Se tromper de vie
Par Jean Paul Brunel
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Paul Brunel compte à son actif plusieurs ouvrages publiés dont "Bulles de nuit" et "Franc-maçon « trublion ? »", parus respectivement en 2007 aux éditions Amalthée et en 2021 aux éditions Le Lys Bleu. Inspiré par un parcours de vie tumultueux, il enrichit ses œuvres de réflexions profondes et d’anecdotes personnelles.
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Aperçu du livre
Se tromper de vie - Jean Paul Brunel
La ferme ou le laboratoire ?
Nourrir ses parents
pour qu’ils nous asservissent davantage ?
Le jardinier travaille sur ses légumes, ses fruits et s’applique à ce que son jardin soit le plus utile possible.
Il plante, il surveille, il traite, il nourrit ses plantations. Il en a besoin parce que la récolte va lui profiter.
Comme les grandes exploitations agricoles, comme les grandes fermes.
Planter, élever, récolter pour se nourrir.
Voilà un constat vieux comme le monde, une habitude, une nécessité pour l’espèce humaine.
Mais c’est également vrai pour les éleveurs qui vont élever et nourrir les veaux, les bœufs, les porcs, les moutons, les volailles…
Élever, nourrir, soigner, puis tuer pour se nourrir.
Les hommes sur la terre suivent ce cycle parce que c’est leur première mission sur terre, leur premier travail. Ils doivent grandir et pour cela se nourrir, alimenter leur croissance.
Ce préambule champêtre et rural m’apporte toujours un sentiment d’éternité, et à bien regarder, est-ce que ces notions très terre à terre et cosmiques sont si éloignées ?
L’éternelle question « qui sommes-nous et d’où venons-nous » revient au cœur de ces constatations.
Nos enfants nous ressemblent, et quelques fois sont tellement différents. Nous ressemblons aussi à nos parents, et souvent, nous sommes aussi différents. Mais la comparaison entre nous et ce qui nous a créés s’impose toute notre vie. Comme celle avec ce que nous avons créé.
Je suis croyant, mais pas religieux.
« Alors, croyant en quoi ? » me rétorqua-t-on un jour.
Je fus incapable de répondre sur le champ, restai un peu coi, et démarrai un questionnement qui, depuis, dure, dure.
Le dieu unique, je ne peux y souscrire.
Le monothéisme ne résiste pas à l’analyse sérieuse du constat, du sentiment et du vécu d’un homme objectif.
Les forces qui nous sont supérieures ne sont pas « une », mais nombreuses. Et en plus, elles sont souvent opposées, contraires, et toujours d’une grande adversité. Chez les Égyptiens et les Grecs anciens, les dieux étaient multiples. Et chacun avait – si je puis dire – une spécialité.
L’aspect désuet et puéril que nous donnons à cette vision des divinités si diverses, émane bien sûr, de la doctrine monothéiste qui a du coup, organisé la captation du bagage spirituel des humains.
C’est là une simplification de la croyance, de la foi des hommes, pour les asservir et leur dicter une vérité facile.
Le dieu unique aurait donc tout fait et les religions abrahamiques nous expliquent, chacune à leur manière, qu’il en est ainsi, traduit souvent par : « ainsi soit-il ».
Ce raccourci, cette récupération de la spiritualité des êtres humains devient dès lors, confortable pour les cerveaux sensibles.
Certes, tous les cerveaux sont sensibles, mais la plupart deviennent – avec cette sensibilité – plus disponibles que d’autres.
Et disponible signifie offert, prêt à l’allégeance. Prêt à obéir.
Nous en sommes là.
Moi avec mes forces supérieures nombreuses et contradictoires, je ne peux obéir à une de leurs doctrines, d’abord parce que je n’en ai aucune proposée, et si j’en avais plusieurs, laquelle choisir ?
Polythéiste, bien sûr, mais comment s’y retrouver ?
Les mots de la langue française ont un sens, alors la foi, la croyance, la religion… les nuances doivent nous interpeller et nous faire réfléchir.
Je reste moi sur ma croyance, parce qu’elle naît du constat de la ferme, de nos vies et de l’infini.
***
Je décrivais cette ferme, et il y en a beaucoup. Des petites, des grosses, des familiales, des plus industrielles.
Des sélectives, des intensives, des spécialisées, et elles sont tellement diverses. Mais toutes ont cet objectif : nourrir, aider la croissance, faire prospérer.
Nous sommes tous des fermiers, j’en suis sûr. Nous sommes tous des fournisseurs de croissances physiques, développeurs des intelligences dont nous avons la charge, responsables de ce que nous avons créé.
Cela s’appelle l’éducation, ou la prise en charge, ou encore la transmission de nos acquis.
Nous sommes un relais, un morceau du moteur qui fait avancer, un petit bout de la distance.
Quelle distance ?
Alors ce doit être celle qui conduit l’élevage que nous sommes, que nous entretenons, vers ce qui nous a créés.
Une chaîne qui alimente nos forces suprêmes, les nourrit et leur permet de générer encore et encore.
Les dieux auraient donc besoin d’énergie ? De notre énergie ?
Ce qui veut dire que nous sommes des serviteurs, des producteurs, des fournisseurs, bref, des fermiers.
Et alors nous sommes donc soumis à leurs forces opposées, leurs contradictions, et pire, leurs combats. Nos obéissances inconscientes ont fait de l’espèce humaine un camaïeu de facettes, de genres, de couleurs, de cultures qui ont de grandes différences.
Les affrontements des hommes sur la terre existent depuis les débuts de la vie. Ils n’en finissent pas de créer entre eux des conflits, des oppositions et des coalitions.
La planète bouillonne de ce grouillement humain fou au point de tout dérégler.
Un – ou plusieurs – des fermiers que nous alimentons se met en colère de temps en temps et nous rappelle à l’ordre. Il faut travailler pour les nourrir. Lesquels ?
Bien sûr ceux qui nous punissent, ou punissent une partie d’entre nous. Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne, puisque nos différences ont des origines multiples.
Nous ressemblons, eh oui, à ce qui nous a créés. Nous ressemblons à nos parents et travaillons à relayer la tâche.
Mais après tout, de quoi les nourrissons-nous ?
Probablement de tout ce dont ils ont besoin pour leur pérennité.
Nous fournissons de l’énergie intellectuelle, stratifions nos intelligences et étalonnons nos savoirs.
Nous sommes le laboratoire, le centre de recherche, puis l’usine.
Mais peut-être bien que tous les peuples ne sont pas attelés à la même tâche, parce que les géniteurs puissants qui dominent ont des besoins différents. Comme à la ferme.
Comme dans les maisons des hommes, chacun ses provisions, chacun son placard, chacun ses besoins.
Nous, les petits hommes sur la terre, faisons partie du vivant. Nous cohabitons avec les végétaux, les animaux, l’aquatique, du micro au macro.
Nous sommes la faune, l’étable, l’eau, le gigantesque réservoir à plusieurs compartiments correspondants aux différents propriétaires.
La maison des pères a plusieurs demeures, plusieurs exploitations, plusieurs sources.
Et nous fonctionnons ainsi, serviteurs, chercheurs ou fournisseurs ? Sûrement les deux.
***
Le dieu unique, le père unique, le créateur, non décidément, je ne peux pas croire en une chose pareille.
Pour que les humains se perpétuent, ils font des enfants. Et pour faire des enfants, il faut être deux, c’est ainsi. Et si nos parents, ces fermiers, ces propriétaires de nos vies étaient plus nombreux que cela pour accoucher notre genre humain ?
Et s’il a plusieurs familles, il y aura donc beaucoup de parents… en phase d’amour, de chagrin ou de conflits.
Comme nous.
La complexité parentale céleste est telle – et en conflit tout le temps – que cela ne ressemble pas aux humains sur la terre.
Les familles sont nombreuses et en guerre. La violence est partout parce que les querelles ne cessent jamais, et l’univers… l’infini… ce cosmos… héberge une violence de chaque seconde.
Si la naissance vient de ce fameux bing bang, ce doit être un coup de poing sur la table comme une déclaration de guerre, à la suite d’une épouvantable colère de l’un des chefs de famille.
Et la secousse, les débris, les ondes qui n’en finissent pas de s’étaler, nous font flotter et subsister comme les poissons au pied d’une cascade. Et c’est avec ce matériau mobile, chaotique, au milieu de ces remous cosmiques, que nous les hommes, cherchons nos voies et continuons le travail.
Laquelle de ces forces supérieures finira par avoir le dessus ?
Quel sera donc ce que nous pourrons un jour appeler le dieu, non pas unique, mais le plus fort ?
Cette perspective est-elle salutaire pour l’espèce humaine ?
Peut-être… ou peut-être pas !
Cela signifiera un changement ou DES changements de civilisations, de vies, d’organisations, en fonction des besoins du maître en place.
***
Oui, de plus en plus je maintiens que les Égyptiens et les Grecs anciens avaient compris le sens de leur descendance, avaient ressenti l’origine des commandements divers.
Oui, le monothéisme est une usurpation et une imposture.
La captation de nos consciences et surtout de nos subconscients par quelques groupes organisés, qui ont établi des vérités avec une précision implacable, des histoires rigides et des vocabulaires hyper adaptés, nous enferme et bouche nos horizons spirituels.
Les peuples de la terre sont bâillonnés, aveuglés, noyés de textes anciens ou actuels, et écoutent dans la ferveur doctrinaire, des vérités de catalogue, et tout cela, vous le voyez bien, en priant et en remerciant !
Misérables cerveaux, pauvres illusions d’intelligence, mais que font donc ces forces qui nous dirigent pour nous éclairer mieux ?
Qu’attendent-elles pour nous informer plus clairement ?
Les violentes rixes cosmiques annihilent peut-être cette mission, mais peut-être bien qu’aussi, en nous laissant dans le bourbier et le désordre, elles nous permettent une survie plus libre.
Alors, petits hommes de la terre, profitons de leur bordel pour vivre !
Et vivre ce