Une autre vie: Tome 1
Par Elonora Maz
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À propos de ce livre électronique
Une rupture peut-elle donner suite à une renaissance ?
Romane, jeune trentenaire, fait de sa famille son unique monde, jusqu'au jour où son mari lui annonce qu'il la quitte. Elle fait alors tout pour se reconstruire, jusqu'à aller en Écosse où ses passions, l'Histoire et la littérature, la conduisent.
Entre amours, drames et jalousies, sa vie, autrefois si monotone, devient plus captivante qu'elle ne l'avait souhaitée.
Une romance au cœur de l'Écosse qui saura vous procurer beaucoup d'émotions !
À PROPOS DE L'AUTEURE
Elonora Maz, qui vit en Bourgogne, a toujours eu le goût de l'écriture. Depuis petite, c'est son mode d'expression favori. Aujourd'hui, à 34 ans, elle présente son nouveau roman « Une autre vie »
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Aperçu du livre
Une autre vie - Elonora Maz
Elonora MAZ
Une autre vie
Tome 1 : Un nouveau départ...
Roman
Éditions « Arts En Mots »
Illustration graphique : © Graph’L
Prologue
Je pense que chaque épreuve nous permet d’apprécier davantage les petits bonheurs qui se présentent par la suite, et chacune d’elles nous rend un peu plus fort, plus conscient de ce que nous sommes en mesure de supporter.
Je m’appelle Romane Mazille, j’ai trente ans, bientôt trente-et-un, ce n’est pas que cela compte vraiment à mon âge, mais autant être précise !
Je suis mariée, j’ai deux beaux enfants, une fille et un garçon. Le choix du roi, comme on dit.
Avec mon mari, Édouard, nous sommes propriétaires d’une confortable maison dans la campagne française. Nous menons une vie simple, une routine paisible, un rêve pour beaucoup, mais, comme tout un chacun, pas sans anicroches...
J’ai rencontré mon mari il y a une dizaine d’années. J’étais naïve, pleine de vie, la tête remplie d’envies et l’illusion d’être invincible et éternelle. Comme la plupart des jeunes gens. Je voulais aussi la stabilité. Je l’ai eue, à quel prix ?
Mes rêves de toujours, je les ai laissés derrière moi pour vivre avec cet homme dont je suis tombée amoureuse à vingt ans.
J’ai fait des études de commerce, sans vraiment vouloir travailler dans cette branche, simplement pour pouvoir rester près de lui. Cependant, la question du travail ne s’est pas posée très longtemps. Nous nous sommes mariés, puis les enfants sont arrivés.
Ils prennent tout votre temps, votre énergie, particulièrement lorsque vous voulez les aider à faire de leur mieux. Alors, nous avons décidé que je m’occuperais d’eux à temps complet jusqu’à ce qu’ils entrent à l’école.
Seulement, aujourd’hui, mon mari voit les choses différemment, il préfère que je m’affaire dans la maison, pour notre famille plutôt que d’œuvrer pour d’autres hommes, et ce, de façon permanente.
Il est vrai que je n’ai pas besoin d’un emploi, Édouard gagne bien sa vie, mais là est le problème, il gagne SA vie !
J’ai laissé beaucoup de choses prendre le dessus. Je suis devenue l’obligée de cet homme sans m’en rendre compte. Je me suis oubliée pour faire passer d’autres personnes avant moi en me disant que, comme je ne travaille pas, je ne mérite aucune attention. Après tout, je ne rapporte pas d’argent, je ne fais pas vivre ma famille, je m’occupe d’elle, voilà tout.
Je pense que mon mari doit trouver dans son foyer la sérénité qu’il n’a pas à son travail, alors je tente de tout gérer, au mieux.
Par exemple, lorsque les enfants pleurent la nuit, c’est moi qui m’occupe d’eux. Même après mes horribles accouchements, où la fatigue et la douleur étaient quasiment intenables, je me levais pour les nourrir ou les bercer. Jamais je ne le réveillais, je ne le fais toujours pas aujourd’hui.
Le plus dur, c’est de répéter les mêmes tâches, souvent ingrates, chaque jour, inlassablement.
Parce que je suis mère au foyer, « je n’ai que ça à faire ». Je me dois d’avoir une maison toujours impeccable, alors je range, je nettoie, je lave, etc. Encore, encore et encore, plusieurs fois par jour.
Par bonheur, dans la monotonie de mes journées, il y a mes enfants qui rient, me couvrant de baisers, me prouvant à quel point ils m’aiment avec des dessins et des surprises en tout genre. Comme des petites bêtes cachées aux creux de leurs mains ou des cailloux qu’ils oublient de m’offrir et qui restent au fond de leurs poches, ne sont-ce pas là les plus beaux présents qui soient ?
Je suis un peu stricte, c’est vrai, mais je suis toujours présente, toujours aimante également. Je veux faire de ces petits d’Hommes, des personnes honnêtes, travailleuses et surtout heureuses.
J’ai tout de même hâte qu’arrive le soir pour que rentre enfin mon mari. Voir un adulte, quelqu’un avec qui discuter, avec qui échanger à la fin de mes journées au leitmotiv si ennuyant est comme apercevoir un rayon de soleil en plein mois de janvier !
Édouard est un homme de taille moyenne, aux cheveux et aux yeux noirs. Il est toujours impeccablement vêtu. Il est exigeant, il semblerait que je sois, d’ailleurs, peu souvent à la hauteur de ses attentes, peut-être est-ce une simple idée que je me fais.
Il a toujours eu son travail pour première épouse, mais il exerce sa passion, la menuiserie. Il se tient toujours prêt à rendre service à ses clients, à ses amis et à sa famille, je ne peux pas lui en vouloir, au contraire. Cependant, il est trop peu présent à la maison à notre goût, à tous les trois. Il se trouve bien loin des soucis quotidiens d’une maman. Il a parfois du mal à comprendre que tout n’est pas facile dans cette vie de femme au foyer. Toutefois, il sait me changer les idées lorsqu’il remarque que je broie du noir.
Les années ont filé tellement vite. Désormais, j’attends sagement à la maison qu’Édouard rentre du travail, qu’il s’intéresse à moi, à nous, juste un instant, qu’il me regarde un peu malgré la maman ruisselante de choses nauséabondes (je n’en rajoute pas tant que ça !) que je suis devenue. Heureusement, il y a aussi des moments merveilleux et magiques. L’éducation des enfants n’est pas facile, loin de là, mais lorsqu’ils vous serrent dans leurs petits bras, qu’ils vous donnent des baisers, alors tout est oublié, même les plus grosses bêtises.
Je voudrais tellement bien faire avec mes petits, leur offrir le meilleur de moi-même, le meilleur de tout ce qui existe en ce bas monde.
Mon vœu le plus cher est qu’ils soient, tous les trois, heureux, mon mari y compris.
La pression est donc immense. Je n’aime pas l’avouer, mais elle est quelquefois trop lourde pour mes épaules.
Malgré leur amour, ainsi que celui de ma famille et de mes amis, je me sens parfois seule.
Après toutes ces années, j’ai oublié que j’étais une personne à part entière.
Ma vie de femme me glisse entre les doigts, je le sens, je le sais. Je m’en rends compte chaque jour un peu plus, en particulier lorsque je me regarde dans un miroir ou que je croise d’anciennes camarades de classe devenues médecins ou ingénieures.
Je me sens parfaitement inutile, j’ai même honte de dire que je suis mère au foyer lorsqu’on me demande ce que je fais dans la vie. C’est parfois difficile. Se supporter soi-même est déjà un défi au quotidien, mais supporter le regard et le jugement des autres est parfois plus dur encore.
Je suis de nature plutôt joviale, j’aime rire, j’aime faire la fête. Enfin, j’aimais la faire.
Depuis que je suis maman, elles ne font plus vraiment parties de ma routine, excepté de temps à autres. Je suis alors entourée de quelques dizaines de personnes, il y a des boissons sans alcool et des danseurs qu’on croirait pourtant ivres, enfin… ce sont les fêtes des écoles, quoi !
La littérature est ma passion. Les vieux bouquins me font rêver. Je suis passionnée par l’Histoire de France et de Grande-Bretagne, mais étant enfermée dans mon rôle de maman au foyer, transparente pour tous, inutile pour beaucoup, je dois m’occuper de ma famille donc je n’ai guère le temps de mettre le nez dans les livres, malheureusement.
Physiquement, je suis plantureuse (un peu trop d’après moi), j’ai des yeux noisette, ma bouche est ourlée, mon dynamisme ainsi que mon humour sont à toute épreuve.
Tout cela plaît à certains hommes, je m’en rends bien compte, mais je les évite, d’une part parce qu’Édouard est très jaloux, d’autre part parce qu’aucun autre ne m’intéresse. Il n’y a que lui à mes yeux. Mon amour pour lui n’a d’égal que celui que j’ai pour mes enfants.
Aujourd’hui, ma fille aînée, Andréa, est en primaire. Du haut de ses six ans, c’est une jolie poupée aux cheveux noirs comme ceux de son père, aux yeux marron clair, grande pour son âge et très intelligente. Mon petit Hélios, quatre ans, est entré en maternelle, il ressemble à un poupon. Il est brun, comme sa sœur et son papa, il a de jolies joues toutes rondes, il est drôle et impertinent, bref, c’est une petite tornade de bonheur. Alors, avec plus de temps pour moi, vient celui des questions : « pourquoi ? », « qui suis-je ? », « où vais-je ? », « que dois-je faire ? ». Elles m’assaillent perpétuellement.
Peut-être est-ce la crise de la trentaine qui se profile déjà…
J’ai tout donné aux trois personnes de ma vie. Je les aime par-dessus tout, je n’ai toujours pensé qu’à eux, je me suis toujours préoccupée uniquement d’eux durant chaque seconde de chaque heure de chaque journée depuis des années. Il faut des réponses à mes interrogations ! Même si les contours de ce que je désire, de la direction dans laquelle je veux aller, se dessinent.
Ma vie doit changer pour que je trouve enfin ma place dans le « monde », pour que je me sente enfin utile. Mon envie de partir à l’aventure est de plus en plus présente. Certes, je ne peux plus faire le tour du monde à la recherche de trésors manuscrits, cependant il est indispensable que je ressuscite. Cela devient vital et je suis prête.
Désormais, tout va changer. Tout DOIT changer !
Chapitre 1
La première chose à faire dans mon cas est de trouver un emploi.
J’ai deux passions : les livres et l’Histoire. L’endroit rêvé pour travailler serait la Bibliothèque Nationale de France, où mes passions se chevauchent, s’entremêlent pour mon plus grand bonheur. Ce serait fascinant.
Mais cela fait longtemps que je n’ai pas travaillé, en outre, n’ayant aucune expérience dans ce domaine, je ne me fais guère d’illusions. Pour finir, je vis bien loin de la capitale.
Alors, dans cette situation, rêver c’est bien, toutefois, le faire dans la limite du possible et du raisonnable, c’est mieux !
Qu’à cela ne tienne ! Je prospecte les librairies. Je conjugue mes diplômes de commerce avec ma passion de la lecture. Je veux réussir !
Cependant, après de nombreuses et infructueuses recherches, je commence à perdre espoir, l’espoir de travailler dans un milieu qui me captive, l’espoir de vivre une vie que j’ai choisie, sans rendre de comptes, n’ayant plus besoin de me cacher lorsque je suis fatiguée car je ne suis pas « censée » l’être…
Je suis prête pour ces changements, même si je suis terrifiée à l’idée de moins voir mes enfants adorés.
Suis-je une mauvaise mère de vouloir m’émanciper ? Est-ce égoïste de ma part ? Je m’en repens déjà.
Aujourd’hui est un jour comme les autres, j’emmène les enfants à l’école, comme chaque matin. En revenant, l’envie d’ouvrir la boîte aux lettres se fait pressante. J’ai l’intuition que quelque chose d’important s’y trouve.
Je m’intéresse à son contenu, au mieux, deux fois dans la semaine lorsque je vais chercher les poubelles, mises la veille sur le bord de la route.
Peut-être ne suis-je pas grandement stressée par les factures !
Je l’ouvre. J’y découvre beaucoup de publicités et quelques enveloppes s’entremêlent. Soudain, un symbole, sur le côté gauche en haut d’une enveloppe, me rappelle quelque chose.
Mais oui !
Après des mois et des mois passés à la recherche d’un emploi, j’ai enfin une réponse !
Une des librairies dans lesquelles j’ai postulé possède ce logo, « A à Z ».
J’ai envie de pleurer, une réponse favorable se donne par téléphone ou au mieux par mail, mais jamais par courrier.
C’est, justement, dans le cas contraire que nous recevons la fameuse lettre « Nous sommes au regret… ». Je ne le sais que trop bien car, malheureusement pour moi, je n’intéresse personne, c’est devenu une question d’habitude.
J’ai le cœur serré, mes espoirs, mes rêves s’évanouissent petit à petit. Je ne suis pas résolue à prendre n’importe quel emploi, car je veux être heureuse et épanouie, au moins un minimum, dans mon travail.
J’entre dans la maison, je vais dans ma chambre, déposant l’enveloppe sur le bureau en bois à l’entrée de la pièce, puis je m’assois sur le lit.
Un tourbillon de questions me fait tourner la tête.
Je me sens vraiment bonne à rien, nul ne veut de moi. Je resterai donc, pour toujours, cette femme qui vieillit et que personne ne remarque ? Une épouse-mère, même plus une femme. Je ne serai que la bonne à tout faire de ma propre famille.
Je baisse un instant les bras, seulement un instant… Non, je ne me laisserai pas abattre si facilement !
Je prends place sur ma chaise style Louis XVI que j’adore, devant mon bureau, puis j’écris de nouvelles lettres de motivation. Cette fois, je les laisserai, en mains propres, aux responsables des librairies aux alentours.
À force d’écrire, ma main se crispe. Je m’arrête un instant, tourne mon poignet dans tous les sens pour que la crampe disparaisse. Mes yeux se posent sur cette enveloppe, posée là, face à moi, faisant écho à tous mes espoirs déçus.
Je l’empoigne violemment, puis je déchire la languette avec rage. Je suis tellement en colère contre moi, contre la librairie, ou contre le monde entier, je ne sais pas, je ne sais plus…
J’en ai les larmes aux yeux et la gorge serrée.
Je finis par tirer le papier blanc, cartonné, rectangulaire, de son enveloppe assortie. Je suis surprise, étonnée par ce format, mais qu’importe, je me prépare déjà au refus qui se profile. Prenant une grande inspiration, je commence à lire :
« Madame Mazille »
Tout est écrit à la main. Le message est personnalisé, je ne suis pas une inconnue parmi d’autres. Il m’en faut si peu, désormais, pour me sentir vivante, cela en devient ridicule !
« J’ai bien reçu votre CV et votre lettre de motivation exprimant votre forte volonté à travailler en notre sein. Je souhaiterais vivement vous rencontrer mardi 26 avril à 10h à la librairie.
Au plaisir de vous voir.
Monsieur Fillan ANTOINE
Directeur de A à Z. »
Quoi ? Je relis une seconde fois le carton.
J’ai envie de hurler de joie, de sautiller, de rire, de pleurer, mais mon côté rationnel et prudent reprend vite le dessus. Rien n’est joué, cependant je le veux tellement ! Je me mets à prier quiconque m’écouterait.
Durant les jours qui suivent, je lis, relis le message pour être sûre de ne pas avoir rêvé. J’ai tellement voulu que cela arrive que j’aie peut-être eu des hallucinations. De plus, je veux être certaine de ne pas me rater ! C’est mon occupation favorite ! Oublier des rendez-vous, rater le bus pour l’école, les horaires et j’en passe... Toutefois, ce sont les seuls moments de ma vie où l’on me remarque ! Je suis la maman « boulette », toujours à côté de la plaque, alors je fais en sorte d’être à la hauteur !
Plaisanterie mise à part, j’en ai pris mon parti et cela me fait sourire. Toutefois, cela n’amuse pas tout le monde, ce qui est compréhensible, alors, cette fois, je ne dois pas échouer !
Je ne dis rien à personne, je garde ce rendez-vous pour moi, par peur de me porter malchance. Cela me paraît ridicule quand j’y pense, mais sait-on jamais !
Les jours défilent, inlassablement semblables et monotones. Quelques disputes, encore et toujours, que ce soit avec mon mari ou mes enfants, pour les mêmes broutilles.
Je dois gérer ma famille malgré la dépression chronique, les virus qui m’assaillent continuellement cet hiver, la fatigue causée par les enfants, la vie quotidienne, ses tracas à cause des nuits trop courtes et des journées très longues.
Même chanson, même refrain, je me sens tellement lasse de tout cela.
Je veux « plus ». Je veux vivre !
Arrive, enfin, le jour de mon entretien.
Je suis emplie d’espoir à nouveau. J’ai tellement hâte, mais en même temps, j’ai peur de me casser la figure.
J’emmène mes enfants à l’école, puis je rentre chez moi, fonce dans ma chambre, et j’essaie à peu près toutes les tenues correctes de ma penderie. Malheureusement, tant d’années comme mère au foyer, à me prendre du vomi, ou d’autres substances peu ragoûtantes sur les vêtements, ont fait que ces fameuses tenues correctes se sont évanouies simultanément avec mon espoir de retourner travailler.
Finalement, je déniche un pantalon 7/8 noir, une chemise blanche avec des petites abeilles cousues de fil doré et pour finir la tenue, j’enfile un blazer noir, devenu un peu petit, mais c’est le seul que je peux mettre.
Suite à des années de troubles alimentaires causés par mes sentiments d’inutilité et de solitude, plus grand-chose ne me sied dans ma penderie. J’ai trop longtemps eu besoin de cette impression de réconfort que m’apportait la nourriture.
Voilà ! La tenue n’est pas si mal.
Maintenant, le maquillage. Je reste sur quelque chose de simple ; mascara pour allonger mes cils, eye-liner pour souligner le regard, un peu de fond de teint pour cacher mes cernes.
Finalement... ce sera BEAUCOUP de fond de teint !
J’aime me maquiller. Même si je suis à la maison, j’aime être à mon avantage. La coquetterie est un de mes défauts, jamais je ne sors de chez moi sans être un minimum apprêtée. Mes tenues, faites de jeans ainsi que de longs gilets pour cacher ma prise de poids, semblent moins ridicules ainsi. En plus de cela, je donne l’illusion que tout va bien, que chaque chose de ma vie est comme elle doit l’être.
Déprimant.
Je regarde l’heure : neuf heures vingt. Il est temps de me coiffer ! N’étant vraiment pas douée pour cela, je reste aussi sur quelque chose de simple : une queue de cheval ! Avec quelques mèches blondes que je laisse tomber de chaque côté de mon visage, assez fin et aux pommettes hautes. Cela a le mérite d’être rapide et commode.
Neuf heures trente-cinq, une grosseur à l’estomac se forme, serait-ce le début d’une nouvelle vie qui s’annonce ?
Je prends mes clefs de voiture, sors de la maison en passant un manteau, ferme à clefs en expirant profondément, comme si je voulais expulser cette boule d’angoisse.
Je roule, je réfléchis, je pense, je rêve, mais je dois cesser. Je ne dois rien attendre de cet entretien. Cette peur d’être déçue ne m’a pas lâchée depuis que j’ai lu cette lettre.
J’arrive déjà en ville. Le trajet m’a semblé plus court que d’habitude. Toutes ces pensées m’obsèdent, elles tournent et retournent dans ma pauvre tête.
Sans m’en rendre compte, me voilà devant la librairie, à l’heure dite.
Il y a, face à moi, une belle façade en bois couleur aubergine avec, en lettres dorées peintes au-dessus de la vitrine, « A à Z ». Cela me fait penser à la devanture d’un magasin du XIXème siècle. J’aime beaucoup !
J’entre, armée de tout mon courage et de mon désir de réussir, plus motivée qu’aucun autre ne le sera jamais pour travailler ici !
Je suis accueillie par une femme très maigre aux cheveux rouges, vraiment rouges, les yeux trop maquillés au khôl, avec un chewing-gum dans la bouche. Elle est un peu plus âgée que moi, un peu moins souriante aussi, ce qui me met très mal à l’aise.
— Bonjour, je peux vous aider ? demande-t-elle d’une voix nasillarde.
— Bonjour, j’ai rendez-vous avec Monsieur Antoine à dix heures. Je suis Madame Mazille, réponds-je encore plus stressée qu’en arrivant à cause de cette mégère.
— Je l’appelle.
Son ton est détestable.
Je me demande comment elle fait pour rester au contact des clients toute la journée celle-là !
Je me mets à l’écart, indiquant, toutefois, ma présence. Dans cette petite librairie, toutes sortes de livres s’entremêlent. Il y a cette odeur, si particulière, que j’adore. Le sourire me vient et ma motivation s’accroît encore davantage. C’est un grand et joyeux bazar. Même sur le sol, les livres forment des piles immenses