Nicolas Auguste EMERY: Hussard de l'Empereur
()
À propos de ce livre électronique
Jean Bernard a découvert par hasard ses états de service. Des documents familiaux lui ont permis de le faire revivre pour la joie de ses petits enfants et peut-être de vous aussi
Jean Bernard Joly
Jean Bernard JOLY est né en 1933. Marié et père de trois enfants et grand-père de six jeunes. Médecin pédiatre, il a été Interne des Hôpitaux de Paris, Chef de clinique à la faculté, Chargé de recherches à l'NSERM. Il a exercé au Centre de réanimation infantile de l'hôpital Saint Vincent de Paul à Paris, puis comme chef de service de pédiatrie à l'hôpital d'Angoulême. Avec son épouse et ses enfants il a créé la Fondation Leïla Fodil, reconnue d'utilité publique, qui aide à scolariser des enfants de familles démunies au Mali et soutient un programme d'enseignement de la planification familiale naturelle au Viêt Nam
En savoir plus sur Jean Bernard Joly
Les contes pour Leïla: Skripitiki Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Mali que j'aime: 33 ans de visites de coopération à Ségou Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMoi Léonie fille d'esclave Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Algérie que j'aime Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Nicolas Auguste EMERY
Livres électroniques liés
Souvenirs Militaires d’un Officier Du Premier Empire (1792 – 1832) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSouvenirs de Roustam, mamelouck de Napoléon Ier: Introduction et notes de Paul Cottin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe chevalier d'Éon (1728-1810) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe dix-huitième siècle en Angleterre. Études humoristiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal écrit à bord de la frégate "la Belle-poule" Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal écrit à bord de la frégate "la Belle-poule" Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Parchemins de la tour: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAngélique de Mackau, Marquise de Bombelles, et la Cour de Madame Élisabeth Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Illustration, No. 0017, 24 Juin 1843 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMa Grande Guerre 1914/2014: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes plaisirs et les jours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMoi, René Magritte: Roman biographique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRosalie Lamorlière: Dernière servante de Marie-Antoinette Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEugène Mô: héros Niçois mort pour la France en 1915 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMémoires authentiques de Latude, écrites par lui au donjon de Vincennes et à Charenton Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Folle Enchère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'homme à l'oreille cassée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe palais de l'Isle à Annecy: Récit historique des deux premières années de la Révolution française Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Duc d'Aumale: 1822-1897 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMichel Lancien, sculpteur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ tout à l'heure, maman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Parchemins de la Tour: Fiction historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Chartreuse de Parme: Édition Intégrale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJean-Arthur Rimbaud: L'énigme d'un génie poétique à travers une vie tumultueuse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Chartreuse de Parme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Chevalière d'Éon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn mémorialiste loyal: Francis Cazin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAngélique de Mackau marquise de Bombelles et la cour de Madame Élisabeth Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMémoires de Mme la marquise de La Rochejaquelein écrits par elle-même Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContes et légendes de Noël Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Mémoires personnels pour vous
Le graal des humoristes: Histoire du Point-Virgule Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPensées pour moi-même Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes sept piliers de la sagesse: Le récit autobiographique des aventures de Lawrence d'Arabie Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Une vie de légionnaire: De Kolwezi à l'Afghanistan avec le 2e REP Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGood Luck Frenchy Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationD'une guerre à l'autre: De la Côte d'Ivoire à l'Afghanistan avec le 2e RIMa Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationStick Action Spéciale: Un opérateur du 1er RPIMa raconte Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Lâcher prise, c'est vivre: Un témoignage bouleversant Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Sombres fumées: Livre de bord d’un officier des pompiers de Paris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGIGN : confessions d'un OPS: En tête d’une colonne d’assaut Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5GIGN : nous étions les premiers: La véritable histoire du GIGN racontée par ses premiers membres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'opérateur: Autobiographie d'un Navy SEAL Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationConversations avec Dieu : Le Dialogue de Sainte Catherine de Sienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyages dans les mers du Nord, Australes et des Indes: Carnet de bord Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Roi Louis XIV et sa Cour (Premium Ebook) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMémoires d'un spéculateur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationS'aimer soi-même à l'image de Dieu: Un chemin de guérison Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProstituées alimentaires: Epouses, mères, étudiantes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationWalden Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn guerrier non conventionnel: Mémoires du fondateur du SEAL Team 6 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe monde en stop: Cinq années à l'école de la vie Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Voyage au Congo - Retour au Tchad: les carnets de voyage d'André Gide Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAventures et mésaventures d'une aide-soignante à domicile: Anecdotes de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe mensonge: L'affaire du maire de Vence accusé injustement du viol de son petit-fils Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Pensées pour moi-même: l'autobiographie philosophique et stoïcienne de l'empereur Marc Aurèle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGIGN, le temps d'un secret: Les coulisses du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPresque Reine: Autobiographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMaman noire et invisible: Grossesse, maternité et réflexion d'une maman noire dans un monde blanc Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Avis sur Nicolas Auguste EMERY
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Nicolas Auguste EMERY - Jean Bernard Joly
Du même auteur
Le Viêt Nam que j’aime – Tome I
Soins des mères et des nouveau-nés, Mon Petit Éditeur, 2016
Le Viêt Nam que j’aime – Tome II
Allez en province, Mon Petit Éditeur, 2017
Le Viêt Nam que j’aime – Tome III
Planification familiale naturelle – Histoires et légendes
Avec Marie Joly, Mon Petit Editeur, 2017
Le Mali que j’aime
Avec Marie Joly, BoD Éditeur, 2017
L’Algérie que j’aime
BoD Éditeur, 2017
Les histoires pour Leïla
Ahmed
Skripitiki
Avec Sophie Foray, BoD Éditeur, 2017
La sauterelle jaune
Le crocodile qui mangeait des mouches
La pomme de terre magique (à paraître)
Avec Matthildur et Katrin Darricau Vigfúsdóttir
BoD Éditeur, 2018
À Marie, mon épouse,
Qui m’a encouragé et accompagné dans mes recherches
À Nicolas Auguste, dont le souvenir a failli se perdre
À mes enfants et mes petits-enfants
À mon frère et mes sœurs
Et leurs descendants
L’histoire de notre ancêtre associe gloire et amour
Table des matières
Note concernant la présentation du texte
Nous avons fait connaissance
Cher Nicolas Auguste,
Nicolas Auguste Emery est mon aïeul à la cinquième génération
Nicolas Auguste parle
Mon enfance à Paris
Le Grand Turenne
Le quartier du Temple
Les rues de mon quartier
Le boulevard du Temple
La Rue de Turenne
La Rue Charlot
La Rue du Temple
Enfant pendant la Révolution de 1789
Les limonadiers
Le 15 août 1803, ma vie a changé
J’ai été enrôlé dans l’Armée
Le troisième régiment de hussards
Ma vie au régiment
Marie Françoise Lebrun
Du camp de Bouloge à Austerlitz
En marche vers l’Autriche
En campagne
Austerlitz
Le docteur Dominique Larrey
Entre Salsbourg et Berlin
La guerre a repris en septembre 1806
La bataille d’Iéna. La charge de la cavalerie
Une étrange rencontre
Nous sommes entrés à Berlin
La campagne de Pologne
Prisonnier des Polonais
Blessé par une lance
La bataille d’Eylau
Avec le docteur Larrey
La bataille de Friedland
Nous avons fêté la paix
Les partisans
La guerre d'Espagne
D’Angoulême, j’ai gardé de mauvais souvenirs.
Je fus nommé dans la Garde Impériale le 9 novembre 1808
La Garde de l’Empereur
La mauvaise guerre
Les montagnes d’Espagne
Les faiblesses
Ce fut une guerre cruelle et sans merci
Un Noble Espagnol parle
La deuxième campagne de Prusse
Wagram
Deux ans sans combattre
La funeste campagne de Russie
Marches sans batailles
Borodino
Moscou
Le grand incendie
La retraite de Russie
J’ai eu les pieds gelés
Les misères des soldats
La Bérézina
Wilna
Défaites et victoires - La campagne de Saxe
Leipzig
Hanau
La Campagne de France
Le départ de l’Empereur
L’adieu aux lanciers Polonais
J’ai bénéficié de presque un an de repos
Les cent jours
Waterloo
C’était fini !
La tombe du cheval
À Paris en 1815
38 ans de vie civile
Nicolas Auguste a assisté à une période intense de l’histoire de France
Deux révolutions ont transformé la vie politique
Que d’événements !
Histoire de la toilette à Paris
Les bains Turcs et les familes Emery, puis Merlin, Roux, Batardy et enfin Joly
Conclusion
Les campagnes de Nicolas Auguste Emery
Bibliographie
Note concernant la présentation du texte
Nicolas Auguste n’a laissé aucun document écrit de sa main.
Je n’ai que ses états de service militaire et certains documents familiaux. J’ai donc retracé son histoire grâce à des documents consultés aux archives de l’Armée dans la biblothèque du Fort de Vincennes à Paris. Des livres m’ont aidé à reconstituer en imagination ce que fut sa vie de soldat.
Afin de faire mieux revivre cet homme dont la vie a été exceptionnelle, j’ai souvent utilisé la première personne du singulier, comme si c’était lui qui avait rédigé.
J’ai aussi inventé des lettres qu’il aurait écrites. Elles sont présentées comme un texte manuscrit. Nicolas Auguste avait eu la chance d’apprendre à lire et à écrire à l’école. Ainsi, pendant tous ses temps de campagne, il a cerainement communiqué avec sa famille. Les soldats n’écrivaient que le strict nécessaire. Le service du courrier aux armées fonctionnait bien du temps de l’Empire, même pendant les campagnes, y compris pendant celle de Russie, mais peu pouvaient l’utiliser. La censure existait déjà et on ne pouvait pas exprimer tout ce qu’on pensait. Le soupçon était partout, un courrier saisi sur un particulier aurait pu le faire prendre pour un espion et le faire fusiller séance tenante.
C’est pourquoi, comme d’autres, il confiait ses lettres à des connaissances : messagers officiels de l’armée, cantinières, blessés renvoyés dans leurs foyers qui, retournant vers l’arrière, ont pu les acheminer. Pas d’enveloppe, aucune adresse, le messager apprenait par cœur la destination.
Malheurusement, ces lettres ont disparu.
Les citations entre guillemets et en retrait sont des extraits des lettres du docteur Dominique Larrey, chirurgien de la Garde de l’Empereur, qui écrivait chaque jour à son épouse.
Les paroles attibuées à d’autres personnages, comme l’Empereur Napoléon I° sont rédigées en italique.
Nous avons fait connaissance
Découverte de Nicolas Auguste Emery
Mon cinquième aïeul
Hussard de la Garde de Napoléon Premier
Cher Nicolas Auguste,
Je te souhaite la bienvenue chez nous.
Mon épouse Marie et mes trois enfants, Agnès, Isabelle et André, ainsi que leurs conjoints et leurs enfants sont heureux de te connaître.
Tu es arrivé à notre connaissance par hasard, il y a maintenant plus de 40 ans, lors du partage des biens de mon oncle Philippe Henry Nicolas Joly qui venait de mourir.
Nicolas….tiens ? comme toi !
Ses huit neveux regardaient les beaux meubles, les tentures, la vaisselle, et attendaient leur tour pour choisir.
Les objets délaissés, triés par mes parents comme sans intérêt ni valeur, avaient été entassés dans un coin sombre, en attendant d’être jetés.
Il y avait dans ce tas un petit encadré doré, sous-verre représentant les états de services d’un soldat de Napoléon I°, commençant sa carrière comme hussard en 1803 et terminant non pas maréchal, mais maréchal des logis en 1815. 14 années de campagnes, deux blessures, des gelures, prisonnier, rien ne manquait, sauf la mort qui ne l'avait pas attrapé en cours de route. Il s’appelait Nicolas Auguste Emery, c’était toi, mon aïeul, cinq générations avant moi !
Au milieu de l'encadré, un biscaïen et une croix de la Légion d’Honneur au ruban rosi par le temps.
Etat des services de Nicolas Auguste Emery, avec le biscaïen qui l'a blessé à la
bataille de Hanau et sa croix de la Légion
d'Honneur.
Le dos de l'encadré représentant l'état de tes services, est fait d'une feuille d'un carton ayant servi à emballer « 64 fichus à 0,90 »
À la plume à l'encre noire, il est écrit :
« Mon père, Auguste Nicolas Emery, est né le 6 Décembre 1780. Il est décédé le 26 janvier 1852 à huit heures et demi du soir d'une gastrique (sic) chronique. »
Marie et moi sommes tombés fascinés. Nous avons réclamé cet encadré. Il nous a été donné. Il est reparti dans nos bras comme un parent dont nous étions tombés amoureux.
Il y avait aussi cinq tableaux, portraits de personnes de ta famille. Fils aîné, ils me revenaient évidemment.
Grâce à ces objets délaissés, j’ai commencé à entrevoir ton histoire et j’ai découvert celle de ma famille. C’est l’origine de cet ouvrage.
Nicolas Auguste EMERY
Sur ce premier portrait tu es reconnaissable, car la croix de la légion d’honneur que tu portes ornée des drapeaux français est identique à celle qui est accrochée sur le tableau de ton état de services militaires.
Madame Emery née Geneviève Aldegonde Léquipé,
Mère de Nicolas Auguste
Cete jolie dame au petit chien est ta mère, c’est écrit sur le dos du cadre : « Madame Emery, mère de Monsieur Auguste Emery ».
Deux portraits étaient assez semblables de cadre et de facture, pour être le mari et la femme.
Au dos de celui de la dame, un nom et une date sont inscrits : « Madame
Roux, née Merlin 1824 ». C’était la fille d'Anne Emilie Emery, sœur de Nicolas
Auguste.
Joseph Auguste Roux, l’ « oncle nègre »
Son mari, Joseph Auguste Roux, qui a été entrepreneur de charpentes, est un homme au visage rond et assez sombre. « C'est l'oncle nègre » a dit mon père. De celui-là, nous avions entendu parler plusieurs fois, sans pouvoir nous faire préciser de quel pays il était natif et comment un homme de race noire était entré dans la famille. Effectivement il était noir de peau et de toile. Nous avons fait nettoyer le tableau et le nègre est redevenu un blanc au visage frais et rose.
Pierre Edmè Emery
Le dernier portrait d’homme est probablement celui de Pierre Edmé Emery, ton demi-frère.
Nous avons présenté ces portraits au conservateur du musée du costume à Paris qui en a déterminé la date : vers 1830. Bonjour, Nicolas Auguste !
De ce moment est partie l’amitié qui nous lie maintenant. Nous avons accroché ton portrait et tes états de service dans l’entrée de notre maison à Angoulême, pour que tous nos amis puissent te saluer, et nous avons cherché à mieux te connaître.
Ce que j’ai trouvé dans les archives familiales est maigre : des actes de naissance, de mariage, des partages, des testaments. Cela m’a permis de reconstituer l’arbre généalogique qui nous relie.
Il y a dans ma maison d’autres souvenirs de l’époque de l’Empire. Mes parents m’ont donné des meubles familiaux. Je n’ai gardé qu’une coiffeuse d’homme, meuble servant à la toilette, et j’imagine qu’elle t’a appartenu.
Un aigle en bois doré, ailes déployées, nous rappelle aussi ton époque.
Les armes du Maréchal Von Blücher
J’ai aussi une reproduction des armes du maréchal Von Blücher. Celui-là, tu le connais, je pense. Je ne t’en parle pas trop car il doit réveiller en toi de mauvais souvenirs.
Ce n’est pas une image de famille, mais un souvenir personnel.
En 1965, j’étais chef de clinique au centre de réanimation pour enfants de l’hôpital Saint Vincent de Paul à Paris. Un jour, un homme s’est présenté portant son fils de 5 ou 6 ans dans ses bras. Il s’avançait dans le couloir. Il ne savait pas comment il était arrivé dans ce service ni où il se trouvait. Personne n’était prévenu de son arrivée.
Un seul regard sur l’enfant me permit de me rendre compte de la gravité de son état et de ce qu’il fallait oser faire.
« Donnez-le moi ». Je le lui ai presque saisi des mains. Un geste rapide lui a permis ausitôt de respirer. Quelques minutes plus tard il allait bien et a parfaitement guéri.
Une semaine après sa sortie, chacun des médecins du service a reçu une caisse de six bouteilles de champagne avec une lettre de remerciements. Sur la doublure intérieure de l’enveloppe, il y avait la reproduction des armes de la famille Von Blücher.
J’ai gardé cette enveloppe, tant en souvenir de l’histoire, que pour la beauté de la gravure.
Et quand tu es arrivé, je l’ai encadrée et placée à côté de l’aigle, assez loin de toi cependant car je n’aime pas les querelles, même après presque deux cents ans.
Mais, pour écrire ton histoire, il ne restait rien de toi que cet encadré et ton portrait.
Alors, pardonne-moi.
J’ai rêvé.
Et ces rêves sont devenus l’histoire qui se trouve racontée dans les feuilles qui suivent.
J’ai recherché comment les soldats vivaient à ton époque, comment se déroulaient les marches, les batailles.
Les livres m’ont beaucoup appris. Je m’en suis inspiré. L’histoire de France de la période de l’Empire m’est alors apparue non plus comme une succession de batailles gagnées et perdues, mais comme la vie de millions de personnes de l’Europe entière, engagées dans cette tourmente malgré elles, tentant de survivre, souffrant, mourant sans bien savoir pourquoi et parfois réalisant des exploits appelés la Gloire, qu’ils ne pouvaient pas éviter de recevoir sauf à être tués par celui d’en face qu’on appelait l’ennemi.
Nicolas Auguste Emery est mon aïeul à la cinquième
génération
Quand je regarde en arrière, la vie courante pendant la période de la guerre de 1939-1945 me paraît déjà d’un autre âge.
La découverte de Nicolas Auguste, mon cinquième aïeul du temps du premier Empire, m’a projeté dans une époque encore plus lointaine.
Qui était-il ? Comment a-t-il vécu ?
Bien que je sache, par l’intermédiaire de ses états de service, qu’il avait été soldat pendant 14 ans, il était impossible de le suivre pas à pas dans ses chevauchées à travers l’Europe.
Les batailles auxquelles il a participé, combats au sabre, au pistolet, à la lance, duels entre des milliers d’hommes, se rapprochent peut-être de ceux de Verdun pendant la guerre de 1914-1918, ou de Stalingrad, d’Okinawa, de Cassino, pendant la dernière guerre.
De ces combats mêmes, il reste, pour ceux de ma génération qui les ont connus, des relations écrites et des films. Les participants ont préféré en garder pour eux les horreurs. Le manque d’hygiène, la faim, les bivouacs dans la boue et dans la neige pendant des mois de suite, n’avaient rien à voir avec le camping moderne !
À l’école, je n’avais appris de l’Empire que des noms de campagnes, de batailles, sans en détailler le contenu.
Des combattants de l'Empire, j’avais lu des mémoires, des lettres, admiré des tableaux peints, présentations assez académiques mettant en valeur les costumes des combattants, l'Empereur, ses maréchaux. L’école ne m’avait rien appris de leur vie quotidienne.
De la guerre d’Espagne, je n'avais rien su. Et pourtant, les Espagnols