Le Soleil dans l'Oeil
Par Gaelle Kermen
5/5
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À propos de ce livre électronique
Le Soleil dans l'Oeil livrel #03 de 50 ans d'écriture en cahiers commence par le concert de Bob Dylan à l'Olympia le 24 mai 1966. L'année 1968 par quelques lignes sur Brice Lalonde et les révolutionnaires de la Sorbonne occupée. Entre temps, le livrel restitue l'atmosphère du roman-vérité Aquamarine 67, avec Brendan, Hélène, Ava, Benoit et les autres, l'époque du Pot de Fer et du Buci. Etudes à la Sorbonne et la fac de droit d'Assas, puis à l'école de la Haute-Couture parisienne. Voyages en stop en France, passage à l'Arche du Larzac ou à Avezan, citations encore de Patrice Cournot, éternelle référence. La Bretagne en ressourcement et un bout de vie à Nantes fin de l'année 68, après le film de Demy, Lola. Les deux premiers livrels parlaient d'amours platoniques, ici apparaissent les premiers amants, Nigel, trafiquant américain, Pierre, révolutionnaire malgache. Puis les autres, ceux de la Sorbonne occupée, dans la fête des coeurs et des corps, dans la libération de la fin des années 60, au Quartier latin parisien.
Dans ce livrel, le texte n'est plus commenté. Les trous du calendrier ne sont plus comblés a posteriori. Le style est là, il se développe sans écluse. Il restitue l'air du temps de la fin des années 60 dans sa mutation avant Mai 68.
Avec flou, et doute même. On comprend qu'il s'est passé des choses graves, comme deux tentatives de suicide. Je n'en dis pas grand chose, sur le moment, j'en parle longtemps après, en réminiscences. Le journal permettait de faire le point, de prendre du recul par rapport aux émotions, d'en tirer les leçons de vie.
Mes chemins ont rencontré beaucoup de monde au cours de ces années 66-67-68. On s'y perd. C'était notre vie, en tourbillons dont le centre était le café de Buci, aux confluences des influences.
Je mettrai dans mes blogs, les références à ceux qui ont laissé des traces visibles. Mon texte rend hommage à ceux qui ne sont pas connus, avec beaucoup de tendresse le plus souvent. Pour les disparus, c'est ma manière de les garder vivants.
Gaelle Kermen
Née le 3 mars 1946, étudiante à Paris dans les années 60-70, diplômée de la Sorbonne et de l'université Paris 8-Vincennes (Philosophie, Droit-Sciences Po, Sociologie).Sur Mac depuis 1992, sur Internet dès 95, webmaster en 97, blogueuse.Auteur-éditeur depuis 2010, elle publie en numérique les cahiers de son Journal, tenu à son arrivée de Bretagne à Paris en septembre 1960.Conseil en gestion du temps, elle cherche toujours des méthodes pour simplifier la vie.Scrivener user, fan et evangelist, elle publie un guide francophone "Scrivener plus simple".Elle restaure elle-même sa chaumière en Bretagne et son domaine en tenant un cahier de chantier.Gaelle Kermen écrit sur la vie, le temps, la nature, le rythme des saisons, la littérature, la musique, la peinture, la politique, l'histoire du monde, les technologies, le jardin, le travail du bois ou du chanvre, la sculpture du paysage, pour la construction d'un cadre de vie permettant l'épanouissement de chacun en harmonie avec le monde qui le porte.Concept de vie : marcher dans la beauté.
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Avis sur Le Soleil dans l'Oeil
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Aperçu du livre
Le Soleil dans l'Oeil - Gaelle Kermen
avant-propos
Soleil dans l'Oeil, livrel #03 de 50 ans d'écriture en cahiers, commence par le concert parisien de Bob Dylan à l'Olympia le 24 mai 1966. Il finit en fin d'année 1968 par quelques lignes sur les révolutionnaires de la Sorbonne occupée. Entre temps, le livrel restitue l'atmosphère du roman-vérité Aquamarine 67, avec Brendan, Hélène, Ava, Benoit et les autres, l'époque du Pot de Fer et du Buci. Etudes à la Sorbonne et la fac de droit d'Assas, puis à l'école de la Haute-Couture parisienne. Voyages en stop en France, passage à l'Arche du Larzac ou à Avezan, citations encore de Patrice Cournot, l’éternelle référence, la Bretagne en ressourcement, un bout de vie à Nantes, après les délires du printemps 68.
La lecture du roman-vérité Aquamarine 67 peut s’insérer dans cet espace-temps, avant ou après la lecture de ce livrel. Beaucoup d’éléments y ont été développés.
Les deux premiers livrels parlaient d'amours platoniques, ici apparaissent les premiers amants, Nigel, trafiquant américain, Pierre, révolutionnaire malgache. Puis les autres, ceux de la Sorbonne occupée, dans la fête des cœurs et des corps, dans la libération fémininiste de la fin des années 60, au Quartier latin parisien.
Dans ce livrel, le texte n'est plus commenté, les trous du calendrier ne sont plus comblés a posteriori. Le style est là, il se développe sans écluse, restituant l'air du temps de la fin des années 60 dans sa mutation avant Mai 68. Avec flou et doute même. On comprend qu'il s'est passé des choses graves, comme deux tentatives de suicide. On n’en sait pas grand chose sur le moment, tout est tracé en petites notes impressionnistes.
Le journal souvent irrégulier permettait de faire le point, de prendre du recul par rapport aux émotions, d'en tirer des leçons de vie, de reconstruction après les drames amoureux.
Mes chemins ont croisé beaucoup de monde au cours de ces années 66-67-68. On s'y perd, ne sachant pas toujours qui est qui. Mais c'était exactement notre vie, avec ses rencontres multiples, en tourbillons dont le centre était le café de Buci, aux confluences des influences. Le texte restitue cette ambiance, excitante et parfois délétère.
Noms des personnages : dans mes cahiers, je parle de gens, qui ont vraiment vécu ce que je transcrivais presque verbatim. Je ne donne les noms entiers que pour les personnages publics, ceux qu'on peut trouver sur l'Internet si on tape leur nom dans un moteur de recherches. Pour les personnes privées, je mets le prénom réel mais souvent je le transforme pour respecter la vie intime. Si vous vous reconnaissez et que vous désiriez être cité(e) avec votre nom complet, n'hésitez pas à me contacter (liens après ma signature en fin de livrel). Je pense être assez respectueuse de chacun pour ne rien livrer qui soit préjudiciable à qui que ce soit. Au contraire, c'est avec beaucoup de tendresse que j'ai mis en forme ces pages retrouvées après 45 ans.
Pour les personnages déjà apparus dans Aquamarine 67, j’ai gardé les mêmes prénoms, comme Hélène, que l’on va retrouver de longues années. C’est pourquoi je m’appelle Marine dans les cahiers publiés, qui est la contraction de mon vrai prénom Marie-Hélène.
Je mettrai dans mes blogs les références aux personnages qui ont laissé des traces visibles. Mon texte rend hommage à ceux qui ne sont pas connus. Pour les disparus, c'est ma manière de les garder vivants.
Belle lecture à vous.
Gaelle Kermen
Kerantorec, 11/02/2011
bob dylan on stage olympia 66
freefallin'
c'était le jour de son anniversaire
Robert Zimmerman venait d'avoir quel âge c'est très simple il est né le 24 mai 1941 à Duluth Minnesota tout le monde savait ça
donc aujourd'hui c'était le 24 mai 1966 il avait 25 ans et tout le poids d'un monde croulait déjà sur ses épaules étriquées
il devait chanter le soir même
l'histoire se passait à paris
pour être exact sur la scène de l'olympia
je n'ai jamais rien vu de plus gracieux que bob dylan sur la scène
ces longs gestes des bras dans l'air
ces entrechats ébauchés
ces sourires fragiles et cette chevelure frissonnante
son corps mince et ondulant sous la musique
desolation row
la recréation permanente de ses chansons sur la scène nous déconcertait tant
nous qui avions l'habitude d'entendre d'autres accord
c'était facile de dire qu'il n'était pas à sa hauteur sur une scène
mais il était plus fort que nous plus génial que tout
seulement il n'a pas de cadres
et nous nous en créons par faiblesse ou facilité
il caressait son harmonica languissamment nonchalamment passionnément soudain comme on caresse comme on embrasse une femme
ces reprises qui arrachent le cœur
bob dylan assis au piano
ballad of a thin man
and something is happening here but you don't know what it is
do you mister jones
le piano les accords plaqués avec fureur et désespérance
dylan trépignant comme un gosse qui a envie de casser son jouet parce qu'on lui avait promis un bonbon ou un chou à la crème et qu'il ne l'a pas eu
criant dans le micro son écœurement de ne pas pouvoir croire les autres
ceux qui parlent ceux qui promettent ceux qui sont sûrs d'eux et de ce qu'ils disent
un truc contre l'olympia porno et putain contre coquatrix contre hugues auffray et les autres
tous ceux qui étaient venus le voir l'entendre comme on va au cirque sans comprendre
il est vrai que
the circus is in town
payer pour assister à une chute libre
ce n'était plus bob dylan's freewheelin' mais bob dylan's freefallin'
il y a des gens comme ça qui se détruisent systématiquement avec une ténacité lubrique
n'est-ce pas jean-françois ou michel cournot
ou même moi
il y a des gens qui font tout ce qu'ils peuvent pour se faire détester en embêtant farouchement les autres tout ce qu'ils peuvent pour se faire foutre à la porte sous prétexte de sélectionner les gens intéressants mais en espérant jusqu'au bout qu'on les gardera et qu'on finira pas les aimer
mais des gens comme ça c'est gênant c'est crispant ça vous use en un rien de temps ça vous tue même parfois alors on les fout à la porte et après ils trainent leur désespoir et gémissent sur eux-mêmes mais ils refusent de se mettre à la hauteur des gens
ça s'appelle ne pas faire de concessions
bob dylan devant le micro
ses copains complices derrière lui
dylan debout les jambes emmêlées
un bras en l'air
il parle de moto
the motorcycle black madonna
c'est beau une moto
il saute comme un gamin
il tressaute dans les vibrations et nous on sursaute parce qu'on ne comprend pas
il gueule et dégueule
on n'entend rien
il pousse la sono au maximum et il se marre
il s'amuse tout seul ou se raconte des histoires assez marrantes qu'il confie à son adorable petit minet de guitariste qui se marre avec lui
nous on n'est plus dans le coup
on n'est plus là
qu'est-ce qu'on fout là
on aurait dû aller ailleurs ou manger un couscous dix couscous soixante mille couscous plutôt que d'assister à la chute apocalyptique d’un pantin désarticulé
on aurait dû aller se coucher plutôt que de subir les claques délirantes d'un type qui ne dit plus rien qu'est presque raté d'ailleurs il est drogué alors
et la râlance ma jolie comme dirait michel cournot qu'est-ce que ça vaut
bob dylan c'est grand c'est ample c'est toujours aussi beau ça reste toujours plus haut que la râlance mesquine
bon dylan il a tout à dire
et il dit tout
mais pas ici
pas devant ces gens qui ne peuvent pas suivre ni saisir parce qu'ils n'ont jamais été concernés
pas devant ces gens qui ont payé entre quatre mille anciennes balles et plus dont toi ma jolie entre autres et c'est bien fait pour nous y avait qu'à pas faire ça
lui il s'en moque il est plus grand que nous
bob dylan c'est grand comme une cathédrale comme une forêt comme un océan
c'est ample comme le vent de la mer bien sûr
bob dylan même dans la chute ça a du souffle
dylan c'est aussi grand que du wagner et aussi beau que du beethoven
d'ailleurs tenir une scène avec une telle silhouette fuyante presque éphémère
il faut pouvoir le faire
l'intangible de dylan
on croit le suivre le saisir
déjà il est plus loin
il se donne à autre chose
il est un pas en avant
un ton plus haut
il fuit avec un clin d'œil et se cache derrière un pied de nez
oh et puis zut à la fin c'est obsessionnel
j'aime bob dylan depuis un an
je n'ai jamais aimé quelqu'un si longtemps
malin ça
j'ai encore l'impression de flotter sur ses vibrations électriques du concert de l'olympia
les accords déchirants cernent ma tête et m'entraînent
sooner or later one of us must know
quoi je ne sais pas
où je n'en sais rien
mais c'est là évident
incompréhensible
et très grand
dylan délirant et déchirant incisif et acéré
juin 1966 saint-leu-la-forêt
without freedom of speech
I might be in the swamp
bob dylan
Je ne sais où je suis et ne sais où je vais
les choses passent mais je ne suis pas là.
Les gens viennent et moi je pars
il y a toujours un décalage.
J'attends quelque chose
ou quelqu'un.
Ça m'embête que Frédéric fasse si peu de bruit.
J'aurais préféré qu'il s'impose qu'il écarte les autres
voilà c'est moi poussez-vous je te veux
bon très bien d'accord
parce que là ça va pas être marrant c'est foutu
dès le départ je m'ennuie je n'irai pas chez lui avec lui
j'attends autre chose je suis tendue vers autre chose je ne suis pas présente
alors la barbe il ne fait pas assez de bruit je m'en fous
Je sais en fait ce que j'attends c'est un rêve entrevu dans la rue plusieurs soirs par hasard un rêve, une voix éthérée, un rêve, un rayonnement, une sagesse.
Bob Dylan
Les nuages
My love he speaks like silence
I feel so sad so poor so miserable
Je me suis perdue
Je me vois agir sans pouvoir réagir
tout se fait malgré moi
la destruction est systématique
Frédéric est parti et il pleut.
Le vent ce matin est comme la bretagne la pluie ce matin est comme la bretagne le pin ce matin est comme la bretagne et brusquement l'enfance retrouvée m'interdit de me donner
partir là-bas sans lui l'abandonner à son désespoir l'abandonner au suicide peut-être mais partir moi seule là-bas
la pluie ce matin est douce
un vagabond a voulu m'arrêter
il parlait il disait je voudrais passer des jours à l'ombre de tes cheveux
mais je savais déjà que je partirais
la pluie est douce et lente et j'ai envie d'écrire
écrire de la poésie
non
ça ne s'écrit pas
ça se vit
et je ne suis pas mûre pour vivre la poésie
la seule chose qui aujourd'hui m'ait fait plaisir : un poinçonneur de métro lisant un livre de la collection Que sais-je ? sur l'histoire de l'asie du sud-est
1966 carnets de voyages autour de la France
my love he speaks like silence
paraphrase de bob dylan
Citations
Then you cried like a baby and said you were a poor drunk orphan with nowhere to go but the grave.
Dylan Thomas in Under Milkwood
— We gotta go and never stop going still we get there
— Where we going man ?
— I don't know but we gotta go.
Jack Kerouac
We love everything, Billy Graham, The Big Ten, rock and roll, Zen, apple-pie, Eisenhower. We dig it all. We 're in the vanguard of the new religion.
I'm hip. This phrase means : No need to talk. No more discussion. I'm with you. Cool. In. Bye-bye.
Jack Kerouac
matin de départ en voyage en stop avec Philibert
Départ Saint-Leu 7h30
train 8h
Il faisait beau ce matin-là. L'air donnait envie de partir, quelque chose de léger, de calme, comme un soupir retenu, avec une certaine peur pourtant, sans raison. L'inconnu n'est-ce pas, c'est bien beau, comme ça, en théorie, mais quand on doit s'y jeter, au dernier moment il reste une hésitation. Bien vite écartée. Mais quand même là à serrer le cœur. Enfin pour dire la vérité je me sentais triste comme un camion sans roue. Il faut préciser que cette expression a un rapport étroit avec une de mes obsessions, that's to say Bob Dylan. Oui il parait que sa plus haute ambition pour l'instant, les ambitions ça évolue comme le reste, serait de posséder un camion sans roue. Je connais une voiture sans roue dans notre jardin, la vieille Juva 4, qui a conduits la famille de Lorient à Saint-Leu, ce serait un bon début. Il faudrait le lui faire savoir, quand Dylan viendra à Paris, s'il vient à Paris, parce qu'on ne sait jamais, il pourrait au dernier moment avant son concert du mois de mai, avoir à choisir des rideaux pour son dernier appartement, c'est fou le nombre de mètres de rideaux qu'il doit posséder. Et puis si Bobby n'a pas envie, ben il ne viendra pas.
Enfin le soleil du matin ce jour-là invitait au voyage. Il fallait partir.
Oublier les obsessions. Bob Dylan entre autres. Partir. Où. Ça je n'en savais rien. Vers le Sud. Vers la Suisse. Vers l'Italie. Vers quelque chose. A la recherche. De moi-même peut-être. Oui c'était ça. Pour résoudre une énigme, répondre à une question, à des questions. Lesquelles ? Etais-je ou non une beatnik ? Quelle idée ? Ah ça c'est à cause d'une autre obsession. Laurent Terzieff. Connu. Grand, brun, des yeux incroyablement clairs et profonds, des yeux surtout humains, pénétrant, un regard qui se penche doucement vers vous. Jamais vu ça. Et sa voix vibrante et douce et grave aussi.
en stop avec mon frère philibert sur les routes de france
le type ouvre sa portière
mais alors on vous monte ou pas vous êtes emmerdants
il s'est pourtant arrêté on ne l'a pas forcé
nous allons vers nantes
ben on s'en fout on en a marre des autostoppeurs ça ne peut plus durer allez montez dépêchez-vous
en route
les jeunes deviennent feignants de notre temps on faisait de la bicyclette on partait à 200 kilomètres à vélo comme ça on n'emmerdait personne
c'était le râleur invétéré
autre type
celui qui a fait du stop étant jeune et qui depuis qu'il a une voiture ramasse tous les stoppeurs même quand ils ne sont pas sur sa route il fait de grands détours il en laisse pour en prendre d'autres
celui qui s'avance à l'endroit où nous sommes arrêtés
moi j'ai fait le maroc l'espagne le danemark
ah
eh ben je peux vous dire que vous ne serez jamais pris là ils peuvent pas s'arrêter
euh il s'est bien arrêté lui
allez plus loin là-bas quitte à vous séparer quelques minutes ça ne sera pas trop long
le type qui donne des conseils quoi
le vertige hallucinant des voitures devant nous sur la route de l'autre côté celles qui vont vers la mer parlez-moi des jours de fête c'est à devenir fou
les gens sont adorables en général
exemple ce type à l'entrée de nantes à vélosolex on ne lui demandait rien il s'approche
où voulez-vous aller
ben on aimerait trouver la route de poitiers
oh la la vous en êtes loin
alors il nous a indiqués les bus à prendre et où
barbu jeune
ben heureusement qu'on l'a trouvé
la conversation des routiers est plus intéressante que celle des autres automobilistes
dans la cabine on voit mieux on domine mieux la situation
ils sont les intellectuels de la route avec eux au moins on peut faire la conversation
la route c'est une grande famille disait l'un d'eux
routiers stoppeurs ça marche
les routiers sont des types sympas sans problème ni angoisse métaphysique ils aiment bouger changer d'horizon manger boire un coup pas deux rigoler un moment avec les copains et puis reprendre la route dévorer l'espace le temps
la lente montée d'une côte vers astaffort
la campagne qui se dessine doucement de la cabine du camion
cherry une américaine voyageait à travers l'europe avec son papa qui avait bien soixante ans ou même plus elle me faisait penser à cette héroïne de henry james dans washington square la jeune fille de bonne famille héritière installée
cherry était jolie
son organisation me fascinait
c'était à croire qu'elle emportait sa maison avec elle
à l'auberge de jeunesse elle avait même des draps c'était adorable
pour écrire il faut être seul s'arrêter quelque part avoir vu le monde les choses les gens puis rester seul en face de soi et des souvenirs
je ne pourrais écrire n'importe où partout
j'ai besoin d'un cadre
j'ai besoin d'un souffle
d'un vent venu du large
qui déferle ses vagues sur les passions échouées sur la plage
mais aussi c'est seulement lorsque sa main reposait sur ma cuisse que j'existais
que faire
séparer la vie de l'écriture
écrire c'est vivre
il y a un temps pour vivre et un temps pour écrire
conclusion on ne vit jamais
passage à avezan
saint-clar château d'avezan souvenirs oubliés qui surgissent devant moi aux détours de la route
petrus enfant petrus en jeans
le chemin du moulin la route blanche qui monte l'ombre du château qui tombe sur la route
château d'avezan château imposant
les maïs dans le vent et les vaches dans le pré le moulin dans les arbres
le vent comme avant avezan comme avant le vent d'avezan comme avant
petrus encore enfant toujours comme avant
les pins les deux pins du chemin la pente du hangar s'alanguit vers les champs
petrus je me rappelle tu sais que je suis là
petrus rappelle-toi la première fois que je suis venue là
le vent soufflait un vent brûlant
j'ai entendu qu'on l'appelait le vent d'autan
pour moi c'est le vent d'avezan comme avant comme avant
j'ai lu que c'était un vent sec un peu lent qui charriait l'amour
j'avais oublié
château d'avezan château d'antan
des ruines
le moulin était fermé
l'eau coulait pour rien pour personne sous une pluie très fine presque irréelle
et c'était très triste
les enfants courent dans le ciel clair et les nuages s'éloignent sur les cailloux
je les suis
est-ce lui
est-ce son frère
que j'aime que j'ai aimé
saurai-je jamais
je vais partir j'aimerais revenir
et la source jaillira toujours d'entre les arbres
et les enfants riront sur le chemin
passage à l'arche de lanza del vasto au larzac maintenant
et longtemps sur le chemin il tendit la main
petit françois qui m'accompagnait au revoir
ses yeux noirs ses cheveux blonds ébouriffés
sa spontanéité vers moi il tendait sa joue ce matin quand je l'ai rencontré avec les autres enfants mais françois m'avait vue françois venait vers moi
puis tout à l'heure
je te cherchais
tu sais je dois partir je vais quitter l'arche
peut-être ne le reverrai-je plus c'est idiot de s'attacher comme ça à un enfant l'enfant de l'arche lui qui va bientôt accompagner sa famille au maroc pour créer une autre arche je ne devrais pas être triste mais il me touche ce petit françois
le fils de jean
jean-louis cure mon poète beatnik parisien m'a rejointe à l'arche
au centre de la grange les cheveux en bataille comme d'habitude les yeux hagards jean-louis haranguait un cercle de personnes plus ou moins attentives
il parlait seul comme d'habitude
il était à côté des gens comme d'habitude
près de moi un type de nice qui ressemble à bob dylan enfant s'embête un peu il ne sait pas trop quoi faire alors il se penche vers sa petite amie
tu viens on va écouter l'anarchiste
jean-louis près du linge qui sèche parle en face d'un monsieur grisonnant
maryvonne par la fenêtre les regarde
étrange communauté où on peut voir des messieurs sérieux discuter avec des poètes
les leçons de la non-violence enseignée aux enfants
françois disait
moi je trouve qu'on devrait avoir des esclaves comme ça on ne serait plus obligé de travailler ils feraient notre travail à notre place
sa mère appelée si justement l'hirondelle par shantidas avec ses bandeaux noirs encadrant son visage toujours souriant et sa voix sa merveilleuse voix s'échappe de sa bouche et s'envole et place au-dessus de nous comme une aile qui descendrait lentement sur le vent puis s'élèverait à nouveau comme une hirondelle dans le soleil qui crie
vue d'en haut de la montagne la vallée ressemblait à une couverture de tricot comme celles qu'avait demandées l'abbé pierre pour les bidonvilles faites avec des carrés tricotés de différentes laines que ma grand-mère maternelle fait encore
l'autre jour j'ai vu des moutons sur la montagne et c'était comme une source surgissant des rochers comme une eau coulant sur des cailloux et tout se répandait
il faudrait pouvoir vivre en rejetant une bonne fois pour toutes les appréhensions
il faut sans doute vouloir son bonheur pour être heureux
je vais essayer d'être consciente et décidée
parler calmement
apprendre le silence
à l'arche nous cherchons tous quelque chose
et moi sur les routes je suis à la recherche d'un endroit où je pourrais vivre et écrire
entre les moutons les arbres la terre et la mer
patrice disait que pour discuter le coup avec les beatniks américains il fallait au moins se servir d'un walkie-talkie
comme celui de petrus ajoutait-il
jean-louis tu comprends l'allusion
parfois j'ai envie de mener une vie calme et rangée prendre le train comme tout le monde par exemple avoir une maison à moi ou une voiture à moi porter de beaux vêtements des tailleurs blancs comme audrey hepburn ou madame kennedy être toujours coiffée soignée et tout bref vivre une vie installée de bourgeoise
mais je ne suis même pas beatnik
j'erre seulement