Chamiram, la mère, Gulizar à la beauté incandescente, et Sarven, le vieux sage, sont autant de figures qui le marqueront à jamais, ayant choisi l’exil pour soutenir leurs proches accusés d’antisoviétisme et déportés dans des camps à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal. C’est à la lisière de ces camps, dans des paysages de neige et de barbelés, que les deux amis font les quatre cents coups, découvrent la bonté et la cruauté dont les hommes sont capables. Rattrapé par sa santé fragile et bientôt alité, Vardan demande à son ami de déterrer le trésor que tous deux pensent avoir repéré, ce qui vaudra au narrateur d’être soupçonné de participation active à une tentative d’évasion, et un bref séjour dans les geôles staliniennes. Bien des années plus tard, le narrateur reviendra sur les lieux de « cette fugace parenthèse, lumineuse et tragique » et se souviendra que le véritable trésor offert par cet ami d’enfance est de lui avoir appris à être « celui qu’il n’était pas ». À travers l’évocation de cette poignante histoire d’amitié, L’Ami arménien revient sur l’un des épisodes les plus marquants de la jeunesse d’Andreï Makine.
I
« Il m’a appris à être celui que je n’étais pas. »
Dans ma jeunesse, j’exprimais ainsi ce que la rencontre avec Vardan m’avait fait découvrir de mystérieux et de paradoxal derrière le manège du monde.
À présent, j’y vois non pas d’obscures énigmes et d’étonnants paradoxes, mais cette vérité simple que, grâce
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